Hydre (constellation)
L'Hydre (parfois nommée « Hydre femelle » pour éviter la confusion avec l'Hydre mâle) est la plus vaste et la plus longue des 88 constellations, s'étendant sur plus de 1 300 degrés carrés. La tête de l'Hydre se trouve au sud du Cancer et son corps sinueux s'étend jusqu'à la Balance. Malgré sa taille, elle ne contient que deux étoiles réellement brillantes.
Hydre | |
Vue de la constellation. | |
Désignation | |
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Nom latin | Hydra |
Génitif | Hydrae |
Abréviation | Hya |
Observation | |
(Époque J2000.0) | |
Ascension droite | Entre 121,25° et 223,75° |
Déclinaison | Entre -35° et +7° |
Taille observable | 1 303 deg2 (1re) |
Visibilité | Entre et |
Méridien | 20 avril, 21h00 |
Étoiles | |
Brillantes (m≤3,0) | 2 (α, γ) |
À l’œil nu | 244 |
Bayer / Flamsteed | 75 |
Proches (d≤16 al) | 0 |
La plus brillante | α Hya (1,99) |
La plus proche | ? (? al) |
Objets | |
Objets de Messier | 3 (M48, M68, M83) |
Essaims météoritiques | Alpha hydrides Sigma hydrides |
Constellations limitrophes | Balance Boussole Cancer Centaure Corbeau Coupe Licorne Lion Machine pneumatique Petit Chien Poupe Sextant Vierge |
Aux latitudes septentrionales moyennes, elle met plus de six heures pour se lever[note 1].
Histoire
La constellation de l'Hydre fut citée par le poète Aratus[1] puis par l'astronome Ptolémée, répertoriée dans son Almageste.
Elle représente l'Hydre de Lerne, tuée par Hercule dans le cadre de ses douze travaux.
Dans la Mésopotamie antique, elle est associée au dieu Ningishzida[2].
Observation des étoiles
La constellation ne peut être repérée que par morceaux. C'est une constellation d'étoiles peu brillantes et assez éparses, dont les formes sont rarement suggestives.
Tête de l'Hydre
La tête de l'Hydre est située à mi-distance entre Procyon du Petit Chien et Régulus du Lion. On repère assez facilement (mag 3) ses deux yeux, ε Hya et ζ Hya, assez proches et de luminosité sensiblement équivalente. Quand les conditions de visibilité sont bonnes, on voit se dessiner les deux narines parallèles aux yeux, et une cinquième petite étoile qui ferme la tête.
Dans l'alignement des deux yeux, du côté de Procyon, on trouve à 10° une étoile moyenne (mag 3) qui est la plus brillante de la constellation du Cancer. Le corps de l'hydre se prolonge de l'autre côté de cet alignement, vers l'est.
À angle droit de cette première direction, dans l'alignement de la tête qui part des yeux vers les narines, on trouve également à 10° une étoile moyenne (mag 4) qui est ζ Mon, quatrième de la Licorne, suivie à 10° dans la même direction (un peu à gauche) par α Mon, et cet alignement se poursuit jusqu'à Sirius (α CMa), du Grand Chien, 15° plus loin.
Cœur de l'Hydre
Le cœur de l'Hydre est Alphard, étoile relativement brillante (mag 2) et isolée située au sud de Régulus, sur le chemin de Canopus. Alphard sert de point de repère central pour cette région du ciel. Elle est à mi-distance sur l'alignement entre Régulus et le début de la boussole, γ Pyxidis.
Tronc supérieur de l'Hydre
Le début du corps de l'Hydre suit en deux morceaux la direction générale de l'axe Procyon - Alphard. Partant de la Tête, on rencontre deux petites étoiles moyennement brillantes (mag 4), à intervalle régulier, puis le corps fait un angle droit vers la gauche en direction d'Alphard. Si au lieu de bifurquer on continue tout droit sur la longueur d'un troisième intervalle, on tombe sur une zone peu étoilée qui est la constellation du Sextant, située entre Alphard et la constellation du Lion.
La suite du corps de l'Hydre continue suivant l'axe Procyon - Alphard, en direction du Corbeau. On rencontre sur cet axe deux étoiles moyennes, λ Hya et ν Hya. À ce niveau, le corps de l'hydre « disparaît » pour céder la place à la constellation de la Coupe. La zone de la constellation se poursuit plus au sud, mais sans guère d'étoile brillante pour guider le regard.
Étoiles principales
Alphard (α Hydrae)
L'étoile la plus brillante de l'Hydre s'appelle Alphard (α Hydrae) et se trouve au cou du monstre. C'est une étoile géante orange distante de 180 années-lumière, 400 fois plus brillante que le Soleil, large d'une moitié d'ua.
Autres étoiles
ε Hydrae est une étoile multiple possédant au moins cinq membres : au centre se trouve un couple formé d'une géante jaune et d'une sous-géante blanche distantes de 10,5 ua et orbitant en 15,05 années. À 190 ua du couple, une étoile jaune effectue une révolution en 900 ans. Il s'agit également d'un couple d'étoiles, extrêmement proches l'une de l'autre (environ 0,09 ua et elles tournent l'une autour de l'autre en 9 jours). Enfin, 800 ua plus loin, une petite étoile rouge ferme la marche.
σ Hydrae, la 18e étoile de la constellation, porte curieusement un nom propre : Al Minliar al Shuja.
R Hydrae est une étoile variable de type Mira (ο Ceti) et évolue entre les magnitudes 4,97 et 10,9 sur une période de 388,87 jours.
Deux étoiles de l'Hydre au moins possèdent deux planètes : HD 74156, avec deux planètes 1,86 et 6,17 fois plus massives que Jupiter, orbitant à 0,294 et 3,40 ua en 51,643 et 2 025,0 jours, et HD 82943, avec deux planètes également, 0,88 et 1,63 fois plus massives que Jupiter, orbitant à 0,73 et 1,16 ua en 221,6 et 444,6 jours.
Objets célestes
À cause de sa longueur, la constellation de l'Hydre contient plusieurs objets célestes, comme l'amas ouvert M48, l'amas globulaire M68 et les galaxies spirales NGC 3621 et M83, cette dernière étant parmi les plus brillantes galaxies visibles de l'hémisphère sud. Elle contient aussi MRC 1138-262 d'abord connue comme source radio, due à un trou noir supermassif puis comme un amas de galaxies.
La constellation abrite également la galaxie lenticulaire NGC 4993, source du signal d'ondes gravitationnelles GW170817 associé à une contrepartie électromagnétiques détecté le et interprété comme une fusion d'étoiles à neutrons[3].
- Galaxie de l'Hydre, Superamas de l'Hydre-Centaure
Notes et références
Notes
- C'est plus de 6 heures si on considère que la constellation commence à la « Tête de l'Hydre » et finit à π Hya. Mais la constellation met environ 10 heures à se lever si l'on considère toute sa surface.
Références
- Les Phénomènes : « Loin de lui tourne une autre constellation qu'on nomme l'Hydre, elle serpente au loin. Sa tête est sous le milieu du Cancer, sa sinuosité sous le corps du Lion, et sa queue au-dessus du Centaure, une coupe est posée sur le milieu de son repli, et au haut est perchée une figure du Corbeau qui le mord. »
- (en) Frans Wiggermann, « Nin-giszida », dans Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie, vol. IX, Berlin - New-York, Walter de Gruyter, (ISBN 3-11-013932-4), p. 373
- Sean Bailly, « Ondes gravitationnelles : un signal d’un nouveau type détecté », sur pourlascience.fr, (consulté le )