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Grotte de la Roche (Lalinde)

La grotte de la Roche (ou grotte de Birol, parfois abri de la Roche de Birol) est un site préhistorique de la vallée de la Dordogne, situé à Lalinde, en Dordogne, dans la région Nouvelle-Aquitaine. Elle a livré de nombreux vestiges datés du Magdalénien, aujourd'hui exposés dans différents musées en France et à l'étranger.

Grotte de la Roche
Tête de cheval gravée. Os, 4 cm. Neues Museum.
Localisation
Coordonnées
44° 50′ 14″ N, 0° 43′ 06″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Vallée
Localité voisine
hameau de Birol
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
60 m
Longueur connue
21 m
Dénivelé
m
Type de roche
Occupation humaine
DĂ©couverte
1927
Localisation sur la carte de France
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Localisation sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
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Localisation sur la carte de la Dordogne
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Situation

La grotte de la Roche, ou grotte de Birol, se trouve entre Lalinde et Couze-et-Saint-Front, près du hameau de Birol, environ km Ă  l'ouest du village, en rive droite (cĂ´tĂ© nord) de la vallĂ©e de la Dordogne, environ 600 m en amont de la confluence de la Couze avec la Dordogne[1] - [2], et environ 300 m en aval de la rĂ©surgence captĂ©e de Soucy. Elle est proche de deux autres sites magdalĂ©niens : l'abri du Soucy Ă  environ 500 m en amont, et le site de la gare de Couze Ă  environ 500 m en aval.

Ă€ une altitude de 60 Ă  65 m[3], elle est Ă  peu près Ă  mi-hauteur du coteau bordant la vallĂ©e de la Dordogne[1]. Elle est Ă  la base d'un escarpement rocheux qui domine le front de taille d'une ancienne carrière[3].

Historique

En 1927, Peyrille et Delmas découvrent la grotte de la Roche. Les outils et objets d'art magdaléniens mis au jour sont rapidement vendus et dispersés en Europe et en Amérique.

Description

L'entrĂ©e est exposĂ©e au sud-est[3]. Le porche de l'abri est large d'environ 15 m ; il est prolongĂ© par une galerie large de 6 Ă  8 m et longue d'environ 20 m[2]. La grotte est une exsurgence fossile[4].

La grotte a certainement Ă©tĂ© un habitat magdalĂ©nien et probablement aussi un lieu de sĂ©pulture. Elle se prĂ©sente aujourd'hui sur deux niveaux sĂ©parĂ©s par un plancher stalagmitique qui n'existait pas au PalĂ©olithique : l'actuelle galerie infĂ©rieure de la grotte rĂ©sulte des fouilles de 1927-1928, les fouilleurs ayant creusĂ© horizontalement sous le plancher stalagmitique. La partie excavĂ©e fait plusieurs mètres de large sur une douzaine de mètres de long et atteint 1,40 m de hauteur par endroits[5].

Datation

L'analyse typologique et stylistique permet d'attribuer la grotte au MagdalĂ©nien VI, en raison des dĂ©couvertes faites sur un site de plein air voisin : le site de la gare de Couze, fouillĂ© dans les annĂ©es 1960 par François Bordes[6] - [7]. Un bloc gravĂ© Ă  figure fĂ©minine stylisĂ©eno 6._8-0">[8] et une industrie proche de celle de la grotte de la Roche ont Ă©tĂ© trouvĂ©s en stratigraphie sur ce site et sont donc datables. L'occupation de la grotte de la Roche serait par consĂ©quent contemporaine du bloc gravĂ© de Couze, autour de 12 000 ans avant le prĂ©sent[9].

Vestiges

La grotte a livré des restes de faune, des outils de silex tels que burins, grattoirs, lames et burins bec-de-perroquet ; des aiguilles en os, des pointes de sagaie, des harpons, deux bâtons percés, et une dizaine d'objets décorés[10].

Grande pendeloque, ou rhombe de Lalinde, présentée parmi des instruments de musique au musée d'Archéologie nationale.

L'une des dĂ©couvertes remarquables est une pendeloque considĂ©rĂ©e par une partie des chercheurs[11] - [12] comme un rhombe (un instrument Ă  vent souvent rapprochĂ© du churinga australien ou du bull-roarer amĂ©ricain). Cet objet en bois de renne, de forme ovale allongĂ©e et muni d'un trou de suspension, porte un dĂ©cor gĂ©omĂ©trique gravĂ© sur une surface prĂ©alablement recouverte d'ocre rouge. Son interprĂ©tation comme instrument de musique n'est pas certaine : Denis Peyrony le dĂ©crit comme un rhombe et Henri Breuil l'appelle churinga, mais AndrĂ© Leroi-Gourhan ne reprend pas ce diagnostic[13]. Emmanuel Larrouturou, ethnologue palois, voit le pendentif de la grotte de la Roche comme un calculateur[14].

Les trouvailles les plus célèbres sont toutefois des blocs de pierre[n 1] gravés aux motifs étonnants, qui seront reconnus ultérieurement comme des figures féminines stylisées, attribuables au Magdalénien final[6] - [9]. Leur graphisme présente des analogies avec la plastique des Vénus de Gönnersdorf (en), découvertes en Rhénanie-Palatinat, et semble être originaire du Périgord : « Lalinde pour l'art mobilier et la grotte de Fronsac pour l'art pariétal en sont les exemples types[15]. » Une autre représentation similaire vient de l'abri des Harpons (Lespugue, Haute-Garonne) avec une vénus sur baguette en bois de cerf[16].

Conservation

Les deux blocs gravés à figures féminines stylisées les plus connus sont conservés au musée national de Préhistoire, aux Eyzies[17], et au musée Field de Chicago[18]. La grande pendeloque, dite rhombe, est conservée au musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Autres vestiges archéologiques :

  • le musĂ©e Field conserve une collection d'une centaine de pièces provenant de Lalinde[19], dont quatre petits blocs gravĂ©s Ă  figures fĂ©minines stylisĂ©es[20] ;
  • le musĂ©e des Confluences de Lyon conserve le bloc gravĂ© au chamois[21] - [22], quatre os gravĂ©s[23] et quelques objets ;
  • on trouve quelques pièces provenant de Lalinde (notamment une aiguille Ă  coudre intacte) au MusĂ©e de l'Homme, Ă  Paris[19] ;
  • le Museum fĂĽr Vor- und FrĂĽhgeschichte de Berlin a acquis en octobre 1995 une tĂŞte de cheval gravĂ©e sur os provenant de Lalinde, qui avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au public zurichois en 1956 dans une exposition intitulĂ©e Le cheval et l'homme[19].


Notes et références

Notes

  1. Ces pierres gravées sont désignées comme blocs, dalles ou plaques, voire comme plaquettes, au gré des publications.

Références

  1. « Birol sur Lalinde, carte interactive » sur Géoportail.
  2. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 186
  3. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 188.
  4. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 187
  5. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 186-188
  6. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 194.
  7. Tosello 2003, p. 55, 61.
  8. no 6.-8" class="mw-reference-text">Tosello 2003, figure 16 no 6., p. 60.
  9. Tosello 2003, p. 55-61.
  10. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 190-191.
  11. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figure 19, p. 203.
  12. Michel Dauvois, « Homo musicus palaeolithicus et Palaeoacustica », Munibe Antropologia-Arkeologia, no 57,‎ , p. 225-241 (lire en ligne [PDF] sur euskomedia.org), p. 232 « Le rhombe palĂ©olithique ... ».
  13. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 200, 203.
  14. Emmanuel Larrouturou, « Le déchiffrement du pendentif de la grotte à la Roche », sur cromlechs-ossau.blogspot.com.
  15. Georges Sauvet, Javier Fortea, Carole Fritz et Gilles Tosello, « Échanges culturels entre groupes humains paléolithiques entre 20 000 et 12 000 BP », Bulletin de la Société Préhistorique Ariège-Pyrénées, vol. LXIII,‎ , p. 73-92 (lire en ligne [PDF] sur creap.fr)
  16. [Allard 1988] Michel Allard, « Une nouvelle représentation féminine magdalénienne à Lespugue (Haute-Garonne) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 85, no 9 « Actualité scientifique »,‎ , p. 272-274 (lire en ligne [sur persee]).
  17. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 7 et 8, p. 193.
  18. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 10 et 11, p. 198.
  19. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 203-204
  20. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figure 12, p. 199.
  21. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 17 et 18, p. 202.
  22. Tosello 2003, p. 56.
  23. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 13 Ă  16, p. 200-201.

Bibliographie

  • [Delluc, Delluc & Guichard 2008] Brigitte Delluc, Gilles Delluc et Francis Guichard, « Les fouilles de la grotte de la Roche Ă  Lalinde (Dordogne) », Bulletin de la PrĂ©histoire du Sud-Ouest, no 16,‎ , p. 185-205 (lire en ligne [PDF] sur paleosite.free.fr, consultĂ© le ).
  • [Peyrony 1930] D. Peyrony, « Sur quelques pièces intĂ©ressantes de la grotte de La Roche, près de Lalinde (Dordogne) », L'Anthropologie, vol. 40, nos 1-2,‎ , p. 26-27.
  • [Tosello 2003] Gilles Tosello, « Pierres gravĂ©es du PĂ©rigord magdalĂ©nien : Art, symboles, territoires » (577 p.), Gallia PrĂ©histoire, vol. 36 (suppl.),‎ (lire en ligne [sur persee]).
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