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Chauffeurs

Les « chauffeurs de pâturons » (en argot, « brûleurs de pieds ») ou simplement « chauffeurs » est un terme populaire utilisé pour désigner les bandes de criminels qui s’introduisaient la nuit chez les gens et leur brûlaient les pieds sur les braises de la cheminée pour leur faire avouer où ils cachaient leurs économies.

Chauffeurs de pâturons
Image illustrative de l’article Chauffeurs
Les chauffeurs « au travail », gravure de 1862

Nombre de membres plusieurs bandes indépendantes
Activités criminelles effraction, vol, torture, meurtre
« Les « chauffeurs » d’aujourd’hui.
Comment procédaient les bandits de la Drôme. »
Le Petit Journal. 15 novembre 1908.

Base du « métier » de chauffeur

En cette époque troublée suivant la Révolution, ces bandes organisées écumaient les campagnes de Picardie et du Nord, chacun des membres connaissant sa tâche : faire effraction, escalader les murs, enfoncer les portes, lier, chauffer les pieds, tout cela à fin de vol. Partout c'était les mêmes moyens employés par les brigands dont il résultait subsidiairement d'autres forfaits et tortures de l'incendie au viol, jusqu’au meurtre.

Histoire

On évoque ces pratiques criminels dès la fin du XVIIe siècle[1]. Les forêts qui couvrent alors une grande proportion du territoire, protégent toutes sortes d’individus.

XVIIIe siècle

À l’époque, sévissent surtout les « Chauffeurs du Nord » dont les plus célèbres furent :

  • François Marie Salembier (nĂ© le Ă  Isbergues - guillotinĂ© Ă  Bruges le ), qui sĂ©vit dans les dĂ©partements de la Lys, de l’Escaut et du Nord. Il est le fils de Jacques Joseph et de Anne Isbergues Delmar ; Il Ă©pouse Marie Anne Françoise Carpentier le 4 octobre 1785 Ă  Isbergues ;
  • La bande du Capitaine Moneuse (Marly 1768 - guillotinĂ© Ă  Douai le ) qui terrorise le Nord, le Pas-de-Calais et le Hainaut belge ;
  • Les Herbo terrorisent le village de Ghoy et sa rĂ©gion ;
  • Un certain Fontaine met Papignies et sa rĂ©gion sous sa coupe ;
  • Willocq, dit « Le Pire » ;
  • Les frères Massart rançonnent BiĂ©vène et ses environs et Ă©chappent aux gendarmes ;
  • Jean-Joseph Boulanger, dit « Quette-Marie-Maison », dit « L’Anglais », et sa bande pillent le canton de Lessines.


Dans d'autres régions ce sont :

  • Les « chauffeurs de la Beauce » ou « chauffeurs d'Orgères » dont les activitĂ©s, de 1785 Ă  1792, s’étendent sur sept dĂ©partements, particulièrement en Eure-et-Loir et dans le Loiret ;
  • Les « chauffeurs de (François) Robillard », actifs dans l'Eure et les dĂ©partements voisins de 1793 Ă  1797[2].
Scène de chauffeurs (1862)

Ces sinistres personnages, en général de paisibles ouvriers ou commerçants le jour, se masquent ou se maquillent le visage en noir la nuit pour aller dévaliser de pauvres gens. En cas de refus, ou même parfois pour ne pas laisser de témoins de leur passage, ces bandits assassinent leurs victimes.

Les chauffeurs arrêtés finissent, en général, à la guillotine.

XIXe siècle

XXe siècle

Auguste Pollet, chef de la bande d'Hazebrouck, allant Ă  la guillotine. L'Illustration, 16 janvier 1909.

Même si, pendant le XIXe siècle, il arrive parfois que de telles bandes se créent çà et là en France, c’est à la Belle Époque qu’on voit une réelle recrudescence de cette sorte de malfrats.

  • Ainsi, une bande en Aquitaine, la « bande Bouchery », du nom de son chef, tenancier de la buvette de la gare de Langon[3] ;
  • « Les Bandits d’Hazebrouck » dans le Nord et le Pas-de-Calais. Le , les meneurs de la bande d’Hazebrouck, Canut Vromant, ThĂ©ophile Deroo, Auguste Pollet et son frère (et grand chef) Abel Pollet, sont guillotinĂ©s devant la prison de BĂ©thune ;
  • Le , Ă  Valence, trois membres des « Chauffeurs de la DrĂ´me »[4], Octave David, Louis Berruyer et Urbain Liottard sont Ă©galement guillotinĂ©s ;
  • Dans les annĂ©es 1920, une nouvelle bande, les « Cagoulards », voit le jour dans la rĂ©gion de Lille. Les chefs seront arrĂŞtĂ©s en 1924, et le chef, Henri Olivier dit « Le Tigre », est Ă  son tour guillotinĂ© Ă  Lille le .

Les dernières bandes de chauffeurs apparaîtront après la Seconde Guerre mondiale.

  • « Le gang des Romanis » qui sĂ©vit en Bourgogne ;
  • « Le Gang d’Albert », en Picardie, en sont les exemples les plus typiques ;

Les chefs de chacune de ces bandes furent exécutés : Nicolas Stéphan, chef des Romanis, à Chalon-sur-Saône le , et Raymond Perat, chef du « Gang d’Albert », à Laon le .

XXIe siècle

  • Dans la nuit du 16 au , l’élu LR Didier Bremond et son Ă©pouse sont violemment agressĂ©s dans leur villa de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) oĂą leurs agresseurs utilisent un procĂ©dĂ© rappelant ceux qu’on dĂ©nommait autrefois les « chauffeurs » ou « brĂ»leurs de pieds »[5].

Notes et références

  1. Registre paroissial de Saint-Pierre-es-Champs, .
  2. André Goudeau, Le Département de l'Eure sous le Directoire, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2012, p. 103-115.
  3. L’insécurité, une histoire vieille comme l’humanité
  4. L'empreinte - histoires de Drôme et d'Ardèche
  5. David Coquille, « Un « brûleur » de député devant les assises de Draguignan », sur La Marseillaise, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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