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Hisashi Owada

Hisashi Owada (氏撌田 恆, Owada Hisashi) est un juriste spĂ©cialisĂ© en droit international public et diplomate japonais, nĂ© le Ă  Shibata, dans la prĂ©fecture de Niigata. Juge de la Cour internationale de justice entre le et sa dĂ©mission le , il en est le prĂ©sident entre le et le 5 fĂ©vrier 2012.

Il est le pÚre de Masako Owada, impératrice consort du Japon et le beau-pÚre de l'empereur Naruhito.

Éducation

AprÚs avoir obtenu un baccalauréat en arts (B.A.) de l'université de Tokyo en 1955, il poursuit ses études par un baccalauréat en droit (LL.B.) de l'université de Cambridge au Royaume-Uni en 1956.

CarriĂšre de haut fonctionnaire au service du Japon

Hisashi Owada entre au ministĂšre japonais des Affaires Ă©trangĂšres en 1955, en tant que juriste titularisĂ© Ă  la division des affaires juridiques de 1959 Ă  1963. Il obtient ensuite son premier poste Ă  l'Ă©tranger en tant que Premier secrĂ©taire de la mission permanente du Japon auprĂšs de l’Organisation des Nations unies de 1968 Ă  1971. RemarquĂ© par l'homme politique Takeo Fukuda, il devient son secrĂ©taire particulier lorsque celui-ci occupe les fonctions de ministre des Affaires Ă©trangĂšres de 1971 Ă  1972 puis de Premier ministre de 1976 Ă  1978. PersuadĂ© que le Japon a un rĂŽle Ă  jouer sur la scĂšne internationale en tant que puissance pacifique, en s'appuyant surtout sur la coopĂ©ration rĂ©gionale, il est considĂ©rĂ© comme l'un des inspirateurs du discours de Manille d' dans lequel le chef du gouvernement japonais Ă©nonce une sĂ©rie de principes qui, sous le nom de « doctrine Fukuda », servent encore aujourd'hui de fondement Ă  la politique diplomatique de l'archipel nippon. Elle comprend notamment le renoncement du Japon Ă  devenir une puissance militaire ainsi que la nĂ©cessitĂ© pour le pays de traiter de maniĂšre positive avec les États de l'ASEAN (et plus gĂ©nĂ©ralement de la rĂ©gion Asie-Pacifique) qui doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s sur un pied d'Ă©galitĂ© et de jouer un rĂŽle de modĂ©rateur et de pacificateur pour le rĂšglement des conflits rĂ©gionaux ou sub-rĂ©gionaux, sur la base d'une « comprĂ©hension mutuelle » et du multilatĂ©ralisme. Pour Owada, cette doctrine est « une tentative sĂ©rieuse de dĂ©finir le rĂŽle futur du Japon dans le respect de cette partie du monde, et par extension, du reste du monde, non pas dans le sens d'une philosophie abstraite, mais dans le sens d'une direction politique spĂ©cifique que le Japon doit suivre ».

Entre ses deux passages au cabinet de Takeo Fukuda, il retrouve des fonctions administratives au sein du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, comme directeur de la Division des Affaires politiques des Nations unies de 1972 Ă  1974 et de celle des TraitĂ©s de 1974 Ă  1976. AprĂšs la chute du gouvernement de Takeo Fukuda, il renoue avec sa carriĂšre Ă  l'Ă©tranger pour devenir Ministre plĂ©nipotentiaire du Japon Ă  Washington de 1979 Ă  1981, puis Ă  Moscou de 1981 Ă  1984. Ensuite, aprĂšs un passage Ă  Tokyo au poste de Directeur gĂ©nĂ©ral du bureau des traitĂ©s (comme conseiller juridique principal) du ministĂšre de 1984 Ă  1987, il est titularisĂ© ambassadeur pour devenir le reprĂ©sentant permanent du Japon auprĂšs de l'OCDE Ă  Paris de 1988 Ă  1989 et finalement auprĂšs de l’Organisation des Nations unies Ă  New York de 1994 Ă  1998. À ce poste, il milite fermement pour l'obtention d'un siĂšge permanent au Conseil de sĂ©curitĂ© pour le Japon, et compte obtenir le soutien de ses partenaires asiatiques. Il dĂ©clare ainsi : « Il est important que mon pays soit dorĂ©navant reconnu comme un partenaire Ă  part entiĂšre au sein de la communautĂ© internationale. Nous sommes pleinement conscients du rĂŽle bĂ©nĂ©fique que nous pouvons ĂȘtre amenĂ©s Ă  y jouer. Tokyo ne peut plus rester passive, et se borner Ă  observer ce qui se passe aux Nations unies. Nous comptons sur nos partenaires asiatiques », espĂ©rant rĂ©colter les fruits de relations plutĂŽt positives quoique toujours mĂ©fiantes entretenues avec la RĂ©publique populaire de Chine Ă  la fin des annĂ©es 1990[1].

Il obtient Ă©galement une position gouvernementale, quoique n'Ă©tant pas membre du Cabinet du Japon, de 1989 Ă  1993 en tant que ministre-adjoint du ministre des Affaires Ă©trangĂšres Tarƍ Nakayama dans les deux gouvernements de Toshiki Kaifu d' Ă  , puis vice-ministre auprĂšs du successeur de Nakayama, Michio Watanabe, dans le ministĂšre de Kiichi Miyazawa de Ă  . Il participe alors activement aux nĂ©gociations pour le rĂ©tablissement de la paix civile au Cambodge et est dĂ©signĂ© directement pour traiter en avec le Premier ministre cambodgien du rĂ©gime de Heng Samrin (condamnĂ© par le Japon), Hun Sen, Ă  l'occasion d'une visite de ce dernier sur le sol japonais pour des raisons de santĂ©, et le convaincre de ne plus se mĂ©fier des propositions de la communautĂ© internationale et de la ConfĂ©rence internationale de Paris sur le Cambodge (PICC), de la nĂ©cessitĂ© d'appliquer les dispositions de la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide de 1951 afin de juger les crimes commis par le rĂ©gime des Khmers rouges, d'organiser des Ă©lections plurielles dĂ©mocratiques et d'accepter le prince Norodom Sihanouk, son rival, comme prĂ©sident du Conseil national suprĂȘme et donc de l'exĂ©cutif transitoire. D'un autre cĂŽtĂ©, Hun Sen demande des garanties afin que le processus de paix n'aboutisse pas au retour au pouvoir de Pol Pot, l'introduction dans le traitĂ© de clauses permettant de se prĂ©munir contre la rĂ©surgence d'actes de gĂ©nocide et l'obtention pour lui du poste de vice-prĂ©sident du Conseil national suprĂȘme. Si ces discussions s'achĂšvent sans aboutir Ă  rien de concret, la diplomatie japonaise l'interprĂšte comme un pas effectuĂ© vers la paix qui aboutit avec le traitĂ© signĂ© le Ă  Paris, actant la rĂ©conciliation entre Hun Sen et Norodom Sihanouk et l'envoi de la Mission prĂ©paratoire des Nations unies au Cambodge (MIPREMUC) puis de l'AutoritĂ© provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC, Ă  laquelle les Forces japonaises d'autodĂ©fense participent, marquant la premiĂšre participation stratĂ©gique du Japon Ă  l'extĂ©rieur de son territoire depuis 1945)[2].

CarriĂšre internationale

ParallÚlement, par le biais de ses nombreuses affectations au ministÚres des Affaires étrangÚres, Hisashi Owada poursuit une carriÚre internationale en participant à de nombreuses conférences et discussions sur la scÚne mondiale.

DĂšs 1960, il est membre de la dĂ©lĂ©gation japonaise Ă  la deuxiĂšme confĂ©rence des Nations unies sur le droit de la mer. Plus tard, en tant que membre de la mission permanente de son pays auprĂšs de l'ONU, il est reprĂ©sentant supplĂ©ant du Japon Ă  la confĂ©rence des Nations unies sur le droit des traitĂ©s en 1968 et 1969, chef de la dĂ©lĂ©gation japonaise au ComitĂ© des utilisations pacifiques du fond des mers et des ocĂ©ans de 1968 Ă  1972, au sous‑comitĂ© juridique du comitĂ© des utilisations pacifiques de l’espace extra‑atmosphĂ©rique et au comitĂ© spĂ©cial des Nation unies sur les relations amicales de 1968 Ă  1970. Au terme de ce dernier, il en est Ă©lu prĂ©sident du comitĂ© de rĂ©daction de ses conclusions. Membre de la dĂ©lĂ©gation japonaise de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies de la 23e Ă  la 25e session de 1968 Ă  1970, il est rapporteur de sa SixiĂšme Commission (celle des questions juridiques) lors de la 25e session en 1970.

Par la suite, figure de proue de la diplomatie nippone, il représente à nouveau le Japon à l'Assemblée générale des Nations unies et autres conventions internationales à de nombreuses reprises. Il est:

Son implication sur la scĂšne internationale lui donne un statut d'expert et favorise sa nomination en tant que prĂ©sident de l’Institut japonais des affaires internationales, poste qu'il occupe de 1999 Ă  2003. Dans le mĂȘme temps, il est conseiller spĂ©cial de tous les ministres japonais des Affaires Ă©trangĂšres successifs Masahiko Kƍmura (janvier-), Yƍhei Kƍno (-), Makiko Tanaka (-) et Yoriko Kawaguchi (-). Il est Ă©galement conseiller principal du prĂ©sident de la Banque mondiale James Wolfensohn de 1999 Ă  2000.

Membre de la Cour permanente d'arbitrage depuis 2001, il est élu juge de la Cour internationale de justice de La Haye le pour un mandat de neuf ans, il en devient le président pour trois ans à partir du .

CarriÚre académique

Juriste reconnu, Hisashi Owada s'impose dans les institutions les plus prestigieuses grùce à sa réputation internationale. Il est notamment:

Titulaire d'un PhilosophiÊ doctor (Ph.D.) honoris causa de l'université Keiwa (Japon) en 2000 et de doctorats en droit (LL.D.), également honoris causa, de l'université hindoue de BénarÚs (Inde) en 2001 et de l'université Waseda (Japon) en 2004, il est l'auteur de nombreuses publications sur le droit international et les organisations internationales.

Vie privée et famille

Famille

Il a Ă©pousĂ© en 1962 Yumiko Egashira (江頭 ć„ȘçŸŽć­, Egashira Yumiko, nĂ©e le )[3], fille du dirigeant de la compagnie chimique Chisso Yutaka Egashira (江頭 豊, Egashira Yutaka) et cousine germaine du cĂ©lĂšbre critique littĂ©raire Jun Etƍ. Yumiko Owada est membre du ComitĂ© japonais de l'Unicef[4]. Il a avec elle trois filles.

Sa fille aĂźnĂ©e, Masako Owada (nĂ©e le ), elle-mĂȘme diplomate de formation, a Ă©pousĂ© le le Prince hĂ©ritier du Japon Naruhito. À ce titre, elle intĂšgre la famille impĂ©riale avec le titre de Son Altesse impĂ©riale la princesse hĂ©ritiĂšre consort Masako (雅歐 皇ć€Ș歐抃 æźżäž‹, Masako kƍtaishihi denka) et devient impĂ©ratrice consort le .

Ses deux derniĂšres filles sont des jumelles, prĂ©nommĂ©es Setsuko (節歐, son nom actuel est æž‹è°· 節歐, Shibuya Setsuko, depuis son mariage en avec le docteur en mĂ©decine Kenji Shibuya, æž‹è°· ć„ćž, Shibuya Kenji[5], elle est anthropologue culturelle, traductrice et ancienne responsable des ventes Ă  l'Ă©tranger du constructeur automobile Honda[6]) et Reiko (ç€Œć­, son nom actuel est 池田 ç€Œć­, Ikeda Reiko, depuis son mariage en avec l'avocat basĂ© Ă  New York Masahisa Ikeda, 池田 焐äč…, Ikeda Masahisa, elle a travaillĂ© au sein du bureau du reprĂ©sentant spĂ©cial du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies pour les Enfants et les Conflits armĂ©s[7]), nĂ©es le .

Distinctions et affiliations

Hisashi Owada est membre de l’Institut de droit international, membre honoraire de l’American Society of International Law (depuis 2006), membre Ă©mĂ©rite de la SociĂ©tĂ© japonaise de droit international et membre du conseil exĂ©cutif de l’Association de droit international. Il est membre du conseil d'administration de la Nuclear Threat Initiative[8] (crĂ©Ă©e en 2001 et dont le but est d'aider Ă  lutter contre la prolifĂ©ration des armes NBC) et de la Fondation des Nations unies (qui gĂšre depuis 1998 un don d'un milliard de dollars amĂ©ricains visant Ă  soutenir l'ONU dans ses causes et ses activitĂ©s)[9], deux organisations caritatives fondĂ©es par le magnat des mĂ©dias et philanthrope amĂ©ricain Ted Turner.

Au cours de sa carriĂšre, il reçoit plusieurs distinctions dont un prix humanitaire Ă©tudiant de droit international de l'universitĂ© de Cambridge pour l'annĂ©e 1958-1959. Il est nommĂ© au premier grade de l'Ordre d’Al‑Istiqlal du Royaume hachĂ©mite de Jordanie en 1990, ainsi qu'officier de l'ordre national de la LĂ©gion d'honneur française en 1992 et croix de l'ordre du MĂ©rite de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne en 1994.

Notes

Liens externes

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