GrĂšve de 1949-1950 contre la guerre d'Indochine
La grÚve des dockers de 1949-1950 en France, dirigée contre la guerre d'Indochine, en bloquant les expéditions de matériel militaire, qui a eu lieu à Marseille puis dans les autres ports français, du 2 novembre 1949 au 18 avril 1950, est un des conflits sociaux les plus importants de la Guerre froide et l'un des plus durs de l'histoire de la corporation des dockers[1] en France.
Avec la mobilisation lors du procÚs du militaire Henri Martin, condamné le 20 octobre 1950 à cinq ans de prison pour complicité de sabotage, c'est l'un des deux axes de l'opposition du Parti communiste français à la guerre d'Indochine, selon l'historien Jean-Pierre Rioux[2].
La grĂšve est partie d'un refus d'embarquer des armes pour la guerre d'Indochine. Parmi les autres revendications qui motivent par la suite cette grĂšve, Ă©tendue Ă la plupart des ports français, se mĂȘlent des exigences salariales comme le slogan "nos trois mille francs"[1] et des mots d'ordre Ă la fois pacifistes et anti-impĂ©rialistes[1]. L'action a lieu Ă Dunkerque, Rouen Saint-Nazaire, Marseille, Nice, La Pallice, Bordeaux, Cherbourg, Brest et Tunis[3]. Ă Marseille, elle commence le 8 novembre 1949, dure une vingtaine de semaines et se termine par une dĂ©faite le 18 avril 1950 et un Ă©chec important des grĂ©vistes.
Contexte historique et politique
Le contexte social français
Le conflit des dockers s'inscrit dans un contexte socio-économique difficile et conflictuel[4] - [1]. Le climat social s'est tendu depuis 1947 et l'exclusion des ministres communistes du gouvernement, avec des privations dues au rationnement. La CGT est en conflit avec les gouvernements successifs ce qui s'est traduit par les GrÚves de 1947 en France et la GrÚve des mineurs de 1948[5]. La grÚve des dockers de 1949-1950 constitue « un des mouvements sociaux et politiques les plus importants » de la IVe République, aprÚs ces deux conflits.
Le contexte social international
Au mĂȘme moment, la crĂ©ation le 7 dĂ©cembre 1948 d'une ConfĂ©dĂ©ration internationale des syndicats libres met sous tension le monde social et politique[4]. Le 15 juillet 1940, dĂ©bute Ă Marseille une "confĂ©rence internationale des marins et dockers", au cours de laquelle est fondĂ©e une "Union internationale des marins, dockers, fluviaux, pĂȘcheurs et travailleurs des ports" basĂ©e Ă Marseille[4].
Le contexte culturel
En octobre 1949, le film Un homme marche dans la ville, tournĂ© dans la ville portuaire du Havre, sous le patronage du quotidien Le Havre libre, au profit de la Caisse de solidaritĂ© et du Syndicat des ouvriers du port[6], reçoit une critique Ă©logieuse de quotidiens de droite comme Le Parisien libĂ©rĂ© du 13 octobre, oĂč Jacqueline Michel salue le film et estime que « seule, une grande rĂ©alisation pouvait toucher aussi profondĂ©ment les dockers du Havre dont Pagliero a entendu battre le cĆur »[6]. Le Parti communiste s'indigne alors que « des millions ont Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©s pour calomnier la classe ouvriĂšre dans un film infect »[6]. Son hebdomadaire L'Avenir du Havre publie le 14 octobre 1949 un long article du docker Jean Ferrand selon lequel le film « tente de traĂźner une catĂ©gorie de travailleurs dans la fange »[6]. Mais c'est seulement six mois plus tard que sera dĂ©cidĂ©e son interdiction dâexploitation dans la ville, le 12 avril 1950, aprĂšs un nouveau tir de barrage de la presse communiste, lui reprochant de dĂ©peindre les dockers domme « des ivrognes paresseux et brutaux, prĂ©occupĂ©s surtout de bagarres et de coucheries », dans le but de discrĂ©diter leur grĂšve. Plusieurs cinĂ©astes sympathisants vont alors crĂ©er des scĂ©narios plus valorisants, comme Vivent les dockers, de Robert MĂ©nĂ©goz qui sort dĂšs juin 1950, avec un commentaire, trĂšs lyrique[1], d'AndrĂ© Stil tandis que Paul Carpita, dans Le Rendez-vous des quais, dĂ©peint le jeune couple de Robert et Marcelle, docker et ouvriĂšre en biscuiterie, qui cherchent vainement un logement Ă Marseille. Lui refuse de rejoindre la bande de syndicaliste de son frĂšre, et se fait manipuler par une promesse de logement, jusqu'aux limites de la compromission lorsque les dockers partent en grĂšve contre la Guerre d'Indochine.
Le contexte de la Guerre d'Indochine
Les Ă©lus communistes refusent de voter les crĂ©dits de la Guerre d'Indochine dĂšs mars 1947[7]. La Guerre dâIndochine (1946-1954), est qualifiĂ©e par les communistes et la CGT de « prĂ©lude Ă un troisiĂšme conflit mondial »[4] et amĂšne la France Ă ĂȘtre plus intĂ©grĂ©e au bloc occidental, car elle se retrouve obligĂ©e de renforcer son potentiel militaire face Ă un conflit indochinois « en pleine mutation », devenu beaucoup plus international en raison de l'intervention amĂ©ricaine par des livraisons de matĂ©riel entre autres[8].
La manifestation parisienne du 20 février 1949
Fin décembre 1948 se crée le Mouvement des combattants de la liberté et de la paix, autour de Frédéric Joliot-Curie et Yves Farge[7] et en janvier 1949, André Marty donne le coup d'envoi de la campagne contre la "sale guerre"[7].
Le bureau politique du PCF, dont les militants sont majoritaires Ă la direction de la CGT, a lancĂ© le 20 janvier 1949 le mot dâordre de combat absolu contre la guerre coloniale[8] mais la CGT n'est pas encore trĂšs engagĂ©e, ce qui ne va changer qu'en cours d'annĂ©e 1949[9]. Le PCF se limite alors Ă des actions symboliques Ă Paris. Le 20 fĂ©vrier, une manifestation communiste sur les grands boulevards de Paris dĂ©gĂ©nĂšre en affrontements avec la police[7]. Il s'agit alors, pour le comitĂ© directeur de la SFIO et pour le bureau politique du PCF de dĂ©noncer l'emprisonnement de Tran Ngoc Danh malgrĂ© l'Ă©tat de santĂ© de l'inculpĂ©[10]. Le chef de la dĂ©lĂ©gation reprĂ©sentant le gouvernement de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Vietnam en France depuis 1946 avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 21 janvier Ă son domicile personnel et il sera libĂ©rĂ© en mars.
Le 21 janvier 1948, il est arrĂȘtĂ© par le gouvernement français pour « atteinte Ă l'intĂ©gritĂ© du territoire français » e
Le sujet est surtout évoqué dans les éditions de février et de mars des Cahiers du communisme[8], par Léon Mauvais et Jacques Duclos. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, met en avant le concept de « grÚve politique de masses »[8] et en février, devant la conférence de la fédération de la Seine, il demande à ce qu'elle combatte la fabrication, le transport et la manipulation des armes[8], mais sans aucun passage à l'acte.
L'investissement français passe à 167 000 hommes
Les effectifs du corps expĂ©ditionnaire français en Indochine augmentent de plus de 50% en un peu plus de deux ans pour atteindre 167 000 hommes au 1er janvier 1950[4]. L'effort de guerre s'appuie en grande partie sur le port de Marseille : 59 navires en provenance dâIndochine y arrivent entre le 1er janvier 1949 et le 18 avril 1950[4]. Dans La Marseillaise, du 22 au 27 mai 1949, le journaliste Robert Dubrou prĂ©dit dĂ©jĂ que des bombardiers porteurs dâarmes nuclĂ©aires dĂ©colleront bientĂŽt des bases militaires bordant l'Etang de Berre, pour attaquer « le pays de Stalingrad »[4].
Automne 1949, la torture dénoncée et la Chine impliquée à son tour
Un Ătat du ViĂȘt Nam est proclamĂ© le comme Ătat associĂ© de l'Union française, en pleine guerre d'Indochine pour rĂ©unifier tout le territoire vietnamien et constituer une alternative politique au Viá»t Minh communiste, mais sans emporter l'adhĂ©sion, d'autant que les rĂ©vĂ©lations sur la Torture pendant la guerre d'Indochine ne viennent cependant pas du camp communiste.
En , TĂ©moignage chrĂ©tien publie le rĂ©cit de Jacques Chegaray sur l'utilisation de la torture par l'ArmĂ©e[11], au moment oĂč des enquĂȘtes internes menĂ©es par le Service de sĂ©curitĂ© « Air » Ă la mi-1949 Ă HanoĂŻ repĂšrent l'utilisation de la torture et des exĂ©cutions sommaires en au moins deux occasions sĂ©parĂ©es[11]. Paul Mus Ă©crit une sĂ©rie d'essais condamnant la torture (dont le premier est intitulĂ© « Non, pas ça ! »). En septembre 1949, LĂ©on Pignon, haut fonctionnaire français, administrateur colonial en Indochine dĂ©clare que la torture est contraire Ă tout ce que les Français veulent faire en Indochine.
Le 18 septembre 1949[12], c'est le quotidien progressiste breton Ouest-Matin, fondé neuf mois plus tÎt par Henri Denis, ancien secrétaire général de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), qui publie une lettre du soldat Alexandre Lepan, accusant les troupes françaises d'avoir commis nombre d'atrocités lors de la Guerre d'Indochine[13]. Selon lui, son ancien chef de bataillon, Clauzon, commandant le 22e régiment d'infanterie coloniale, poussait ses hommes au meurtre et au pillage[13]. L'armée ne poursuivra le journal qu'en février-mars 1950, aprÚs les actions des dockers contre ses navires militaires.
Peu aprĂšs ces rĂ©vĂ©lations, autre tournant dans la Guerre d'Indochine, le , Ă PĂ©kin, Mao Zedong proclame la rĂ©publique populaire de Chine et la fin de la guerre civile causĂ©e par lâinvasion japonaise puis la Longue Marche, tandis que le Kuomintang a finalement dĂ» s'exiler Ă TaĂŻwan.
La Chine s'implique alors pour soutenir le Nord de l'Indochine. Les immenses camps amĂ©ricains du Sud de la Chine, abandonnĂ©s, servent alors Ă l'entrainement des troupes du Viá»t Minh qui multiplie ainsi les divisions armĂ©es.
DĂ©roulement
Les instigateurs Ă Marseille, Oran et Dunkerque
Les instigateurs du mouvement de grĂšve qui se gĂ©nĂ©ralise Ă la plupart des ports au tout dĂ©but de l'annĂ©e 1950 Ă©taient basĂ©s dans ceux de Marseille, Oran et Dunkerque, trois lieux oĂč des personnalitĂ©s locales ont jouĂ© dĂšs 1949 un rĂŽle important en se mobilisant en faveur de la dĂ©colonisation. Ă Dunkerque, les dockers sont associĂ©s dĂšs 1948 Ă la grĂšve des mineurs et l'annĂ©e suivante ils associent Ă leur action l'usine de chaudronnerie de Fives-Lille qui livre des locomotives pour l'Indochine. DĂšs dĂ©cembre 1946 puis en janvier et mai 1949, les conseillers gĂ©nĂ©raux communistes de la rĂ©gion Dunkerque-Calais, menĂ©s par rĂ©sistant et leader des dockers Lucien Duffuler, dĂ©noncent la guerre d'Indochine[14]. Le numĂ©ro de la CGT et du PCF dans la rĂ©gion, Auguste LecĆur, autre hĂ©ros de la RĂ©sistance, organise aussi dans le bassin minier une manifestation contre la Guerre d'Indochine dĂšs l'Ă©tĂ© 1949[15]. Au cours du mĂȘme Ă©tĂ©, mais Ă Marseille, le rĂ©sistant Georges Serano, 3e adjoint au maire communiste Jean Cristofol, qui avait lancĂ© au Viet-Nam, aprĂšs la proclamation de l'indĂ©pendance, la revue locale Lendemains, lance des mouvements contre la guerre arrĂšs avoir pris la tĂȘte du syndicat CGT des marines des Bouches-du-RhĂŽne. Les journalistes sont souvent les premiers en alerte. En aussi, TĂ©moignage chrĂ©tien publie le rĂ©cit de Jacques Chegaray sur l'utilisation de la torture par l'ArmĂ©e[11]. Mais c'est dĂšs le 22 mars 1947 que le jeune rĂ©sistant RenĂ© L'Hermitte[16], envoyĂ© spĂ©cial de L'HumanitĂ© Ă SaĂŻgon avait citĂ© un officier dĂ©nonçant des tortures contre des prisonniers Viet-minh, quelques semaines avant que le PCF soit chassĂ© du gouvernement. Ă Oran, la mobilisation des dockers a commencĂ© en juin 1949, par un congrĂšs de la CGT locale dĂ©cidant de mettre en application les dĂ©cisions du congrĂšs mondial des partisans de la paix, organisĂ© deux mois plus tĂŽt, du 20 au 25 avril 1949, via une rĂ©solution dĂ©clarant la « solidaritĂ© fraternelle avec le peuple vietnamien en lutte pour sa libertĂ© » des dockers d'Oran[17].
Le journal des jeunesses communistes L'Avant-Garde[18] est sensibilisĂ© Ă la cause vietnamienne par l'ex-rĂ©sistante Madeleine Riffaud, qui elle-mĂȘme l'a Ă©tĂ© par sa conseur AndrĂ©e Viollis et ses rencontres avec les leaders vietnamiens. DĂšs janvier 1950[19], les reportages de son directeur LĂ©o FiguĂšres, puis son livre "Je reviens du Vietnam libre", se greffe sur ces actions qui ont fait Ă©voluer la situation. AprĂšs des sĂ©jours Ă Londres en juillet 1948[18], puis Varsovie, et Moscou[18], en janvier 1950 il pĂ©nĂštre au ViĂȘt Nam depuis la Chine[18], au cours des premiers mois de 1950, dans les rĂ©gions libĂ©rĂ©es par le ViĂȘt-minh[18] mais toujours en guerre, d'oĂč il transmet des reportages, aprĂšs avoir eu en Chine des entretiens avec Mao TsĂ©-toung, Liu Shaoki et Chou En-Lai[18], puis passĂ© « plusieurs semaines avec les combattants vietnamiens » et rencontrĂ© trois de leurs principaux dirigeants : HĂŽ Chi Minh, VĂŽ Nguyen Giap et Pham Van Dong[18]. Revenu Ă Paris en juillet 1950 pour une confĂ©rence de presse[18], et avec les propositions dâHĂŽ Chi Minh relatives Ă lâĂ©change des prisonniers de guerre[18], il fut l'objet d'un mandat dâarrĂȘt pour « dĂ©moralisation de lâarmĂ©e et de la nation » et dut se rĂ©fuguer dans la clandestinitĂ©[18].
Dunkerque mobilisée dÚs 1948 puis en 1949
Dans certains ports, des conflits sociaux dĂ©marrent plus tĂŽt qu'ailleurs sous forme intermittente, parfois en se greffant sur un autre conflit, dans les mines. Ainsi Ă Dunkerque, 3 000 soldats envoyĂ©s le 19 novembre 1948[20] durent dĂ©charger le charbon Ă la place des dockers barricadĂ©s, solidaires avec la grĂšve des mineurs de 1948. Lucien Duffuler, leur leader depuis 1937, est arrĂȘtĂ© deux jours aprĂšs[21] tout comme Mme Hemelryck, conseiller municipal, et sa sĆur, Mme StĆsberg[22].
Avant-guerre, Lucien Duffuler avait Ă©tĂ© licenciĂ© pour avoir refusĂ© de dĂ©charger des navires allemands Ă croix gammĂ©e aprĂšs lâaccession de Hitler au pouvoir en 1933[23]. PrĂ©sident du ComitĂ© de LibĂ©ration en 1945, hĂ©ros de la RĂ©sistance, il n'en est pas moins condamnĂ© le 12 janvier 1949 Ă huit mois de prison avec sursis[24], puis rĂ©voquĂ© en mai Ă la suite de cette condamnation et des grĂšves et vigoureuses actions contre la guerre dâIndochine[25] - [26], qui laisseront des traces, poussant les milieux Ă©conomiques Ă promouvoir Paul Asseman au sein de la SFIO, afin d'Ă©viter une alliance SFIO-PCF[27].
A plusieurs reprises, dÚs décembre 1946 puis en janvier et mai 1949 et ensuite jusqu'en 1950, les conseillers généraux communistes de la région Dunkerque-Calais auront dénoncé la guerre d'Indochine[14].
DĂšs le 22 octobre 1948, les dockers de Dunkerque avaient dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter le dĂ©chargement des cargaisons de charbon du navire canadien Westminster-Countg[28]. Ils reviennent Ă la charge un mois aprĂšs. Le 18 novembre 1948 les dockers de Dunkerque, qui avaient normalement pris leur poste dans la matinĂ©e se sont mis, menĂ©s par le secrĂ©taire du syndicat CGT Luncien Dufuler, conseiller gĂ©nĂ©ral communiste, Ă bloquer les voies ferrĂ©es par des wagons, et les voies d'accĂšs des quais par des futailles entassĂ©es[29]. Le gouvernement dĂ©cide alors de « rĂ©pĂ©ter la tactique appliquĂ©e dans les mines du Nord, et concentrer dĂšs l'abord des effectifs et des moyens tels que toute rĂ©sistance se rĂ©vĂšle, du cĂŽtĂ© des grĂ©vistes, parfaitement dĂ©risoire » [30]. Face Ă 500 dockers en grĂšve barricadĂ©s, Paris envoie 3000 hommes, C.R.S. et troupes nord-africaines et une semaine plus tard, dans la nuit, les forces d'ordre ont enlevĂ© la barricade qui fermait l'accĂšs du port sur la place Minck [31]? mais Le Monde constate que trois arrestations, celles de Lucien Dufuler, secrĂ©taire du syndicat des ouvriers du port, de Bossu, du comitĂ© de grĂšve, et de la conseillĂšre municipale communiste Mme Helmeryk ont dissipĂ© l'atmosphĂšre d'apaisement dĂ©coulant de la reprise des conversations entre les dockers et le sous-prĂ©fet[32] - .
Le jeune journaliste de Liberté, André Stil découvre le port flamand, et la mer[33], à l'occasion de la « Guerre d'Indochine, qui n'est plus ancrée à Lille, mais à Dunkerque »[33], et en tire une nouvelle publiée dans la revue Europe de janvier 1950, Fleur d'acier, servie par une illustration de Boris Taslitzky, déjà célÚbre. Utilisant la métaphore de la « machine à écrire à sept branches »[33], s'inspirant du chandelier à sept branches, la nouvelle « accroche à ce petit endroit à tout instant vérifiable, la chose la plus lointaine et la plus difficile à concevoir, qui est la guerre en cours »[33].
La ville lui inspirera aussi sa trilogie Le Premier choc[34], rĂ©clamĂ©e par le PCF en mars 1951, mĂȘme si l'action est centrĂ©e Ă La Rochelle, dont le dernier tome sort fin 1953, peu aprĂšs une FĂȘte de l'HumanitĂ© sous le signe de la lutte contre la guerre d'Indochine et du culte de la personnalitĂ© de Maurice Thorez[35].
Lucien Duffuler est secondĂ© par LĂ©on Lesschaeve dans les actions de solidaritĂ© avec les mineurs puis dans le blocage du matĂ©riel destinĂ© Ă l'Indochine. Fin janvier 1950, Le Monde observe que LĂ©on Lesschaeve a « attirĂ© l'attention ces temps derniers en essayant d'entraver l'envoi du matĂ©riel destinĂ© Ă l'Indochine », comme des locomotives Fives-Lille[36] - [37], une usine qui avait Ă©tĂ© pendant la guerre paralysĂ©e deux mois en , par l'agent britannique Michel Trotobas pour la rĂ©sistance[38] et oĂč le futur leader MRP Georges Delfosse avait dans la RĂ©sistance aidĂ© au sabotage de locomotives[39].
Les envois de locomotives sont bloqués sur le port de Dunkerque dÚs le Nouvel an 1950[40] et début 1950, L'Humanité titre: « pas de locomotive pour la sale guerre, décident les ouvriers riveurs de la grosse chaudronnerie de Fives-Lille »[41].
La grĂšve des dockers d'Oran
La grĂšve des dockers s'Ă©tend ensuite au grand port d'Oran, considĂ©rĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale comme le " le poumon Ă©conomique de lâOuest algĂ©rien"[42], en AlgĂ©rie française, au cours de la pĂ©riode fĂ©vrier-mars 1950, considĂ©rĂ©e comme un temps fort de l'histoire du mouvement ouvrier algĂ©rien car la grĂšve mobilise les 1750[42] Ă 2500[17] dockers locaux[17] - [42]. Ce conflit avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©, en juin 1949, par un congrĂšs dans cette ville de la CGT locale dĂ©cidant de mettre en application les dĂ©cisions du congrĂšs mondial des partisans de la paix via une rĂ©solution dĂ©clarant la « solidaritĂ© fraternelle avec le peuple vietnamien en lutte pour sa libertĂ© » des dockers d'Oran[17]. Les revendications salariales sâajoutent Ă partir de l'hiver 1949-1950[42] au refus, depuis lâĂ©tĂ© 1949[42], de charger sur les navires le matĂ©riel de guerre. Le 2 janvier 1950, les dockers dâOran demandent Ă lâUnion des syndicats confĂ©dĂ©rĂ©s dâOranie (USCO) de coordonner lâaction contre la guerre du Vietnam.
Les actions de boycott des bateaux pour lâIndochine « constituent des atteintes caractĂ©ristiques Ă la souverainetĂ© nationale » dĂ©clare le Conseil des ministres du 25 janvier 1950[17], qui demande au prĂ©fet du DĂ©partement d'Oran d'interdire les rĂ©unions publiques sur le port[17], ainsi qu'aux 26 dĂ©lĂ©guĂ©s CGT de sâimmiscer dans les opĂ©rations dâembauche[17], ou encore tous les actes ou dĂ©clarations tendant Ă sâopposer « au fonctionnement normal de lâactivitĂ© portuaire »[17]. Il dĂ©cide aussi le licenciement du contrĂŽleur du centre dâembauche, Bouhend Larbi[17].
La grĂšve se durcit Ă partir du 16 fĂ©vrier 1950, quand la CGT dĂ©nonce l'envoi par le prĂ©fet de plusieurs centaines de policiers et gardes rĂ©publicains sur le port pour imposer des mesures obligeant les dockers Ă travailler en prioritĂ© sur les bateaux destinĂ©s Ă lâIndochine, d'autant que le statut des dockers prĂ©voyant que les dĂ©lĂ©guĂ©s soient associĂ©s aux opĂ©rations dâembauche est depuis janvier contournĂ©[42]. Une grĂšve gĂ©nĂ©rale est alors votĂ©e pour le lendemain[42]. Comme dans d'autres ports, les Ă©pouses de dockers et militantes nationalistes de l'Union des femmes algĂ©riennes (UFA) sont mobilisĂ©es pour former le 21 fĂ©vrier une chaĂźne de solidaritĂ© autour du piquet de grĂšve, avec le docteur Camille LarribĂšre[42] et la dĂ©putĂ©e Alice Sportisse[42], mais sans rĂ©ussir Ă prĂ©venir de violentes charges policiĂšres. Dix d'entre elles sont alors blessĂ©s par la police. Parmi les arrestations, celles de 3 dockers, Larbi Ben Habib, Sidi Abdelkader, Bendriss, et Soltani Abdelkader[17], et d'une une femme de docker, Hermine Navarro[17].
La grĂšve se poursuit et s'Ă©tend Ă d'autres secteurs de la ville. Le 27 fĂ©vrier, se rĂ©unissent 7000 manifestants Ă la maison du peuple d'Oran[17], en grande partie des femmes[42], pour un meeting avec Mohamed Boualem, Ă©lu en 1949 secrĂ©taire adjoint du syndicat CGT des dockers d'Oran[17]. Les milliers de manifestants parviennent Ă repousser les forces de lâordre[42], qui s'opposaient au meeting, sous une grĂȘle de pierres[42]. En rĂ©pondant Ă l'arme Ă feu, les policiers causent cinq blessĂ©s graves puis saccagent le siĂšge des syndicats[42]. Parmi les blessĂ©s graves, 4 le sont par balles : Rami Mohamed (docker), Serge Gex (EGA), Martin Michel (Getman) et Saha (docker), tandis qu'Abdelkader Ben Mohamed est blessĂ© par coups de crosse[17]. Les blessĂ©s superficiels sont soignĂ©s par la femme du vice-recteur dâAlger[17], de passage Ă Oran. On compte cette fois 50 arrestations[17], dont 3 maintenues parmi lesquelles celles de Joseph EstĂšve, adjoint au maire dâOran[17].
Marseille se mobilise début novembre 1949
En Provence, dĂšs le 24 aoĂ»t 1949 avait eu lieu une journĂ©e dĂ©partementale de soutien aux grĂ©vistes de Port-de-Bouc, mais avec un succĂšs mitigĂ© et aucun soutien de la direction du PCF[4]. L'arrivĂ©e d'un nouveau secrĂ©taire du syndicat CGT des marins des Bouches-du-RhĂŽne, le rĂ©sistant Georges Serano, avait changĂ© les choses ensuite. CoincĂ© en Indochine en dĂ©cembre 1941, il avait Ă©tĂ© capturĂ© par Japonais Ă HanoĂŻ en mars 1945, alors qu'il militait dans un rĂ©seau de rĂ©sistance anti-japonais, puis avait rĂ©ussi Ă s'Ă©vader en aoĂ»t et Ă crĂ©er, aprĂšs la proclamation de l'indĂ©pendance au Viet-Nam, une cellule du PCF. Il avait dans la foulĂ©e recherchĂ©, sans succĂšs une audience avec Ho Chi Minh et participĂ© Ă la crĂ©ation en octobre 1945 de la revue locale Lendemains, parue pendant dix mois, en solidaritĂ© avec la crĂ©ation du Parti communiste indochinois[43]. Depuis octobre 1947, il est le 3e adjoint au maire communiste de Marseille Jean Cristofol[44]. C'est lui qui le 9 janvier organisera, avec Georges Brunero, secrĂ©taire du syndicat CGT des transports[4], une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă bord du Pasteur au cours de laquelle est dĂ©cidĂ©e une grĂšve de 48 heures par 130 salariĂ©s dont un quart sont des mĂ©tallurgistes de la SPCN en mission pour des rĂ©parations Ă bord[4], en solidaritĂ© avec les Indochinois, qui rĂ©sistĂšrent autrefois Ă lâinvasion des Japonais[4]. Le lendemain, les rĂ©quisitions de l'Ă©quipage annoncĂ©es par le gouvernement sont refusĂ©es par la majoritĂ© du personnel du restaurant et pratiquement tous les marins des machines et du pont ce qui entraine lâimmobilisation du navire[4] mais aussi l'arrestation de Georges Serano par les CRS de garde[4] l'Ă©vacuation du pont des machines par 120 gardes mobiles, gendarmes et gendarmes maritimes le surlendemain[4].
Le 2 novembre, des dockers de Marseille refusent dâembarquer du matĂ©riel Ă bord du MontbĂ©liard Ă destination de lâIndochine[45]. Toujours Ă Marseille, le 3 dĂ©cembre 1949, les dockers CGT annoncent qu'ils refusent tout travail au rendement et heures supplĂ©mentaires du 4 dĂ©cembre au 20 dĂ©cembre, en plus de continuer l'action pour empĂȘcher l'embarquement du matĂ©riel de guerre vers l'Indochine, en demandant aux marins, cheminots, employĂ©s des transports et mĂ©tallurgistes de "mener une lutte efficace" pour mettre fin Ă la guerre[46]. Le 7 novembre, câest le chargement du Cap Tourane qui est bloquĂ©[45]. DĂ©but novembre 1949, un ordre de grĂšve de 24 heures, relativement peu suivi, est lancĂ© aux dockers de Marseille par la CGT pour protester contre les "mesures policiĂšres " prises Ă rencontre des dockers qui refusent de charger le matĂ©riel militaire pour l'Indochine, avec un arrĂȘt d'une heure de travail dans les autres ports de la cĂŽte[47]. Le 8 dĂ©cembre 1949 une confĂ©rence de dockers dĂ©cide de bloquer lâenvoi de tout matĂ©riel Ă destination de lâIndochine au dĂ©part des ports mĂ©diterranĂ©ens: SĂšte, Nice, Portde-Bouc, Port-Saint-Louis, Port Vendre, Toulon et Marseille[45].
Fin novembre, aprĂšs une messe Ă Marseille, Ă la mĂ©moire du gĂ©nĂ©ral Leclerc et de ses soldats, des gaullistes anciens des Forces françaises libres publient un communiquĂ© disant qu'ils veulent assurer eux-mĂȘmes le chargement des navires ravitaillant le corps expĂ©ditionnaire en Indochine[48]. Des collectes sont organisĂ©es dĂšs le mois de dĂ©cembre 1949 puis celui de janvier 1950 pour secourir les dockers sanctionnĂ©s pour leur refus de charger des armes[4].
L'hiver 1949-1950
Alors que la mort d'un militant communiste en novembre 1948 lors de l'Affaire Fougeron avait dĂ©jĂ marquĂ© un durcissement trĂšs net du PCF, la tension reprend lorsque le ComitĂ© central du PCF des 9 et 10 dĂ©cembre 1949 juge vital d'accentuer les actions contre la guerre en gĂ©nĂ©ral, notamment celle d'Indochine[8], dans le sillage des actions des dockers de Marseille. Ă Marseille, la presse communiste se mobilise et appelle toute la population Ă soutenir les dockers: La Marseillaise et Midi-Soir informent les 27 et 28 dĂ©cembre 1949 que le navire Pasteur, symbole de la guerre en ExtrĂȘme-Orient car capable de convoyer Ă lui seul 3000 hommes, repartira bientĂŽt avec un nouveau contingent »[4]. Le 9 janvier 1950, les deux quotidiens rĂ©gionaux du PCF annoncent une manifestation le lendemain contre cet appareillage[4]. D'autres navires sont signalĂ©s aussi par la presse communiste comme partant les 17 janvier, 18 et 22 fĂ©vrier 1950 avec chacun plusieurs centaines de militaires[4]. Ce mĂȘme lundi 9 janvier 1950, des marins et mĂ©tallos du Pasteur retardent le dĂ©part de 48 heures, aprĂšs des affrontements avec la police[45]. Le lendemain, lâĂ©quipage est rĂ©quisitionnĂ©[45].
La fleur d'acier, nouvelle de 16 pages d'André Stil évoquant l'action des dockers de Dunkerque est alors publiée dans la revue Europe de janvier[49], tandis que L'Humanité fait ses gros titres sur leur action.
Le PCF inaugure une phase violente, du dĂ©but 1950, Ă 1952[9], au cours de laquelle les actions contre la Guerre d'Indochine et le rĂ©armement allemand reprĂ©senteront 90% des manifestations, souvent violentes et impliquant Ă partir de 1950 la CGT[9]. Ă La Rochelle, oĂč les dockers refuseront de charger le Sainte-MĂšre-l'Ăglise, marins et dockers affrontent les CRS et Ă Roanne, les heurts feront des blessĂ©s[50]. Mais il y a surtout des morts, dĂšs mars Ă Melun, quand le conducteur d'un camion militaire Ă©crase, pour tenter de se dĂ©gager, des manifestants des usines Delattre qui lui jettent des pierres[9], puis le 15 avril Ă Brest oĂč les soldats tirent sur des manifestants soupçonnĂ©s de jeter de l'acide[9], causant un mort et huit blessĂ©s[9].
L'implication du couple Thorez le 27 janvier 1950
La direction du PCF s'implique elle-mĂȘme dans la violence verbale dĂšs le dĂ©but de l'annĂ©e: le 27 janvier 1950 Ă l'AssemblĂ©e nationale, Jeannette Vermeersch, Ă©pouse de Maurice Thorez, dĂ©nonce " l'envahisseur français brĂ»lant les villages vietnamiens Ă la maniĂšre d'Oradour sur Glane", dans une double allusion, au Massacre du 10 aoĂ»t 1944 par les Allemands contre les maquis de la Haute-Vienne et Ă la prĂ©sence d'ex-nazis dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre française en Indochine[51].
Au mĂȘme moment a lieu l'Ă©viction de Martha Desrumeaux, amie depuis 1930 de Jeannette Vermeersch, Ă©pouse de Maurice Thorez[36], de son poste Ă direction de la CGT du Nord, en prĂ©textant Ă lâĂ©chec d'une sĂ©rie de grĂšves du textile dans son secteur, actĂ© le 25 novembre 1949[52] - [53], jour oĂč avait dĂ©marrĂ© la grĂšve interprofessionnelle lancĂ©e par FO pour la libertĂ© de nĂ©gocier[54], ayant abouti peu aprĂšs Ă la loi du 11 fĂ©vrier 1950 sur les conventions collectives[55].
AprÚs l'implication des dockers de Dunkerque, qui font les gros titres de la presse parisienne en bloquant des envois de locomotives, Maurice Thorez demande de mettre l'accent sur l'opposition au transport des armes plutÎt qu'à leur fabrication[9], plaçant les cheminots et dockers en premiÚre ligne contrairement à des déclarations un an plus tÎt[9].
La Rochelle et Casablanca en janvier 1950
La grÚve s'étend à d'autres ports notamment le 20 janvier 1950, puis le 23 janvier lorsque 3000 dockers du port de Casablanca cessent le travail[56]. Fin janvier, dans le port de La Rochelle-La Pallice, CRS et gendarmes sont mobilisés pour surveiller chargement du cargo Falaise à destination de Saïgon et d'Haïphong par 75 soldats et 25 hommes de la marine militaire[57]. L'action des dockers est symboliquement doublée de celle de militant soutenant l'hebdomadaire communiste local qu'une ordonnance du tribunal civil de La Rochelle a expulsé des locaux d'un ex journal soupçonné de collaboration le 4 février[58]. Deux mois aprÚs, Raymond Agasse, rédacteur en chef de cet hebdomadaire, La Voix des Charentes et membre du comité central du parti communiste, est inculpé de propagation de nouvelles susceptibles de nuire au moral de l'armée[59]. Toujours à La Rochelle, marins et dockers affrontent les CRS tandis qu'à Caen des trains et des bateaux sont bloqués.
Des actions qui Ă©chouent, Ă Marseille, Le Havre ou Cherbourg
Les actions, qui se veulent spectaculaires, Ă©chouent parfois, y compris dans le port de Marseille: dĂ©but fĂ©vrier, les chenillettes destinĂ©es aux troupes d'Indochine ont pu ĂȘtre chargĂ©es Ă bord du navire l'Athos II par des dockers professionnels, qui ne suivent pas la CGT[60].
Au Havre, beaucoup d'ouvriers jugent la grÚve trop « politique » et les actions du premier trimestre 1950 contre le déchargement de matériel militaire font apparaitre une ligne de fracture entre les communistes et les « apolitiques », tandis que les syndicalistes révolutionnaires, spécificité locale selon les historiens, n'y participent pas car leurs préoccupations sont plutÎt dans le maintien de la force syndicale[61].
Les salariés des arsenaux en lice en février 1950
Le 4 février à Lorient, un millier d'ouvriers de l'arsenal, à l'instar de collÚgues à Brest et à Toulon[62], manifestent pour protester auprÚs du directeur des constructions navales contre les sanctions prises dans les autres ports[62].
Aux usines Michelin de Clermont-Ferrand, au mĂȘme moment, des ouvriers ont refusĂ© de charger dans des wagons un lot de pneus destinĂ©s Ă l'Indochine, qui est ensuite dispersĂ© Ă la gare par des militants[62], tandis que la CGT lance aussi un appel Ă l'Association internationale des dockers, en vue de suspendre les expĂ©ditions d'AmĂ©rique, mais elle lui rĂ©pond que les dockers amĂ©ricains assureront le chargement des munitions destinĂ©es "aux pays menacĂ©s par l'impĂ©rialisme soviĂ©tique"[62].
Les affrontements du 14 février à Nice
Le Monde du 15 février 1950 annonce qu'à Nice la veille, jour du carnaval annuel, "deux mille manifestants chargent 200 CRS qui protégeaient l'embarquement du matériel militaire" puis jettent dans le port une caisse pesant 2 tonnes et demie et mesurant 5 mÚtres de hauteur contenant des éléments de rampe de missile V2[63]. Dans la ville, le PCF est alors fort de 28 sections, qui ont déjà organisé des manifestations contre la venue du général de Gaulle le 12 septembre 1948[64]. Selon le correspondant du quotidien, les employés des tramways de Nice, les ouvriers de l'usine métallurgique Michel et les cheminots de Saint-Roch ont débrayé vers 9 heures 30 pour aller au port, armés de barres de fer et de pierres. Dix policiers ont été blessés et le travail a repris presque aussitÎt[65]. Cet événement inspirera le roman de Pierre Abraham et le tableau « Le 14 février à Nice » de Gérard Singer[66].
La caisse jetĂ©e Ă la mer au cours de la bagarre du 14 fĂ©vrier par les manifestants contenait un tronçon de la tour de propulsion d'un engin radio-guidĂ© de dĂ©fense antiaĂ©rienne. La CGT annonce qu'elle s'opposera aussi Ă l'embarquement des deux autres tronçons de la tour sur le navire Jean-Dolo Ă destination d'Oran en AlgĂ©rie, oĂč doivent se dĂ©rouler les essais[67]. Le 16 fĂ©vrier 1950 le gouvernement annonce que « l'attitude de certains Ă©lĂ©ments de la population niçoise qui ont provoquĂ© les incidents du mardi 14 fĂ©vrier et empĂȘchĂ© l'embarquement de matĂ©riel militaire Ă destination de l'Afrique du Nord » l'oblige Ă annuler la visite de l'escadre de la MĂ©diterranĂ©e Ă Nice et Ă Villefranche le 18 fĂ©vrier[68]. Fort de ce succĂšs, la CGT organise des grĂšves tous secteurs et toutes rĂ©gions, appuyĂ©es par des rĂ©fĂ©rendums d'entreprises, fin fĂ©vrier[69], de l'automobile lyonnaise au mĂ©tro parisien.
Dans la foulĂ©e, l'Appel de Stockholm est lancĂ©, en mars 1950[70]. Nice sera ensuite choisie symboliquement pour un rassemblement franco-italien de 25000 jeunes[70], du Mouvement de la Paix, les «coureurs de la Paix» traversant les deux pays pour converger aux "Rencontres Internationales" du 13 au 20 aoĂ»t 1950 au son de la chanson « Bella Ciao »[70] et devant la camĂ©ra de Pierre Biro pour le film Le Rendez-vous de l'EspĂ©rance[70], projet cinĂ©matographique participatif faisant appel aux jeunes cinĂ©astes, amateurs ou pas, parmi lesquels Jean-Jacques Sirkis, Jean-Pierre Marchand ou Paul Carpita[70]. Le tableau reprĂ©sentant le jet au port la rampe du missile V2 fait l'objet d'une prĂ©sentation itinĂ©rante[70], tout comme un cours en plein air des Ă©tudiants des beaux-arts sur la tradition rĂ©aliste française chez Callot, Poussin ou Delacroix[70]. Toutes sortes de productions artistiques sont enclenchĂ©es dans l'urgence en vue d'une exposition artistique Ă la Bourse du Travail de Nice[70], oĂč Picasso reçoit dans son atelier de jeunes ouvriers de Renault et leur offre une poterie[70]. Des caravanes de la Paix sont avant accueillies par les dockers de Dunkerque, promus au rĂŽle symbolique de « Garde-cĂŽte de la paix »[70], les colonies de vacances de bambins de Montreuil, Vitry et Aubervilliers[70], les mineurs de la Grande Combe, dans le Gard[70], ou encore Ă Toulon devant la prison oĂč est enfermĂ© Henri Martin. Le film sera cependant trĂšs peu diffusĂ© en France[70].
Le 23 février à Tours, l'Affaire Raymonde Dien
Le 23 février 1950 débute l'"Affaire Raymonde Dien" à Tours. Raymonde Dien, sténodactylo, participe avec des centaines d'autres membres et sympathisants du PCF à une manifestation improvisée à la gare de Saint-Pierre-des-Corps pour ralentir la marche d'un train militaire dont le chargement de blindés est destiné à l'Indochine[71]. La foule occupe la voie de chemin de fer, certains manifestants se couchant sur les rails[72].
Parmi eux, Raymonde Dien est reconnue et emprisonnĂ©e Ă Tours. C'est la seule manifestante poursuivie, le secrĂ©taire de la section des cheminots de la CGT Ă©tant, lui, libĂ©rĂ© au bout de trois semaines. Elle est inculpĂ©e sous le chef de « complicitĂ© de dĂ©tĂ©rioration de matĂ©riel susceptible dâĂȘtre employĂ© pour la DĂ©fense nationale »[71] et est transfĂ©rĂ©e au fort du HĂą Ă Bordeaux[71], oĂč elle est incarcĂ©rĂ©e avec deux ex secrĂ©taires de la Gestapo libĂ©rables. DĂ©fendue par l'avocate Marie-Louise Jacquier-Cachin[71] - [73], elle est condamnĂ©e au terme du deuxiĂšme jour du procĂšs, le , par un tribunal militaire Ă un an de prison ferme[71] et quinze ans de dĂ©chĂ©ance de ses droits civiques.
Tou comme Henri Martin[74], elle devient un symbole de l'opposition contre la guerre d'Indochine. Elle bénéficie d'une campagne de soutien de grande ampleur, en France et dans le Bloc de l'Est. En France, Maurice Thorez déclare : « Il faut arracher à leurs geÎles, Raymonde Dien et Henri Martin »[Ruscio 1]. Cette association entre Henri Martin et Raymonde Dien, est accentuée par l'existence d'une chanson militante :
« Henri Martin, Raymonde Dien
Nâ veulent pas quâon tue les Vietnamiens
Ils aiment tant la paix
Quâaux juges ils sont suspects[Ruscio 2] - [71]. »
Vidéo externe | |
Raymonde Dien se raconte, le 27 février 2010 |
Raymonde Dien ne sera finalement libérée qu'aprÚs dix mois de prison, à Noël 1950[Ruscio 1].
Le porte-avions Dixmude mis Ă l'index
Le quotidien communiste L'Humanité met en scÚne le mouvement des dockers sous forme de feuilleton à sa gloire, avec ce genre d'épisodes, passant successivement d'un port à l'autre, notamment Marseille pour la période de janvier-avril 1950[1] et Brest pour avril 1950[1], en y ajoutant le récit des déboires du bateau militaire le Dixmude, chassé de port en port par les marins et dockers[1].
En fĂ©vrier 1946, les coupes budgĂ©taires avaient stoppĂ© les constructions navales qui projetaient un porte-avions, obligeant Ă faire appel aux AlliĂ©s[75]. DĂ©sarmĂ© aprĂšs la bataille de l'Atlantique, le Biter amĂ©ricain, victimes d'avaries avait Ă©tĂ© cĂ©dĂ© Ă la France puis intĂšgrĂ© Ă la Marine nationale le 9 avril 1946 sous le nom de Dixmude. Revenu Ă Toulon en mai 1948, aprĂšs des combats au large de la Cochinchine et des bombardements sur la Plaine des joncs (Gao Giong) et sur la pĂ©ninsule de Camau, il est commis Ă des transports d'aviation en Indochine française, Ă l'Ă©tĂ© 1948 avec deux escadrons de chasseurs Bell P-63A Kingcobra, et doit y revenir Ă l'Ă©tĂ© 1950 afin de livrer au profit de l'Arromanches des avions F6F-5 Hellcat et SB2C Helldiver rĂ©cupĂ©rĂ©s aux Ătats-Unis, avec des appontages et dĂ©collages par deux Seafire Mk.III le 28 novembre 1949.
DĂšs la fin janvier 1950[76], le jeune ouvrier alsacien Charles Heimburger distribue des tracts Ă bord car il ne veut pas retourner en Indochine. Un peu plus tard, il jette une poignĂ©e de meule Ă©meri dans le bain dâhuile de lâarbre porte-hĂ©lice du Dixmude[76], qui est retardĂ©, mais part quand mĂȘme et arrive le 7 mars Ă Norfolk (Virginie) prendre livraison d'une cinquantaine d'avions Corsair et Helldiver cĂ©dĂ©s Ă l'aĂ©ronavale[77] puis revient le 20 avril 1950[76], dĂ©but des poursuites contre Charles Heimburger qui sera condamnĂ© en 1950 et 1951 en mĂȘme temps qu'Henri Martin Ă 5 ans de prison[76]. Entre-temps, Ă Bizerte, le bureau politique du parti communiste tunisien, menĂ© par son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, Mohamed Annafas, s'oppose Ă son arrivĂ©e et les murs de la ville sont couverts d'affiches et tracts en français et en arabe appelant les Tunisiens Ă s'opposer au dĂ©barquement du matĂ©riel[78]. Son retard, attribuĂ© au "mauvais temps", entraĂźne un dĂ©barquement dans la zone militaire, dans le lac de Bizerte et Le Monde informe que les militaires ont « pris toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires afin que les incidents de Marseille et de Nice ne se reproduisent pas »[79], alors que le Journal communiste Avenir de la Tunisie fait ses gros titres contre lui. Fin mai, son arrivĂ©e dĂ©clenche Ă Tunis un meeting, interdit, du "comitĂ© de la paix" pour protester contre le dĂ©chargement Ă Bizerte d'armes amĂ©ricaines puis un dĂ©filĂ© dans les rues contrecarrĂ© par plusieurs barrages de police, huit arrestations non maintenues et quelques blessĂ©s lĂ©gers[80].
Les manifestations en faveur de Ouest-Matin
En Bretagne, le quotidien régional Ouest-Matin est condamné le 16 mars 1950[12] pour « allégations diffamatoires envers l'armée française » et de provocation directe « à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale » aprÚs ses révélations du 18 septembre 1949[12], mais dix mille personnes lui ont manifesté leur soutien, permettant à Henri Denis de mettre en avant une « extension du mouvement de lutte contre la guerre d' Indochine à de larges couches de la population »[81]. La cour d'appel de Rennes va ensuite doubler les condamnations infligées au directeur du journal le 23 mai 1950[82].
Le train d'automitrailleuses bloqué à Roanne le 23 mars 1950
L'"affaire de Roanne" dĂ©bute au matin du 23 mars 1950 avec un article du quotidien rĂ©gional communiste Le Patriote de Saint-Ătienne, qui appelle Ă une manifestation pour bloquer un train de lâarmĂ©e le jour mĂȘme, porteur de cinq automitrailleuses[83], Ă destination de lâĂ©cole militaire de CoĂ«tquidan[83].
L'affaire rappelle la prise de deux automitrailleuses de l'armĂ©e par la foule lors des manifestations de novembre 1947 devant la prĂ©fecture de Saint-Ătienne, occupĂ©e par les mineurs en grĂšve. Lucien Benoit, journaliste au Patriote fait partie des 16 personnes arrĂȘtĂ©es en mars 1950 mais bĂ©nĂ©ficiera le 26 aoĂ»t 1950 de lâacquittement gĂ©nĂ©ral[83].
Elle donnera la trame d'un roman de l'Ă©crivain communiste Jean Kanapa[84], oĂč le train de l'armĂ©e porteur de cinq automitrailleuses[83], Ă destination de l'Ă©cole militaire de CoĂ«tquidan[83], se transforme en « train de CRS, lesquels devaient aller rĂ©primer une grĂšve » Ă Brest[85]. S'il y a bien eu des grĂšves en Bretagne dĂ©but 1950, Ă Brest et Ă Lorient, c'Ă©tait un mois et demi plus tĂŽt[62] et trĂšs loin de l'Ă©cole militaire de CoĂ«tquidan.
Un autre train, acheminant lui des CRS, de Paris Ă Saint-Nazaire, est arrĂȘtĂ© plus tard, le 23 avril 1950, par deux fois, la premiĂšre quand des militants se couchent pendant une heure sur la voie Ă Chartres[86], ce qui occasionnera des sanctions lourdes pour quatre cheminots inculpĂ©s, puis relaxĂ©s par le tribunal correctionne[87] - [88] et la seconde quand une lanterne posĂ©e Ă mĂȘme la voie par des inconnus imite un feu rouge afin de retarder le train[86].
Le coup d'arrĂȘt d'avril 1950
Mais en avril 1950, le mouvement contre les transports de guerre, lancĂ© Ă la fin de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente de maniĂšre trĂšs progressive s'est brutalement terminĂ© par une dĂ©faite majeure des dockers. Le , dans le port de Brest, l'ouvrier Ădouard MazĂ© â manĆuvre chez Sainrapt et Brice â et militant CGT est tuĂ© Ă l'Ăąge de 26 ans par les forces de l'ordre dâune balle en pleine tĂȘte lors d'une manifestation. Sa mort a motivĂ© pour une part la dĂ©mission, le , de l'abbĂ© Pierre du MRP dont il Ă©tait l'un des dĂ©putĂ©s. La reprise du travail Ă Marseille a lieu le lendemain de la mort d'Ădouard MazĂ©. Ă Dunkerque cependant, les actions continuent encore Ă la mi-mai et se traduisent par des sabotages de locomotives, lors du chargement d'un navire partant vers l'Indochine[89].
RĂ©pression
Les cartes professionnelles retirées à La Rochelle
DĂšs le 15 mai 1950, l'ingĂ©nieur en chef du port de La Pallice retire la carte professionnelle aux 290 dockers du port qui ont refusĂ© de charger les cargos Auray, Falaise, Sainte-MĂšre-Ăglise et Mortain Ă destination de SaĂŻgon, les privant de l'indemnitĂ© journaliĂšre de 350 francs et dĂ©cidant le recrutement de dockers professionnels qui devront prendre l'engagement d'effectuer tous les travaux quels qu'ils soient[90].
La CGT de Marseille décapitée
La CGT des ports et docks est sortie, « quasiment dĂ©capitĂ©e » de la grĂšve des dockers de 1949-1950 dans les ports français, selon lâhistorien Alain Ruscio[91]. Le lock-out de plus de quatre cents dockers est suivi d'une rĂ©pression fĂ©roce contre les militants CGT[92]. Ă Marseille, « il a fallu dix ans pour reconstruire le syndicat sur le port » selon un docker[1].
Le bilan du congrĂšs de 1951
Au XVIIIe congrÚs de la CGT, tenus du 27 mai au 1er juin 1951, le rapporteur Benoit Frachon donna des chiffres permettant de mesurer l'ampleur de la répression depuis le congrÚs précédent en signalant que 3 500 travailleurs avaient été poursuivis, 1 200 condamnés et 3 900 victimes de sanctions[93] - [94]. Des dockers de La Rochelle, Bastia, Dunkerque, Rouen et Marseille se voient interdits d'entrée sur les ports[93]. Au total, plus de 500 d'entre eux se voient retirer leur carte professionnelle[93].
Suites
Au moment de la guerre dâAlgĂ©rie (1954-1962), les dockers cĂ©gĂ©tistes avaient ensuite Ă©tĂ© plus prudents, choisissant des actions sĂ©lectives « sous lâangle des affrontements franco-français », selon Michel Pigenet, professeur dâhistoire Ă l'universitĂ© de Paris-1[91].
Chronologie
- 19 novembre 1948 : à Dunkerque, 3000 soldats envoyés le[20] décharger le charbon à la place des dockers barricadés, solidaires avec la grÚve des mineurs de 1948.
- 21 novembre 1948 : Lucien Duffuler, leader des dockers CGT de Dunkerque, arrĂȘtĂ©[21].
- mai 1949 : Lucien Duffuler révoqué.
- juin 1949 : congrÚs des dockers CGT à Oran, résolution déclarant la « solidarité fraternelle avec le peuple vietnamien en lutte pour sa liberté »[17].
- : Ă Marseille, congrĂšs de lâud-CGT, Lucien Molino demande « que le chargement et le transport des armes et des munitions pour lâIndochine soit arrĂȘtĂ© »[4].
- : "fĂȘte de la Paix" au parc Chanot Ă Marseille, rĂ©solution pour que « plus un seul bateau ne puisse mener des troupes combattre au ViĂȘt-nam »[4].
- : appel Ă la constitution dans tout Marseille de comitĂ©s dâaction pour la paix au Vietnam[4].
- : conférence internationale des marins et dockers[4].
- 28 juillet, 1er et 8 août : débrayages au Port de Marseille pour la prime de départ en vacances[4].
- 30 octobre : une assemblée des dockers de Marseille demande de passer à des actions concrÚtes à partir du 2 novembre[4].
- 2 novembre : dĂ©but des grĂšves Ă Marseille oĂč des dockers refusent de charger des camions de lâarmĂ©e sur le navire MontbĂ©liard[4].
- 25 novembre : grÚve nationale pour la prime de 3 000 francs et les conventions collectives, 2780 dockers débraient[4].
- 7 dĂ©cembre: grĂšve CGT de 24 heures contre lâinterdiction dâaccĂšs aux quais Ă Marcel AndrĂ©ani, qui a Ă©tĂ© exclu du BCMO[4].
- Nouvel an 1950 : des envois de locomotives bloqués sur le port de Dunkerque[40].
- 2 janvier 1950 : les dockers CGT dâOran demandent Ă leur confĂ©dĂ©ration de coordonner lâaction contre la guerre d'Indochine[17].
- début janvier 1950 : à Dunkerque, Léon Lesschaeve essaie « d'entraver l'envoi du matériel destiné à l'Indochine », comme des locomotives Fives-Lille[36].
- 5 janvier 1950 : la loi sur les conventions collectives adoptée[4].
- fin janvier 1950 : début des actions contre le porte-avions Dixmude.
- fin janvier 1950 : à La Rochelle-La Pallice, CRS et gendarmes mobilisés pour surveiller le cargo Falaise.
- 25 janvier 1950 : le Conseil des ministres dĂ©clare le boycott des bateaux pour lâIndochine « atteintes caractĂ©ristiques Ă la souverainetĂ© nationale »[17].
- 26 janvier 1950 : le prĂ©fet du DĂ©partement d'Oran interdit les rĂ©unions publiques sur le port[17], licenciement du contrĂŽleur du centre dâembauche, Bouhend Larbi[17].
- 4 février : à Lorient, un millier d'ouvriers de l'arsenal, à l'instar de collÚgues à Brest et à Toulon[62] manifestent contre les sanctions dans les autres ports[62].
- 14 fĂ©vrier : affrontements Ă Nice, oĂč 2000 manifestants chargent 200 CRS puis jettent dans le port une caisse pesant 2 tonnes et demie et mesurant 5 mĂštres de hauteur contenant des Ă©lĂ©ments de rampe de missile V2[4].
- 16 fĂ©vrier 1950 : la grĂšve se durcit Ă Oran, des centaines de policiers et gardes rĂ©publicains sur le port, mesures obligeant les dockers Ă travailler en prioritĂ© sur les bateaux destinĂ©s Ă lâIndochine.
- 22 fĂ©vrier 1950 : FO et la CGT dĂ©cident une grĂšve illimitĂ©e contre le refus dâaccorder la prime de 3000 francs[4].
- 23 fĂ©vrier 1950 : dĂ©but Ă Tours, oĂč des manifestants se couchent sur les rails devant un convoi en partance pour l'Indochine, de l'"Affaire Raymonde Dien".
- 27 février 1950 : référendum gagné par les partisans de la grÚve dans la métallurgie marseillaise. Les ADN sont occupées, piquets de grÚve chez Duclos et CAP, SPCN occupée[4].
- 27 février 1950 : 7000 manifestants à la maison du peuple d'Oran[17], pour un meeting avec Mohamed Boualem, élu en 1949 secrétaire adjoint du syndicat CGT des dockers d'Oran[95].
- 10 mars 1950 : 2000 dockers réunis au cinéma Saint-Lazare votent la grÚve illimitée et une résolution contre la guerre en Indochine[4].
- 23 mars 1950 : un train d'automitrailleuses bloqué par les manifestants à Roanne.
: Ă Brest, Ădouard MazĂ© (CGT) est tuĂ© d'une balle en pleine tĂȘte lors d'une manifestation.
- : l'abbĂ© Pierre dĂ©putĂ© MRP, dĂ©missionne pour protester contre la mort d'Ădouard MazĂ©.
- mi-mai 1950 : Ă Dunkerque, sabotages de locomotives, lors du chargement d'un navire partant vers l'Indochine[89].
- 15 mai 1950 : retrait de la carte professionnelle aux 290 dockers de La Pallice qui ont refusĂ© de charger les cargos Auray, Falaise, Sainte-MĂšre-Ăglise et Mortain Ă destination de SaĂŻgon
- fin mai 1950 : meeting interdit, du "comité de la paix" en Tunisie contre le déchargement à Bizerte d'armes américaines par le porte-avions Dixmude.
Bibliographie
- "LĂ©gende noire et icĂŽnes rouges , ou l'image des dockers au cĆur de la guerre froide", article de Tangui Perron, publiĂ© dans Dockers de la MĂ©diterranĂ©e Ă la Mer du Nord, Edisud, 1999[1].
- "CGT et PCF dans les Bouches-du-RhĂŽne : les cadres et les mots dâordre", par Jean-Claude Lahaxe, congribution Ă "La CGT dans les annĂ©es 1950. TroisiĂšme partie. Les militants et lâorganisation", sous la direction de Ălyane Bressol, Michel Dreyfus, et JoĂ«l Hedde aux Presses universitaires de Rennes, en 2005[4].
- "Les communistes Ă Marseille Ă lâapogĂ©e de la guerre froide 1949-1954", par Jean-Claude Lahaxe, en 2005 aux Presses universitaires de Provence[8]
Arts et littératures
La pĂ©riode des grĂšves de 1947 en France, immĂ©diatement suivies de la GrĂšve des mineurs de 1948 et de la grĂšve des dockers est marquĂ©e par des campagnes de soutien financier aux grĂ©vistes et Ă leurs familles, Ă travers tout le pays, mais aussi la profusion d'oeuvres d'art teintĂ©es d'ouvriĂ©risme, en reprenant l'esprit du populisme littĂ©raire, qui se sont inspirĂ©es de ces mouvements sociaux, exposĂ©es dans les grandes manifestations artistiques Ă Paris. Parmi leurs auteurs, des artistes qui avaient Ă©tĂ© engagĂ©s, au sein de la RĂ©sistance, dans le Front national des musiciens et le Front national des arts, fondĂ© par AndrĂ© Fougeron, dont le premier mĂ©tier Ă©tait ouvrier d'usine avant de devenir professionnel de la peinture, et par ailleurs engagĂ© au Parti communiste français. Sa toile Les Parisiennes au marchĂ© (musĂ©e d'art moderne de Saint-Ătienne), choque une partie de la critique de presse, qui y voit « les accents d'un scandale »[96] car elle Ă©voque un « sujet social en cette pĂ©riode marquĂ©e par la vie chĂšre »[96], lorsqu'elle est prĂ©sentĂ©e au Salon d'automne le 24 septembre 1948[96] mais c'est aussi le cas, selon la critique d'art Sarah Wilson, de la grande fresque de mineurs en grĂšve Les DĂ©lĂ©guĂ©s, d'un autre peintre cĂ©lĂšbre militant au PCF, Boris Taslitzky, ou des PĂȘcheurs Ă Ostende, d'Ădouard Pignon.
Concernant les dockers, à l'instigation du PCF et de la CGT, a lieu une « bataille esthético-idéologique » pour construire, principalement durant le premier semestre 1950, une image héroïque et trÚs tÎt « tout un réseau d'images et d'écrits se met au service » de la grÚve[1].
Filmographie
- Vivent les dockers, film de Robert Ménégoz sort dÚs juin 1950, avec un commentaire, trÚs lyrique[1], d'André Stil. Ménégoz filme les grÚves à Dunkerque, Rouen Saint-Nazaire, Marseille, Nice, La Pallice, Bordeaux, Cherbourg, Brest et Tunis[3]. On y voit aussi bien des images dérobées des cercueils des soldats français tués en Indochine, via un hublot que des scÚnes reconstituées décrivant les accidents du travail[3], l'enterrementd'Edouard Mazé[3], ou la harangue d'un travailleur algérien et des scÚnes de fraternisation[3]. Les images sont reprises dans Le Chant des fleuves du cinéaste Joris Ivens, dont Robert Ménégoz était l'assistant[3]. Interdit par la censure en France, il a reçu le grand prix du documentaire au festival de Karlovy-Vary en 1951[3].
- Le Rendez-vous des quais reprenant des images de 1950 mais se dĂ©roulant dans deux autres ports, Nantes et Saint-Nazaire, touchĂ©s par les grĂšves plus tard[1], ne sortira qu'en 1955 aprĂšs avoir lui aussi subi censure et interdiction d'AndrĂ© Morice, ministre radical de l'Industrie et du Commerce, chargĂ© de l'Information[1], procolonialiste et futur maire de Nantes. Paul Carpita y filme en fondu enchaĂźnĂ© une voiture se muant en canon, symbole des espoirs déçus de la RĂ©sistance. Le scĂ©nario prend le contre pied, mais pas de maniĂšre frontale, du film Un homme marche dans la ville, tournĂ© et prĂ©sentĂ© en avant-premiĂšre au Havre en octobre 1949, qui avait subi un tir de barrage de la presse communiste, lui reprochant de dĂ©peindre les dockers domme « des ivrognes paresseux et brutaux, prĂ©occupĂ©s surtout de bagarres et de coucheries », dans le but de discrĂ©diter leur grĂšves. Le 27 mars, dans LâĂcran français, hebdomadaire cinĂ©phile communiste, Roger Boussinot s'Ă©tonnait Ă ce sujet que « aucune femme, dans ce film, ne travaille : toutes, sans exception, sont des putains ». Peu avant, L'HumanitĂ© avait appelĂ© Ă son boycotta[6] et deux semaines aprĂšs le film avait Ă©tĂ© interdit au Havre. Dans Le Rendez-vous des quais, Robert et Marcelle, dĂ©sireux de se marier, cherchent vainement un logement Ă Marseille. Lui est docker, elle ouvriĂšre en biscuiterie. Lui refuse de rejoindre la bande de syndicaliste de son frĂšre, et se fait manipuler par une promesse de logement, jusqu'aux limites de la compromission lorsque les dockers partent en grĂšve contre la Guerre d'Indochine.
Roman
- AndrĂ© Stil, qui a dĂ©couvert les dockers de Dunkerque en voyant pour la premiĂšre fois la Mer, fait de la grĂšve un livre, dans la catĂ©gorie dite des « romans de lâactualitĂ© immĂ©diate », sous la forme d'une trilogie consacrĂ©e aux dockers de La La-Pallice, suivis de prĂšs par L'HumanitĂ© durant l'hiver 1949[1]: c'est Le premier choc, dont le premier tome est Ă©crit en quelques semaines au printemps 1951, qui reçoit le Prix Staline 1952, le seul dĂ©cernĂ© Ă un Ă©crivain du bloc occidental, le tome 3 sortant en dĂ©cembre 1953. Sa nouvelle consacrĂ©e Ă la grĂšve des dockers de Dunkerque, La Fleur d'acier, qui dĂ©signe l'ailette d'une bombe, est louĂ©e par Aragon pour « son espĂšce de perfection »[97] et Maurice Thorez recommande sa publication dans L'HumanitĂ©-Dimanche[97]. Elle est publiĂ©e dĂšs le numĂ©ro de janvier de la revue Europe, puis en avril 1950 dans le recueil La Seine a pris la Mer, le mois oĂč AndrĂ© Stil est promu rĂ©dacteur en chef de L'HumanitĂ©
- Ă Varsovie, MieczysĆaw Jastrun rĂ©agit aussitĂŽt aux initiatives des dockers français en publiant le poĂšme, Les Travailleurs de La Rochelle, dans un recueil spĂ©cial pour le 1er mai 1950[98].
- Pierre Abraham, ex rĂ©dacteur thĂ©Ăątre du journal communiste Ce soir[99], dirigĂ© jusqu'en 1947 par son frĂšre, l'Ă©crivain Jean-Richard Bloch, puis directeur depuis 1949 de la revue Europe, Ă©crit le court roman Tiens bon la rampe !, qui Ă©voque l'action du 14 fĂ©vrier 1950, quand des Niçois ont interceptĂ© et jetĂ© Ă la mer des rampes de lancement de V2[66]. Ancien rĂ©sistant ayant participĂ© Ă la libĂ©ration de Nice et conseiller municipal de la ville, il trouve ainsi lâĂ©quivalent littĂ©raire du tableau dĂ©jĂ cĂ©lĂšbre de Singer dĂ©peignant cet Ă©vĂ©nement. Tiens bon la rampe !, dessin de Mireille Glodek-Miailhe dans Les Lettres françaises du 10 aoĂ»t 1950 annonce le livre[98].
Peinture
- Boris Taslitzky peint en 1950 La Riposte, vaste fresque épique de 2 mÚtres 20 sur 3 mÚtres, probablement inspirée d'articles de presse[100], représentant les dockers de Port de Bouc repoussant les assauts des CRS et des chiens policiers[1], avec une Marianne brandissant le drapeau républicain. Exposé depuis au musée Tate Gallery de Londres, c'est l'un des trois tableaux, sur les cinq censurés au Salon d'Automne de 1951, représentant la grÚve des dockers, avec Les Dockers de Georges Bauquier, et son inscription Pas un bateau pour l'Indochine, mais aussi Le 14 février à Nice de Gérard Singer, représentant une foule lançant la rampe d'un rocket V2 à la mer, qui inspirera le roman de Pierre Abraham[66]. Sept toiles ont été décrochées le 6 novembre, à l'heure de la visite du Président de la République, puis cinq remises le 10 novembre, et trois ensuite à nouveau décrochées[1].
- Le 14 fĂ©vrier Ă Nice de GĂ©rard Singer est reproduit dans les mĂ©dias sous le titre Le V2 Ă la mer[98]. Singer dira au critique Michel Georges-Michel avoir Ă©tĂ© tĂ©moin de l'Ă©vĂšnement[98]. Il finit l'Ćuvre en 1951, en prĂ©sence de « camarades ouvriers » qui visitaient son atelier, rue de Vaugirard Ă Paris[98]. Elle sera redĂ©couverte dans les rĂ©serves du musĂ©e de Szczecin en Pologne en 2014[101], dĂ©clenchant l'enquĂȘte de Szymon Piotr Kubiak sur ces Ćuvres[98], qui vise Ă analyser les interdĂ©pendances entre lâEst et lâOuest, pour « relire la guerre froide en Europe sous un nouveau jour »[101].
- Ă Moscou, Boris Ivanovitch Prorokov dessine en 1950 aussi Les Tanks de Truman Ă lâeau !, oĂč des ouvriers font couler un char dâassaut[98], qui fait le tour des pays socialistes[98]. Dans la premiĂšre moitiĂ© de juin 1950 Ă Marseille, l'exposition « Lâart au service de la paix » montre des scĂšnes analogues peintes par François Diana, Guy Montis (JĂłzef Tysz) et Louis Roc, liĂ©s Ă la Maison de la Culture[98].
- Ă Varsovie, VaWojciech Fangor, jeune polonais fascinĂ© par les artistes français expose dĂšs lâautomne La Lutte pour la paix Ă la Galerie nationale dâart ZachÄta, reproduit en carte postale et saluĂ© par la critique, avec des personnages noirs incarnant l'universalisme de l'anti-colonialisme[98]
Chanson
Le journal de la CGT, La Vie OuvriÚre, publie le «Chant des dockers»[1].
Poésie
- Louis Aragon met en vedette les dockers/débardeurs dans «Il revient», poÚme consacré en avril 1953 au retour d'URSS de Maurice Thorez, secrétaire général du PCF[1].
Articles connexes
Notes et références
- "LĂ©gende noire et icĂŽnes rouges , ou l'image des dockers au cĆur de la guerre froide", article de Tangui Perron, publiĂ© dans Dockers de la MĂ©diterranĂ©e Ă la Mer du Nord, Edisud, 1999 .
- Maurice Vaïsse et Alain Bizard, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par Jean-Pierre Rioux, aux Editions Complexe, 2000 (OCLC 44883311), page 24.
- Vivent les dockers sur Ciné archives .
- "CGT et PCF dans les Bouches-du-RhĂŽne : les cadres et les mots dâordre", par Jean-Claude Lahaxe, congribution Ă "La CGT dans les annĂ©es 1950. TroisiĂšme partie. Les militants et lâorganisation", sous la direction de Ălyane Bressol, Michel Dreyfus, et JoĂ«l Hedde aux Presses universitaires de Rennes, en 2005 .
- Georges Tyrakowski, « La Grande grÚve des mineurs de 1948 », Mineur de fond, 2016, consulté le 26 mars 2017.
- "D'Italie et d'ailleurs" par Marie-Claude Blanc-Chaléard, Anne Dulphy, Caroline Douki, aux Presses universitaires de Rennes .
- "Histoire de l'anticolonialisme en France: Du XVIe siĂšcle Ă nos jours" par Claude Liauzu - 2007 .
- "Les communistes Ă Marseille Ă lâapogĂ©e de la guerre froide 1949-1954", par Jean-Claude Lahaxe, en 2005 aux Presses universitaires de Provence .
- Tartakowsky Danielle, "Les manifestations de rue en France (1918-1968)", Paris, Publications de la Sorbonne, 1997 .
- Le Monde du 7 février 1948 .
- (en) « Torture, French » [« Torture, Français »], Le dictionnaire de la Guerre d'Indochine, Faculté des sciences humaines, Université du Québec à Montréal, Canada (consulté le ).
- Le directeur de Ouest-Matin est condamné à trois mois de prison avec sursis et 200 000 francs d'amende pour diffamation envers l'armée française, dans Le Monde du 18 mars 1950 .
- Le Monde du 23 février 1950 .
- "Reconstruire le Nord â Pas-de-Calais aprĂšs la Seconde Guerre mondiale (1944-1958) 2019" aux Presses Universitaires du Septentrion, page 60 .
- Article par Lucien Wasselin dans La faute Ă Diderot
- Biographie Le Maitron de René L'Hermitte .
- "LA GRĂVE HISTORIQUE DES DOCKERS DâORAN" par l'historien Ahmed AABID, dans El Watan du 13 fĂ©vrier 2010 .
- Biographie Maitron du journaliste communiste LĂ©o FiguĂšres .
- Présentation du livre de Léo FiguÚres "Je reviens du Vietnam libre" .
- Jean-Louis Vivens, Conflit social ou affrontement politique ? La grĂšve des mineurs en France en 1948 sous les angles de la solidaritĂ© Ìet de la rĂ©pression, mĂ©moire de Master 2, 2015, p. 5.
- Le Monde du 23 novembre 1948 .
- Le Monde du 24 novembre 1948 .
- Biographie Le Maitron de Lucien Duffuler .
- "Batailles autour des beffrois: ou, La vie politique de l'agglomération dunkerquoise, de 1945 à 1978" par Patrick Oddone, éditions Westhoek, 1979
- "La CÎte d'Opale en guerre d'Algérie : 1954-1962" par Marc Coppin, 2010, livre et thÚse de doctorat en Histoire contemporaine .
- selon le journal Liberté du 22 mai 1949
- "Les conseillers municipaux des villes de France au XXe siĂšcle", par Jean-Paul Brunet, page 204
- " Les dockers de Dunkerque arrĂȘtent le dĂ©chargement du charbon" le 22 octobre 1948 dans Le Monde
- " LE PORT DE DUNKERQUE EST BLOQUĂ par les dockers en grĂšve" le 18 novembre 1948 dans Le Monde
- "LES FORCES D'ORDRE paraissent sur le point d'intervenir contre les grévistes barricadés dans le port " le 20 novembre 1948 dans Le Monde
- "LES FORCES DE POLICE ONT OCCUPà sans coup férir le port abandonné dans la nuit par les grévistes" le 22 novembre 1948 dans Le Monde
- "Le travail reste interrompu Ă Dunkerque en raison de l'arrestation de plusieurs militants syndicalistes" le 23 novembre 1948 le dans Le Monde []
- "L'Optimisme librement consenti", mémoires et conversations avec Pierre-Luc Séguillon, d'André Stil, en 1979 aux Editions Stock .
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- "Le juridique, c'est le moyen ; le politique, c'est la fin : les avocats communistes français dans la lutte contre la répression de guerre froide" par Vanessa Codaccioni, revue Le Mouvement Social en 2012
- "Question personnelle", par Jean Kanapa, aux Ăditeurs français rĂ©unis, en 1956
- ThĂšse de GĂ©rard Streiff sur l'Ă©crivain communiste Jean Kanapa, Sciences Po - Centre dâhistoire .
- "UN TRAIN DE C.R.S. EST STOPPĂ PRĂS D'ANGERS", dans Le Monde du 24 avril 1950 .
- Biographie Maitron de LĂ©andre Geiller.
- Biographie Maitron de Roger Peluau .
- "Ă DUNKERQUE DES VOLONTAIRES CHARGENT LE " MONKAY " Ă DESTINATION DE L'INDOCHINE", Le Monde du 16 mai 1950 .
- Le Monde du 15 mai 1950 .
- cité par Raphaëlle Besse DesmouliÚres dans Le Monde du 8 juin 2019.
- " mai-juin 1968 dans une conjoncture longue de lutte : les dockers de Marseille" par Emmanuel Arvois .
- "Les communistes et l'Algérie: Des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962" par Alain Ruscio .
- ""Lutter" par Georges SĂ©guy, interview par Philippe Dominique en 2016 .
- Biographie Le Maitron de Mohamed Boualem .
- "Peinture et communisme : le scandale Fougeron", dans L'Histoire de décembre 1998 -.
- Biographie Maitron de Stil
- "Loin de Moscou: GĂ©rard Singer et l'art engagĂ©" par Szymon Piotr Kubiak, en 2020, aux Ăditions de la Maison des sciences de lâhomme .
- Marie-Noël Rio, « Inventer un journal de combat », sur Le Monde diplomatique, .
- La lutte des travailleurs port-de-boucains au musée Tate Gallery de Londres, par Isabelle L, Maritima
- PrĂ©sentation de GĂ©rard Singer et l'art engagĂ© livre de Szymon Piotr Kubiak aux Ăditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris .
Références Ruscio
- p. 272 "Les communistes et l'Algérie: Des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962" par Alain RUSCIO, Edition s La Découverte, 14 févr. 2019.
- p. 278.