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Henry Carton de Wiart

Le comte Henry Carton de Wiart (Bruxelles, - Uccle, ) est un écrivain et un homme politique belge, attaché à la protection de l'enfance.

Henry Carton de Wiart
Illustration.
Henry Carton de Wiart vers 1900.
Fonctions
Premier ministre de Belgique
–
(1 an et 26 jours)
Monarque Albert Ier
Gouvernement Carton de Wiart
Coalition Catholique - libéral - POB
Prédécesseur Léon Delacroix
Successeur Georges Theunis
Biographie
Nom de naissance Henri Victor Marie Ghislain Carton[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Bruxelles (Belgique)
Date de décès
Lieu de décès Uccle (Belgique)
Nationalité belge
Parti politique Parti catholique
Conjoints Juliette Verhaegen
Profession Politicien

Henry Carton de Wiart
Premiers ministres de Belgique

Biographie

Buste d'Henry Carton de Wiart, sur l'avenue portant son nom Ă  Jette.

Issu d'une famille noble hennuyère, Henry Carton de Wiart naît à Bruxelles en 1869. Après des études secondaires au Collège Saint-Michel (actuel Collège Saint-Jean-Berchmans), il étudie le droit à l'Université Saint-Louis Bruxelles et ensuite à l'Université libre de Bruxelles.

Militant au sein du jeune Mouvement ouvrier chrétien, il lance L'Avenir social et La Justice sociale et devient un des leaders de la jeune droite.

Membre du Parti catholique, il est élu député de Bruxelles en 1896 et reste membre du Parlement jusqu'à sa mort en 1951.

En janvier 1910, il est envoyé en mission à Paris auprès du gouvernement français, pour annoncer la mort du roi Léopold II [2].

Loi du 15 mai 1912 sur la protection de l' enfance

Le 10 août 1889, Jules Le Jeune, alors ministre de la Justice, dépose le premier projet de loi relatif à la Protection de l'enfance [3]. Il met également en place les Sociétés protectrices des Enfants Martyrs.

Ministre de la Justice du au dans le gouvernement de Charles de Broqueville, le nom d'Henry Carton de Wiart reste surtout attaché à l'importante loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance, qui crée les tribunaux pour enfants, chargés non plus de punir l'auteur d'une infraction mais de prononcer des "mesures de garde, d'éducation et de préservation" pour les mineurs délinquants traduits en justice. Le législateur remplace le système punitif par un système de protection de l'enfance. Cette loi veut donc protéger le mineur des dangers du milieu, mais aussi assurer la sûreté de la société.

Le discernement réel de l'enfant n'est plus mis en cause dans cette loi. Le principe de l' irresponsabilité pénale des mineurs délinquants est désormais acquis, la majorité pénale étant fixée à 16 ans. La loi institue la possibilité de prononcer la déchéance de l'autorité paternelle lorsque des parents manquent gravement à leurs obligations concernant leur enfant [4] - [5] .

Il reçoit les félicitations personnelles du roi Albert Ier qui voit en cette nouvelle loi une réelle avancée.

A Gembloux, la Société Protectrice des Enfants Martyrs, de Bruxelles (qui est appréciée par le Roi et devient Société Royale en 1919), crée l’école ménagère Henry Carton de Wiart (du nom de son protecteur) pour 40 jeunes filles et petits enfants victimes de maltraitance [6], et l’école-ferme pensionnat Jules Lejeune pour 40 garçons à Ernage[7].

D'autres veulent alors améliorer le sort des enfants : la loi du 19 mai 1914 rend obligatoire et gratuit l'enseignement primaire pour les enfants et adolescents âgés de 6 à 14 ans. Elle est accompagnée de la loi du 26 mai 1914 interdit le travail des enfants de moins de 14 ans.

En 1914, il est chargé de conduire aux États-Unis une mission extraordinaire du gouvernement dans le but de susciter la sympathie des autorités américaines pour la Belgique menacée.

Le 21 novembre 1918, le Roi le nomme Ministre d'Etat, titre honorifique conféré à des personnalités politiques qui se sont montrées très méritantes dans la vie publique.

1920 : Gouvernement d'union nationale

Après la Première Guerre mondiale, il succède à Léon Delacroix au poste de Premier ministre, qu'il occupe de 1920 à 1921. Ce gouvernement Carton de Wiart d'union nationale, au sein duquel il occupe également le poste de ministre de l'Intérieur, regroupe des membres des partis catholique, socialiste et libéral. Au cours de son année de gouvernement, ont lieu :

En 1922, le roi Albert le crée comte.

Il sera également Ministre du Travail, des Affaires sociales et de l'Hygiène entre 1932 et 1934, dans le gouvernement de Charles de Broqueville. Entre 1928 et 1935, il est également membre de la délégation belge auprès de la Société des Nations. De 1934 à 1947, il est président de l'Union interparlementaire.

Lors de l'invasion de la Belgique par la Wehrmacht en mai 1940, Carton de Wiart suit le gouvernement belge jusqu'à Poitiers puis rentre en Belgique. Il est incarcéré un temps à la prison de Louvain par les autorités de l'Occupation allemande, puis rejoint le gouvernement belge en exil à Londres.

Au début hostile à la capitulation du roi Léopold III face à l'envahisseur allemand, Carton de Wiart est un fervent défenseur du roi après la guerre lors de la Question royale.

Après la Seconde Guerre mondiale, il occupe le poste de ministre sans portefeuille chargé de la Coordination économique et de la Reconstruction dans le premier gouvernement de Gaston Eyskens entre le et le .

Âgé de 81 ans, il occupe encore le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement de transition de Jean Duvieusart, entre le et le .

Auteur de plusieurs romans historiques et ouvrages autobiographiques, cofondateur de la revue artistique et littéraire Durendal, il fait partie en 1920 des premiers membres de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et le restera pendant 31 ans jusqu'à sa mort le .

Il a notamment écrit le roman de chevalerie La Cité ardente (1905), qui est un succès populaire et donne à la ville de Liège un nouveau surnom, encore d'usage général aujourd'hui. Il fonde avec le chanoine Bondroit et Mallinger « la société d'Art à l'école et au foyer ».

Son action se prolonge aujourd'hui encore Ă  travers l'ASBL Juliette et Henry Carton de Wiart.

Il est le grand-père maternel de l'homme politique Paul-Henry Gendebien.

Famille[8]

Henry Carton de Wiart et Juliette Verhaegen

Le 21 avril 1897, Henry Carton de Wiart épouse Juliette Verhaegen (Archives générales du Royaume [9]), née à Bruxelles le 30 décembre 1872 et décédée à Saint-Gilles le 15 novembre 1955, oblate de Saint-Benoît, prisonnière politique 1914-18, commandeur de l'Ordre de Léopold II, officier de l'Ordre de Léopold avec rayure d'or. Ils ont eu six enfants : Ghislaine, François-Xavier, Georgette, Hubert, Gudule[10] et Geneviève[11]. Juliette Verhaegen consacre sa vie à la protection des enfants et s'implique dans les dossiers de son mari portant sur ce sujet[12].

Le fils aîné Xavier Carton de Wiart (1899-1955) fut volontaire de guerre pendant la Première Guerre avant de faire des études de droit et de devenir avocat, aux côtés de son père. On trouve de nombreux documents relatifs à son éducation et à sa formation, à son engagement patriotique et politique, à sa vie de famille, auxquels viennent s’ajouter les dossiers relatifs à ses activités littéraires. Xavier fut conseiller communal de Bruxelles-Ville de 1939 à sa mort [13].

Comme son frère Xavier, Hubert Carton de Wiart (Saint-Gilles le 21 octobre 1901 - mort le 30 mai 1963) fut docteur en droit (en 1926) et licencié en sciences politiques. Il fit une carrière diplomatique, envoyé extraordinaire puis ministre plénipotentiaire, notamment en Chine, au Brésil, à Paris (pendant la Seconde Guerre mondiale notamment) ou en Italie. Aventurier, il fait le voyage en automobile en 1932 entre la Chine et Hastière, en la seule compagnie d'Alphonse Lepage. En 1936, il accomplit une autre expédition de 12.000 km, en automobile, d'un bout à l'autre de l'Amérique du Sud. Ecrivain à ses heures, il coucha sur papier le récit de ses deux voyages. Il fut l'époux de Marie-Noëlle Lambert [14] - [15].

Son frère René Carton de Wiart, officier au régiment des guides, fut lieutenant-colonel au service du Sirdar Kitchener au Soudan et reçut le titre de Bey.

Son frère Maurice Carton de Wiart, fut vicaire général du cardinal Francis Bourne, archevêque de Westminster.

Son jeune frère Edmond Carton de Wiart, docteur en droit et en sciences politiques de l'Université de Louvain à 21 ans, lauréat d'un concours interuniversitaire, Edmond Carton compléta sa formation en fréquentant les Universités de Paris, Université d'Oxford, de Berlin et de Rome. Il est ensuite nommé professeur extraordinaire à l'Université de Louvain où il fut chargé du cours de finances publiques. Il fut aussi collaborateur et secrétaire d'Auguste Beernaert, avocat, ancien Premier ministre, devenu président de la Chambre. Il entame enfin une carrière dans le monde des affaires étant nommé secrétaire de la Caisse générale de Reports et de Dépôts. Il devient à 26 ans (1901) secrétaire du roi Léopold II jusqu'à la mort du roi en 1909 [16]. Au début du règne du roi Baudouin, par arrêté du Prince royal du 26 juin 1951, le baron Carton de Wiart est nommé grand maréchal de la Cour.

Maxime Carton de Wiart (1875 - 1944), curé de Notre Dame de l'abbaye de la Cambre et Saint-Philippe de Néri, nommé en 1921, aumônier au 1er régiment des guides (1914-1918), fut l’un des grands artisans de la restauration de l’abbaye de la Cambre durant l’entre-deux-guerres.

Sir Adrian Carton de Wiart, Belge devenu général britannique, vrai héros de roman, est son cousin.

Son cousin Étienne Carton de Wiart est évêque de Tournai en 1945.

Un autre de ses cousins, officier du régiment des guides, fut le colonel-baron François Carton de Wiart (1908-1976). Il avait épousé en 1935 Françoise, fille du comte André de Meeûs d'Argenteuil.

DĂ©corations[8]

Ĺ’uvres

  • Contes hĂ©tĂ©roclites, [(Gand)], Siffer, 1892.
  • Nouveaux Contes HĂ©tĂ©roclites, [(Bruxelles)] : [(Durendal)], Paris : Lethielleux, 1947
  • La CitĂ© ardente, Paris : Perrin, 1905.
  • Manuel d'Ă©tudes sociales et politiques, 1906
  • Les Vertus bourgeoises, 1910,
  • Le Bon combat, 1913,
  • Le roi Albert chef d'État
  • La Belgique en Terre d'asile
  • La Belgique, boulevard du droit
  • La Politique de l'honneur, 1917,
  • Mes vacances au Congo, Ill. par Nestor Cambier. Bruges-Paris : DesclĂ©e de Brouwer et C°, s.d. [1922], 212 p. ; rĂ©Ă©dition : Mes vacances au Congo, Bruxelles : F. Piette, 1923, 144 p. ; ouvrage traduit en nĂ©erlandais : Op Reis door Congo. Naar het Fransch van Graaf Carton de Wiart, door Leo Van Molle. Tweede herziene druk. Antwerpen : I. Opdebeek uitgever, 1931, 120 p.
  • Le Droit Ă  la joie, 1922, Parmi les idĂ©es et les lettres. Parmi les paysages
  • Questions coloniales : discours, 10 juin, 23 juillet 1924. Bruxelles : Moniteur belge, 1924, 64 p.
  • La Candidature de Philippe d'OrlĂ©ans Ă  la souverainetĂ© des Provinces Belgiques en 1789 et 1790, d'après des documents inĂ©dits,
  • Beernaert et son temps
  • Les Cariatides
  • Terres de dĂ©bat - Prix Jules-Davaine de l’AcadĂ©mie française en 1943
  • Souvenirs politiques
  • Mes vacances au BrĂ©sil, 1929

Le jugement de Marcel Thiry 

Dans La Wallonie, le Pays et les Hommes, le grand poète wallon fait une place à part à cet ancien Premier ministre :

« Il faut faire la place qui lui est due à ce livre paru en 1910 ; dont le titre devait connaître une si curieuse fortune, La Cité ardente d'Henry Carton de Wiart. L'entreprise était périlleuse de mettre en roman chevaleresque l'épopée liégeoise des Six cents Franchimontois, dans un style qui ne craint pas de se harnacher à l'ancienne, à grand renfort d'archaïsme et d'héraldique. L'événement n'est pas seulement littéraire: un jeune chef de la droite majoritaire au parlement belge vient apporter sa pierre — peut-être en partie inconsciemment — à l'édifice de la nouvelle conscience wallonne. Car le livre eut un succès populaire. Et si la Wallonie doit à Albert Mockel d'avoir appris son nom et de l'avoir vu diffuser dans le monde, Liège doit à Henry Carton de Wiart le surnom dont elle sera saluée dans toute la France quatre ans plus tard, quand ses collines seront embrasées de combats. »

— Tome II, Arts et Lettres, La Renaissance du livre, Bruxelles, 1978, p. 422-423

Sources

  • PAGNOUL A.-M., Inventaire des papiers Carton de Wiart, sĂ©rie Inventaires Archives gĂ©nĂ©rales du Royaume n°223, publication n°541, Archives gĂ©nĂ©rales du Royaume, Bruxelles, 1985.
  • DUBOIS Marie-Laurence et HENDRICK Annette, Inventaire des archives de la famille Carton de Wiart. 2e versement. 16e siècle-2004 (principalement 1890-1959), sĂ©rie Inventaires Archives gĂ©nĂ©rales du Royaume 632, publ. 5786, Archives gĂ©nĂ©rales du Royaume, Bruxelles, 2017, 92 p.
  • Livre d'Hubert Carton de Wiart sur son expĂ©dition en AmĂ©rique Latine, alors qu'il est premier secrĂ©taire d'Ambassade Ă  Paris : Sur la crĂŞte des Andes en automobile. 12000 kms Ă  travers l'AmĂ©rique du Sud, de Buenos-Ayres Ă  Caracas, Paris, 1938, 213 pages (voyage rĂ©alisĂ© en 1936, avec une prĂ©face de Paul van Zeeland) [14].

Notes et références

  1. La seconde partie de son patronyme, de Wiart, fut ajoutée par un jugement rendu le 13 février 1881. Cependant, son père signait déjà Carton de Wiart sur son acte de naissance.
  2. H. Carton de Wiart, « Papiers Carton de Wiart » [PDF], sur Archives de l'Etat, sans date (consulté le )
  3. Rapporteur M. Colaert, « Proposition de loi sur la protection de l'enfance » [PDF], sur La Chambre des Représentants, (consulté le )
  4. « Historique », sur www.oasis-asbl.be (consulté le )
  5. Florence Reusens, « 100 ans de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance : les mesures à l'égard des parents », Journal des tribunaux, no 6479,‎ , p. 390 (ISSN 0021-812X, lire en ligne, consulté le )
  6. Jean-Marc Gilles, « Carton de Wiart (école ménagère) », sur Gembloux a été et est, (consulté le ).
  7. Jean-Marc Gilles, « Lejeune Jules (pensionnat-ferme) », sur Gembloux a été et est, (consulté le ).
  8. Faire-part mortuaire
  9. Henry Carton de Wiart, « Inventaire des papiers Carton de Wiart » [PDF], sur Archives du Royaume, sans date (consulté le )
  10. Gudule épousa le baron Paul Houtart. De ce couple est issu, entre autres, le chanoine François Houtart.
  11. Faire-part mortuaire de leur fille Geneviève, KBR III 1876/XIV/189 Mss.
  12. Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècle, Bruxelles, Racine Lannoo, , 456 p. (ISBN 2-87386-434-6, lire en ligne)
  13. « Les archives de la lignée Carton de Wiart récemment inventoriées - Annette Hendrick », sur www.contemporanea.be (consulté le )
  14. « Hubert Carton de Wiart (1901-1963) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  15. « Carton de Wiart. Deuxième versement », sur search.arch.be (consulté le )
  16. Académie royale des sciences d'outre-mer (ARSOM), « Edmond Carton de Wiart » [PDF], sur Académie royale des sciences d'outre-mer (ARSOM) / Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen (KAOW), (consulté le )
  17. « Carton de Wiart », sur search.arch.be (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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