Fonction de Mertens
En théorie des nombres, la fonction de Mertens est
oĂč ÎŒ est la fonction de Möbius.
Moins formellement, M(n) est le nombre d'entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n et dont le nombre de facteurs premiers est pair, moins le nombre d'entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n et dont le nombre de facteurs premiers est impair.
Croissance
Puisque la fonction de Möbius ne prend que les valeurs â1, 0 et +1, il est Ă©vident qu'il n'existe pas de x tel que |M(x)| > x. La conjecture de Mertens (1897) va mĂȘme plus loin, Ă©nonçant qu'il n'existerait pas de x oĂč la valeur absolue de la fonction de Mertens excĂšde la racine carrĂ©e de x.
Andrew Odlyzko et Herman te Riele ont montré en 1985 que cette conjecture était fausse[1]. Leur preuve ne produisait pas un contre-exemple explicite, mais on sait aujourd'hui que le plus petit contre-exemple est plus grand[2] que 1014 et plus petit[3] que exp(1,59.1040).
NĂ©anmoins, l'hypothĂšse de Riemann est Ă©quivalente Ă une conjecture plus faible sur la croissance de M(x), explicitement : pour tout Δ >0, M(x) = O(x1â2 + Δ), oĂč O dĂ©signe la notation de Landau. Puisque les pics de M croissent au moins aussi rapidement que la racine carrĂ©e de x, ceci place une limite plutĂŽt serrĂ©e sur le taux de croissance.
Représentations intégrales
En utilisant le produit eulérien, on trouve que
oĂč ζ est la fonction zĂȘta de Riemann et le produit pris sur les nombres premiers. Alors, en utilisant cette sĂ©rie de Dirichlet avec la formule de Perron, on obtient :
oĂč C est une courbe fermĂ©e encerclant toutes les racines de ζ.
Inversement, on a la transformée de Mellin
qui reste valable pour Re(s) > 1.
Une bonne évaluation, au moins asymptotiquement, serait d'obtenir, par l'algorithme du gradient, une inégalité :
Calcul
La fonction de Mertens a été calculée pour un intervalle de plus en plus grand de n.
Personne | Année | Limite |
---|---|---|
Mertens | 1897 | 104 |
von Sterneck | 1897 | 1,5 Ă 105 |
von Sterneck | 1901 | 5 Ă 105 |
von Sterneck | 1912 | 5 Ă 106 |
Neubauer | 1963 | 108 |
Cohen et Dress | 1979 | 7,8 Ă 109 |
Dress | 1993 | 1012 |
Lioen et van de Lune | 1994 | 1013 |
Kotnik et van de Lune | 2003 | 1014 |
Hurst | 2016 | 1016 |
Notes et références
- (en) A. Odlyzko et H. J. J. te Riele, « Disproof of the Mertens conjecture », J. reine angew. Math., vol. 357,â , p. 138-160.
- (en) T. Kotnik et J. van de Lune, « On the order of the Mertens function », Experimental Mathematics, vol. 13,â 2004), p. 473-481 (lire en ligne [PDF]).
- (en) T. Kotnik et Herman te Riele, « The Mertens Conjecture Revisited », dans Proceedings of the 7th Algorithmic Number Theory Symposium, coll. « Lecture Notes in Computer Science » (no 4 076), , p. 156-167.
Liens externes
- (en) Les valeurs de la fonction de Mertens pour les 50 premiers n sont données par suite A002321 de l'OEIS
- (en) Eric W. Weisstein, « Mertens Conjecture », sur MathWorld