Daublaine-Callinet
Daublaine-Callinet désigne une entreprise française de facture d'orgues du XIXe siècle.
L'entreprise connaît deux grandes périodes : la première avec le duo Daublaine (propriétaire-fondateur et premier gérant) - Louis Callinet (facteur d'orgues), la seconde avec le tandem Ducroquet (propriétaire et troisième gérant) - Barker (chef d'atelier principal), successeurs de Daublaine.
Historique
La manufacture d'orgues Daublaine & Callinet, société en commandite simple créée le , est le fruit de l'association d'André-Marie Daublaine (ingénieur en chef du cadastre du département de la Marne), de Louis Callinet (facteur d'orgues à Paris), et de l'organiste Félix Danjou (titulaire à l'église Saint-Eustache et à la cathédrale Notre-Dame de Paris), de 1839 à 1844, date à laquelle Louis Callinet en fut évincé à cause du scandale occasionné par son saccage du mécanisme et de la tuyauterie de l'orgue de Saint-Sulpice à Paris qu'il était chargé de restaurer.
André-Marie Daublaine est entré dans la facture d'orgues en rachetant à l'abbé Jean-Louis Cabias son invention de mécanisme d'orgue qu'il perfectionne au sein de la maison Daublaine & Cie (avec Marie Antoine Louis Suret comme contre-maître) jusqu’à déposer en 1836 le brevet de « l'Orgue Simplifié »[1], petit orgue mécanique permettant à un organiste même débutant de jouer harmonieusement. Pour s'agrandir et étendre son activité aux « grandes orgues », il rachète l'entreprise de Louis Callinet, en difficultés financières, et s'adjoint sa personne comme contre-maître et pour profiter de sa réputation. Il se retire en 1841 de la direction de la société Daublaine & Callinet, tout en restant actionnaire majoritaire, au profit des frères Girard en la personne de Bénigne, Lambert, Jacques Girard[2].
La société, fragilisée par le scandale Saint-Sulpice causé par Louis Callinet puis l'incendie accidentel de l'orgue de Saint-Eustache dû à Charles Barker, est rachetée en 1845 par Pierre-Alexandre Ducroquet, puis, après sa faillite, absorbée par Joseph Merklin en 1855 et perd alors toute existence légale.
Après l'organier Théodore Sauer (petit-fils de Conrad Sauer facteur d'orgues et ancien contremaître de Jean-André Silbermann) qui dirigea la succursale lyonnaise, Charles Spackmann Barker vint épauler Louis Callinet, comme contremaître, dès 1841, et le remplaça après son départ jusqu'à devenir le seul maître d’œuvre sous les directions de Girard puis de Ducroquet avec lequel il s'associe, Danjou restant directeur artistique et commercial.
Contrairement à ce que l'on peut lire ici ou là , Louis Callinet, Théodore Sauer et Charles Barker ont toujours été les seuls véritables maîtres facteurs d'orgues de cette manufacture.
Ĺ’uvre
La maison Daublaine-Callinet puis Ducroquet-Barker a construit les instruments suivants :
1839
- Lons-le-Saunier, église Saint-Désiré, instrument Classé MH[3]
- Crépy-en-Valois, église Saint-Denis, instrument Classé MH[4], restauré en 1986 par Michel Garnier
- Paris, église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement[5], buffet Classé MH[6]
- Paris, cathédrale Notre-Dame, orgue de chœur, transféré à l'église Saint-Michel de Cordes-sur-Ciel en 1842 et restauré en 1991 par Patrice Bellet, instrument Classé MH[7]
1840
- Angers, église de la Trinité, instrument Classé MH[8]
- Bletterans, Saint-Paul, orgue de chœur, instrument Classé MH[9] - [10]
- Carpentras, vers 1840, reconstruction de l'orgue des frères Eustache à l'ancienne cathédrale Saint-Siffrein
- Chaumont-en-Vexin, église Saint-Jean-Baptiste, instrument Classé MH[11], restauré en 1980 par Jean-Jacques Mounier
- Lille, église Saint-Étienne, restauré par Philippe Emeriau en 1995, instrument Classé MH[12]
- Loudun, Saint-Pierre-de-Martray, restauré en 1980 par Jean-François Muno puis en 2010, instrument Classé MH[13]
- Marle, Église Notre-Dame, orgue de tribune, remplacé en 1891 par un orgue d'Aristide Cavaillé-Coll[14].
- Morez, église de l'Assomption-de-Notre-Dame, instrument Classé MH[15]
- Lyon, construction de l'orgue de la primatiale Saint-Jean, avec machine Barker, inauguré le [16] - [17]. Ensuite remanié et agrandi plusieurs fois[18] ; reconstruction par Pascal Quoirin commencée au printemps 2018 pour une inauguration espérée en 2020.
- Garchizy, Saint-Martin, instrument Classé MH[19], restauré par Aristide Cavaillé-Coll en 1867
- Niort, église Notre-Dame, agrandi par Alexandre Ducroquet en 1853, restauré en 2000 par Henry Saby, instrument Classé MH[20]
- Carbonne, Saint-Laurent, instrument Classé MH[21])
- Évreux, église Saint-Taurin
- L'Isle-Jourdain, collégiale Saint-Martin, instrument Classé MH[22], restauré en 1983 par Alain Leclère
- Joigny, église Saint-Thibault, instrument Classé MH[23], restauré en 1986 et relevé en 2007 par Jean-François Muno
- Uzès, église Saint-Étienne, réparé en 1965 par Alfred Kern, instrument Classé MH[24]
- Aix-en-Provence, Saint-Jean de Malte, remplacé par un orgue entièrement neuf de Daniel Kern en 2006
- Samatan, Saint-Jean-Baptiste, instrument Classé MH[25]
- Uzès, reconstruction de la partie instrumentale de l'orgue de l'ancienne cathédrale d'Uzès, buffet Classé MH[26] ainsi que la partie instrumentale[27]
- Metz, reconstruction de la partie instrumentale de l'orgue de l'église Saint-Martin, instrument Classé MH[28]
- Saint-Claude (Jura), de 1843 à 1844, cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul-et-Saint-André, buffet Classé MH[29]
- Eauze, cathédrale Saint-Luperc
- Montpellier, Ă©glise Saint-Roch
- Nîmes, église Saint-Charles, instrument Inscrit MH[30]
- Brignoles, église Saint-Sauveur, sans doute le tout dernier instrument construit en collaboration avec Louis Callinet, Classé MH[31]
- Paris, église Saint-Eustache, un des plus grands instruments de l'époque, avec double pédalier, construit par Daublaine & Callinet sous la supervision de Charles Spackmann Barker qui le détruisit accidentellement par le feu lors d'une séance d'accord le , quelques mois après son inauguration.
- Toulouse, Saint-Nicolas, buffet Classé MH[32] ainsi que la partie instrumentale[33], restauré par Jacques Nonnet - Orgues Giroud Successeurs en 2005
- Saint-Calais, Notre-Dame, reconstruction dans le buffet du XVIIe siècle Classé MH[34] ainsi que la partie instrumentale[35], restauré en 1974
- Gonfaron (Var), église de l'Immaculée-Conception, repris par François Mader dans les années 1860
- Toulouse, reconstruction de l'orgue Robert Delaunay (1674) de la basilique Saint-Sernin, reconstruit par Aristide Cavaillé-Coll en 1888
- Le Havre, importants travaux de restauration et quelques modifications du grand orgue de la cathédrale Notre-Dame, détruit en 1944
- Lyon, construction de l'orgue de l'église Saint-Pothin. L'instrument a été remplacé par Joseph Merklin en 1876 qui le reprit par la même occasion[36]
- Dijon, restauration de l'orgue des frères Riepp de la cathédrale Saint-Bénigne, buffet Classé MH[37] ainsi que la partie instrumentale[38]
- Marseille, construction par Ducroquet & Barker à Notre-Dame-du-Mont, instrument Classé MH[39], restauré en 2010 par Jacques Nonnet.
- Tourcoing, construction par Ducroquet Ă l'Ă©glise Notre-Dame-des-Anges
- Tournai (Belgique) cathédrale Notre-Dame, construction par Ducroquet d'un orgue neuf en tribune occidentale, classé comme patrimoine exceptionnel de Wallonie
- Paris, église Saint-Eustache, pour remplacer l'instrument détruit par l'incendie de , le chef d’œuvre et dernier grand instrument de Ducroquet & Barker, dans un buffet monumental de l'architecte Victor Baltard, partie instrumentale remplacée par le néerlandais J.L. van den Heuven en 1989.
Morez Saint-Calais, Notre-Dame Cathédrale St Théodorit à Uzès Carpentras, ancienne cathédrale St Siffrein Angers, église de la Trinité Chaumont-en-Vexin Paris, Saint-Eustache
Après sa disparition, deux anciens employés de la maison Daublaine-Callinet, Émile Poirier et Nicolas Lieberknecht, installés à Toulouse, construisent :
- en 1862 : l'orgue de Notre-Dame de la Daurade à Toulouse (restauration Boisseau Cattiaux 1995), instrument Classé MH[40].
- en 1868 : l'orgue de Notre-Dame-du-Camp à Pamiers, buffet Classé MH[41] ainsi que la partie instrumentale[42].
- en 1869 : l'orgue de l'Ă©glise Saint-Caprais de la Croix-Daurade Ă Toulouse[43].
Notre-Dame de la Daurade à Toulouse Notre-Dame-du-Camp à Pamiers Église Saint-Caprais du quartier de la Croix-Daurade à Toulouse
Notes et références
- Description.
- source : dernière page, encart tout en bas à gauche.
- Notice no PM39003585, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Crépy-en-Valois - partie instrumentale », notice no PM60000685, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Voir sur le site Musimen.com : « Cet instrument, inauguré en 1839 par Séjan, Simon et Fessy, comportait à l’origine 31 jeux répartis sur 3 claviers et pédalier ».
- Notice no PM75000530, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM81000127, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM49001927, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM39000197, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Orgue de choeur », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
- Notice no PM60000514, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM59000850, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM86000271, base Palissy, ministère français de la Culture.
- https://orguespicardie.weebly.com/marle.html
- Notice no PM39003587, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Pierre-Marie Guéritey et Michelle Guéritey, Les orgues du Rhône, t. 1 : Les orgues de Lyon, éditions Comp'Act, , p. 292-300.
- En termes de dates d'inaugurations, l'orgue Daublaine et Callinet de la primatiale Saint-Jean de Lyon (inauguré le 16 septembre 1941) a employé la machine Barker avant l'orgue de la basilique de Saint-Denis (inauguré le 21 septembre 1841).
- En 1928, son illustre titulaire Edouard Commette y enregistre les premiers disques de musique d'orgue de Jean-SĂ©bastien Bach.
- Notice no PM58000639, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM79000100, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM31000093, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM32000191, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM89000674, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM30000594, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM32000551, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM30000822, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM30000582, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM57000207, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM39001321, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM30000806, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM83001460, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM31001457, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM31000997, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM72000792, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM72000793, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Pierre-Marie Guéritey et Michelle Guéritey, Les orgues du Rhône, t. 1 : Les orgues de Lyon, éditions Comp'Act, , p. 353-358.
- Notice no PM21000738, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM21002654, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM13000744, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM31000995, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM09000993, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no PM09000537, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « orgue de tribune : partie instrumentale de l'orgue », notice no PM31001004, base Palissy, ministère français de la Culture.
Voir aussi
Bibliographie
- « Un Châlonnais méconnu : André Marie Daublaine », Le Petit Catalaunien illustré, no 49,‎ hiver 2004-2005.
- Pié Meyer-Siat, Les Callinet, facteurs d'orgues à Rouffach, et leur œuvre en Alsace, ISTRA, .