Laborien
Le Laborien est une culture archéologique de l'Épipaléolithique (phase finale du Paléolithique), définie en 1963 par Laurent Coulonges à partir des vestiges découverts dans la grotte de la Borie del Rey, à Blanquefort-sur-Briolance, dans le Lot-et-Garonne.
Lieu Ă©ponyme | Grotte de La Borie del Rey (Blanquefort-sur-Briolance) |
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Auteur | Laurent Coulonges (1963) |
Répartition géographique | France |
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Période | Épipaléolithique |
Chronologie | 12 500 Ă 10 800 ans AP |
Tendance climatique | Charnière glaciaire / tempéré |
Cette époque est marquée par un style figuratif unique en même temps que par l'émergence de la production de nouvelles lames. On voit toutefois la persistance de cailloux gravés aziliens emblématiques avec des dessins géométriques[1].
Chronologie
Le Laborien succède à l'Azilien et précède le Mésolithique. Il s'étend d'environ 12 500 à 10 800 ans avant le présent (AP)[2] (10500 à ). Le Laborien chevauche ainsi le passage de la dernière période glaciaire à la période interglaciaire qu'est l'Holocène, vers
Le Laborien ancien correspond à peu près à la deuxième moitié du Dryas récent (dernier stade du Pléistocène supérieur), et le Laborien récent au début de l'Holocène[3].
Historique
La première publication du nom Laborien est due à Laurent Coulonges en 1963 pour la grotte de la Borie[4]. Il conteste ainsi le modèle culturel d'un Magdalénien final progressivement enrichi par des éléments aziliens, proposé par François Bordes et Denise de Sonneville-Bordes[5] en 1979[6].
Selon Barbaza (1997), le Laborien est assez bien connu au nord de la Garonne, où il se manifeste immédiatement après le Magdalénien et en parallèle avec l'Azilien périgourdin et pyrénéen. Au sud en revanche, il semble qu'il n'apparaisse qu'à un stade avancé voire final de son développement[7].
DĂ©finition actuelle
Dans les années 2010 un projet « Laborien » est financé par le conseil départemental du Lot-et-Garonne et inclut une revue des séries de la grotte de la Borie del Rey et de celles du site de plein air du camping du Saut, à Port-de-Penne (Penne-d'Agenais), tous deux dans le Lot-et-Garonne. En 2014, Langlais et al. proposent une première réévaluation du Laborien du sud-ouest français[4]. En 2019, cette culture est subdivisée en deux phases : une phase ancienne comprenant Protolaborien et Laborien, et une phase récente, l'Épilaborien[2].
Le Laborien s'Ă©tend en France du massif armoricain aux confins de l'Italie[2].
Caractéristiques
Le Laborien est caractérisé par des pointes de Malaurie[5] (pointes à dos et base tronquée[8]), des rectangles, des pointes des Blanchères et des bitroncatures trapéziformes[5]. L'outillage est dominé par des pièces tronquées, des grattoirs, des burins et, en moindre quantité, de pièces aux tranchants mâchurés. Les lames et lamelles sont normalisées[9].
Sites laboriens
L'abri Morin, à Pessac-sur-Dordogne (Gironde), est l'un de ces sites où les couches supérieures de la stratigraphie, auparavant dites du Magdalénien final, ont été requalifiées comme relevant de l'Azilien et du Laborien[10]. Ce dernier se trouve aussi dans la grotte du Moulin (Troubat) (au-dessus de la couche 6), avec des pointes à dos et base tronquée, et des rectangles ; sur le site de Buholoup (Montberaud, Haute-Garonne) ; à la grotte de la Tourasse (Saint-Martory, Haute-Garonne)[11], etc. Selon Fat Cheung et al. (2014), les occupations laboriennes les plus distinctes sont celles de Manirac (Lectoure, Gers)[12] et de la grotte de Gouërris (grottes de la Save, à Lespugue, Haute-Garonne)[13].
Notes et références
- [Pasty et al. 2002] Jean-François Pasty, Philippe Alix, Christèle Ballut, Christophe Griggo et René Murat, « Le gisement épipaléolithique à pointes de Malaurie de Champ-Chalatras (Les Martres d'Atrière, Puy-de-Dôme) », Paléo, no 14,‎ , p. 101-176. Cité dans Naudinot et al. 2019, paragr. 6.
- Langlais et al. 2019, « Introduction », p. 2.
- Langlais et al. 2019, p. 4.
- Langlais et al. 2014, p. 83.
- Langlais et al. 2019, « Corpus », p. 3.
- Mallye et al. 2015, p. 154.
- [Barbaza 1997] Michel Barbaza, « L'Azilien des Pyrénées dans le contexte des cultures de la fin du Tardiglaciaire entre France et Espagne », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 94, no 3,‎ , p. 315-318 (lire en ligne [sur persee]), p. 316-317.
- Mallye et al. 2015, p. 156.
- Langlais et al. 2019, p. 5.
- Mallye et al. 2015, p. 153.
- Barbaza 1997, p. 317.
- Langlais et al. 2015, p. 109. Cité dans Fat Cheung et al. 2014, p. 34.
- Fat Cheung et al. 2014, p. 34.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- [Fat Cheung et al. 2014] Célia Fat Cheung, Aude Chevallier, Peggy Bonnet-Jacquement, Mathieu Langlais, Jean-Georges Ferrié, Sandrine Costamagno, Delphine Kuntz, Véronique Laroulandie, Jean-Baptiste Mallye, Nicolas Valdeyron et Sophie Ballista, « Comparaison des séquences aziliennes entre Dordogne et Pyrénées: état des travaux en cours » (Actes de la séance de la Société préhistorique française de Bordeaux, 24-25 mai 2012), Bulletin de la Société préhistorique française, no 3 « Les groupes culturels de la transition Pléistocène-Holocène entre Atlantique et Adriatique »,‎ , p. 17-44 (ISSN 2263-3847, lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org, consulté le ).
- [Langlais et al. 2010] Mathieu Langlais, Peggy Bonnet-Jacquement, Luc Detrain et Nicolas Valdeyron, « Le Laborien : ultime sursaut technique du cycle évolutif paléolithique du Sud-Ouest de la France ? » (XXVIIe Congrès Préhistorique de France, Bordeaux-Les Eyzies 31 mai-5 juin 2010), Société Préhistorique Française « Transitions, Ruptures et Continuité en Préhistoire »,‎ , p. 567-582.
- [Langlais et al. 2014] Mathieu Langlais, Luc Detrain, Jean-Georges Ferrié, Jean-Baptiste Mallye, Benjamin Marquebielle, Solange Rigaud, Alain Turq, Peggy Bonnet-Jacquement, Myriam Boudadi-Maligne, Solène Caux, Célia Fat Cheung, Nicolas Naudinot, André Morala, Nicolas Valdeyron et François-Xavier Chauvière, « Réévaluation des gisements de La Borie del Rey et de Port-de-Penne : nouvelles perspectives pour la transition Pléistocène-Holocène dans le Sud-Ouest de la France » (Bordeaux, 24-25 mai 2012), Actes de la séance de la Société préhistorique française, no 3,‎ , p. 83-128 (lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org, consulté le ).
- [Langlais et al. 2015] Mathieu Langlais, Véronique Laroulandie, Jérémie Jacquier, Sandrine Costamagno, Pierre Chalard, Jean-Marc Pétillon, Solange Rigaud, Jean-Baptiste Mallye, Aurélien Royer, Luca Sitzia et al., « Le Laborien récent de la grotte-abri de Peyrazet (Creysse, Lot) : nouvelles données pour la fin du Tardiglaciaire en Quercy », Paléo, no 26,‎ (lire en ligne [PDF] sur hal.archives-ouvertes.fr, consulté le ).
- [Langlais et al. 2019] Mathieu Langlais, Nicolas Naudinot, Jean-Francois Pasty, Benjamin Marquebielle, Célia Fat Cheung, Peggy Bonnet-Jacquement et Luc Detrain, « D’un Massif à l’autre : synthèse sur le Laborien entre France méridionale et atlantique » (communication au 27e Congrès Préhistorique de France, 30 mai - 4 juin 2016, Amiens), Mémoire de la Société Préhistorique Française « L’Europe du nord-ouest autour de 9 600 Cal.B.C. : quels changements ? »,‎ , p. 349-362 (lire en ligne [sur hal.archives-ouvertes.fr], consulté le ).
- [Mallye et al. 2015] Jean-Baptiste Mallye, Delphine Kuntz, Mathieu Langlais, Myriam Boudadi-Maligne, Carolyn Barshay-Szmidt, Sandrine Costamagno, Jean-Marc Pétillon, Lionel Gourichon et Véronique Laroulandie, « Trente ans après, que reste-t-il du modèle d'azilianisation proposé au Morin par F. Bordes et D. de Sonneville-Bordes ? » (Actes de la table ronde organisée en hommage à Guy Célérier, Les Eyzies-de-Tayac, 24-26 juin 2015, A Averbouh, P Bonnet-Jacquement & JJ Cleyet-Merle dir. Partie 1 - Le Temps Long : les sociétés préhistoriques du Paléolithique final au début du Mésolithique - 1c : Les groupes humains et leurs cultures matérielles), Paléo, no spécial,‎ , p. 153-166 (lire en ligne [PDF] sur academia.edu, consulté le ).
- [Naudinot et al. 2019] Nicolas Naudinot, Jean-Pierre Fagnart, Mathieu Langlais, Ludovic Mevel et Boris Valentin, The last Late glacial and Early Holocene societies in France (abridged version) Overview of thirty years of research, , 5-7 p., sur journals.openedition.org (lire en ligne).