Jean-Baptiste Michel Saladin
Jean-Baptiste Michel Saladin, né à Amiens le , mort à Conflans-Charenton (Seine) le , est un avocat et député français membre de l'Assemblée législative, de la Convention nationale puis du Conseil des Anciens.
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Député français Somme | |
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(Ă 59 ans) Charenton-le-Pont |
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Biographie
Député de la Législative et du début de la Convention
Son père François-Michel Saladin est procureur du roi à Amiens et sa mère est Marie-Louise-Jeanne Milevoie. Jean-Baptiste Michel Saladin est avocat au barreau d'Amiens, avant de devenir juge au tribunal du district au début de la Révolution et membre de la société des Jacobins de sa ville[1]. Élu le par le département de la Somme, le 8e sur 16 avec 249 voix sur 412 votants, député à l'Assemblée législative, il siégea à gauche et appartint au comité de législation. Hostile aux prêtres réfractaires et aux émigrés, il présenta une motion contre les prêtres réfractaires et demanda la rétroactivité de la loi portant séquestres contre les biens des émigrés. Il participa également à la campagne en faveur de la guerre, réclama la mise en accusation des princes émigrés et dénonça les ministres feuillants. En , il est élu président du club des Jacobins de Paris.
Après le 10 août, il défend le nouveau régime auprès des autorités de son département alors très réticentes[1].
Réélu député de la Somme à la Convention nationale, le 1er sur 18 par 535 voix sur 572 votants, il siège d'abord auprès de Philippe-Égalité et de Brûlart de Sillery mais vote avec les montagnards[1] : lors du procès de Louis XVI, il vote pour la mort sans conditions ; il est absent à la mise en accusation de Marat[2] mais vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[3]. Il est élu titulaire au Comité de Sûreté générale le 17 octobre 1792 mais en sort au remaniement du début du mois de janvier 1793[4] - [5].
Le , il fait traduire à la barre les magistrats d'Amiens, à qui il reprochait d'avoir acquitté l'archidiacre de la ville, surpris chez lui en train de célébrer la messe. Le 8 mars, il est envoyé en mission en compagnie de son collègue Isoré dans la section parisienne des Quatre-Nations[6]. Le 9, il est envoyé en mission, en compagnie de Pocholle, dans les départements de la Seine-Inférieure et de la Somme[7] afin d'y contrôler l'application du décret du 23 février 1793 sur la levée en masse. Il est rappelé le 30 avril[8].
Un partisan des girondins proscrit
Fin mai 1793, il s'inquiète de l'ampleur de la puissance de la Commune insurrectionnelle de Paris et se rapproche de la Gironde[1]. Il proteste le 19 juin contre les journées du 31 mai et du 2 juin 1793 et contre l'arrestation d'une trentaine de ses collègues girondins[9]. Il est décrété d'arrestation à son domicile le sur motion de François Chabot et de Jean-Lambert Tallien qui l'accusent d'avoir qualifié les montagnards de « scélérats et de septembriseurs »[10]. Son arrestation est confirmée par le décret du 3 octobre 1793 rendu par Jean-Pierre André-Amar au nom du Comité de Sûreté générale[11]. Il est emprisonné aux Écossais[1]. Il est libéré et réintégré à la chambre, ainsi que ses collègues protestataires, à la faveur du décret du 18 frimaire an III (8 décembre 1794)[12].
Un acteur de la réaction
Une fois réintégré, Saladin se montre actif dans la politique réactionnaire menée par la Convention thermidorienne. Le 7 nivôse an III (27 décembre 1794), il est élu membre de la Commission des Vingt et Un chargée d'enquêter sur la conduite de Barère, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, anciens membres du Comité de Salut public, et de Vadier, ancien membre du Comité de Sûreté générale[13]. Il présente, le 12 ventôse an III (2 mars 1795), au nom de la Commission, un rapport incriminant les « quatre terroristes » qui sont alors mis en état d'arrestation chez eux en attente d'être jugés[14]. Le rapport qu'il prononce est d'après Marcel Dorigny la source de toutes les accusations des thermidoriens et de la tradition historiographique contre-révolutionnaire contre le gouvernement de l'an II[1].
De germinal à messidor an III (d'avril à juin 1795), il est envoyé en mission dans les départements du Jura, de la Haute-Saône et du Doubs[15] - [16] où il se distingue par des mesures répressives contre les révolutionnaires, y compris modérés, favorisant un retour des émigrés et des royalistes[1].
Un député royaliste sous le Directoire
À son retour, il s'élève contre le décret des deux tiers. Louvet l'accuse de complicité avec les insurgés du 13 vendémiaire et Rovère le décrète d'accusation et le fait incarcérer. Il est relâché le 11 brumaire () à la faveur de son élection au Conseil des Anciens.
Comme ses collègues de droite Boissy d'Anglas ou Doulcet de Pontécoulant[17], il fréquente le club de Clichy de tendance royaliste. Il est proscrit par le coup d'État du 18 fructidor an V (). Il est amnistié par le Premier consul Napoléon Bonaparte le 5 nivôse an VIII (), son assignation à résidence à Valenciennes est levée. Il rentre à Paris, où il achète une charge d'avocat à la Cour de cassation. Il cesse toute activité politique et n'est élu à aucune chambre du Premier Empire[1].
Notes et références
- Marcel Dorigny, « Saladin Jean Baptiste Michel », p. 953 in Albert Soboul (dirigé par), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Quadrige », 1989, réédition 2005, 1132 p.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 75.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 527.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 17 octobre 1792, p. 547.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 56, séance du 9 janvier 1793, p. 617.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 8 mars 1793, p. 285.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 9 mars, p. 315.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 3, Représentants en mission, 30 avril 1793, p. 533.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 66, séance du 19 juin 1793, p. 718.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 21 août 1793, p. 553.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 520-521.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 18 frimaire an III (8 décembre 1794), p. 213.
- Gazette nationale ou le Moniteur universel n°99 du 9 nivôse an III (29 décembre 1794), Convention nationale, séance du 7 nivôse (27 décembre), p. 3-4.
- Gazette nationale ou le Moniteur universel n°164 du 14 ventôse an III (4 mars 1795), Convention nationale, séance du 12 ventôse (2 mars).
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Représentants en mission, séance du 19 germinal an III (8 avril 1795), p. 683.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 24, Représentants en mission, 4 messidor an III (22 juin 1795), p. 613.
- Jean-René Suratteau, « Clichy/Clichyens », p.231-232 in Albert Soboul (dirigé par), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Quadrige », 1989, réédition 2005, 1132
Voir aussi
Bibliographie
- « Jean-Baptiste Michel Saladin », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition], tome 5, p. 255
- Robert Legrand, La Révolution dans la Somme, Conventionnels, Jacobins et Soldats, préface de Jean Tulard, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1988