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François E. Matthes

François Émile Matthes, nĂ© le Ă  Amsterdam et mort le Ă  El Cerrito (Californie), est un gĂ©ologue amĂ©ricain, spĂ©cialiste de la cartographie topographique, des glaciers et des changements climatiques. Il a cartographiĂ© les zones reculĂ©es de l'Ouest amĂ©ricain pour le United States Geological Survey (USGS). Ses cartes ont notamment coĂŻncidĂ© avec le dĂ©veloppement des parcs nationaux dans ces zones. Il est l'un des fondateurs de l'Association of American Geographers et a servi en tant que prĂ©sident. Matthes a rĂ©solu une controverse Ă  propos de la formation de la VallĂ©e de Yosemite et les rĂ©sultats de ses recherches sur les glaciers ont introduit les termes de nivation et de Petit Ă‚ge glaciaire.

François Émile Matthes
Description de l'image FrançoisÉmileMatthes_circa1915.jpg.
Naissance
Amsterdam
Décès
El Cerrito (Californie)
Activité principale
topographie, géologie
Auteur
Langue d’écriture néerlandais, anglais, français, allemand

Jeunesse

François et son frère jumeau GĂ©rard sont nĂ©s Ă  Amsterdam, aux Pays-Bas, de parents cĂ©lèbres. Le père, Willem Ernst Matthes (1842 - ?), Ă©tait associĂ© de la riche entreprise Matthes et Bormeester, importateurs de caoutchouc, d'indigo et de chanvre Ă  partir des Indes orientales nĂ©erlandaises[1].:104 Il a Ă©galement Ă©tĂ© directeur de Natura Artis Magistra, prĂ©sident de Felix Meritis, fondateur d'une acadĂ©mie d'Ă©quitation et lieutenant-Colonel artilleur de la Garde Nationale  d'Amsterdam. La mère Jonkvrouw Johanna Susanna (van der Does de Bye) Matthes (1851 - ?) Ă©tait une descendante de Jan van der Does, qui a conduit la rĂ©sistance contre les Espagnols pendant le Siège de Leyde[2].

Le couple s'est marié à Amsterdam, le . Leur maison était une maison de maître située sur la Heeren Gracht près de Vijzelstraat. Les jumeaux ont été leurs seuls enfants.

Lors de vacances Ă  Biarritz en France, les garçons dĂ©couvrent des roches Ă©parpillĂ©es le long de la rive contenant des fossiles. Ils ont ainsi ouvert quantitĂ© de roches avec de petits marteaux et rapportaient leurs fossiles favoris dans leur chambre. Quand est  venu le temps de dĂ©mĂ©nager, leur collection Ă©tait devenue si lourde que leur mère a insistĂ© pour que tout soit laissĂ©[3].

Les deux garçons ont Ă©tĂ© instruits rapidement aux techniques de dessin avec crayon, fusain et encre sur calque avec le tĂ© et le triangle. L'art de Frederic Remington fut une source d'inspiration pour François, les croquis qui nous sont parvenus en tĂ©moignant avec de nombreuses figurations d'animaux, notamment des chevaux.

Vers l'âge de huit ans, les garçons ont présenté les symptômes du paludisme. La maladie était fréquente à Amsterdam avec les moustiques se reproduisant librement dans les canaux, mais le vecteur de transmission n'était pas encore compris. Le médecin de famille a recommandé que les garçons se retirent de la ville pendant quelques années pour se rétablir dans les Alpes. Cette décision s'est transformée en un départ définitif de leur domicile d'Amsterdam.

Pendant les vacances scolaires des années suivantes, la famille passait ses vacances dans diverses stations alpines. Une destination importante pour François était le glacier des Bossons au Mont-Blanc. Leur père Willem, lors de courtes visites, a également enseigné l'alpinisme aux garçons et leur course favorite était la Dent de Jaman. Un cadeau de cartes militaires sur toile de la série Général Dufour est également venu avec l'enseignement personnel de leur père. Ils s'orientaient avec les cartes lors des excursions en montagne pour ramasser les insectes.

Éducation

En 1884, les jumeaux partent en Suisse avec leur mère pour fréquenter une école d'étudiants étrangers à Courgevaux. Ils s'installèrent pendant un an dans une aile d'un château voisin et apprirent la langue française. Au cours des deux années suivantes (1885-1887), ils s'installèrent à Montreux où ils apprirent également l'allemand pour se préparer aux études à Francfort, en Allemagne. A Francfort, les garçons ont appris leur quatrième langue, l'anglais. Leur père avait demandé à ses fils d'apprendre des langues vivantes et d'éviter le latin et le grec.:17-19

Les garçons frĂ©quentent alors l'Ă©cole secondaire technique Klingerschule[4] et sont logĂ©s Ă  la rĂ©sidence d'un de leurs instructeurs avec quatre autres camarades de classe. Ils ont suivi des cours fondamentaux pour poursuivre dans des carrières d'ingĂ©nieurs dans les universitĂ©s allemandes, mais un professeur invitĂ© de Harvard a finalement persuadĂ© les deux garçons d'aller plutĂ´t Ă©tudier aux États-Unis.

En septembre 1891, les frères embarquèrent aux États-Unis, mais une violente tempĂŞte dĂ©boussola leur navire. Ils sont ainsi arrivĂ©s Ă  New York avec du retard et le semestre avait dĂ©jĂ  dĂ©butĂ© lorsqu'ils ont demandĂ© leur admission au Massachusetts Institute of Technology. Lorsque leurs notes Ă  l'examen d'entrĂ©e indiquaient que les frères n'Ă©taient que dĂ©ficients qu'en histoire amĂ©ricaine, le prĂ©sident du MIT Francis Amasa Walker est intervenu en leur nom et les a inscrits dans un programme d'Ă©tudes en gĂ©nie civil. François a remerciĂ© Walker en lui Ă©crivant un hommage, The Military Career of General Walker, pour l'annuaire du collège.

Un professeur, qui avait été affilié à l'U.S. Coast and Geodetic Survey, a dirigé les frères lors de cours de géodésie.

Leur nouvelle langue, l'anglais, ne présentait aucun obstacle. Ils ont présenté des exposés oraux à la Société de génie civil de l'école. François à exposer des sujets tels que le drainage du Zuiderzee et l'utilisation de matelas dans la construction de digues. Les deux garçons ont également été des membres actifs de l'Association Agassiz de Boston en raison de leurs intérêts pour l'entomologie. Ils ont donné leur collection d'insectes suisses à la Boston Society of Natural History. Parmi les conférences que François a données au groupe, mentionnons Coleoptera, Parasitic Insects and Insect Life in Water.

Pendant les vacances d'été de 1892, les deux frères partent en vacances dans les Montagnes Blanches et reprennent leurs loisirs alpins : camping, alpinisme, course d'orientation, cueillette d'insectes. Pendant l'été 1893, ils sont employés par une compagnie d'assurance pour faire des dessins de divers équipements industriels de protection contre les incendies. Ils se sont également rendus à Chicago pour visiter l'Exposition universelle colombienne. Pendant l'été 1894, ils suivirent un travail de terrain dans les montagnes Adirondack apprenant à cartographier à l'aide d'une alidade et d'un goniographe et à mesurer le débit de la rivière Au Sable à l'aide de divers courantomètres.

Le 28 mai 1895, les frères obtinrent leur diplĂ´me avec mention et un baccalaurĂ©at ès sciences. En 1896, les deux sont devenus citoyens des États-Unis. 

Les années topographiques

Le 1er juin 1895, Matthes commence son premier emploi en tant qu'instrumentiste et dessinateur pour le bureau d'ingĂ©nieur municipal de Rutland, au Vermont. Il aide Ă  crĂ©er des levĂ©s topographiques dĂ©taillĂ©s de la ville. 

Un an plus tard, il rejoint le United States Geological Survey et y est demeure cinquante et un ans jusqu'Ă  sa retraite. Du 1er juin 1896 au 1er novembre 1896, il demeure en Nouvelle-Angleterre comme traverse man. Il est ensuite promu assistant de terrain et travaille dans le Territoire indien (aujourd'hui Oklahoma). Pendant un certain temps, il agit Ă  titre de rĂ©dacteur en chef par intĂ©rim, chargĂ© des travaux de rĂ©vision sur le terrain. Le 1er avril 1898, après avoir rĂ©ussi l'examen fĂ©dĂ©ral de la fonction publique, il passe au grade de topographe adjoint.

La Commission gĂ©ologique avait dĂ©cidĂ© de cartographier les rĂ©gions Ă©loignĂ©es peu connues de l'ouest des États-Unis et au cours des annĂ©es qui suivent, Matthes a rĂ©alisĂ© les missions suivantes :

  • Ă©tĂ© 1898 : il reprend l'enquĂŞte, commencĂ©e par H. S. Wallace, de la topographie du quadrilatère Cloud Peak dans le Wyoming[5].
  • Ă©tĂ© 1899 : il finit le quadrilatère Cloud Peak dans le Wyoming[6].
  • printemps 1900 : il effectue une reconnaissance hydrographique de la rĂ©serve indienne des Blackfeet au Montana.
  • Ă©tĂ© 1900 : relevĂ© topographique du quadrilatère de Chief Mountain dans le Montana.
  • hiver 1900-01: relevĂ© topographique du quadrilatère des Bradshaw Mountains en Arizona.
  • Ă©tĂ© 1901: relevĂ© topographique du quadrilatère de Browning dans le Montana.
  • Ă©tĂ© 1902 : commence le relevĂ© topographique du quadrilatère du Grand Canyon en Arizona.
  • hiver 1902-03 : relevĂ© topographique du quadrilatère Jerome en Arizona.
  • Ă©tĂ© 1903 : finit le relevĂ© topographique du quadrilatère du Grand Canyon en Arizona.
  • 1904 : il commence un doctorat en gĂ©ologie Ă  l'UniversitĂ© Harvard, avec spĂ©cialisation en gĂ©omorphologie sous la direction du professeur William Morris Davis. Il a Ă©galement enseignĂ© les mĂ©thodes topographiques dans le cadre d'une bourse (Austin Teaching Fellowship) sur les mĂ©thodes topographiques Ă  des Ă©tudiants en gĂ©ologie.
  • printemps 1905 : Ă  quelques semaines de la fin de ses Ă©tudes, Matthes reçoit la possibilitĂ© de cartographier la VallĂ©e de Yosemite en Californie. En raison de la courte saison de travail sur le terrain dans la Sierra Nevada, Matthes a immĂ©diatement acceptĂ© la mission et abandonnĂ© son diplĂ´me.
  • Ă©tĂ© 1905 : commence le relevĂ© topographique du quadrilatère de Yosemite, qui lui prĂ©sentait plus de difficultĂ©s que le Grand Canyon.
  • printemps 1906 : Matthes est affectĂ© Ă  Berkeley, en Californie, pour aider Grove Karl Gilbert Ă  Ă©tudier le transport des sĂ©diments dans les rivières. Le 18 avril, les deux hommes ont Ă©tĂ© tĂ©moins de la dĂ©vastation causĂ©e par le tremblement de terre de San Francisco. Leur Ă©tude finie, Gilbert a Ă©tĂ© nommĂ© Ă  la California State Earthquake Investitigating Commission et a commander Ă  Matthes la cartographie de la faille de San Andreas. Ses cartes ont Ă©tĂ© publiĂ©es par la commission dans leurs deux volumes de rĂ©sultats[7].
  • Ă©tĂ© 1906 : finit le relevĂ© topographique du quadrilatère de Yosemite.
  • 1907-13 : au cours de ces annĂ©es, Matthes a Ă©tĂ© inspecteur des levĂ©s topographiques pour l'ouest des États-Unis. Au cours de l'Ă©tĂ©, il visitera les Ă©quipes dispersĂ©es sur le terrain et, pendant l'hiver, supervisera la rĂ©daction et l'encrage de leurs manuscrits de terrain Ă  Washington, D.C.[8]:428
  • Ă©tĂ© 1910 : commence le relevĂ© topographique du quadrilatère du Mont Rainier dans le Washington[9] - [10].
  • Ă©tĂ© 1911: poursuit le quadrilatère du mont Rainier, mais n'a pas terminĂ© le quart sud-ouest en raison de la mauvaise visibilitĂ© due aux intempĂ©ries et aux feux de forĂŞt. Il s'agissait de sa dernière grande mission sur le terrain pour la Direction de la topographie[11].

En tant que chef d'Ă©quipe au quadrilatère du Wyoming, Matthes a organisĂ© efficacement son Ă©quipage et son Ă©quipement pour de longs voyages en groupe dans des rĂ©gions Ă©loignĂ©es, difficiles d'accès et de traversĂ©e. Ses techniques de travail sur l'alidade et le goniographe "ont notamment contribuĂ© Ă  l'efficacitĂ© de la cartographie des zones montagneuses accidentĂ©es". Le 1er juillet 1899, il a Ă©tĂ© promu au rang de topographe Ă  part entière. [12]

Matthes estimait que les topographes ne devaient pas seulement tracer des lignes, mais aussi étudier la géologie des formes de terrain pour produire des cartes pertinentes. À cette fin, Matthes a écrit sa première publication scientifique au cours de l'hiver de 1899 intitulé Glacial Sculpture of the Bighorn Mountains, Wyoming qui a servi de référence et dans lequel Matthes a utilisé pour la première fois le terme de "nivation"[13]. Son accent géologique n'était pas coutumier des efforts des topographes et son style descriptif a été critiqué par l'USGS, mais la popularité de ses récits se poursuit aujourd'hui.

Mariage

Edith Lovell Coyle, nĂ© le 18 septembre 1879  et morte le 4 janvier 1963, est nĂ©e et a grandi Ă  Washington, D.C. Son père Ă©tait Randolph Coyle, procureur adjoint du district de Columbia jusqu'Ă  sa mort. Sa mère, Mary Lovell (Radford) Coyle Ă©tait la fille du contre-amiral William Radford. La scolaritĂ© d'Edith et les voyages europĂ©ens avec sa tante, Sophie Radford de Meissner, ont permis des conversations avec Matthes en allemand et en français ainsi qu'en anglais.

François et Edith se sont mariés à midi le 7 juin 1911. Le révérend George Freeland Peter a donné une petite cérémonie au siège de Stephen Kearny Radford, oncle d'Edith, à Washington D.C.. Walter Mendenhall était le témoin de Matthes. Plus tard dans la journée, le couple partit pour l'État de Washington afin que Matthes puisse reprendre la cartographie du mont Rainier[14].:11

Edith a accompagné Matthes à ses expéditions lointaines et a contribué comme son assistante. Normalement, leur trajet jusqu'au lieu de travail se faisait à cheval, mais lorsque le terrain n'était pas trop accidenté, elle le posait en voiture et revenait le chercher le soir. Pour soulager le souci de sa sécurité, malgré l'éloignement, elle l'attendait avec les portes verrouillées et un marteau de géologue à côté d'elle pour se défendre.

Ils n'ont pas eu d'enfants.

Les années géologiques

Matthes a écrit et donné des conférences sur la géomorphologie au cours de ses années topographiques. Une série d'essais géologiques sur la vallée de Yosemite qu'il avait rédigés pour le Sierra Club Bulletin étaient populaires. Le 1er juillet 1913, la Commission géologique transfère Matthes de la Direction topographique à la Direction géographique, le premier transfert de ce genre. Au cours de ses années géologiques, il fait néanmoins encore recours aux courbes de niveau dans ses notes de terrain pour représenter les formes terrestres qu'il étudie.:29-34

Sa première mission et son principal objectif au cours des seize annĂ©es suivantes a Ă©tĂ© de dĂ©terminer l'origine de la vallĂ©e de Yosemite, une demande spĂ©cifique adressĂ©e Ă  l'USGS par le Sierra Club[15]. Matthes appelait la rĂ©gion la VallĂ©e Incomparable. Une controverse sur la formation de cette vallĂ©e faisait rage entre l'hypothèse de Josiah Whitney sur la responsabilitĂ© des blocs et de la croyance de John Muir selon laquelle les glaciers Ă©taient en grande partie responsables. Ă€ l'automne 1930, le rapport de Matthes, Geologic History of the Yosemite Valley (USGS Professional Paper 160), clĂ´t le dĂ©bat. Le professeur Kirk Bryan a Ă©crit : "Occasionnellement dans l'histoire de la science apparaĂ®t un ouvrage si excellent, si complet, qu'il devient immĂ©diatement un classique". La demande pour ce titre a dĂ©passĂ© tous les prĂ©cĂ©dents USGS Professional Paper et le premier tirage de l'Ă©dition est très convoitĂ© par les collectionneurs[16].

Des missions spĂ©ciales interrompaient ses recherches dans la Sierra Nevada :

  • Au cours de la première Guerre Mondiale , il est envoyĂ© sur des sites militaires du Camp McClellan, en Alabama et du Camp Gordon, en Georgie, pour dĂ©crire leurs environnements gĂ©ologiques.
  • Juste après la guerre, il participa Ă  la sĂ©rie de confĂ©rences Joseph LeConte, durant trois jours consĂ©cutifs Ă  Yosemite, Ă  compter du 8 juillet 1919. Les premier et troisième jours se sont dĂ©roulĂ©s dans un pavillon intĂ©rieur, mais la deuxième confĂ©rence a eu lieu Ă  Glacier Point, Ă  3 200 pieds (980 m) au-dessus du fond de la vallĂ©e.
  • De 1928 Ă  1934, il a travaillĂ© sur des problèmes gĂ©ologiques le long de la vallĂ©e du Mississippi, dans le Midwest amĂ©ricain.

En tant que président du Comité des glaciers de l'American Geophysical Union, il a lancé et supervisé un programme de collecte de photographies et de mesures des glaciers aux États-Unis. Matthes a publié chaque année un résumé détaillé et une analyse des données glaciaires dans le magazine Transactions de 1932 à 1946. Les changements d'une année à l'autre sont devenus une référence pour "l'enregistrement insaisissable des fluctuations préhistoriques et post-pléistocènes du climat".

À partir de 1935 et jusqu'en 1936, Matthes entreprend la reconnaissance du Sequoia National Park en collaboration avec le Service des parcs nationaux. Ses données étaient urgemment nécessaires, de sorte que dans l'attente d'un rapport formel détaillé plus tard, Matthes résume ses conclusions en trois volumes avec ses photographies annotées. Ces Sequoia Albums se sont avérés inestimables pour le service du parc, mais The Geologic History of Mount Whitney est la seule autre publication qu'il a achevée de son enquête.

En 1937, Matthes reprit ses études à Yosemite et atteignit le front est de la Sierra Nevada. Là, il a déterminé que l'escarpement oriental avait été formé au début de la faille du Pléistocène, plaçant l'origine plus récente que ce qui avait été précédemment calculé. Il est retourné dans la région au cours des deux années suivantes pour recueillir des preuves à l'appui.

En juillet 1939 dans le cadre de la réunion de la Cordillère de la Section de la Geological Society of America, Matthes a conduit une excursion partie dans la Vallée de Yosemite et à l'est de l'escarpement. C'était sa dernière visite de la Sierra Nevada.

Lorsque Matthes est rentré à Washington, DC, à l'automne de 1939, la guerre en Europe a commencé. L'Association Internationale d'Hydrologie a engagé Matthes comme leur secrétaire et il est aussi devenu le secrétaire de la Commission Internationale de la Neige et des Glaciers, une autre division de l'Association.

Pendant la majeure partie de 1941, Matthes a Ă©crit un chapitre de la sĂ©rie de livres Physics of the Earth du Conseil national de recherches du Canada. Son texte a Ă©tĂ© citĂ© dans l'Ă©dition de juin 1949 du Quarterly Journal par la Royal Meteorological Society comme "un rĂ©sumĂ© magistral des caractĂ©ristiques et du comportement des glaciers". Dans l'article, Matthes a dĂ©clarĂ© que la plupart des glaciers de l'ouest des États-Unis ne sont pas des vestiges de l'ère du PlĂ©istocène, mais plutĂ´t des "modernes", formĂ©s au cours des 4 000 dernières annĂ©es. Il a identifiĂ© ce phĂ©nomène comme Ă©tant le petit âge glaciaire.

De 1942 à 1947, les tâches de Matthes sont déterminées par l'effort de l'unité de géologie militaire et ses compétences en traduction anglaise pour les langues européennes. L'une de ses dernières tâches pour l'USGS consistait à réexaminer la doctrine de William Herbert Hobbs sur un anticyclone glaciaire permanent situé au-dessus de l'inlandsis groenlandais par rapport à l'utilisation du Groenland comme base aérienne militaire.

Retraite

L'âge légal de la retraite des employés de la Commission géologique du Canada est de 70 ans. Mais pour répondre aux demandes de la Seconde Guerre mondiale, Matthes a continué une période supplémentaire de trois ans jusqu'à sa retraite officielle le 7 juin 1947.

François et Edith sont restés à Washington, D. C. quelques mois de plus avant de se rendre en voiture à leur nouveau domicile à El Cerrito, en Californie, sur les collines de Berkeley, face au Golden Gate Bridge. C'est là que Matthes commence à organiser ses travaux jusqu'à ce qu'en février 1948, il accepte le rôle de planificateur pour les sessions du Comité sur la Neige et les Glaciers qui se tiendront dans le cadre du Congrès Scientifique International prévu en Ohio au mois d'août.

Le 18 avril 1948, Matthes a une crise cardiaque. Il décède le 21 juin 1948 et une veillée funèbre est effectuée chez lui quatre jours plus tard. Le 18 septembre 1948, dans le parc national de Yosemite, ses cendres sont déversées dans la vallée incomparable

Distinctions

En 1920, il a été décoré Chevalier de l'Ordre de Léopold II par le roi Albert Ier de Belgique. Au cours de l'automne 1919, Matthes avait servi de guide pour le roi et son groupe lors d'une visite de la vallée du Yosemite.:35-36

Matthes Ă©tait actif dans les Boy Scouts of America. En 1915, il devint le chef scout d'une troupe de Washington, D.C. En 1920, il emmena un groupe d'Eagle Scouts Ă  travers le pays pour visiter Yosemite[17]. En 1931, Matthes a reçu le prix du Castor d'argent pour "service distinguĂ© Ă  l'enfance". L'arpentage Ă©tait un insigne de mĂ©rite original en 1911 et Matthes a rĂ©digĂ© la section cartographique de la brochure sur l'insigne d'arpentage.

En 1933, lors du Seizième Congrès Géologique International, une excursion a emmené les participants dans le Grand Canyon. Par la suite, les géologues signèrent leurs noms pour une vue panoramique du canyon et l'envoyèrent à Matthes avec le message suivant : "Nous avons utilisé vos cartes et nous nous en sommes émerveillés. Il n'y a pas d'autres cartes topographiques de ce genre dans le monde."

En 1947, lors de la cĂ©rĂ©monie d'ouverture de l'UniversitĂ© de  Berkeley, il a reçu doctorat honorifique par le prĂ©sident de l'UniversitĂ© Robert Gordon Sproul

Le 18 avril 1948, il reçut le premier Distinguished Service Award (DSA) du DĂ©partement de l'IntĂ©rieur des États-Unis, qui supervise l'USGS. La citation parvint Ă  Matthes un mois avant sa mort, mais sa mĂ©daille en or, avec un bison debout devant une chaĂ®ne de montagnes, n'arriva pas Ă  temps[18]Julius Krug, secrĂ©taire de l'IntĂ©rieur des États-Unis, a Ă©crit dans son hommage : " M. Matthes a apportĂ© de nombreuses contributions prĂ©cieuses et exceptionnellement bien Ă©crites Ă  la gĂ©ologie et Ă  la gĂ©omorphologie glaciaires, et il a Ă©tĂ© reconnu internationalement comme un gĂ©ologue glaciaire exceptionnel. Une bibliographie de ses publications comprend près de 100 ouvrages."[19]

En 1949, le Sierra Club, dont Matthes avait été vice-président honoraire, nomma la Crête Matthes et le Lac Matthes en son honneur.

Le Cryosphere Specialty Group de l'Association of American Geographers (AAG) crée le Prix François-Émile Matthes. Ce prix a été décerné pour la première fois en 2007 et a été décerné à des personnes méritoires pour leurs réalisations en sciences cryosphériques tout au long de leur vie. Matthes a été l'un des fondateurs de l'AAG, a servi comme son trésorier entre 1913 et 1919, et comme le président en 1933[20].

Travaux

Une sélection de travaux écrits par Matthes :

  • The Incomparable Valley: A Geologic Interpretation of the Yosemite[21] (Comprend 24 photographies d'Ansel Adams)[22]
  • Sequoia National Park, a Geological Album[23]
  • The Story of the Yosemite Valley[24] (photographies par Frank C. Calkins)
  • Geologic History of the Yosemite Valley[25]
  • Sketch of Yosemite National Park and an Account of the Origin of the Yosemite and Hetch Hetchy Valleys[26]
  • Mount Rainier and its glaciers: Mount Rainier National Park[27]
  • The Relation of Geology To Topography[28] (par Douglas Wilson Johnson avec Matthes, comme illustrateur comparant des exemples de bonnes et de mauvaises cartographies)

Postérité

Fritiof Fryxell, géologue et écrivain, a publié cinq volumes d'oeuvres de Matthes non éditées.

Les François Matthes Papers ont été donnés à la Bibliothèque Bancroft par sa veuve Edith Matthes en 1961. Des ajouts ont été faits en 1961,1966 et 1973 par Fritiof Fryxell[29].

En 1879, le sculpteur allemand Robert Cauer l'Ancien fut chargĂ© de sculpter les bustes en marbre des jumeaux Ă  5 ans. Les bustes ont Ă©tĂ© placĂ©s sur des socles en acajou pour ĂŞtre exposĂ©s dans leur maison d'Amsterdam. En 1950, Edith Matthes a prĂ©sentĂ© les bustes Ă  l'Augustana College de Rock Island, Illinois oĂą ils restent dans la collection du Teaching Museum of Art.

Son frère jumeau Gerard Hendrik Matthes (16 mars 1874 - 3 mars 1959) fut un hydrologue éminent au cours de ses 45 années de carrière, également à la U.S. Geological Survey.

Des lieux géographiques ont été nommés d'après François Matthes :

Notes et références

  1. United States Congress, Congressional Edition, Volume 4839, Washington, District of Columbia, United States Government Printing Office,
  2. David E. Donley, Memorial to Gerard Hendrik Matthes, Mrs. Gerard H. Matthes, , 1–5 p.
  3. Fritiof, editor Fryxell, François Matthes and the Marks of Time : Yosemite and the High Sierra, Berkeley, California, Sierra Club (Gillick Printing, Inc.), , 13–17 p.
  4. « Herzlich willkommen auf der Website der Klingerschule in Frankfurt am Main », Klingerschule (consulté le )
  5. Anders Rapp, « Nivation Hollows and Glacial Cirques in Söderåsen, Scania, South Sweden », Geografiska Annaler. Series A, Physical Geography, vol. 66, nos 1/2,‎ , p. 11 (DOI 10.2307/520937)
  6. David Rumsey, « Cloud Peak Quadrangle, Wyoming, Land Classification and Density of Standing Timber. », sur David Rumsey Historical Map Collection, Cartography Associates (consulté le )
  7. , Andrew Lawson, G. K. Gilbert, H. F. Reid et al., The California Earthquake of April 18, 1906, Washington, District of Columbia, Carnegie Institution of Washington, , 279–308 p. (lire en ligne), « 87, Volume 1, Part II »
  8. « Various », Bulletin of the American Geographical Society, vol. 39, no 7,‎ , p. 428
  9. « Guide to the F.E. Matthes Photographs of Mount Rainier », sur Special Collections Home, University of Washington (consulté le )
  10. Edmond S., Editor Meany, Mount Rainier : A Record of Exploration, Portland, Oregon, Binfords & Mort, , 201–240 p.
  11. C. C. Heliker, Arthur Johnson et S. M. Hodge, The Nisqually Glacier, Mount Rainier, Washington, 1857 - 1979, Tacoma, Washington, U.S. Geological Survey, (lire en ligne), p. 2
  12. S. S. Visher, « Francois Emile Matthes, 1874-1948 », Annals of the Association of American Geographers, vol. 38, no 4,‎ , p. 301–304 (DOI 10.1080/00045604809351988)
  13. Rhodes W. Fairbridge, Springer Encyclopedia of Earth Sciences Series : Geomorphology, Berlin, Germany, Springer International Publishing, , 1295 p. (ISBN 978-0-442-00939-7), p. 774
  14. « Miss Edith Coyle and F.E. Matthes Married at Radford Home », Washington Times, nos 7,104,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Norman King Huber, Geological ramblings in Yosemite : the story behind Yosemite, Berkeley, California, Heyday, , 40–43 p. (ISBN 978-1-59714-072-0)
  16. Daniel Brownstein, « The Ancient Glaciers of F. E. Matthes’ Cartographical Sublime », sur Musings on Maps, WordPrdss.Com (consulté le )
  17. « Scout naturalists expedition to Yosemite », sur https://archive.org/details/cubanc_000176, Internet Archive (consulté le )
  18. « Department of Interior honor award for distinguished service », Sierra Club Bulletin, vol. 33,‎ , p. 8
  19. « In Memoriam: François Emile Matthes, 1874-1948 », American Alpine Journal, vol. 7, no 2,‎ , p. 201
  20. « AAG Knowledge Communities », sur Association of American Geographers, AAG.org (consulté le )
  21. François E. Matthes, The Incomparable Valley : A Geologic Interpretation of the Yosemite, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press,
  22. (en) Anne Hammond, Ansel Adams : Divine Performance, New Haven, Connecticut, Yale University Press, , 196 p. (ISBN 0-300-09241-5), ix
  23. Francois E. Matthes, Sequoia National Park : a geological album, Berkeley, California, University of California Press,
  24. François E. Matthes, The Story of the Yosemite Valley, New York, New York, American Museum of Natural History,
  25. François E. Matthes, Geologic History of the Yosemite Valley, Washington, D.C., Department of the Interior,
  26. François E. Matthes, Sketch of Yosemite National Park and an Account of the Origin of the Yosemite and Hetch Hetchy Valleys, Washington, District of Columbia, Government Printing Office,
  27. François E. Matthes, Mount Rainier and its glaciers : Mount Rainier National Park, Washington, D.C., Department of the Interior,
  28. Douglas Wilson & Matthes, François E. Wilson, The Relation of Geology To Topography, New York, New York, John Wiley & Sons,
  29. « Finding Aid to the François Matthes Papers, 1874-1965, bulk 1900-1950 », sur Online Archive of California, The Regents of The University of California (consulté le )
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