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Chandra (télescope spatial)

Chandra, ou l'observatoire de rayons X Chandra (en anglais : CXRO pour Chandra X-Ray Observatory ; anciennement AXAF pour Advanced X-ray Astrophysics Facility) est un tĂ©lescope spatial observant le rayonnement X, dĂ©veloppĂ© par la NASA et lancĂ© en 1999 par la navette spatiale Columbia lors de la mission STS-93. Chandra est, avec XMM-Newton, le plus performant des observatoires de rayons X placĂ©s dans l'espace. Grâce Ă  son optique de type Wolter associĂ©e Ă  une longueur focale de 10 mètres, son pouvoir de rĂ©solution descend sous la seconde d'arc dans la gamme de rayons X mous (0,1 Ă  10 keV) pour laquelle il est conçu et sa rĂ©solution spectrale dĂ©passe 1 000 dans la bande 0,08 Ă  0,20 keV. Le tĂ©lescope de 4 790 kg dispose de quatre instruments situĂ©s au point focal : le spectromètre imageur ACIS (Advanced CCD Imaging Spectrometer), la camĂ©ra Ă  haute rĂ©solution HRC (High Resolution Camera), le spectromètre Ă  rĂ©seau de transmission Ă  haute Ă©nergie HETGS (High Energy Transmission Grating Spectrometer et le spectromètre Ă  rĂ©seau de transmission Ă  basse Ă©nergie LETGS (Low Energy Transmission Grating Spectrometer).

Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste du télescope spatial Chandra.
Données générales
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Programme Grands Observatoires
Domaine Astronomie en rayons X
Statut Opérationnel
Autres noms AXAF, CXRO
Lancement 23 juillet 1999 Ă  11 h 47 TU
Lanceur Navette spatiale (Columbia)
Durée 20 ans (mission primaire)
Identifiant COSPAR 1999-040B
Site http://chandra.harvard.edu/
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 4 790 kg
Contrôle d'attitude Stabilisé sur 3 axes
Source d'Ă©nergie Panneaux solaires
Puissance Ă©lectrique 2 112 W
Orbite
Orbite Fortement elliptique
PĂ©riapside 10 037 km
Apoapside 140 012 km
PĂ©riode 64 h 18 min
Inclinaison 28,5°
TĂ©lescope
Type Optique de type Wolter
Diamètre 1,20 m
Superficie 400 cm2 Ă  1 keV
Focale 10 m
Longueur d'onde 0,09–10,0 keV
Principaux instruments
ACIS Spectromètre imageur avancé
HRC Caméra à haute résolution
HETGS Spectromètre à haute énergie
LETGS Spectromètre à basse énergie

PlacĂ© sur une orbite haute elliptique de 10 000 Ă— 140 000 km qui permet de longues pĂ©riodes d'observation continues, Chandra est utilisĂ© pour Ă©tudier le rayonnement X Ă©mis par diffĂ©rents objets cĂ©lestes et des processus tels que l'Ă©volution conjointe des trous noirs supermassifs et des galaxies, la nature de la matière noire et de l'Ă©nergie noire, la structure interne des Ă©toiles Ă  neutrons, l'Ă©volution des Ă©toiles massives, les protonĂ©buleuses planĂ©taires et l'interaction des exoplanètes avec leur Ă©toile.

Chandra fait partie du programme des Grands observatoires de la NASA, lancé à la fin des années 1980 et qui comprend trois autres télescopes spatiaux : Hubble (1990-, spectre du visible), Compton (1991-2000, rayonnement gamma) et Spitzer (2002-2020, rayonnement infrarouge). Plusieurs projets visant à développer le successeur de l'observatoire sont jusqu'à présent annulés faute de budget. En 2022, Chandra est toujours opérationnel.

Historique

DĂ©veloppement

Le télescope Chandra avec son étage IUS chargé de le placer sur son orbite haute dans la soute de la navette spatiale.

En 1976, le projet de télescope à rayons X, (AXAF - pour Advanced X-ray Astrophysics Facility), est proposé à la NASA par Riccardo Giacconi et Harvey Tananbaum. L'année suivante, les développements débutent au centre de vol spatial Marshall (George C. Marshall Space Flight Center - MSFC) et au Smithsonian Astrophysical Observatory (SAO). Entre-temps, en 1978, la NASA lance et met en orbite le premier télescope à rayons X Einstein (HEAO-2). En 1992, les caractéristiques du télescope sont largement modifiées pour en réduire le coût : quatre des douze miroirs prévus sont éliminés ainsi que deux des six instruments scientifiques. L'orbite sur laquelle le télescope doit circuler est modifiée : celui-ci doit désormais suivre une orbite fortement elliptique dont le point le plus éloigné se situe à un tiers de la distance Terre-Lune. Ces transformations ne permettent plus les missions de maintenance ou d'entretien par la navette spatiale américaine envisagées initialement. En contrepartie, la majeure partie de l'orbite se situe désormais au-delà de la ceinture de Van Allen, zone de radiations intenses qui interdit toute observation.

En 1998, AXAF est baptisé Chandra à la suite d'un appel à idées lancé par la NASA. Son nouveau nom est destiné à honorer la mémoire du prix Nobel de physique de 1983, Subrahmanyan Chandrasekhar, qui est le premier à avoir compris au début des années 1930 que les étoiles à neutrons et les pulsars, objets d'étude du télescope, sont créés par l'effondrement d'étoiles en fin de vie. Le terme sanskrit de Chandra signifie « Lumineux » et désigne la Lune.

Lancement

Chandra est lancĂ© le 23 juillet 1999 par la navette spatiale Columbia dans le cadre de la mission STS-93. Les caractĂ©ristiques de la navette spatiale amĂ©ricaine ne lui permettent pas de se placer sur l'orbite haute sur laquelle doit circuler le tĂ©lescope. Pour contourner cette limitation, le tĂ©lescope est embarquĂ© dans la soute cargo de la navette avec l'Inertial Upper Stage (IUS). L'ensemble constitue la charge la plus lourde emportĂ©e par une navette spatiale depuis son premier vol. Environ 9 heures après que le navette se mette en orbite autour de la Terre Ă  une altitude de 320 km, le tĂ©lescope solidaire de l'IUS est expulsĂ© de la soute sous l'action d'un ressort. Une heure plus tard, une fois que la navette spatiale s'Ă©loigne Ă  une distance de sĂ©curitĂ©, le premier Ă©tage Ă  propergol solide de l'IUS est mis Ă  feu puis trois minutes plus tard le deuxième Ă©tage. Chandra circule dĂ©sormais sur une orbite de 64 000 Ă— 320 km. Les panneaux solaires sont dĂ©ployĂ©s et le dernier Ă©tage IUS est larguĂ©. Au cours des neuf jours suivants, la propulsion principale du tĂ©lescope est mis Ă  feu Ă  cinq reprises pour modifier l'orbite qui passe Ă  16 000 Ă— 133 000 km avec une inclinaison de 28,5° et est dĂ©sormais parcourue en 64 heures et 18 minutes. Les instruments sont mis en marche pour qu'ils s'adaptent Ă  la tempĂ©rature de l'espace et au vide spatial. Deux semaines et demie plus tard l'opercule qui protège le pare-soleil qui est repliĂ© de manière Ă  protĂ©ger la partie optique est dĂ©ployĂ© et le rayonnement X d'une première source est focalisĂ©e sur les dĂ©tecteurs des instruments. La vĂ©rification et la calibration des instruments prend quelques semaines supplĂ©mentaires avant qu'une première image puisse ĂŞtre produite le : l'objet cĂ©leste observĂ© est CassiopĂ©e A, le rĂ©manent d'une supernova qui a explosĂ© il y a 320 ans[1].

Fonctionnement opérationnel

Les opérations sont conduites par le Smithsonian Astrophysical Observatory au Chandra X-ray Center à Cambridge dans le Massachusetts, avec l'assistance du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de la Northrop Grumman Corporation. Les dispositifs à transfert de charges (CCD) de ACIS sont endommagés par les premiers passages dans la ceinture de Van Allen. Pour éviter que cela ne se reproduise, une procédure de retrait systématique de cet instrument, hors du plan focal lors de ces passages, est mise en place.

La planification annuel des observations effectuées avec le télescope est déterminé à la suite d'un appel à propositions annuel lancé par la NASA : un comité constitué de scientifiques du domaine sélectionne les propositions argumentées remises par les demandeurs sur la base de leur intérêt scientifique.

Caractéristiques techniques

Chandra est construit autour de sa partie optique, qui a la forme d'un cylindre lĂ©gèrement conique et lui donne une longueur hors tout de 12,20 mètres. Cette structure est rĂ©alisĂ©e dans un matĂ©riau allĂ©gĂ© Ă  base de matĂ©riau composite. Ă€ une extrĂ©mitĂ© se trouvent les miroirs HRMA destinĂ©s Ă  focaliser le rayonnement X ainsi qu'un petit tĂ©lescope optique tandis qu'Ă  l'autre extrĂ©mitĂ©, au niveau du point focal, se trouvent les deux principaux instruments : la camĂ©ra Ă  haute rĂ©solution (High Resolution Camera, HRC) et le spectromètre imageur (Advanced CCD Imaging Spectrometer, ACIS).

Au niveau du miroir et entourant le cylindre sont placés l'ensemble des équipements de servitude : la propulsion, le système de contrôle d'attitude et de pointage du télescope (Pointing, Control, and Attitude Determination system - PCAD), le système d'alimentation électrique (Electrical Power System, EPS), et le système de commande, de contrôle et de gestion des données (Command, Control, and Data Management system - CCDM)[2].

  • Le module des instruments scientifiques ISIM (Integrated Science Instrument Module).
    Le module des instruments scientifiques ISIM (Integrated Science Instrument Module).
  • Le module des Ă©quipements de servitude est prĂ©parĂ© pour des tests de vibration.
    Le module des équipements de servitude est préparé pour des tests de vibration.
  • Deux ailes s'Ă©tendant de part et d'autre du tĂ©lescope portant chacune 3 panneaux solaires qui fournissent 2 112 watts qui peuvent ĂŞtre stockĂ©s dans trois accumulateurs nickel-hydrogène d'une capacitĂ© de 120 Ah. Celles-ci permettent de faire face aux pĂ©riodes d'Ă©clipse durant chaque passage derrière la Terre et occasionnellement Ă  des Ă©clipses provoquĂ©es par la Lune. Ces Ă©clipses ne durent gĂ©nĂ©ralement pas plus de 2 heures. L'envergure totale du tĂ©lescope avec ses panneaux solaires dĂ©ployĂ©s est de 18,90 mètres.
  • Le système de propulsion comporte d'une part le système IPS (Integral Propulsion System), utilisĂ© au dĂ©but de la mission pour placer le tĂ©lescope sur son orbite et dĂ©sactivĂ© par la suite et d'autre part le système MUPS (Momentum Unloading Propulsion System) utilisĂ© pour dĂ©saturer les roues de rĂ©action chargĂ©es de contrĂ´ler l'orientation du tĂ©lescope. Le système IPS utilise deux moteurs d'apogĂ©e de 472 newtons de poussĂ©e et des moteurs de contrĂ´le d'orientation de 89 N tandis que les moteurs utilisĂ©s pour la dĂ©saturation ont une poussĂ©e de 0,9 N. Tous brĂ»lent de l'hydrazine qui est le seul consommable qui limite la durĂ©e de la mission. La quantitĂ© emportĂ©e doit thĂ©oriquement garantir une durĂ©e opĂ©rationnelle de plus de 20 ans.
  • Le système de contrĂ´le d'attitude et de pointage du tĂ©lescope (Pointing, Control, and Attitude Determination system - PCAD) comprend les senseurs utilisĂ©s pour maintenir le tĂ©lescope pointĂ© vers la zone observĂ©e, modifier l'orientation pour viser de nouvelles cibles, orienter les panneaux solaires et dĂ©saturer les roues de rĂ©action. Le satellite est stabilisĂ© sur 3 axes mais la prĂ©cision demandĂ©e pour le pointage (30 secondes d'arc) est relativement faible comparĂ©e Ă  celle, par exemple, du tĂ©lescope spatial Hubble. Cette caractĂ©ristique dĂ©coule du mode de fonctionnement des dĂ©tecteurs de rayons X qui comptent chaque photon. Le gisement utilisĂ© pour le pointage est dĂ©terminĂ© par les gyroscopes et la camĂ©ra d'aspect qui se repère sur cinq Ă  huit Ă©toiles prĂ©-sĂ©lectionnĂ©es associĂ©es Ă  chaque cible ; lors de la phase de retraitement des donnĂ©es sur Terre dite de « reconstitution de l'image », la position de chaque photon X ayant frappĂ© le dĂ©tecteur est transformĂ©e en position cĂ©leste en utilisant les images prises par la camĂ©ra d'aspect au mĂŞme moment. Les performances obtenues permettent de reconstruire une image avec une prĂ©cision de moins d'une seconde d'arc.
  • Le système de commande, contrĂ´le et de gestion de donnĂ©es (Command, Control, and Data Management system, CCDM) reçoit et traite les instructions transmises par les stations sur Terre, transmet les donnĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques sur le fonctionnement du satellite et gère les donnĂ©es scientifiques recueillies par les instruments. Deux ordinateurs embarquĂ©s (On-Board Computers, OBC) utilisant un processeur 16 bits CDI 1750A assurent le fonctionnement de l'ensemble. Deux ordinateurs LSI 16-bit 1750A prennent le relais lorsque le tĂ©lescope passe en mode de survie (safe mode). Les donnĂ©es sont stockĂ©es dans deux mĂ©moires de masse d'une capacitĂ© unitaire de 1,8 gigabits. Les Ă©changes avec les stations sur Terre sont assurĂ©es via deux transpondeurs fonctionnant en bande S associĂ©s Ă  des antennes Ă  faible gain. Le dĂ©bit moyen est de 32 Ă  1 024 kilobits par seconde pour l'Ă©mission des donnĂ©es scientifiques et de 2 kilobits pour la rĂ©ception des commandes. Pour les donnĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques qui informent le contrĂ´le au sol de l'Ă©tat du satellite le dĂ©bit est de 32 kilobits par seconde dont 24 kilobits sont allouĂ©s au fonctionnement des instruments et 8 kilobits aux autres Ă©quipements du satellite.
Schéma du télescope spatial X Chandra.

Conception

Contrairement Ă  la lumière visible qui peut ĂŞtre rĂ©flĂ©chie par du verre ou une surface mĂ©tallique convenablement prĂ©parĂ©e sous pratiquement toutes les incidences, les rayons X, plus Ă©nergĂ©tiques, traversent ces matĂ©riaux dans les mĂŞmes conditions. Toutefois un rayonnement X arrivant sous une incidence rasante (infĂ©rieure au degrĂ©) peut ĂŞtre dĂ©viĂ©. Cet angle est d'autant plus faible que l'Ă©nergie du rayon X est importante (0,25° pour un rayon de 20 keV mais seulement 0,07° Ă  70 keV). Pour construire un tĂ©lescope permettant de focaliser ce rayonnement c'est-Ă -dire de le dĂ©vier vers un point focal, il est nĂ©cessaire de dĂ©velopper des optiques complexes capables de rĂ©flĂ©chir les rayons. Chandra utilise une optique Wolter de type I baptisĂ©e HRMA (High Resolution Mirror Assembly). Celle-ci est constituĂ©e de plusieurs miroirs imbriquĂ©s. Chaque miroir comprend une section parabolique suivi d'une section hyperbolique. Le rayon X est rĂ©flĂ©chi une fois sur chacune de ces surfaces avant de converger vers le point focal[3]. HRMA est constituĂ©e de quatre paires de miroirs de grande qualitĂ© dont la surface est recouverte d'iridium, plus efficace que l'or utilisĂ© sur les premiers tĂ©lescopes X. Les miroirs de forme cylindrique ont un diamètre respectif 1,23, 0,99, 0,87 et 0,65 m. La longueur est de 84 cm pour la partie optique et de 2,76 mètres hors tout, en incluant les collimateurs antĂ©rieur et postĂ©rieur. La superficie collectrice effective est de 800 cm2 Ă  0,25 keV et de 100 cm2 Ă  8 keV. La rĂ©solution angulaire obtenue est de 0,5 seconde d'arc (2,4 µrad). L'ensemble a une masse de 1 484 kg

  • Le miroir HRMA en cours d'assemblage.
    Le miroir HRMA en cours d'assemblage.
  • Assemblage du tĂ©lescope.
    Assemblage du télescope.
  • Assemblage du tĂ©lescope.
    Assemblage du télescope.

Instruments scientifiques

Les rayons X rĂ©flĂ©chis par les miroirs du HRMA convergent vers un point focal ayant la moitiĂ© de l'Ă©paisseur d'un cheveu situĂ© Ă  10 mètres de la partie optique Ă  l'autre extrĂ©mitĂ© du tĂ©lescope. Les dĂ©tecteurs des deux principaux instruments scientifiques - ACIS et HRC - peuvent ĂŞtre positionnĂ©s Ă  cet endroit pour enregistrer les images formĂ©es par les photons incidents, compter le nombre de photons, mesurer leur Ă©nergie, leur position et leur moment d'arrivĂ©e. Ces dĂ©tecteurs sont montĂ©s sur un support mobile qui permet de placer au choix les dĂ©tecteurs de l'un ou l'autre des instruments au point focal. Ces deux instruments peuvent ĂŞtre utilisĂ©s seuls ou en association avec un des deux rĂ©seaux de diffraction. Le spectromètre ACIS et la camĂ©ra HRC avec les mĂ©canismes permettant leur dĂ©placement, l'Ă©lectronique assurant le contrĂ´le des opĂ©rations et l'isolation thermique forment le module des instruments scientifiques ou SIM (Science Instrument Module)[4].

Caméra à haute résolution HRC

La camĂ©ra Ă  haute rĂ©solution HRC (High Resolution Camera) est un des deux instruments qui peut ĂŞtre placĂ© au point focal. Il permet de gĂ©nĂ©rer une image extrĂŞmement dĂ©taillĂ©e avec une rĂ©solution d'une demi seconde d'arc. L'instrument utilise deux dĂ©tecteurs de type galette de microcanaux de forme carrĂ© et de 10 cm de cĂ´tĂ©. Chaque galette est composĂ©e de 69 millions de tubes en oxydes de plomb long de 1,2 mm avec un diamètre de 12,5 micromètres et espacĂ©s de 15 microns. Lorsque les tubes sont frappĂ©s par les rayons X, leur revĂŞtement gĂ©nère des Ă©lectrons qui sont accĂ©lĂ©rĂ©s dans le tube soumis Ă  un voltage important. Près de 30 millions d'Ă©lectrons sortent du tube. Un rĂ©seau de fils conducteurs placĂ©s en position d'interception dĂ©tectent le signal Ă©lectrique gĂ©nĂ©rĂ© et dĂ©terminent avec une grande prĂ©cision la position du rayon X. L'instrument HRC est particulièrement adaptĂ© Ă  l'imagerie de la matière chaude prĂ©sente dans les rĂ©manents de supernovae, dans les amas de galaxies ainsi qu'Ă  l'identification des sources de rayons X de faible intensitĂ©[4].

Spectromètre imageur ACIS

Le spectromètre imageur ACIS (Advanced CCD Imaging Spectrometer) est le deuxième instrument installé au foyer du télescope. Il est constitué de 10 dispositifs à transfert de charges (CCD) qui présentent la caractéristique de pouvoir à la fois restituer une image formée à partir des rayons X qui viennent les frapper mais également de mesurer leur énergie. Les scientifiques peuvent ainsi localiser le rayonnement produit par des ions d'oxygène, de néon ou de fer. C'est un instrument optimisé pour étudier la température des sources de rayons X telles que les grands nuages de gaz chaud situés dans le milieu intergalactique ou la répartition des éléments chimiques dans les nuages générés par les explosions de supernova[4].

RĂ©seaux de diffraction LETGS et HETGS

Chandra dispose de deux équipements qui permettent d'effectuer de la spectroscopie à haute résolution sur le rayonnement X : le HETGS (High Energy Transmission Grating Spectrometer) travaille dans la gamme de 0,4 à 10 keV et dispose d'une résolution spectrale de 60-1 000. Le LETGS (Low Energy Transmission Grating Spectrometer) travaille dans la gamme de 0,09 à 3 keV et une résolution de 40-2 000[4]. Chaque spectromètre est activé en plaçant sur le chemin optique des rayons X réfléchis par les miroirs un dispositif constitué de centaines de réseaux de diffraction en or. Ces réseaux réalisent la diffraction des rayons X en fonction de leur énergie de la même manière qu'un prisme sépare la lumière en ses différents composants colorés. Les détecteurs placés au point focal peuvent alors déterminer l'énergie des différents photons incidents avec une précision qui atteint un pour mille. Ces mesures fournissent des indications sur la température, le degré d'ionisation et la composition chimique de la source d'émission des rayons X[4].

RĂ©seau de diffraction basse Ă©nergie LETG

Les rĂ©seaux de diffraction LETG permettent d'effectuer la spectromĂ©trie des rayons X Ă  basse Ă©nergie (0,08 Ă  2 keV). Le rĂ©seau est constituĂ© de fils ou barrettes en or espacĂ©s rĂ©gulièrement. Il existe deux rĂ©seaux un rĂ©seau linĂ©aire espacĂ© de 25,4 Âµm et un rĂ©seau grossièrement triangulaire espacĂ© de mm. Les rĂ©seaux sont montĂ©s sur une structure circulaire toroĂŻdale adaptĂ©es Ă  la forme des miroirs de Chandra[4].

RĂ©seau de diffraction haute Ă©nergie HETG

Les rĂ©seaux de diffraction HETG permettent d'effectuer la spectromĂ©trie des rayons X Ă  moyenne et haute Ă©nergie. L'espacement est de 0,2 Âµm ou 2 000 Ă… pour le rĂ©seau dĂ©diĂ© aux photons Ă  haute Ă©nergie et de 0,4 Âµm ou 4 000 Ă… pour le rĂ©seau dĂ©diĂ© aux photons Ă  moyenne Ă©nergie[4].

  • Gros plan sur le rĂ©seau de diffraction basse Ă©nergie LETGS.
    Gros plan sur le réseau de diffraction basse énergie LETGS.
  • Assemblage des rĂ©seaux de diffraction basse et haute Ă©nergie sur le banc d'optique.
    Assemblage des réseaux de diffraction basse et haute énergie sur le banc d'optique.
  • Vue des dĂ©tecteurs de l'instrument ACIS : les dispositifs Ă  transfert de charges (CCD) dĂ©diĂ©s aux images forment un carrĂ© tandis qu'au-dessus les dispositifs Ă  transfert de charges dĂ©diĂ©s Ă  la spectroscopie forment un rectangle.
    Vue des détecteurs de l'instrument ACIS : les dispositifs à transfert de charges (CCD) dédiés aux images forment un carré tandis qu'au-dessus les dispositifs à transfert de charges dédiés à la spectroscopie forment un rectangle.
  • Gros plan sur les dispositifs Ă  transfert de charges de l'instrument ACIS.
    Gros plan sur les dispositifs Ă  transfert de charges de l'instrument ACIS.

RĂ©sultats

Orbite de Chandra.

Chandra transforme profondément notre connaissance de l'Univers et apporte un nombre considérable d'informations nouvelles ou inattendues, parmi lesquelles figurent :

  • la première image du rĂ©manent de supernova CassiopĂ©e A, donne une première impression Ă  propos de l'objet compact qui est en son centre (une Ă©toile Ă  neutrons ou un trou noir) ;
  • dans la nĂ©buleuse du Crabe, autre rĂ©manent de supernova, a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence un anneau inconnu autour du pulsar central et des jets qui ne sont que devinĂ©s sur les images antĂ©rieures.
  • la première Ă©mission X observĂ©e provient du trou noir supermassif du centre de notre galaxie (la Voie lactĂ©e) : Sagittarius A* ;
  • prĂ©sence de gaz beaucoup plus froid que prĂ©vu orbitant en spirale vers le centre de la galaxie d'Andromède ;
  • pour la première fois, sont dĂ©taillĂ©s des fronts de pression dans Abell 2142 (en), oĂą des groupes de galaxies sont en train de se fondre ;
  • les premières images des ondes de choc d'une supernova sont prises dans SN 1987A ;
  • obtention, pour la première fois, d'images de l'absorption d'une petite galaxie cannibalisĂ©e par une plus grande (dans une image de Perseus A) ;
  • dans la galaxie M82, un nouveau type de trou noir est observĂ© Ă  mi-chemin en taille entre les trous noirs stellaires et les trous noirs supermassifs ;
  • pour la première fois, ce tĂ©lescope permet d'associer une Ă©mission X Ă  un sursaut gamma, GRB 991216 ;
  • des lycĂ©ens, exploitant des donnĂ©es du tĂ©lescope, dĂ©couvrent une Ă©toile Ă  neutrons dans les restes de la supernova IC 443 ;
  • les observations communes de Chandra et BeppoSAX suggèrent que les sursauts gamma se trouvent dans les rĂ©gions d'intense formation d'Ă©toiles ;
  • les donnĂ©es recueillies suggèrent que les objets RX J1856.5-3754 et 3C 58, que l'on croyait prĂ©cĂ©demment ĂŞtre des pulsars, seraient plutĂ´t des objets beaucoup plus denses, des Ă©toiles Ă©tranges. Cette analyse ne fait toutefois pas encore l'objet d'un consensus clair ;
  • la naine brune TWA 5B est observĂ©e en orbite autour d'une Ă©toile similaire au Soleil (dans un système binaire) ;
  • repĂ©rage des ondes sonores provenant de la violente activitĂ© autour d'un trou noir supermassif dans l'amas Perseus ;
  • observation de l'ombre portĂ©e en rayons X de Titan passant devant la nĂ©buleuse du Crabe ;
  • le 15 novembre 2010, au cours d'une confĂ©rence de presse tenue en direct, la NASA annonce la dĂ©couverte, grâce Ă  Chandra, du plus jeune trou noir de notre voisinage « proche ». Cet Ă©vĂ©nement constitue la première occasion d'Ă©tablir la "date de naissance" d'un trou noir.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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