EnquĂȘte publique en France
En France, l'enquĂȘte publique est une consultation lĂ©gale[1] portant sur un dossier finalisĂ© (plan, programme, projet prĂȘt Ă ĂȘtre approuvĂ© ou autorisĂ©). Elle « a pour objet d'assurer l'information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intĂ©rĂȘts des tiers lors de l'Ă©laboration »[2] de certaines dĂ©cisions administratives le plus souvent relativement locales mais parfois d'ampleur nationale. Elle constitue ainsi un dispositif au service de la dĂ©mocratie participative.
L'enquĂȘte publique concerne notamment :
- les projets qui exigent une expropriation justifiĂ©e par l'intĂ©rĂȘt public et qui est prononcĂ©e Ă l'issue d'une dĂ©claration d'utilitĂ© publique[3] - [4] - [5] ;
- la plupart des « projets de travaux, d'ouvrages ou d'aménagements devant comporter une évaluation environnementale »[6] - [7] et/ou nécessitant une autorisation environnementale[8] ;
- l'adoption de nombreux documents dâurbanismes collectifs[9].
« Les observations et propositions recueillies au cours de l'enquĂȘte sont prises en considĂ©ration par l'administration compĂ©tente avant la prise de dĂ©cision »[2]. L'enquĂȘte publique est donc :
- ouverte Ă tous, sans restriction d'Ăąge ou de nationalitĂ© ; Chacun peut s'y informer du projet, consulter le dossier correspondant et y exprimer son avis, ses suggestions et d'Ă©ventuelles contre-propositions, sur un registre d'enquĂȘte appropriĂ© (papier et/ou Ă©lectronique) ;
- ouverte localement, sur et autour des lieux impactés, dans la (ou les) mairie(s) concerné(es) par le projet ; Pour cela un minimum de publicité est réglementé[10] ;
- ouverte dans son dossier soumis Ă enquĂȘte, selon les rĂšgles prĂ©cisĂ©es dans l'enquĂȘte[11] - [12] ;
- conduite par un commissaire enquĂȘteur, ou par une commission d'enquĂȘte (nombre impair de commissaires enquĂȘteurs avec un prĂ©sident de commission) pour les enquĂȘtes complexes, indĂ©pendant(e) et a priori impartial(e) ;
- ouverte dans ses conclusions[12] : le rapport et l'avis du commissaire enquĂȘteur, ou de la commission d'enquĂȘte, sont mis Ă la disposition du public, notamment sur le site internet de l'autoritĂ© organisatrice de l'enquĂȘte (prĂ©fecture / mairie) mais parfois seulement Ă tous ceux qui en font la demande Ă©crite (exemple : en cas d'expropriation).
Historique
La base du dispositif français est une loi impĂ©riale de 1810[13] votĂ©e pour garantir le respect du droit de propriĂ©tĂ© lors des expropriations. Une loi de 1833[14] a introduit lâenquĂȘte prĂ©alable (dite de « commodo et incommodo ») Ă la DĂ©claration d'utilitĂ© publique (ou DUP). Une ordonnance de 1958[15] oblige l'enquĂȘte et l'avis favorable avant prise de DUP. Un dĂ©cret de 1959[16], revu en 1977[17], explicite les caractĂ©ristiques de l'enquĂȘte prĂ©alable Ă la DUP, avec lâobjectif de dĂ©fendre le droit des propriĂ©taires avant de valider les projets de lâadministration. Une ordonnance en 2014[18] a modifiĂ© cette rĂ©glementation dans les articles L110-1[19] et L112-1 et R112-1[20] Ă -24 du Code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique. Cette enquĂȘte dĂ©nommĂ©e d'utilitĂ© publique a donc constituĂ© le fondement historique de l'enquĂȘte publique en France. Elle n'est maintenant qu'un cas particulier et minoritaire des enquĂȘtes publiques. Elle est ouverte et organisĂ©e par le prĂ©fet du dĂ©partement[21] et ses conclusions ne sont communiquĂ©es aux personnes intĂ©ressĂ©es que sur leur demande[22].
Une loi de 1983[23], dite « Loi Bouchardeau », relative Ă la dĂ©mocratisation des enquĂȘtes publiques et Ă la protection de lâenvironnement a imposĂ© dans ce cadre un dispositif dâinformation et de recueil des avis de la population pour assurer que lâintĂ©rĂȘt public et gĂ©nĂ©ral soient mieux pris en compte. Ses dĂ©crets d'application ont Ă©tĂ© signĂ©s le [24] - [25] - [26] - [27] - [28] avaient un champ d'application assez large. Ils ont Ă©tĂ© ensuite retranscrit dans le code de l'environnement[7]. En 1985 une premiĂšre directive europĂ©enne concernant l'Ă©valuation des incidences de certains projets publics et privĂ©s sur l'environnement demande aux Ă©tats membres de veiller « Ă ce qu'il soit donnĂ© au public concernĂ© la possibilitĂ© d'exprimer son avis avant que le projet ne soit entamĂ© »[29]. Des directives modificatives sont prises pour la complĂ©ter en 1997[30] et en 2011[31]. Une loi de 2010[32] harmonise les diffĂ©rents types d'enquĂȘte publique vers celle du code de l'environnement, tout en veillant Ă respecter diffĂ©rents textes juridiques internationaux. Un dĂ©cret pris en 2011[33] a rĂ©formĂ© cette procĂ©dure : le champ d'application est revu, le contenu du dossier de l'enquĂȘte est mieux prĂ©cisĂ©, la procĂ©dure d'enquĂȘte est rĂ©Ă©crite. Une ordonnance de 2016[34], suivie d'un dĂ©cret de 2017[35] ont revu son champ d'application et de nombreux Ă©lĂ©ments de sa procĂ©dure et de son dĂ©roulement (exemples : dĂ©signation du commissaire-enquĂȘteur, durĂ©e, dĂ©matĂ©rialisation du dossier soumis Ă enquĂȘte, du registre, etc.). L'ensemble de cette procĂ©dure d'enquĂȘte publique est maintenant contenu dans les articles L123-1[36] Ă -18 et R123-1[37] Ă -27[38] du code de l'environnement[1].
Depuis fin 2015, les quelques enquĂȘtes publiques qui ne relĂšvent ni du code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique ni du code de l'environnement sont rĂ©glementĂ©es dans les articles L134-1[39] Ă -2, L134-31 Ă -34 et R134-3[40] Ă -30 du code des relations entre le public et l'administration et sont organisĂ©es par le prĂ©fet[40].
Le dispositif d'enquĂȘte publique est cependant encore critiquĂ© en 2018 pour ses limites (voir § ci-dessous Ă ce sujet). La loi dite Confiance de 2018[41] prĂ©voit lâexpĂ©rimentation, pour une durĂ©e de trois ans, dans certaines conditions de concertation et pour certains cas explicitĂ©s, dâune procĂ©dure de participation du public par voie Ă©lectronique en lieu et place de lâenquĂȘte publique.
Au fil des ans, le nombre d'enquĂȘtes publiques a fortement baissĂ©, le dispositif ayant d'une part Ă©tĂ© supprimĂ© dans certains cas de figure et d'autre part ayant fusionnĂ© plusieurs types d'enquĂȘte (autorisation unique) : il passe ainsi d'environ 13 000 par an en 1983 Ă 9 500 en 2013, puis Ă environ 5 500 en 2014[42].
Caractéristiques
Objets / Buts
Le code de l'environnement rappelle les principes selon lesquels d'une part « toute personne a le droit d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques » et d'autre part « toute personne est informée des projets de décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement dans des conditions lui permettant de formuler ses observations, qui sont prises en considération par l'autorité compétente »[43]. La Charte de l'environnement précise qu'il est du devoir de chaque citoyen de protéger son environnement.
L'enquĂȘte publique constitue l'un des moyens utilisĂ© pour la participation du public nĂ©cessaire Ă l'Ă©laboration de certaines dĂ©cisions publiques, en sâefforçant d'« amĂ©liorer la qualitĂ© de la dĂ©cision publique et de contribuer Ă sa lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique »[44]. Ainsi elle est juridiquement nĂ©cessaire avant toute dĂ©cision administrative susceptible d'affecter soit la propriĂ©tĂ© privĂ©e, notamment en cas d'expropriation, soit l'environnement. Elle a alors pour objet, respectivement, de constater formellement l'utilitĂ© publique prĂ©alablement Ă l'expropriation par la dĂ©claration d'utilitĂ© publique[45] ou « d'assurer l'information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intĂ©rĂȘts des tiers » afin que « les observations et propositions parvenues pendant le dĂ©lai de l'enquĂȘte » soient « prises en considĂ©ration par le maĂźtre d'ouvrage et par l'autoritĂ© compĂ©tente pour prendre la dĂ©cision »[43].
RĂ©alisĂ©e prĂ©alablement Ă la prise de dĂ©cision et d'une maniĂšre relativement impartiale, l'enquĂȘte publique vise[7] - [39] donc Ă :
- informer le public, le « sensibiliser et l'éduquer à la protection de l'environnement »[44];
- recueillir, sur la base d'une présentation argumentée des enjeux et parfois d'une étude d'impact, ses avis, suggestions et éventuelles contre-propositions ;
- prendre en compte les intĂ©rĂȘts des tiers ;
- Ă©largir les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă lâinformation du dĂ©cideur et des autoritĂ©s compĂ©tentes avant leur prise de dĂ©cision, notamment pour mieux assurer la proportionnalitĂ© des mesures de conservation, de restauration ou, le cas Ă©chĂ©ant, de compensation ;
- mieux Ă©valuer et limiter les impacts de projets jugĂ©s dâintĂ©rĂȘt Ă©conomique, social ou environnemental que ce soit Ă l'Ă©chelle locale (ex. plan local d'urbanisme), rĂ©gionale (ex. rĂ©amĂ©nagement dâune grande route) ou nationale (ex. mise au «grand gabarit» dâune riviĂšre, dĂ©mantĂšlement dâune centrale nuclĂ©aire, etc.).
Domaines d'application
En France, l'enquĂȘte publique doit prĂ©cĂ©der la rĂ©alisation :
- de tous les projets qui exigent une expropriation justifiĂ©e par l'intĂ©rĂȘt public et prononcĂ©e Ă l'issue d'une dĂ©claration d'utilitĂ© publique ; Exemples : les projets d'infrastructures de transports par voie routiĂšre, ferrĂ©e ou aĂ©rienne, les carriĂšres terrestres ou sous-marines, les remembrements, les travaux sur terrains privĂ©s validĂ©s par une dĂ©claration d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ;
- des « projets de travaux, d'ouvrages ou d'amĂ©nagements exĂ©cutĂ©s par des personnes publiques ou privĂ©es devant comporter une Ă©tude d'impact, Ă lâexception des projets de crĂ©ation d'une zone d'amĂ©nagement concertĂ© »[7] ou nĂ©cessitant une autorisation environnementale[46] ; Exemples : certains travaux en riviĂšre (exemples : crĂ©ation d'une digue, projet hydroĂ©lectrique) ou en estuaire ou sur le littoral, les rejets d'eaux pluviales ou usĂ©es, les stations d'Ă©puration, les forages dâirrigation, les installations classĂ©es pour la protection de l'environnement, les grands amĂ©nagements, etc. ;
- des « projets de création d'un parc national, d'un parc naturel marin, les projets de charte d'un parc national ou d'un parc naturel régional, les projets d'inscription ou de classement de sites et les projets de classement en réserve naturelle »[7] ;
- des « plans, schémas, programmes et autres documents de planification » d'urbanisme « faisant l'objet d'une évaluation environnementale »[7] - [47] comme le plan local d'urbanisme[48] - [49] (PLU), le plan de déplacements urbains[50] (PDU), les cartes communales[51], les directives territoriales d'aménagement et de développement durables[52] (DTADD), les schémas d'aménagement (Schéma régional de cohérence écologique[53] (SRCE), Schéma de cohérence territoriale[54] (SCoT)), le plan d'exposition au bruit[55] (autour des grands aéroports), etc.
Certains projets, notamment ceux relevant de la défense nationale[7] - [56] ou ceux exécutés en raison d'un danger grave et immédiat, font l'objet de dérogations légales à ces procédures.
Lorsqu'un dĂ©bat public est prĂ©alablement organisĂ© sur un grand projet (exemples : autoroute, dĂ©mantĂšlement dâune centrale nuclĂ©aire...), son compte-rendu et son bilan doivent ĂȘtre joints au dossier dâenquĂȘte publique[57]. Dans ce cas, lâĂtat doit lancer lâenquĂȘte publique dans les cinq ans qui suivent la publication du compte-rendu et du bilan du dĂ©bat public.
Types
En France et Ă partir de l'annĂ©e 2016, les enquĂȘtes publiques peuvent ĂȘtre classĂ©es comme suit :
- les enquĂȘtes imposĂ©es par le « code de lâenvironnement[7], avec un commissaire enquĂȘteur nommĂ© par le PrĂ©sident du tribunal administratif de rĂ©fĂ©rence des lieux concernĂ©s : les plus frĂ©quentes ;
- les enquĂȘtes prĂ©alables Ă une dĂ©claration d'utilitĂ© publique, le plus souvent en vue dâexpropriation[58], menĂ©es sur ce seul titre s'il n'y a pas d'atteinte Ă l'environnement, avec un commissaire enquĂȘteur nommĂ© par le PrĂ©fet : forte minoritĂ© ;
- les autres enquĂȘtes publiques ne relevant d'aucun des deux cas prĂ©cĂ©dents[39] - [40], avec un commissaire enquĂȘteur nommĂ© par le PrĂ©fet, parfois par le Maire[59] : assez rares.
Dossier soumis Ă enquĂȘte
DiffĂ©rents documents constituent le dossier soumis Ă enquĂȘte[60] - [61] - [62] :
- des documents explicatifs : notice de prĂ©sentation, Ă©tude d'impact, dossier d'incidence, avis obligatoires, la mention des textes qui rĂ©gissent l'enquĂȘte publique et la ou les dĂ©cisions pouvant ĂȘtre adoptĂ©es au terme de celle-ci, les autoritĂ©s compĂ©tentes pour prendre la ou les dĂ©cisions pouvant ĂȘtre adoptĂ©es au terme de l'enquĂȘte, les caractĂ©ristiques principales des ouvrages les plus importants...),
- des documents graphiques : plan de situation, plan général des travaux...
Il s'y rajoute un registre d'enquĂȘte destinĂ© Ă recevoir les observations du public[63]. Ces documents sont ouverts au public dans tous les lieux (mairie(s)) oĂč l'enquĂȘte est officiellement ouverte, au format papier et facultativement de maniĂšre dĂ©matĂ©rialisĂ©e (sur site internet)[63] - [64].
Ătapes
Les principales Ă©tapes du processus d'enquĂȘte publique sont :
Avant son ouverture :
- Planification du projet par le pétitionnaire et/ou par les autorités compétentes (Maire, Préfet, avec services concernés (D.D.T., D.R.E.A.L., etc.) ;
- Finalisation dâun dossier administratif et technique Ă©tayĂ© d'une notice explicative, des Ă©lĂ©ments descriptifs de la dĂ©cision envisagĂ©e (exemples : arguments, Ă©lĂ©ments de « porter Ă connaissance », plans (de situation, parcellaire en cas d'expropriation...), cartes, Ă©tude d'impact environnemental, etc, dans les formes prĂ©vues selon les cas ;
- Recueil des avis rendus nécessaires par la réglementation ;
- Nomination dâun commissaire enquĂȘteur, ou d'une commission d'enquĂȘte, dans une liste dĂ©partementale annuelle dâaptitude Ă la fonction ;
- DĂ©cision dâouverture dâenquĂȘte, le plus souvent par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral, rarement seulement communal, aprĂšs concertation avec le commissaire enquĂȘteur, notamment sur les dates d'ouverture et de clĂŽture, et sur les dates et lieux de prĂ©sence du/des commissaire(s) enquĂȘteur(s) ;
- PublicitĂ© initiale : annonce lĂ©gale dans la presse locale, affichage en mairie, en prĂ©fecture et Ă©ventuellement sur le terrain ; Lâannonce lĂ©gale cite nommĂ©ment lâautoritĂ© signataire, le commissaire enquĂȘteur, lâobjet de lâenquĂȘte, les dates de l'enquĂȘte, les dates, heures et lieux de consultation du dossier, le site internet de consultation du dossier et l'adresse Ă©lectronique de dĂ©pĂŽt d'un avis, les dates auxquelles le commissaire enquĂȘteur peut recevoir le public, les conditions particuliĂšres permettant lâexpression des diffĂ©rents avis, les possibilitĂ©s de consulter le rapport du commissaire enquĂȘteur.
Lors de l'ouverture de la consultation du public :
- Sur un minimum de 15 jours consĂ©cutifs, mais de 30 jours pour les enquĂȘtes affectant l'environnement[1], aux jours et heures habituelles d'ouverture, le public peut se rendre dans les mairies oĂč l'enquĂȘte est organisĂ©e, y consulter le dossier en version papier et noter ses observations sur un registre mis Ă sa disposition[65] ; Il peut aussi Ă©crire (courrier) en mairie Ă l'attention du commissaire enquĂȘteur ; Dans la plupart des cas, il peut aussi Ă©crire un courrier Ă©lectronique Ă une adresse Ă©lectronique dĂ©diĂ©e (registre Ă©lectronique) ;
- Le commissaire enquĂȘteur assure des permanences (3 Ă 5 en gĂ©nĂ©ral) dans la/les mairie(s) concernĂ©e(s) selon les indications citĂ©es dans l'affichage et/ou dans l'avis rĂ©glementaire publiĂ© dans la presse pour permettre une expression orale du public[65].
AprĂšs la clĂŽture de l'enquĂȘte publique :
- Ă l'issue de la pĂ©riode de consultation du public, le commissaire enquĂȘteur clos le(s) registre(s) d'enquĂȘte (format papier) et recueille rapidement auprĂšs des autoritĂ©s d'Ă©ventuelles informations qui lui semblent encore nĂ©cessaires[66] ;
- Le commissaire enquĂȘteur dispose en gĂ©nĂ©ral d'un mois pour rĂ©diger son rapport[67] qui relate le dĂ©roulement de l'enquĂȘte, analyse l'ensemble des observations reçues, motive ses conclusions et Ă©met son avis, qui n'est pas nĂ©cessairement celui de la majoritĂ© des dĂ©posants : cet avis est soit "favorable", soit "favorable avec rĂ©serve(s)", soit "dĂ©favorable"[66] ;
- Le commissaire enquĂȘteur remet alors son rapport Ă l'autoritĂ© qui a organisĂ© l'enquĂȘte, avec une copie au tribunal administratif. Ce rapport et les conclusions sont rendus publiques et sont consultables en prĂ©fecture et en mairie(s)[66] - [68] durant un an aprĂšs la clĂŽture de l'enquĂȘte, sauf dans les enquĂȘtes d'utilitĂ© publique oĂč ces conclusions sont communiquĂ©es, sur leur demande, aux personnes intĂ©ressĂ©es[69] - [70] ;
- AprĂšs avoir pris connaissance des conclusions du commissaire enquĂȘteur, mais sans ĂȘtre tenue de suivre scrupuleusement son avis, en ayant ou non levĂ© les Ă©ventuelles rĂ©serves, une dĂ©cision est prise par l'autoritĂ©. Si cette dĂ©cision ne suit pas l'avis dĂ©favorable du commissaire enquĂȘteur, l'autoritĂ© doit expliquer pourquoi[67] et dans ce cas les arguments et lâavis du commissaire enquĂȘteur pourront ĂȘtre utilisĂ©s par le tribunal administratif sâil est saisi contre la rĂ©alisation du projet dans les dĂ©lais rĂ©glementaires (deux mois en 2018) suivant l'affichage de la dĂ©cision ;
- RĂ©alisation, ou non, du projet.
Limites
Les dossiers soumis Ă avis du public et du commissaire enquĂȘteur sont souvent trĂšs techniques, difficiles Ă comprendre[71] (notamment dans le cas des Installations classĂ©es pour la protection de l'environnement). Ils sont rĂ©digĂ©s et financĂ©s par le pĂ©titionnaire (c.a.d. le maitre d'ouvrage sollicitant l'autorisation administrative) ou Ă©tayĂ©s par des Ă©tudes financĂ©es par le pĂ©titionnaire, dont lâobjectivitĂ© ou la compĂ©tence ne peuvent pas ĂȘtre garantis.
Les populations et groupes locaux, quand ils sont informĂ©s de lâexistence de lâenquĂȘte, ne connaissent pas bien la procĂ©dure. Dans cette consultation du public, ils peuvent avoir le sentiment que leurs avis ne seront pas pris en compte[72]. Le constat est qu'une trĂšs faible part de la population participe aux enquĂȘtes publiques.
Lâarticle 4 de la « Loi Bouchardeau » de 1983, et ses dĂ©crets dâapplication (voir §1 Historique) de 1985 prĂ©voyaient bien un champ d'application assez large pour les enquĂȘtes publiques environnementales. Les dĂ©crets ultĂ©rieurs (repris dans le code de l'environnement) ont restreint cette obligation pour certaines thĂ©matiques, pour les impĂ©ratifs de la dĂ©fense nationale et pour les travaux d'entretien, de maintenance et de grosses rĂ©parations[7].
Pourtant certains petits projets peu coĂ»teux peuvent aussi avoir des impacts environnementaux majeurs sâils affectent des processus Ă©cologiques vitaux ou des espĂšces protĂ©gĂ©es. Il a fallu attendre la loi sur lâair[73] pour intĂ©grer lâĂ©tude de certains impacts sur la santĂ©. Mais les impacts diffĂ©rĂ©s, synergiques ou encore les impacts du dĂ©rangement de la faune ou la pollution lumineuse, ont Ă©tĂ© longtemps trĂšs mal pris en compte. Depuis le champ d'investigation de l'Ă©valuation environnementale a Ă©tĂ© Ă©largi[74] - [75].
Notes et références
- « Les enquĂȘtes publiques », sur Portail de LâĂtat au service des collectivitĂ©s, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « EnquĂȘtes publiques : Objet et champ d'application : Article L134-2 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- MinistÚre de l'Intérieur (France), « Procédure d'expropriation », sur demarches.interieur.gouv.fr, (consulté le )
- Code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique, « EnquĂȘte publique : Article L110-1 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique, « Articles R112-1 Ă -26 : DĂ©roulement de l'enquĂȘte », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Art. L123-1-A du Code de l'environnement
- Art. L123-1 et -2 du Code de l'environnement : EnquĂȘtes publiques relatives aux projets, plans et programmes ayant une incidence sur l'environnement
- Art. L181-9 Ă -12 du Code de l'environnement : Autorisation environnementale - Instruction de la demande
- Art. L104-1 et -3 du Code de l'urbanisme : Champ d'application de l'Ă©valuation environnementale
- Code des relations entre le public et l'administration, « Ouverture de l'enquĂȘte publique - ModalitĂ©s : Articles R134-12 Ă -14 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « Dossier soumis Ă l'enquĂȘte publique : Article R134-22 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Commission d'accĂšs aux documents administratifs, « EnquĂȘte publique », sur cada.fr (consultĂ© le )
- « La loi du 8 mars 1810 : la procédure d'expropriation et les indemnités prévues », sur Doc du Juriste (consulté le )
- Loi du 7 juillet 1833 sur l'expropriation pour cause d'utilité publique
- « Ordonnance n°58-997 1345 relative à la partie législative du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique : De la déclaration d'utilité publique - Articles 1 et 2 », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
- « DĂ©cret n°59-701 1345 relatif Ă la partie lĂ©gislative du code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique : ProcĂ©dure d'enquĂȘte prĂ©alable Ă la dĂ©claration d'utilitĂ© publique - Articles 1, 2 et 3 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- « Décret n°77-393 relatif à la partie rÚglementaire du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique : Codification des textes réglementaires concernant l'expropriation », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
- Ordonnance n°2014-1345 relative à la partie législative du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique
- Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, « Articles L110-1 et L112-1 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
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- Conseil de l'Union européenne, « Directive 97/11/CE du Conseil modifiant la directive 85/337/CEE », sur EUR-Lex, (consulté le )
- Parlement européen et Conseil de l'Union européenne, « Directive 2011/92/UE du Parlement européen et du Conseil », sur EUR-Lex, (consulté le )
- LOI n° 2010-788 portant engagement national pour l'environnement (dite Grenelle II} - voir Art. 236 à 245
- DĂ©cret n°2011-2018 portant rĂ©forme de l'enquĂȘte publique relative aux opĂ©rations susceptibles d'affecter l'environnement
- Ordonnance n°2016-1060 réformant les procédures légales destinées à assurer l'information et la participation du public à l'élaboration de certaines décisions susceptibles d'avoir une incidence sur l'environnement - voir Art. 3
- Décret n°2017-626 concernant les procédures rÚglementaires destinées à assurer l'information et la participation du public à l'élaboration de certaines décisions susceptibles d'avoir une incidence sur l'environnement et modifiant diverses dispositions relatives à l'évaluation environnementale de certains projets, plans et programmes - voir Art. 4
- Art. L123-1 à -18 du Code de l'environnement : Participation du public aux décisions ayant une incidence sur l'environnement
- Art. R123-1 du Code de l'environnement : Participation du public aux décisions ayant une incidence sur l'environnement (partie réglementaire)
- Art. R123-2 Ă -27 du Code de l'environnement
- Code des relations entre le public et l'administration, « EnquĂȘtes publiques : Objet et champ d'application : Articles L134-1 et -2 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « EnquĂȘtes publiques : AutoritĂ© compĂ©tente : Articles R134-3 Ă -4 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- LOI n° 2018-727 du 10 aoĂ»t 2018 pour un Ătat au service d'une sociĂ©tĂ© de confiance - voir Art. 56 : Des rĂšgles plus simples pour le public
- Cécile Blatrix et Noé Gérardin, « Vers une démocratie participative « low cost » ? », dans Cécile Blatrix et Jacques Méry (dir.), La concertation est-elle rentable ?, Quae, , p. 177.
- Art. L110-1, §II alinéa 4 et 5 du Code de l'environnement : Principes généraux
- Art. L120-1 du Code de l'environnement : Principes et dispositions générales
- Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, « Article L1 », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
- Art. L214-1 à -11 du Code de l'environnement : Eau et milieux aquatiques et marins - Activités, installations et usage - Régimes d'autorisation ou de déclaration
- Art. L121-10 du Code de l'urbanisme : Ăvaluation environnementale
- Art. L153-19 et -20 du Code de l'urbanisme : Ălaboration du plan local d'urbanisme : EnquĂȘte publique
- Art. R153-8 du Code de l'urbanisme : Ălaboration du plan local d'urbanisme : EnquĂȘte publique
- Code des transports, « Plan de déplacements urbains : Conditions de l'élaboration : Article L1214-15 », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
- Art. L163-5 du Code de l'urbanisme : Ălaboration de la carte communale
- Art. L102-8 du Code de l'urbanisme : Directives territoriales d'aménagement et de développement durables - Procédure d'élaboration
- Art. R371-32 du Code de l'environnement : Schéma régional de cohérence écologique : Procédure
- Art. L143-9 du Code de l'urbanisme : Ălaboration, rĂ©vision et modification du schĂ©ma de cohĂ©rence territoriale
- Art. R571-59 du Code de l'environnement : Plan d'exposition au bruit
- Art. L122-4-V du Code de l'environnement : Ăvaluation de certains plans et programmes ayant une incidence notable sur l'environnement
- Art. R123-8-V du Code de l'environnement : Composition du dossier d'enquĂȘte
- Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, « Article L122-1 », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « EnquĂȘtes publiques : Autres autoritĂ©s compĂ©tentes : Article R134-5 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « Dossier soumis Ă l'enquĂȘte publique : Articles R134-22 et -23 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Art. R122-9 du Code de l'environnement : Ătudes d'impact des projets de travaux, d'ouvrages ou d'amĂ©nagements - Information et participation du public
- Art. R123-8 du Code de l'environnement : Composition du dossier d'enquĂȘte
- Code des relations entre le public et l'administration, « ModalitĂ©s d'ouverture de l'enquĂȘte : Articles R134-10 et -11 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « Observations formulĂ©es au cours de l'enquĂȘte : Article R134-24 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « Observations formulĂ©es au cours de l'enquĂȘte publique : Articles R134-24 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « ClĂŽture de l'enquĂȘte - Dispositions gĂ©nĂ©rales : Articles R134-25 Ă -28 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « ClĂŽture de l'enquĂȘte - Dispositions particuliĂšres : Articles R134-29 Ă -30 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code des relations entre le public et l'administration, « Communication des conclusions du commissaire enquĂȘteur : Articles L134-31 Ă -32 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique, « DĂ©roulement de l'enquĂȘte : Article L112-1 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique, « Communication des conclusions du commissaire enquĂȘteur : Article R112-24 », sur legifrance.gouv.fr, (consultĂ© le )
- Marc BĂ©chet, David contre Goliath : Un combat local pour la protection d'un territoire Ă Givry (Bourgogne), Paris, L'Harmattan, , 160 p. (ISBN 978-2-343-05024-9, lire en ligne), p. 15
- Yves LuginbĂŒhl et Daniel Terrasson, Paysage et dĂ©veloppement durable, Versailles, QuĂŠ, coll. « Update Sciences et Technologies », , 311 p. (ISBN 978-2-7592-1891-2), p. 222-223
- LOI n°96-1236 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (1) - voir Art. 4 et 8
- Art. L122-1 et -3 du Code de l'environnement : Ătudes d'impact des projets de travaux, d'ouvrages ou d'amĂ©nagements
- Art. R122-4 et -5 du Code de l'environnement : Ătudes d'impact des projets de travaux, d'ouvrages ou d'amĂ©nagements - Contenu de l'Ă©tude d'impact
Voir aussi
Articles connexes
- Autorisation environnementale, d'urbanisme
- Commissaire enquĂȘteur, Commission d'enquĂȘte
- Concertation publique, DĂ©bat public
- DĂ©claration d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, d'utilitĂ© publique (DUP)
- Droit / Code de l'environnement + chronologie en France
- Droit / Code de l'urbanisme
- EnquĂȘte publique (dans le monde)
- Ătude d'impact, Ăvaluation environnementale
- Expropriation pour cause d'utilité publique
- Installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE)
- IntĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral
- MĂ©diation environnementale
- Mesure compensatoire
- Participation / du public aux documents d'urbanisme
- Plan local d'urbanisme
- Registre d'enquĂȘte publique
- Remembrement
- Servitude, Servitude d'utilité publique
- Seveso