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Guerre franco-siamoise de 1893

La guerre franco-siamoise opposa la France de la Troisième République au Siam en 1893.

Guerre franco-siamoise de 1893
Description de cette image, également commentée ci-après
l'incident de Paknam.
Informations générales
Date de
à
Lieu Chine, Taïwan et Viêt Nam
Issue Victoire française : resserrement de l'Entente cordiale
cession du Laos à l'Indochine
Commandants
Drapeau de la France France Auguste Pavie
Drapeau de la France France Jean-Marie de Lanessan
Rama V
Devawongse Varopakarn (en)
Phraya Chonlayutthayothin (en)

Contexte

Cet épisode militaire fait partie de la lente prise de contrôle de cette région du monde par la France et d'autres puissances européennes pendant la seconde moitié du XIXe siècle. C'est un enjeu majeur pour la politique coloniale française qui souhaitait acquérir des positions fortes dans le Sud de la Chine.

Déroulement

Territoires perdus par le Siam entre 1862-1909.

La guerre a été provoquée par deux incidents isolés: en 1892, trois hommes d’affaires français de la région du Mékong central ont été expulsés par les autorités siamoises dans les provinces de Ganmen et de Nong Khai, et deux d’entre eux, Champenois et Esquilot, ont été condamnés pour trafic d’opium. Bientôt, le consul de France à Luang Prabang, Massie, s'est suicidé sur le chemin du retour à Saigon. En France, les colonialistes ont utilisé ces deux événements pour susciter des sentiments nationalistes anti-siamois et créer une opinion publique en vue de l'agression ultérieure.

En 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : cette dernière les provoque parfois ou en exagère l'importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi à l’embouchure de la Chao Phraya de deux canonnières, dont les commandants annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok.

Le gouverneur français de l'Indochine, Jean-Marie Antoine de Lanessan, a envoyé Auguste Pavie à Bangkok pour demander la région du Laos. Les autorités de Bangkok ont mal calculé la situation et ont pensé que les Britanniques les aideraient. Elles ont donc refusé de céder la zone située à l'est du Mékong et d'envoyer davantage de troupes dans la région.

En , les Français envoient trois colonnes sur le territoire litigieux. L'armée française du nord était assiégée sur l'île de Khong, l'officier Thoreaux a été capturé, le sud progressait sans à-coups, mais l'embuscade siamoise était toujours en place et l'inspecteur Grosgurin a été tué.

La France a formé l'artillerie au Grand Palais de Bangkok et lancé un ultimatum au Siam le , exigeant que le Siam livre le Laos, retire ses défenses, verse une indemnité de 2 millions de francs français et punisse les soldats sur le territoire litigieux. Les Siamois ont refusé d'obéir inconditionnellement et l'armée française lance une percée sur les territoires du Siam.

Le Siam défend son territoire et répond à l’agression en ouvrant le feu sur l’envahisseur français, entamant la guerre franco-siamoise de 1893 : le casus belli est saisi par M. Pavie, résident français à Bangkok. Il exige l’abandon de la rive orientale du Mékong ; un blocus est mis en place à l’embouchure de la Chao Phraya.

À la fin, les Siamois ont constaté qu'ils ne bénéficiaient pas du soutien britannique et se rendent à la France, cédant le Laos au cours du Traité de Bangkok du .

Conséquences

Le Siam cède et la France ajoute à ses exigences une zone démilitarisée large de 25 km le long de la rive occidentale du Mékong, plus la restitution des provinces de Battambang et de Siem Reap au Cambodge. Pour s'assurer du respect des clauses du traité de Bangkok du 3 octobre 1893, les troupes de l'Armée française occupent la rivière et la ville de Chanthaburi : cette occupation ne devait pas durer trop longtemps, juste le temps de l’exécution du traité ; en réalité, elle dura onze ans jusqu'au 5 janvier 1905[1]... L'armée française y construit notamment la prison de Khuk Khi Kai, un bâtiment qui ne fut peut-être jamais une prison mais seulement un simple bastion de défense avec des meurtrières et sans fenêtres.

Les Français renoncent à mettre le Siam sous protectorat, mais partagent le pays en zones d'influence avec les Britanniques. La France voit en outre son autorité reconnue sur les pays lao, qui sont regroupés en 1899 au sein du protectorat du Laos. En ajoutant cette entité à l'Annam, au Tonkin, à la Cochinchine déjà occupée et au Cambodge, la France achève de constituer le territoire de l'Indochine française.

Bibliographie

Pour en savoir plus :

Notes et références

  1. François Doré, « Chanthaburi, 11 ans d'histoire franco-siamoise », Gavroche Thaïlande, no 261,‎ , p. 30 à 36 (lire en ligne [PDF])
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