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Chuck Yeager

Charles Elwood Yeager, dit Chuck Yeager, né le à Myra (en) en Virginie-Occidentale et mort le [1] à Los Angeles en Californie, est un aviateur américain.

Chuck Yeager
Chuck Yeager
Charles Yeager dans les années 1950.

Surnom Chuck
Naissance
Myra (en) (Virginie-Occidentale, États-Unis)
DĂ©cès (Ă  97 ans)
Los Angeles (Californie, États-Unis)
Allégeance United States Army Air Forces
United States Air Force
Grade Général de brigade
Années de service 1941 – 1975
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre du ViĂŞt Nam
Distinctions Army Distinguished Service Medal (2)

Silver Star (2)
Distinguished Flying Cross (3)
Legion of Merit (2)
Bronze Star
Purple Heart
Médaille présidentielle de la Liberté
Congressional Silver Medal (en)

Autres fonctions Instructeur
Pilote d'essai
Signature de  Chuck Yeager

Il est rentré dans l'histoire de l'aviation en étant le premier à franchir le mur du son, à bord de l'avion fusée Bell X-1, le .

Biographie

Chuck Yeager est né le de parents fermiers, Susie Mae (Sizemore) et Albert Hal Yeager à Myra (en) en Virginie-Occidentale. Il est diplômé du bac (graduate) à Hamlin en . Il a deux frères, Roy et Hal Jr. et deux sœurs, Doris-Ann (tuée accidentellement à l'âge de deux ans par Roy, alors âgé de six ans et jouant avec une arme à feu) et Pansy Lee[2] - [3].

Sa première expérience militaire date de son adolescence au Citizens Military Training Camp (Camp d'entraînement militaire des citoyens)[4], à Fort Benjamin Harrison à Indianapolis durant les étés 1939 et 1940. Il se marie avec Glennis Dickhouse le . Ils ont quatre enfants. Glennis est morte en 1990[5]. Charles « Chuck » Yeager est le cousin de l'ancien joueur de baseball Steve Yeager.

Le patronyme « Yeager » (prono /jeɪɡər/) est une forme anglicisée du nom allemand Jäger ou Jaeger (chasseur en allemand).

Seconde Guerre mondiale

Chuck Yeager entre dans l'United States Army Air Corps quelques mois avant l'engagement des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le . Affecté en Grande-Bretagne à partir de , il acquiert le statut d'as de l'aviation et termine le conflit au grade de capitaine avec treize appareils allemands abattus à son palmarès. Il est un des premiers pilotes à avoir abattu un Me 262 et le premier pilote connu à être devenu « As en un jour » (cinq victoires le même jour).

Le , aux commandes de son North-American P-51B « Mustang », baptisĂ© Glamourus Glen, il remporte sa première victoire en combat aĂ©rien, sur un Messerschmitt Bf 109. Le lendemain pour sa neuvième mission de guerre, il fait partie de l’escorte de 219 B24 Liberator qui ont pour objectifs l’aĂ©rodrome de Bergerac-Roumanière, puis ceux situĂ©s dans les Charentes sur la route du retour. Peu de temps après que la formation de bombardiers franchisse la cĂ´te dans les environs de Biscarrosse (Landes), un Messerschmitt Bf 109 et quatre Focke-Wulf 190 mènent la première interception dans le Sud-Gironde. Ces avions appartiennent au Jagdgruppe West, unitĂ© de formation chasse, dispersĂ©e sur plusieurs aĂ©rodromes du Sud-Ouest. Les Allemands attaquent simultanĂ©ment les bombardiers et les chasseurs amĂ©ricains. Le Messerschmitt vient de dĂ©coller de Cazaux (Gironde) rejoint par deux Focke-Wulf 190 de Fontenay-le-Comte (VendĂ©e) et deux autres de Bussac-BĂ©dĂ©nac (Charente-Maritime). Le Messerschmitt 109 touche le B24 « Aphrodite’s Disciples » mais le mitrailleur dorsal du bombardier, William Gabonay parvient Ă  l’abattre selon les rapports d'Ă©vasion de l'Ă©quipage. Le pilote saute en parachute et l’avion s’écrase Ă  Lucmau (Gironde). Le B24 en feu est abandonnĂ© par l’équipage et s’écrase Ă  Dieulivol (Gironde). Un des Focke-Wulf 190 surprend Chuck Yeager. Son appareil est touchĂ© par une rafale. Le Mustang de Chuck Yeager s'Ă©crase Ă  Romestaing (Lot-et-Garonne) Ă  la limite de Cours-les-Bains (Gironde). Les câbles de commande Ă©tant sectionnĂ©s, Yeager est obligĂ© de sauter, Ă  une altitude de 6 000 mètres après avoir retirĂ© son masque Ă  oxygène. Sentant qu'il risque de s'Ă©vanouir dans sa chute, il ouvre son parachute relativement haut, Ă  2 500 mètres, se mettant Ă  la merci des chasseurs allemands. Et, bien qu'il soit contraire au code militaire et Ă  la tradition chevaleresque des dĂ©buts de l'aviation de viser un homme sous parachute et sans dĂ©fense, le pilote l'ayant descendu plonge Ă  nouveau sur lui pour une nouvelle passe. Yeager est sauvĂ© par son ailier, le capitaine William OBee O'Brien, du 363rd Fighter Squadron, 357th Fighter Group, qui abat avant le Focke-Wulf 190 du pilote allemand, Irmfried Klotz qui se tue au sol, son parachute ne s'Ă©tant pas ouvert. L’avion qui a explosĂ© en vol s’écrase Ă  Auros (Gironde). Les deux autres Focke-Wulf 190 sont Ă©galement abattus. Le premier s’écrase Ă  Noaillac (Gironde) et le second Ă  Allons (Lot-et-Garonne). Le quatrième parvient Ă  prendre la fuite. Chuck Yeager est recueilli par la famille de Vera Starodvorsky au moulin de La Rode qui le soumet Ă  un interrogatoire très serrĂ© puisqu'elle est anglophone, de peur qu'il s'agisse d'un agent allemand infiltrĂ©. Yeager Ă©crira lui-mĂŞme : « j'ai Ă©tĂ© cuisinĂ© par cette sacrĂ©e bonne femme ». Une voisine lui fournira un bĂ©ret et le costume de son mari alors prisonnier de guerre. Il est exfiltrĂ© par l'Espagne en compagnie de huit membres de l’équipage du B24 « Aphrodite’s Disciples », James D'Amore, le radio, ayant Ă©tĂ© tuĂ© par les Allemands après sa descente en parachute Ă  Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne). Yeager est autorisĂ© exceptionnellement Ă  reprendre les missions de guerre et retourne au combat dès le dĂ©but de l'Ă©tĂ© 1944.

Après-guerre, Chuck Yeager revient plusieurs fois sur le site oĂą il a sautĂ© en parachute, et le survole mĂŞme 64 ans plus tard, Ă  bord d'un A380, lors d'une visite qu'il fit chez Airbus, Ă  Toulouse, en 2008. De mĂŞme, Yeager n'a pas oubliĂ© les rĂ©sistants qui l'ont sauvĂ© et lui ont permis de passer en Espagne. Ă€ 95 ans, en , il renouvelait son pèlerinage dans les Hautes-PyrĂ©nĂ©es[6], d'oĂą il a pu rejoindre l'Espagne en 1944.

Des éléments récupérés du Mustang de Yeager, ainsi que du Focke Wulf abattu sont exposés au musée Aeroscopia de Toulouse[7] - [8].

Dans ses mémoires, Yeager, An Autobiography[9], il évoque les atrocités qu'il avait ordre de commettre contre les civils allemands :

« Des atrocités furent commises par les deux camps. […] Une zone de cinquante miles sur cinquante à l'intérieur de l'Allemagne fut assignée à nos soixante-quinze Mustangs et ils reçurent l'ordre de mitrailler tout ce qui bougeait. Le but était de démoraliser la population allemande. […] Si quelqu'un avait refusé de participer (et, autant que je me souvienne, personne ne refusa), il aurait probablement été traîné en cour martiale. »

Yeager ajoute que, lors d'un briefing, il murmura à son voisin : « Si nous faisons des choses pareilles, nous devrons vraiment nous efforcer d'être dans le camp des vainqueurs ». Il conjecture que, pour faire commettre ces atrocités, le haut commandement se donnait pour excuse l'imbrication entre armée et population civile dans l'Allemagne du temps de guerre :

« Le fermier qui labourait son champ de pommes de terre nourrissait peut-être des troupes allemandes. Et parce que l'industrie allemande était détruite par les bombardements incessants, la fabrication de munitions était devenue une industrie artisanale, dispersée à travers le pays dans des centaines de maisons et de fabriques locales, ce qui était l'excuse des Britanniques pour les tapis de bombes et les bombes incendiaires sur cibles civiles. En guerre, les militaires hésiteront rarement à frapper des civils qui sont dans le chemin ou à prendre des civils pour cible pour diverses raisons stratégiques[10]. »

De Glamourus Glen Ă  Glamorous Glennis

Le nom de baptême des avions de Chuck Yeager, que l'on peut traduire littéralement par, la belle Glennis, provient du prénom de sa fiancée, Glennis Faye Dickhouse. Mais le soldat qui peignit le nose art du P-51 Mustang matricule 43-6763, fit une faute d'orthographe en inscrivant Glamourus Glen au lieu de Glamorous Glen. La faute fut ensuite corrigée sur les P-51D matricule 44-13897 et 44-14888, que Yeager pilota lors de son retour en opération, à l'été 1944 et qui furent respectivement baptisés Glamorous Glen II et Glamorous Glen III. En 1947, le Bell X-1, du record du mur du son, fut lui baptisé, Glamorous Glennis de même que le Mc Donnell Douglas F-15, qu'il pilota en afin de marquer le 50e anniversaire de son exploit.

Pilote d'essai

Chuck Yeager dans le cockpit du Bell X-1 supersonic research aircraft baptisé « Glamorous Glennis » ; photo du Department of the Air Force prise en .

Après la guerre, il reste dans l'US Air Force nouvellement crĂ©Ă©e et devint pilote-instructeur, puis pilote d'essai Ă  partir de juillet 1945. TransfĂ©rĂ© sur la base de Muroc Field en Californie (aujourd'hui la base Edwards), il est le premier homme Ă  franchir le mur du son le Ă  10 h 18, Ă  bord du prototype Bell X-1, avion fusĂ©e dessinĂ© d'après la balle de calibre 12,7 mm qui sort du canon d'un fusil Ă  vitesse supersonique[11]. La veille de ce vol historique, Chuck fait une chevauchĂ©e dans le dĂ©sert et chute, se brisant deux cĂ´tes. RĂ©solu Ă  ne pas dĂ©clarer forfait pour ce vol d'essai, il tait son accident et monte le lendemain, blessĂ©, Ă  bord de l'appareil : pour fermer la baie vitrĂ©e de son cockpit, il doit improviser un levier de fortune avec un morceau de manche Ă  balai dissimulĂ© dans son blouson de cuir.

En , Chuck Yeager est l'un des premiers Américains à piloter un MiG-15 qu'un pilote déserteur Nord-Coréen, No Kum-Sok, a remis à l'armée américaine.

En , il retourne en Europe avec le grade de lieutenant-colonel pour prendre le commandement du 417th Fighter-Bomber Squadron sur la base de Hahn en RFA, puis sur la base de Toul-Rosières en France, de à .

Le , Yeager Ă©chappe de justesse Ă  la mort, alors qu'il perd le contrĂ´le du prototype Lockheed NF-104A Ă  l'altitude de 108 700 pieds (33 131 mètres) lors d'un « zoom climb ». Parvenant Ă  s'Ă©jecter après une chute vertigineuse de 100 200 pieds (30 540 mètres), il s'en sort gravement brĂ»lĂ©.

Les deux vols sont racontés dans le livre de Tom Wolfe et le film du même nom de Philip Kaufman, L'Étoffe des héros (The Right Stuff).

En , il prend le commandement du 405th Fighter Wing sur la base aĂ©rienne amĂ©ricaine de Clark, aux Philippines, et effectue 127 missions au-dessus du ViĂŞt Nam.

Fin de carrière et mort

Après avoir été promu général de brigade (en anglais Brigadier-General) en , Chuck Yeager occupa divers postes avant de prendre sa retraite de l'US Air Force le .

Chuck Yeager en 1997 lors de son vol commémoratif sur F-15.

En 1986, il fit partie de la commission Rogers chargée d'enquêter sur l'accident de la navette spatiale Challenger, détruite au lancement le . Le , pour fêter l'anniversaire des 50 ans du passage du mur du son, il vole à bord d'un F15 Eagle et le repasse symboliquement.

En 2003, alors âgé de 80 ans, il vole à Oshkosh sur un P-51 Mustang, en duo avec son camarade d'escadrille de l'époque, le colonel Bud Anderson.

Le , jour du 65e anniversaire du premier franchissement du mur du son, Felix Baumgartner devient le premier homme Ă  franchir le mur du son en chute libre.

Le , Chuck Yeager s'éteint à Los Angeles, à l'âge de 97 ans[12].

DĂ©corations

Dans la culture populaire

Jeux vidéo

Chuck Yeager apporte son expertise technique et prête son nom, son image et sa voix à deux jeux vidéo d'Electronic Arts :

Au cinéma

Ouvrages

  • (en-US) Chuck Yeager et Leo Janos, Yeager : An Autobiography, New York, Bantam, (ISBN 0-670-87460-4).
  • (en-US) Chuck Yeager, Bob Cardenas, Bob Hoover, Jack Russell et James Young, The Quest for Mach One : A First-Person Account of Breaking the Sound Barrier, New York, Penguin Studio, (ISBN 0-670-87460-4).

Notes et références

  1. (en) Pete Muntean, Hollie Silverman et Joe Sutton, « Chuck Yeager, pilot who broke the sound barrier, dies at 97 », CNN, (consulté le ).
  2. (en) « Chuck Yeager: What I've Learned » [« Chuck Yeager : ce que j'ai appris »], sur Esquire, Esquire Magazine, (consulté le ).
  3. (en) Chuck Yeager et Leo Janos, Yeager : An Autobiography, New york, Bantam, (ISBN 0-670-87460-4, lire en ligne), p. 6.
  4. Les camps d'entraĂ®nement militaire des citoyens (CMTC) Ă©taient des programmes d'entraĂ®nement militaire aux États-Unis. Tenus chaque Ă©tĂ© de 1921 Ă  1940, les camps du CMTC diffèrent de la formation de la Garde nationale et de la RĂ©serve organisĂ©e en ce que le programme permet aux hommes citoyens de suivre une formation militaire de base sans ĂŞtre appelĂ© au service actif. Le CMTC a Ă©tĂ© autorisĂ© par la Loi sur la dĂ©fense nationale de 1920 comme compromis après le rejet de l'entraĂ®nement militaire universel. Le CMTC a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© par le Plattsburg Movement, une sĂ©rie de camps d'entraĂ®nement d'Ă©tĂ© qui, en 1915 et 1916, ont accueilli quelque 40 000 hommes appartenant en grande partie Ă  des classes sociales d'Ă©lite, le CMTC ultĂ©rieur ayant formĂ© quelque 400 000 hommes de 1921 Ă  1940.
  5. (en) John H. Houvouras, « The Man », The Huntington Quarterly, Winter,‎ , p. 21.
  6. « Le général Yeager est de retour »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur La Semaine des Pyrénées (Tarbes), (consulté le ).
  7. Gilles Collaveri, « Chuck Yeager au combat en France », Le Fana de l'Aviation, no 575,‎ , p. 27-30 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Emmanuelle Rey, « Une pièce de Chuck Yeager à Aéroscopia », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  9. (en) Chuck Yeager et Leo Janos, Yeager : An Autobiography, New York, Bantam, (ISBN 0-670-87460-4).
  10. Yeager et Janos 1986, p. 79-80.
  11. Yeager et al. 1997, p. 14.
  12. « Chuck Yeager, le premier pilote à franchir le mur du son, est mort », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  13. Yeager et Janos 1986, p. 73.
  14. Yeager et Janos 1986, p. 76.

Bibliographie

  • (en) Jay Miller, The X-Planes : X-1 to X-45, United Kingdom, Hinckley, , 440 p. (ISBN 1-85780-109-1).
  • (en-US) Tom Wolfe, The Right Stuff, New York, Farrar, Straus and Giroux, , 436 p. (ISBN 0-374-25033-2).
  • Amis de la citĂ© de Bazas, 1944, TombĂ©s du ciel, Sauternes Impression,
  • (en) Michael Balss, Deutsche Luftwaffe Losses, Createspace Independent Publishing Platform, (ISBN 172104941X)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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