Haut Conseil pour le climat
Le Haut Conseil pour le climat (HCC) est une instance consultative indépendante française, créée en , placée auprÚs du Premier ministre français et composée au plus de treize membres experts nommés par décret.
Fondation | |
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Prédécesseur |
Comité d'experts pour la transition énergétique (d) |
Sigle |
HCC |
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Type |
Instance consultative indépendante |
SiĂšge | |
Pays | |
Coordonnées |
48° 51âČ 35âł N, 2° 19âČ 07âł E |
Langue |
Effectif |
13 |
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Présidente |
Corinne Le Quéré (depuis ) |
Directeurs | |
Site web |
Annuaire du service public |
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Historique
Le Haut Conseil pour le climat est mis en place par la PrĂ©sidence de la RĂ©publique[1] au moment oĂč le gouvernement Ă©tudie la nouvelle Programmation pluriannuelle de l'Ă©nergie et quelques jours avant le dĂ©but de la COP 24 sur le climat. Son fonctionnement a Ă©tĂ© dĂ©crit dĂ©but avril 2019 par le Premier ministre Ădouard Philippe, demandant entre autres Ă ce qu'il intĂšgre dans ses rĂ©flexions les propositions du Grand dĂ©bat national[2]. Il a Ă©tĂ© officialisĂ© par un dĂ©cret du , qui prĂ©cise son fonctionnement et la liste de ses membres. Un article du projet de loi sur l'Ă©nergie et le climat officialise sa crĂ©ation et prĂ©cise son mode de fonctionnement[3].
Organisation
Le Haut Conseil est placé sous l'autorité du Premier ministre[4]. En plus de sa présidente, il comprend au plus douze membres choisis pour leurs connaissances scientifique, technique et économique des sciences du climat et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La durée de leur mandat est de cinq ans, renouvelable une fois[5].
Le Haut Conseil dispose dâune Ă©quipe spĂ©cialisĂ©e, hĂ©bergĂ©e par France StratĂ©gie (institution rattachĂ©e au Premier ministre), et de fonds allouĂ©s aux Ă©tudes. Son budget total est de 2 millions dâeuros par an[6]. Tous ses avis sont publiĂ©s sur son site web.
Membres actuels
- Corinne Le QuĂ©rĂ©, climatologue et professeure en science du changement climatique Ă l'UniversitĂ© d'East Anglia â prĂ©sidente du Haut Conseil pour le climat
- Valérie Masson-Delmotte, chercheuse en sciences du climat et directrice de recherches au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
- Katheline Schubert, professeure dâĂ©conomie Ă lâUniversitĂ© PanthĂ©on-Sorbonne
- CĂ©line Guivarch, directrice de recherches Ă lâĂcole nationale des ponts et chaussĂ©es
- Jean-François Soussana, directeur de recherche et vice-président de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE)
- Laurence Tubiana, économiste, également présidente et directrice exécutive de la Fondation européenne pour le climat (ECF)
- Alain Grandjean, docteur en économie de l'environnement, cofondateur et associé de Carbone 4
- Michel Colombier, directeur scientifique de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI)
- Marion Guillou, conseillĂšre dâĂtat en service extraordinaire et ancienne directrice de lâINRA
- Jean-Marc Jancovici, cofondateur et associé de Carbone 4 et président-fondateur de The Shift Project
- BenoĂźt Leguet, directeur gĂ©nĂ©ral dâI4CE - Institute for Climate Economics[7]
- Sophie Dubuisson-Quellier, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et directrice du Centre de sociologie des organisations[8] à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po), nommée au Haut Conseil le [9].
- Magali Reghezza-Zitt, codirectrice du Centre de formation sur lâenvironnement et la sociĂ©tĂ© de l'Ăcole normale supĂ©rieure de Paris (ENS), nommĂ©e au Haut Conseil le [9].
à ces 13 membres s'ajoute un secrétariat, composé notamment d'analystes. Son effectif est sensiblement inférieur à celui d'institutions analogues au Royaume-Uni et au Danemark. La loi de finance 2023 prévoit d'accroßtre cet effectif pour le porter à 15 personnes. La plupart de ces postes sont encore à pourvoir, à la suite du départ des sept analystes qui travaillaient pour le HCC en 2022[10] - [11].
Anciens membres
- Pierre Larrouturou et Pascal Canfin ; du fait de leur participation aux élections européennes de 2019 en France, ils se sont retirés pour préserver la neutralité du Haut Conseil.
Missions
Le Haut Conseil apporte un Ă©clairage indĂ©pendant sur la politique climatique du Gouvernement, notamment sur le niveau de compatibilitĂ© des diffĂ©rentes politiques publiques du pays vis-Ă -vis de l'accord de Paris sur le climat (traitĂ© international sur le rĂ©chauffement climatique adoptĂ© en 2015). Il peut ĂȘtre saisi par le gouvernement, le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, le prĂ©sident du SĂ©nat ou Ă sa propre initiative.
Il est compétent dans trois domaines[6] :
- la rĂ©duction des Ă©missions directes de gaz Ă effet de serre (baisse des consommations d'Ă©nergies fossiles, transformation du modĂšle agricole, capture du mĂ©thane issu des dĂ©chetsâŠ) ;
- le dĂ©veloppement de puits de carbone (forĂȘts, sols, ocĂ©ans) ;
- la réduction de l'empreinte carbone de la France.
Il produit un rapport annuel sur[12] :
- le respect de la trajectoire de baisse des Ă©missions de gaz Ă effet de serre de la France ;
- la mise en Ćuvre des politiques, des mesures de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre (fiscalitĂ©, subventions, soutiensâŠ) et de dĂ©veloppement des puits de carbone (forĂȘts, sols et ocĂ©ans) ;
- la soutenabilité économique, sociale et environnementale de ces actions ;
- l'impact de ces actions sur la balance du commerce extérieur.
Ce rapport annuel, remet aussi en perspective les engagements et les actions de la France par rapport à ceux des autres pays, et inclut des recommandations et propositions pour améliorer l'action de la France[12].
Tous les cinq ans, un rapport spĂ©cial porte sur la trajectoire de baisse des Ă©missions de gaz Ă effet de serre de la France, elle-mĂȘme rĂ©visĂ©e tous les cinq ans. Le Haut ComitĂ© y Ă©value si cette trajectoire est suffisante vis-Ă -vis de l'engagement de la France dans l'accord de Paris sur le climat, des engagements europĂ©ens de la France, de l'engagement de neutralitĂ© carbone en 2050, tout en prenant en compte la soutenabilitĂ© Ă©conomique et sociale de la transition ainsi que les enjeux de souverainetĂ©[12].
Le HCC peut rendre des avis (publics)[13] sur des politiques déjà adoptées, et indiquer ce qui, dans ces politiques, a marché ou non vis-à -vis de l'objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre que la France s'est fixé. Il peut aussi rendre des avis sur des projets de lois en cours d'élaboration (par exemple, les lois de finance), des décrets ou des projets de décret (par exemple, la Programmation pluriannuelle de l'énergie ou la Stratégie nationale bas carbone).
Il peut également fournir des propositions pour informer l'ensemble des acteurs du débat politique, le gouvernement, mais aussi les parlementaires et les citoyens[14].
Il est envisagé que dans un second temps, le périmÚtre du Haut Conseil soit étendu aux problématiques d'adaptation au changement climatique, au travers d'un sous-comité qui lui soit rattaché, à l'image de l'organisation retenue en Grande-Bretagne avec le Committee on Climate Change[12].
Activités et rapports
2019
- Le Haut Conseil pour le climat tient le sa premiĂšre rĂ©union, consacrĂ©e au programme 2019 du Haut Conseil et Ă lâĂ©laboration de son premier rapport annuel[15].
- Le Haut Conseil pour le climat publie le son premier rapport annuel (59 pages), intitulĂ© « Agir en cohĂ©rence avec les ambitions »[16] ainsi qu'une dĂ©clinaison grand public (12 pages)[17]. La prĂ©sidente du Haut Conseil, la climatologue Corinne Le QuĂ©rĂ©, souligne que « au rythme actuel, les engagements de la France ont peu de chance d'ĂȘtre tenus »[18] - [19] - [20]. Le budget carbone 2015-2018 n'a pas Ă©tĂ© respectĂ© : la limite des 442 mĂ©gatonnes d'Ă©quivalent CO2 par an fixĂ©e sur cette pĂ©riode est dĂ©passĂ©e de 62 mĂ©gatonnes. Les Ă©missions de gaz Ă effet de serre ont en France baissĂ© de 1,1 % par an (au lieu de 1,9 %/an). La France a budgĂ©tĂ© ses Ă©missions de gaz Ă effet de serre, mais les lois qu'elle vote n'en tiennent pas compte, par exemple la loi agriculture et alimentation (EGalim) et le projet de loi sur les mobilitĂ©s (LOM), alors que ces deux secteurs pĂšsent trĂšs lourd dans le bilan carbone de la France avec respectivement 19 % et 31 % des Ă©missions comptabilisĂ©es en 2018. Pour Corinne Le QuĂ©rĂ©, « on connaĂźt l'impact financier de chaque rĂ©forme. De la mĂȘme façon, il faudrait aussi en donner le coĂ»t carbone ». Les Ă©missions françaises ont baissĂ© en 2018 par rapport Ă 2017, mais principalement Ă cause des « conditions mĂ©tĂ©orologiques, avec un hiver doux, rĂ©duisant la demande de chauffage, et ne rĂ©sulte que marginalement des actions en matiĂšre de climat » selon le Haut Conseil, qui prĂ©conise d'inclure dans la comptabilitĂ© carbone de la France les Ă©missions liĂ©es aux transports internationaux et aux importations : « en prenant en compte les importations, les Ă©missions de la France sont 60 % plus Ă©levĂ©es ». Les Ă©missions liĂ©es aux importations « sont devenues plus Ă©levĂ©es que les Ă©missions domestiques (hors exportations) depuis 2010 », constate le Haut Conseil indique la prĂ©sidente du HCC. Et si l'empreinte carbone des Français s'est accrue de 20 % entre 1995 et 2015 pour atteindre 11 tonnes par personne et par an, c'est d'abord Ă cause d'elles[21].
- Le gouvernement demande fin aoĂ»t 2019 au Haut Conseil pour le climat dâĂȘtre le garant de la qualitĂ© des mĂ©thodes dâĂ©valuations qui seront mises en Ćuvre et sollicite Ă ce titre « un cadrage prĂ©alable des mĂ©thodes Ă appliquer : ce cadrage pourra[it] sâappuyer sur les mĂ©thodes mises en Ćuvre dans dâautres pays et pourra[it] porter plus largement sur les Ă©valuations ex ante et ex post des projets de lois et principales mesures dâattĂ©nuation du changement climatique »[22].
- Le gouvernement publie le sa rĂ©ponse au premier rapport du Haut Conseil pour le climat[23]. Pour le RĂ©seau Action Climat, cette rĂ©ponse apporte trĂšs peu de mesures nouvelles pour mettre en Ćuvre la multiplication par trois du rythme annuel de baisse des Ă©missions de gaz Ă effet de serre demandĂ©e par le HCC et aucune Ă©valuation chiffrĂ©e de leur impact. Il dĂ©nonce Ă©galement l'obstination du gouvernement Ă vouloir augmenter le budget carbone jusquâĂ 2023[24].
- Le Haut Conseil pour le climat publie en dĂ©cembre 2019 un rapport spĂ©cial (32 pages), intitulĂ© « Ăvaluer les lois en cohĂ©rence avec les ambitions - RĂ©ponse Ă la saisine du Gouvernement »[23] et faisant 8 recommandations : « 1) L'Ă©valuation des lois en regard du Climat doit respecter les grands principes d'une bonne Ă©valuation des politiques publiques. 2) Toutes les lois ne nĂ©cessitent pas d'ĂȘtre Ă©valuĂ©es en regard du Climat. 3) Une Ă©tude d'impact dĂ©taillĂ©e doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par rapport Ă la SNBC. 4) Une mĂ©thodologie spĂ©cifique Ă l'Ă©valuation des lois en regard du Climat doit ĂȘtre publiĂ©e. 5) L'Ă©tude d'impact est mise Ă jour une fois les lois promulguĂ©es. 6) Le disposition d'Ă©valuation ex post doit ĂȘtre prĂ©vu dans le texte de loi. 7) Le processus d'Ă©valuation ex post des lois doit ĂȘtre transparent, indĂ©pendant, et doit associer les parties prenantes. 8) Le suivi des lois doit renforcer le pilotage de la SNBC vers la neutralitĂ© carbone. »
Rapport « Maßtriser l'empreinte carbone de la France »
En octobre 2020, le Haut Conseil pour le climat publie un rapport intitulĂ© "MaĂźtriser l'empreinte carbone de la France", sur saisine du gouvernement demandant « une Ă©tude mĂ©thodologique approfondie pour mieux dĂ©terminer lâempreinte carbone des produits importĂ©s en France »[25]. Lâempreinte carbone de la France (11,5 tonnes de CO2-Ă©quivalent par habitant), composĂ©e des Ă©missions importĂ©es et des Ă©missions de la production intĂ©rieure hors exportations, est environ 70 % plus Ă©levĂ©e que ses Ă©missions territoriales couvertes par ses engagements climatiques actuels. Le rapport propose quatre leviers de rĂ©duction :
- Accompagner les entreprises pour mieux prendre en compte les Ă©missions de leur chaĂźne dâapprovisionnement, alors que la moitiĂ© de lâempreinte carbone est importĂ©e, principalement de lâUnion europĂ©enne (Allemagne en tĂȘte) et dâAsie (Chine en tĂȘte).
- Mieux informer les particuliers concernant lâimpact climat des biens et services, notamment par la mise en place dâun score carbone.
- La politique commerciale de la France dĂ©pendant de lâUnion europĂ©enne, les considĂ©rations climatiques doivent ĂȘtre rehaussĂ©es dans les accords commerciaux de lâUE. La mise en place dâun ajustement carbone aux frontiĂšres contribuerait Ă soutenir les efforts de dĂ©carbonation des entreprises europĂ©ennes, Ă condition quâil soit conçu et suivi pour en maximiser les effets sur les Ă©missions et en minimiser les impacts.
- Orienter lâensemble de la coopĂ©ration internationale vers le renforcement des engagements dans le cadre de lâaccord de Paris, car les Ă©missions importĂ©es de la France dĂ©pendent en premier lieu du profil dâĂ©missions des pays avec qui elle Ă©change[25].
Autres rapports spécialisés de 2020
- Le Haut Conseil publie le 22 avril 2020 un rapport spécial (24 pages) intitulé « Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir », avec le sous-titre « Accélérer la transition juste, pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques ». Ce rapport spécial s'inscrit dans la pandémie de Covid-19 en France[26].
- En dĂ©cembre 2020, le Haut conseil pour le Climat publie un rapport sur l'impact du dĂ©ploiement de la 5G, selon lequel, sans mesure corrective, ce dĂ©ploiement pourrait rajouter entre 2,7 Mt (millions de tonnes) et 6,7 Mt dâĂ©quivalent CO2 en 2030 Ă lâempreinte carbone actuelle du numĂ©rique Ă©valuĂ©e Ă environ 15 Mt dâĂ©quivalent CO2 en 2020, soit « une augmentation significative » selon le HCC[27].
Rapport annuel de 2020
Le Haut Conseil publie en juillet 2020 son second rapport annuel depuis 2019 (160 pages), intitulé « Redresser le cap. Relancer la transition »[28].
Constats
Selon ce rapport, « Les actions climatiques de la France ne sont pas Ă la hauteur des enjeux ni des objectifs quâelle sâest donnĂ©s. Le gouvernement doit reprendre le cap vers la neutralitĂ© carbone. La relance planifiĂ©e par le gouvernement en sortie de crise doit dâabord ĂȘtre celle de la transition qui permette de respecter les budgets carbone dĂ©finis par la loi[29] ». « Alors que 2019 a Ă©tĂ© lâannĂ©e la plus chaude jamais enregistrĂ©e en Europe, les crises sanitaire et Ă©conomique sont des tests de rĂ©sistance pour lâambition climatique du gouvernement français[30] ». « La rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre continue Ă ĂȘtre trop lente et insuffisante pour permettre dâatteindre les budgets carbone actuels et futurs[31] ». Enfin, « la baisse temporaire des Ă©missions de CO2 rĂ©sultant du confinement (environ â13 % entre janvier et mai) ne rĂ©pond pas aux enjeux de la transition bas-carbone et reste marginale par rapport aux efforts structurels Ă accomplir[30] ». Le Haut Conseil questionne l'objectif de division par 6 des Ă©missions Ă l'horizon 2050 pour atteindre la neutralitĂ© carbone car il repose sur une Ă©valuation des puits naturels de 80 Mt de CO2 alors que l'absorption depuis 10 ans est de 28 Mt et pourrait se dĂ©grader avec le rĂ©chauffement. L'objectif en 2030 est de baisser les Ă©missions de 42 % par rapport Ă 1990 ce qui reprĂ©sente un dĂ©calage avec les objectifs du Green Deal de l'Europe qui pourrait ĂȘtre une rĂ©duction de 50 % ou 55 %[32]. Les recommandations faites par le Haut Conseil en dĂ©cembre 2019 d'Ă©valuer les lois en fonction de leur bilan carbone n'a pas Ă©tĂ© suivi d'effet. En particulier, lâĂ©valuation de la loi Egalim sur lâalimentation par le SĂ©nat et l'Ă©valuation de la loi Elan sur le logement par l'AssemblĂ©e nationale ne mentionnent pas les Ă©missions de gaz Ă effet de serre[32]. Un chapitre sur la transition juste note que la taxe carbone implicite frappe beaucoup plus les mĂ©nages que les entreprises et les administrations, ou les pauvres que les riches proportionnellement Ă leurs revenus bien que lâempreinte carbone des riches soit beaucoup plus Ă©levĂ©e[32]. Les rĂ©gions bien que compĂ©tentes dans les schĂ©mas rĂ©gionaux dâamĂ©nagement, de dĂ©veloppement durable et dâĂ©galitĂ© des territoires (SRADDET) ne pilotent pas la SNBC. Le Haut conseil souhaite un partage entre rĂ©gions des objectifs nationaux de la SNBC en cohĂ©rence avec la structure Ă©conomique des territoires. Par exemple la Normandie produit viande et produits laitiers pour les Parisiens et ces Ă©missions de gaz Ă effet de serre ne peuvent lui ĂȘtre imputĂ©es entiĂšrement[32].
Recommandations
« Si une seule recommandation devait ĂȘtre conservĂ©e de ce rapport, elle serait de bannir tout soutien aux secteurs carbonĂ©s du plan de reprise[30] » [...] « sans conditionnalitĂ© ferme concernant leur Ă©volution vers une trajectoire compatible avec les objectifs nationaux[31]. ». « Secteur des bĂątiments : [...] la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique doit ĂȘtre massifiĂ©e [...] LâĂtat doit aider Ă dĂ©velopper un marchĂ© de rĂ©novations globales intĂ©grant le conseil, le suivi, le financement, le contrĂŽle, ainsi que la formation[33] ». « Lâinvestissement dans les transports publics, les infrastructures de mobilitĂ© douce, et la rĂ©affectation de lâespace routier doivent bĂ©nĂ©ficier du plan de reprise, en cohĂ©rence avec les objectifs de report modal de la SNBC[34] ». « Dans l'agriculture "Quatre mesures structurelles (valorisation du stockage de carbone dans les sols, dĂ©veloppement dâune stratĂ©gie pour les protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, de pratiques agroĂ©cologiques pour lâĂ©levage, modification de lâoffre des produits alimentaires) rĂ©alisables dans le cadre europĂ©en de la PAC et du Pacte vert, permettraient de rĂ©duire les Ă©missions du secteur en cohĂ©rence avec ses objectifs Ă lâhorizon 2030[35]. ». Pour Corine Le QuĂ©rĂ©, « ce plan de relance sera la mesure rĂ©elle de l'attention portĂ©e au climat par le gouvernement »[36].
2021
Le Haut Conseil publie en juin 2021 son troisiĂšme rapport annuel (184 pages), intitulĂ© « Renforcer l'attĂ©nuation, engager l'adaptation »[37]. Il Ă©value la trajectoire de la France par rapport aux objectifs de la SNBC, qui sont atteints pour la pĂ©riode et par rapport Ă l'objectif de la France en 2030 (40 %, qui devraient ĂȘtre portĂ©s Ă 55 % pour se conformer aux objectifs de l'Europe) qui sont eux trĂšs loin d'ĂȘtre atteints. Ainsi la France doit doubler ses rĂ©ductions sur la pĂ©riode jusqu'Ă 2030. Les efforts consentis dans le cadre du plan de relance doivent ĂȘtre pĂ©rennisĂ©s afin d'offrir une perspective lisible aux entreprises. Le Haut conseil insiste sur les effets du rĂ©chauffement qui sont dĂ©sormais visibles et appelle Ă engager une politique d'adaptation aux diffĂ©rentes Ă©chelles de dĂ©cisions, locales, rĂ©gionales et nationales. La conservation des forĂȘts qui sont prises en compte comme puits de carbone dans la SNBC Ă un niveau supĂ©rieur au niveau observĂ© est aussi Ă prendre en considĂ©ration[38] - [39].
2022
Le quatriÚme rapport annuel du Haut Conseil, publié en juin 2022, conclut que « la réponse de la France au réchauffement progresse », mais qu'« elle reste insuffisante ». Les émissions de gaz à effet de serre ont reculé de 3,8 % par rapport à 2019, aprÚs la chute de 2020 due aux confinements liés au Covid. Les rejets de l'industrie diminuent de 2,9 %, ceux du bùtiment de 0,7 %, ceux de l'énergie de 4,6 % et ceux des transports de 6,9 %. Mais l'absorption de CO2 par les puits de carbone forestiers s'est fortement dégradée entre 2013 et 2019. Pour tenir l'objectif global de baisse de 55 % des émissions d'ici à 2030 fixé par l'Union européenne, une baisse de 4,7 % par an en moyenne serait nécessaire de 2022 à 2030, soit plus du double du rythme actuel[40].
Le 19 octobre 2022, le Haut Conseil sâauto-saisit de la question de la modernisation du traitĂ© de la charte sur l'Ă©nergie et conclut que ce traitĂ© est incompatible avec l'accord de Paris. Il appelle Ă un retrait coordonnĂ© de la France et des autres Ătats membres de cet accord international ainsi qu'Ă une neutralisation de la clause de survie[41]. Le 21 octobre 2022, au Conseil EuropĂ©en, Emmanuel Macron annonce que la France va sortir du traitĂ©[42].
Critiques
En novembre 2018, la journaliste IrĂšne InschaupsĂ© doute de l'utilitĂ© de crĂ©er une Ă©niĂšme instance composĂ©e dâexperts et de reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile pour rĂ©gler les problĂšmes liĂ©s au climat, Ă l'environnement et Ă l'Ă©nergie, reprenant l'expression du gĂ©nĂ©ral de Gaulle de « ComitĂ© ThĂ©odule ».[43].
Notes et références
- « Communiqué - Haut-Conseil pour le climat », sur elysee.fr, (consulté le ).
- Courrier Edouard Philippe, reçu le 5 avril 2019 par la présidente du Haut Conseil pour le Climat, figurant en annexe en page 62 de son premier rapport.
- « Officialisation du haut-conseil pour le climat », Enerpress, no 12324,â .
- Anne-Charlotte Dusseaulx, « Haut conseil pour le climat : l'instance voulue par Macron existe-t-elle déjà ? », Le Journal du dimanche, (consulté le ).
- DĂ©cret no 2019-439 du relatif au Haut Conseil pour le climat.
- Aurélie Barbaux, « Quel est ce Haut conseil pour le climat installé ce matin par Emmanuel Macron ? », L'Usine nouvelle, (consulté le ).
- « Emmanuel Macron installe le Haut Conseil pour le climat », sur ouest-france.fr/, (consulté le ).
- « Curriculum-vitae sur le site du Centre de sociologie des organisations de Sciences-Po Paris » (consulté le )
- DĂ©cret du portant nomination au Haut Conseil pour le climat.
- Ălisa Sgambati, « CommuniquĂ© de presse - Les membres du Haut conseil pour le climat rĂ©affirment lâindĂ©pendance de lâinstance et poursuivent sa consolidation », sur Haut Conseil pour le climat, (consultĂ© le ).
- Audrey Garric, « Le Haut Conseil pour le climat se rĂ©organise aprĂšs une annĂ©e de crise, sans mettre fin au malaise », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- France Stratégie, « Création du Haut Conseil pour le climat », (consulté le )
- Tous les avis et rapports du Haut Conseil pour le climat sont rendus publics sur son site internet.
- Audrey Garric, Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga, « Climat : un Haut Conseil pour orienter le gouvernement », Le Monde, (consulté le ).
- « Haut Conseil pour le climat : premiÚre réunion », sur Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique, (consulté le ).
- « Premier rapport annuel du Haut Conseil pour le climat â Rapport annuel NeutralitĂ© Carbone Juin 2019 â Agir en cohĂ©rence avec les ambitions », sur Haut Conseil pour le climat, (consultĂ© le ).
- « Rapport 2019 grand public â Haut Conseil pour le Climat », sur Haut Conseil pour le climat (consultĂ© le ).
- « Le Haut conseil pour le climat appelle Paris à revoir son action », La Liberté, .
- « Remise du rapport du Haut Conseil pour le climat », sur Gouvernement.fr, (consulté le ).
- « Le Haut conseil pour le climat juge l'action de la France « insuffisante » », Le Figaro, (consulté le ).
- JoĂ«l Cossardeaux, « La France n'en fait pas assez pour lutter contre le rĂ©chauffement climatique », Les Ăchos, (consultĂ© le ).
- « Ăvaluer les lois en cohĂ©rence avec les ambitions », sur Haut Conseil pour le climat, (consultĂ© le ).
- « Exclusif : la réponse du gouvernement au HCC », sur Journal de l'environnement, (consulté le ).
- « Réponse du Gouvernement au rapport du Haut Conseil pour le Climat. Le réchauffé ne suffira pas à limiter le réchauffement », sur Réseau Action Climat, (consulté le ).
- Haut Conseil pour le Climat, MaĂźtriser l'empreinte carbone de la France, , 68 p. (lire en ligne), p. 4
- Page officielle et version PDF du rapport « Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir », 22 avril 2020 (page consultée le 22 avril 2020).
- « 5G : une empreinte carbone pas neutre, alerte le Haut Conseil pour le climat », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Redresser le cap. Relancer la transition », sur hautconseilclimat.fr,
- Rapport annuel 2020 du haut conseil pour le Climat, page 5.
- Rapport annuel 2020 du Haut Conseil pour le climat, page 6.
- Rapport annuel 2020 du haut conseil pour le Climat, page 9.
- « Haut Conseil pour le climat : le rapport qui secoue », sur Alternatives Economiques (consulté le ).
- Rapport annuel 2020 du Haut Conseil pour le climat, page 7.
- Rapport annuel 2020 du Haut Conseil pour le climat, page 52.
- Rapport annuel 2020 du Haut Conseil pour le climat, page 68.
- Muryel Jacque, « Face Ă l'urgence climatique, la France n'est « pas Ă la hauteur » », Les Ăchos, .
- « Renforcer l'atténuation, engager l'adaptation », sur Haut Conseil pour le climat, (consulté le ).
- Reporterre, « La France se prépare mal au choc climatique, alerte le Haut Conseil pour le climat », sur Reporterre (consulté le ).
- « Haut conseil pour le climat : ce qu'il faut retenir de son rapport annuel », sur Actu-Environnement (consulté le ).
- JoĂ«l Cossardeaux, « Climat : la rĂ©ponse de la France au rĂ©chauffement « progresse » mais « reste insuffisante » », Les Ăchos,
- « Avis sur la modernisation du Traité sur la Charte de l'Energie », sur Haut Conseil pour le climat (consulté le )
- « Climat : Emmanuel Macron annonce que la France va se retirer du Traité sur la charte de l'énergie, jugé incompatible avec les objectifs de l'accord de Paris » , sur France Info, .
- IrÚne Inschaupsé, « Climat, environnement, énergie : des comités Théodule, en veux-tu en voilà », L'Opinion, .
Voir aussi
Articles connexes
- Stratégie nationale bas carbone
- Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte
- Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques
- Conseil national de la transition Ă©cologique
- Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat
- Politique climatique
- Committee on Climate Change
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux
- Ămissions importĂ©es