Jacques de Grenier
Jacques Raymond de Grenier de Taudias, dit le Chevalier Grenier ou Chevalier de Grenier, puis le Vicomte de Grenier[1], né à Saint-Pierre de la Martinique le et mort le à Paris[2], est un officier de marine connu pour avoir découvert et exploré une nouvelle route maritime entre l'Île de France (actuelle Île Maurice) et les Indes[3]. Ses travaux sur l'hydrographie, la cartographie et les courants marins lui valurent d'être nommé membre adjoint de l'Académie royale de Marine en 1769 [4]. Enseigne de vaisseau le , il deviendra chef de division navale le , avant de quitter la marine le . Il servit successivement sur les navires Le Hardi, le Dragon, l'Hébé, le Téméraire, la Biche, l’Heure du Berger, la Belle Poule, le Sphinx , la Boudeuse et enfin la Bretagne.
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Décès |
(Ă 66 ans) Paris |
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Famille
Il est le fils de Raymond de Grenier, lieutenant de cavalerie au régiment de Berry, avant d'être fait lieutenant de frégate pour ses services rendus sur mer en Amérique, et d'Angélique Gabrielle, fille d'Alexandre de Burin, seigneur de la Neuville[5].
Début de carrière militaire
Avant ses premiers voyages d'exploration, Jacques de Grenier combattit sur les mers au gré de différentes affectations, lors de la Guerre de Sept Ans puis de l'expédition contre le royaume chérifien à Salé[6] :
- : à l'âge de 10 ans, il est nommé lieutenant de frégate ad honores, en récompense des services rendus par son père en Amérique. Il est envoyé peu après en métropole pour poursuivre ses études.
- : Jacques de Grenier entre dans la compagnie de gardes de la Marine de Rochefort, c'est-à -dire comme élève-officier.
- - : après avoir été affecté sur les batteries côtières en 1756, il sert sur le Hardi, navire de 64 canons, sur lequel il est fait sous-brigadier le . Il y participe à plusieurs engagements de la Guerre de Sept Ans. La mission de du bâtiment est d'aller en Martinique, et d'en ramener le chef d'escadre Maximin de Bompar, ancien gouverneur général des Îles du Vent.
- : toujours sous-brigadier, à bord du navire le Dragon, il assiste à la bataille des Cardinaux opposant le vice-amiral Hubert de Brienne de Conflans contre la flotte anglaise de l'amiral Edward Hawke. Peu engagé lors des combats, le Dragon se réfugie dans l'embouchure de la Vilaine après la défaite.
- : affecté à l'Hébé, frégate de 36 canons, il y est élevé au grade de brigadier le , au cours d'une campagne aux Antilles contre la flotte britannique.
- : fait enseigne de vaisseau, il prend le commandement d'un garde-côte, la corvette Téméraire, et livre un combat victorieux contre une frégate anglaise de 30 canons.
- : il quitte temporairement le service naval pour prendre, sous le grade de lieutenant en second Ă©quivalent Ă celui d'enseigne de vaisseau, le commandement d'une batterie dans la brigade d'artillerie de Morogues Ă Brest.
- - : il sert dans la division du chef d’escadre Louis Charles du Chaffault de Besné à bord de la frégate de 14 canons la Biche, participant au bombardement du port marocain de Salé du 2 au . Son bâtiment escorte ensuite jusqu’à Brest une prise suédoise capturée le alors qu'elle transportait des munitions de guerre destinées à être vendues au sultan du Maroc.
- : il reprend du service Ă terre, dans la brigade d'artillerie de Saint-Julien Ă Brest, oĂą il est fait lieutenant en premier.
Premier voyage dans les mers de l'Inde (29 novembre 1767 au 15 juin 1770)
Envoyé par le roi et le ministre de la marine chercher une nouvelle route dans l'océan Indien pour gagner Pondichéry, il quitte Lorient le à bord de l’Heure du Berger et arrive à Port-Louis, en Île de France le [7]. La saison est alors trop avancée pour partir pour l'Inde, et Grenier est envoyé par le gouverneur de l'île vers Madagascar.
Exploration de la côte orientale de Madagascar (12 août 1768 au 11 janvier 1769)
Grenier, toujours à bord de L'heure du Berger, quitte Port-Louis le en direction de Foulepointe. Il longe ensuite la côte est de l'île en direction du sud, et la cartographie jusqu'à la rivière de Manansari. L'expédition devait initialement aller jusqu'à Fort Dauphin. Mais le manque de provisions rendirent ce projet irréalisable. Grenier n'en reconnut pas moins de nombreux points de mouillages et s'enfonça dans les bras de nombreuses rivières qui bordaient la côte. Il s'évertua également à repérer les endroits favorables à l'installation d'un poste de traite, emmenant même un chef de tribu des environs de Mahanoro jusqu'à l'Île de France. Le il est à Foulepointe, le au lac Nossibé, le il quitte Tamatave, le il mouille à Manourou, le 23 à Mananzary, qu'il quitte le pour Bourbon, ou il arrive le 23, et arrive le à Port Louis. À son retour, il rédigea un Projet d’établissement à Madagascar.
DĂ©couverte et exploration d'une nouvelle route entre l'ĂŽle de France et les Indes (30 mai au 6 octobre 1769)
Après avoir hiverné en Île de France, il peut au printemps suivant se consacrer à son projet initial, l'exploration d'un nouveau passage vers les Indes. Il part le avec le Vert Galant pour Saint-Brandon où il arrive le . Il passe par le cinquième banc de Nazareth, puis le par le banc Saya de Malha, poursuivant vers le nord, avant d'obliquer à l'ouest, arrivé à la hauteur des Seychelles, ou il mouille le à Mahé. Il part ensuite pour Praslin, passe la nuit du 14 sur place, appareille le 15, traverse les maldives, mouille sur la côte de Malabar le , et arrive à Pondichéry le 6 aout. Il parvient le à Sumatra, est en vue de Diego Garcia le 24, et rentre à Port Louis le .
Grenier a donc découvert une nouvelle route vers les Indes, beaucoup plus courte que la précédente, puisqu'elle permet d'y arriver en un mois à partir de l'ïle de France, et non plus trois mois comme auparavant. L'ancienne route faisait en effet un large détour par le sud avant d'obliquer vers le nord-ouest. Grenier explore et confirme l'existence d'un chemin beaucoup plus direct et rapide[8]. C'est celle qu'empruntera notamment l'escadre de Suffren en 1781. Il deviendra également à la suite de son expédition le premier à cartographier les Seychelles[9]. Il est nommé, à titre de son service effectué à terre dans la brigade d'artillerie, lieutenant de bombardier le .
Second voyage (22 janvier 1772 au 30 novembre 1776)
Rentré en France le , il repart pour l'Île de France en 1772 à bord de la Belle Poule. Participent également à cette seconde expédition Jean-François de La Pérouse et Yves Le Coat de Saint-Haouen. Il emmène de France à l'océan Charles-Henri-Louis d'Arsac de Ternay , qui venait d'être nommé gouverneur des îles de l'Océan Indien. Il est élevé, pendant cette expédition, au grade de lieutenant de vaisseau le .
Troisième expédition (octobre 1772)
Il quitte Port Louis en avec la Belle Poule et fait route vers le nord, passe par le deuxième banc de Nazareth, à l’ouest de l’île Gratia puis oblique vers les Seychelles ou il arrive à Mahé. Elle se dirige ensuite vers Praslin, puis met les voiles pour les Sept Frères, avant d'atteindre Pondichéry et de revenir à Port-Louis.
Quatrième expédition (juillet 1773 à avril 1774)
En , Grenier repart, et passe cette fois à l’est du deuxième banc de Nazareth, à l’est de Gratia et de Praslin, avant d’atteindre Pondichéry puis Manille. Il est de retour le à l'Île de France.
Cinquième expédition (février 1775)
En , pour son troisième et dernier voyage, Grenier visite l'île de Corgados, passe au sud des quatrième et troisième bancs de Nazareth, au large du deuxième, accoste à l’île de Sable puis à Madagascar. Il remonte ensuite vers le nord, et arrive aux Îles Amirante par l’ouest, y mouille, avant de continuer vers Mahé, Praslin et Pondichéry. Il est de retour en France le [10] - [11].
Guerre d'indépendance des États-Unis (1778-1782)
Lorsque la France s'engage en 1778 dans le conflit opposant les Britanniques à leurs colonies américaines, il est officier sur le Sphinx, et participe à la bataille d'Ouessant. Il prend ensuite le commandement de la Boudeuse, rattachée à l'escadre d'Estaing aux Antilles, et captura le la corvette anglaise Weazle. Fait lieutenant-colonel d’artillerie le , il se distingua à la prise de la Grenade et participa à l'expédition de Savannah (). Il assura ensuite en 1780 des missions d'escorte de convois aux Antilles. Promu capitaine de vaisseau en , il servit sur la Bretagne avant d'être affecté à l'intendance de l'escadre de Guichen[6].
Notes et références
- Jacques Aman, Les officiers bleus de la marine française au XVIIIe siècle, Centre de recherches d'histoire et de philologie de la IVe Section de l’École pratique des Hautes Études, 1973.
- Acte décès État civil reconstitué Paris (p. 22/51)
- « GRENIER Jacques de, Jacques Raymond », sur cths.fr (consulté le )
- « Académie royale de marine », sur cths.fr (consulté le ).
- Dictionnaire Généalogique, Héraldique, Historique et Chronologique, vol. V, Chez Duchesne, Libraire, rue S. Jacques, 1761, p. 250 (lire en ligne).
- Étienne Taillemite, « Dictionnaire des Marins français », Paris, 1982, p. 146
- « Pierre Poivre et Compagnie. », sur www.pierre-poivre.fr (consulté le )
- Le journal des sçavans, pour l'anne ..., chez Jean Cusson, (lire en ligne)
- Jacques Raimond de GRENIER (Viscount.), Mémoires de la campagne de découvertes dans les mers des Indes, par Mr. ... Grenier, etc. [With map.], (lire en ligne)
- Carte de l'archipel au Nord de l'Isle de France [Seychelles, Amirantes, Chagos, Maldives] / dressée en 1776 par le Ch.er Grenier..., Lattré, (lire en ligne)
- Piouffre, Lapérouse : Le Voyage sans retour, La Librairie Vuibert, , 240 p. (ISBN 978-2-311-10173-7, lire en ligne)