LĂber Seregni
LĂber Seregni Mosquera, nĂ© le Ă Montevideo et mort le dans la mĂŞme ville, Ă©tait un gĂ©nĂ©ral uruguayen, membre du Parti colorado, et fondateur et prĂ©sident du Front large, la coalition de gauche crĂ©Ă©e pour les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1971, auxquelles il fut candidat Ă la prĂ©sidentielle, et membre de la Franc-maçonnerie. EmprisonnĂ© sous la dictature militaire (1973-1985), il fut Ă nouveau le candidat Ă la prĂ©sidentielle du Front large pour les Ă©lections de 1989 (en), demeura prĂ©sident de la coalition jusqu'en 1996, et eut pour successeur TabarĂ© Vázquez. Il est considĂ©rĂ© comme l'un des dirigeants politiques historiques de l'Uruguay, qui demanda sa mise Ă la retraite de l'armĂ©e afin de protester contre la politique autoritaire de Jorge Pacheco Areco en 1968.
LĂber Seregni | |
LĂber Seregni en 1971 | |
Fonctions | |
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Président du Front large | |
– (25 ans) |
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Prédécesseur | Aucun |
Successeur | Tabaré Vázquez |
Biographie | |
Nom de naissance | LĂber Seregni Mosquera |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Montevideo (Uruguay) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Montevideo (Uruguay) |
Nationalité | Uruguayenne |
Parti politique | Parti Colorado, puis Front large |
Conjoint | LilĂ Lerena (1915-2012) |
Enfants | Bethel et Giselle |
Profession | Militaire |
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De Palermo au grade de général et à la retraite
Seregni est nĂ© dans le quartier Palermo (es) de Montevideo en 1916, et entra Ă l'Ă©cole BrĂ©sil. Il commença ses Ă©tudes militaires en 1933, puis fut arrĂŞtĂ© en 1937 pour avoir participĂ© Ă une manifestation d'appui Ă la Seconde RĂ©publique d'Espagne. Quatre ans plus tard, il se maria avec LilĂ Lerena, de laquelle il eut deux filles, Bethel et Giselle[1]. NommĂ© colonel en 1958, il organisa en 1959 l'Ă©vacuation de Paso de los Toros, une ville sinistrĂ©e par une inondation provoquĂ©e par le RĂo Negro. Devenu le plus jeune gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e en 1963[2], il aura travaillĂ© en tant qu'agrĂ©gĂ© militaire des ambassades uruguayennes Ă Mexico et aux États-Unis, dirigea la rĂ©gion militaire no 2, basĂ©e Ă San JosĂ© de Mayo, puis la rĂ©gion militaire no 1, basĂ©e dans la capitale. Il participa ainsi Ă la rĂ©pression des mouvements syndicaux sous le gouvernement autoritaire de Jorge Pacheco Areco (1967-1972).
Mais en , opposé à l'escalade répressive du gouvernement Pacheco, qui avait déclaré l'état de siège (les medidas prontas de seguridad (es)) en , il demanda d'être mis à la retraite, ce qui lui fut accordé en . L'armée uruguayenne était alors, grosso modo, divisée en deux tendances principales, celle, largement majoritaire, influencée par l'ultra-nationalisme du général Mario Aguerrondo d'un côté, et de l'autre celle, libérale et très minoritaire, de Seregni[3].
La présidence du Front large
Seregni s'engagea alors activement dans la vie politique. Il avait déjà été pressenti comme candidat colorado à la présidentielle en tant qu'alternative à la candidature colorada de Pacheco, par plusieurs sénateurs, dont Alba Roballo (en) et Zelmar Michelini (fondateur du Parti pour le gouvernement du peuple et assassiné en 1976). Celle-ci avait cependant échoué, et Seregni démissionna du parti.
Le , il présida le lancement officiel du Front large, une coalition de gauche allant du Parti démocrate chrétien au Parti communiste qui tentait de disputer l'hégémonie politique aux deux partis traditionnels, le Parti colorado et le Parti blanco. En intégrant aussi le Mouvement du 26 mars, lié à la guérilla des Tupamaros, le général Seregni espérait, avec d'autres ténors du Front (Enrique Erro, etc.) intégrer au système parlementaire les Tupamaros.
Seregni fut dĂ©signĂ© prĂ©sident de celui-ci, et son candidat Ă la prĂ©sidence pour les Ă©lections gĂ©nĂ©rales de novembre 1971, avec le mĂ©decin Juan JosĂ© Crottogini (es) comme colistier. Quelques jours avant les Ă©lections, ils furent victimes d'une tentative d'assassinat organisĂ©e par des escadrons de la mort, le , au cours de laquelle un enfant fut tuĂ©[4]. Il obtint 18,28 % des votes, bien plus que ce que l'Union populaire avec obtenu aux Ă©lections prĂ©cĂ©dentes, et ce malgrĂ© un contexte de fraudes aggravĂ©es, qui propulsèrent le candidat colorado Juan MarĂa Bordaberry Ă la prĂ©sidence.
Il visite en 1973 l'Argentine, après l'accession à la présidence du péroniste de gauche Héctor Cámpora, ainsi que le Chili d'Allende et le Pérou du général Velasco Alvarado. Dès le lendemain du coup d'État du 27 juin 1973, il déclare: « Aucun citoyen ne doit se méprendre: le coup d'État est clairement antinational et antipopulaire[2]. » Il signe le un accord avec le Parti blanco, visant à sortir de la crise institutionnelle.
L'arrestation et l'incarcération
Le gĂ©nĂ©ral Seregni fut ensuite arrĂŞtĂ©, avec le gĂ©nĂ©ral VĂctor Licandro et le colonel Carlos Zufriategui, au domicile de ce dernier, le , jour d'une manifestation contre le coup d'État militaire, qui avait menĂ© Ă la dissolution des partis politiques et au dĂ©but d'une rĂ©pression intense contre les mouvements sociaux et la gauche en gĂ©nĂ©ral. 23 autres officiers militaires sont arrĂŞtĂ©s[2]. D'abord inculpĂ© de « non-dĂ©nonciation d'attentat Ă la Constitution (en) » pour avoir, l'accuse-t-on, rencontrĂ© « quatre terroristes » peu avant les Ă©lections de 1971[2], la junte militaire trouve en 1974 une nouvelle charge d'inculpation: le manque de « respect dĂ» aux chefs des forces armĂ©es » lors de la campagne Ă©lectorale de 1971[2]. DĂ©chu de ses grades militaires en [2], il est libĂ©rĂ© le . Mais dès le , il est de nouveau arrĂŞtĂ© pour « attentat Ă la Constitution » [2], puis condamnĂ© en 1978 par le Tribunal militaire Ă quatorze ans de prison (le procureur en rĂ©clamait dix[2]), sous l'accusation de « sĂ©dition et de trahison Ă la patrie ». Ayant Ă©tĂ© condamnĂ© Ă plus de trois ans de prison, il aurait dĂ», selon la loi uruguayenne, ĂŞtre jugĂ© en dernière instance par la Cour suprĂŞme militaire, ce qui n'a jamais Ă©tĂ© le cas[2].
Détenu dans des conditions très dures, parfois au secret[2], il devint alors l'objet d'une campagne internationale pour sa libération, se convertissant en l'un des symboles des forces démocrates uruguayennes écrasées par la dictature militaire. Dès le , le Sénat du Venezuela vote une motion en sa faveur[2]. Il est défendu aussi bien par les sociaux-démocrates européens, dont, en , Willy Brandt, Olaf Palme et François Mitterrand[2], puis, le par ces derniers ainsi que Ivar Leveraas, Ulf Sundqvist, Felipe Gonzalez et Mario Soares[2], que par le Parlement européen (communiqué du [2]); les présidents du Panama et de Costa Rica en 1979; du gouvernement italien de Giulio Andreotti en 1978, du parlement mexicain ou obtenant en 1980-82 le Prix Lénine pour la paix. Le , son rival blanco, Wilson Ferreira Aldunate (en), le défend à Paris, reconnaissant un « adversaire » et un « prisonnier de conscience » emblématique de la dictature uruguayenne et rappelant que lui-même, qui n'est « pas un homme de gauche », est considéré comme un « dangereux terroriste international » par la dictature[2].
De sa prison, Seregni appela les électeurs du Front large à voter blanc lors des élections primaires de 1982 (es), le Front large lui-même n'ayant pas reçu l'autorisation de se présenter à ces élections, par conséquent limitées aux deux partis traditionnels. Malgré le défaut de publicité donnée à son appel, transmis de façon clandestine, 85 515 électeurs ont suivi cette consigne[5].
Libération et candidat à la présidentielle du Front large en 1989
LibĂ©rĂ© le par les gĂ©nĂ©raux, il prononça le jour mĂŞme un discours historique devant son domicile, appelant les masses Ă redoubler la lutte, sans haine ni ressentiment. Il appuya alors la participation du Front large aux nĂ©gociations avec les militaires, qui menèrent au Pacte du Club Naval (es), accord permettant l'organisation des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de novembre 1984. LĂber Seregni et Wilson Ferreira Aldunate (es), un leader blanco de centre-gauche, se voyaient cependant interdire de concourir Ă ces Ă©lections qui ouvrirent la voie Ă la transition dĂ©mocratique.
Le Front large décida de faire de Seregni son candidat présidentiel aux élections générales de 1989, avec l'économiste Danilo Astori comme colistier. Mais le Front large avait alors subi la défection, en , de deux de ses composantes fondatrices, le Parti pour le gouvernement du peuple (PGP) et le Parti démocrate chrétien, qui avaient créé pour l'occasion le Nouvel espace. Aussi, le Front large obtint 21,23 % des voix.
En 1994, il apporta son soutien, avec Tabaré Vázquez, aux manifestants pour le droit d'asile et contre l'extradition de Basques accusés d'être membres de l'ETA. Plusieurs manifestants furent tués par la police lors de ces manifestations.
Retrait de la vie politique et funérailles nationales
Le général Seregni renonça publiquement le à la présidence du Front large, alléguant le manque de soutien interne. Il était en effet questionné de plus en plus par les tendances les plus à gauche de la coalition, sans compter de multiples désaccords avec le candidat présidentiel Tabaré Vázquez, qui fut désigné par les différents partis du Front large pour lui succéder. La même année, Seregni fonda le Centre d'études stratégiques 1815.
Il annonça finalement sa retraite du champ politique lors du IVe Congrès du Front large (2003), puis dissout le Centre d'études stratégiques en 2003, donnant son dernier discours à l'Université de la République[6]. Il mourut le , quelques mois avant la victoire historique du Front large aux élections générales de novembre 2004, qui portèrent Vázquez à la présidence.
Il eut alors droit à des funérailles de ministre d'État, au Cimetière central de Montevideo, en présence d'officiels du gouvernement Batlle, du Front large, des partis blanco et colorado, ainsi que des forces armées. Une veillée funèbre avait aussi été organisée au Palais législatif (es) puis au QG du Front large, où la foule vint lui rendre hommage. Sa dépouille fut crématisée puis ses cendres dispersées sur la meseta d'Artigas (département de Paysandú) en présence du public. Son épouse est décédée en 2012 à 96 ans.
Notes et références
- (en) « Lilà Lerena de Seregni », LR21,
- Antoine Sanguinetti (2001), Mémoires d'actions et de réactions, éd. L'Harmattan, p. 344-345
- Oscar Bottinelli, Las extrañas relaciones entre la izquierda y los militares, Radio El Espectador, 28 avril 2006
- Alain Labrousse (2009), Les Tupamaros. Des armes aux urnes, Paris, Ă©d. du Rocher, 446 p., p. 151-162
- « Liber Seregni en la historia »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
- Gral. LĂber Seregni
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Source originale
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