GuayaramerĂn
GuayaramerĂn est une ville et une municipalitĂ© du dĂ©partement du Beni (province de Vaca Diez), en Bolivie. Elle est situĂ©e au nord-est du pays Ă la frontière avec le BrĂ©sil sur la rive gauche du RĂo MamorĂ©. Elle est joignable via la route nationale 9 de Bolivie. La population de la municipalitĂ© est de 41 814 habitants en 2012.
GuayaramerĂn | ||||
Rue de GuayaramerĂn. | ||||
Administration | ||||
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Pays | Bolivie | |||
DĂ©partement | Beni | |||
Province | Vaca Diez | |||
Maire Mandat |
Helen Gorayeb Callejas 2015-2020 |
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DĂ©mographie | ||||
Population | 41 814 hab. (2012) | |||
Densité | 3 008 hab./km2 | |||
GĂ©ographie | ||||
Coordonnées | 10° 48′ 00″ sud, 65° 23′ 00″ ouest | |||
Altitude | 120 m |
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Superficie | 1 390 ha = 13,9 km2 | |||
Localisation | ||||
GĂ©olocalisation sur la carte : Bolivie
GĂ©olocalisation sur la carte : Bolivie
Géolocalisation sur la carte : département du Beni
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Étymologie
L'Ă©tymologie traditionnelle du nom de GuayaramerĂn (ainsi que de sa voisine brĂ©silienne Guajará-Mirim) indique qu'il s'agit d'un mot d'origine tupi-guarani se traduisant par « petit rapide » du nom des rapides se situant immĂ©diatement en aval du port de la ville[1]. Une explication alternative plus rĂ©cente, partant toujours d'une origine tupi-guarani, faisant aussi rĂ©fĂ©rence Ă ces rapides, et prenant en compte les attributs lĂ©gendaires de cette barrière naturelle indique qu'il faut traduire GuayaramerĂn par « lieu des femmes sensuelles, sĂ©ductrices » ou « lieu des sirènes »[1].
GĂ©ographie
GuayaramerĂn se situe Ă une altitude de 119 m d'altitude Ă la limite du bouclier amazonien d'origine prĂ©cambrienne[2]. Elle se trouve dans la province de Vaca Diez, dĂ©partement du Beni. Sa localisation est stratĂ©gique, car il s'agit du dernier point navigable de l'artère Ichilo–MamorĂ©, l'un des plus grands axes fluviaux du pays reliant le Beni aux dĂ©partements de Santa Cruz et de Cochabamba. ImmĂ©diatement en aval de GuayaramerĂn, il est coupĂ© par de nombreux rapides en raison de la dĂ©clivitĂ©, et ce jusqu'Ă Porto Velho sur le Rio Madeira, affluent navigable de l'Amazone[3]. La ville appartient Ă la rĂ©gion dite de l'Amazonie bolivienne et forme un pĂ´le urbain au nord du Beni avec sa voisine Riberalta situĂ©e Ă 93 km de lĂ sur le rĂo Beni. Il est envisagĂ© que les deux citĂ©s finissent par former une conurbation, une fois la route les reliant asphaltĂ©e[4]. En revanche, la ville est fortement excentrĂ©e par rapport aux grands centres urbains boliviens, elle est difficile d'accès tant depuis l'Altiplano que depuis l'Orient, mais, de par sa situation de ville frontière, elle est accessible depuis l'État brĂ©silien du RondĂ´nia se trouvant de l'autre cĂ´tĂ© du MamorĂ©.
Histoire
En 1846, JosĂ© AgustĂn Palacios Pinto est le premier Ă mentionner et nommer les rapides de GuayaramerĂn, juste en aval de l'actuelle ville[5]. Un tĂ©moignage datant de 1868 indique qu'il existe sur place quelques baraques destinĂ©es aux commerçants naviguant sur le MamorĂ©, forcĂ©s de faire halte en raison de la rupture de charge provoquĂ©e par la prĂ©sence des rapides[5]. La ville fut fondĂ©e le , sous le nom de Puerto Palmira. Cette fondation se fit dans le cadre du plan de colonisation de l'Amazonie bolivienne[5].
Le boom du caoutchouc accroit l'importance stratĂ©gique du bourg en tant que tĂŞte de pont de la Bolivie vers le BrĂ©sil et au-delĂ , l'Atlantique. La richesse gĂ©nĂ©rĂ©e par l'exploitation du caoutchouc provoque les convoitises du BrĂ©sil sur les immenses territoires boliviens de l'Acre une situation qui se cristallise lors de la guerre de l'Acre se terminant par l'annexion par ce pays de l'Acre. Cette perte fait prendre conscience Ă la Bolivie l'importance qu'il y a d'intĂ©grer ses territoires pĂ©riphĂ©riques amazoniens. En 1905, il est dĂ©cidĂ© de faire de GuayaramerĂn un port officiel de la RĂ©publique sous le nom de Puerto Sucre[5]. L'une des clauses du traitĂ© de PetrĂłpolis qui fait suite Ă la guerre statue que le BrĂ©sil doit en compensation Ă la perte de l'Acre par la Bolivie, construire un chemin de fer entre le MamorĂ© et le Madeira permettant de relier la Bolivie Ă l'Atlantique, une voie jusqu'alors coupĂ©e par les rapides se trouvant en aval de GuayaramerĂn.
Le chemin de fer qui part de l'actuelle Guajará-Mirim, en face de GuayaramerĂn en territoire brĂ©silien et a pour terminus Porto Velho est construit de 1907 Ă 1912 et renforce l'importance stratĂ©gique du port bolivien en tant que point de rupture de charge entre le Pacifique et l'Atlantique. La localitĂ© est urbanisĂ©e selon un plan en damier entre 1909 et 1911. En 1915, son port retrouve son ancien nom de GuayaramerĂn[5]. En 1931, Ă la veille de la guerre du Chaco, il est fait port majeur[5].
DĂ©mographie
Culture
GuayaramerĂn n'a pas Ă©tĂ© marquĂ©e comme les localitĂ©s du sud du Beni par la prĂ©sence missionnaire jĂ©suite ; formĂ©e assez rĂ©cemment par des migrants aux origines diverses, les traditions locales Ă caractère religieux n'y ont pas la prĂ©gnance existant dans le sud du dĂ©partement[7]. De ce fait, les principales cĂ©lĂ©brations sont rĂ©publicaines ; la fĂŞte nationale, le jour de la mer et l'anniversaire de la fondation de la ville[7]. L'une des spĂ©cificitĂ©s de la ville est l'existence d'un « jour de l'intĂ©gration » durant lequel les diverses composantes de la sociĂ©tĂ© locale, migrants de l'Altiplano, descendants des peuples amĂ©rindiens de l'Amazonie font des dĂ©monstrations de leurs danses[7]. Certains d'entre eux tels les Baure ont de fortes traditions religieuses hĂ©ritĂ©es du passĂ© missionnaire mais celles-ci leur restent spĂ©cifiques et ne sont pas partagĂ©es par l'ensemble de la sociĂ©tĂ©[7]. Contrairement Ă Cobija, autre ville frontière de l'Amazonie bolivienne, la culture brĂ©silienne n'occupe pas une place importante, le portugais bien que gĂ©nĂ©ralement compris n'est pas parlĂ©[8], l'influence du pays voisin se note cependant par le fait que la musique brĂ©silienne y soit populaire[9].
Transport
De par sa position excentrĂ©e par rapport au territoire national, GuayaramerĂn se trouve très isolĂ©e des grands centres urbains boliviens.
GuayaramerĂn dispose d'un port la mettant en connexion directe avec les dĂ©partements de Cochabamba, Santa Cruz et le Beni via l'axe fluvial Ichilo–MamorĂ© navigable jusqu'Ă Puerto Villaroel pour les navires de fort tonnage en saison humide et jusqu'Ă Trinidad en saison sèche[10].
Par la route, elle est reliée à Riberalta à 93 km à l'est, il s'agit de la liaison la plus transitée de l'Amazonie bolivienne[4], à partir de là , il est possible d'accéder au nord à Cobija dans le département de Pando ainsi qu'au sud-ouest et sud-est à l'orient bolivien (Trinidad, Santa Cruz de la Sierra) et à l'Altiplano (La Paz) via la localité de Rurrenabaque. Le réseau routier brésilien est accessible de l'autre via la traversée du fleuve Mamoré. Une gare routière existe, d'où partent des autobus vers les destinations indiquées précédemment[10].
L'aéroport Emilio Beltrán assure des liaisons aériennes avec La Paz, Cochabamba et Santa Cruz, sa piste non asphaltée, d'une longueur de 2000m est capable d'accueillir des gros porteurs. Dans les années 1990, il y avait jusqu'à six atterrissages par jour sur l'aéroport, ce qui en faisait le cinquième en termes de flux de passagers à l'échelle nationale[10].
Centre de commandement de la marine bolivienne
GuayaramerĂn est le siège de l'Ă©tat-major du districto naval Madera, l'un des six districts des forces navales boliviennes. En 1963, l'Armada boliviana constituĂ©e la mĂŞme annĂ©e installe une section de bataillon fluvial Ă GuayaramerĂn[11]. Le personnel militaire est Ă cette Ă©poque rĂ©duit en raison du manque de logements. Il prend ses quartiers dans ce qui est actuellement le siège local de l'entreprise pĂ©trolifère YPFB[11]. En 1967-68, la marine acquiert de nouveaux terrains sur la rive du MamorĂ© et, le troisième district naval Madera est crĂ©Ă© en 1968. En 1971, un centre de commandement est construit et en 1990 un arsenal[11].
La juridiction du district s'étend sur 484 km de voies navigables, certaines d'entre elles constituant la frontière avec le Brésil, du département de Pando jusqu'à la province d'Iténez[11].
Notes et références
- Crespo Avaroma 2006, p. 75-93
- Crespo Avaroma 2006, p. 27-39
- Crespo Avaroma 2006, p. 181-191
- Wilder Molina 2008, p. 73
- Crespo Avaroma 2006, p. 217-230
- (es) Carlos D. Mesa Gisbert, Historia de Bolivia, La Paz, Editorial Gisbert, , 7e Ă©d., 739 p. (ISBN 978-99905-833-3-5, LCCN 2009384771), p. 682-683
- Wilder Molina 2008, p. 79
- Wilder Molina 2008, p. 202
- Wilder Molina 2008, p. 198
- Crespo Avaroma 2006, p. 152-155
- (es) « Segundo Distrito Naval "MAMORE" », sur Armada boliviana (consulté le )
Bibliographie
- (es) Juan Carlos Crespo Avaroma, Decálogo de la geohistoria guayaramirense : una propuesta de identidad geológica, histórica y cultural mojo-amazónica para nuestro municipio, La Paz, Plural Editores, , 1re éd., 236 p. (ISBN 978-99905-63-93-1, LCCN 2006463871)
- (es) A. Wilder Molina et al., Sociedades y territorios culturalesen la regiĂłn AmazĂłnica de Bolivia, La Paz, FundaciĂłn UNIR Bolivia, , 1re Ă©d., 244 p. (ISBN 978-99905-911-6-3, OCLC 465511633, LCCN 2009480798, lire en ligne)