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Histoire de Cesenatico

Histoire de la ville et du port de Cesenatico, dans la province de ForlĂŹ-Cesena, dans la rĂ©gion d'Émilie-Romagne en Italie.

Porto Cesenatico, extrait de la carte « Flaminia » du musée du Vatican

Préhistoire

De nombreuses traces sur le passĂ© de ce territoire ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es qui permettent de reconstruire l’histoire qui remonte jusqu’à une pĂ©riode trĂšs ancienne.

Le territoire autour de Cesenatico devait se prĂ©senter, il y a environ 18 000 ans, comme une lagune Ă©tendue oĂč des zones saumĂątres s'alternaient avec des zones marĂ©cageuses d'eau douce. Des traces d'une prĂ©sence humaine dans la zone de Montaletto, Ă  peu de kilomĂštres de l'actuel Cesenatico, trĂšs probablement un campement de bergers de l'Ăąge du bronze remontant environ Ă  3 000 - 1 000 ans av. J.-C. Des restes d’un grand foyer et des poteries Ă©trusques ont Ă©tĂ© dĂ©couverts entre les hameaux de Bagnarola et Macerone.

Traces plus consistantes, d'Ɠuvres humaines, Ă  partir du Ve siĂšcle av. J.-C., surtout celles appartenant Ă  des repĂšres (briques, tombe, ustensiles) qui confirment la prĂ©sence romaine dans l'actuelle localitĂ© de Borella qui, sous le nom de Ad Novas, fut probablement l'ancĂȘtre de Cesenatico.

Situation pré-romaine

La Romagne d’alors Ă©tait terre de conquĂȘte. De lĂ , partaient et vivaient de nombreuses populations qui donnaient vie Ă  des trafics et Ă©changes commerciaux. Les villes maritimes de Adria, AncĂŽne (Italie), Spina et Ravenne voient la prĂ©sence de populations provenant de la Grande-GrĂšce, qui commerçaient cĂ©ramiques et produits de la mer. Les Ombriens par contre s’établirent plus en amont et donnĂšrent vie Ă  Sassina qui deviendra ensuite Sarsina. Les Romains sont prĂ©sents surtout au centre sud et colonisĂšrent les bords plus mĂ©ridionaux de la Romagne aprĂšs la premiĂšre politique d'expansion entamĂ©e Ă  la naissance de Rome. Les Gaulois par contre, peuple de cultivateurs Ă  la recherche de nouvelles terres, occupĂšrent la zone septentrionale en faisant alliance avec les Ombriens, Étrusques pour tenter de contenir l'expansion des Romains.

Époque romaine

Cesenatico dans ce contexte est seulement le trĂšs petit centre hors des routes commerciales principales et non "protĂ©gĂ©" par Cesena qui doit encore ĂȘtre fondĂ©. Au IVe siĂšcle la romanisation de la Romagne subit un fort accroissement grĂące aux apports de Rome dans la premiĂšre guerre punique qui voit la consolidation des frontiĂšres mĂ©ridionales en permettant aux Romains de se concentrer au nord, et spĂ©cialement dans cette zone oĂč les Gallo-Étrusques se concentrent en masse et constituent un sĂ©rieux problĂšme tant pour la sĂ»retĂ© que pour l'expansion militaire. Les Romains, de fait, fondent Ariminum (Rimini) pour tenir en respect les populations ennemies de la haute Romagne et jettent la premiĂšre pierre pour la rĂ©organisation territoriale de cette zone. La bataille de Sentinum de 295 av. J.-C. reprĂ©sente le tremplin de lancement pour la conquĂȘte romaine. Sarsina est annexĂ©e Ă  Rome, pendant que 6 000 colons sont transfĂ©rĂ©s dans l'avant-poste d'Ariminum, aplanissent des collines, bonifient des vastes aires agricoles, abattent des bois (peut-ĂȘtre une partie de l'ancienne forĂȘt Litana), construisent des routes et une d'elles reprĂ©sentera la frontiĂšre entre Rome et les Gaulois. Les historiens ne savent pas prĂ©ciser si la susdite ligne de frontiĂšre peut ĂȘtre identifiĂ©e avec la via Popilia (actuelle route SS 16 Adriatique) ou si c’était une route plus ancienne qui en remontant la cĂŽte, entrait dans les terres dans la zone de l'actuel Pisignano (hameau de Cervia). L'hypothĂšse plus crĂ©dible est qu'il y avait deux routes et qu'elles Ă©taient parcourues selon leur Ă©tat, ou selon les conditions climatiques.

Ad Novas

Ad Novas-Extrait de la Table de Peutinger
  • La premiĂšre indication relative Ă  « Ad Novas » se trouve sur la fameuse Tabula Peutingeriana dont la datation est situĂ©e entre le IIe et le Ve siĂšcle. Sur cette table, entre les Ă©tapes de Sabis et Rubico, le long de la via Popilia, de Ravenne Ă  Rimini, 'Ad Novas ' coĂŻncide Ă  peu prĂšs avec le centre de Cesenatico. Les indices retrouvĂ©s ne donnent pas d’indication prĂ©cise sur les dates, sauf qu’il est Ă©tabli que Ad Novas Tabernas Cossuttianas Ă©tait un lieu de changement de chevaux, un lieu de restauration et de repos ; et donc postĂ© sur une grande voie de communication.

Les Romains prirent le contrĂŽle de la zone aprĂšs avoir balayĂ© la population gauloise et Ă©trusque. Zone qui resta en paix jusqu'au IVe siĂšcle, oĂč l’empire commença Ă  ĂȘtre bouleversĂ© par les invasions barbares.

  • Procope de CĂ©sarĂ©e, historien byzantin du VIe siĂšcle, dans ses rĂ©cits de la guerre entre l’empereur Justinien et les Goths, le gĂ©nĂ©ral NarsĂšs (522-53) descendant vers Ravenne pour aider le roi Totila contre les troupes byzantines, connu de grandes difficultĂ©s pour avancer dans cette zone trĂšs marĂ©cageuse situĂ©e entre Ravenne et Rimini. Zone occupĂ©e par quelques habitations sur des terres surĂ©levĂ©es du rivage adriatique[1].
  • Une autre indication est fournie par l’historien Andrea Agnello (Ravenne,801-850) dans son livre Liber pontificalis ecclesiae ravennatis, livre pontifical de l’Église de Ravenne (basĂ© sur le Liber Pontificalis) qui relate les polĂ©miques entre l’Église de Ravenne et l’Église Pontificale, ainsi que les relevĂ©s sur la topographie et les principaux monuments de la province.

DĂ©cadence

L'aristocratie romaine exerce encore la fonction administrative de l'Empire d'occident mais militairement et politiquement ce sont les barbares qui font la loi jusqu’à ce qu'une Ă©pidĂ©mie de peste donne le coup de grĂące Ă  ce qui reste de l'empire romain en provoquant le recul dĂ©mographique, civil, culturel, Ă©conomique de toute l'Europe et l'Italie. Les villes se dĂ©peuplent, les petits centres ainsi que les Villas deviennent des amas de ruines. Nous avons la situation d'une Italie retombĂ©e 1 000 ans en arriĂšre avec des groupes disparates d'individus qui pratiquent une agriculture de subsistance. L’ÉvĂȘque de Ravenne, Martino, en 818 environ Ă©crivit « lĂ  oĂč un temps Ă©tait une ville maintenant dĂ©truite » : Ad Novas .

Domaine de l’Église

PĂ©pin le Bref (715-768) en accord avec l'Église, occupe l'Italie septentrionale en mettant les terres romagnoles au service de l'Église de Ravenne et de fait en sanctionnant le pouvoir temporel pontifical qui durera jusqu'au siĂšcle passĂ©.

Ravenne, capitale de l’Exarchat, connaĂźt la pĂ©riode de plus grande splendeur sous les Byzantins et les terres autour du futur Cesenatico tombent sous sa domination. Avec l'an 1000 on ferme finalement la longue parenthĂšse mĂ©diĂ©vale et on assiste Ă  une nouvelle pĂ©riode de dĂ©veloppement. La population augmente, les phases commerciales aussi, les Communes font leur entrĂ©e dans l'histoire jetant les bases de la Renaissance (Rinascimento) ; ceux-ci sont des temps dans lesquels, au travers d’accords, de batailles et de mariages, les Communes cherchent Ă  augmenter leurs possessions territoriales. Il en fut ainsi pour Cesena, qui dans la recherche d'un port le trouva en celui de Cervia, mais de fait sous la domination de Ravenne il ne fut pas possible de l'arracher, on pensa alors descendre au sud et, ainsi, fut trouvĂ© une zone postĂ©e juste Ă  la frontiĂšre avec les possessions de Rimini.

Les enjeux

L’extinction des Comtes de Bertinoro, pousse Cesena Ă  plus d’autonomie politique vis-Ă -vis de ses deux voisines Ravenne et Rimini. Au dĂ©but du XIIIe siĂšcle, l’expansion de la commune de Cesena impose de disposer d’une ouverture directe sur la mer et de ne plus dĂ©pendre des ports de ses deux voisines, par oĂč transite le fret maritime. De plus, le besoin vital en sel pousse Cesena Ă  assiĂ©ger Cervia et annexer les salines en 1201. Le conflit de frontiĂšre qui s’ensuivit, malgrĂ© l’intervention en 1205 de Uberto Visconte podestat de Bologne, dura tout le siĂšcle. En 1288, un accord de frontiĂšre est Ă©bauchĂ© entre Cesena et Rimini, puis en 1288 entre Cesena et Ravenne ; pour se conclure dĂ©finitivement en 1302[2].

Porto Cesenatico

En 1302, le 5 septembre, les habitants de Cesenatico commencĂšrent les travaux de construction d'une forteresse sur le rivage de la mer. Rimini chercha Ă  l'en empĂȘcher et le 22 octobre de la mĂȘme annĂ©e, FrĂ©dĂ©ric III de Montefeltro, Uguccione della Faggiuola et Bernardino da Polenta attaquĂšrent Cesena, en pillant les zones agricoles et, une fois arrivĂ© Ă  la mer, assiĂ©gĂšrent et dĂ©truisirent la forteresse. Les projets du port de Cesena furent renvoyĂ©s et reprirent en 1314 sous le gouvernement de Ostansio Capitano et Guido Novello da Polenta, pour se terminer le 10 aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e. Ainsi naĂźt le port de Cesena en ajoutant le suffixe – « ittico » pour devenir « Cesenatico ».

La construction de ce port est une vive concurrence pour Cervia qui, profitant de la prĂ©sence de la PapautĂ© Ă  Avignon (1305-1377), conclut un accord avec Venise (Ă  qui elle fournissait le sel) stipulant de ne livrer des marchandises Ă  Cesena que par le port de Cervia, tant qu’un accord ne soit conclu entre les deux citĂ©s. Ce n’est que le 11 avril 1320, qu’une bulle du pape Jean XXII confirme la libre construction du port et de la forteresse de Cesenatico.

La population

En 1371, la population de Cesenatico ne compte qu’environ 70 habitants et Cesena 6 000, Ă  cause de la dĂ©pression dĂ©mographique due Ă  l’épidĂ©mie de peste, la famine et aux nombreux tremblements de terre.

Ère des grandes familles

Le futur du port ne fut pas radieux, au moins dans les premiĂšres annĂ©es. Les batailles intestines entre les familles nobles indiffĂ©rentes Ă  la papautĂ© (rĂ©sidente en France Ă  cette Ă©poque) et l'Église qui faisait de tout pour maintenir le pouvoir, engendrĂšrent en Romagne des reprĂ©sailles et des opĂ©rations militaires contre le port de Cesena pour "punir" la ville rebelle. Dans un premier temps, le port et la forteresse furent dĂ©truits en 1328 par Francesco I Ordelaffi (alias "Cecco"), rĂ©Ă©difiĂ© dans la mĂȘme annĂ©e, mais le port fut rouvert seulement 6 ans plus tard lorsqu’à Cesena rĂ©gna Francesco II Ordelaffi.

Mais en 1356, le Cardinal Albornoz fut envoyĂ© avec comme tĂąche primaire de ramener (non seulement formellement) les terres de Romagne sous la domination de l'Église. Albornoz avec Gianciotto Malatesta conquiert le port de Cesenatico en dĂ©truisant les jetĂ©es et en le rendant inutilisable. En 1382 le port reprit ses fonctions primaires, mais en 1415, capitulera de nouveau sous les coups de Braccio da Montone. Pour comprendre combien fut stratĂ©gique le port de Cesenatico nous devons tenir compte qui la ville voisine de Cervia fit de grosses pressions sur les VĂ©nitiens pour obtenir l'exclusivitĂ© du commerce du sel, prĂ©occupĂ©s de l'encombrante prĂ©sence de cette ville rivale, oĂč on note la prĂ©sence de magasins affectĂ©s au stockage de marchandises propriĂ©tĂ© de commerçants toscans (marque que le port Ă©tait connu mĂȘme Ă  de grandes distances). En effet, Cervia Ă©tant passĂ© sous domination vĂ©nitienne, il devint nĂ©cessaire pour Cesena d’implanter ses propres salines sur le territoire de Cesenatico.

Le port connaĂźt une pĂ©riode de relative prospĂ©ritĂ© pendant le rĂšgne des Malatesti, mais les problĂšmes ne tardent guĂšre Ă  arriver, d'abord la nouvelle destruction en 1415, ensuite le progressif ensablement qui ne permettait pas aux bateaux d'entrer dans le port. Ce dernier problĂšme fut finalement rĂ©solu avec la construction de 2 quais qui limitĂšrent l'ensablement du canal d'entrĂ©e au port. L’entretien et le dĂ©sensablement du port et des salines rendirent nĂ©cessaire la dĂ©viation du torrent Pisciatello qui, en 1496, rejoignit les eaux du torrent Fiumicino Ă  Gatteo.

CĂ©sar Borgia

Pour mettre fin aux rĂ©bellions et aux rivalitĂ©s entre les grandes familles, ainsi qu’aux attaques venues de l’étranger, le pape Alexandre VI (1492-1503) charge son fils CĂ©sar Borgia de ramener l’ordre en Romagne et, avec l’aide des troupes de Louis XII, occupe Imola, ForlĂŹ, puis le 31 juillet 1500 la citĂ© de Cesena. Avec la venue au pouvoir de CĂ©sar Borgia (alias Valentino) la Romagne entra dans une phase de progressive restructuration.

Plan du port de Cesenatico par LĂ©onard de Vinci

En aoĂ»t 1501, il charge son architecte de dessiner un canal navigable de Porto Cesenatico jusqu’à Cesena (14 km). Aucune trace ou dessin n’atteste que cet architecte soit LĂ©onard de Vinci, par contre celui-ci, qui sĂ©journait Ă  Rimini, Imola, Faenza, et Ă  Cesena, fut mis Ă  contribution pour s’occuper du projet d’amĂ©lioration du port de Cesenatico. Ainsi, le 6 septembre 1502, LĂ©onard dessine une perspective de la citĂ© depuis le haut de la forteresse et le schĂ©ma de construction de deux mĂŽles, dont celui de droite un peu plus long, la crĂ©ation de fossĂ©s de rĂ©tention et d’un barrage mobile pour la rĂ©gulation du flux d’eau dans le canal. Bien que ces idĂ©es fussent dĂ©jĂ  Ă©mises pendant la pĂ©riode des Malatesti, l’apport du gĂ©nie de LĂ©onard consolida la faisabilitĂ© de l’Ɠuvre[3]. Mais la rĂ©alisation resta, pour l’instant, sur le papier Ă  cause de l’épuisement rapide de la fortune du Valentino et la perte des faveurs papales aprĂšs la mort du Pape et l’élection du nouveau pape Jules II hostile aux Borgia.

Profitant de la difficile situation de l’État Pontifical et des dĂ©boires du Valentino, Venise put Ă©tendre sa domination sur la Romagne et occuper Porto Cesenatico et sa forteresse le 13 novembre 1503. Possessions, qui aprĂšs un accord, furent rendues Ă  l’État pontifical le 12 mars 1505.

Le XVIe siĂšcle

Le 17 mars 1505, le gouverneur pontifical entre dans Cesenatico, dont le port est dĂ©vastĂ©, pour rĂ©cupĂ©rer et rendre les biens, les terres et les salines au Pape Jules II. Le Pape, rĂ©cupĂšre ses terres de Romagne aprĂšs la dĂ©faite des VĂ©nitiens par les troupes de l’empereur Maximilien d’Autriche et Louis XII. À partir de 1507, il alloue rĂ©guliĂšrement des sommes destinĂ©es Ă  l’entretien et au dĂ©veloppement du port-canal. Entretien repris par les Papes successifs jusqu’à la fin du siĂšcle.

Activités du port

  • Le transport du sel fourni par les salines de Cesenatico, dont la bonification a permis d’en augmenter le rendement.
  • Le transport du soufre[4] issu des mines de la rĂ©gion de Cesena, de Montfeltro et des mines de Monte Iottone (hameau de Mercato Saraceno). L’expĂ©dition qui avait lieu dans diverses rĂ©gions italiennes et aussi vers des pays Ă©trangers (Pays-Bas, Espagne, Angleterre, France) montre l’importance de l’activitĂ© commerciale du port, qui durera pendant les siĂšcles suivants.

La tour prétorienne

la tour prétorienne en 1926

La tour montra particuliĂšrement son importance en ce siĂšcle oĂč les incursions barbares sont de plus en plus frĂ©quentes sur les cotes de l’Adriatique, depuis que l’Empire Turc ait Ă©tabli sa souverainetĂ©. Ceci, surtout sur les cĂŽtes de Dalmatie oĂč les Uscoques, peuple d'origine slave, razziaient les cĂŽtes de Romagne et des Marches et finalement les BerbĂšres ou bien les Turcs qui faisaient des prises d'esclaves chrĂ©tiens Ă  dĂ©porter en Afrique du Nord. À la suite de ces Ă©vĂ©nements, Ă  la fin du XVIe siĂšcle, des nombreuses tours de guet furent construites.

Le XVIIe siĂšcle

En ce siĂšcle les Communes de Romagne sont entiĂšrement sous la domination des fonctionnaires ecclĂ©siastiques commandĂ©s par un cardinal lĂ©gat du pape rĂ©sidant Ă  Bologne et le prĂ©sident de la Romagne rĂ©sidant Ă  Ravenne. À cette ambiance de fĂ©odalitĂ© s’ajoute l’influence espagnole sur le pontificat, qui durera jusqu’à l’arrivĂ©e de NapolĂ©on.

L’agglomĂ©ration urbaine de porto Cesenatico (avec les hameaux) en ce dĂ©but de siĂšcle compte 2 200 habitants pour 19 000 Ă  Cesena[5], dont l’approvisionnement en poisson est assurĂ© par la flottille de pĂȘche du port.

Piraterie

L’opposition entre l’ambitieux pape Urbain VIII qui revendique le DuchĂ© de Castro et les VĂ©nitiens, alliĂ©s aux FarnĂšse, pousse la SĂ©rĂ©nissime Ă  envoyer ses galĂšres, armĂ©es de canons, contre les ports romagnols. Ainsi, le 8 juin 1643, Porto Cesenatico est bombardĂ© et saccagĂ© par la marine vĂ©nitienne.

Puis les incursions barbaresques se dĂ©roulent tout au long du siĂšcle, principalement dans les annĂ©es 1620, 1659, 1672, 1683. Aux problĂšmes militaires viennent s’ajouter ceux Ă  caractĂšre sanitaire, en Ă©vitant le dĂ©barquement de passagers pouvant diffuser des Ă©pidĂ©mies, provenant avant tout de Dalmatie.

La marine

La flottille de pĂȘche compte, d’aprĂšs le rĂ©cit du saccage du port par les VĂ©nitiens, une dizaine de barques qui sont en concurrence directe avec celle Chiozza, Palestrina et autres ports de VĂ©nĂ©tie. Pour le transport de marchandises (cĂ©rĂ©ales, sel, soufre), Cesenatico aligne plus d’une vingtaine d’embarcation qui assurent l’approvisionnement des Marches et de la rĂ©gion de Ferrare.

Tentative d’autonomie

Cette activitĂ© favorise le dĂ©veloppement du commerce et de la production des salines, dont les revenus vont principalement Ă  Cesena, alors que Cesenatico souffre de moyens pour entretenir les salines et les infrastructures du port. L’économie de la citĂ© est soutenue par l’activitĂ© de la pĂȘche et de son commerce, Ă  laquelle il faut ajouter l’exportation du soufre, du grain, du vin et l’importation du bois et des pierres d’Istrie[6].

Cette situation pousse Cesenatico à demander, au pouvoir central de Rome, son autonomie vis-à-vis de Cesena, pour la premiÚre fois en 1652. Demande énergiquement repoussée par le Cardinal Cybo, légat de Romagne.

RequĂȘte exprimĂ©e de nouveau en 1660 avec pour griefs principaux : Cesenatico n’a pas de mĂ©decin Ă  sa disposition, n’a pas de maĂźtre d’école. Les produits de grande consommation, comme le pain, le vin et l’huile sont vendus Ă  un prix plus Ă©levĂ© qu’à Cesena ; le commerce local, essentiellement celui du poisson, est soumis Ă  des monopoles tyranniques, tolĂ©rĂ©s par Cesena ; les fours appartiennent Ă  Cesena ; le port est en ruine ainsi que les salines, le prix des droits fiscaux est trop lourd ; l’annĂ©e passĂ©e Cesenatico a Ă©tĂ© saccagĂ© par « l’armĂ©e VĂ©nĂšte » et les habitants ont reçu beaucoup plus de secours de Cervia et de Rimini que de Cesena mĂȘme [7].

RĂ©action nĂ©gative et immĂ©diate de Cesena et malgrĂ© une nouvelle requĂȘte en 1685, le siĂšcle se termine sans satisfaire la lĂ©gitime demande d’autonomie.

L’essor au XVIIIe siùcle

La premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle est marquĂ©e par le passage dĂ©sastreux de diverses armĂ©es Ă©trangĂšres ; comme en 1718 oĂč 1 200 cavaliers autrichiens passent Ă  Cesenatico, puis 3 000 soldats l’annĂ©e suivante. En 1720 un rĂ©giment allemand campe dans la citĂ© et, encore en 1744 des soldats espagnols, autrichiens et de diverses nationalitĂ©s, traversent le pays en pillant et saccageant la rĂ©gion de Rimini, Cesenatico et Cesena.

Vers l’autonomie

AprĂšs 1748, l’Italie est dans une pĂ©riode de paix ; mais les mouvements rĂ©formateurs qui se dĂ©veloppent en Europe touchent Ă©galement l’État pontifical qui se trouve de nouveau confrontĂ© aux demandes vis-Ă -vis de Cesena par Cesenatico qui commence Ă  devenir une citĂ© pleine de commerces et la nouvelle poussĂ©e de richesses pousse la population Ă  revendiquer sa pleine autonomie.

Les requĂȘtes de 1717, 1761 et 1761 furent bloquĂ©es par l'Église qui cherchait Ă  maintenir l’ordre. Les Brefs et Bulles des diffĂ©rents papes qui se succĂšdent et se contredisent ; n’arrangent en rien les problĂšmes des deux citĂ©s.

peinture du port de Cesenatico par A.Fedi en 1788

Un tĂ©moignage trĂšs favorable au port de Cesenatico fut donnĂ© en 1787 par l’ingĂ©nieur royal Pietro Ferroni et le dessinateur Antonio Fedi, tous deux chargĂ©s d’établir le meilleur itinĂ©raire des confins vĂ©nitiens de Goro au mont Conero au sud d’AncĂŽne. Sur les treize ports considĂ©rĂ©s, le long du parcours, pour leur aspect Ă©conomique, commercial, physique et paysager ; Cesenatico est « le port supĂ©rieur Ă  tous y compris Rimini,
 un riche marchĂ©,
 la meilleure escale »[8], du territoire ecclĂ©siastique.

Le 2 juillet 1796, les troupes napolĂ©oniennes entrent Ă  Cesena ; ce qui relance la controverse entre la ville et la population de Porto Cesenatico qui veulent leur autonomie. Celle-ci est rendue possible dĂšs 1798, certaines administrations deviennent indĂ©pendantes de Cesena. Mais aprĂšs les dĂ©boires de NapolĂ©on Ă  la bataille d’Aboukir ; l’Italie est envahie par les troupes austro-russes, qui sont Ă  Cesena le 31 mai 1799. Cesena retrouve ses droits sur Cesenatico le 15 fĂ©vrier 1800.

Les salines

Les salines de Porto Cesenatico sont de plus en plus sujettes Ă  l’ensablement avec une production toujours plus rĂ©duite. Les eaux de pluie retenues prĂ©sentent un danger sanitaire pour la population et empĂȘchent d’évacuation naturelle des bancs de sable qui se forment dans la port-canal. En 1773, la commune de Cesena achĂšte un peu plus de 6 ha de terre Ă  Cervia pour construire deux douzaines de salines. Un canal dĂ©tourne les eaux du torrent Pisciatello pour amener ses alluvions dans les anciennes salines sud, qui seront complĂštement assĂ©chĂ©es en 1783, suivi en 1796 par celles du nord.

Le XIXe siùcle, l’autonomie

Le 14 juin 1800, NapolĂ©on, proclamĂ© Premier Consul, bat les Autrichiens Ă  Marengo et le 16 juillet les troupes françaises entrent Ă  Cesena et restaurent l’organisation municipale de la pĂ©riode rĂ©publicaine. Le 28 aoĂ»t 1800, la marine anglaise bombarde et saccage le port de Cesenatico. Le 2 mai 1809, nouveau saccage du port par les Anglais. Le 18 juin 1815, la tragique dĂ©faite napolĂ©onienne Ă  Waterloo met fin Ă  l’intervention de la France dans les affaires italiennes, et Cesena supplie le Pape Pie VII de retirer Cesenatico du canton de Cervia et du district de Ravenne. À ce point, mĂȘme l'État Pontifical croit impossible de revenir comme avant, en laissant pressentir la conclusion naturelle des choses, dĂ©clare la citĂ© « commune autonome ».

  • Le 21 dĂ©cembre 1827, un motu proprio de LĂ©on XII dĂ©clare la complĂšte autonomie de Cesenatico, qui avec la localitĂ© de Sala compte 4 442 habitants. Mais les nombreuses disputes sur les frontiĂšres avec Cesena prirent fin seulement le 3 juin 1842.

Depuis cet instant, Cesenatico vivra la phase d'indĂ©pendance italienne, le 2 aoĂ»t 1849 Garibaldi, fuyant les Autrichiens, entre en ville sous les acclamations de la population, en devenant le "mythe fondateur" de la future identitĂ© citadine. Avec le plĂ©biscite de Mars 1860, Cesenatico, finalement indĂ©pendant de l’Église, vient annexĂ© au Royaume de Savoie, constituant ce noyau qui mĂšnera au Royaume d'Italie.

L’essor

La citĂ© passe de 161 maisons en 1791 Ă  413 en 1835. La principale richesse est constituĂ©e par la pĂȘche et ses dĂ©rivĂ©s, le commerce du grain, du soufre, du bois de construction. On enregistre pour l’annĂ©e un trafic de 4 000 barques de pĂȘche et 200 barques de transport[9].

En 1862, la citĂ© entre dans le projet d’une voie ferroviaire qui reliera la Toscane Ă  l’Adriatique, depuis Arezzo Ă  Cesena et Cesenatico. Le projet Ă©met aussi la possibilitĂ© d’un dĂ©veloppement balnĂ©aire dans la citĂ© dans un but touristique, au vu de sa disposition, de la prĂ©sence de grandes plages de sable et la possibilitĂ© de construire des villas[10].

Le XXe siĂšcle

La vocation rĂ©publicaine de Cesenatico est Ă©vidente aprĂšs les Ă©lections des annĂ©es suivantes, mais cela ne l’empĂȘcha pas naturellement de se soustraire au fascisme. Les dommages de guerre furent si considĂ©rables qu'on dut la reconstruire presque entiĂšrement. Le palais communal, la tour de l'aqueduc, le phare, le canal et tous les bateaux, le marchĂ© aux poissons, les Ă©coles ainsi que les hameaux de Villalta, Sala, Cannucceto, Villamarina, Bagnarola pratiquement rasĂ©s au sol. Le dĂ©sastre prit fin le 20 octobre 1944 avec l'entrĂ©e des NĂ©o-ZĂ©landais alliĂ©s.

Le tourisme

ImmĂ©diatement dĂ©butĂšrent les travaux restauration et de reconstruction. En 1945, fut donnĂ©e une forte impulsion Ă  la pĂȘche avec la crĂ©ation de la coopĂ©rative des pĂȘcheurs ainsi qu’au tourisme qui portera Cesenatico Ă  se dĂ©velopper dans ce sens. Nombre d’anciennes "villas" furent converties en auberges, la construction du « Grand HĂŽtel » en 1928-29, la colonie AGIP en 1938 et du cĂ©lĂšbre gratte-ciel en 1952 qui donna le dĂ©part Ă  une nouvelle Ăšre centrĂ©e sur le tourisme de masse, de nouvelles colonies furent construites (une des premiĂšres fut la « Colonie 12 Étoiles » en 1953, destinĂ©e Ă  des enfants provenant de la province autonome de Bolzano), suivies de beaucoup d’autres au nord de la ville, en direction de Cervia.

  • Le vieux pont du port-canal de Cesenatico en 1899
    Le vieux pont du port-canal de Cesenatico en 1899
  • Le port devant la mairie de Cesenatico en 1900
    Le port devant la mairie de Cesenatico en 1900

Le Musée maritime

En 1983, Ă  la suite d'un intense travail d'identification, d'acquisition et de restauration de navires, le MusĂ©e maritime de Cesenatico a ouvert dans le port-canal sa “section ïŹ‚ottante ” comprenant douze bateaux traditionnels de l'Adriatique.

En 2005 un bùtiment a été construit pour héberger le musée à terre, en bordure du port-canal.

Sources

  • Extrait du WikipĂ©dia italien it:Cesenatico#Storia du 26/07/09
  • Livre « Cesenatico, da porto di Cesena Ă  Comune » da Francesco Santucci, edit. « Il Ponte Vecchio » 1995.

Notes et références

  1. PROCOPIO, le guerre persiana, vandala, gotica, Torino, 1977, p.740
  2. Annales Caesenates, 1122
  3. G.CONTI, Il porto Malatestiano di Cesenatico, cit., p.48
  4. A.TURCHINI, Zolfo a Cesenatrico, in « Romagna Arte e storia »,5,1982 p.42
  5. L.MANCINI, La pescaria del Cesenatico in « Studi Romagnoli », p.252
  6. V.VARANI, I porti, in Storia dell’Emilia-Romagna, II, p.125.
  7. M.A.CHISINI BULAK, Tentativi autonomistici di Cesenatico, in « Studi di Romagnoli, cit., p.36.1
  8. D.STERPOS, Porti adriatici e paesi dell’appennino nel secolo XVIII, Roma, 1974, p.34
  9. C.MATEUCCI, Sopre il porto di Cesenatico, dal « Giornale Agrario Toscano » 16 maggio 1836, n.39
  10. C.SCARABELLI, Studi per le ferrovie de Ferrare Ă  Lugo, Cesenatico a Cesena et da Cesena ad Arezzo, Bologna, 1862, p.8


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