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ExoMars Trace Gas Orbiter

ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) est une sonde interplanétaire développée par l'Agence spatiale européenne, placée en orbite autour de la planète Mars pour étudier la présence et l'origine des gaz présents dans l'atmosphère martienne à l'état de trace, notamment le méthane dont elle doit tenter de déterminer s'il est d'origine biologique. La sonde spatiale a été lancée le par une fusée russe Proton. Après s'être insérée en orbite autour de Mars le , la mission doit utiliser la technique de l'aérofreinage durant 12 mois avant d'entamer la phase scientifique de la mission qui doit s'achever en 2022.

ExoMars Trace Gas Orbiter
Sonde spatiale
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste d'ExoMars Trace Gas Orbiter.
Données générales
Organisation Agence spatiale européenne
Participation de Roscosmos
Programme ExoMars
Domaine Étude de l'atmosphère de Mars
Type de mission Orbiteur
Statut Opérationnel
Lancement
Lanceur Proton-M/Briz-M
Fin de mission 2022 (prévisionnel)
Site exploration.esa.int/jump.cfm?oid=46475
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 4 332 kg (sans EDM)
Orbite basse
PĂ©riapside 400 km
Apoapside 400 km
Inclinaison 74 ou 106°
Principaux instruments
NOMAD Spectromètres
ACS Spectromètres
CaSSIS Caméra
FREND DĂ©tecteur de neutrons

La sonde spatiale d'une masse de plus de quatre tonnes transporte une charge utile de 712 kg comprenant quatre groupes d'instruments (spectromètres, camĂ©ras, dĂ©tecteurs de neutrons) et l'atterrisseur expĂ©rimental europĂ©en Schiaparelli qu'elle a larguĂ© Ă  proximitĂ© de Mars. Celui-ci devait se poser sur Mars et permettre ainsi de valider les techniques de rentrĂ©e atmosphĂ©rique et d'atterrissage sur cette planète. L'agence spatiale russe Roscosmos participe Ă  la mission en fournissant une partie de l'instrumentation scientifique en contrepartie de la prise en charge du lancement. ExoMars Trace Gas Orbiter fait partie du programme europĂ©en Exomars et doit, Ă  ce titre, Ă©galement servir de relais de tĂ©lĂ©communications entre la Terre et les engins europĂ©ens de ce programme qui doivent se poser sur le sol martien.

Contexte

Au début des années 2000, un projet d'astromobile martien ExoMars est mis à l'étude par l'Agence spatiale européenne. Ce projet ambitieux est repoussé à plusieurs reprises car il nécessite à la fois des moyens financiers importants et la maitrise des techniques d'atterrissage sur Mars. Il est inscrit en 2005 comme mission majeure (Flagship mission) du programme Aurora.

Échec du partenariat avec la NASA

En , la NASA et l'Agence spatiale européenne associent leurs projets d'exploration de la planète Mars dans le cadre de l'Initiative conjointe d'exploration de Mars. La première matérialisation de cet accord est le programme ExoMars qui regroupe désormais quatre engins spatiaux :

  • ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) est un orbiteur sous la responsabilitĂ© de l'ESA qui a pour mission primaire d'identifier l'origine du mĂ©thane et d'autres gaz rares prĂ©sents dans l'atmosphère martienne. Il doit Ă©galement servir de relais de tĂ©lĂ©communications entre la Terre et le sol martien. Les instruments scientifiques sont fournis en partie par les laboratoires amĂ©ricains ;
  • ExoMars EDM est un atterrisseur de l'ESA qui doit permettre Ă  celle-ci de valider les techniques de rentrĂ©e atmosphĂ©rique et d'atterrissage sur Mars en vue de l'envoi d'un rover ;
  • ExoMars Rover est un rover europĂ©en qui doit rechercher la prĂ©sence de vie sur Mars et Ă©tudier la surface de la planète pour y dĂ©tecter des indices de prĂ©sence d'eau ;
  • MAX-C est un rover dĂ©veloppĂ© par la NASA qui doit pouvoir rechercher des indices de la vie, prĂ©lever des carottes dans le sous-sol martien et les stocker pour une future mission de retour d'Ă©chantillons sur Terre qui reste Ă  dĂ©finir.

Les engins ExoMars TGO et ExoEDM doivent être lancés ensemble début 2016 tandis que les deux rovers sont lancés en 2018 en utilisant le système d'atterrissage américain. Les lanceurs sont également fournis par la NASA.

Mais en 2011/2012, la NASA soumise à une pression budgétaire importante se retire du programme après avoir proposé dans un premier temps d'en diminuer les coûts en fusionnant les deux projets de rover.

Nouveau partenariat avec l'agence spatiale russe Roscosmos

Pour faire face à ses contraintes budgétaires qui ne lui permettent pas de mener seule les missions planifiées, l'ESA se tourne vers l'agence spatiale russe Roscosmos qui accepte d'intégrer le programme ExoMars. Selon les termes d'un accord conclu en , l'agence spatiale russe fournit les deux lanceurs Proton nécessaires, une partie de l'instrumentation scientifique de TGO ainsi que le véhicule de rentrée et de descente qui doit poser le rover européen sur le sol martien. Les modifications structurelles introduites par ce changement tardif de partenaire rendent l'échéance du premier lancement (TGO et EDM) qui doit avoir lieu en janvier 2016 difficile à tenir. Après des discussions menées avec les industriels concernés, les responsables de l'agence spatiale européenne décident de maintenir le calendrier initial. En , l'ESA passe commande à l'établissement italien du constructeur Thales Alenia Space des engins ExoMars TGO et ExoMars EDM[1].

Objectifs

Étude de l’atmosphère de Mars

Les différentes hypothèses sur la genèse et le lieu de stockage du méthane détecté dans l'atmosphère de Mars.

La mission principale de l'orbiteur ExoMars TGO porte sur l'étude de l'atmosphère de Mars. Des observations récentes réalisées par des orbiteurs martiens ainsi que depuis des observatoires terrestres ont indiqué la présence de méthane dans l'atmosphère martienne avec des variations dans le temps de la concentration de ce gaz. Les modèles actuels ne permettent pas d'expliquer la présence de méthane et les rapides changements de sa concentration sur le plan spatial et temporel. L'apparition du méthane comme sa disparition ne sont pas expliquées. Ces observations soulèvent les questions suivantes :

  • s'agit il d'une manifestation d'une activitĂ© souterraine :
    • y a-t-il des rĂ©servoirs de glace en surface ou proches de la surface (en particulier dans la glace) ? OĂą sont ces rĂ©servoirs ? ;
  • quelle est l'origine de ce gaz : gĂ©ochimique ou biochimique ? :
    • existe-t-il d'autres traces de gaz ? Quels sont les ratios des isotopes ? ;
  • quels sont les processus qui contrĂ´lent le cycle de vie de ces gaz ? :
    • Ă©chelle de temps des emplacements, des activations et des modifications : phĂ©nomènes saisonniers, annuels, Ă©pisodiques, long terme,
    • rĂ´le de la gĂ©ochimie hĂ©tĂ©rogène,
    • interaction entre la surface et l'atmosphère.

Ces questions débouchent sur les objectifs assignés à la mission ExoMars TGO[2] :

  • identifier les gaz et isotopes prĂ©sents sous forme de trace dans l'atmosphère martienne ;
  • dĂ©finir les variations spatiales et temporelles de la distribution du mĂ©thane et si possible des gaz les plus importants ainsi que des molĂ©cules Ă  l'origine de ces gaz (H2O…) ;
  • localiser les sources du mĂ©thane et des principaux gaz et leurs interactions dont celles avec les aĂ©rosols et de quelle manière ces processus sont modifiĂ©s par l'Ă©tat de l'atmosphère (tempĂ©rature, distribution des principales sources de gaz comme l'eau) ;
  • prendre des photos des formations de surface qui peuvent ĂŞtre liĂ©es aux sources de gaz.

Objectifs complémentaires

Les objectifs complémentaires d’ExoMars TGO sont les suivants :

  • transporter l'atterrisseur Schiaparelli jusqu'Ă  Mars ;
  • assurer avec les autres orbiteurs en activitĂ© autour de Mars le rĂ´le de relais de tĂ©lĂ©communications entre Schiaparelli et la Terre ;
  • remplir le mĂŞme rĂ´le pour le rover ExoMars Ă  compter de 2018 ainsi que pour les autres engins spatiaux prĂ©sents Ă  la surface de Mars.
Comparaison des tailles d'ExoMars TGO et de la sonde européenne Mars Express (à droite).

Caractéristiques techniques

ExoMars Trace Gaz Orbiter est composée d'une plateforme qui fournit les services nécessaires au fonctionnement de la sonde spatiale (guidage, télécommunications, énergie, orientation…), d'une charge utile composée de quatre suites instrumentales. Par ailleurs, la sonde spatiale transporte jusqu'à proximité de Mars l'atterrisseur Schiaparelli.

Plateforme

ExoMars TGO comparée aux missions similaires
Caractéristique TGO Mars Express MAVEN
Masse totale3 732 kgÂą1 060 kgÂą2 454 kg
Masse instruments scientifiques112 kg113 kgÂą65 kg
Masse ergols (%)2 500 kg (67 %)457 kg (43 %)1 595 kg (65 %)
Puissance Ă©lectrique2 000 watts650 watts1 230 watts
Orbite
Altitude
Inclinaison orbitale
Orbite basse
400 km
74°
Orbite haute
298 km Ă— 10 107 km
86,3°
Orbite haute
150 km Ă— 5 000 km
75°
ÂąAtterrisseur non compris

La plateforme d'ExoMars TGO est fournie par OHB-System (structure, système de propulsion, protection thermique, câblage Ă©lectrique central)[3] et complĂ©tĂ©e avec des composants du bus Spacebus dĂ©veloppĂ© par Thales Alenia Space pour ses satellites de tĂ©lĂ©communications gĂ©ostationnaires. La structure centrale est un cylindre d'un diamètre de 1,20 mètre. La propulsion principale est assurĂ©e par un moteur-fusĂ©e biergol Leros1b de 645 newtons de poussĂ©e qui consomme un mĂ©lange hypergolique d'hydrazine et de peroxyde d'azote. Six propulseurs monergol de 22 N de poussĂ©e sont chargĂ©s d'effectuer des corrections de trajectoire demandant un delta-v modĂ©rĂ© et de contrĂ´ler l'orientation du satellite durant les moments critiques en particulier durant les phases d'aĂ©rofreinage et juste avant la libĂ©ration de l'atterrisseur. L'Ă©nergie Ă©lectrique est fournie par des panneaux solaires d'une superficie de 20 m2 produisant 2 000 watts au niveau de l'orbite de Mars. Les panneaux sont orientables avec 1 degrĂ© de libertĂ©. L'Ă©nergie est stockĂ©e dans deux batteries lithium-ion d'une capacitĂ© de 180 Ah permettant d'alimenter le satellite durant les phases d'Ă©clipse. Lorsque les instruments scientifiques fonctionnent, le contrĂ´le d'attitude|contrĂ´le de l'orientation est pris en charge par les seules roues de rĂ©action ayant un couple de 20 N m.

Les tĂ©lĂ©communications sont prises en charge par deux transpondeurs d'une puissance de 65 watts en bande X et bande Ka (secours) utilisant une antenne Ă  grand gain de 2,2 mètres de diamètre. TGO possède par ailleurs trois antennes faible gain et deux transpondeurs pour les liaisons de proximitĂ© en bande UHF avec les rovers se trouvant Ă  la surface de Mars. L'orbiteur a une masse Ă  vide de 1,365 tonne dont 125 kg de charge utile. ExoMars TGO transporte l'atterrisseur ExoMars EDM qui reprĂ©sente une masse d'environ 600 kg. Le carburant nĂ©cessaire aux diffĂ©rentes manĹ“uvres reprĂ©sente une masse de 2 190 kg. Compte tenu de la capacitĂ© du lanceur Atlas V qui peut placer sur une trajectoire de transit vers Mars 4,4 tonnes, l'orbiteur peut stocker dans ses rĂ©servoirs jusqu'Ă  2,44 tonnes de carburant[4].

Maquette d'Exomars Trace Gas Orbiter.

Instrumentation scientifique

ExoMars TGO embarque plusieurs instruments scientifiques dont certains sont fournis par la Russie. En , le seul instrument connu est le spectromètre ultraviolet NOMAD qui fonctionne dans les bandes (nn). Il doit détecter les gaz et les isotopes présents dans l'atmosphère. L'instrument est très proche de celui embarqué sur la sonde Venus Express.

Les quatre groupes d'instruments scientifiques de TGO
Instrument Type instrument Objectifs Principales caractéristiques Responsable scientifique Pays participant Masse Consommation
NOMAD SO : spectromètre infrarouge Profil vertical des composants prĂ©sents dans l'atmosphère Longueurs d'onde : 2,2–4,3 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
A.C. Vandaele
(Drapeau de la Belgique Belgique)
Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Canada Canada.
kg watts
LNO : spectromètre infra-rouge Profil vertical des composants prĂ©sents dans l'atmosphère, glaces et gelĂ©es au sol Longueurs d'onde : 2,2–4,3 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
UVIS : spectromètre ultraviolet/visible DĂ©tection de la prĂ©sence dans l'atmosphère de l'ozone, de l'acide sulfurique et des aĂ©rosols Longueurs d'onde : 0,2–0,65 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
ACS NIR : spectromètre Ă  filtre acousto-optique accordable Profils verticaux de tempĂ©rature et de densitĂ© CO2, CH4 H2O et CO, ratios isotopiques, recherche de nouvelles molĂ©cules organiques… Longueurs d'onde : proche infrarouge 0,7–1,7 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
O. Korablev
(Drapeau de la Russie Russie)
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de l'Italie Italie.
kg watts
MIR : spectromètre Ă  filtre acousto-optique accordable cf. NIR Longueurs d'onde : moyen infra-rouge 2,3–4,6 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
TIR : spectromètre Fourier Profil thermique de l'atmosphère, contrĂ´le de la poussière et des nuages de condensation, carte de distribution du mĂ©thane… Longueurs d'onde : infrarouge thermique 1,7–4 Âµm
RĂ©solution spectrale : ?
CaSSIS Imageur Images des portions de surfaces sources potentielles des gaz dĂ©tectĂ©s, dĂ©tection des processus dynamiques en surface, recherche de zones d'atterrissage pour le rover ExoMars Longueurs d'onde : Panchromatique 650 nm (250 nm), Infrarouge 950 nm (150 nm), proche infrarouge 850 nm (120 nm), bleu-vert 475 nm (150 nm)
Résolution optique : mètres/pixel
Fauchée : km
1 degrĂ© de libertĂ©
Images en relief
N. Thomas
(Drapeau de la Suisse Suisse)
Drapeau de la Suisse Suisse
Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de la Pologne Pologne
kg watts
FREND Détecteur de neutrons Concentration en hydrogène dans la couche superficielle de la surface de Mars Énergie des neutrons détectés : 0,4 eV - 500 keV et 0,5 MeV - 10 MeV I. Mitrofanov
(Drapeau de la Russie Russie)
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau des États-Unis États-Unis
kg watts

Spectromètres NOMAD

L'émetteur-récepteur radio utilisé pour communiquer en bande UHF avec les engins spatiaux à la surface de Mars.

NOMAD (Nadir and Occultation for MArs Discovery) est un ensemble de spectromètres mesurant le spectre de la lumière du Soleil sur diffĂ©rentes longueurs d'onde (infrarouge, visible, ultraviolet) qui, soit traversent le limbe atmosphĂ©rique de Mars, soit sont rĂ©flĂ©chies par son sol. L'instrument SO effectue des observations lorsque Mars occulte le Soleil. Il permet d'observer 6 petites portions du spectre infrarouge en 1 seconde. Lors d'une occultation du Soleil (durĂ©e 5 minutes), il permet d'obtenir 300 spectres par longueur d'onde et ainsi de fournir un profil vertical de l'atmosphère de la base au sommet. LNO est utilisĂ© pour analyser la lumière rĂ©flĂ©chie par le sol martien au nadir. Sa sensibilitĂ© est accrue par rapport Ă  SO pour prendre en compte la quantitĂ© plus faible du rayonnement analysĂ©. UVIS est un instrument très lĂ©ger qui fournit des informations complĂ©mentaires en particulier sur les concentrations d'ozone, d'acide sulfurique et d'aĂ©rosols. SO est une copie de l'instrument SOIR installĂ© Ă  bord de Venus Express. LNO est dĂ©rivĂ© de SOIR. UVIS est un instrument dĂ©veloppĂ© initialement pour le rover ExoMars dans sa première version[5].

  • Le 16 juin 2020, NOMAD dĂ©tecte une lumière verte autour de Mars[6].

Spectromètres ACS

ACS (Atmospheric Chemistry Suite) est un ensemble de trois spectromètres utilisé pour déterminer le spectre de la lumière solaire réfléchie par le sol martien ou traversant l'atmosphère martienne lors d'une occultation du Soleil par la planète. Les spectres sont mesurés par les trois instruments qui composent ACS respectivement dans le proche infrarouge (NIR), moyen infrarouge (MIR) et infrarouge thermal (TIR). Ces longueurs d'onde ont été choisies car elles permettent de détecter l'eau, le méthane et d'autres constituants mineurs de l'atmosphère et d'étudier la structure de l'atmosphère ainsi que sa photochimie. Ces spectromètres permettent d'établir des profils verticaux de l'atmosphère de Mars avec la composition (gaz, ratios isotopes, aérosols), de détecter éventuellement de nouvelles molécules. ACS dérive pour MIR et NIR dde TIMM-2 installé sur Phobos Grunt, de l'expérience Rusalka (station spatiale internationale) et de SOIR (Vénus Express). TIR dérive lui d'AOST (Phobos Grunt) et PFS (Mars Express). L'inclinaison retenue pour l'orbite de TGO a été déterminée pour optimiser les résultats de cet instrument[7].

Imageur CaSSIS

La caméra CaSSIS.

CaSSIS (Colour and Stereo Surface Imaging System) est une camĂ©ra pouvant prendre des images Ă  haute rĂ©solution de la surface de Mars (mètres/pixel) avec la possibilitĂ© de rĂ©aliser des photos en relief avec une rĂ©solution verticale de 5 mètres. L'instrument est utilisĂ© pour identifier les sources potentielles des gaz libĂ©rĂ©s dans l'atmosphère martienne. Il doit Ă©galement permettre d'Ă©tudier les processus dynamiques Ă  l’œuvre Ă  la surface de Mars - sublimation, Ă©rosion, volcanisme - susceptibles d'ĂŞtre Ă  l'origine de gaz libĂ©rĂ©s dans l'atmosphère. CaSSIS, installĂ© sur le cĂ´tĂ© de la sonde spatiale faisant face au sol, est pointĂ© par dĂ©faut vers le nadir. Pour compenser le mouvement de TGO qui par dĂ©faut modifie son orientation pour maintenir en permanence ses panneaux solaires perpendiculaires aux rayons du Soleil, la camĂ©ra est montĂ©e sur un cardan avec un degrĂ© de libertĂ© qui permet de maintenir son axe optique perpendiculaire Ă  la surface. Le mĂ©canisme de rotation permet de faire pivoter la camĂ©ra de 180°. Cette capacitĂ© est Ă©galement utilisĂ©e pour rĂ©aliser les vues en relief[8].

DĂ©tecteur de neutrons FREND

FREND (Fine Resolution Epithermal Neutron Detector) est un dĂ©tecteur de neutrons disposant d'un module de collimation pour restreindre le champ optique de l'instrument afin de permettre de dresser des cartes Ă  haute rĂ©solution de l'abondance de l'hydrogène dans la couche superficielle du sol de Mars. FREND mesure le flux de neutrons en provenance de la surface de Mars qui sont le rĂ©sultat du bombardement de celui-ci par les rayons cosmiques. Ceux-ci ont suffisamment d'Ă©nergie pour briser des atomes prĂ©sents jusqu'Ă  une profondeur de 1 Ă  2 mètres. Les neutrons gĂ©nĂ©rĂ©s sont en partie capturĂ©s ou freinĂ©s par les noyaux des atomes avoisinants. Les neutrons qui parviennent Ă  s'Ă©chapper sont dĂ©tectĂ©s par l'instrument FREND. En mesurant leur vitesse, celui-ci permet de dĂ©duire la composition du terrain et en particulier l'abondance en hydrogène. Pour mesurer les neutrons, l'instrument dispose de deux dĂ©tecteurs : un compteur proportionnel Ă  gaz ÂłHe est chargĂ© de mesurer les neutrons ayant une Ă©nergie de 0,4 eV Ă  500 keV tandis qu'un cristal scintillateur de type stylbene mesure ceux dont l'Ă©nergie est comprise entre 0,5 MeV et 10 MeV[9].
En mars 2018, les résultats des mesures de FREND sont communiqués confirmant des mesures précédentes faites lors d'autres vols vers la planète Mars mais donnant plus de détails[10].

Le 2 mai 2018, André Debus, spécialiste du CNES pour le programme ExoMars, lors d'une conférence donnée à Cannes, dans le cadre des conférences 3AF Côte d'Azur confirme que « les radiations reçues par les passagers seront très élevées, d'autant plus en cas d'éruption solaire un peu forte ; leur protection n'est possible que par l'adjonction de blindages très lourds difficilement envisageables à ce jour. Et, bien entendu, le voyage retour de Mars vers la Terre aggravera la situation »[11].

Atterrisseur expérimental Schiaparelli

TGO emporte l'atterrisseur expĂ©rimental Schiaparelli qu'il largue quelques jours avant l'arrivĂ©e sur Mars. Ce module d'une masse de 600 kg (Phoenix : 670 kg, Viking 600 kg) doit permettre de valider les techniques de rentrĂ©e atmosphĂ©rique et d'atterrissage qui seront mises en Ĺ“uvre par de futures missions martiennes europĂ©ennes. Il comporte un vĂ©hicule de rentrĂ©e chargĂ© de protĂ©ger l'engin spatial de la chaleur gĂ©nĂ©rĂ©e par la rentrĂ©e atmosphĂ©rique, d'un parachute dĂ©ployĂ© alors que la vitesse de l'engin est tombĂ©e Ă  Mach 2 et de moteurs-fusĂ©es Ă  ergols liquides (hydrazine) chargĂ©s d'annuler la vitesse de descente rĂ©siduelle et de dĂ©poser en douceur l'atterrisseur Ă  la surface de Mars. Durant sa descente vers le sol martien, il retransmet les paramètres de vol pour permettre l'analyse de son fonctionnement. Sur le sol martien, sa durĂ©e de vie est limitĂ©e car l'Ă©nergie est fournie par des batteries qui ne sont pas rechargĂ©es. Il emporte une petite charge utile composĂ©e d'instruments scientifiques qui collecteront et retransmettront des donnĂ©es scientifiques au cours des 8 jours de sa durĂ©e de vie sur Mars (Ă©nergie produite par des batteries non rechargeables)[12].

DĂ©veloppement

La réalisation de l'orbiteur ExoMars TGO et de l'atterrisseur Schiaparelli est confiée à Thales Alenia Space dans le cadre d'un contrat signé en [13].

ExoMars TGO est intégré dans le Centre spatial de Cannes - Mandelieu.

DĂ©roulement de la mission

La sonde spatiale est lancée par une fusée russe Proton-M.

Lancement (14 mars 2016)

La fenêtre de lancement vers la planète Mars s'ouvre le et se referme le . Le ExoMars TGO avec l'atterrisseur Schiaparelli décolle du cosmodrome de Baïkonour à bord d'une fusée russe Proton-M/Briz-M. Pour ce lanceur il s'agit du premier lancement d'une sonde spatiale interplanétaire depuis plus de deux décennies mais le profil de ce vol est proche des mises en orbite des satellites de télécommunications qui représentent une part importante de l'activité de la fusée. Le lancement s'étale sur 11 heures car la poussée de l'étage Briz-M est relativement faible et pour optimiser son utilisation, il faut trois mises à feu successives[14] - [15] :

  • Lancement de la mission ExoMars 2016 Ă  bord d'une fusĂ©e Proton-M depuis le cosmodrome de BaĂŻkonour.
    T0 : décollage ;
  • 1 min 59 s : allumage du second Ă©tage ;
  • 5 min 24 s : allumage du troisième Ă©tage ;
  • 9 min 31 s : largage du troisième Ă©tage ;
  • 11 min 1 s : première mise Ă  feu de l'Ă©tage Briz-M. L'allumage du moteur a lieu Ă  l'opposĂ© de l'azimut de la position que Mars occupera Ă  l'arrivĂ©e prĂ©vue le ;
  • 16 min : extinction de l'Ă©tage Briz-M : la sonde spatiale circule sur une orbite de parking avec une altitude de 175 km avec une inclinaison de 51,5° ;
  • 1 h 0 min 34 s : 2e mise Ă  feu de l'Ă©tage Briz-M d'une durĂ©e de 18 minutes : l'orbite est dĂ©sormais de 250 Ă— 5 800 km ;
  • 4 h : lorsque la sonde spatiale repasse par le pĂ©rigĂ©e de sa nouvelle orbite, une 3e mise Ă  feu de l'Ă©tage Briz-M d'une durĂ©e de 12 minutes est dĂ©clenchĂ©e pour relever l'apogĂ©e : l'orbite rĂ©sultante est de 250 Ă— 21 400 km et la pĂ©riode est de 6 heures. Le rĂ©servoir auxiliaire est larguĂ© ;
  • 10 h 19 min : 4e mise Ă  feu de l'Ă©tage Briz-M d'une durĂ©e de 10 minutes dĂ©clenchĂ©e au pĂ©rigĂ©e de l'orbite permettant Ă  la sonde spatiale de s'Ă©chapper de l'attraction terrestre et de se diriger vers Mars. L'Ă©tage Briz-M est larguĂ© 2 minutes après l'extinction du système de propulsion puis les panneaux solaires sont dĂ©ployĂ©s.

Transit vers Mars (mars Ă  octobre 2016)

La sonde spatiale doit atteindre Mars environ 7 mois plus tard vers . Trois Ă  cinq jours avant les manĹ“uvres d'insertion en orbite autour de Mars, la sonde libère l'atterrisseur Schiaparelli qui effectue une rentrĂ©e directe dans l'atmosphère martienne dans le prolongement de la trajectoire hyperbolique de la sonde.

Le , ExoMars Trace Gas Orbiter passe avec succès la revue de vérification de toutes ses fonctionnalités (IOCR In-Orbit Commissioning Review). Thales Alenia Space a analysé les données relatives au lancement, à la phase de mise à poste (LEOP) ainsi qu’à celle des opérations de mise en service afin d’établir un rapport qui a été remis à l’ESA. Le rapport atteste du bon fonctionnement des deux modules constituant le vaisseau spatial : l’EDM (Module d’Entrée et de Descente) et le TGO (Orbiteur Traceur de Gaz). Les tests réalisés sur le TGO pendant la phase de mise à poste confirment que les températures du satellite respectent bien les limites opérationnelles. Le sous-système de propulsion fonctionne comme prévu et la consommation d’énergie est normale. Les paramètres électriques (voltage et courant) demeurent stables en cohérence avec les résultats des tests réalisés sur Terre. Une deuxième vérification de la charge utile du TGO et de l’EDM est effectuée courant juin[16]. Une première photo de Mars est prise par la caméra Cassis le 13 juin alors que la planète se trouve encore à 41 millions de kilomètres[17].

le 18 juillet le moteur-fusée principal de 424 Newtons de poussée est mis à feu durant 52 minutes pour effectuer la première correction de trajectoire depuis le lancement avec comme objectif de placer la sonde spatiale sur une trajectoire interceptant précisément Mars[18]. Le 16 octobre, 3 jours avant l'arrivée sur Mars, l’EDM/Schiaparelli se sépare de l’orbiteur. Le 19 octobre le TGO entre dans l’orbite martienne, pendant que l’EDM atterrit simultanément sur Mars[19].

Insertion en orbite et aérofreinage (janvier 2017 à avril 2018)

La manĹ“uvre d'insertion en orbite autour de Mars est conçue de manière Ă  maintenir la liaison UHF avec l'atterrisseur EDM/Schiaparelli durant sa descente sur le sol martien pour recueillir les donnĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques et pouvoir effectuer un diagnostic mĂŞme si l'arrivĂ©e sur le sol martien ne se dĂ©roule pas de manière normale. Le vers 13 h TU, l'orbiteur entame une sĂ©quence de freinage Ă  l'aide de sa propulsion principale d'une durĂ©e de 139 minutes qui rĂ©duit sa vitesse de 1,5 km/s et le place sur une orbite elliptique autour de Mars[20]. ExoMars TGO s’insère sur l'orbite haute elliptique prĂ©vue avec un pĂ©rigĂ©e se situant entre 230 et 310 km au-dessus de la surface, un apogĂ©e Ă  98000 km avec une pĂ©riode orbitale de 4,2 jours[21]. Il reste sur cette orbite durant 8 jours après l'atterrissage pour que l'orbiteur puisse effectuer un passage supplĂ©mentaire au-dessus du site d'atterrissage de Schiaparelli. Ensuite ExoMars TGO entame une sĂ©rie de manĹ“uvres Ă  l'aide de sa propulsion pour rĂ©duire son apogĂ©e et faire passer son inclinaison orbitale Ă  74° et sa pĂ©riode Ă  1 sol. Les rĂ©ductions consĂ©cutives de son apogĂ©e sont effectuĂ©es en utilisant la technique de l'aĂ©rofreinage c'est-Ă -dire en manĹ“uvrant de manière Ă  faire passer l'orbiteur dans les couches denses de l'atmosphère martienne et ainsi ralentir la sonde et rĂ©duire son orbite[22].

Photo de Juventae Chasma prise avec l'instrument Cassis.

Durant cette phase TGO réalise 740 passages dans l'atmosphère basse ce qui réduit sa vitesse orbitale de 782 m/s. Cette phase s'achève le 20 février 2018 avec une dernière manœuvre propulsive de 16 minutes qui remonte le périgée et place l'engin spatial sur une orbite provisoire de 200 x 1047 km. Au cours du mois suivant 10 manœuvres successives placent TGO sur son orbite circulaire définitive de 400 km avec une période de 2 heures. La phase scientifique de la mission débute le 21 avril. Durant l'été 2018 TGO commence à jouer son rôle de relais entre les rovers circulant à la surface de Mars et la Terre[23].

Calendrier prévisionnel de la mission[24]
Phase Date Événement
Lancement et transit vers Mars14 mars 2016Lancement par une fusée fusée Proton depuis le cosmodrome de Baïkonour
début avrilTest du répéteur radio de la NASA (Electra)
sur 6 semaines Ă  partir du lancementRecette des instruments scientifiques de TGO et de Schiaparelli
jusqu’à juinPhase de transit
de mi-juillet à mi-aoûtManœuvres de corrections de trajectoire
28 juilletPrincipale manœuvre de correction de trajectoire
septembre Ă  octobreDĂ©termination de la trajectoire en utilisant la technique Delta-DOR
9 octobreDĂ©but du suivi radio permanent par les stations terrestres
16 octobre 2016 Ă  14 h 42 GMTLargage de l'atterrisseur Schiaparelli[25]
17 octobre 2016Manœuvre d'évitement de Mars
Insertion en orbite et aérofreinage19 octobre 2016Manœuvre d'insertion en orbite autour de Mars sur une orbite haute très elliptique
19 octobre 2016L'atterrisseur Schiaparelli se pose sur le sol de Mars
20 novembre 2016Début du recueil des données à l'aide des instruments scientifiques
dĂ©cembre 2016ManĹ“uvre de rĂ©duction de la pĂ©riode orbitale (de 4 jours Ă  1 jour)
17 janvier 2017Manœuvre de changement de l'inclinaison orbitale (⇒ 74°)
janvier 2017Début de la phase d'aérofreinage visant à réduire l'altitude de l'orbite
11 juillet au 11 août 2017Conjonction solaire haute : les liaisons radio sont impossibles ou difficiles. Les opérations critiques sont interrompues.
20 février 2018Fin de la phase d'aérofreinage. TGO se trouve sur son orbite 200 x 1047 km
21 avril 2018Après 10 manœuvres orbitales l'orbiteur se trouve sur son orbite finale de 400 km avec une période de 2 heures
Opérations scientifiques21 avrilDébut des opérations scientifiques
décembre 2020Fin de la mission primaire
2024TGO commence Ă  jouer le rĂ´le de relais radio pour le rover ExoMars qui vient de se poser sur le sol martien

Déroulement de la mission scientifique (février 2018 à décembre 2022)

Le recueil des données scientifiques débute en avril 2018[26], après que la sonde spatiale fut insérée sur son orbite circulaire définitive à 400 kilomètres d'altitude et qu'elle parcourt en deux heures[27]. La durée nominale de la mission scientifique est d'une année martienne (deux années terrestres).

Les premiers résultats, présentés un an plus tard, portent sur l'évolution de l'atmosphère durant les tempêtes de poussière, la proportion de deutérium et la non-détection de méthane :

  • La limite de dĂ©tection du mĂ©thane atteint une valeur inĂ©galĂ©e : 0,05 parts par milliards. Ce qui se rĂ©vèle ĂŞtre 10 Ă  100 fois plus faible que des affirmations antĂ©rieures de dĂ©tection. L'instrument FREND fournit, en un peu plus de 100 jours, une carte extrĂŞmement prĂ©cise des rĂ©gions de Mars oĂą de l'eau est enfouie en quantitĂ© relativement importante dans les couches superficielles[28].
  • Une lumière verte, relativement intense Ă  haute altitude et Ă©mise par l'atmosphère de Mars lorsque la molĂ©cule de dioxyde de carbone perd ses atomes d'oxygène, est observĂ©e pour la première fois autour d'une planète[29].
  • Des raies spectrales associĂ©es aux molĂ©cules de dioxyde de carbone et Ă  l'ozone sont observĂ©es pour la première fois[30].

Support de la mission du rover ExoMars

Trois manœuvres orbitales seront effectuées pour changer l'orbite du satellite pour préparer l'arrivée de la mission ExoMars rover en . Celles-ci permettront à TGO de communiquer durant les phases d'approche et de descente atmosphérique du rover Rosalind Franklin. Sans ses changements, le champ de vue entre le module de descente et l'orbiteur serait occulté par Mars, empêchant ainsi toute communication durant une phase critique de la mission[31]. À l'issue de l'atterrissage du rover, la mission prioritaire de l'orbiteur sera de jouer le rôle de relais de télécommunications entre les rovers et la Terre[22].

RĂ©sultats scientifiques

Détection de lâchers de méthane

La présence de méthane dans l'atmosphère de Mars est un sujet qui fait controverse depuis 1969, l'équipe scientifique de Mariner 7 ayant annoncé que le spectromètre de la sonde spatiale avait détecté du méthane avant de se rétracter quelques semaines plus tard. La présence de méthane est une information importante car ce gaz, qui est détruit dans un intervalle de temps court d'un point de vue géologique, résulte soit d'une activité volcanique soit de processus organiques présents ou passés. En 2003, une équipe scientifique utilisant les données fournies par Mars Express et des télescopes basés sur Terre a annoncé avoir détecté du méthane en faible concentration à 5 parties par milliard (ppb) avec des pics de plusieurs douzaines de ppm ; ces résultats ont par la suite été contestés par des scientifiques utilisant les instruments de Mars Global Surveyor et de plusieurs télescopes terrestres. L'astromobile Curiosity, circulant à la surface de Mars, a accumulé en 2014 une vingtaine de mois de mesures avec l'instrument SAM, plus précisément l'instrument Tunable Laser Spectrometer (TLS) ont abouti en novembre 2014 à la confirmation de la présence de méthane dans l'atmosphère de Mars dans une proportion de 0,69 partie par milliard avec une marge d'erreur de 0,29. L'instrument a également détecté plusieurs montées de la concentration avec des pics surprenants à 20 parties par milliard, ce qui indique que du méthane continue d'être relâché localement[32].

Pour expliquer l'énigme entourant la présence de méthane dans l'atmosphère de Mars, compte tenu de son enjeu (présence éventuelle d'organismes vivants sur Mars), l'Agence spatiale européenne a équipé son orbiteur ExoMars Trace Gas Orbiter lancé en 2016 d'un instrument très précis pour mesurer la quantité de méthane. Celui-ci n'a détecté aucun méthane sur le site où Curiosity en avait trouvé. En tentant de réconcilier ces mesures contradictoires, une explication partielle a été trouvée. Alors que Curiosity effectue ses mesures de nuit pour disposer de suffisamment d'énergie (de jour les 100 Watts disponibles sont utilisés par la propulsion, les télécommunications, les caméras et les instruments), l'instrument de Trace Gaz Orbiter doit réaliser les siennes alors que l'atmosphère est éclairée par le Soleil. Le scénario imaginé est que le méthane est produit la nuit près de la surface et qu'avec l'arrivée du Soleil il monte en altitude lorsque l'atmosphère se réchauffe en se diluant et en devenant ainsi indétectable. Cette hypothèse a été vérifiée : des mesures ont été effectuées par Curiosity sur des prélèvements effectués de jour et ont confirmé l'absence de quantités de méthane détectables. Le cratère Gale émettrait donc du méthane de manière continue. Il n'y a aucune raison scientifique de penser que Gale constitue une exception et que ces émissions ne soient pas répandues à la surface de Mars. Compte tenu de la stabilité du méthane (il faut 300 ans pour que le méthane présent dans l'atmosphère soit dissocié par le rayonnement solaire), il reste à expliquer pourquoi cette accumulation quotidienne de méthane ne se traduit pas par des concentrations notables. Quel est le processus inconnu qui détruit le méthane ? Décharges électriques produites par l'accumulation de poussière, concentrations d'oxygène[33] ?

Références

  1. (en) Jonathan Amos, « Europe's ExoMars missions 'on track' », sur BBC, .
  2. (en) P Crane JL Vago, « ExoMars 2016 Payload selection », .
  3. (en) « ExoMars mission 2016: Trace Gaz Orbiter » [PDF], sur OHB-System (consulté le ).
  4. (en) Pasquale Santoro, « The ExoMars mission », .
  5. (en) « EXOMars TGO Instruments : NOMAD - Nadir and Occultation for MArs Discovery », sur ESA (consulté le )
  6. CNEWS, 16 juin 2020, « Le satellite TGO d'Exomars détecte une lumière verte autour de Mars »
  7. (en) « EXOMars TGO Instruments : ACS - Atmospheric Chemistry Suite », sur ESA (consulté le ).
  8. (en) « EXOMars TGO Instruments : CaSSIS - Colour and Stereo Surface Imaging System », sur ESA (consulté le ).
  9. (en) « EXOMars TGO Instruments : FREND - Fine Resolution Epithermal Neutron Detector », sur ESA (consulté le ).
  10. ScienceDirect ICcarus, 15 mars 2018, (en) Charged particles radiation measurements with Liulin-MO dosimeter of FREND instrument aboard ExoMars Trace Gas Orbiter during the transit and in high elliptic Mars orbit
  11. ExoMars
  12. (en) « The ExoMars Entry, Descent and Landing Demonstrator Module (EDM) », sur Agence spatiale européenne (consulté le ).
  13. (en) « ExoMars 2016 set to complete construction », sur Agence spatiale européenne, .
  14. (en) Patrick Blau, « ExoMars 2016 Launch Overview », sur spaceflight101.com (consulté le ).
  15. (en) Patrick Blau, « ExoMars on its way to solve the red planet’s mysteries », Agence spatiale européenne, .
  16. (en) « Checking in with the Trace Gas Orbiter », sur ESA : Robotic Exploration of Mars, Agence spatiale européenne, .
  17. (en) « ExoMars sets sights on the Red Planet », sur ESA : Robotic Exploration of Mars, Agence spatiale européenne,
  18. (en) « Engine burn gives Mars mission a kick », sur ESA : Robotic Exploration of Mars, Agence spatiale européenne,
  19. Pierre-François Mouriaux, « ExoMars : tout est nominal à bord », dans Air & Cosmos, 25 mai 2016, sur le site d'Air & Cosmos.
  20. (en) « ExoMars TGO reaches Mars orbit while EDM situation under assessment », sur Agence spatiale européenne, .
  21. (en) « ESA's new Mars orbiter prepares for first science », sur ESA : Robotic Exploration of Mars, Agence spatiale européenne,
  22. (en) « ExoMars 2016 Payload selection » [PDF], Agence spatiale européenne, , p. 14-16.
  23. (en) Patrick Blau, « Trace Gas Orbiter Concludes Aerobraking ahead of Final Orbit Trimming, Science Operations », sur spaceflight101.com, .
  24. (en) « TIMELINE FOR EXOMARS 2016 », Agence spatiale européenne, .
  25. Rémy Decourt, Futura Sciences, 16 octobre 2016, « ExoMars : l'atterrisseur Schiaparelli s'est correctement séparé de l'orbiteur TGO et vole vers Mars ».
  26. « ESA - Robotic Exploration of Mars - ExoMars Trace Gas Orbiter and Schiaparelli Mission (2016) », sur exploration.esa.int (consulté le )
  27. (en) esa, « ExoMars poised to start science mission », sur Agence spatiale européenne - Exploration robotique de Mars,
  28. (en) esa, « First results from the ExoMars Trace Gas Orbiter », sur Agence spatiale européenne - Exploration robotique de Mars,
  29. (en) esa, « ExoMars spots unique green glow at the Red Planet », sur Agence spatiale européenne - Exploration robotique de Mars,
  30. (en) esa, « ExoMars finds new gas signatures in the martian atmosphere », sur Agence spatiale européenne - Exploration robotique de Mars,
  31. (en-GB) esa, « ExoMars orbiter prepares for Rosalind Franklin », sur European Space Agency (consulté le )
  32. (en) Patrick Blau, « ethane & Organics - MSL Curiosity Science Team reports Key Discoveries », sur spaceflight101.com,
  33. (en) « First You See It, Then You Don't: Scientists Closer to Explaining Mars Methane Mystery », sur NASA - MARS 2020, .

Bibliographie

  • (en) Paolo Ulivi et David M. Harland, Robotic exploration of the solar system : Part 4 : the Modern Era 2004-2013, Springer Praxis, , 567 p. (ISBN 978-1-4614-4811-2)
  • (en) Agence spatiale europĂ©enne, ExoMars mediakit, (lire en ligne [PDF])
Dossier de presse fourni par l'agence spatiale européenne pour le lancement.

Voir aussi

Liens internes

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