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Jean-Baptiste Théodore Curto

Biographie

Du simple cavalier au chef d'escadron

Il entre au service le , comme dragon dans le régiment de Bourbon (depuis 3e de dragons), y est fait brigadier-fourrier le , maréchal-des-logis le , et adjudant-sous-lieutenant le suivant. Il a le rang d'adjudant-lieutenant le 21 pluviôse an II (), est fait lieutenant en pied le 26 germinal an IV (), et capitaine (toujours au même régiment), le 21 pluviôse an VII (). On le nomme chef d'escadron au 7e régiment bis de hussards le 1er vendémiaire an IX ().

Il fait les campagnes de 1792 à 1794, à l'armée du Nord, où il se trouve aux batailles de Valmy, Jemmapes, Nerwinde, Menin et Wattignies, ainsi qu'à un grand nombre de combats particuliers, livrés ou reçus par cette armée pendant ces trois années. Employé en 1794, à l'armée de Sambre-et-Meuse, il combat dans les diverses affaires qui ont lieu jusqu'après la reprise des villes de Valenciennes, Condé, Le Quesnoy et Landrecies, se trouve au passage de la Meuse près de Sprimont, et à celui de la Roer vis-à-vis de Düren.

Attaché en l'an IV à la 17e division militaire il sert en 1795, dans l'armée de l'Intérieur, commandée par le général en chef Buonaparte. Employé sous le même général en 1796 et 1798, à l'armée d'Italie, il se trouve aux batailles de Rivoli et de Saint-Georges, aux passages de la Piave, du Tagliamento et du Tarvis, et aux combats livrés sur l'Adige jusqu'à Leoben, où sont signés les préliminaires du Traité de Campo Formio. Il sert ensuite à l'armée d'Helvétie sous les ordres du général en chef Brune et y combat en plusieurs occasions, notamment lors de la bataille livrée le 15 ventôse an VI devant la ville de Berne, dont les troupes françaises s'emparent.

Campagne d’Égypte et retour en France

De 1798 à 1801, il fait partie de l'armée expéditionnaire d'Égypte. Il se trouve à la prise de Malte, aux batailles de Chebreiss, des Pyramides, du Mont-Thabor, d'Héliopolis et aux deux batailles d'Aboukir. Il prend part à une grande partie des combats livrés par l'armée expéditionnaire contre les mamelouks, aux armées turques et aux Arabes bédouins, soit pendant les marches, soit pendant le siège de Saint-Jean-d'Acre. Le 30 vendémiaire an VII, il commande l'escorte du général Dupuy, gouverneur du Caire, lorsque les habitants de cette ville se révoltent contre les Français et tuent ce gouverneur, ainsi qu'une partie de son escorte. Dans cette occasion, Curto, après avoir fait, à la tête des 50 hommes qu'il commande, plusieurs charges contre les révoltés entassés dans les rues, voit bientôt sa troupe réduite à cinq hommes. Il enlève cependant le corps du général Dupuy, et malgré les obstacles que lui opposent les émeutiers, il parvient à le faire déposer chez le général Junot.

Le chef d'escadron Curto revient en France avec les débris de l'armée expéditionnaire. Le Premier consul, par arrêté du 9 fructidor suivant (), l'élève au grade d'adjudant-commandant et l'attache en cette qualité au grand état-major général de l'armée. Dans la même année, il devient l'un des trois membres du comité chargé de la rédaction d'une ordonnance provisoire sur les manœuvres de cavalerie, et il fait aussi partie du comité qui révise la rédaction de cette même ordonnance, restée en vigueur dans les armées françaises. Il est employé en 1803 et 1804 à l'armée des côtes de l'Océan, et placé sous les ordres immédiats du maréchal Berthier, major-général de l'armée.

Rome, Austerlitz, Italie

En 1803, il est envoyé par le gouvernement en mission à Rome auprès du pape, puis auprès de l'armée de Naples que le général Gouvion-Saint-Cyr commande dans le royaume de Naples. En 1804, il a le commandement supérieur de toutes les députations, soit des corps militaires, soit des gardes nationales qui assistent au sacre de Napoléon Ier. En cette même année, lors de la création de la Légion d'honneur, il est nommé chevalier le 15 pluviôse an XII puis officier de cet ordre le 25 prairial (). Il est également nommé colonel du 8e régiment de chasseurs à cheval le suivant. Employé à l'armée de Hollande, il monte à bord des vaisseaux destinés à transporter l'armée française chargée d'opérer une descente en Angleterre. Il fait la campagne de 1805 avec la Grande Armée d'Allemagne, se trouve à la bataille d'Ulm ainsi qu'à plusieurs autres actions qui ont lieu durant cette période. Il prend aussi part aux combats livrés par le 2e corps d'armée lorsque le général Marmont le fait marcher dans la direction de Gratz.

Il sert de 1806 à 1808, sous les ordres du prince Eugène, vice-roi d'Italie, au 2e corps d'armée de la Grande Armée resté en observation sur l'Isonzo dans le Frioul italien. En congé à Paris au mois de , il part pour Turin au mois d'avril en qualité d'aide de camp du prince Camille Borghèse et obtient la permission de rejoindre son régiment. Employé en 1809, à l'armée d'Italie sous les ordres du vice-roi, il y marche à la tête de son régiment. Au cours de la bataille de la Piave, Curto prend part aux charges de cavalerie exécutées contre l'armée autrichienne, qui, malgré sa supériorité numérique, doit concéder la victoire aux Franco-Italiens.

En Hongrie, Espagne et Allemagne

Le colonel Curto commande son régiment à la bataille de Raab en Hongrie, où il concourt à la défaite des Autrichiens en chargeant l'infanterie ennemie qui vient d'être expulsée de la position de Raab. Les cinq carrés formés par cette infanterie sont successivement enfoncés et le général autrichien qui les commande est fait prisonnier, ainsi qu'un grand nombre de ses soldats. Le colonel Curto obtient après la victoire la décoration de chevalier de l'ordre de la Couronne de Fer[1]. II combat avec distinction lors de la bataille de Wagram et obtient en récompense de ses services le titre de baron de l'Empire, accompagné de dotations accordées par Napoléon Ier.

En , il est nommé commandant du dépôt-général des dragons de l'armée d'Espagne, et reçoit le 6 du même mois le grade de général de brigade. Le suivant, il est nommé commandant de la cavalerie légère de l'armée de Portugal. Il conserve ce commandement jusqu'en 1813, époque à laquelle les armées françaises évacuent le territoire espagnol. Pendant les campagnes de 1811 à 1813, il commande une division de cavalerie légère dans plusieurs combats livrés aux Anglais et aux Espagnols. Il se distingue particulièrement aux batailles des Arapiles et de Vitoria. Il détruit plusieurs corps de guérillas, entre autres celui de Sornil, et fait prisonnier le général espagnol Mariano Renovales (es) avec tout son état-major et les troupes sous son commandement. Appelé à la Grande Armée d'Allemagne, il y sert pendant la fin de la campagne de Saxe (1813) et est chargé, le , de la défense du Rhin, depuis Germersheim jusqu'à Manheim.

Campagne de France

Il fait la campagne de France (1814) dans le corps d'armĂ©e commandĂ© par le marĂ©chal Marmont et se trouve aux diffĂ©rents combats livrĂ©s par ce corps d'armĂ©e — en particulier les batailles de Brienne, Champaubert et Montmirail. Pendant la bataille de Vauchamps, il est aux commandes d'une brigade de cavalerie composĂ©e de neuf rĂ©giments de cuirassiers et quatre rĂ©giments de dragons. L'ensemble de ce corps ne prĂ©sente qu'un effectif d'environ 1 200 combattants. La brigade Curto mène des charges victorieuses dont le rĂ©sultat est la prise de toute l'artillerie du 9e corps russe, la destruction d'un bataillon carrĂ© ennemi fort de 3 000 hommes et la capture d'un grand nombre de prisonniers de guerre.

Le gĂ©nĂ©ral Curto se conduit pendant cette campagne de manière Ă  ĂŞtre citĂ© plusieurs fois d'une manière honorable dans le bulletin de la Grande ArmĂ©e et dans les ordres du jour de l'armĂ©e. Il est par exemple mentionnĂ© dans l'ordre du jour donnĂ© le , par Marmont le lendemain de la bataille de Brienne. Cette mention relative aux opĂ©rations du passage de la Rosani (rivière non guĂ©able) rapporte que le gĂ©nĂ©ral Curto a exĂ©cutĂ© avec trois ou quatre escadrons de cuirassiers plusieurs charges sur une masse de 5 Ă  6 000 Prussiens qui tentaient de couper la retraite du corps d'armĂ©e du duc de Raguse. L'attaque française fait coĂ»te aux Prussiens de nombreux tuĂ©s, 500 prisonniers et les oblige Ă  repasser la rivière pour laisser s'opĂ©rer la retraite des troupes françaises.

Restauration française

Après la retour des Bourbons, le général Curto obtient de Louis XVIII la croix de chevalier de Saint-Louis le , et celle de commandeur de l'ordre royal de la Légion d'honneur le . Le roi le nomme le suivant commandant de l'arrondissement de Thionville. Il se trouve dans cette place lors de l'« invasion de Napoléon » en — les Cent-Jours. Voyant que la garnison hésite à se prononcer en faveur des Bourbons, il l'assemble et lui déclare qu'il ne manquera pas à son serment et ne reconnaîtra jamais d'autre souverain que le roi. Obligé d'abandonner son commandement après cette courageuse déclaration, il est destitué par Napoléon le . Réintégré dans ses fonctions le , il est mis à la retraite le .

Après les Cent-Jours, le roi le remet en activité par ordonnance royale du et le désigne au mois de septembre suivant pour être l'un des généraux chargés de l'organisation de la cavalerie. En , il est nommé inspecteur de la cavalerie dans la 16e division militaire et commandant supérieur de la place de Saint-Omer. Il conserve ce commandement pendant que les Anglais se tiennent dans un camp de plaisance qu'ils ont établi à peu de distance de cette place. Le , le baron Curto est pourvu du commandement du département du Pas-de-Calais et passe le de la même année au commandement de la 1re subdivision de la 11e division militaire. Il commande cette division par intérim pendant un an et reçoit en récompense de ses services un exemplaire de la Description de l'Égypte.

Mis en disponibilité le , il est chargé le de l'inspection générale de cavalerie dans les 11e et 12e divisions militaires. Il de nouveau placé en disponibilité le avant d'être admis à la retraite par ordonnance du . Nommé lieutenant général honoraire le suivant, il est sorti de sa position de retraite le , en tant que maréchal de camp et pourvu du commandement du département de l'Ardèche. Il est replacé une troisième fois en disponibilité le et est nommé le au commandement de la subdivision de la Corse. Admis définitivement à la retraite le , il meurt à Paris le .

DĂ©corations

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du baron Curto et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Saint-Cloud)).

D'azur à la rivière en fasce d'argent, surmontée d'un crocodile passant d'or et soutenu d'un cor de chasse du même : franc quartier des barons tirés de l'armée.[2] - [3] - [4]

Livrées : les couleurs de l'écu[2].

Annexes

Bibliographie

  • Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des gĂ©nĂ©raux français : depuis le onzième siècle jusqu'en 1820, vol. 5, (lire en ligne) ;
  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre BĂ©gat, Fastes de la LĂ©gion d'honneur : biographie de tous les dĂ©corĂ©s accompagnĂ©e de l'histoire lĂ©gislative et rĂ©glementaire de l'ordre, vol. 5, Bureau de l'administration, , 2e Ă©d. (lire en ligne) ;

Notes et références

  1. Après la restauration du trône des Bourbons, l'empereur d'Autriche donne au général Curto des lettres de maintenue de chevalier de l'ordre de la Couronne de Fer.
  2. PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
  3. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com
  4. Source : lesapn.forumactif.fr, Les Amis du Patrimoine Napoléonien

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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