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Gaumont-Palace

Le Gaumont-Palace est un cinéma parisien aujourd'hui disparu, qui se trouvait au 1, rue Caulaincourt (18e arrondissement). À sa place se dressent maintenant un hôtel Mercure et un magasin Castorama.

Gaumont-Palace
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Gaumont-Palace, en 1914, durant le 10e congrès mondial d'espéranto.
Type Cinéma
Lieu Paris
CoordonnĂ©es 48° 53′ 06″ nord, 2° 19′ 47″ est
Architecte Cambon, Galeron et Duray
Inauguration 1899
Fermeture 1972
Nb. de salles 1
CapacitĂ© Plus : 6 000
Moins 2 400
Gestionnaire Gaumont

GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Gaumont-Palace

Le bâtiment, construit de 1898 Ă  1900 Ă  l'origine en tant qu'Hippodrome de Montmartre[1] - [2] est en 1901 par suite de dĂ©boires financiers repris pendant un an par un dresseur de chevaux du nom d'Albert Schumann, puis par monsieur Quenelle en 1902. Il est ensuite louĂ© de 1903 Ă  dĂ©but 1907 par Charles C. Bostock un Anglais dresseur de fauves et devient l'Hippodrome Bostock qui Ă©tait de fait un cirque. Des problèmes de gestion ayant surgi et malgrĂ© la qualitĂ© des spectacles, l'Ă©difice fut fermĂ© en , puis il prend en 1911 le nom de Gaumont-Palace. Il est entièrement rĂ©novĂ© en 1931 et dĂ©truit en 1973, peu après sa fermeture. Avant sa modernisation, son immense salle pouvait accueillir Ă  son maximum 6 000 spectateurs, ce qui en fit un temps « le plus grand cinĂ©ma du monde » selon ses promoteurs.

Histoire

Genèse

L'Hippo-Palace, avant 1910

Le bâtiment d'origine naĂ®t avec l'Hippodrome de Montmartre inaugurĂ© le [2] par un spectacle Ă©questre, intitulĂ© « VercingĂ©torix Â», rĂ©unissant 200 artistes, 50 chevaux et six Ă©lĂ©phants[3]. Il s'Ă©tend entre le boulevard de Clichy, la rue Caulaincourt et la rue Forest. Construit sous la direction des architectes Cambon, Galeron et Duray et derrière une façade de style Belle Époque, il peut recevoir 7 000 spectateurs dont 5 000 assis, pour des exhibitions de cirque, de football, de patinage, de pantomime et mĂŞme de combat naval, sous un immense chapiteau mĂ©tallique. Par ailleurs, Édouard-Jean Niermans y amĂ©nage le « Grand Restaurant », dans le mĂŞme style Art nouveau tendance rococo, dont il dĂ©core le Moulin Rouge[4].

L'Hippodrome accueille, dès 1907 des dĂ©monstrations cinĂ©matographiques sous l'Ă©gide des CinĂ©ma Halls puis Royal Bio ; mais, dix ans après l'incendie du Bazar de la CharitĂ© (129 victimes) dĂ» Ă  l'embrasement de la lanterne de projection fixĂ©e provisoirement dans ses locaux, le projecteur de ce qui allait devenir le tout nouveau Gaumont-Palace est installĂ© dans une cabine isolĂ©e, situĂ©e au fond de la scène, Ă  l'extĂ©rieur du bâtiment, sur le terrain du cimetière du Nord. Les copies 35 mm de cette Ă©poque sont très inflammables Ă  partir de 150° centigrades (film flamme ou film nitrate, utilisation interdite par sĂ©curitĂ© en 1950) et leur combustion produit des vapeurs toxiques. L'image doit donc ĂŞtre projetĂ©e par derrière (les films muets n'ayant Ă©videmment pas de piste sonore peuvent ĂŞtre inversĂ©s droite/gauche dans le couloir de projection, les photogrammes emplissant entièrement l'espace entre les deux rangĂ©es de perforations), les spectateurs les regardent donc Ă  travers l'Ă©cran. Cela est un avantage, car Ă  l'Ă©poque aucune source lumineuse n'aurait Ă©tĂ© assez puissante pour projeter convenablement une image animĂ©e provenant d'une lanterne installĂ©e Ă  l'autre extrĂ©mitĂ©. En effet la salle aux dimensions exceptionnelles mesure 40 mètres de mur Ă  mur dans sa partie la plus large sur 70 de profondeur et 24 de haut.

Le Gaumont-Palace

Le Gaumont-Palace, dans les années 1910.
Salle du Gaumont-Palace dans une publicité de 1913.
Le Gaumont-Palace, au début des années 1930, avec sa nouvelle façade créée en 1931.
Aménagement intérieur à l'occasion du 10e congrès mondial d'espéranto (1914).
Billets d'entrée au Gaumont-Palace.

L'ensemble est achetĂ© par LĂ©on Gaumont qui tout en continuant les projections y installe le siège de la SociĂ©tĂ© des Établissements Gaumont (S.E.G.) le [5]. En 1925 elle deviendra pour cinq ans la Gaumont-MĂ©tro-Goldwyn (G.M.G.) grâce Ă  un accord passĂ© avec le studio amĂ©ricain MĂ©tro-Goldwyn-Mayer M.G.M., puis Gaumont-Franco-Film-Aubert (G.F.F.A.) en 1930 et, enfin, en 1938 sociĂ©tĂ© nouvelle des Ă©tablissements Gaumont (S.N.E.G.)[6]. Le , le Gaumont-Palace ouvre ses portes avec 3 400 places[7].

Ă€ la demande de LĂ©on Gaumont, dix-neuf ans plus tard, l'architecte Henri Belloc[8] Ă©difie sur le mĂŞme terrain, en onze mois (1930-1931) et dans un style Art dĂ©co, le plus grand cinĂ©ma du monde (6 000 places). Il est dotĂ© d'un vaste plateau scĂ©nique pour prĂ©sentations d'attractions, avec deux balcons construits comme de vĂ©ritables ponts de près de 45 mètres de portĂ©e sans aucun poteau de soutien, et un plafond acoustique ondulĂ© pour faciliter la propagation du son. La profondeur dĂ©finitive de la salle est ramenĂ©e Ă  55 mètres. Pour atteindre l'Ă©cran, les images doivent parcourir 63 mètres Ă  cause de la forte plongĂ©e du faisceau. Il est en outre dotĂ© d'un cadre de scène de 22 mètres sur 15 (330 m2) occultĂ© par un rideau Ă  la française de velours rouge devant un Ă©cran de 10,66 mètres sur 8,10 pour les premières parties composĂ©es des actualitĂ©s de la semaine : Gaumont-La Revue Du Monde puis d'un court-mĂ©trage documentaire, et s'agrandissant Ă  12 mètres sur 14,36 soit 170 m2[5] (250 000 fois la surface de l'image sur la bobine)[9], pour la projection du grand film de format 35 mm, selon le rapport standard de l'Ă©poque (1,33:1), et avec l'arrivĂ©e du cinĂ©ma parlant projetĂ© sur toiles micro-perforĂ©es dites trans-sonores (1,37:1), qui reste la norme internationale (acadĂ©mique) jusqu'en 1952. Cette annĂ©e-lĂ  est dĂ©veloppĂ© le ratio de cadre dit panoramique (1,66:1), au photogramme plus Ă©troit en hauteur sur le film, mais qui en s'Ă©quipant d'objectifs de projection Ă  focales lĂ©gèrement plus courtes permet de projeter sur une plus grande largeur tout en conservant la mĂŞme hauteur.

En 1917, Erik Satie y prĂ©sente le premier spectacle « cubiste Â». Les dĂ©cors et les costumes sont signĂ©s Picasso[3].

Prix des places en 1925 :
« Le plus grand cinéma du monde ».

Bien qu'entièrement sonorisĂ©e en 1931[10], un orgue Christie achetĂ© trois ans plus tĂ´t demeura avec l'Orchestre Gaumont, fort d'une trentaine de musiciens placĂ©s sous la direction de Paul Fosse[11], afin de jouer quelques « classiques » pendant les entractes et d'accompagner les 125 exĂ©cutants du corps de ballet[12] ou bien les attractions scĂ©niques[5]. La cabine[10], 26 mètres de long sur 4,50 de large, Ă©difiĂ©e au sommet du deuxième balcon est composĂ©e de projecteurs Radion (deux en service et deux de secours) Ă  puissants arcs Ă©lectriques au carbone (charbons Ă  avance automatique) surmontĂ©s de pommes de douche reliĂ©es Ă  un rĂ©servoir d'eau, tĂ©moins de la dangerositĂ© que reprĂ©sentait la manipulation du film nitrate, ainsi que de lanternes Ă  effets lumineux Brockliss pour suivre les revues prĂ©sentĂ©es sur scène[10]. Trop Ă©levĂ©e par rapport Ă  l'Ă©cran la projection sous un angle de plongĂ©e de 12°, ce qui Ă©tait bien moins que dans la majoritĂ© des salles Ă  cette Ă©poque, posait malgrĂ© tout un lĂ©ger problème de dĂ©formation de l'image en forme de trapèze[10]. Après la Seconde Guerre mondiale, le Gaumont-Palace ne comptait plus « que » 4 670 places. Mais il restait encore en service 2 470 mètres de rideaux de scène et de tentures diverses, 150 km de câbles Ă©lectriques et 9 000 lampes en tous genres. CĂ´tĂ© personnel, les effectifs sont composĂ©s de 30 ouvreuses, 32 techniciens, 30 ouvriers, ainsi que 18 femmes de mĂ©nage[13].

En 1954, le cadre de scène est Ă©largi Ă  25 mètres (portĂ©e maximale pour la poutre du fronton), afin que soit montĂ© un Ă©cran de 24 mètres de base, notamment pour les films CinĂ©maScope, toujours en 35 mm. Les copies circulent sur des chronos manufacturĂ©s par la firme, et estampillĂ©s de la lettre « G » entourĂ©e d'une marguerite, en hommage Ă  la mère du fondateur de l'entreprise, Marguerite Dupanloup, Ă©pouse Gaumont. Cette rĂ©novation est confiĂ©e au cabinet d'architecte Georges Peynet[14] qui en revoit entièrement la dĂ©coration en tenant compte des notions modernes d'acoustique pour ce volume de 60 000 m3. Le plafond ondulĂ© est conservĂ© pour la propagation du son, mais les murs sont tendus de feutre rose et gris attĂ©nuant les rĂ©verbĂ©rations parasites. Un Ă©clairage indirect colorĂ© court sur trois niveaux horizontaux le long de la salle soulignant les bordures des balcons sans que rien vienne rompre ce rythme : « sensation de longues vagues qui se succèdent et se superposent jusqu'au lointain, sans une rupture, sans un angle… »[15]

Il possède alors des fauteuils spĂ©cifiques « Gaumont » rĂ©alisĂ©s par l'entreprise Gallay, couverts de velours rouge Ă  dossiers courbes entourĂ©s par un rutilant tube chromĂ©. Ă€ l'entracte, on peut se rendre au salon de thĂ©, au bar, au foyer, ainsi que dans les galeries promenoirs[16]. La façade Ă  trois pans culmine Ă  50 mètres[10]. Un temps dĂ©corĂ©e par une fontaine lumineuse, elle est Ă©clairĂ©e par des tubes fluorescents rouges et verts soulignant les Ă©normes enseignes « GAUMONT PALACE » de 3 mètres de haut. Dans la nuit complice, trois Ă©clairages se succèdent afin de mettre en valeur les lignes gĂ©nĂ©rales de ce gros navire au crĂ©pi rose[17]. Le vaste hall surplombĂ© par une haute rotonde est revĂŞtu d'un parement en granit noir et rose encadrĂ© de parois jaunes; il s'ouvre directement sur le parterre, tandis qu'un double escalier aux rampes en mĂ©tal chromĂ© donne accès aux foyers, Ă  la corbeille, et au deuxième balcon[18]. CinĂ©ma populaire, il prĂ©sente toujours des attractions sur sa vaste scène mais s'essouffle au dĂ©but des annĂ©es 1960 avec l'apparition des films plus intimistes style Nouvelle Vague. Et puis l'entretien d'un tel Ă©difice devient de plus en plus lourd; en hiver par exemple, 9 tonnes de charbon sont nĂ©cessaires chaque jour pour chauffer la salle et ses dĂ©pendances. Les Ă©conomies d'Ă©nergie qui se profilent Ă  l'horizon vont bientĂ´t peser excessivement dans la balance.

L'Ă©tĂ© 1959 voit l'installation de deux projecteurs Philips DP 35/70 Ă©quipĂ©s de lampes Ă  dĂ©charge au xĂ©non pour des films de format 70 mm avec six pistes sonores magnĂ©tiques alimentant cinq voies derrière l'Ă©cran : extrĂŞme-gauche, gauche, centre, droite, extrĂŞme-droite, ainsi que des groupes de haut-parleurs d'ambiance rĂ©partis dans la salle. C'est le cas pour Salomon et la Reine de Saba, Ben-Hur première française en prĂ©sence de Charlton Heston, ou Les Souliers de saint Pierre, sur un Ă©cran aux proportions 2,20:1 (les dimensions passent alors Ă  23 mètres de large sur 13,70 de haut)[19] Chaque ratio Ă©tant encadrĂ© par des bordures mobiles de velours noir se dĂ©plaçant horizontalement et verticalement sur rails. La publicitĂ© annonce : « La hauteur d'un immeuble de 4 Ă©tages sur 23 mètres de façade[20] ».

Cinérama

Entre 1962 et 1967, l'immense vaisseau transformĂ© en CinĂ©rama, avec la participation active de Jacques ThĂ©nard[21], se voit Ă©quipĂ© d'un Ă©cran courbe (selon un angle de 146°), d'une base de 38,60 mètres sur une hauteur de 15 mètres (surface : 579 m2) constituĂ© de plus de 4 000 bandes de plastique blanc micro-perforĂ© afin de laisser traverser le son des haut-parleurs[22]. MontĂ© devant l'ancienne scène, il est dissimulĂ© pendant les entractes par un Ă©lĂ©gant rideau Ă  la grecque de couleur dorĂ©e. Trois cabines synchronisĂ©es construites sĂ©parĂ©ment en arc de cercle au niveau du premier balcon y projettent en faisceaux croisĂ©s les trois images parallèles du gigantesque procĂ©dĂ©, avec des appareils Century JJ-1 et National Ventarc 160A perpendiculaires Ă  l'Ă©cran, et donc sans dĂ©formation optique[23]. Des films comme La ConquĂŞte de l'Ouest y sont programmĂ©s. Ben-Hur (MGM Camera 65), est projetĂ© de la cabine du centre avec une copie au format 70 mm. Dans ce dernier cas la base de l'Ă©cran est rĂ©duite Ă  30 mètres afin de respecter le ratio 2,20:1 imposĂ© par les deux pistes magnĂ©tiques encadrant les photogrammes entre les perforations, les quatre autres Ă©tant situĂ©es aux bordures extĂ©rieures du film (l'objectif est alors un Berthiot D 150). En 1963, la sociĂ©tĂ© CinĂ©rama exige que soit fermĂ© au public le deuxième balcon, pour le confort des spectateurs. Le Gaumont-Palace ne possède alors plus « que » 1 850 places au Parterre et 550 Ă  la Mezzanine (corbeille).

Fermeture

Le contrat avec CinĂ©rama prenant fin en 1967, la salle peut reprendre peu après son aspect d'origine. Malheureusement le public n'est plus au rendez-vous, la projection et l'acoustique Ă©tant jugĂ©es d'une qualitĂ© très moyenne en raison de l'Ă©norme volume du bâtiment, par comparaison avec les salles Ă©difiĂ©es au cours de la dĂ©cennie. Un projet d'immeuble et de cinĂ©ma pour un nouveau Gaumont Palace est commandĂ© Ă  l'architecte Georges Peynet en 1970 (une maquette est alors rĂ©alisĂ©e) mais il ne fut jamais concrĂ©tisĂ©[24]. Le « mastodonte Â» fermera ses portes au mois d', la sociĂ©tĂ© Gaumont se voyant contrainte de vendre terrain et immeuble Ă  des promoteurs qui entament sa dĂ©molition dĂ©but 1973[25]. Les lieux sont vidĂ©s dans la prĂ©cipitation, affaires et archives laissĂ©es sur les trottoirs, matĂ©riels techniques jetĂ©s dans des conteneurs poubelles au regard des passants. Seules les grandes orgues sont sauvĂ©es, et remontĂ©es au pavillon Baltard[3]. Le dernier film Ă  y ĂŞtre projetĂ© est Les Cowboys de Mark Rydell avec John Wayne. Ainsi disparaĂ®t le plus grand cinĂ©ma d'Europe. L'argent de cette vente permet cependant Ă  Gaumont d'engager la rĂ©alisation d'une vaste restructuration et rĂ©novation de son parc de salles dans toute la France. L'Olympia et le Club Ă  Bordeaux, le Gaumont-Palace Ă  Grenoble, le Familia Ă  Lille, le Tivoli et le Royal Ă  Lyon, le Français Ă  Marseille, l'Empire Ă  Nancy, le Casino, le Paris-Palace et le Rialto Ă  Nice, l'Empire, l'Alhambra et l'AC'Cin Ă  Reims, l'Alhambra Ă  Saint-Étienne, le Gaumont-Palace Ă  Toulon et le Gaumont-Palace Ă  Toulouse[26].

L'orgue du Gaumont-Palace

Le Gaumont Palace possédait avant la Première Guerre mondiale un orchestre d'une trentaine de musiciens, et de grandes orgues d'église Cavaillé-Coll qui accompagnaient la projection de certains films[27]. On peut penser qu'il s'agissait d'un instrument provenant d'une congrégation dissoute à la suite de la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État.

Vers 1920, ces instruments bénéficièrent du développement de l'électricité, tout d'abord pour le remplacement des soufflets par des ventilateurs puis pour assurer la liaison entre les claviers et les tubulures. Le Britannique Hope-Jones fut à l'origine du concept "unit organ", où une réduction du nombre de tuyaux remplit les fonctions d'un plus grand nombre, grâce aux emprunts et aux dédoublements d'octaves des jeux originels qui font la spécificité des timbres et des bruitages de l'instrument de cinéma.

En 1932, cet orgue qui joue avec l'orchestre avant les projections, le parlant Ă©tant en plein essor, est remplacĂ© par un grand orgue de marque Christie[28] (IV/14) construit par le facteur anglais d'orgues Hill, Norman and Beard limited qui est donc entièrement Ă©lectrique. La console en forme de fer Ă  cheval surgit de la fosse d'orchestre grâce Ă  des vĂ©rins hydrauliques, et commande plus de 1 500 tuyaux en Ă©tain, zinc et bois, disposĂ©s sur toute la largeur du plateau Ă  25 mètres au-dessus de la scène, alimentĂ©s par une soufflerie Ă©quipĂ©e de deux fortes turbines. Cet instrument Ă  dĂ©doublement de jeux compte 14 rangs initiaux pouvant se dĂ©multiplier en près d'une centaine. La console ne compte pas moins de 175 registres diffĂ©rents Ă©quipĂ©s de 2 500 Ă©lectro-aimants. 50 kilomètres de fils Ă©lectriques parcourent l'instrument. Il reste le plus grand orgue de cinĂ©ma importĂ© en France[29]. Le meuble contenant le clavier-pĂ©dalier Ă©tait en palissandre verni, ornĂ© pendant un temps d'Ă©toiles argentĂ©es.

En 1939, une série d'enregistrements gravés sur disques vierges en cire, à la vitesse de 78 tours minutes, a été réalisée par l'organiste Georges Ghestem et le chef d'orchestre Georges Tzipine. Ces gravures permettent d'écouter le grand orchestre du Gaumont-Palace et l'orgue Christie, dont il s'agit probablement des tout premiers enregistrements. Longtemps oubliés et jamais réédités, ils ont été récemment numérisés et restaurés par les éditions Hortus (Rendez-vous au Gaumont-Palace). Un livret de 12 pages accompagne le CD et ses 14 plages musicales dans un album cartonné.

Le Gaumont Palace était probablement le seul cinéma français dont les soli d'orgue et les accompagnements d'attractions se sont poursuivis bien au-delà de la Seconde Guerre mondiale et demeura longtemps le témoin de cette époque révolue. Il fut démonté en 1971[30].

VantĂ© comme Ă©tant l'un des plus grands du monde, il ne soutient cependant pas la comparaison avec les instruments installĂ©s aux États-Unis ou mĂŞme en Grande-Bretagne souvent trois ou quatre fois plus importants que lui. L'organiste dont le nom reste attachĂ© Ă  l'instrument est Tommy Desserre, qui fut Ă©galement titulaire de l'orgue de chĹ“ur de la basilique de Montmartre. Un microsillon souvenir 33 tours 30 centimètres intitulĂ© 30 ans d'orgue au Gaumont-Palace est Ă©ditĂ© en 1972 aux Ă©ditions Stil Discothèque. L'instrument, bĂ©nĂ©ficiant d'un classement au titre des monuments historiques en 1977 afin qu'il ne quitte pas la France, a Ă©tĂ© remontĂ© au pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne. Deux autres orgues Wurlitzer existaient dans les cinĂ©mas Madeleine (opus 1394) et Paramount-OpĂ©ra (opus 1642) ; l'un fut installĂ© Ă  Loughborough en Angleterre, l'autre dĂ©truit.

Dans la culture

Ce cinéma est évoqué au 72e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens. Une séquence du film Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, montre la famille Doinel s'y rendant pour resserrer ses liens. On voit aussi très bien la salle (vide), l'orgue (en action) et les cintres dans une séquence de poursuite du film La Fête à Henriette de Julien Duvivier (1952). Il est également présent dans la bande dessinée de Jacques Tardi et Didier Daeninckx Le Der des Ders, parue aux éditions Casterman en 1997.

Notes et références

  1. Le compte-rendu de la cérémonie de la pose de la première pierre de l'Hippodrome de Montmartre le 16 janvier 1898 est faite dans la rubrique Échos de Paris, du journal Le Gaulois, 17 janvier 1898, p. 1, 2e colonne. Voir l'article reproduit sur la base Commons.
  2. Compte-rendu de l'ouverture de l'Hippodrome de Montmartre le 13 mai 1900 : Un M. du B. Spectacles & concerts, Ouverture de l'Hippodrome, Le Figaro, 15 mai 1900, p. 2, 6e colonne.
  3. Panneau Histoire de Paris devant l'ancien Hippodrome.
  4. « L'Hippodrome - Le Gaumont Palace - Paris 18e », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le ).
  5. François Garçon, Gaumont, un siècle de cinéma, coll. « Découvertes Gallimard / Cinéma » (no 224), 1994
  6. catalogue Gaumont 120 ans de Cinéma
  7. Martin Barnier, En route vers le parlant : Histoire d'une évolution technologique, économique et esthétique du cinéma (1926-1934), éditions du CEFAL, 2002, p. 32.
  8. (en) Henri Belloc sur Cinematreasures.org
  9. Publicité dans la presse parisienne 1931.
  10. Cinémagazine, novembre 1931, collection Ciné-Ressources.
  11. Paul Fosse sur data.bnf.fr
  12. Ecrans français de l'entre deux guerres, J-J. Meusy Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2017.
  13. Archive vidéo.
  14. « Les 100 ans du Gaumont-Palace » sur le site de la société Gaumont.
  15. « Splendeur des salles obscures-Paris », Grand-Écran, brochure du musée Carnavalet, édition Paris-Musées - Premier siècle du Cinéma.
  16. Georges Rémon, «Quand le Gaumont-Palace illuminait les Arts décoratifs », Mobilier et Décoration, Paris, 1931.
  17. Écrans français de l'entre-deux-guerres, Jean-Jacques Meusy 2017.
  18. Claude Terreaux, Bertrand Lemoine, Virginie Champion, Les Cinémas de Paris (1945-1995), coll. Paris et son Patrimoine, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1997.
  19. Ben-Hur The 70mm.Newsletter
  20. Pavés publicitaires publiés dans la presse parisienne.
  21. « Livre d'or », musée Gaumont, 5 juillet 2001.
  22. Gaumont : Cent ans de cinéma (1895-1995), Gaumont, 1995.
  23. Le Gaumont-Palace sur salles-cinema.com.
  24. Francis Lacloche, Architectures de cinéma, éditions du Moniteur, Paris, 1981.
  25. Jean-Jacques Meusy : "Le Gaumont Palace, écrans français de l'entre-deux guerres"
  26. Calendrier 1956 des salles Gaumont de province.
  27. Jean-Jacques Meusy, « Lorsque l’orgue s'invita au cinéma », 1895, Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2002. Du même auteur : « L'orgue de l'Antéchrist. Premier bilan de l'orgue dans les cinémas français », L'Orgue, Bulletin des Amis de l'Orgue, n°270, 2005-II, pp. 5-87.
  28. Christie est la marque sous laquelle le facteur anglais d'orgues Hill, Norman & Beard (en) commercialisa ses orgues de cinéma.
  29. Tommy Desserre, 30 ans d'orgue au Gaumont-Palace, disque 33 tours, éditions STIL discothèque, 1972, réf. 2603S71.
  30. Jean-Jacques Meusy, « Lorsque l'orgue s'invita au cinéma », op. cit..

Liens externes

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