Georges Ganier d'Abin
Georges Ganier, dit Ganier d'Abin, né le à Paris et présumé mort le à Carthagène (Espagne), est un aventurier français.
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Joseph Georges Ganier |
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Gouvernement national provisoire, Siam, Commune de Paris, Canton of Cartagena (en) |
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Biographie
Origines et premières aventures
Né le dans l'ancien 7e arrondissement de Paris, Joseph-Georges Ganier est le fils d'Eugénie-Jeanne Francheteau (1808-1871)[1] et de Joseph Ganier[2] (né vers 1808), menuisier[1]. Georges aurait également été menuisier, à Montmartre, avant de se découvrir une vocation conforme à son caractère tumultueux et instable[3].
À partir des années 1860, il se lance en effet dans une vie d'aventures et se fait appeler « Ganier d'Abin » en déformant le patronyme de sa grand-mère maternelle, Jeanne Dabin[1]. Il aurait notamment combattu parmi les zouaves pontificaux en Italie[3] et aurait participé à la bataille de Castelfidardo[4].
Un certain nombre de ses exploits et voyages semble toutefois avoir été inventé : par exemple, ses propres souvenirs et d'autres témoignages rapportés par Léonce Dubosc de Pesquidoux mentionnent un engagement au service de François II des Deux-Siciles ainsi qu'une participation à une expédition en Abyssinie, épisodes manifestement empruntés à la biographie d'un autre aventurier, Raoul du Bisson[4].
RĂ´le dans l'insurrection polonaise (1863)
En 1863, Ganier d'Abin s'engage aux côtés des insurgés polonais contre les troupes russes.
Au service du gouvernement provisoire formé par les insurgés, il prend notamment part à la bataille de Pyzdry (en) le [5]. À la tête du bataillon des « Faucheurs », il force les Russes à se retirer et joue ainsi un rôle décisif, salué par l'ordre du jour d'Edmund Taczanowski (en)[6]. Le , il repousse les attaques des Russes lors de la seconde bataille d'Ignacewo, mais celle-ci se solde par une défaite polonaise[5].
Le , le corps dont il a le commandement est mis en déroute par les troupes russes et prussiennes[5]. Peu de temps après, la haute cour criminelle de Prusse lance un mandat d'arrêt contre le jeune insurgé français[7], qui s'est rapidement élevé du grade de capitaine à celui de colonel[8].
Donné pour mort à plusieurs reprises[5] (son nom, écrit par erreur « Paul Gannier d'Aubin », figure même sur un monument aux morts de Wola Cyrusowa)[9], il rentre finalement en France au printemps 1864[10] et rejoint ses parents au no 2 du passage Piémontési[2].
Entre la France et le Siam (1864-1871)
Employé de la compagnie du chemin de fer de Lyon[11], Ganier épouse Hyacinthe-Clarisse Ricou (née en 1824)[2] à l'église Sainte-Marie des Batignolles[12] le . Le jeune marié abandonnera bientôt son épouse au profit de nouvelles aventures[3].
En 1869, le colonel Ganier d'Abin est au Siam, où il est nommé commandant en chef des troupes de terre[13] ou, plus modestement, capitaine des gardes[3], par le jeune roi Rama V.
L'année suivante, ayant appris que la guerre venait d'éclater entre la France et les États allemands, il obtient un congé d'un an afin de pouvoir participer à la défense de son pays natal. Malheureusement, en arrivant à Tours, il se blesse accidentellement au genou avec son revolver et se retrouve momentanément dans l'incapacité de combattre[14]. Soigné à Bordeaux, il est nommé colonel de l'armée auxiliaire par décret du [15].
Général de la Commune de Paris (1871)
Quelques semaines plus tard, Ganier d'Abin passe au service de la Commune de Paris. Promu général de brigade, il est nommé commandant de la garde nationale du 18e arrondissement[16] par le Comité central de la Garde nationale dans les jours qui suivent le soulèvement du 18 mars 1871[17]. Le , il envoie au Comité central un rapport révélant qu'il a fait fusiller sommairement quatre hommes (deux sergents de ville, un gardien de la paix et un gendarme) arrêtés par les communards[18].
Il donne cependant sa démission moins d'une semaine plus tard, après avoir été suspecté d'être un agent bonapartiste et menacé d'arrestation[19]. Il aurait notamment pris part aux mêmes intrigues que les généraux Lullier et Du Bisson[20]. Le , le sous-comité central le déclare indigne et le condamne à mort par contumace[21].
Après l'écrasement de la Commune, les autorités légitimes s’occupent à leur tour du cas Ganier : le général communard est jugé par le 4e conseil de guerre, qui le condamne par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée le . Réfugié en Belgique puis aux Pays-Bas[3], Ganier d'Abin ne purgera jamais sa peine.
Après la Commune
Le dernier conflit auquel Ganier d'Abin aurait pris part est la Révolution cantonale espagnole. Il s'y serait lié intimement avec la révolutionnaire Mina Puccinelli[22] et aurait commandé un corps de francs-tireurs rebelles lors des combats de Carthagène. C'est là qu'il aurait été tué, le [23].
Pourtant, moins d'un mois plus tard, les journaux annoncent que Ganier d'Abin, toujours vivant, aurait pris la tête d'une insurrection contre le président de la République dominicaine, Buenaventura Báez, et qu'il aurait été nommé président à la place de ce dernier[24].
La nouvelle, d'abord prise au sérieux par beaucoup de monde (dont les éditeurs de l’Almanach de Gotha)[25], s'avère cependant erronée et uniquement fondée sur un faux extrait du Courrier des États-Unis imprudemment relayé par l'agence Havas[26]. Peu de temps après, un autre journal francophone, Le Messager franco-américain, reçoit une lettre dont l'auteur prétend être Ganier d'Abin. Celui-ci affirme qu'il aurait lui-même envoyé ce « canard » (fausse nouvelle) afin de démontrer le manque de sérieux des journaux parisiens et, ainsi, de se venger des calomnies publiées par eux. L'authenticité de cette lettre n'a cependant pas été prouvée[27].
Certaines revues illustrées étrangères des années 1870-1880 font également état d'un marchand d'opium français actif au Cambodge et nommé « Ganier d'Abain » [sic][28] - [29].
Les dates et lieux de mort de Ganier d'Abin demeurent par conséquent incertains. En 1884, il est ainsi déclaré « sans domicile ni résidence connus » dans l'acte de divorce obtenu par sa femme[11].
Notes et références
- Archives de Paris, état civil du 18e arrondissement, registre des décès de 1871, acte no 4891 (vue 1 sur 31).
- Archives de Paris, Ă©tat civil du 17e arrondissement, registre des mariages de 1864, acte no 818 (vue 2 sur 22).
- Le Figaro, 7 novembre 1873, p. 3.
- Dubosc de Pesquidoux (cf. bibliographie), p. 62-64.
- Le Siècle, 23 juillet 1863, p. 2-3.
- Le Journal des débats, 5 mai 1863, p. 1.
- Le Constitutionnel, 31 juillet 1863, p. 1.
- L'Illustration, 28 novembre 1863, p. 356.
- Stefan Kienewicz, « Le centenaire de l'insurrection polonaise de 1863 », Revue historique, 1964, p. 378.
- Le Siècle, 9 juillet 1864, p. 2.
- Archives de Paris, Ă©tat civil du 12e arrondissement, registre des mariages de 1884, acte no 909 (vue 21 sur 31).
- Le Siècle, 16 décembre 1864, p. 2.
- Le Français, 14 mai 1869, p. 2.
- Le Moniteur universel, 16 décembre 1870, p. 350.
- Ministère de la Guerre, Décrets, arrêtés et décisions de la délégation du gouvernement de la défense nationale hors de Paris, paris, Baudoin, 1882, p. 607.
- L'Avenir national, 22 mars 1871, p. 1.
- Le Petit Journal, 23 mars 1871, p. 2.
- Delion, p. 337.
- Le Figaro, 30 mars 1871, p. 3.
- Le Français, 9 août 1871, p. 3.
- Le Français, 30 mars 1871, p. 2.
- « La journée », Le Figaro, no 224,‎ , p. 3 (lire en ligne)
- Le Gaulois, 10 octobre 1873, p. 2.
- Le Siècle, 5 novembre 1873, p. 2.
- Almanach de Gotha, Gotha, Justus Perthes, 1874, p. 790 (consultable en ligne sur Gallica).
- Le Journal des débats, 4 décembre 1873, p. 2.
- La Liberté, 17 décembre 1873, p. 3.
- Ganier d'Abain, « A Cambodian Ceremony », The Century Illustrated Monthly Magazine, novembre 1874, p. 71-73.
- F. Meister, « Ein Unterhaltungsabend beim König von Kambodja », Das Buch für Alle (d), 1886, p. 187.
Bibliographie
- Léonce Dubosc de Pesquidoux, « Ganier d'Abin », Revue du monde catholique, 3e série, t. XX, no 114, , p. 56-71 (consultable en ligne sur Internet Archive).
- Paul Delion, Les Membres de la Commune et du Comité central, Paris, Lemerre, 1871, p. 334-337.
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :