Juan Velasco Alvarado
Juan Velasco Alvarado, nĂ© Ă Piura le et mort Ă Lima le , est un militaire et homme d'Ătat pĂ©ruvien. Il fut prĂ©sident du PĂ©rou entre 1968 et 1975 avec le titre de PrĂ©sident du Gouvernement rĂ©volutionnaire.
Président du Pérou | |
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Commandant en chef de l'armée du Pérou (en) | |
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Ernesto Montagne SĂĄnchez (en) |
Naissance | Castilla District (en) |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 67 ans) Lima |
SĂ©pulture |
Cementerio El Ăngel (d) |
Nationalité | |
Formation |
CollĂšge San Miguel de Piura (d) (niveau secondaire) (- Ăcole militaire de Chorillos (- Centre des hautes Ă©tudes nationales (en) Ăcole militaire des AmĂ©riques |
Activités | |
Conjoint |
Consuelo Gonzales Posada (en) |
ParentĂšle |
Luis Gonzales Posada (en) (beau-frĂšre) |
Parti politique |
Sistema Nacional de Apoyo a la MovilizaciĂłn Social (d) |
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Arme | |
Grade militaire | |
Distinctions | Liste dĂ©taillĂ©e Ordre du LibĂ©rateur GĂ©nĂ©ral San MartĂn Ordre du Condor des Andes Ordre du LibĂ©rateur Ordre de Bernardo O'Higgins (en) Ordre d'Isabelle la Catholique Ordre de l'Ătoile de la RĂ©publique socialiste de Roumanie (en) |
Jeunes années
Fils de Manuel JosĂ© Velasco et de Clara Luz Alvarado, il grandit au sein dâune famille paysanne modeste, et Ă©pouse Consuelo GonzĂĄles Arriola. Il intĂšgre lâarmĂ©e pĂ©ruvienne, dans lâinfanterie, en 1929, dont il gravira graduellement tous les Ă©chelons, de simple soldat Ă gĂ©nĂ©ral. En raison de son excellente discipline, il est sĂ©lectionnĂ© pour entrer Ă lâĂ©cole militaire de Chorrillos. En 1934, il sort parmi les meilleurs de sa promotion. Il conservera des liens Ă©troits avec ses camarades, dont la plupart Ă©tudieront au Centre des Hautes Ătudes militaires (CAEM). En 1965, il accĂšde au grade de gĂ©nĂ©ral de division.
Gouvernement révolutionnaire militaire (1968-1975)
Coup dâĂtat
Devenu commandant gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e, il est Ă la tĂȘte de la Junte militaire qui renverse sans violence le prĂ©sident Fernando BelaĂșnde Terry le , aprĂšs que celui-ci a acceptĂ© un contrat jugĂ© trĂšs favorable aux intĂ©rĂȘts des compagnies pĂ©troliĂšres nord-amĂ©ricaines (qui seront aussitĂŽt nationalisĂ©es par le gouvernement rĂ©volutionnaire).
RĂ©formes sociales et Ă©conomiques
Velasco constitue un cabinet de ministres militaires, le « Gouvernement rĂ©volutionnaire des Forces armĂ©es ». Il nationalise les secteurs clĂ© de lâĂ©conomie, dont les banques, l'industrie pĂ©troliĂšre et les secteurs liĂ©s Ă l'exportation. Les pĂȘcheries, les mines, les tĂ©lĂ©communications, lâĂ©nergie, le pĂ©trole, sont regroupĂ©s dans des conglomĂ©rats administrĂ©s par lâĂtat (PescaPeru, MineroPeru, Petroperu, ElectroPeru, EntelPeru, etc.) ; le taux de change et le commerce extĂ©rieur sont placĂ©s sous l'autoritĂ© de lâĂtat.
La pierre angulaire de la politique Ă©conomique du gouvernement est la rĂ©forme agraire (« paysan, le patron ne mangera plus en profitant de ta pauvretĂ© », proclame Velasco Alvarado) visant Ă Ă©liminer les grandes haciendas et qui consacre la redistribution de onze millions d'hectares aux paysans. Les anciens propriĂ©taires crient Ă la confiscation, car les biens expropriĂ©s sont payĂ©s en bons non-nĂ©gociables risquant de perdre toute valeur avec lâinflation[1].
Le régime de Velasco lance des investissements massifs dans l'éducation, élÚve la langue quechua - parlée par prÚs de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités[2] - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels. En 1974, une loi reconnait aux communautés indigÚnes dites « natives » des basses terres amazoniennes une juridiction collective sur le territoire et ses ressources[3].
Autoritarisme politique
Le rĂ©gime militaire, parfois appelĂ© le « Velascato » par ses opposants, se caractĂ©rise aussi par un pouvoir autoritaire. Il tolĂšre peu la dissidence, exilant, harcelant, parfois emprisonnant les dirigeants de partis d'opposition. Les mĂ©dias, massivement opposĂ©s au rĂ©gime, sont pour les principaux d'entre eux nationalisĂ©s en vertu d'une nouvelle loi sur la presse en 1974. Outre la bourgeoisie, Velasco rencontre l'opposition des mouvements dâextrĂȘme gauche, trotskystes et maoĂŻstes, qui ne s'enthousiasme guĂšre pour un « socialisme d'en haut » perçu comme destinĂ© Ă prĂ©venir les dangers d'un « socialisme d'en bas ». En revanche, le gouvernement est soutenu par le Parti communiste et l'essentiel du mouvement syndical (2190 syndicats se crĂ©ent dans les usines entre 1968 et 1975)[4]. Il entreprend par ailleurs une rĂ©conciliation avec les guĂ©rillas de gauche du dĂ©but des annĂ©es 1960, dont un ancien combattant, Bejar Rivera, est nommĂ© au gouvernement.
Politique Ă©trangĂšre
En politique extĂ©rieure, contrastant avec les dictatures militaires latino-amĂ©ricaines de cette Ă©poque, qui sont de droite pour la plupart, il Ă©tablit un partenariat avec le bloc socialiste ainsi que des relations diplomatiques avec Cuba et la Chine, et achĂšte du matĂ©riel militaire soviĂ©tique et français pour moderniser lâarmĂ©e pĂ©ruvienne. Ceci lui vaut lâhostilitĂ© des Ătats-Unis, qui rĂ©pondent par des pressions commerciales, Ă©conomiques et diplomatiques. En 1973, le PĂ©rou semble triompher du blocus financier imposĂ© par Washington en nĂ©gociant un prĂȘt auprĂšs de la Banque internationale de dĂ©veloppement afin de financer sa politique de dĂ©veloppement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement aprĂšs le coup dâĂtat du gĂ©nĂ©ral Pinochet.
Difficultés économiques
En Ă©conomie, la politique du gouvernement de Velasco sâavĂšre relativement inefficace, en dĂ©pit d'une certaine amĂ©lioration du niveau de vie des classes populaires et du dĂ©veloppement industriel. La pĂȘche et lâagriculture sont des Ă©checs particuliĂšrement patents. PescaPeru surpĂȘche lâanchois qui sert principalement pour la production de farine de poisson et est un Ă©lĂ©ment-clĂ© dans lâĂ©cosystĂšme marin pĂ©ruvien. La production atteint des records pendant les premiĂšres annĂ©es mais sâajoutant aux effets du phĂ©nomĂšne El Niño de 1972, cela conduit Ă une chute vertigineuse des prises Ă tel point qu'il faudra plus dâune dĂ©cennie pour retrouver un niveau dâactivitĂ© correct. La dette de lâĂtat et la politique inflationniste contraignent Ă dĂ©valuer la monnaie. De plus, la rĂ©forme agraire, ambitieuse mais mal conduite, se traduit par la crĂ©ation de milliers de fermes sans capitaux, ce qui dĂ©sorganise la production agricole. En outre, les circuits de distribution sont sujets Ă des actes de sabotage, d'une tendance Ă la spĂ©culation et Ă la contrebande, gĂ©nĂ©rant des pĂ©nuries pĂ©riodiques et du rationnement[4].
Coup dâĂtat contre Velasco
Ces difficultĂ©s Ă©conomiques et lâopposition politique croissante aprĂšs le coup portĂ© Ă la presse en 1974 finissent par affaiblir le gouvernement Velasco et conduisent Ă sa chute. Le gĂ©nĂ©ral Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de lâarmĂ©e) et lâamiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) Ă©chappent tour Ă tour, Ă quelques semaines d'intervalle, Ă une tentative d'assassinat. Le , un groupe de commandants militaires importants (des 1re, 2e, 3e, 4e, et 5e rĂ©gions militaires) provoque un coup dâĂtat qui sera surnommĂ© le Tacnazo car il a lieu dans la ville de Tacna au sud du pays. Les commandants dĂ©clarent que Velasco a Ă©chouĂ© Ă atteindre les buts de la « RĂ©volution pĂ©ruvienne » et est dans lâincapacitĂ© de rester Ă son poste.
Le gĂ©nĂ©ral Francisco Morales BermĂșdez Cerruti, alors prĂ©sident du Conseil des ministres, relĂšve Velasco de ses fonctions et est nommĂ© prĂ©sident, par une dĂ©cision unanime de la nouvelle junte militaire. Il prend pour prĂ©texte la mauvaise situation Ă©conomique et la santĂ© fragile de Velasco, Ă qui on a dĂ» amputer une jambe en 1973 Ă la suite d'une embolie et dont on dit que les facultĂ©s cognitives sont affectĂ©es par des problĂšmes circulatoires. Ce dernier se trouve alors en convalescence Ă Chaclacayo, prĂšs de Lima. Il dĂ©cide de se rĂ©unir avec son conseil des ministres mais il se rend compte quâil nây a pratiquement plus rien Ă faire. Il rĂ©dige un dernier discours Ă la nation dans lequel il fait part de sa dĂ©cision de ne pas opposer de rĂ©sistance.
ĂcartĂ© du pouvoir, Velasco meurt Ă lâHĂŽpital militaire de Lima en 1977[5].
Références
- « El proceso de reforma agraria », sur minagri.gob.pe (consulté le )
- (en-US) « Biographie de Juan Velasco Alvarado », sur La Biographie (consulté le )
- RaphaĂ«l Colliaux, « LâĂ©conomiste, les indigĂšnes et le cadastre », sur Le Monde diplomatique,
- Maurice Lemoine, Les enfants cachĂ©s du gĂ©nĂ©ral Pinochet. PrĂ©cis de coups dâEtat modernes et autres tentatives de dĂ©stabilisation, Don Quichotte,
- « L'ancien prĂ©sident Velasco Alvarado est mort L'homme d'un dĂ©fi », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :