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K-théorie

En mathématiques, la K-théorie est un outil utilisé dans plusieurs disciplines. En topologie algébrique, la K-théorie topologique (en) sert de théorie de cohomologie. Une variante est utilisée en algÚbre sous le nom de K-théorie algébrique.

Michael Atiyah et Friedrich Hirzebruch, fondateurs de la K-théorie topologique.

Les premiers résultats de la K-théorie ont été dans le cadre de la topologie algébrique, comme une théorie de cohomologie extraordinaire (elle ne vérifie pas l'axiome de dimension). Par la suite, ces méthodes ont été utilisées dans beaucoup d'autres domaines comme la géométrie algébrique, l'algÚbre, la théorie des nombres, la théorie des opérateurs, etc.

Histoire

C'est Alexandre Grothendieck qui a fait la premiĂšre construction d'un groupe de K-thĂ©orie dans son travail sur le thĂ©orĂšme maintenant connu comme le thĂ©orĂšme de Grothendieck-Riemann-Roch. Il a introduit la complĂ©tion de la catĂ©gorie additive des (classes d'isomorphisme de) faisceaux de groupes abĂ©liens (munie de la somme directe) en utilisant des inverses formels. Cette idĂ©e a Ă©tĂ© reprise par Michael Atiyah et Friedrich Hirzebruch pour dĂ©finir le groupe K(X) d'un espace topologique, en faisant la mĂȘme construction pour les fibrĂ©s vectoriels. Cette construction a Ă©tĂ© la premiĂšre « thĂ©orie cohomologique extraordinaire » en topologie algĂ©brique. Son utilisation a Ă©tĂ© fondamentale pour la dĂ©monstration du cĂ©lĂšbre « thĂ©orĂšme de l'indice » de Michael Atiyah et Isadore Singer, travail qui a fait obtenir au premier auteur la MĂ©daille Fields en 1966, et aux deux, le prix Abel en 2004.

Par ailleurs, Jean-Pierre Serre s'est appuyé sur l'analogie entre fibrés vectoriels et modules projectifs sur un anneau pour fonder la K-théorie algébrique en 1959. Ceci l'a conduit à signaler un problÚme ouvert[1] qu'on baptisa malgré lui la « conjecture de Serre » : Tout module projectif sur un anneau de polynÎmes d'un corps est un module libre. Cette conjecture a été prouvée en 1976, par Daniel Quillen et Andrei Suslin en utilisant des méthodes de K-théorie algébrique. Quillen a ensuite donné une définition satisfaisante des foncteurs Kn, en utilisant de la théorie homotopique.

Outre les mathématiciens déjà mentionnés, Max Karoubi fait partie des fondateurs de la K-théorie.

Périodicité de Bott

  • K(X × S2) = K(X) ⊗ K(S2) et K(S2) = â„€[H]/(H − 1)2, oĂč H est la classe du fibrĂ© en droites tautologique sur S2 = ℂP1.

Catalogue de groupes élémentaires de K-théorie topologique

La K-théorie d'une algÚbre de Banach A (unitaire ou pas) et de son unitarisée A1 sont reliées :

K0(A1) = K0(A) ⊕ â„€ et K1(A1) = K1(A).

La K-thĂ©orie de la C*-algĂšbre des fonctions continues sur un espace compact Y se dĂ©duit ainsi de celle de la sous-algĂšbre des fonctions continues nulles en un point fixĂ© y, autrement dit, de l'algĂšbre C0(X) des fonctions continues nulles Ă  l'infini sur le sous-espace localement compact X = Y\{y} (pour Y = Sn, X = ℝn).

On dispose par ailleurs du catalogue suivant[2] :

oĂč

  • est la C*-algĂšbre des opĂ©rateurs compacts d'un espace de Hilbert non nul (de dimension finie ou infinie) ;
  • est la C*-algĂšbre des opĂ©rateurs bornĂ©s d'un espace de Hilbert de dimension infinie ;
  • est le tore non commutatif de dimension 2 associĂ© Ă  un nombre irrationnel ;
  • est la C*-algĂšbre rĂ©duite (en) du groupe libre sur n Ă©lĂ©ments[3] ;
  • est l'algĂšbre de Toeplitz ;
  • et sont les algĂšbres de Cuntz (en) engendrĂ©es respectivement par n Ă©lĂ©ments et une infinitĂ© d'Ă©lĂ©ments.

La notion de tore non commutatif se gĂ©nĂ©ralise facilement aux dimensions supĂ©rieures. Ces tores non commutatifs ont la mĂȘme K-thĂ©orie que leurs analogues commutatifs.

Formule de KĂŒnneth pour la K-thĂ©orie topologique

Soient A et B deux C*-algÚbres avec A dans la classe du théorÚme des coefficients universels, donc nucléaire (de). Il existe alors une suite exacte courte de groupes abéliens ℀2-gradués[4] :

oĂč la premiĂšre application non triviale est de degrĂ© 0 et la seconde de degrĂ© 1. Le foncteur Tor permet ainsi d'exprimer l'Ă©ventuel dĂ©faut de surjectivitĂ© du morphisme injectif.

Par exemple, puisque K0(C(S1)) = K1(C(S1)) = â„€ (sans torsion), l'algĂšbre C(S1)⊗n des fonctions continues sur le tore de dimension n a pour K-thĂ©orie : K0 ⊕ ΔK1 = (â„€ ⊕ Δ℀)⊗n (avec Δ2 = 1), soit â„€2n–1 ⊕ Δ℀2n–1.

K-théorie et physique

En théorie des cordes, la K-théorie a fourni une bonne description des charges permises de D-branes.

Notes et références

  1. « On ignore s'il existe des A-modules projectifs de type fini qui ne soient pas libres. » « Faisceaux algébriques cohérents », Annals of Mathematics, 1955.
  2. Pour d'autres exemples, voir (en) « Examples of K-theory groups », sur PlanetMath et (en) N. E. Wegge-Olsen (en), K-theory and C*-algebras, Oxford Science Publications, 1993.
  3. (en) M. Pimsner et D.-V. Voiculescu, « K-groups of reduced crossed products by free groups », J. Operator Theory, vol. 8, no 1,‎ , p. 131-156 (lire en ligne), cor. 3.2.
  4. (en) Bruce Blackadar (de), Operator algebras (ISBN 978-3-540-28486-4, lire en ligne), p. 417, Theorem V.1.5.10.

Voir aussi

Articles connexes

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