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Julien Coupat

Julien Coupat, né le à Bordeaux, est un des fondateurs en 1999 de la revue philosophique française Tiqqun. Il est devenu célÚbre pour son implication dans l'affaire de Tarnac.

Biographie

Fils de Gérard Coupat, médecin, et de Jocelyne Coupat, cadre supérieur chez Sanofi-Aventis[1], Julien Coupat étudie en classes préparatoires au lycée privé Sainte-GeneviÚve avant d'intégrer l'ESSEC[2]. Il s'oriente ensuite vers la sociologie politique et devient plus tard doctorant à l'EHESS. Il n'achÚve cependant pas son doctorat[3] (son sujet de thÚse était « Capitalisme, avant-garde et critique révolutionnaire »).

Son nom, associĂ© aux idĂ©es situationnistes, est citĂ© par Luc Boltanski[4] dans les remerciements d'un livre de 1999, Le Nouvel Esprit du capitalisme. La mĂȘme annĂ©e, Julien Coupat cofonde la revue Tiqqun[5] dont il reste ensuite l'un des animateurs. C'est le philosophe Giorgio Agamben, avec qui il se lie, qui trouve un imprimeur pour la revue[6].

Coupat s'Ă©tablit en 2005[3] sur le plateau de Millevaches, Ă  Tarnac (CorrĂšze)[2] oĂč, avec des amis, il reprend l'Ă©picerie du village.

À partir du , il est suspectĂ© pendant l'affaire de Tarnac, d'avoir formĂ© une « cellule invisible » – selon l'expression du procureur Jean-Claude Marin – Ă  laquelle est imputĂ© le sabotage d'une catĂ©naire de ligne TGV[7], action revendiquĂ©e par un groupe allemand le [8].

Il est alors mis en examen pour « direction d'une association de malfaiteurs et dégradations en relation avec une entreprise terroriste » avec huit autres personnes.

Cette affaire dĂ©clenche une importante polĂ©mique : des comitĂ©s de soutien sont crĂ©Ă©s en France et Ă  l'Ă©tranger, et une manifestation de soutien rĂ©unit entre 1 200 et 3 000 personnes Ă  Paris le [9]. Les participants scandent des slogans tels que « Police partout, justice nulle part ! Â»[10]. Des intellectuels, des parlementaires et les autres personnes mises en cause dĂ©noncent un montage policier et une instrumentalisation politique de l'affaire[11] - [12]. Rapidement la loyautĂ© de la procĂ©dure policiĂšre est l'objet d'interrogations. DĂšs , une enquĂȘte de l'hebdomadaire Charlie Hebdo rĂ©vĂšle que les services antiterroristes ont tentĂ© d'imputer Ă  Julien Coupat sa participation Ă  un attentat Ă  la grenade artisanale, perpĂ©trĂ© aux États-Unis en , pour justifier leur procĂ©dure Ă  son encontre[13]. En , aprĂšs neuf ans de procĂ©dures judiciaires et le dessaisissement du juge chargĂ© de l'enquĂȘte, la Cour de cassation abandonne dĂ©finitivement la qualification « terroriste Â» de l'affaire[14].

Le , Julien Coupat et Yildune Lévy sont relaxés par le tribunal correctionnel de Paris[15].

Lors de l'acte 4 des manifestations des Gilets jaunes du , il est interpellé et placé en garde à vue[16].

Accusations de complotisme

Selon le sociologue Philippe Corcuff, Julien Coupat est passĂ© peu Ă  peu « de l’ultra-systĂ©misme au conspirationnisme » et utilise une rhĂ©torique complotiste dans l'ouvrage dont il est dit l'auteur supposĂ©, Le Manifeste conspirationniste[17]. D'aprĂšs L'Express, Julien Coupat rejoint les analyses d'une partie de l'extrĂȘme droite concernant la pandĂ©mie de Covid-19, autant sur la question de la 5G que sur la figure de celui qui serait son grand promoteur dans les Ă©lites[18]. Julien Coupat accuse notamment l'entrepreneur Klaus Schwab de vouloir mettre en place un great reset[18].

Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch indique pour sa part que Coupat « est quelqu'un qui a une colonne vertébrale idéologique, qui s'inscrit dans des références situationnistes, dont le complotisme est assez sophistiqué[18]. »

Publications

Écrits de Julien Coupat

Le nom de Julien Coupat a été associé à plusieurs publications[5] :

  • Tiqqun, Organe conscient du Parti Imaginaire – Exercices de MĂ©taphysique critique, 162 p., auto-Ă©dition, 1999
  • Tiqqun, Organe de liaison au sein du Parti Imaginaire – Zone d'OpacitĂ© Offensive, 292 p., Les Belles Lettres, 2001 (ISBN 2913372112)

En effet, Julien Coupat a fait partie du comitĂ© de rĂ©daction de cette revue de 1998 Ă  2001. Il est aussi supposĂ© ĂȘtre auteur ou coauteur de plusieurs articles publiĂ©s dans les deux numĂ©ros, quoique les rĂ©dacteurs du second numĂ©ro soient restĂ©s anonymes.

Il est l'auteur d'une contribution intitulĂ©e « Science du C.R.A.S.H. Â» publiĂ©e dans le numĂ©ro 33 de la Revue d'esthĂ©tique en 1998, et dans lequel la critique du film Crash de David Cronenberg est un prĂ©texte au dĂ©veloppement de la thĂšse ainsi acronymisĂ©e : Comment le RĂ©el Avance Sans l'Homme.

En décembre 2018, il est l'auteur de la postface du livre de Daniel Denevert, Dérider le désert.

En 2020, il participe à l'ouvrage collectif Police, avec un texte intitulé Engrenages, fiction policiÚre.

Écrits attribuĂ©s

D'autres écrits lui ont été attribués sans preuve formelle :

  • Appel, 2003[19]
    Le texte est anonyme. Le Point Ă©voque de possibles parallĂšles idĂ©ologiques entre ce livre et L'Insurrection qui vient[20]. La quatriĂšme de couverture de L'Insurrection qui vient est un extrait de la proposition I de Appel. De mĂȘme, certaines phrases mises en exergue de paragraphes de L'Insurrection qui vient sont issues de cet opuscule. Il en est Ă©galement annoncĂ© une traduction en langue italienne dans la postface datĂ©e de mars 2004 de l'essai ThĂ©orie du Bloom paru aux Ă©ditions La Fabrique (p. 151).
  • L'Insurrection qui vient, La Fabrique, 2007 (ISBN 2-913372-62-7)
    Ce livre, rĂ©digĂ© par un « comitĂ© invisible », est attribuĂ© par la police[21] Ă  Julien Coupat. Cependant, selon l'Ă©diteur et ami de Julien Coupat, Éric Hazan, « Julien n'a jamais fait partie du comitĂ© d'auteurs, qui m'a demandĂ© un anonymat que je respecte. Le pointer ainsi du doigt est une pure construction policiĂšre participant Ă  l'intoxication gĂ©nĂ©rale de l'opinion publique[22]. » Avant le dĂ©clenchement de l'affaire, le livre s'Ă©tait vendu Ă  8 000 exemplaires. Le 9 avril 2009, Hazan a Ă©tĂ© entendu par la sous-direction de l'anti-terrorisme de la police judiciaire qui souhaite pouvoir Ă©tablir que Coupat est bien l'auteur de ce texte[23].
  • Manifeste conspirationniste, Seuil, 2022 (ISBN 978-2-02-149566-9)
    Livre anonyme, attribué à Julien Coupat et au Comité invisible, par L'Express[24]. Le Comité invisible nie alors la parenté de cet ouvrage en précisant dans un tweet que « Les livres du Comité invisible sont signés Comité invisible »[25].

Notes et références

  1. « Appointments at the Communications Department of the sanofi-aventis Group »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), PR News Wire, 22 septembre 2004.
  2. « Julien Coupat, Ă©tudiant brillant et chef prĂ©sumĂ© des saboteurs »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur NouvelObs.com, .
  3. « SNCF : Julien Coupat, itinĂ©raire du supposĂ© saboteur »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), Le Point, .
  4. Luc Boltanski, Ève Chiapello, Le Nouvel Esprit du capitalisme, Gallimard, Paris, 1999 (ISBN 9782070749959).
  5. ChloĂ© Leprince, « On a retrouvĂ© les Ă©crits du gardĂ© Ă  vue pour sabotages Ă  la SNCF »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), Rue89, 13 novembre 2008.
  6. « Les neuf de Tarnac », Le Monde, 20 novembre 2008.
  7. « Sabotage Ă  la SNCF : Coupat maintenu en dĂ©tention »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur nouvelobs.com, .
  8. « Ce que contient le dossier d’instruction de l’affaire Tarnac », Le Monde, 25 mars 2009.
  9. « Soutien aux inculpés de Tarnac : les autonomes font le plein », Rue89, 31 janvier 2009.
  10. Site du journal 20 minutes, article « Manifestation de soutien à Julien Coupat à Paris », publié le 31 janvier 2009.
  11. Voir par exemple cette tribune : « Tarnac ou l'antiterrorisme à grand spectacle », Le Monde, 2 février 2009.
  12. « La police a fait “un pur montage” », Mediapart, enquĂȘte vidĂ©o, 15 dĂ©cembre 2008.
  13. « L'arnaque de Tarnac », sur charlieenchaine.free.fr, .
  14. « C'est quoi l'affaire Tarnac ? On vous résume le dossier (qui s'est beaucoup dégonflé au fil des années) », sur Franceinfo, (consulté le ).
  15. « ProcĂšs de Tarnac : Julien Coupat et Yildune LĂ©vy relaxĂ©s », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. « Gilets jaunes : Julien Coupat, ex de Tarnac, interpellé à Paris », (consulté le ).
  17. « "Manifeste conspirationniste" : une ultragauche au Seuil de l’extrĂȘme droitisation », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme, (consultĂ© le ).
  18. « Saez, Coupat, convois de la libertĂ© : ce complotisme d'extrĂȘme gauche qui Ă©merge », sur LExpress.fr, (consultĂ© le ).
  19. Texte intégral de Appel
  20. « Le petit livre beige des saboteurs de la SNCF ».
    Selon l'article, « le petit livre beige de 2005 ne figure pas parmi les documents saisis [
] ».
  21. Rapport de la Sous-direction anti-terroriste de la direction nationale de la Police judiciaire au procureur de Paris.
    Citation : « [
] tel qu’il est mentionnĂ© au sein du pamphlet intitulĂ© L’Insurrection qui vient signĂ© du "comitĂ© invisible", nom du groupe constituĂ© autour de Julien Coupat. »
  22. « SNCF : l'étrange itinéraire du saboteur présumé », Le Figaro, 19 novembre 2008.
  23. « Affaire Coupat : un éditeur entendu par l'antiterrorisme », Rue89, 9 avril 2009.
  24. « Vaccins, "Great Reset"
 Julien Coupat et le Seuil lĂ©gitiment le complotisme d'extrĂȘme gauche », L'Express, 18 janvier 2022.
  25. Olivier Tesquet, « Pourquoi le Seuil publie-t-il un brĂ»lot conspirationniste attribuĂ© Ă  Julien Coupat ? », TĂ©lĂ©rama,‎ (lire en ligne AccĂšs payant, consultĂ© le ).

Annexes

Article connexe

Notices

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