Hugues VIII de Lusignan

Hugues VIII est le fils aîné d'Hugues VII le Brun (v. 1060-v. 1148), seigneur de Lusignan (1110-v. 1148) et de Sarrasine[5] (v. 1085-av. 1144) dame de Lezay (v. 1085-av. 1144).

Ses frères cadets Rorgon I^er (v. 1105-ap. 1169) seigneur d'Angles-sur-l'Anglin et Simon I^er de Lezay[6] dit le Brun[7] (v. 1110-v. 1181), seigneur de Lezay, sont les fondateurs des sous-lignages[8] d'Angles et de Lezay, fortifiant ainsi les positions territoriales et politiques de la Maison de Lusignan dans le comté de Poitou.

Ses fils Guy (av. 1153-1194) et Aimery (av. 1152-1205), deviennent roi de Jérusalem et de Chypre. Cette accession à la royauté confère à l'ensemble du groupe familial un immense prestige. Hugues VIII est également le père du célèbre Geoffroy I^er de Lusignan (av. 1150-1216), seigneur de Vouvant, Mervent et Montcontour.

En 1152, Hugues VIII accompagne Henri II en Aquitaine et en Gascogne puisqu'il souscrit à l'une de ses chartes à la Sauve-Majeure le 13 décembre[9].

En 1163, Hugues VIII part pour la Terre Sainte et prend le commandement d'un contingent de croisés. Il est accompagné de Geoffroy Martel, frère du comte d'Angoulême[10]. Après avoir effectué son pèlerinage à Jérusalem, il se rend dans le comté de Tripoli, en mai 1163, que menace Nur ad-Din, émir de Damas. Hugues VIII de Lusignan et sa troupe de pèlerins, un contingent de chevaliers du Temple commandé par Gilbert de Lacy, Constantin Coloman et ses byzantins, Robert du Mans qui a sous ses ordres le premier contingent gallois de l'histoire des croisades attaquent par surprise le camp de Nur ad-Din[11] qui assiége le Krak. Les francs sont victorieux à La Bocquée mais décident de ne pas poursuivre les fuyards[12].

Le 11 août 1164, la bataille de Harim est un désastre : la mauvaise entente des seigneurs francs, des erreurs de stratégies et la défaillance du prince arménien Thoros II, qui abandonne ses alliés sur le champ de bataille, amènent Nur ad-Din à être victorieux[13]. Hugues VIII de Lusignan, Raymond III de Tripoli, Bohémond III d'Antioche, Constantin Coloman et Joscelin III de Courtenay[14] sont capturés et conduit en captivité à Alep[15]. Cette défaite produit un tel retentissement dans le monde chrétien qu'un appel au secours est lancé par le patriarche d'Antioche, Aimery de Limoges en direction du roi Louis VII de France[16].

Alors que Bohémond III est libéré au cours de l'été 1165, moyennant la somme de 100 000 pièces d'or[17], Hugues VIII est libre en 1168 et s'installe dans le comté de Tripoli puisqu'il souscrit un acte avec sa seconde épouse Douce Milon et leur fille Almodis[18]. Raymond III ne recouvre la liberté qu'après huit ans de captivité[19].

De retour en Poitou Hugues VIII souscrit à nouveau en 1171, en faveur de l'Abbaye des Châtelliers[20], avant de disparaitre des actes.

Hugues VIII épouse, avant 1140, Bourgogne de Rancon (av. 1112-ap. le 11 avril 1169)[21], fille de Geoffroy III de Rancon (♰ ap. 1153), seigneur de Taillebourg, Vouvant, Benet, Civray et Marcillac. Elle apporte en dot les châteaux de Vouvant[22] - [23] et de Civray[24].

Le couple a sept enfants connus :

• Hugues le Brun[21] (av. 1124-avril 1169), co-seigneur de Lusignan, épouse Aurengarde (av. 1124-v. 1169). Il est probable qu'elle soit l'héritière de Raoul, seigneur d'Exoudun[25]. Aurengarde apporte ainsi la seigneurie d'Exoudun à la famille des Lusignan. Hugues le Brun et Aurengarde sont les parents d'Hugues IX le Brun (av. 1151-1219), comte de la Marche, et de Raoul I^er d'Exoudun (v. 1169-1219), comte d'Eu ;

• Robert de Lusignan (av. 1149- ap. 1162)[21] ;

• Geoffroy I^er de Lusignan[21] dit le Prud'homme (av. 1150-1216) est comte de Jaffa, d'Ascalon (1191-1193), seigneur de Vouvant, Mervent, Moncontour et Soubise. Il épouse en premières noces Humberge de Limoges (1160/1180-av. 1195) et en secondes noces Eustachie Chabot (av. 1184-av. 1215), dame de Moncontour ;

Comté de Tripoli en 1135

• Pierre[21] de Lusignan (av. 1151-ap. décembre 1174) figure dans l'entourage du comte de Tripoli, Raymond III, en 1174[26] ;

• Aimery II de Lusignan (av. 1152-1^er avril 1205), connétable de Jérusalem (1193-1198), seigneur (1194-1195), puis roi de Chypre (1195-1205) en succession de son frère cadet Guy et roi titulaire de Jérusalem (1197-1205). Aimery II épouse en premières noces Echive d'Ibelin (v. 1160-1196/97)[27] et en secondes noces Isabelle de Jérusalem (v. 1172-1206). Par Aimery II, les Lusignan s'installent durablement au Proche-Orient ;
• Guy de Lusignan (av. 1153-avril 1194), comte de Jaffa et d'Ascalon (1180-1186), roi de Jérusalem (1186-1192), seigneur de Chypre (1192-1194). Il épouse Sibylle de Jérusalem (1159-sept. 1191)[27], demi-sœur aînée d'Isabelle de Jérusalem (v. 1172-1206) ;
• Guillaume de Valence (av. 1171-ap. 1216). En 1186, il est fiancé par son frère Guy, devenu roi de Jérusalem, à Béatrix de Courtenay, fille du sénéchal du royaume, Josselin III de Courtenay (1135-1200)[28] - [27]. En 1216, il est cité comme prêtre[29].

D'une union contractée, vers 1168 en Terre sainte, avec Douce Milon (av. 1150-ap. 1168)[30], sœur de Bertrand Milon (♰ 1168)[31] propriétaire de plusieurs maisons à Mont-Pèlerin, à l'est de Tripoli ; il a :

• Almodis de Lusignan (ap. 1163-ap. 1168) née dans le comté de Tripoli[18].

• Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (X^e – XIV^e siècle) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell, Université de Nantes, 4 vol., 2 797 p., décembre 2018. [lire en ligne]