AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Garrot

Le garrot est un dispositif destinĂ© Ă  interrompre la circulation du sang dans un membre — membre supĂ©rieur (bras, avant-bras, main) ou membre infĂ©rieur (cuisse, jambe, pied) — en comprimant les vaisseaux sanguins contre les os par un serrage pĂ©riphĂ©rique.

« Tourniquet » traditionnel

Dans le cadre de l'urgence mĂ©dicale, il est destinĂ© Ă  arrĂȘter une hĂ©morragie d'un membre lorsqu'aucune autre mĂ©thode n'est efficace. La technique consiste Ă  comprimer l'artĂšre du membre contre l'os en utilisant un lien de tissu large et non Ă©lastique. C'est une mĂ©thode dite de « compression Ă  distance ».

Dans le cas de la maĂźtrise d'une hĂ©morragie, le garrot se pose sur un membre, entre le siĂšge du saignement (la blessure) et la racine du membre (Ă©paule pour le membre supĂ©rieur, pli de l'aine pour le membre infĂ©rieur)[1]. Il est important de relever l'heure de pose du garrot pour pouvoir la transmettre Ă  l'Ă©quipe mĂ©dicale tout au long de la chaĂźne des secours ; cette information peut ĂȘtre simplement indiquĂ©e par tĂ©lĂ©phone lors du passage de l'alerte, mais dans un contexte d'isolement ou de nombreuses victimes, elle devra ĂȘtre si possible notĂ©e de maniĂšre visible sur la victime.

Historique

Garrot conçu par jean-Louis Petit (gravure de 1798).

Des auteurs ont rapportĂ© que l'on utilisait des garrots pour arrĂȘter les saignement de soldats blessĂ©s durant les campagnes militaires d'Alexandre le Grand au IVe siĂšcle av. J.-C. [2]. Les Romains les utilisaient pour maĂźtriser les saignements, en particulier pour les amputations. Ces garrots Ă©taient initialement fait de bandes de bronze, puis plus tard de laniĂšres de cuir pour rĂ©duire la douleur[3].

En 1718, le chirurgien français Jean-Louis Petit dĂ©veloppe un systĂšme Ă  vis pour arrĂȘter le flux de sang lors d'une intervention chirurgicale[4]. Avant cette invention, le garrot Ă©tait une bande de tissus serrĂ© par torsion Ă  l'aide d'un bĂąton ; le nom « garrot » dĂ©signe d'ailleurs un bĂąton, et le terme anglais tourniquet fait rĂ©fĂ©rence au mode de serrage.

En 1785, Sir Gilbert Blane (en) préconise que lors de chaque bataille, tous les marins de la Royal Navy soient munis d'un garrot :

Texte de Gilbert Blane.

« Il arrive frĂ©quemment que des hommes meurent de saignements avant que l'on ait pu leur porter assistance ou bien perdent tant de sang qu'ils ne peuvent survivre Ă  une opĂ©ration. Afin d'Ă©viter ceci, nous avons proposĂ©, et Ă  l'occasion appliquĂ©, que chaque homme ait sur lui une jarretiĂšre ou un morceau de corde, ceci afin de lier un membre en cas de saignement intense. Si l'on objecte que cette recommandation, par sa solennitĂ©, est susceptible d'intimider le quidam, les officiers devraient au moins prendre quelques prĂ©cautions, en particulier du fait que nombre d'entre eux, et notamment ceux de plus haut rang, sont positionnĂ©s sur la demi-dunette, qui est l'un des postes les plus exposĂ©s, et situĂ© loin de la cabine oĂč se trouvent le chirurgien et ses assistants. Ceci a causĂ© la mort de mon ami le capitaine sur l'Alfred, dont le genou a Ă©tĂ© tant fracassĂ© par un boulet de canon que l'on dĂ» lui amputer le membre, qui expira durant l'opĂ©ration en raison de la faiblesse causĂ©e par la perte de sang lors de son transport. Lorsque l'amiral me fit l'honneur d'ĂȘtre Ă  ses cĂŽtĂ©s en de telles occasions, j'emportais dans mes poches plusieurs garrots de construction simple au cas oĂč un accident sur une quelconque personne sur la demi-dunette nĂ©cessitait leur usage. »

— Gilbert Blane (en), Observations on the diseases incident to seamen[5]

On attribue à Joseph Lister l'utilisation du garrot pour supprimer le flux sanguin avant une intervention en 1864[6]. Il recommande également l'exsanguination du membre, c'est-à-dire de diminuer la quantité de sang présente dans le membre, en le surélevant avant de poser le garrot. En 1873, Friedrich von Esmarch développe une méthode consistant à comprimer le membre avec un bandage élastique pour en chasser le sang, méthode dite du « bandage Esmarch »[7] : afin de ne pas « gùcher » le sang présent dans le membre lors de l'amputation, il serre le membre dans le bandage avant d'appliquer un garrot élastique pour couper la circulation. En 1881, Richard von Volkmann montre que le bandage Esmarch peut créer une paralysie du membre.

En 1904, Harvey Cushing s'inspire du sphygmomanomĂštre de Riva-Rocci pour crĂ©er le garrot pneumatique[8]. Par rapport au bandage Esmarch, ce garrot est plus rapide Ă  mettre en Ɠuvre et Ă  retirer et il ne provoque pas de paralysie nerveuse.

Quand pose-t-on un garrot ?

En chirurgie, les garrots sont utilisĂ©s pour supprimer l'afflux de sang dans un membre pour intervenir sur celui-ci[9]. Ils sont utilisĂ©s en chirurgie orthopĂ©dique et en chirurgie esthĂ©tique. Ils peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s lorsque l'on pratique une anesthĂ©sie locale afin d'empĂȘcher l'anesthĂ©siant de passer dans le systĂšme circulatoire gĂ©nĂ©ral (anesthĂ©sie locale intraveineuse).

Le garrot est Ă©galement utilisĂ© en mĂ©decine pour faire gonfler une veine et permettre la pose d'une voie veineuse pĂ©riphĂ©rique ou un prĂ©lĂšvement sanguin. Il s'agit alors d'un garrot Ă©lastique, qui ne comprime que la veine et n'arrĂȘte pas le flux sanguin artĂ©riel. C'est un geste infirmier.

En situation d'urgence, un garrot doit se poser sur un membre qui saigne abondamment, aprĂšs la protection, lorsque l'on ne peut pas arrĂȘter l'hĂ©morragie d'une autre maniĂšre. Les cas typiques sont :

  • l'appui manuel direct est inefficace ou impossible Ă  rĂ©aliser, par exemple :
    • hĂ©morragie du membre infĂ©rieur sur une personne assise dans un vĂ©hicule,
    • la compression directe n'est pas possible (la blessure est trop grande, inaccessible, un objet y est plantĂ©, l'os en ressort,...) ;
  • le sauveteur doit quitter la victime pour s'occuper d'une autre victime prĂ©sentant une dĂ©tresse vitale ou aller alerter les secours et il n'est pas possible de poser un pansement compressif.

Alors que l'enseignement de la pose de garrot avait disparu des formations grand public, la Croix-Rouge Française le réenseigne, notamment aprÚs les attentats de Paris en 2015, afin de fournir une réponse à un sauveteur confronté à une situation à nombreuses victimes[10]. L'hémorragie est la seule raison pour laquelle une personne qui n'est pas médecin peut poser un garrot. Un médecin peut en poser un dans certains cas bien spécifiques, par exemple le syndrome d'écrasement (crush) qui survient lorsqu'une personne reste trop longtemps sous un objet lourd tel que les décombres d'un bùtiment qui s'est effondré.

Contrairement Ă  une idĂ©e reçue, en cas de morsure par un serpent par exemple, il ne faut pas mettre de garrot. En effet, il n'empĂȘche pas le venin de circuler dans l'organisme de la victime car il y est dĂ©jĂ . En revanche, il empĂȘche le systĂšme immunitaire de la victime de lutter contre le venin[11].

Différents types de garrot

Garrots médicaux

Lorsque l'on utilise un garrot pneumatique, l'équipe médicale s'attache à utiliser la pression de serrage efficace minimale afin de réduire la douleur et le risque de traumatisme, en particulier la blessure de nerfs et de tissus mous. Pour un membre inférieur, la pression minimale permettant de couper la circulation est de l'ordre de 223 mmHg et l'utilisation d'un brassard large permet de diminuer la pression nécessaire jusqu'à 195 mmHg[12]., LOP (anglais : limb occlusion pressure, LOP) sur un patient avant l'opération permet d'ajuster cette valeur[13] , mais la compression totale dépend surtout de la largeur du garrot et du patient, et elle est augmentée si la largeur du garrot est augmentée, d'aprÚs la définition de la pression qui est pression = compression totale /sur la surface.

Donc si la surface est grande la force totale ou compression totale l'est aussi, surtout Ă  considĂ©rer qu'entre 2 patients et/ou deux largeurs de garrot on peut comprimer avec 100 kg de plus mĂȘme avec 50 mmhg de moins, ou inversement.

La linéarité de compression exercée n est pas possible lorsque la pression est le seul moyen de contrÎler la compression totale d 'un garrot, dans le cas d un garrot pneumatique la compression sur un membre inférieur est de plusieurs fois plus grande que le propre poids du patient.

C'est parce que le garrot pneumatique est un tensiomÚtre détourné en garrot médical et son usage répandu tant à se réduire compte tenu de la persistance de fréquences de complications stables malgré l'évolution électronique de contrÎle de la pression.

La pression et la compression totale sont nĂ©cessaires pour maitriser la compression d'un garrot mĂ©dical qui peut ĂȘtre posĂ© jusqu'Ă  2 h sur un patient. Mais par dĂ©faut de concept, un tensiomĂštre dĂ©tournĂ© en garrot, c'est la pression qui est traditionnellement de renfonce pour maitriser la compression du dispositif compressif garrot pneumatique. Donc il conviendra pour connaitre la compression totale appliquĂ©e Ă  chaque patient connaitre la circonfĂ©rence du membre et la largeur du garrot et multiplier tout ça par la pression et par 1,35 environ Dans une situation maĂźtrisĂ©e, le garrot est desserrĂ© par intermittence afin de limiter les consĂ©quences de l'ischĂ©mie sur les nerfs et les muscles : permettre l'Ă©vacuation des dĂ©chets mĂ©taboliques et la reperfusion. Toutefois, aucune Ă©tude ne permet de dĂ©terminer la durĂ©e au bout de laquelle le garrot doit ĂȘtre desserrĂ© ni la durĂ©e de ce desserrage avant resserrage ; les valeurs couramment admises sont de l'ordre d'une Ă  deux heures selon l'Ăąge, la condition du patient et le membre concernĂ© (infĂ©rieur ou supĂ©rieur) pour des durĂ©es de desserrage de dix Ă  quinze minutes[14].

Pour un prĂ©lĂšvement sanguin ou la pose d'une voie veineuse pĂ©riphĂ©rique, on utilise un lien Ă©lastique. Le lien est serrĂ© une premiĂšre fois pour faire gonfler les veines et repĂ©rer le site oĂč l'on va piquer. Le garrot est desserrĂ© pendant l'opĂ©ration de nettoyage et d'antisepsie de la peau afin de rĂ©duire la gĂȘne pour le patient, puis est resserrĂ© pour faire Ă  nouveau gonfler la veine et permettre de piquer.

Garrots tactiques

Garrot pneumatique Ă  usage tactique.
Garrot tactique composé d'une simple sangle.
Garrot tactique de type « tourniquet ».

Les garrots dits «tactiques» sont utilisés en urgence sur le terrain (en extrahospitalier) par des soldats, des intervenants paramédicaux ou des secouristes. Ce sont des garrots «tout faits», comme le SOFTT (anglais : Special Operations Forces Tactical Tourniquet) ou le CAT (anglais : combat application tourniquet).

Il s'agit parfois de garrots pneumatiques : ce sont des brassards similaires à ceux utilisés pour la prise de tension. Dans le domaine militaire, on parle parfois d'EMT (emergency and military tourniquet).

En 2016, l'entreprise North American Rescue a crĂ©Ă© un dispositif, le JETT (anglais : junctional emergency treatment tool)[15] - [16] permettant d'effectuer un point de compression fĂ©moral. L'objectif est de pouvoir stopper une hĂ©morragie lorsque la blessure est situĂ©e sur la cuisse, mais plus haut que le plancher pelvien ; il n'est alors pas possible de poser un garrot. L'efficacitĂ© de ce dispositif a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e sur un cadavre perfusĂ© et montre qu'il arrĂȘte efficacement la circulation dans le membre infĂ©rieur sans perturber la circulation aortique[17]. La mise en Ɠuvre a Ă©galement Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e sur des personnes saines, sur la base de l'absence de pouls pĂ©dieux, et le dispositif est jugĂ© plus simple et plus rapide Ă  mettre en Ɠuvre qu'un garrot tactique standard[18].

Garrot improvisé

Un garrot improvisĂ© est de prĂ©fĂ©rence un lien large — de 3 Ă  cm — de toile solide et non Ă©lastique. On entoure la racine du membre qui saigne, on serre le lien jusqu'Ă  constater l'arrĂȘt de l'hĂ©morragie et on maintient le serrage, ce qui peut imposer de le nouer si le sauveteur doit s'Ă©loigner de la victime. On relĂšve ensuite l'heure de pose du garrot afin de la transmettre Ă  l'Ă©quipe mĂ©dicale (le cas Ă©chĂ©ant on la note).

Entre 1991 et 2007, les formations de secourisme en France enseignaient comment poser un garrot d'une seule main, une des mains Ă©tant occupĂ©e Ă  effectuer un point de compression ; on rĂ©alise pour cela une ganse dissymĂ©trique que l'on glisse sous le membre et dans laquelle l'on fait passer l'extrĂ©mitĂ© la plus longue du lien, Ă  la maniĂšre d'un nƓud de demi-cabestan. Puis les deux extrĂ©mitĂ©s sont liĂ©es. Mais en 2007, les points de compression sont abandonnĂ©es au profit de techniques plus efficaces.

À partir de 2017, les recommandations en termes de formation indiquent qu'un garrot serrĂ© Ă  l'aide d'une barre de 10 Ă  20 cm de bois solide, PVC dur ou mĂ©tal rigide — mĂ©thode du tourniquet — est plus efficace qu'un garrot effectuĂ© uniquement avec un lien. Pour cela, on effectue avec le lien deux tours autour du membre et l'on noue les extrĂ©mitĂ©s. On passe la barre au-dessus du nƓud et on effectue deux nƓuds par-dessus, puis on tourne la barre afin de serrer le garrot jusqu'Ă  constater l'arrĂȘt de l'hĂ©morragie. Si l'on ne dispose pas de barre, les recommandations indiquent simplement de « Serrer le nƓud du garrot le plus fortement possible en tirant sur chaque extrĂ©mitĂ© du lien et rĂ©aliser un double nƓud de maintien. »

Garrot Ă©lastique simple dans un hĂŽpital au BĂ©nin (2021).

Le garrot doit rester visible. On ne desserre jamais un garrot une fois qu'il est posĂ©. Seul un mĂ©decin est habilitĂ© Ă  le faire. La notion de desserrer le garrot est parfois enseignĂ©e dans les pays oĂč la structure des secours ne permet pas une prise en charge rapide de la victime. Ceci est totalement hors de propos dans un pays disposant d'infrastructures hospitaliĂšres accessibles rapidement ; les personnes voyageant dans des pays oĂč les dĂ©lais d'accĂšs aux soins d'urgence sont dĂ©raisonnables sont invitĂ©es Ă  demander conseil Ă  un mĂ©decin avant d'entreprendre leur voyage.

Notons qu'un garrot mal posé, et en particulier un garrot élastique, peut entraßner une augmentation du saignement.

Pourquoi est-il indispensable de transmettre l'heure de pose d'un garrot à l'équipe médicale ?

Le temps pendant lequel le garrot reste posĂ© conditionne le protocole utilisĂ© par l'Ă©quipe mĂ©dicale pour le desserrer, afin d'Ă©viter tout risque d'arrĂȘt cardiaque.

Lors de la pose d'un garrot, on coupe la circulation sanguine pour arrĂȘter l'hĂ©morragie. Or la concentration d'ions K+ dans le liquide intracellulaire est plus importante que celle du milieu extracellulaire, ce qui provoque donc un gradient d'ions K+, qui sortent des cellules en grand nombre. Ceci s'explique de la maniĂšre suivante :

  • le potentiel d'Ă©quilibre de l'ion K+ :

z étant le nombre de charges électriques (= étant la charge / C), F la constante de Faraday, T la température, R une constante et [K+] la concentration de K+ ;

  • le potentiel de membrane de la cellule :

g étant la conductance et la présence de Na s'expliquant par le fait que les deux cations s'échangeant dans la cellule sont Na et K, Na entrant et K sortant.

Dans le cas d'un garrot, la concentration de [K+] dans le milieu extracellulaire augmente, puisque cet ion ne peut plus circuler. Le danger apparaßt si on enlÚve le garrot aprÚs 20 min, temps nécessaire pour que K+ s'accumule de maniÚre trÚs importante dans le liquide extracellulaire.

L'augmentation de la concentration de K+ Ă  l'extĂ©rieur des cellules entraine une augmentation de E(K) (cf formule ci-dessus), entrainant elle-mĂȘme une augmentation de Vm (cf formule). Cela a pour consĂ©quence un Ă©quilibre de l'ion K+ de part et d'autre de la membrane cellulaire et donc une sortie de K+ moins importante. La sortie de ces ions joue un rĂŽle important dans la repolarisation de la cellule cardiaque : si elle diminue du fait de l'Ă©quilibre de part et d'autre de la membrane, la repolarisation devient moins efficace, avec un risque de perte de potentiel d'action et donc d'arrĂȘt cardiaque.

Si le garrot est indispensable pour l'arrĂȘt du saignement, il doit ĂȘtre desserrĂ© doucement, et seulement par une Ă©quipe mĂ©dicale, pour permettre une irrigation progressive du membre, tout en contrĂŽlant le flux de K+ remontant au cƓur afin de prĂ©venir l'arrĂȘt cardiaque.

Un arrĂȘt cardiaque provoquĂ© par les ions K+ est irrĂ©versible.

Divergences sur l'utilisation du garrot improvisé

L'opportunitĂ© de la pose du garrot est Ă©valuĂ©e de maniĂšre diffĂ©rente selon les pays. Voici par exemple le cas de la France, des États-Unis et celui du QuĂ©bec:

  • en France, on considĂšre que le principal est de sauver la victime ; le garrot a donc Ă©tĂ© enseignĂ© au grand public de 1991 Ă  2007, puis Ă  nouveau en 2015[10], et il est par ailleurs enseignĂ© de maniĂšre continue depuis 1991 aux secouristes bĂ©nĂ©voles et professionnels (AFCPSAM puis PSE1);
  • aux États-Unis, le geste est rĂ©servĂ© aux secouristes professionnels (paramedics), et uniquement dans les cas d'extrĂȘme urgence (nombreuses victimes ou hĂ©morragie incontrĂŽlable mĂȘme avec un clamp); la perte du membre est considĂ©rĂ©e comme un risque majeur, et notamment juridique (risque d'ĂȘtre poursuivi par la victime ou sa famille);
  • au QuĂ©bec, la technique du garrot improvisĂ© n'est plus enseignĂ©e dans les cours de secourisme, pour les mĂȘmes raisons que celles Ă©voquĂ©es ci-dessus. Ainsi, en cas d'hĂ©morragie externe, la CSST recommande plutĂŽt d'appliquer une pression sur la plaie pendant 10 minutes et de mettre des compresses de gaze propres en les fixant Ă  l’aide d’un bandage, tout en Ă©vitant de trop serrer afin de ne pas gĂȘner la circulation dans le membre[19].

Histoire du garrot en France

Pendant de nombreuses annĂ©es, on a dit « le garrot doit ĂȘtre absolument Ă©vitĂ©, il y a un risque de perdre le membre » et « le garrot doit ĂȘtre desserrĂ© toutes les demi-heures afin de continuer Ă  irriguer le membre ». On trouvait par ailleurs des garrots Ă©lastiques dans les trousses de secours.

En 1991, une approche complĂštement diffĂ©rente est retenue. La pose du garrot devient une technique d'arrĂȘt des hĂ©morragies comme une autre, il se fait avec un lien non Ă©lastique, et il ne faut le desserrer sous aucun prĂ©texte en raison du risque de perte du membre. Le garrot Ă©lastique, utilisĂ© lors des prises de sang ou pour les injections, favorise l'Ă©coulement du sang et n'est donc plus utilisĂ© en secourisme.

En 2007, le garrot n'est plus enseignĂ© au grand public. On considĂšre qu'il est rare qu'une hĂ©morragie ne puisse ĂȘtre arrĂȘtĂ©e par une simple compression directe. D'autre part, la pose d'un garrot lorsqu'il n'est pas nĂ©cessaire reprĂ©sente un risque inutile pour la victime.

À la suite des attentats de 2015, le garrot a refait son apparition dans les initiations au grand public[20] - [21]. Il a Ă©tĂ© rĂ©introduit dans la formation PSC1 en [22].

Bibliographie

  • [Klenerman 1962] L. Klenerman, « The tourniquet in surgery », The journal of bone and joint surgery, vol. 44, no 4,‎ , p. 937–943 (lire en ligne)

Notes et références

  1. Jusqu'en 2016, on enseignait en France que la pose du garrot n'Ă©tait possible qu'au bras (entre l'Ă©paule et le coude) pour les hĂ©morragies au membre supĂ©rieur, et sur la cuisse (entre la hanche et le genou) pour les hĂ©morragies au membre infĂ©rieur. La justification Ă©tait que sur les parties distales (entre le coude et le poignet ou entre le genou et la cheville), l'artĂšre pouvait se glisser entre les deux os — respectivement humĂ©rus et ulna (cubitus), et tibia et fibula (pĂ©ronĂ©). Ceci a Ă©tĂ© changĂ© par la publication des Recommandations de la DGSCGC relatives Ă  l'unitĂ© d'enseignement « prĂ©vention et secours civiques de niveau 1 » (PSC1) version 2017 [PSC1 2017].
  2. (en) Michael S. Schmidt, « Reviving a Life Saver, the Tourniquet », New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. « Thigh tourniquet, Roman, 199 BCE–500 CE », sur sciencemuseum.org.uk, (consultĂ© le )
  4. Klenerman 1962, p. 937
  5. (en) Gilbert Blane, Observations on the diseases incident to seamen, Londres (1)/Édimbourg (2), Joseph Cooper (1)/William Creech (2), , p. 498–499 ; traduction par nos soins
  6. Klenerman 1962, p. 937–939
  7. Klenerman 1962, p. 939–940
  8. Klenerman 1962, p. 940
  9. Sandrine Estebe et Jean-Pierre Estebe, « Le garrot pneumatique », Le Praticien en AnesthĂ©sie RĂ©animation, vol. 20, no 1,‎ , p. 6–13 (ISSN 1279-7960, DOI 10.1016/j.pratan.2016.01.001, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. « La Croix-Rouge forme désormais à la pause d'un garrot, en cas d'attentat », sur BFMTV (consulté le )
  11. « Morsure de serpent », sur www.ameli.fr (consulté le )
  12. (en) James A. McEwen, Deborah L. Kellyn, Theda Jardanowskin et Kevin Inkpen, « Tourniquet Safety in Lower Leg Applications », Orthopaedic Nursing, vol. 21, no 5,‎ (lire en ligne)
  13. (en) A.S. Younger, J.A. McEwen et K. Inkpen, « Wide contoured thigh cuffs and automated limb occlusion measurement allow lower tourniquet pressures », Clin Orthop Relat Res, no 428,‎ , p. 286–293.
  14. (en) « Evidence and recommendations for tourniquet re-inflation/deflation cycles », sur tourniquets.org, (consulté le )
  15. « JETT, junctional emergency treatment tool », sur NARescue (consulté le )
  16. (en) [vidĂ©o] Jettℱ Junctional Emergency Treatment Tool Overview/Instructions for Use sur YouTube
  17. (en) K.S. Gates, L. Baer et J.B. Holcomb, « Prehospital emergency care: evaluation of the junctional emergency tourniquet tool with a perfused cadaver model », J Spec Oper Med, vol. 14, no 1,‎ (PMID 24604437, prĂ©sentation en ligne)
  18. (en) C.A. Theodoridis, K.E. Kafka, A.M. Perez, J.B. Curlee, P.C. Yperman, N. Oppermann, E. Holmstroem, D.D. Niegsch, A. Mannino et N. Ramundo, « Evaluation and Testing of Junctional Tourniquets by Special Operation Forces Personnel: A Comparison of the Combat Ready Clamp and the Junctional Emergency Treatment Tool », J Spec Oper Med, vol. 16, no 1,‎ (PMID 27045493, prĂ©sentation en ligne)
  19. Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec, La formation des secouristes en milieu de travail, Montréal, BibliothÚque et archives nationales du Québec, , p.146. 9782550667865
  20. « Initiez-vous aux premiers secours », sur Croix-Rouge française (consulté le ).
  21. « Le programme de l'initiation aux gestes de premiers secours », sur https://www.interieur.gouv.fr/A-votre-service/Ma-securite/Les-gestes-qui-sauvent/Le-programme-de-l-initiation-aux-gestes-de-premiers-secours (consulté le ).
  22. PSC1 2017

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Ressource relative Ă  la santĂ© :
  • Notices dans des dictionnaires ou encyclopĂ©dies gĂ©nĂ©ralistes :
  • [PSC1 2017] Recommandations de la DGSCGC relatives Ă  l'unitĂ© d'enseignement « prĂ©vention et secours civiques de niveau 1 » (PSC1), ministĂšre de l'IntĂ©rieur, (lire en ligne)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.