Château d'Isenghien
Le château d'Isenghien est un édifice situé à Lomme qui sert désormais de façade à un cinéma multiplexe de la chaîne Kinépolis. Avec 6 816 places[2], il est le plus grand cinéma de France et le troisième plus grand cinéma du monde.
Château d'Isenghien | ||
Restes du château. | ||
Coordonnées | 50° 38′ 09″ nord, 3° 00′ 50″ est[1] | |
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Pays | France | |
Région | Hauts-de-France | |
Commune | Lomme | |
Géolocalisation sur la carte : France
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Site web | http://www.cambrai-chateau-motte-fenelon.com | |
Architecture
Vers 1600 d’après l'image qui en est donnée par l'Album de Croÿ; image vue de la Mitterie avec au premier plan le chemin de l'église, le château est entouré de deux fossés en eau avec un mur d'enceinte et à l'intérieur le donjon avec cinq tourelles. Le cadastre de l'époque du consulat et celui de 1820 relèvent toujours les fossés et l’accès à l'église par un chemin droit La dréve actuelle Rue de la Dréve. L'église est à proximité de la bouche de métro Bourg.
Histoire
Maison de Gand-Vilain
Les origines du château remontent au XVe siècle avec un château-fort et un donjon construit en 1545 sur ce qui était dénommé selon un manuscrit de 1496 le « manoir de Lomme » propriété de Marie de Cuinghien (Marie de Coyeghem) (-27/04/1538)[3] épouse de d'Adrien de Gand-Vilain conseiller et chambellan de Maximilien II, archiduc d'Autriche[4] - [5] - [6] en premières noces et de Philippe de Herzelles qu'elle épousa sous contrat le 27 janvier 1497[6].
Marie de Cuinghien fut enterrée à l'église de Lomme sous un « superbe mausolée : quatre colonnes de trois pieds de haut soutiennent une pierre bleue longue cinq et large de deux pieds et demi sur laquelle couche l'effigie la dame en pierre blanche. Au-dessus on lit » une épitaphe : voir en ligne [7].
Maximilien Vilain de Gand est Baron de Rasseghem ou Rassenghien; franc seigneur de Sint Jansteen, seigneur de Kalken, Sailly, Lichtervelde, Wetteren, Isenghien et Hem, souverain bailli des villes d'Alost et de Grammont. Gouverneur de la Flandre française, capitaine général des villes et châtellenies de Lille, Orchies, et Douai. La seigneurie d'Isenghien en Flandre fut érigée en sa faveur par lettre du roi Philippe III d'Espagne du 19 mai 1582 un peu avant mort de ce seigneur à Tournai en 1583. Il était fils d'Adrien de Gand; vice amiral de Flandre; en 1532 et de Marguerite de Stavele, dame d'Isenghien, de Haverskerque et Estaires et petit-fils de Marie de Cuinghien[8] - [9] - [10]. Il aura onze enfants dont le 5e Maximilien de Gand dit Vilain qui sera évêque de Tournai mort à 74 ans le 27 novembre 1644.
Lomme est pillée en 1581 par la garnison de Menin qui s'empare du château fort le 15 août d'où elle est délogée le lendemain matin par le seigneur de Lomme[7].
Jean de Gassion
En 1646, pendant que son alliée, la République des Provinces-Unies menace de prendre Anvers aux Espagnols, obligeant ceux-ci à découvrir leur front occidental, la France remporte quelques brillants succès en Flandre, le long de la Lys.
Le 12 septembre 1646, le maréchal Jean de Gassion s'empare du château au nom du roi de France Louis XIV de France[11].
La famille d'Isenghien installée depuis près de deux siècles dans le château est désormais rattachée à la France et délaisse l'édifice pour Versailles.
Historiettes de château
Jean de Gassion était maréchal de France à 34 ans, servit Louis XIII et Louis XIV et mourut d'une blessure lors du siège de Lens.
Tallemant des Réaux (1619-1692) raconte dans ses Historiettes que Jean de Gassion (1609-1647) était un homme né à l'amour.
Quelques citations :
« Le Prince à Dijon, après avoir levé le siège, on ne regardoit que Gassion. Il y eut un avocat qui se jeta à genoux devant lui, et lui dit, en lui montrant des dames du nombre desquelles étoit sa femme, qu'il n'y en avoit pas une qui ne voulût avoir un petit Gassion dans le corps pour servir le Roi et la patrie...car il n'eu jamais moins homme né à l'amour »
« J'ai plus de joie que vous m'ayez baisée que si on m'avoie donné cent-milles livres ».
« C'étoit l'un des plus méchant courtisans de son siècle. A la cour, beaucoup de filles qui eussent bien voulues de lui, le cajoloient et lui disoient : Vraiement, Monsieur, vous m'avoient faits les plus belles choses du monde ».
Mais aussi à ceux qui le presser de se marier il répondait : « Je n'aime pas assez la vie pour en faire part à quelqu'un »[12]
Louis de Gand de Mérode de Montmorency
En 1746, Louis de Gand de Mérode de Montmorency fait démolir partiellement le château et ne reste qu'une aile servant de pavillon de chasse et une ferme[7]. Louis de Gand de Mérode de Montmorency épousa en troisièmes et dernières noces le 16 avril 1720, Marguerite-Camille Grimaldi de Monaco, héritière universelle instituée du Antoine de Grimaldi Prince de Monaco[13].
Révolution française
Après avoir été réquisitionnés comme biens nationaux durant la Révolution française, mais laissé à l'abandon, la ferme est détruite en 1840. En 1850, le terrain est racheté par un bourgeois de Lille, Alexandre Tripier qui construit à l’intérieur des douves une maison de campagne qui conserve toutefois le nom de Château d'Isenghien.
XXe siècle
Durant la Première Guerre mondiale, le bâtiment est endommagé puis reconstruit en partie après la guerre.
Étienne Poulet
Étienne Poulet, né le 10 juin 1890 au château d'Isenghien à Lomme bien que ses parents habitent Lille et meurt le 9 septembre 1960 à Paris, il est un pionnier français de l'aviation. Dès 1913, il est remarqué par la presse nationale, lorsqu'il vole « la tête en bas », ce que seuls deux pilotes ont déjà pratiqué, selon Le Figaro[14] - [15].
Après plusieurs tentatives — le 8 avril 1914, il vole 12 heures d'affilée, entre Étampes et Gidy[16]—, il bat le record du monde de durée en vol sans escale, en 16 heures 28 minutes et 56 secondes (soit 936,8 km) le 26 avril 1914. Il est également détenteur du « record de la hauteur avec deux et trois passagers »[17]. Ses exploits feront de lui un récipiendaire de la Légion d'honneur.
Après la Première Guerre mondiale, il tente de relier Paris à Melbourne, en Australie, à bord d'un Caudron G.4, « moteurs rotatifs Le Rhône »[18]. Il décolle de la capitale en octobre 1919, en compagnie de son mécanicien et ami Jean Benoist. Son périple, pour lequel il est en concurrence avec d'autres aviateurs, est médiatisé[19] - [20] - [21] - [22] - [23]. Le 17 décembre, le journal La Croix rapporte que l'appareil du pilote, stationné à Rangoun, est « très fatigué »[24]. Étienne Poulet échoue peu de temps après en raison de problèmes mécaniques. Alors qu'il survole la Birmanie (le Siam[25]), un vautour percute l'hélice de son appareil et la brise, rapporte Le Figaro, le 19 décembre[26] - [27].
Lillom
Le Château d'Isenghien, propriété privée, est racheté par la commune de Lomme pour en faire un parc de loisirs. Le lundi est inauguré le parc Lillom, il fermera définitivement en 1987. Lillom ou Parc de Lomme était un parc à thème. Ce fut un des premiers parcs à thème en France. Le sujet de Lillom était l'histoire de l'humanité de la préhistoire au futur. Le parc était organisé autour d'un petit lac, en quatre zones principales :
- la zone préhistorique
- la cité médiévale
- la zone Belle Époque
- le monde du futur
Kinépolis Lomme - Le château du cinéma
Le château est intégré à un projet de complexe cinématographique nommé « Château du cinéma » qui voit ouvrir en 1996 un multiplexe Kinepolis, le château servant de vitrine à l'entrée. Le complexe de salles de cinéma Kinépolis Lomme, avec ses 7 286 fauteuils, est le plus grand complexe cinématographique de France en nombre de sièges (dépassé en 2014 par l'UGC Ciné Cité Les Halles en nombre de salles : 23 contre 27).
En , le complexe enregistre 75 300 entrées pour le film Top Gun : Maverick, soit le record national pour ce film[28].
Centre régional des arts du cirque
Le Centre régional des arts du cirque de Lomme est situé dans le parc Urbain du Château d'Isenghien.
Notes et références
- Coordonnées vérifiées sur Géoportail
- « À la découverte du Kinepolis de Lomme », sur CNC.fr, (consulté le )
- Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, par l'abbé Expilly., Dessaint et Saillant, (lire en ligne).
- (la) Antionius Sandorus, Gandavum sive Gandavensium rerum libri sex, Pepermans,, , 492 p. (lire en ligne).
- Jean Charles Joseph de Vegiano (seigneur de Hoves), Nobiliaire des Pays-Bas et du comté de 1724-94 Bourgogne, , 2258 p. (lire en ligne)
« de Gand Vilain IIe du nom seigneur de Rassenghien conseiller et chambellan de Maximilien archiduc d'Autriche roi des Romains qui fut tué le 12 juin 1490 Il avait épousé Marie de Cuinghien dite de Courtrai »
. - Corneille Stroobant, Histoire de la commune de Virginal, (lire en ligne)
« Il épousa par contrat du 27 janvier 1497 1498 Marie de Cuinghien décédée le 27 avril 1538 veuve d'Adrien de Gand Vilain seigneur de Rassenghien Saint Jean Steen etc conseiller et chambellan de l'archiduc Maximilien tué le 12 août 1490 fille héritière de Jean de Cuinghien seigneur de Hem Sailly Lomme Obeaux etc et de Jacqueline de Mesnil Saint Pierre Cette dame est enterrée à l'église de Lomme sous un superbe mausolée quatre piliers de trois pieds de haut soutiennent une pierre bleue longue de cinq et large de deux pieds et demi sur laquelle couche l'effigie de la dame en pierre blanche au-dessus on lit cette épitaphe i »
. - Statistique archéologique du département du Nord, Durand, (lire en ligne)
« On remarquait autrefois dans cette église à gauche sous l'arcade de séparation de la chapelle le tombeau en pierre sculptée de Marie de Cuinghien. À droite sous l'arcade de la chapelle de la Vierge le tombeau de Maximilien de Gand Ier comte d'Isenghien et de Philippe de Jauce dite de Mastaing sa femme ils étaient représentés à genoux. Leur épitaphe est rapportée dans le Renouvellement de la loi de Lille 1783 G IIII d'après Baillet Lille 1654 Philippe de Gand était aussi sous la même arcade couché entre ses deux femmes. Cette statue remarquable a été trouvée retournée et servant de marche à un puits ; M de Rosny l'a fait graver pour son Hist. de Lille p 173 Il y avait aussi dans cette chapelle une verrière donnée par Adrien de Gand et Marguerite de Stavèle sa femme »
. - Charles duc de Croy, Frédéric Auguste Ferdinand baron De Reiffenberg et Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de baron Reiffenberg, Une existence de grand seigneur au seizième siècle : mémoires autographes du Duc Charles de Croy, C. Muquardt, , 348 p. (lire en ligne).
- Christophe Butkens, Trophées tant sacrés que profanes du duché de Brabant, contenant l'origine, succession & descendance des ducs & princes de cette maison, avec leurs actions les plus signalées ... : La description des villes, franchises & baronnies de Brabant, avec la succession généalogique des seigneurs qui les ont possédé. La suite des ducs de Limbourg & Luxembourg, comtes de Dalhem, & sires de Fauquemont. Avec un recueil de plusieurs terres de remarque, situées hors la duché de Brabant. L'institution du conseil souverain de Brabant et autres cours résidentes à Bruxelles. Les magistrats des quatre ville capitales, sc̨avoir Louvain, Bruxelles, Anvers & Bois-le-duc. Le catalogue des principales églises ... & autres fondations religieuses dans le Brabant ..., C. van Lom, (lire en ligne).
- Cornelius Paulus Hoynck van Papendrecht, Joachimus Hopperus, Joannis Baptista Tassius et Viglius Zuichemus ab Aytta, Vita Viglii ab Aytta Zuichemi ab ipso Viglio scripta, eiusque, nec non Joachimi Hopperi et Joannis Baptistae Tassii opera historica aliaque analecta ad historiam scissi Belgii potissimum attinentia, vol. 3, pud Gerardum Block, (lire en ligne), p. 348.
- Tallemant des Réaux, Gédéon (1619-1692), « Les historiettes de Tallemant Des Réaux : mémoires pour servir à l'histoire du XVIIe siècle. Tome 3 / publiés... par MM. Monmerqué,... de Chateaugiron et Taschereau... », Europeana (consulté le )
- Stéphanie Félicité comtesse de Genlis, Les annales de la vertu, ou, Histoire universelle, iconographique et littéraire : à l'usage des artistes et des jeunes littérateurs, et pour servir à l'éducation de la jeunesse,, vol. 2, maradam, (lire en ligne), Gassion grand capitaine lait le siège de Lens et y est blessé à mort C est qui répondoit à ceux qui le pressoient de se marier Je n estime pas assez y vie pour en vouloir faire part à quel qu un.
- Mémoire pour Louis de Gand de Mérodes-Montmorency, prince d'Isenghien, et dame Marguerite-Camille de Grimaldi de Monaco, son épouse, héritière universelle instituée, par bénéfice d'inventaire, d'Antoine de Grimaldi, prince de Monaco, son père,... contre M. le duc de Valentinois...., (lire en ligne)
- « Un officier imite Pégoud », L'Aurore, 4 octobre 1913, no 5788, p. 3 [lire en ligne]
- « À la façon de Pégoud », Le Figaro, 5 octobre 1913, 3e série – no 278, p. 6 [lire en ligne]
- « À l'attaque des records », L'Ouest-Éclair, 9 avril 1914, no 5583, p. 3 [lire en ligne]
- « L'aviateur Poulet à Saint-Malo », L'Ouest-Éclair, 28 juillet 1919, no 7259, p. 1 [lire en ligne]
- « Poulet prépare toujours Paris-Melbourne », L'Ouest-Éclair, 11 août 1919, no 7273, p. 3 [lire en ligne]
- « La tempête immobilise les concurrents », L'Ouest-Éclair, 4 novembre 1919, no 7228, p. 1 [lire en ligne]
- « Poulet continue son raid vers l'Australie », L'Ouest-Éclair, 11 novembre 1919, no 7241, p. 1 [lire en ligne]
- « Poulet franchit la frontière indienne », L'Ouest-Éclair, 13 novembre 1919, no 7243, p. 1 [lire en ligne]
- « Poulet est retardé aux Indes », L'Ouest-Éclair, 24 novembre 1919, no 7253, p. 2 [lire en ligne]
- « Le raid aérien France-Australie », La Croix, 5 décembre 1919, no 11258, p. 2 [lire en ligne]
- « Paris-Melbourne », La Croix, 17 décembre 1919, no 11268, p. 4 [lire en ligne]
- « Le brave Pivolo aura son avion », L'Ouest-Éclair, 24 mai 1924, no 8258 [lire en ligne]
- « Dans l'empire des airs », Le Figaro, 19 décembre 1919, 3e série — no 331, p. 1 [lire en ligne]
- (en) Jonathan King, Great Moments in Australian History, 2010, p. 300-301 (ISBN 145960301X)
- Condé Nast, « Voici la salle de cinéma en France qui avec 75.338 entrées détient le record de spectateurs pour l'incroyable film Top Gun : Maverick avec Tom Cruise (non, ce n'est pas à Paris ni à Lyon, Marseille ou Bordeaux) », sur GQ France, (consulté le )
Source
- « Château d'Isenghien sur la voix du nord »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),