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DĂ©naturation

En biochimie, la dénaturation est le processus par lequel une macromolécule biologique, acide nucléique ou protéine, perd sa conformation tridimensionnelle normale : les protéines perdent leur repliement et se déplient, les deux brins appariés des duplex d'acides nucléiques se séparent. Cette conformation tridimensionnelle est le plus souvent nécessaire pour que les macromolécules biologiques puissent remplir leur fonction et donc la dénaturation inactive en général ces macromolécules biologiques.

Interaction protéine-SDS
Représentation schématique de la dénaturation d'une protéine en pelote (en bas à gauche) par un agent tensioactif (en haut à gauche le Laurylsulfate de sodium (SLS), molécule amphiphile représentée par une tête hydrophile bleue et une queue hydrophobe noire) qui casse les interactions hydrophobes maintenant cette protéine repliée, ce qui entraîne son dépliement.

Dénaturation des acides nucléiques

L'ADN est dit dénaturé lorsque les deux brins complémentaires dont il est normalement constitué sont disjoints. On obtient ce résultat par exemple en augmentant la température, ou en ajoutant des agents chaotropiques comme l'urée. Lorsque la dénaturation est effectuée par chauffage, la température à laquelle la moitié des molécules d'ADN est dénaturée est appelée température de fusion moléculaire. La dénaturation a lieu lorsque les chocs dus à la température parviennent à rompre les liaisons hydrogène liant les deux brins. Lorsque la température redescend, les chaînes complémentaires se réassocient deux par deux avec réapparition des liaisons H. La composition nucléotidique de la chaine a un effet sur la température de fusion : des chaînes contenant beaucoup de bases C et G (impliquant trois liaisons H entre les nucléotides en vis-à-vis sur les deux brins) sont plus stables et donc plus difficiles à dénaturer que des chaines contenant plus de bases A et T (deux liaisons).

La renaturation est l'opération inverse de ré-association des deux brins de l'ADN qui se recombinent en une seule molécule bicaténaire. La dénaturation de l'ADN peut se faire avec un thermocycleur.

L'ARN peut également adopter une structure complexe comprenant des appariements de base et lui permettant d'accomplir des fonctions variées (catalyse, reconnaissance moléculaire...). Cette structure peut être rompue par les mêmes procédés physico-chimiques que pour l'ADN (température, agents chaotropiques)

Dénaturation des protéines

Dénaturation et renaturation des protéines.

La dénaturation d'une protéine correspond à la désorganisation de la structure spatiale sans rupture des liaisons covalentes et en particulier des liaisons peptidiques, car seules les liaisons secondaires sont concernées. La chaîne polypeptidique est alors partiellement ou totalement dépliée.

Conséquences de la dénaturation

La dénaturation d'une protéine a le plus souvent plusieurs conséquences importantes :

  • perte de l'activitĂ© biologique. L'activitĂ© biologique des protĂ©ines, en particulier des enzymes, dĂ©pend fortement de l'organisation spatiale des acides aminĂ©s qui la compose, par exemple au niveau d'un site actif. La perte du repliement entraĂ®ne alors une perte d'activitĂ© ;
  • changement des propriĂ©tĂ©s optiques. Plusieurs caractĂ©ristiques peuvent ĂŞtre affectĂ©es : l'absorption dans l'UV, la fluorescence et le dichroĂŻsme circulaire. Les deux premiers effets rĂ©sultent d'un changement de polaritĂ© de l'environnement des chromophores comme le tryptophane, qui passent d'un environnement hydrophobe (le cĹ“ur de la protĂ©ine) Ă  un environnement polaire (le solvant aqueux). Le dernier effet est liĂ© Ă  la perte des structures secondaires, hĂ©lices α et feuillets β ;
  • modification de la solubilitĂ©. La solubilitĂ© dĂ©pend de la surface d'interaction entre la protĂ©ine et l'environnement aqueux. La modification de la structure spatiale affecte profondĂ©ment cette surface d'interaction et modifie donc la solubilitĂ©. En particulier, des contacts entre zones hydrophobes de la protĂ©ine dĂ©pliĂ©e peuvent conduire Ă  l'agrĂ©gation non ordonnĂ©e des protĂ©ines : floculation quand la dĂ©naturation est rĂ©versible (exemple : floculation du lait en prĂ©sence d'un acide), coagulation quand la dĂ©naturation est irrĂ©versible (coagulation des casĂ©ines du lait en caillĂ©, coagulation du collagène lors de la cuisson des viandes, des poissons, coagulation de l'ovalbumine lors de la cuisson des Ĺ“ufs). La gĂ©lification des protĂ©ines (Ă©tablissement d'un rĂ©seau gĂ©lifiĂ© qui repose notamment sur la formation de ponts disulfures : pâtes de pâtisserie, pâtes Ă  pain), correspondant Ă  l'agrĂ©gation lente de protĂ©ines dĂ©naturĂ©es en un rĂ©seau tridimensionnel ordonnĂ©, nĂ©cessite une masse insoluble bien hydratĂ©e[1].

Agents dénaturants

Les agents dénaturants sont nombreux et peuvent être soit de nature physique, soit des agents chimiques.

Agents physiques

La coagulation du blanc d'œuf résulte de la dénaturation de l'ovalbumine par la chaleur.
Une goutte de blanc d’œuf dénaturée après 10 secondes de micro-ondes. Elle évolue vers une cristallisation et une apparence de complexité.
  • La tempĂ©rature : L'augmentation de la tempĂ©rature engendre une agitation thermique des atomes de la molĂ©cule. Celle-ci provoque une rupture des interactions intermolĂ©culaires, comme les liaisons hydrogène, qui stabilisent la structure spatiale. En effet, les liaisons hydrogène servent Ă  stabiliser les protĂ©ines dans une forme tridimensionnelle oĂą elles peuvent remplir leurs fonctions. Ă€ haute tempĂ©rature, les liaisons hydrogène sont brisĂ©es et ne peuvent plus assurer le maintien de la forme de la protĂ©ine, qui n'est alors plus fonctionnelle. La plupart des protĂ©ines sont ainsi dĂ©naturĂ©es Ă  partir de 41 degrĂ©s Celsius, ce qui explique la dangerositĂ© chez l'humain de fortes fièvres[2]. Ce processus est Ă  l'origine de la coagulation de l'ovalbumine, protĂ©ine du blanc d'Ĺ“uf, lorsqu'on fait cuire des Ĺ“ufs.
  • Modification du pH : elle entraine une modification des charges portĂ©es par les groupements ionisables et altère donc les liaisons ioniques et hydrogène stabilisant la structure spatiale.
  • Les radiations.

Agents chimiques

  • Les agents chaotropiques comme l'urĂ©e ou le chlorure de guanidine. Ă€ forte concentration, ces composĂ©s fragilisent fortement les liaisons hydrogène (principales liaisons de faibles Ă©nergies responsables du maintien des structures secondaires, tertiaires et quaternaires des protĂ©ines).
  • Les agents rĂ©ducteurs de thiols comme le 2-mercaptoĂ©thanol ou le DTT (DithiothrĂ©itol). Ils permettent la rĂ©duction (rupture) des ponts disulfures et peuvent ainsi contribuer Ă  fragiliser la structure tertiaire ou quaternaire des protĂ©ines
  • Les bases et les acides, par altĂ©ration du pH (voir ci-dessus, « Agents physiques »).
  • Les dĂ©tergents, par modification de l'interaction avec le solvant aqueux.
  • Les ions de mĂ©taux lourds.

Notes et références

  1. Hervé This, Révélations gastronomiques, Belin, , p. 311-317.
  2. (en) « Denaturation », sur Chemistryexplained.com, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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