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Critiques de Facebook

Le réseau social Facebook a essuyé un bon nombre de critiques et controverses incluant la vie privée, la sécurité infantile et l'incapacité de supprimer un compte sans préalablement en supprimer le contenu manuellement. En 2008, plusieurs compagnies ont retiré leurs publicités du site car elles étaient dangereusement exposées à plusieurs groupes ou individus. Les pages d'utilisateurs, groupes et forums ont été critiqués à cause de sujets parfois hautement sensibles. Plusieurs censures ont été imposées dans et en dehors du site.

Pictogramme représentant le logo de Facebook barré d'un trait rouge.

Doutes

Liberté d'expression (vis-à-vis de l'employeur d'un utilisateur)

À la suite de divers procĂšs, dont un en novembre 2010, il apparaĂźt que Facebook est un espace public, et que dans le cadre de la relation employĂ©-employeur, « le droit d'expression existe dans et hors du lieu de travail, mais il y a ensuite apprĂ©ciation faite par le juge sur le caractĂšre abusif ou non des propos » et que « la jurisprudence rappelle que la libertĂ© d'expression a pour corollaire la responsabilitĂ© de ceux qui en usent. Il s'agit de l'exĂ©cution loyale du contrat, qui impose la discrĂ©tion tant vis-Ă -vis des tiers que des collĂšgues : les internautes ont le droit de s'exprimer sans que cela conduise Ă  des abus[1] ».

Concurrence malhonnĂȘte

Le 12 mai 2011, le journal The Daily Beast a rĂ©vĂ©lĂ© un accord visant Ă  discrĂ©diter Google. L'entreprise Facebook a payĂ© l'agence Burson-Marsteller dans l'intention de rallier de nombreux blogueurs et personnalitĂ©s de la toile pour dĂ©noncer un problĂšme fictif de vie privĂ©e concernant Google. Un internaute a refusĂ© de relayer ses accusations, avant que des journalistes du USA Today ne dĂ©cident d'enquĂȘter sur les responsables de ces accusations et c'est finalement Facebook qui a avouĂ© en ĂȘtre l'auteur[2].

Respect des conditions d'utilisation

Officiellement, les conditions d'utilisation de Facebook interdisent aux utilisateurs de publier des contenus Ă  caractĂšre haineux ou discriminatoire. Cependant, dans les faits, de tels contenus sont rĂ©guliĂšrement publiĂ©s dans la plus totale impunitĂ©, et quand un utilisateur signale un contenu enfreignant les conditions, il a pour seule rĂ©ponse que le contenu en question n'enfreint pas les conditions d'utilisation mĂȘme si c'est effectivement le cas.

En mai 2017, le Guardian publie une enquĂȘte indiquant que les modĂ©rateurs de Facebook ont reçu pour instruction de tolĂ©rer les posts nĂ©gationnistes et contestant la vĂ©racitĂ© de la Shoah sauf si ceux-ci sont signalĂ©s et publiĂ©s Ă  partir de pays (France, Allemagne, Autriche, IsraĂ«l) oĂč de tels propos sont illĂ©gaux et punissables de peines d’emprisonnement, et ce seulement afin d’éviter le risque de procĂšs et d’amendes contre Facebook qui engagent sa responsabilitĂ© en tant que plateforme mĂ©diatique[3].

Vie privée

Vente d'informations personnelles

Depuis sa création, Facebook fait l'objet d'une controverse concernant le respect de la vie privée des utilisateurs. L'application web utilise en effet les informations personnelles des utilisateurs afin d'introduire des publicités ciblées qui sont adaptées à leur profil[4] et vend les informations livrées par les utilisateurs à des entreprises privées, comme c'est indiqué dans sa charte concernant la vie privée[5]. Cette charte indique par ailleurs que Facebook peut aller récolter des informations sur les membres à partir de sources extérieures comme les journaux, les blogs et d'autres sources sur Internet[6].

Les informations sur les utilisateurs sont également collectées par Facebook pour améliorer ses bases de données et permettre à ses clients de mieux cibler les publicités, en connaissant les comportements de consommation des utilisateurs de Facebook. Les sites tiers peuvent, grùce à Facebook Social Ads, utiliser les informations amassées par Facebook pour envoyer des publicités ciblées en fonction des différentes caractéristiques des profils[7]. Ceux-ci pouvant par exemple contenir des données sur : le niveau d'études, les opinions politiques, la religion, les emplois occupés[8]. Depuis le 17 janvier 2011, l'adresse et le téléphone mobile ont été ajoutés.

Le contrat passé avec les utilisateurs de Facebook spécifie que toutes les données entrées sur le site (messages, éléments de profils, photos etc.) ont leurs droits concédés sous licence à Facebook qui a le droit de les utiliser pour ses publicités, de les revendre à des tiers, de les sous-licencier. Le 4 février 2009, Facebook a modifié ses conditions d'utilisation et a inventé le principe d'une « licence perpétuelle sur tout le contenu déposé » (articles, photos, vidéos...) par un utilisateur, y compris les contenus supprimés[9]. Devant le tollé provoqué, l'entreprise a fait marche arriÚre deux semaines plus tard[10] - [11].

Beacon, le dernier logiciel publicitaire de Facebook en date permet à des sites Internet intégrant un script de Facebook d'envoyer des informations sur les actions d'un membre de Facebook sur leur site (un achat, un jeu, etc.) aux amis Facebook de ce membre, dans leur « newsfeed », ou de mettre ces informations dans son journal sur sa page personnelle[12]. Cette forme de marketing est considérée comme trÚs efficace, car elle passe par les réseaux sociaux et non par l'interpellation directe des personnes par la publicité[13].

Voici un extrait particuliĂšrement significatif des conditions de cession de droits au profit de Facebook :

« Pour le contenu protégé par les droits de propriété intellectuelle, comme les photos ou vidéos (« propriété intellectuelle »), vous nous donnez spécifiquement la permission suivante, conformément à vos paramÚtres de confidentialité et paramÚtres d'application : vous nous accordez une licence non exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l'utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation à Facebook (« licence de propriété intellectuelle »). Cette licence de propriété intellectuelle se termine lorsque vous supprimez vos contenus de propriété intellectuelle ou votre compte, sauf si votre compte est partagé avec d'autres personnes qui ne l'ont pas supprimé[14] ».

Au début du mois de janvier 2014, deux internautes américains ont déposé plainte contre le réseau social, le soupçonnant d'analyser tous messages privés accompagné d'une URL, pour ensuite les compiler afin de dresser un profil détaillé sur l'auteur du message. Ce profil serait par la suite revendu à des tiers [15].

Le 1er avril 2015, Ă  la suite d'une Ă©tude commandĂ©e par la Commission de la protection de la vie privĂ©e de Belgique, Facebook a Ă©tĂ© accusĂ© de pister les internautes, mĂȘme en dehors de Facebook, et mĂȘme des internautes ne possĂ©dant pas de compte Facebook.

Utilisation abusive des données personnelles

De nombreuses ONG de dĂ©fense des droits de l'homme et de la vie privĂ©e des personnes, comme Electronic Frontier Foundation ou Privacy International, s'inquiĂštent de cette nouvelle maniĂšre de rĂ©colter des informations sur les internautes et de les utiliser. Elles la considĂšrent comme d'autant plus pernicieuse qu'elle se met en Ɠuvre avec la parfaite collaboration des utilisateurs de Facebook, qui n'ont pas nĂ©cessairement conscience des dangers d'une telle concentration d'informations entre les mains d'une entreprise privĂ©e, de leur vente Ă  d'autres entreprises[16], ou de leur mise Ă  disposition aux autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales amĂ©ricaines Ă  leur demande[17]. Il semblerait Ă©galement que les employĂ©s de Facebook puissent avoir accĂšs aux pages de tous les utilisateurs du service[18].

Fin novembre 2007, un réseau lancé par MoveOn a fait pression pour défendre la vie privée des utilisateurs du site, et a lancé une pétition en ligne[19]. De nombreux groupes se sont créés sur Facebook pour dénoncer ce viol de la vie privée des utilisateurs du site[20].

Le site de MoveOn.org proposait des liens vers une pétition pour mettre un terme au systÚme Beacon, ainsi que vers un site décrivant comment, sur Mozilla Firefox, bloquer Beacon[21] : il faut télécharger l'extension (« addon ») BlockSite et faire une manipulation simple, expliquée sur le site mentionné.

Pour l'Ă©tudiant autrichien Max Schrems, Facebook va jusqu'Ă  crĂ©er des « profils fantĂŽmes Â» en collectant illĂ©galement des donnĂ©es sur des personnes n'ayant jamais crĂ©Ă© de compte sur le site[22]. USA Today dĂ©taille un mode opĂ©ratoire comparable Ă  la publicitĂ© en ligne[23].

Le Facebook a rĂ©alisĂ© une Ă©tude sur les Ă©motions des internautes, basĂ©e Ă  partir d'informations d'utilisateurs manipulĂ©s. Cette Ă©tude rĂ©cemment publiĂ©e a expliquĂ© comment Facebook a modifiĂ© les informations de prĂšs de 700 000 utilisateurs anglosaxons pour d'Ă©tudier la « contagion Ă©motionnelle Â» dans les groupes. Sheryl Sandberg, la directrice des opĂ©rations du rĂ©seau communautaire, a affirmĂ© avoir « trĂšs mal communiquĂ© sur ce sujet Â» et prendre « trĂšs au sĂ©rieux la question de la vie privĂ©e au sein de Facebook Â» [24].

En mars 2019, Ă  New York, des procureurs fĂ©dĂ©raux ouvrent une enquĂȘte pĂ©nale sur l'accĂšs aux donnĂ©es des utilisateurs que Facebook a accordĂ© Ă  certaines grandes entreprises du numĂ©rique, Apple, Netflix, Spotify, Amazon ou Yahoo par exemple[25].

Le 13 aout 2019, Facebook reconnait avoir écouté et retranscrit des conversations privées tenues via Messenger afin d'améliorer le ciblage publicitaire. Mark Zuckerberg avait affirmé ne pas faire ça lors d'une audition devant le congrÚs en avril 2018[26].

Monétisation et société

L'utilisation des données personnelles que Facebook collecte auprÚs de ses utilisateurs a permis la croissance soutenue de ces derniÚres années. Le revenu net de Facebook depuis 2010 est resté à la hausse, comme le montre le tableau[27].

Revenu net de Facebook entre les années 2010 et 2018
Année Revenu net

(en millions de dollars américains)

2010 606
2011 1 000
2012 53
2013 1 500
2014 2 940
2015 3 688
2016 10 217
2017 15 934
2018 22 112

La maniĂšre dont elle exploite et gĂšre les donnĂ©es personnelles de ses utilisateurs permet au sociologue Shoshana Zuboff d’inclure Facebook dans ce que l’on appelle l’économie de la surveillance, dĂ©finie par l’auteur comme suit: «Surveillance capitalism establishes a new form of power in which contract and the rule of law are supplanted by the rewards and punishments of a new kind of invisible hand»[28]. L’une des caractĂ©ristiques les plus importantes de cette nouvelle forme de capitalisme, qui a dĂ©butĂ© approximativement Ă  partir de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 2000, est l’introduction d’une nouvelle logique d’accumulation qui implique un changement des relations de pouvoir, oĂč la prĂ©diction et la modification du comportement humain jouent le rĂŽle principal Ă  travers l’analyse et le traitement de donnĂ©es obtenues grĂące au fait que la vie quotidienne d'un tiers des ĂȘtres humains sur la planĂšte est mĂ©diatisĂ©e par un ordinateur. Il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© que Facebook et Google avaient participĂ© Ă  des expĂ©riences sur le Web visant Ă  modifier le comportement de ses utilisateurs et Ă  accroĂźtre la capacitĂ© de monĂ©tisation et de prĂ©vision[28].

Dans ce contexte, Facebook a amenĂ© les communautĂ©s Ă  remplacer la confiance mutuelle, comme on pourrait la trouver dans une relation mĂ©decin-patient, dans un systĂšme de rĂ©compenses et de sanctions, car l'entreprise dispose de la capacitĂ© unilatĂ©rale de rĂ©glementer et de sanctionner, de sorte que Facebook au lieu de renforcer les liens entre les personnes, objectif largement diffusĂ© officiellement, les minerait et renforcerait la concentration du pouvoir dans la mesure oĂč les citoyens n’auraient aucun contrĂŽle sur ce qu’ils font des donnĂ©es qu’ils fournissent, comme c’est arrivĂ© dans le cas de Cambrige Analytica, car les options de gestion des informations personnelles sont limitĂ©es[28].

Surveillance

Facebook est impliquĂ© dans les rĂ©vĂ©lations faites en 2013 par Edward Snowden concernant le programme de surveillance PRISM mis en place par la NSA. Il permet Ă  l'agence amĂ©ricaine de collecter les donnĂ©es prĂ©sentes sur le rĂ©seau social, incluant les contacts, les SMS et discussions instantanĂ©es (texte, vidĂ©o, voix), les courriels, les photos et vidĂ©os, les donnĂ©es stockĂ©es, la voix sur IP, le transfert de fichiers, les visioconfĂ©rences, les notifications concernant l'activitĂ©, les dĂ©tails du rĂ©seautage social en ligne, les coordonnĂ©es GPS et les "requĂȘtes spĂ©ciales"[29] - [30].

Conséquences

Les informations sur la vie privĂ©e publiĂ©es sur Facebook peuvent ĂȘtre lues et utilisĂ©es par des personnes Ă  qui elles n'Ă©taient pas initialement destinĂ©es. Certaines entreprises utilisent Facebook pour recueillir des informations sur leurs employĂ©s tandis que des recruteurs s'en servent pour leur sĂ©lection de candidats : « Les recruteurs appuyaient parfois un refus d'embauche sur des dĂ©tails privĂ©s ainsi collectĂ©s »[31]. Par ailleurs, certains parents se servent de Facebook pour surveiller la vie de leurs enfants[31].

Les Renseignements généraux puis Direction centrale du renseignement intérieur peuvent aussi collecter des informations et compléter leurs fichiers types EDVIGE. C'est une forme de fichage volontaire, ce qui lui a donné le surnom d'« Edvige Volontaire »[32]. Des logiciels d'analyse de réseaux sociaux permettent d'effectuer ce genre d'opérations.

Virus

Un virus nommĂ© Koobface utilise le compte Facebook de ses victimes. Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert en novembre 2008 par l'Ă©diteur McAfee et se propage en envoyant des courriers Ă©lectroniques aux amis des personnes dont l'ordinateur a Ă©tĂ© infectĂ©. Lorsque l’utilisateur tĂ©lĂ©charge le programme, son ordinateur est infectĂ© et dirige ses utilisateurs sur des sites contaminĂ©s lors de recherches sur Google, Yahoo ou encore MSN[33].

Sécurité

McAfee et Facebook sont partenaires depuis janvier 2010 dans le but de renforcer la sécurité informatique du site[34].

Suppression définitive de compte

Facebook propose à l'utilisateur de seulement désactiver son compte et non de le supprimer définitivement. Quand le compte est désactivé, toutes les données personnelles restent en mémoire. Il existe pourtant un formulaire de suppression[35] qui déclenche la dite suppression mais celle-ci est longue et compliquée (douze formulaires différents sont à remplir) et un délai de six mois minimum est nécessaire pour la prise en compte de la demande.

Une procĂ©dure moins contraignante est dĂ©sormais possible[36] : l'utilisateur peut se rendre dans la rubrique « aide Â» du site puis soumettre la question « supprimer mon compte Â». L'accĂšs au formulaire de suppression est alors possible. La suppression a lieu quatorze jours plus tard, Ă  condition de ne pas rĂ©activer son compte entre-temps, ce qui annulerait la demande de suppression.

Une alternative encore plus simple est d'entrer le lien URL mis en place par Facebook[37] et qui permet d'accéder directement au formulaire pour la suppression définitive d'un compte Facebook. Il suffit de taper "/deactivate.php" à la suite de l'URL de Facebook..

GĂ©olocalisation

Depuis aoĂ»t 2010 pour les États-Unis, et depuis septembre 2010 pour la France, l'option « Lieux » de Facebook permet Ă  un usager de Facebook de partager avec ses « amis » (ou les autres utilisateurs) des informations sur sa localisation en temps rĂ©el. En octobre 2010, la CNIL appelle Ă  la prudence pour l'utilisation de ce service, soulignant que « le premier risque est de dĂ©voiler trop d’informations sur vous »[38] - [39].

Polémiques

Beacon

Jeudi 29 novembre 2007, face aux réactions suscitées par ce nouveau systÚme publicitaire et à la menace que l'ampleur croissante du mouvement de protestation représentait pour l'image de l'entreprise, Mark Zuckerberg a présenté ses excuses aux utilisateurs de Facebook et a indiqué qu'au lieu du systÚme d'opt-out au cas par cas (à chaque nouvelle intrusion, l'utilisateur de Facebook devait signifier à chaque entreprise qui fonctionnait avec Beacon qu'il ne voulait plus faire partie du systÚme), ce serait aux utilisateurs de décider d'intégrer globalement cette fonction, pour toutes les entreprises internet - « opt-in »[40].

Les donnĂ©es continuent donc Ă  ĂȘtre rĂ©coltĂ©es, et la vie privĂ©e des utilisateurs, donc, Ă  ĂȘtre surveillĂ©e, mais celles-ci ne sont exploitĂ©es commercialement par Beacon que si les utilisateurs s'inscrivent. Les autres formes de publicitĂ© ciblĂ©es, elles, demeurent.

Bouton « J'aime »

Le 20 août 2011, une région d'Allemagne, le Land Schleswig-Holstein, a ordonné que tous les sites hébergés dans cette région retirent le bouton « J'aime » de leur site. Le commissaire à la protection des données privées du Land, qui a mis en place cette réglementation, la justifie par le fait que ce bouton enfreint les lois allemandes et européennes en matiÚre de protection des données privées car il permet à Facebook de récupérer des données y compris d'utilisateurs non membres du réseau social[41].

Absence de démocratie

Dans une tribune du 14 août, Mahor Chiche a dénoncé dans Le Monde l'absence de démocratie sur Facebook et la possibilité pour les administrateurs de bannir des membres sur la seule foi de dénonciations[42].

Reut Zukerman

Le portail d’information israĂ©lien MySay.co.il a dĂ©voilĂ© une information, reprise par le magazine allemand d’investigation Der Spiegel et le journal en ligne français Rue89 : le portrait d’une jeune femme israĂ©lienne, Reut Zukerman, suspectĂ©e d’avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par le Hezbollah, dans le but de soutirer des informations aux soldats israĂ©liens. Reut Zukerman a convaincu deux cents soldats ou rĂ©servistes israĂ©liens de devenir ses « amis », afin de les faire parler. Le site israĂ©lien affirme qu’« ils auraient rapportĂ© Ă  leur copine Facebook des noms de soldats, du jargon, des codes secrets et des descriptions dĂ©taillĂ©es des bases militaires ».

Les services secrets israéliens utiliseraient également Facebook et Twitter pour recruter des informateurs palestiniens dans la bande de Gaza[43].

Boycott de BP

À la suite de l'explosion de la plate-forme pĂ©troliĂšre Deepwater Horizon (louĂ©e par la compagnie pĂ©troliĂšre BP), un groupe s'est constituĂ© sur Facebook rĂ©unissant presque un million de membres[44]. Le 29 juin 2010, le groupe a Ă©tĂ© fermĂ© sans aucun avertissement de la part de Facebook. Cela a provoquĂ© une avalanche de critiques Ă  l'encontre de Facebook et de sa volontĂ© de censurer le rĂ©seau social[45]. Facebook a annoncĂ© de son cĂŽtĂ© que le groupe a Ă©tĂ© fermĂ© accidentellement par un systĂšme automatique[46]. Cette explication a Ă©tĂ© rejetĂ©e par des sites comme change.org[47]. Le groupe a Ă©tĂ© rĂ©tabli le lendemain.

L'Origine du monde

Les comptes Facebook de l’artiste danois Frode Steinicke et du rĂ©alisateur français Luc Wouters ont Ă©tĂ© dĂ©sactivĂ©s lorsqu’ils ont mis en ligne une reproduction du tableau de Courbet L’Origine du monde, qui avait fait scandale au XIXe siĂšcle. La dĂ©sactivation du compte est quasi immĂ©diate, sans prĂ©avis ni explication. Le rĂ©alisateur français parle de « censure[48] ». Le tableau en question reprĂ©sente le sexe fĂ©minin. Or la nuditĂ© et la pornographie ne sont pas admises sur la plate-forme.

Le 19 octobre 2012, un journal suisse, la Tribune de GenĂšve, a publiĂ© sur son compte Facebook un article sur le musĂ©e d’Orsay. Cet article Ă©tait illustrĂ© par le tableau de Gustave Courbet. Le compte Facebook du journal a alors Ă©tĂ© bloquĂ© et le journal a dĂ» procĂ©der Ă  une sĂ©rie de tests anti spam pour voir son compte rĂ©activĂ©, mais avec le contenu supprimĂ©[49].

Sociologie

Le développement de Facebook a été largement commenté du fait de l'ampleur du phénomÚne et de ses implications en termes de comportements sociaux. Mark Granovetter, sociologue américain, qualifie de liens faibles les liens reliant les personnes connectées par un réseau social numérique, les amis Facebook par exemple, en opposition aux liens forts de l'amitié au sens classique. Il y voit néanmoins une chance de par la puissance du réseau, la diffusion de l'information qu'il permet[50].

Bernard Stiegler qualifie Facebook de réseau de désocialisation[51] et l'analyse comme un pharmakon (un objet technique portant en potentiel le poison comme le remÚde) automatisant techniquement la relation d'amitié et contribuant à la misÚre symbolique des individus[52].

Interdiction d'accĂšs

En mai 2009, à quelques jours de l'élection présidentielle iranienne, le site a été interdit d'accÚs en Iran. Une agence de presse proche des réformateurs a déclaré que « Selon certains internautes, le site a été interdit parce que les partisans du candidat Mir-Hossein Mousavi avaient réussi à utiliser Facebook pour mieux faire connaßtre les positions du candidat »[53].

Depuis novembre 2009, Facebook est également bloqué aux utilisateurs vietnamiens, sur décision du gouvernement local, mais aussi en Chine[54] - [55].

Manipulations à visée idéologique

En mai 2016, des anciens employĂ©s de Facebook rĂ©vĂšlent qu'Ă  l'Ă©poque oĂč ils travaillaient pour l'entreprise, les sujets remontĂ©s parmi les "contenus populaires" Ă©taient sĂ©lectionnĂ©s par une Ă©quipe de curateurs qui Ă©cartaient dĂ©libĂ©rĂ©ment les sujets politiques Ă  tendance conservatrice. À l'inverse, certains sujets peu populaires, comme le mouvement Black Lives Matter, Ă©taient remontĂ©s manuellement par l'Ă©quipe[56] - [57] - [58]. Selon l'AFP, ce traitement Ă©ditorialisĂ© n'aurait pas Ă©tĂ© le rĂ©sultat d'instructions donnĂ©es par la direction mais serait venu de l'initiative de « jeunes journalistes orientĂ©s par leurs opinions politiques marquĂ©es Ă  gauche Â». En revanche, des consignes ont Ă©tĂ© donnĂ©es pour que des sujets, tels le mouvement militant Black Lives Matter, ne suscitant pas d'intĂ©rĂȘt suffisant soient pourtant intĂ©grĂ©s aux tendances[59].

Site internet homosexuel fermé en Allemagne

La page Facebook d’un site internet gay en Allemagne est fermĂ©e peu aprĂšs la fusillade du 12 juin 2016 Ă  Orlando. Gaystream avait publiĂ© sur sa page Facebook un article condamnant l’homophobie dans l'islam et questionnait l'attitude de la gauche et des verts allemands qui minimisent les actes d'Orlando pour Ă©pargner l'islam[60] - [61].

Politique de suppression de contenus

Facebook possÚde un «rÚglement de la communauté» stipulant que les contenus violents, pornographiques et discriminatoires sont proscrits sur le réseau social. Néanmoins, plusieurs critiques ont pointé du doigt l'inutilité de ce rÚglement, les utilisateurs pouvant l'enfreindre en toute impunité et les signalements ayant pour seul effet de les présenter à tort comme n'enfreignant pas les rÚglements de la communauté. Seul le signalement massif semble porter ses fruits, ce qui provoque des dérives telles que des pages supprimées simplement parce que les utilisateurs les signalant ne partagent pas leurs idées, comme ce fut le cas pour la page 'Assignée garçon' de Sophie Labelle.

En janvier 2018, la comédienne Sandra Naoum s'est vue retirer son sponsoring ainsi que plusieurs articles à cause de la présence d'images de poitrines féminines destinée à illustrer son projet de film 'L'amazone' traitant du cancer du sein. Elle dénonce dans une tribune du Huffington post «une hypocrisie de la part du réseau social, les publications objectifiantes et violentes envers les femmes proliférant en toute impunité alors que celles qui sont valorisantes pour ces derniÚres sont systématiquement supprimées»[62].

Fonctionnement de l'algorithme

Le fonctionnement de l'algorithme de Facebook est trĂšs souvent critiquĂ©. Ainsi, la fondation AlgorithmWatch a testĂ© l'efficacitĂ© de ce dernier pour les offres d'emploi en achetant des espaces publicitaires pour des offres d'emploi fictives sans aucun ciblage exceptĂ© la zone gĂ©ographique. Il en est ressorti que le ciblage Ă©tait fortement influencĂ© par les stĂ©rĂ©otypes de genre, les mĂ©tiers traditionnellement masculins Ă©taĂ©nt plus souvent montrĂ©s aux hommes, et vice-versa. De plus, seule l'image semble ĂȘtre prise en compte, une annonce de mĂ©tier traditionnellement masculin Ă©tant plus souvent montrĂ©e aux femmes si l'image d'illustration contient un Ă©lĂ©ment traditionnellement fĂ©minin. D'aprĂšs la fondation, ce biais n'est pas tant dĂ» Ă  une stratĂ©gie commerciale qu'aux propre biais sexistes des personnes ayant codĂ© ledit algorithme, le ciblage officieux se produisant avant que qui que ce soit n'ait cliquĂ©. Elle pointe du doigt l'absence de mixitĂ© dans les Ă©quipes de dĂ©veloppement concernĂ©es. L'entreprise n'a pas souhaitĂ© faire de commentaires sur les rĂ©sultats de l'expĂ©rience[63].

Effets psychologiques

Jalousie

Facebook a été critiqué par sa façon de rendre les individus envieux et malheureux à la suite des différents aspects positifs émis par leurs contacts[64] - [65] - [66] - [67] - [68] - [69].

Stress

Des recherches effectuĂ©es par des psychologues de l'UniversitĂ© Napier d'Édimbourg ont dĂ©montrĂ© que Facebook ajoute du stress au quotidien de ses utilisateurs. Les causes du stress incluent la peur de manquer une information sociale importante, la peur d'offenser des contacts, la gĂȘne ou la culpabilitĂ© d'ĂȘtre rejetĂ© par les autres utilisateurs par le biais d'ajouts ou de suppressions de contacts, la peur d'ĂȘtre le centre d'attention, et la peur d'ĂȘtre jugĂ© vis-Ă -vis des contacts ajoutĂ©s[70]. Un bon nombre d'individus inscrits Ă  Facebook pour des buts positifs ont montrĂ© que le site avait un impact nĂ©gatif sur leur vie quotidienne[71].

Poursuites judiciaires

DĂ©but novembre 2009, le rĂ©seau social Facebook Ă©tait attaquĂ© en justice pour « complicitĂ© d'incitation Ă  la haine et Ă  la violence » par un Ă©tudiant en droit d'Avignon dans le Vaucluse. Nicolas Canut, 20 ans Ă  l'Ă©poque, entendait dĂ©noncer les groupes nazis, homophobes et racistes que le rĂ©seau social hĂ©bergeait. Plusieurs plaintes du mĂȘme Ă©tudiant ont Ă©tĂ© ensuite dĂ©posĂ©es en 2010, puis par Alexandre Marcel, un habitant d'AlĂšs dans le Gard, pour les mĂȘmes raisons. L'Ă©tudiant d'Avignon avait demandĂ© la fermeture du rĂ©seau social Facebook pendant 24 heures sur le territoire français tout en accusant Facebook de n'avoir aucune modĂ©ration. L'enquĂȘte judiciaire et technique est en 2010 toujours en cours au centre de cyber-criminalitĂ© de Nanterre. La justice avait dĂ©cidĂ© de juger recevables certaines plaintes de Nicolas Canut, mais en 2010 une des trois plaintes de l'Ă©tudiant contre des groupes homophobes sur Facebook a Ă©tĂ© classĂ©e[72].

En fĂ©vrier 2010, le rĂ©seau social Facebook Ă©tait condamnĂ© par le tribunal de grande instance de Paris au titre d'hĂ©bergeur pour un groupe incitant Ă  la haine et Ă  la violence envers un Ă©vĂȘque de Saint-Quentin, Soissons et Laon dans l'Aisne, oĂč sa photo avait Ă©tĂ© utilisĂ©e comme support dans ce groupe. Le rĂ©seau social avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  retirer le groupe sous une astreinte de 550 euros par jour de retard[73]. Le 2 septembre 2010, les MinistĂšres de la Justice et de l'IntĂ©rieur français ordonnaient aux autoritĂ©s amĂ©ricaines de transmettre plusieurs adresses IP d'internautes sur Facebook soupçonnĂ©s d'avoir incitĂ© Ă  travers des groupes, Ă  la haine et la violence envers les homosexuels. Cette procĂ©dure, qui fut une premiĂšre, est due aux plaintes de Nicolas Canut en 2009 et 2010 (voir ci-dessus).

Le 12 janvier 2011, Facebook ayant Ă©tĂ© condamnĂ© pour un groupe injuriant un Ă©vĂȘque de l'Aisne en premiĂšre instance par un tribunal de Paris, gagne son procĂšs en appel. La plainte de l'Ă©vĂȘque axonais a Ă©tĂ© jugĂ©e « irrecevable » par le tribunal de Paris parce que la sociĂ©tĂ© Facebook UK est diffĂ©rente de celle amĂ©ricaine. Le 14 mars 2011 Alexandre Marcel apprenait par un « avis Ă  victime » que ses plaintes contre le rĂ©seau social Facebook pour avoir laissĂ© des groupes homophobes et racistes sans les modĂ©rer, mais aussi contre des utilisateurs avaient Ă©tĂ© classĂ©es sans suite pour le motif « Auteur Inconnu ». Le 17 mars 2011, Alexandre Marcel et l'association IDAHO annonçaient se porter partie civile dans l'affaire Facebook, obligeant ainsi le Parquet d'AlĂšs de nommer un juge d'instruction. Il est Ă©galement vu sur le MidiLibre.com que Facebook avait refusĂ© de transmettre les adresses IP aux autoritĂ©s françaises.

ParallÚlement, Nicolas Canut annonçait que sur ses trois plaintes, une a permis d'identifier deux présumés auteurs sans plus de précisions.

Un étudiant en droit autrichien, Max Schrems, est également l'auteur de vingt-deux plaintes contre Facebook[22], qu'il décrit sur le site europe-v-facebook.org.

Évasion fiscale

En France

Selon une Ă©tude de Greenwich Consulting commandĂ©e par la FĂ©dĂ©ration française des tĂ©lĂ©coms (FFT) en avril 2013, l'entreprise Facebook a payĂ© 424 fois moins d'impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s en 2011 que ce qu'elle aurait dĂ», soit 50 000 â‚Ź au lieu de 21,2 millions[74].

Il s'agit d'une évasion fiscale qui n'est pas illégale, comme le souligne Pierre Louette, président de la FFT et directeur exécutif de France Télécom[75]. Ce-dernier considÚre qu'en matiÚre de fiscalité du numérique les acteurs économiques tels que Facebook « jouent de notre incapacité à offrir un front unique »[75].

Références

  1. "Sur Facebook, on ne choisit pas les amis de ses amis", entretien publiĂ© dans le quotidien Le Monde datĂ© du 19 novembre 2010, avec Christianne Feral-Schuhl, avocate spĂ©cialiste des questions liĂ©es aux technologies de la communication et auteure de Cyberdroit, le droit Ă  l’épreuve de l’Internet (Ă©ditions Dalloz).
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  5. « We may share your information with third parties, including responsible companies with which we have a relationship. ».
  6. « We may use information about you that we collect from other sources, including but not limited to newspapers and Internet sources such as blogs, instant messaging services and other users of Facebook, to supplement your profile. » Cf. https://www.facebook.com/policy.php.
  7. Cf. la page de Facebook consacrée à ce service : https://www.facebook.com/business/?socialads.
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  11. (fr) Vie privée sur internet : la polémique Facebook, Le Monde, 19 février 2009.
  12. Facebook Beacon enables your brand or business to gain access to viral distribution within Facebook. Stories of a user's engagement with your site may be displayed in his or her profile and in News Feed. These stories will act as a word-of-mouth promotion for your business and may be seen by friends who are also likely to be interested in your product. Cf. https://www.facebook.com/policy.php.
  13. Cf. les propos de Mark Zuckerberg : « Les gens s’influencent mutuellement. Rien ne les influence plus qu’une recommandation d’un ami dans lequel ils ont confiance. La rĂ©fĂ©rence de quelqu’un en qui ils ont confiance influence plus les gens que le meilleur message tĂ©lĂ©visĂ©. C’est le Saint Graal de la publicitĂ©. » Facebook fait volteface, Ă©coute les usagers - Blog de Francis Pisani, 30 novembre 2007.
  14. Conditions d'utilisation de Facebook.
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Annexes

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