Parti colorado (Uruguay)
Le Parti Colorado (Partido Colorado en espagnol) est un parti politique uruguayen. Il fut créé par Fructuoso Rivera. Il est un parti à dominante libérale et l'un des deux partis traditionnels de l'Uruguay, avec le Parti national. Membre de la COPPPAL, il est, comme le Parti national, traversé de tendances diverses, rassemblant ainsi des personnalités allant du centre-gauche jusqu'à l'extrême-droite.
Parti Colorado (es) Partido Colorado | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral | Julio MarĂa Sanguinetti |
Fondation | |
Siège | AndrĂ©s MartĂnez Trueba 1271, CP 11200, Montevideo, Uruguay |
Positionnement | Centre gauche (1836-2002) Centre droit (depuis 2002) |
Idéologie | Libéralisme Social-libéralisme |
Affiliation internationale | COPPPAL |
Couleurs | Rouge et jaune |
Site web | partidocolorado.com.uy |
Représentation | |
Représentants | 13 / 99 |
SĂ©nateurs | 4 / 30 |
Histoire
La création du parti
Les origines du parti remontent, comme pour le parti Blanco, à la création de l'Uruguay. À la suite des divers désaccords entre Manuel Oribe et Fructuoso Rivera, les deux généraux créèrent leurs partis en 1836 alors que leurs groupes de partisans étaient totalement opposés.
La Grande Guerre
Quand Ă©clata la Grande Guerre en 1839, chacun des deux partis reprĂ©sentait environ la moitiĂ© de la population uruguayenne. Les deux partis ne pouvaient pas cohabiter, les dĂ©saccords initiaux entre Oribe et Rivera s'Ă©tant peu Ă peu transformĂ©s en haine rĂ©ciproque. Les deux partis furent donc les principaux protagonistes de la guerre et leurs partisans en furent les soldats, comme pour la bataille de CarpinterĂa.
Une continuité dans le pouvoir
Jusqu'en 1890, le pouvoir détenu par les Colorados se fondait très souvent sur des coups d'État initiés par des militaires, mais ensuite les présidents civils se succédèrent démocratiquement ; et là encore, même si les Blancos participaient parfois aux gouvernements, la majorité des élections était gagnée par les Colorados.
Le premier batllisme
Ce fut rĂ©ellement JosĂ© Batlle y Ordoñez (1856-1929) qui dĂ©termina la voie politique du parti et, plus largement, l'histoire de l'Uruguay, en crĂ©ant le « batllisme ». En 1903, quand il fut Ă©lu, il mit en place un programme de rĂ©formes sociales et Ă©conomiques, engageant l'Uruguay vers la construction d'un « État-providence » (ou État assuranciel) laĂŻque, comparable aux pays nordiques. Par ailleurs, il dĂ©mocratisa le pouvoir, permettant un certain niveau de participation aux Blancos au pouvoir, au moins dans les dĂ©partements. Ce programme entraĂ®na l'adhĂ©sion et le soutien Ă©lectoral de la classe moyenne de Montevideo. Au milieu des annĂ©es 1910, l'ancien ministre de l'IntĂ©rieur de Batlle, Pedro Manini RĂos (es), mena une tendance, le riverismo (es), opposĂ©e au batllisme au sujet de la rĂ©forme constitutionnelle. Jorge Pacheco Areco, prĂ©sident de 1967 Ă 1972, appartiendra Ă ce secteur. D'autres libĂ©raux font dĂ©fection et rejoignent les conservateurs[1].
En 1916, après la défaite historique de Battle aux élections, son successeur colorado, Feliciano Viera, décréta un terme aux réformes, affirmant que « la conciliation du capital et du travail » était achevée, et que les Colorados n'avaient pas l'intention d'aller vers la construction du socialisme[2].
Le parti se divisa ainsi entre une aile gauche qui voulait aller plus loin dans les réformes de Batlle et une aile droite qui considéra ces mêmes idées comme un maximum à ne pas dépasser.
Des années 1930 aux années 1950
Après le coup d'État de , le colorado Gabriel Terra instaura une dictature fascisante, tout en rĂ©formant la Constitution, accordant des sièges au SĂ©nat ainsi que des portefeuilles ministĂ©riels aux deux plus gros partis, c'est-Ă -dire le colorado marzista (soutenant le coup d'État de mars, en particulier le riverismo (es)) et l'herrerisme blanco. Après les rĂ©formes d'Alfredo Baldomir, qui rĂ©tablit progressivement la dĂ©mocratie Ă partir de 1938, les colorados s'Ă©loignèrent de l'herrerisme et se rapprochèrent Ă nouveau du batllisme. Aux Ă©lections de 1942, le Parti colorado prĂ©senta ainsi les candidatures de Juan JosĂ© de AmĂ©zaga Ă la prĂ©sidence et d'Alberto Guani, ministre des Affaires Ă©trangères de Baldomir et fervent supporteur du rapprochement avec les puissances alliĂ©es dans la guerre contre l'Axe Rome-Berlin-Tokyo. AmĂ©zaga inclut des blancos dans son gouvernement, dont le ministre des Affaires Ă©trangères Eduardo RodrĂguez Larreta (nationaliste indĂ©pendant), Ă©galement en faveur de l'alignement sur Washington contre l'Axe.
Les colorados furent victorieux, Amézaga étant investi en et rétablissant les libertés civiles, instaurant par ailleurs les congés payés et déclarant tardivement () la guerre à l'Axe. Le batllisme se rapprocha alors de plus en plus des sphères dirigeantes, devenant progressivement de plus en plus important au sein du Parti colorado, jusqu'à sa victoire aux élections de 1946, lorsque triompha sa formule, Tomás Berreta-Luis Batlle Berres. Le batllisme était toutefois divisé à cette époque, Luis Batlle dirigeant la liste 15, social-démocrate, à laquelle s'opposait les conservateurs de la liste 14 (Vanguardia Batllista), les Batlle Pacheco, fils de José Batlle y Ordoñez.
Le Parti blanco, contrôlé par l'herrerisme, devint alors la principale force d'opposition, jusqu'à 1951, date à laquelle le batllisme négocia avec l'herrerisme une réforme constitutionnelle, qui institua le Conseil national du gouvernement, une direction collégiale de l'exécutif qui réservait trois sièges à la minorité, et qui resta en vigueur jusqu'en 1967.
1966-1985 : du pachéquisme à la dictature
En 1966, la formule colorada Óscar Diego Gestido-Jorge Pacheco Areco remporta les élections, et Pacheco Areco devint président l'année suivante à la suite de la mort de Diego Gestido. Soutenu au Parlement par la liste 15 de Jorge Batlle, il instaura dès un gouvernement autoritaire, faisant usage de façon réitérée aux medidas prontas de seguridad (es) (mesures d'exception), tout en réussissant à réduire de façon importante l'inflation en mettant en place un contrôle rigoureux des prix et des salaires.
La crise touchait toutefois fortement l'Uruguay, et lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1971, les deux partis traditionnels virent se lever une troisième force, le Front large, rĂ©unissant du Parti dĂ©mocrate chrĂ©tien au Parti communiste. Tentant sans succès de modifier la Constitution par plĂ©biscite, afin de permettre la prorogation du mandat de Pacheco Areco, le dauphin du prĂ©sident sortant, Juan MarĂa Bordaberry, fut toutefois Ă©lu, avec Jorge Sapelli comme colistier, dans un contexte de fraudes aggravĂ©es.
La liste 15 (batlliste) prĂ©senta Jorge Batlle, avec comme colistier Renán RodrĂguez, tandis qu'un troisième courant, plus centriste, prĂ©senta AmĂlcar Vasconcellos et Manuel Flores Mora. Par ailleurs, deux colorados, Zelmar Michelini et Hugo Batalla créèrent un courant autonome, Pour le gouvernement du peuple (Por el gobierno del Pueblo), d'orientation social-dĂ©mocrate, qui finit par se sĂ©parer entièrement des colorados en 1971, rejoignant le Front large. Connue sous le nom de liste 99, le groupe s'est scindĂ© dans les annĂ©es 1990, et ses principaux dirigeants, derrière Battalla (Michelini ayant Ă©tĂ© assassinĂ© en Ă Buenos Aires dans le cadre de l'opĂ©ration Condor), ont rejoint Ă nouveau le parti historique de gouvernement.
Après le coup d'État de juin 1973, l'armée conserva en place Bordaberry, qui devint le chef d'État de la nouvelle dictature militaire (1973-1985).
Élections de 2009
Pedro Bordaberry, reprĂ©sentant de la tendance Vamos Uruguay et fils de l'ancien dictateur Juan MarĂa Bordaberry, remporta l'Ă©lection primaire de avec plus de 71 % des voix, devançant largement l'ancien ministre de l'Éducation JosĂ© AmorĂn Batlle qui reprĂ©sentait l'historique liste 15 et n'obtint que 14,79 % des voix du parti. Foro Batllista, tendance majoritaire du parti aux Ă©lections de 1994 et dirigĂ©e par l'ancien prĂ©sident Julio MarĂa Sanguinetti, n'obtint que 12,05 % des voix du parti avec la prĂ©candidature de Luis Hierro LĂłpez. Le colistier de Bordaberry pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2009 fut l'ancien footballeur Hugo de LeĂłn. Daniel Lamas, ancien dĂ©putĂ© du Courant batlliste indĂ©pendant, et qui se dĂ©finit comme de centre-gauche, n'obtint guère que 0,87 % des voix lors de ces primaires.
Avec un peu plus de 17 % des voix aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales d'octobre 2009, les colorados arrivent troisième après le Parti blanco et le Front large, ce qui leur donne 17 dĂ©putĂ©s (sur 99) et 5 sĂ©nateurs (sur 30). Trois de ces sĂ©nateurs appartiennent Ă la liste 10 (Vamos Uruguay): il s'agit de Pedro Bordaberry, de Germán Coutiño et d'Ope Pasquet. Les deux autres, JosĂ© AmorĂn Batlle et TabarĂ© Viera, sont membres de Propuesta Batllista, qui regroupe la liste 15 et le Foro Battlista.
Position politique
Le programme complet est disponible en document pdf.
- Économie
- Suppression des cotisations patronales pour permettre l'embauche
- Une diminution de 14 % du coût des énergies pour les entreprises et l'agriculture
- Renforcement du système financier
- Maîtrise de la dette publique
- Un système d'impôt qui privilégie la compétitivité des personnes
- Aider le secteur de l'Agriculture
- Une industrie exportatrice
- Social
- Priorité pour les plus pauvres
- Universaliser le système des retraites
- Créer des emplois et favoriser la requalification professionnelle
- Infrastructure
- Améliorer les transports
- Améliorer le système des télécommunications
- Tourisme
- Créer de nouveaux pôles
Notes et références
- Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, Éditions du Seuil, , p. 191
- Luis Bilbao, « Uruguay vira a la izquierda », Le Monde diplomatique (édition Cône sud), no 29, novembre 2001 « ici »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) ou ici, avec extraits de la Déclaration du IVe Congrès du Front large
Articles connexes
- Liste 14 (Vanguardia Batllista; les Batlle Pacheco, etc.)
- Liste 15 (Luis Batlle Berres, Jorge Batlle, etc.)
- Liste 99 (Zelmar Michelini et Hugo Batalla; depuis 2008, YamandĂş Fau (es))
- Propuesta Batllista (liste 15 + Foro Batllista de Julio MarĂa Sanguinetti)
- Vamos Uruguay (Pedro Bordaberry, etc.)
Liens externes
- (es) Site du parti