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Jean-Marie de Lanessan

Jean-Marie Antoine Louis de Lanessan ou Jean-Louis de Lanessan de son nom de plume[1], né à Saint-André-de-Cubzac (Gironde) le et mort à Écouen (Val-d'Oise) le , est un naturaliste, médecin et homme politique français. Il fut professeur à la faculté des sciences de Paris, député radical (1881-1891 ; 1898-1906), gouverneur général de l'Indochine française (1891-1894), ministre de la Marine dans le cabinet Waldeck-Rousseau (1899-1902).

Jean-Marie de Lanessan
Portrait par Mascré-Souville, Musée du quai Branly.
Fonctions
Ministre de la Marine
-
Gouverneur général de l'Indochine
-
Député français
-
Conseiller général de la Seine
-
Conseiller municipal de Paris
-
Président
Institut international d'anthropologie (d)
Autres informations
Membre de
Conflit
Abréviation en botanique
Laness.
signature de Jean-Marie de Lanessan
Signature

Biographie

Après avoir commencé des études de médecine à Bordeaux, il entra à l'École de médecine navale de Rochefort, d'où il sortit aide-médecin. Huit ans durant, il navigua au large de l'Afrique et de la Cochinchine. N'ayant pu obtenir de servir sur l'escadre de la Baltique, en 1870, il démissionna de la Marine et fit la guerre comme chirurgien major des mobilisés de la Charente inférieure. Docteur en médecine en 1872, agrégé d'histoire naturelle en 1876, il assura les cours de zoologie à la faculté de médecine de Paris, tout en collaborant à la Revue Internationale des sciences biologiques.

Candidat autonomiste, il fut élu conseiller municipal de Paris en 1879. Il soutint la pétition de Rochefort pour élever un monument aux combattants de la Commune. En 1881, il fut élu député du Ve arrondissement et siège à l'extrême-gauche avec Henri Maret, menant un groupe libertaire qui refuse parfois de voter avec le radical Clemenceau.

En il fonde Le Réveil, journal quotidien, qu'il abandonne pour La Marseillaise quelques mois plus tard. Il dirige, en outre, la revue Science et nature. Libre-penseur, franc-maçon et radical, il signe, en 1882, un projet de loi visant à supprimer la référence à Dieu dans le serment judiciaire. Il prend également part à toutes les discussions relatives à l'enseignement primaire et secondaire.

S'Ă©tant rapprochĂ© des opportunistes, il fut rĂ©Ă©lu, en 1885, dĂ©putĂ© de la Seine sur une liste de concentration rĂ©publicaine. Il vota pour l'expulsion des princes. L'annĂ©e suivante, une mission de visite des territoires d'outre-mer lui fut confiĂ©e. NommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'Indochine, en 1891, il acheva la « pacification Â» du Tonkin et dirigeait la Guerre franco-siamoise de 1893. RappelĂ© en France en 1894, il ne retrouva pas tout de suite un siège de dĂ©putĂ©. Candidat dans la 1re circonscription de Bordeaux, le , il est battu. Il se prĂ©sente Ă  Lyon et il est Ă©lu, le , comme candidat rĂ©publicain radical, par 4 149voix, contre 4 127 Ă  M. le gĂ©nĂ©ral Voisin, ancien gouverneur de Lyon[2].

Si Lanessan ne joua qu'un rĂ´le effacĂ© dans l'Affaire Dreyfus, il n'en fut pas moins un dreyfusard. En 1897, il fut l'un des premiers, avec Clemenceau et Gabriel Monod, Ă  apporter son soutien Ă  Scheurer-Kestner. Lors d'un dĂ®ner, chez lui, le capitaine Martin Freystaetter, l'un des juges du premier conseil de guerre, fit part de son trouble concernant la condamnation de Dreyfus. Le , pourtant, avec l'ensemble des dĂ©putĂ©s, Lanessan se prononça pour l'affichage du discours du ministre de la guerre, Cavaignac, qui croyait avoir dĂ©montrĂ© de manière irrĂ©futable, Ă  l'aide de ce que l'on ne savait pas encore ĂŞtre le faux Henry, la culpabilitĂ© de Dreyfus. La rĂ©vision ayant finalement Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e, il vota, le , contre le dessaisissement de la Chambre criminelle au profit de la rĂ©union des trois Chambres de la Cour de cassation. En dĂ©pit du « coup d’État judiciaire Â» que constituait le dessaisissement, le jugement de 1894 fut cassĂ©, le . Lanessan se prononça pour l'affichage de l'arrĂŞt de la Cour de cassation.

La crise politique qui suivit l'agression du président Émile Loubet à l'hippodrome d'Auteuil déboucha sur la formation du gouvernement de Défense Républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau. Lanessan s'y vit confier le portefeuille de la Marine. C'était l'un des trois francs-maçons du cabinet (de 1900 à 1903, il fut conseiller de l'ordre du Grand Orient de France). Dans les jours qui suivirent le verdict de Rennes et la fameuse réunion au ministère du Commerce où Mathieu Dreyfus se laissa convaincre de demander à son frère d'accepter la grâce présidentielle et de retirer son pourvoi en révision, Lanessan et Georges Leygues téléphonèrent à Joseph Reinach. Ils le supplièrent - avec succès - d'obtenir de Mathieu Dreyfus qu'il libère Millerand de sa promesse de démissionner si la grâce n'était pas immédiatement signée, promesse que les hésitations de Loubet le contraignaient à exécuter.

Caricature de Lanessan dans le Musée des Horreurs faisant allusion à sa mise en cause dans les affaires Canivet (1894) et Philipp (1900).

La crainte d'un coup d’État militaire rendait le poste de la Marine presque aussi sensible que celui de la guerre. Les officiers de Marine avaient la réputation d'être majoritairement réactionnaires et cléricaux. Lanessan, comme il était dans son tempérament, fit preuve de modération dans son souci de démocratiser la Marine. Certes, il plaça la Commission d'avancement dans la compétence du ministre mais il ne modifia pas le tableau et se contenta de timides mesures de laïcisation (suppression du vendredi saint sur les navires, neutralité confessionnelle des officiers). Son souci premier était le relèvement de la flotte française, dont l'alerte de Fachoda avait révélé le piètre état. De ce point de vue, il fut l'un des grands ministres de la Marine de la IIIe République. Rompant avec les doctrines navales de la Jeune École, qui donnaient la priorité aux petites unités, il fit adopter par le parlement, en 1900, un programme cohérent de construction navale comprenant six cuirassés.

Ayant quitté le pouvoir en , il se montra très critique envers son successeur rue Royale, Camille Pelletan, qui ne faisait pas preuve de la même retenue que lui dans ses rapports avec les amiraux et qui en était revenu aux conceptions de la Jeune École. Le président du Conseil, Emile Combes lui-même n'échappait pas à ses reproches. Devenu, en 1904, directeur du Siècle - prestigieux journal qui, lors de l'Affaire, était comme un organe officieux de la Ligue des droits de l'homme - il mena campagne pour une conception libérale de la Séparation, et contribua ainsi à l'échec du projet sectaire conçu par Combes.

Après le décès de Pierre Savorgnan de Brazza, il préside en 1905 la commission qui rédige le rapport Brazza sur les responsabilités de l'administration coloniale dans les sévices subis par les indigènes au Congo français[3].

Battu Ă  Lyon en 1906, il fut Ă©lu dĂ©putĂ© de Rochefort en 1910, mais Ă  nouveau battu en 1914. Il mourut dans sa propriĂ©tĂ© d'Écouen, le et sa tombe se trouve au cimetière d'Écouen. Les hauts et les bas de sa carrière parlementaire ne l'avaient pas empĂŞchĂ© de poursuivre une rĂ©flexion philosophique, entreprise dans les annĂ©es 1880, Ă  la croisĂ©e de l'Ă©pistĂ©mologie, de la morale, de la sociologie et de la politique. L'originalitĂ© de sa pensĂ©e consiste Ă  avoir tentĂ© de concilier le darwinisme - alors rĂ©cupĂ©rĂ© par la droite rĂ©volutionnaire pour valider la thèse de l'inĂ©galitĂ© des races - avec les principes de 1789 : « Il sort [des] mains [de la nature] des individus plus forts ou plus faibles. […] Il n'en est jamais sorti qu'elle eĂ»t instituĂ© propriĂ©taire ou souverain d'un autre. Â»

Principales publications

Un grand nombre de publications furent éditées par Octave Doin.

  • Étude sur le Genre Garcinia (ClusiacĂ©es) et sur l'origine et les propriĂ©tĂ©s de la gomme-gutte, thèse (1872) Texte en ligne
  • Du protoplasma vĂ©gĂ©tal, thèse (1876)
  • Manuel d'histoire naturelle mĂ©dicale (4 volumes, 1879-1882)
  • La Matière, la vie et les ĂŞtres vivants (1879)
  • Étude sur la doctrine de Darwin : la lutte pour l'existence et l'association pour la lutte (1881)
  • TraitĂ© de zoologie. Protozoaires (1882)
  • La Botanique (1883)
  • Le Transformisme : Ă©volution de la matière et des ĂŞtres vivants (1883) Texte en ligne
  • Flore de Paris (phanĂ©rogames et cryptogames), contenant la description de toutes les espèces utiles ou nuisibles, avec l'indication de leurs propriĂ©tĂ©s (1884)
  • L'Église et l'État, confĂ©rence sur la sĂ©paration de l'Église et de l'État, faite Ă  Chaumont ; et Lettres sur le Concordat, adressĂ©es aux lecteurs de la Gazette des travailleurs, suivies du texte du Concordat et des articles organiques (1884) Texte en ligne
  • Introduction Ă  la botanique. Le sapin, Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Bibliothèque scientifique internationale» (1885) Texte en ligne
  • L'Expansion coloniale de la France : Ă©tude Ă©conomique, politique et gĂ©ographique sur les Ă©tablissements français d'outre-mer (1886) Texte en ligne
  • Les Plantes utiles des colonies françaises (1886)
  • La Tunisie (1887) Texte en ligne
  • L'Indo-Chine française, Ă©tude politique, Ă©conomique et administrative sur la Cochinchine, le Cambodge, l'Annam et le Tonkin (1889)
  • La Marine française au printemps de 1890 (1890)
  • La Colonisation française en Indo-Chine (1895) Texte en ligne
  • La Morale des philosophes chinois : extraite des livres classiques de la Chine et de l'Annam, Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine» (1896)
  • Principes de colonisation (1897) Texte en ligne
  • La RĂ©publique dĂ©mocratique : Ă©tudes sur la politique intĂ©rieure, extĂ©rieure et coloniale de la France (1897) Texte en ligne
  • Le Programme maritime de 1900 Ă  1906 (1902)
  • La Lutte pour l'existence et l'Ă©volution des sociĂ©tĂ©s (1903) Texte en ligne
  • La Concurrence sociale et les devoirs sociaux (1904) Texte en ligne
  • La Morale des religions (1905)
  • Les Enseignements maritimes de la guerre russo-japonaise (1905)
  • L'État et les Églises en France, depuis les origines jusqu'Ă  la sĂ©paration (1906)
  • Les Missions et leur protectorat (1907)
  • L'Éducation de la femme moderne (1908)
  • La Morale naturelle (1908) Texte en ligne
  • Le Bilan de notre marine (1909)
  • La Lutte contre le crime (1910)
  • Nos Forces navales : rĂ©partition et reconstitution (1911)
  • La RĂ©partition des flottes europĂ©ennes et les obligations de la marine française (1912) Texte en ligne
  • Nos Forces militaires (1913)
  • La Crise de la RĂ©publique (1914) Texte en ligne
  • Notre DĂ©fense maritime (1914)
  • Transformisme et crĂ©ationnisme : contribution Ă  l'histoire du transformisme depuis l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Bibliothèque scientifique internationale» (1914)
  • L'Empire germanique sous la direction de Bismarck et de Guillaume II (1915) Texte en ligne
  • Les Empires germaniques et la politique de la force, introduction Ă  la guerre de 1914 (1915)
  • Pourquoi les Germains seront vaincus (1915)
  • Histoire de l'entente cordiale franco-anglaise : les relations de la France et de l'Angleterre depuis le XVIe siècle jusqu'Ă  nos jours (1916) Texte en ligne
  • L'IdĂ©al moral du matĂ©rialisme et la guerre (1918)
Traductions
  • Friedrich A. FlĂĽckiger : Histoire des drogues d'origine vĂ©gĂ©tale (2 volumes, 1878)
  • August Mojsisovics (Edler von Mojsvar) : Manuel de zootomie, guide pratique pour la dissection des animaux vertĂ©brĂ©s et invertĂ©brĂ©s (1881)
  • Friedrich Otto WĂĽnsche : Flore gĂ©nĂ©rale des champignons (1883)

Notes et références

  1. voir listes d'autorités de la BnF et de la BIUM
  2. Alphonse Bertrand, La Chambre des députés (1898-1902) : biographies des 581 députés, Paris, L.-H. May, , p. 391
  3. Jean Martin, « Le rapport Brazza, mission d’enquête du Congo. Rapports et documents. 1905-1907. Mission Savorgnan de Brazza. Commission Lanessan, préface de Catherine Coquery-Vidrovitch. Éditions : Le passager clandestin, Neuvy-en-Champagne, 2014 », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 101, no 382,‎ , p. 295–297 (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Lagarde, « Jean de Lanessan (1843-1919), analyse d’un transformisme » in Revue de synthèse, 3e sĂ©rie (95-96), 1979, p. 337-351 (ISSN 0035-1776)
  • Larousse encyclopĂ©dique en couleurs, France Loisirs, 1978.
  • Adolphe Bitard, Dictionnaire de biographie contemporaine, Paris, A. LĂ©vy, 1890.
  • Dictionnaire des parlementaires français (t. III des volumes 1789-1889, Paris, 1890, dus Ă  A. Robert et G. Cougny ; tome VI des volumes 1889-1940, Paris, 1970, dus Ă  J. Jolly)
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Ă©ditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
  • Daniel Ligou: Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, Paris, 1998
  • Claude Nicolet: L'idĂ©e rĂ©publicaine en France, Paris,1982, p. 305-307 et p. 356.
  • Philippe Masson: Histoire de la Marine, t. II, Paris, 1983, p. 224.

Sources

Liens externes

Laness. est l’abréviation botanique standard de Jean-Marie de Lanessan.

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