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Dictature militaire de l'Uruguay

La dictature militaire de l'Uruguay commença avec le coup d'État du . AprĂšs l'Ă©chec du plĂ©biscite de 1980, les militaires entamĂšrent une relative ouverture politique, qui conduit finalement aux premiĂšres Ă©lections dĂ©mocratiques (en) en 1984.

Processus de reconstruction nationale
Proceso de reconstrucciĂłn nacional

1973–1985

Drapeau Blason
Histoire et événements
27 juin 1973 Coup d'État
1er mars 1985 Transition à la démocratie
Chef d'État
1973-1976 (Premier) Juan MarĂ­a Bordaberry
1981-1985 (Dernier) Gregorio Álvarez

Avec un prisonnier politique pour 450 habitants[1], soit environ « 6 000 dĂ©tenus »[2] – certaines ONG parlent de 15 000 dĂ©tenus[3] –, dont au moins 67 enfants[4], dans un pays de moins de 3 millions d'habitants, l'Uruguay a connu sous ce rĂ©gime, qui a participĂ© Ă  la « guerre sale » gĂ©nĂ©ralisĂ©e sur le continent, une des pires rĂ©pressions politiques au monde. Cent seize morts (assassinĂ©s, morts en dĂ©tention et « suicides ») et cent soixante-douze disparitions forcĂ©es (la derniĂšre en 1984) ont Ă©tĂ© recensĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent[2]. La torture, gĂ©nĂ©ralisĂ©e, s'appliquait aussi aux enfants et aux femmes enceintes[4]. Tout comme en Argentine, il y eut des bĂ©bĂ©s volĂ©s aux prisonniers politiques et adoptĂ©s par les familles des militaires et des policiers[4] (dont celui de la belle-fille du poĂšte argentin Juan Gelman[5]).

La montée des militaires

La montĂ©e des militaires et de la rĂ©pression prĂ©cĂ©da toutefois le coup d'État et commença dĂšs les medidas prontas de seguridad (es), des mesures d'exception proclamĂ©es Ă  partir de juin 1968 par le gouvernement colorado de Jorge Pacheco Areco, qui Ă©tablissaient la censure et permettaient la dĂ©tention sans inculpation. À partir de juin 1970, la guĂ©rilla des Tupamaros fut soumise aux tribunaux militaires, tandis que les escadrons de la mort ont ainsi agi, sous l'autoritĂ© de l'État, dĂšs avant les Ă©lections de novembre 1971, lorsque le Front large (coalition de gauche) s'est prĂ©sentĂ©. Le premier cas d'un enfant fait prisonnier politique a Ă©tĂ© enregistrĂ© dĂšs 1970, le dernier en 1976[4].

AprĂšs les Ă©lections, entachĂ©e de fraudes organisĂ©es par la dictature brĂ©silienne et sous l'Ɠil du prĂ©sident Nixon[6], qui mirent au pouvoir le dauphin de Pacheco, Juan MarĂ­a Bordaberry, celui-ci poursuivit la politique rĂ©pressive de son prĂ©dĂ©cesseur, tout en dĂ©mantelant l'appareil de contrĂŽle des prix et des salaires qu'il avait mis en place. Cette libĂ©ralisation de l'Ă©conomie relança l'inflation Ă  un taux annuel de 100 %. En fĂ©vrier 1973, Bordaberry tenta de reprendre le contrĂŽle sur l'armĂ©e en essayant de changer de ministre de la DĂ©fense, mais l'accord de Boiso Lanza (es) le soumit Ă  un Conseil de sĂ©curitĂ© nationale. Le gĂ©nĂ©ral pro-nazi Mario Aguerrondo, fondateur de la Loge des lieutenants d'Artigas dont un grand nombre des membres furent nommĂ©s gĂ©nĂ©raux sous la dictature, fut l'un des adversaires majeurs de Bordaberry lors de cette crise.

Bordaberry

Le général Víctor Licandro (ici en 2009), une des figures du Front large, incarcéré durant toute la dictature avec le général Seregni.

Le , l'armĂ©e dissout le CongrĂšs et le remplace par un Conseil de l'État, tout en maintenant Juan MarĂ­a Bordaberry (Parti colorado) dans ses fonctions. Ce dernier suspend la Constitution et Ă©tablit un rĂ©gime dictatorial sous haute surveillance de l'armĂ©e, s'auto-proclamant Proceso de reconstrucciĂłn nacional (« Processus de reconstruction nationale » ; un terme analogue fut adoptĂ© par la junte argentine de 1976-1983)[7]. Le , la confĂ©dĂ©ration syndicale de la CNT fut dissoute, ce qui ne l'empĂȘcha pas de proclamer une grĂšve gĂ©nĂ©rale, qui Ă©choua Ă  empĂȘcher le putsch. Le gĂ©nĂ©ral Seregni, prĂ©sident du Front large, est arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© dans les jours qui suivent, aux cĂŽtĂ©s du gĂ©nĂ©ral VĂ­ctor Licandro et d'un colonel, qui ne seront libĂ©rĂ©s qu'au dĂ©but des annĂ©es 1980.

Ainsi, les services de sĂ©curitĂ© uruguayens coopĂ©raient avec leurs homologues latino-amĂ©ricains dans ce qui sera formalisĂ©, en novembre 1975, sous le nom d'opĂ©ration Condor. De nombreux opposants politiques uruguayens furent ainsi assassinĂ©s en Argentine, y compris avant le coup d'État de mars 1976 ; le sous-chef de la police fĂ©dĂ©rale argentine, Alberto Villar, par ailleurs cofondateur de la Triple A, Ă©tait ainsi leur correspondant en Argentine[8]. AprĂšs mars 1976, les opposants uruguayens passĂšrent par le centre clandestin de dĂ©tention Automotores Orletti et le garage El Olimpo avant d'ĂȘtre assassinĂ©s en Uruguay. 76 cas de disparitions forcĂ©es d'Uruguayens ont ainsi Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s en Argentine et en Uruguay en 1976[9], 56 l'annĂ©e suivante[9].

Par ailleurs, la direction de la guĂ©rilla des Tupamaros (MLN-T), hommes et femmes (jusqu'en 1976 pour ces derniĂšres), est maintenue en otage dans des casernes militaires, prĂȘte Ă  ĂȘtre exĂ©cutĂ©e Ă  toute action de la guĂ©rilla. Outre les Tupamaros, les militants du Front large en gĂ©nĂ©ral font l'objet de la rĂ©pression politique.

Entre le 27 juin 1973 et dĂ©cembre 1973, 196 personnes furent arrĂȘtĂ©es et inculpĂ©es de « subversion »[9] ; 432 en 1974[9] ; 320 en 1977[9], etc. Cent syndicalistes furent arrĂȘtĂ©s en 1977[9]. Les femmes prisonniĂšres politiques sont souvent violĂ©es pendant leur dĂ©tention[10].

Le rĂ©gime libĂ©ralise massivement l’économie et s'attaque au « coĂ»t du travail », dĂ©crit comme excessif[11].

Censure et exil

Liliån Celiberti, qui fut emprisonnée avec son mari plusieurs années aprÚs avoir été enlevée au Brésil par des militaires uruguayens avec la complicité de la junte brésilienne. Ici au Forum social mondial de Porto Alegre, 2010.

Bordaberry gĂ©nĂ©ralise aussi la censure, dĂ©jĂ  mise en Ɠuvre sous Jorge Pacheco Areco depuis les medidas prontas de seguridad (es) de juin 1968, en Ă©liminant des bibliothĂšques nombre de livres d'auteurs tels que Juan Carlos Onetti (emprisonnĂ© en 1974 puis expulsĂ© pour avoir participĂ© Ă  un jury organisĂ© par l'hebdo Marcha[2]), Mario Benedetti, Federico GarcĂ­a Lorca, Pablo Neruda, Antonio Machado, ou Brecht et Freud.

Le carnaval de Montevideo, les concerts et les spectacles Ă©taient l'objet d'une commission de censure[2], tandis que de nombreux artistes furent proscrits, arrĂȘtĂ©s et/ou expulsĂ©s, dont les chanteurs Alfredo Zitarrosa, AnĂ­bal Sampayo, Daniel Viglietti, Joan Manuel Serrat, l'actrice China Zorrilla, le dramaturge Atahualpa del Cioppo (es), etc. ; et allant jusqu'Ă  interdire les cassettes du chanteur de tango Carlos Gardel, ses textes Ă©voquant trop le monde ouvrier[1], ou encore Le Parrain II de Coppola, en raison des scĂšnes tournĂ©es Ă  Cuba[2], Jesus Christ Superstar ou Vivre libre[2]. Le Centre jĂ©suite de Juan Luis Segundo, un thĂ©ologien de la libĂ©ration, fut fermĂ©, sa revue Ă©tant censurĂ©e dĂšs 1974.

Cela conduisit nombre d'artistes et d'intellectuels Ă  s'exiler (voir exilĂ©s uruguayens). L'ambassade mexicaine hĂ©bergea ainsi, entre 1975 et 1976, 300 candidats Ă  l'asile politique[2]. Ce sont au total 500 000 Uruguayens qui connaitront l'exil[12].

L'assassinat de Michelini et de Gutiérrez et la constitution en exil d'un Front anti-dictatorial

En mai 1976, les parlementaires Zelmar Michelini et HĂ©ctor GutiĂ©rrez Ruiz furent assassinĂ©s Ă  Buenos Aires, en mĂȘme temps qu'un communiste et deux Tupamaros, dans une opĂ©ration conjointe des services uruguayens et argentins. L'assassinat, prĂ©sentĂ© comme une « vengeance » des Tupamaros Ă  l'Ă©gard des « traĂźtres », visait Ă  empĂȘcher la constitution d'un front commun contre la dictature, l'Union artiguiste de libĂ©ration (UAL), qui intĂ©grait depuis 1974 la fraction Nuevo Tiempo du MLN-T avec le fondateur de l'Union populaire (prĂ©dĂ©cesseur du Front large) Enrique Erro, Michelini, les Groupes d'action unificatrice (GAU) et l'AgrupaciĂłn de Militantes Socialistas (AMS).

Erro fut arrĂȘtĂ© par le rĂ©gime d'Isabel PerĂłn (droite pĂ©roniste), apprenant en prison l'assassinat de Michelini et GutiĂ©rrez, puis expulsĂ© en novembre 1976. ExilĂ© en Europe, il signa en 1977, aux cĂŽtĂ©s d'Hugo Cores (Parti pour la victoire du peuple, PVP), de JosĂ© DĂ­az et d'Enrique RodrĂ­guez, l'appel visant Ă  crĂ©er un Front antidictatorial afin d'unir toutes les forces de la diaspora uruguayenne contre la dictature.

L'opération Morgan (1975-1984)

D'octobre 1975 Ă  juin 1976, le Parti communiste uruguayen (PCU) et le Parti pour la victoire du peuple (PVP) ont Ă©tĂ© visĂ©s par l'« opĂ©ration Morgan », qui ciblait les militants communistes prĂ©sents en Uruguay et en Argentine[9]. DirigĂ©e au dĂ©but par la DNII, elle fut mise en Ɠuvre par l'OCOA et la division no 1 de l'armĂ©e, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Esteban Cristi[9]. Toutes les parties de l'armĂ©e ainsi que la police y participĂšrent, le commandement en chef Ă©tant pleinement informĂ©[13]. L'enseignante Elena Quinteros fut sĂ©questrĂ©e et assassinĂ©e durant cette opĂ©ration[9], au cours de laquelle des centaines de militants furent arrĂȘtĂ©s et transfĂ©rĂ©s dans des centres clandestins de dĂ©tention, comme les 300 Carlos, la Tablada ou la Base AĂ©rienne Capitaine Juan Manuel Boiso Lanza, oĂč ils Ă©taient interrogĂ©s et torturĂ©s[9]. Au total, l'opĂ©ration Morgan, dont des aspects continuĂšrent jusqu'en 1984, aboutit Ă  la torture de milliers de dĂ©tenus, y compris des mineurs, Ă  23 disparitions forcĂ©es, 23 morts au cours de torture, un assassinat en Argentine (RaĂșl Feldman, tuĂ© lors d'une opĂ©ration de la Triple A) et 6 dĂ©cĂšs en prison[13].

L'opĂ©ration Morgan se poursuivait en surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e (« centres de travail, coopĂ©ratives, facultĂ©s, lycĂ©es, clubs sportifs, centres culturels, groupes de rĂ©flexion catholiques et centres artistiques », selon un rapport rĂ©cent[13]). Les prĂȘches des Ă©glises et les usagers des bibliothĂšques Ă©taient ainsi espionnĂ©s[2].

La confédération syndicale CNT et la FEUU (Fédération des étudiants universitaires d'Uruguay (es)) furent aussi sujets à cette surveillance accompagnée d'arrestations et de torture[13]. L'opération Morgan connut cinq grandes phases d'activités (octobre 1975-juin 1976 ; mai-septembre 1977 ; février-mars 1979 ; fin 1981-début 1982 et juin 1983)[13], la premiÚre disparition forcée ayant lieu en 1974 et la derniÚre en 1984[13].

Demicheli et MĂ©ndez

Le , Bordaberry est renversĂ© par Alberto Demicheli, prĂ©sident du Conseil de l'État qui est lui-mĂȘme Ă©cartĂ© par Aparicio MĂ©ndez le 1er septembre de la mĂȘme annĂ©e.

En 1980, l'armée souhaite se légitimer en organisant un plébiscite visant à réformer la Constitution, lequel est rejeté par 57,2 % de la population le , ce qui marque un tournant dans la vie politique du pays. La réforme constitutionnelle était approuvée par l'Union colorada et battliste (es) de Pacheco Areco, ce qui lui coûta des voix aux élections primaires de 1982 au sein du Parti colorado.

La transition démocratique

Azucena Berruti, avocate socialiste qui entama une grĂšve de la faim en 1983. Ici, le , en tant que ministre de la DĂ©fense du gouvernement VĂĄzquez.

Gregorio Álvarez Armelino prend le pouvoir le et a lentement repris le dialogue avec les partis politiques, organisant une transition démocratique tout en continuant à réprimer les mouvements sociaux (la derniÚre disparition forcée datant de 1984).

Des Ă©lections internes furent organisĂ©es en 1982 dans les partis autorisĂ©s (colorado, blanco et Union civique), et remportĂ©es par les secteurs de l'opposition Ă  la dictature. Les syndicats clandestins se sont rĂ©organisĂ©s, formant la PIT, puis, le , les principales forces politiques du pays (colorados et blancos) ainsi que le Front large et l'Union civique organisĂšrent l'Acte de l'ObĂ©lisque (es), manifestation rassemblant 400 000 personnes Ă  Montevideo et des milliers en province, en vue de rĂ©clamer l'organisation d'Ă©lections libres. Les mobilisations en faveur des droits de l'homme grandissaient, avec la participation active du SERPAJ, auquel appartenait l'avocate socialiste Azucena Berruti. Contre l'avis du Parti colorado, dont son chef Julio MarĂ­a Sanguinetti, la confĂ©dĂ©ration syndicale PIT organisa, avec le SERPAJ, la fĂ©dĂ©ration de coopĂ©ratives Fucvam (FederacĂ­on Uruguay de Cooperativas de Viviendas por Ayuda Mutua) et le syndicat Ă©tudiant de l'Asceep (AsociaciĂłn Social y Cultural de Estudiantes de la Enseñanza PĂșblica) une grĂšve gĂ©nĂ©rale le pour rĂ©clamer le retour de la dĂ©mocratie, ce qui mena Ă  une tentative du rĂ©gime de dissoudre la PIT par dĂ©cret[14].

AprĂšs des nĂ©gociations secrĂštes entre les partis autorisĂ©s et les militaires, le pacte du Club Naval (es) du ouvrit la voie aux Ă©lections de novembre 1984 (es), remportĂ©es par le candidat colorado, Julio MarĂ­a Sanguinetti, Ă©lu avec un peu plus de 31 % des voix, contre 29 % pour Alberto ZumarĂĄn (es) (blanco) et 21 % pour Juan JosĂ© Crottogini (es) (Front large). Le prĂ©sident du Front large, LĂ­ber Seregni, ainsi que le blanco Wilson Ferreira (es) n'avaient pas eu le droit de se prĂ©senter. L'autre candidat colorado, Pacheco Areco, eut moins d'un quart des voix au sein du Parti colorado, contre plus de 75 % pour MarĂ­a Sanguinetti (voir ley de lemas). Sanguinetti avait assurĂ© aux militaires que mĂȘme les plus hauts responsables ne seraient pas poursuivis.

Le Conseil de sécurité nationale (es) fut abrogé en avril 1986. Une loi d'amnistie fut votée en décembre 1986, et confirmée lors d'un référendum pour son abrogation, d'abord en 1989 puis lors des élections générales de 2009. Celle-ci subordonne toute poursuite judiciaire à l'autorisation de l'exécutif.

L'armĂ©e est restĂ©e influente sur la scĂšne politique jusqu'aux annĂ©es 2000, et certains secteurs (Arsenio Bargo, les gĂ©nĂ©raux Manuel FernĂĄndez, NĂșñez, Luis Abraham et YamandĂș Sequeira) continuent Ă  revendiquer la dictature voire la mĂ©moire du gĂ©nĂ©ral fascisant Mario Oscar Aguerrondo, fondateur de la loge clandestine d'extrĂȘme-droite des Lieutenants d'Artigas[7].

Les procĂšs

Ce n'est qu'avec l'arrivĂ©e de la gauche au pouvoir, lors de l'Ă©lection Ă  la prĂ©sidence, en 2004, de TabarĂ© Vazquez (PS-Front large), que l'exĂ©cutif autorisa les poursuites contre les militaires impliquĂ©s dans les violations des droits de l'homme. Par ailleurs, le gouvernement Vazquez a engagĂ© une Ă©quipe d'anthropologues et de lĂ©gistes et a ordonnĂ© en novembre 2005 Ă  l'armĂ©e de coopĂ©rer dans la recherche des desaparecidos. Toutefois, en raison du silence voire des indications erronĂ©es donnĂ©es par les militaires, seuls deux corps sur une centaine de desaparecidos ont pu ĂȘtre exhumĂ©s durant le mandat de Vazquez[15].

En revanche, plusieurs hauts militaires ont Ă©tĂ© condamnĂ©s. Ainsi, le gĂ©nĂ©ral Álvarez a Ă©tĂ© condamnĂ© en octobre 2009 Ă  25 ans de prison pour disparitions forcĂ©es et assassinats[16]. Un mois plus tard, le photographe de la police Nelson Bardesio et Pedro Freitas ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour l'assassinat en aoĂ»t 1971 de l'Ă©tudiant HĂ©ctor Castagnetto, l'arrĂȘt reconnaissant que les escadrons de la mort dont ils faisaient partie agissaient sous la responsabilitĂ© des gouvernements constitutionnels de l'Ă©poque, d'abord celui de Jorge Pacheco Areco puis celui de Bordaberry[17]. montra que leur groupe Ă©tait liĂ© au sous-commissaire de police Hugo Campos Hermida (en)[17], qui aurait participĂ© Ă  l'assassinat, en mai 1976, des parlementaires Zelmar Michelini et HĂ©ctor GutiĂ©rrez Ă  Buenos Aires[18], ainsi qu'Ă  la disparition forcĂ©e des niĂšces du poĂšte argentin Juan Gelman[18].

Le chef du SID (Service d'intelligence de la Défense), le colonel Rodríguez Buratti, s'est suicidé en 2006, mettant un terme à son procÚs pour la disparition forcée d'Adalberto Soba, militant du Parti pour la victoire du peuple (PVP)[19]. Toutefois, d'autres membres du SID, dont le colonel José Nino Gavazzo, chef de la branche uruguayenne de l'opération Condor[20], et également impliqué dans la disparition de la belle-fille de Juan Gelman, a été condamné dans le cadre du procÚs sur le second vol, qui désigne le transfert illégal de détenus du centre clandestin de détention du garage Orletti en Argentine vers le centre de la SID, en Uruguay (situé sur les actuels locaux du Centro de Altos Estudios Nacionales du MinistÚre de la Défense (es))[19].

En 2006, l'ex-dictateur Juan MarĂ­a Bordaberry a Ă©tĂ© inculpĂ© et mis en dĂ©tention provisoire, Ă©tant accusĂ© d'« attentat Ă  la Constitution (es) » ainsi que de crimes contre l'humanitĂ©, Ă©tant le responsable prĂ©sumĂ©, avec le chancelier Juan Carlos Blanco EstradĂ© (es)(es), Ă©galement inculpĂ©, des disparitions forcĂ©es et de la torture de milliers d'opposants. Les deux font l'objet d'enquĂȘtes concernant l'assassinat de Michelini et d'HĂ©ctor GutiĂ©rrez ainsi que des Tupamaros Rosario Barredo et William Whitelaw et du militant communiste assassinĂ©s en 1976. En dĂ©cembre 2006, un autre magistrat l'a aussi inculpĂ© de la disparition forcĂ©e d'une dizaine de personnes (crime imprescriptible). Bordaberry a depuis bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une assignation Ă  rĂ©sidence.

Notes et références

  1. Carlos Fazio, « Sobre medios y dictaduras », La Jornada, 4 juin 2007.
  2. « Una investigaciĂłn documenta el control de la sociedad en la dictadura uruguaya », Soitu (avec EFE), 31 mars 2009. À propos de l'Ă©tude rĂ©cente InvestigaciĂłn histĂłrica sobre la dictadura y el terrorismo de Estado en el Uruguay (1973-1985) (dir. Álvaro Rico).
  3. Proyecto Desaparecidos.
  4. « Al menos 67 niños fueron presos polĂ­ticos en dictadura en Uruguay », La RepĂșblica, 6 avril 2009 (Ă  propos du tome II de l'Ă©tude rĂ©cente InvestigaciĂłn histĂłrica sobre la dictadura y el terrorismo de Estado en el Uruguay (1973-1985), dir. Álvaro Rico).
  5. « Argentine - Uruguay / Impunité », Amnesty International, 31 juillet 2005.
  6. « NIXON: "BRAZIL HELPED RIG THE URUGUAYAN ELECTIONS", 1971 », National Security Archive Electronic Briefing Book no 71, 20 juin 2002.
  7. « Reivindican al general Aguerrondo y el asalto militar al poder en 1973 », La Republica, 13 septembre 2007.
  8. Roger Rodríguez, « Uruguay era el "Cóndor 5" y Gavazzo figura como "el jefe" de "CONDOROP" », La Republica, 5 janvier 2009.
  9. Université de la République, CSIC, et al., Investigación Histórica sobre la dictadura y el terrorismo de Estado en el Uruguay (1973-1985), tome III, section 5, 2008, p. 13 & sq.
  10. « En Uruguay, le récit des prisonniÚres violées sous la dictature », sur L'Obs,
  11. Maurice Lemoine, Les enfants cachĂ©s du gĂ©nĂ©ral Pinochet. PrĂ©cis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de dĂ©stabilisation, Don Quichotte, , p. 71
  12. « L'Uruguay bat le rappel des exilĂ©s », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  13. « Operación Morgan: diez años de represión contra los comunistas », La Republica, 7 juin 2007 (à propos de l'étude récente Investigación histórica sobre la dictadura y el terrorismo de Estado en el Uruguay (1973-1985), dirigée par Álvaro Rico).
  14. Gustavo GonzĂĄlez, « A 26 años del 18 de enero de 1984 », La RepĂșblica, 14 janvier 2010.
  15. Roger RodrĂ­guez, « Excavaciones: La "tarea inconclusa" », La RepĂșblica, 6 janvier 2010.
  16. « Uruguay : l'ex-dictateur Gregorio Alvarez condamné à 25 ans de prison », Le Parisien, 22 octobre 2009.
  17. « Justicia probĂł actuaciĂłn de "Escuadrones de la Muerte" en los años 60 y 70 », La RepĂșblica, 11 novembre 2009.
  18. « A los 73 años muriĂł el inspector mayor (r) Hugo Campos Hermida », La RepĂșblica, 25 novembre 2001.
  19. « Caso Gelman: la Justicia reconstruyĂł los Ășltimos momentos de MarĂ­a Claudia », La RepĂșblica, 16 dĂ©cembre 2009.
  20. Roger RodrĂ­guez, « Uruguay era el "CĂłndor 5" y Gavazzo figura como "el jefe" de "CONDOROP" », La RepĂșblica, 5 janvier 2009.

Sources

  • InvestigaciĂłn histĂłrica sobre la dictadura y el terrorismo de Estado en el Uruguay (1973-1985) (dir. Álvaro Rico, Ă©tude de l'UniversitĂ© de la RĂ©publique la plus rĂ©cente).

Voir aussi

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