Jacques Louis Randon
Jacques Louis César Alexandre, comte Randon, né le 5 germinal an III () à Grenoble, mort le à Genève, est un militaire et homme politique français, élevé à la dignité de maréchal de France, et gouverneur de l'Algérie de 1851 à 1858.
Jacques Louis Randon | ||
Naissance | Grenoble |
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Décès | (à 75 ans) Genève |
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Origine | France | |
Dignité d'État | Maréchal de France | |
Années de service | 1811 | |
Commandement | 2e chasseurs d’Afrique 3e division militaire Corps expéditionnaire de la Méditerranée |
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Conflits | Campagne de Russie campagne de France |
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Distinctions | Grand-croix de la LĂ©gion d'honneur | |
Autres fonctions | gouverneur d'Algérie | |
Biographie
Famille
Le comte Randon est issu d'une famille protestante originaire de l'Hérault. Fils du marchand de toile isérois Jacques Randon (1756-1814) et de Louise Dejean (1770-1855), Jacques Louis Randon est le neveu d'Antoine Barnave et de Jean Gabriel Marchand (général d'Empire). Élève du lycée de Grenoble, il vit ses moments de liberté dans la propriété de son oncle le général, à Saint-Ismier, où il pratique l'équitation.
Jacques Louis Randon a épousé en premières noces, le à Paris IXe, Augustine Clotilde Périer (1806-1832), fille du député du Loiret Alexandre Perier, et nièce de Casimir Perier, qui fut président du Conseil pendant la Monarchie de Juillet et le grand-père de Jean Casimir-Perier, président de la République[1]. De cette union est née une fille : Claire (1831-1992) qui épousa à Alger en 1851 le futur général de division Jules Victor Anatole de Salignac-Fénelon (1816-1878).
Veuf depuis 1832, Jacques Louis Randon s'est remarié le à Hermaville (Pas-de-Calais) avec Constance Edwige Zénaïde Suin (1811-1891), dont il a eu une fille : Marthe (décédée en 1863).
Engagement et campagnes de 1812 Ă 1814
Engagé à seize ans, il rejoint son oncle à Varsovie ; il est nommé sergent le . Lors de la campagne de Russie, sa conduite à la bataille de la Moskowa lui vaut le grade de sous-lieutenant. Il vit les souffrances de la retraite de Russie puis fait la campagne de 1813. Blessé deux fois à Lützen, il combat néanmoins à Bautzen, puis à Leipzig en qualité d'aide de camp de son oncle. En 1814, il le suit dans les Alpes pour défendre la Savoie et le Dauphiné.
Les Cent-Jours (1815)
En 1815, il est toujours aide-de-camp de son oncle qui, au service maintenant de Louis XVIII, commande la 7e division militaire (Grenoble) et reçoit le grade de capitaine.
Lors du retour de l’Empereur en 1815, il paraît que le général Marchand ait d’abord voulu éviter tout contact entre ses troupes et celles de l’île d’Elbe ; il envisage même d'évacuer Grenoble et de se retirer sur Chambéry pour soustraire ses soldats au prestige de la présence de l’Empereur. Cependant un bataillon du 5e de ligne et une compagnie de sapeurs étaient partis avec l’ordre de détruire le pont du Ponthaut à quelques lieues de la Mure. Ce détachement était commandé par le chef de bataillon Lessard le 7 à neuf heures au village de Laffrey ; mais, vers une heure, l’Empereur y arriva également. Les deux troupes s’observèrent pendant quelque temps ; mais l’hésitation, si elle existait, ne fut pas de longue durée. Napoléon mit pied à terre, et s’avança vers le bataillon, et aussitôt les cris de vive l’Empereur retentirent.
Le capitaine Randon n’avait plus qu’à retourner vers son oncle pour lui rendre compte de ce qui se passait. Le général Marchand se retira par la route de Chambéry avec 150 hommes restés fidèles aux Bourbons. Marchand, rallié aux Bourbons, est maintenu dans son commandement de la 7e division militaire et conserve son neveu pour aide de camp. Avant cet événement, Randon avait donné en 1813, pendant la campagne de France, des preuves éclatantes de bravoure ; il n’eut guère d’avancement pendant la Restauration ; mais après 1830 et dans l’espace de sept ans, on le vit successivement chef d’escadron, lieutenant-colonel, colonel du 2e chasseurs d’Afrique et officier de la Légion d’honneur.
Lors du vol de l'Aigle, Randon est dépêché à Laffrey pour veiller à ce que les troupes chargées d'arrêter la progression de Napoléon accomplissent leur mission. Il incite en vain le commandant du 5e de ligne à ouvrir le feu et est pourchassé par les cavaliers de l'Empereur. L'Empire rétabli, il s'y rallie avec son oncle Marchand.
La Monarchie de Juillet (1830-1848)
Après les Cent-Jours, son avancement est stoppé. Il doit attendre la Monarchie de Juillet pour poursuivre sa progression dans la hiérarchie militaire.
Il devint successivement lieutenant-colonel au 9e chasseurs en 1835 puis colonel du 2e chasseurs d'Afrique et débarqua en Algérie en 1838. Il séjourne en Algérie de 1838 à 1847.
Promu bientôt au grade de général de brigade, il fut nommé général de division le , puis commandeur de la Légion d’honneur, et on lui confia le commandement de la 3e division militaire.
Il occupait ce poste lorsqu’il fut appelé, en septembre 1849, à remplacer à Rome le général Rostolan en qualité de commandant en chef le corps expéditionnaire de la Méditerranée.
Maréchal de camp en 1841, comme commandant la subdivision de Bône, et lieutenant général en 1848, comme directeur des affaires de l’Algérie au ministère de la Guerre, il devint une première fois, en 1851, ministre de la Guerre, et fut remplacé par le maréchal Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud dans la perspective du coup d'État du 2 décembre 1851. Il retourna en Algérie, en qualité de gouverneur général, le , jusqu’à la création du ministère de l’Algérie et des Colonies le .
Gouverneur de l'Algérie
Son administration fut marquée par d’importantes expéditions militaires. Pour ne parler que des principales, l’expédition des Babors qui brise en 1852 l’indépendance de la Kabylie orientale ; en 1854 les opérations sur le Sebaou, puis l'expédition de 1857 et soumet à la France toutes les tribus comprises entre le Sebaou, Dellys et Bougie. Enfin la conquête de la Kabylie du Djurdjura qui lui valut le bâton de maréchal. Et, dans le sud, la prise de Laghouat et de Tuggurt, la soumission des Beni-M’zab et celle du Souf, qui reculèrent les limites de l’Algérie jusqu’au grand désert. Il révéla ses dons d'administrateur : création de sous-préfectures, d'un collège arabe, d'écoles de médecine, construction par l'armée de six mille kilomètres de routes, d'aqueducs, de ponts, de puits artésiens, exploitation des mines et des forêts, rénovation de l'agriculture, concession d'un réseau de chemins de fer.
Le Second Empire (1851-1870)
En 1852, Randon reçoit l'investiture du titre de comte de son oncle, le général Marchand, mort sans postérité. Il est aussi nommé sénateur du Second Empire et en 1856 élevé au maréchalat en même temps que Bosquet et Canrobert.
Rentré en France, en 1859, il remplace Vaillant au ministère de la Guerre. Il fait alors du jeune industriel Hector de Sastres le principal fournisseur des armées et contribue ainsi à la fortune de cette famille. En conflit avec l'Empereur quant à l'augmentation des effectifs de l'armée, il sera lui-même remplacé par Adolphe Niel en 1867. La même année, il abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme.
Quand éclate la guerre de 1870, sa santé ne lui permettant pas d’y prendre part, le maréchal Randon accepte de revenir comme gouverneur en Algérie ; mais il a trop présumé de ses forces, et il doit démissionner de ses fonctions avant même de les avoir exercées.
En 1870, Randon est gravement malade. Il fait une cure à Évian, puis obtient l'autorisation de poursuivre ses soins à Genève. Miné par les tourments que lui causent les désastres militaires de l'armée et l'effondrement de l'Empire, il meurt le . Une cérémonie funèbre a lieu à Genève le et le , le corps arrive à Saint-Ismier. Les funérailles ont lieu le lendemain. Patrice de Mac Mahon y représente le gouvernement.
Ses Mémoires furent publiés en 1875-1877.
Les papiers personnels du maréchal Jacques Louis Randon sont conservés aux Archives nationales sous la cote 249AP[2].
Il est enterré dans la chapelle du Maréchal Randon de Saint-Ismier[3].
- La chapelle du maréchal Randon.
- Le château Randon à Saint-Ismier.
Hommages
Son nom a été donné à une avenue de Grenoble dans le quartier de l'Île-Verte et au lycée horticole de Saint-Ismier.
Une stèle commémorative, élevée en avant de la porte nord-ouest de la ville de Bône, lors de l’ouverture de la route de l’Edough, au cours des premiers mois de 1842, est depuis 1963 installée dans les jardins du musée de la Légion étrangère à Aubagne. Haute de près de 4,25 m, elle porte les inscriptions suivantes : « Route de l’Edough – Randon - Général – Artillerie – 10e Rgt de Génie – 3e Rgt – 31e Léger – Zouaves – Légion étrangère – 1842 ».
Blason
« Le blason de Jacques-Louis-César-Alexandre Randon figure sur un vitrail de l'église d'Hermaville (62), en Artois, car il avait épousé en 1849 une fille du pays : Constance Suin (1811-1891). Blason : écartelé au 1er des comtes militaires de l’Empire, aux 2 et 3 d’hermine plain, au 4 d’azur à trois épis de blé d’or chacun feuillé de deux pièces du même rangés en fasce. Devise, sur un ruban d’or : « Fais le bien, la vie est courte », deux bâtons de maréchal en sautoir (aux aigles), couronne de comte ; pas de décoration représentée. » Jacques Dulphy.
Notes et références
- Académie delphinale, Grenoble, Bulletin, (lire en ligne), p. 37
- Archives nationales
- François Botton, « La Casamaures Saint-Martin-le-Vinoux, Isère : un prototype d'architecture orientaliste en béton moulé », Monumental, Direction du patrimoine, no 17,‎ , p. 74-79 (ISSN 1168-4534)
Voir aussi
Bibliographie
- « Jacques Louis Randon », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]
- « Jacques Louis Randon », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Articles connexes
Liens externes
- « Randon (maréchal) », notice 249AP [PDF], sur Salle des inventaires virtuelles, Archives nationales (France).