Grotte de Gouërris
La grotte de Gouërris est un site préhistorique qui fait partie des grottes de Lespugue, situées dans les gorges de la Save, sur la commune de Lespugue, en Haute-Garonne, en Pays Comminges Pyrénées, région Occitanie, en France. Elle a été occupée pendant le Magdalénien, l'Azilien, le Laborien et le Néolithique récent.
Coordonnées |
43° 14âČ 24âł N, 0° 40âČ 14âł E |
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Pays | |
RĂ©gion | |
DĂ©partement | |
Commune | |
Massif | |
Vallée |
Save |
Voie d'accĂšs |
D9 |
Type | |
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Longueur connue |
17 m |
PĂ©riode de formation | |
Cours d'eau | |
Occupation humaine |
Situation
Les grottes de Lespugue se trouvent dans le sud-ouest de la Haute-Garonne, dans les gorges de la Save, que suit la route D9g, sur la rive droite de la Save, Ă Lespugue. La commune de Montmaurin occupe la rive gauche. Les grottes de Montmaurin se trouvent dans les gorges de la Seygouade, Ă quelque 2 km Ă l'ouest de Lespugue.
La grotte de Gouërris est la seule grotte de cet ensemble qui n'est pas à proprement parler dans la gorge : elle se trouve en effet à une centaine de mÚtres en aval de la fin de ce défilé, au sud du moulin de Gouërris et de la D9 (et non la D9g), à l'extrémité de la vallée creusée pat le ruisseau du Cange - [1].
Description
Son ouverture fait face au nord. Profonde de 17 m, elle est prolongée par un couloir étroit comblé. René de Saint-Périer pense qu'elle était beaucoup plus grande aux temps préhistoriques[2] - [3] - [4].
Fouilles
Les Saint-PĂ©rier la fouillent de 1924 Ă 1926[3].
Occupation humaine, stratigraphie
Selon René de Saint-Périer, la grotte est occupée au Magdalénien[5] (niveau C[3]), à l'Azilien (couche B) et au Néolithique récent[6] (niveau A[3]). Cependant la couche B inclut du matériel rappelant le Laborien[5].
Saint-PĂ©rier prĂ©cise que, selon lui, le MagdalĂ©nien (niveau C) se rattache à « une phase ancienne oĂč le harpon est encore inconnu » et se rapproche du MagdalĂ©nien ancien de la grotte des Scilles[7] ; or, d'aprĂšs Jean Clottes, les deux premiers stades du MagdalĂ©nien ancien ne sont pas encore connus dans les PyrĂ©nĂ©es et la grotte des Scilles date trĂšs probablement du MagdalĂ©nien III, ou peut-ĂȘtre IV[8] - [3].
Gouërris et Manirac (Lectoure, Gers) présentent les occupations laboriennes les plus distinctes[6].
Industrie lithique
La couche C (Magdalénien) a livré un polissoir[9], en plus d'une industrie de type « Dordogne »[10].
L'ensemble mobilier de la couche C[11], comprenant des sagaies à double pointe, des sagaies longues et fines à biseau simple et des baguettes demi-rondes, rappelle à la fois le Magdalénien III et IV. La présence de lamelles à cran trÚs nombreuses, un contour découpé et des sagaies à double biseau font pencher vers une attribution au Magdalénien IV[12].
- Lames et nucléus
- Burins, perçoirs et grattoirs
- Outils microlithiques
La couche B contient des pointes de Malaurie et des rectangles, outillage typique du Laborien. Les harpons associés à l'industrie lithique semblent différents des harpons aziliens classiques[5] - [13].
- Lames en silex
- Lames a dos rabattu et lames canif
- Lames Ă encoches et burins
- Grattoirs et disques
Mobilier archéologique
Lampe Ă huile
La lampe Ă huile de GouĂ«rris est dĂ©couverte par RenĂ© de Saint-PĂ©rier dans le niveau magdalĂ©nien[3] (niveau C), prĂšs d'un foyer[14], Ă l'extrĂȘme fond de la grotte[15]. Elle est faite d'un galet de quartzite (« semblable Ă ceux de la Save ») de forme trapĂ©zoĂŻdale, grossiĂšrement Ă©vidĂ©[16], de dimensions 150 Ă 120 mm[3]. Lors de sa dĂ©couverte, la cavitĂ© du galet contenait « environ 10 cm3 d'une matiĂšre noire pulvĂ©rulente, qui a laissĂ© une empreinte bien nette sur le fond »[17].
Une analyse (dont la méthode n'est pas mentionnée) du contenu de la lampe est effectuée vers 1926 par M. Boulanger, directeur du laboratoire de chimie appliquée de la faculté des sciences de Paris[18] - [3]. Elle révÚle la présence de matiÚre organique (la « matiÚre noire pulvérulente »[19].
Sophie Archambault de Beaune, qui publie en 1987 une étude exhaustive des lampes paléolithiques, mentionne qu'à cette date la lampe de Gouërris n'a pas été retrouvée ; et qu'elle n'a pas pu étudier la collection Saint-Périer récemment déposée au musée d'Archéologie nationale, cette collection n'étant pas encore disponible[3].
Autres éléments
- Couche A
Elle a livré des sépultures contenant du mobilier funéraire[20].
- Couche B
- Niveau B, Outils en os et coquillages perforés
- Harpons
- Parures
- Couche C
- L'image ci-contre montre une moitié d'anneau en bois de renne (n° 1) trÚs réguliÚrement taillé et poli, un objet rate parmi le mobilier magdalénien ; il est comparable à "la poignée" trouvée à la grotte du Placard, bien que cette derniÚre soit munie de crans latéraux absents ici. Les peignes inuits en bois de cervidé se terminent par un anneau similaire[21].
- Le no 2 est une lame d'os incomplĂšte trouvĂ©e dans un foyer trĂšs stalagmitĂ© sous le surplomb de la grotte ; soigneusement polie sur les deux faces, elle porte Ă l'une de ses extrĂ©mitĂ©s une perforation dont on ne voit plus que la trace. La face convexe est ornĂ©e de deux figures trĂšs schĂ©matiques, sorte de scalariforme. Il Ă©tait peut-ĂȘtre portĂ© en pendeloque[22].
- Le no 3 est un fragment de baguette demi-ronde gravĂ©e de lignes onduleuses qui entourent une ellipse centrale, peut-ĂȘtre la schĂ©matisation d'un Ćil vu de face[22].
- Le no 4 est un fragment de cÎte dont une face seulement est conservée, couverte de traits parallÚles équidistants ; probablement un manche d'outil, avec les stries assurant une meilleure préhension[22].
- Le no 5 est une plaque osseuse plus épaisse et plus large que la n° 2, avec une petite perforation[22].
- Le no 6 est une plaquette en os bien polie, légÚrement étranglée, avec deux perforations à chacune de ses extrémités ; comparable aux agrafes de ceinture des Inuits[22].
Dans l'image ci-contre, la piÚce no 1 est la seule pointe de sagaie en os, comme la plupart des sagaies aurignaciennes et solutréennes ; toutes les autres sagaies de ce niveau sont en bois de renne. De plus elle est ventrue au centre et pointue aux extrémités, et l'une des extrémités est légÚrement incurvée - une courbure que l'on retrouve en plus accentué dans les sagaies de la Spugo de Ganties (Haute-Garonne)[23].
- Sagaies avec symboles de flĂšches
- Sagaies avec symboles de flĂšches
- Baguettes demi-rondes
Vestiges de faune
La couche B (Azilien) a livrĂ© une phalange unguĂ©ale de cheval trouvĂ©e par RenĂ© de Saint-PĂ©rier et portant dans les scissures plantaires[n 1], et sur la face infĂ©rieure des traces de coups allant en convergeant du bord postĂ©rieur au bord antĂ©rieur. La couche A (MagdalĂ©nien supĂ©rieur) de l'abri des Harpons en a livrĂ© deux similaires, et 21 des 103 phalanges unguĂ©ales de l'abri de la Madeleine (Dordogne) portent les mĂȘmes traces[24].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Sophie de Beaune, « Lampes et godets au PalĂ©olithique » (monographie), Gallia PrĂ©histoire, no 23 « Suppl. »,â (lire en ligne).
- Didier Cailhol, Laurent Bruxelles, Céline Pallier, Fabien CallÚde, Olivier Dayrens, Francis Duranthon, Christian Salmon, Laure-Amélie Lelouvier et Marc Jarry, « De la géoarchéologie à la karstologie, le site du Castet à Montmaurin », dans Marie Laroche, Laurent Bruxelles, Philippe Galant & Martine Ambert (dir.), Paysages pour l'Homme (Actes du colloque international en hommage à Paul Ambert, CavtiÚres (Hérault), 15-19 octobre 2019), éd. Association culturelle des Amis de CabriÚres, (lire en ligne [PDF]), p. 145-153.
- CĂ©lia Fat Cheung, Aude Chevallier, Peggy Bonnet-Jacquement, Mathieu Langlais, Jean-Georges FerriĂ©, Sandrine Costamagno, Delphine Kuntz, VĂ©ronique Laroulandie, Jean-Baptiste Mallye, Nicolas Valdeyron et Sophie Ballista, « Comparaison des sĂ©quences aziliennes entre Dordogne et PyrĂ©nĂ©es : Ă©tat des travaux en cours » (Actes de la sĂ©ance de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française de Bordeaux, 24-25 mai 2012), Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, no 3 « Les groupes culturels de la transition PlĂ©istocĂšne-HolocĂšne entre Atlantique et Adriatique »,â , p. 17-44 (ISSN 2263-3847, lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
- Mathieu Langlais, Jean-Marc PĂ©tillon, Sophie de Beaune, Pierre Cattelain, François-Xavier ChauviĂšre, Claire Letourneux, Carolyn Szmidt, Claire Bellier, Roelf Beukens et Francine David, « Une occupation de la fin du dernier maximum glaciaire dans les PyrĂ©nĂ©es : le MagdalĂ©nien infĂ©rieur de la grotte des Scilles (Lespugue, Haute-Garonne) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© PrĂ©historique Française, vol. 107, no 1,â , p. 5-51 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- RenĂ© de Saint-PĂ©rier, « Faune fossile du pont de GouĂ«rris Ă Lespugue », Revue de Comminges,â 2e trimestre 1925, p. 91-99 (lire en ligne).
- RenĂ© de Saint-PĂ©rier, « La grotte des Scilles Ă Lespugue (Haute-Garonne) », L'Anthropologie, vol. 36,â , p. 15-40 (lire en ligne).
- RenĂ© de Saint-PĂ©rier, « La Grotte de GouĂ«rris Ă Lespugue », L'Anthropologie, vol. 37,â , p. 233-276 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Danielle Stordeur-Yedid, « Les aiguilles Ă chas au PalĂ©olithique » (monographie), Gallia PrĂ©histoire, no 13 « suppl. »,â (lire en ligne).
Notes et références
Notes
- Pour les scissures plantaires, voir Henri Bouley, Traité de l'organisation du pied du cheval (Atlas de 34 planches dessinées par Edm. Poché), Paris, éd. Labé, (lire en ligne), planche I, fig.1 (E : scissure plé-plantaire) et fig. 2 (H : scissure plantaire).
Références
- Cailhol et al. 2019, p. 145.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 274.
- Beaune 1987, p. 206.
- « Doc 24 : Grotte de Gouerris. (Lespugue - 31). Plan », Bulletin de la SociĂ©tĂ© MĂ©ridionale de SpĂ©lĂ©ologie et de PrĂ©histoire, no 25,â , p. 106 (lire en ligne, consultĂ© en ).
- Fat Cheung et al. 2014, p. 36.
- Fat Cheung et al. 2014, p. 34.
- Saint-Périer 1927. Cité dans Beaune 1987, p. 206.
- Jean Clottes, « Les civilisations du Paléolithique supérieur dans les Pyrénées », dans Henri de Lumley (dir.), La Préhistoire française, Paris, éd. CNRS, , p. 1212-1231. Cité dans Beaune 1987, p. 206.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 273.
- (en) Paul G. Bahn, « Interâsite and interâregional links during the Upper Palaeolithic: the Pyrenean evidence », Oxford journal of Archaeology, vol. 1, no 3,â , p. 247-268.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 257-273.
- Stordeur-Yedid 1979, p. 62.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 275.
- Beaune 1987, p. 51.
- Beaune 1987, p. 48.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 272-273.
- Saint-Périer 1927, p. 272-273. Cité dans Beaune 1987, p. 206.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 272.
- Saint-Périer 1927. Cité dans Beaune 1987, p. 13, 34.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 239.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 268-270.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 270.
- Saint-PĂ©rier 1927, p. 266.
- Dorothy Garrod, « Traits de silex sur phalanges de Cheval palĂ©olithiques », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 22, no 11,â , p. 295-296 (lire en ligne), p. 296.