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Centre d'extermination de Treblinka

Le centre d'extermination de Treblinka est l'un des centres d'extermination nazis de l’Aktion Reinhard, situĂ© Ă  proximitĂ© du village du mĂŞme nom, Ă  80 km au nord-est de Varsovie, non loin de la ville de Malkinia.

Centre d'extermination de Treblinka
Treblinka - Rail tracks.JPG
Blocs de béton marquant l'ancienne voie de chemin de fer menant à Treblinka.
Présentation
Type Centre d'extermination nazi
Gestion
Date de création Avril à juillet 1942
Créé par Christian Wirth
Richard Thomalla (camp)
Erwin Lambert (chambres Ă  gaz)
Dirigé par Irmfried Eberl
puis Franz Stangl
puis Kurt Franz
Date de fermeture Août 1943
Victimes
Type de détenus Juifs, essentiellement polonais
Morts Entre 700 000 et 900 000
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Pologne Pologne
Gmina Treblinka
CoordonnĂ©es 52° 37′ 51,99″ nord, 22° 03′ 11,12″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Pologne
(Voir situation sur carte : Pologne)
Centre d'extermination de Treblinka

Localisation des camps d'extermination nazis.
DĂ©portation vers le camp de Treblinka depuis le ghetto de Siedlce, en 1942.
Photographie aérienne en 1944.
Ancien arrêt de Treblinka, situé à km du camp.

Un des symboles de la Shoah à partir de l'occupation allemande, le site de Treblinka voit d'abord en 1941 l'ouverture d'un camp de travail pour les prisonniers polonais ayant porté atteinte aux troupes d’occupation (Treblinka I)[1]. Un peu moins d’un an plus tard, le centre d'extermination (Treblinka II) est créé à deux kilomètres du camp I.

Construit sur le modèle des centres de SobibĂłr et BeĹ‚ĹĽec, ce centre d’extermination a l'apparence d'une gare de transit oĂą les juifs devaient se prĂ©senter Ă  la dĂ©sinfection avant de repartir pour un hypothĂ©tique camp de travail. Cependant, sous la direction du premier commandant, Irmfried Eberl, la capacitĂ© des chambres Ă  gaz est rapidement dĂ©passĂ©e et la vĂ©ritable nature du camp devient apparente dès son approche. La rĂ©organisation du camp est confiĂ©e Ă  Franz Stangl, ancien commandant de Sobibor, et les dĂ©portĂ©s, issus pour la plupart du ghetto de Varsovie, sont menĂ©s aux chambres Ă  gaz avec une grande brutalitĂ© administrĂ©e par les SS et leurs auxiliaires, les Trawnikis. Après une rĂ©volte des dĂ©tenus en 1943, suivie de leur Ă©vasion, le camp de Treblinka est dĂ©mantelĂ© sous la direction de Kurt Franz, puis « camouflĂ© » en ferme. Au cours de sa pĂ©riode d’activitĂ©, entre 700 000 et 900 000 dĂ©portĂ©s, pour la plupart juifs, y ont Ă©tĂ© exterminĂ©s[2] - [3] : ceci fait de Treblinka le plus important centre d’extermination après celui d'Auschwitz.

Centre d'extermination

Premiers mois de fonctionnement

Les travaux de construction du camp commencent à la fin du mois de [4]. Après les camps de Sobibór et Bełżec, il s'agit du troisième centre d'extermination construit dans le cadre de l'Aktion Reinhard[5].

Le , dĂ©bute la Grande Action : Les Allemands commencent Ă  dĂ©porter les juifs du ghetto de Varsovie[6]. Ces dĂ©portations se produisent Ă  partir de l'Umschlagplatz, place du ghetto situĂ©e Ă  proximitĂ© de la gare de triage de Varsovie, oĂą sont entassĂ©s jusqu'Ă  8 000 personnes et d'oĂą partent les convois en direction de Treblinka, situĂ© Ă  80 km. Dès le lendemain (), le centre d'extermination entre en activitĂ©, alors qu'arrivent les premiers dĂ©portĂ©s.

Irmfried Eberl, premier commandant du centre, souhaite faire de Treblinka un rival des grands centres déjà en activité. Toutefois, les capacités du centre sont rapidement dépassées par l'ampleur des arrivées de convois de juifs, en provenance de Varsovie et du reste de l'Europe. À la tête d'équipes constituées de supplétifs ukrainiens corrompus, Eberl est rapidement démis de ses fonctions par Odilo Globocnik. Lors de sa première visite, son successeur, Franz Stangl, est étonné par le désordre, la désorganisation et le manque de discipline qui règnent dans le centre[7]. Christian Wirth séjourne quelques semaines à Treblinka. Dès le , il obtient l'arrêt des convois en provenance de Varsovie, afin de prendre le temps nécessaire à la remise en ordre du centre[8]. Les nazis font exécuter les juifs qui ont participé à l'enterrement des corps. Ils mettent en place une nouvelle équipe et reprennent les déportations le [8].

Le , soit après deux mois d'activitĂ©, plus de 245 000 juifs du ghetto ainsi que 112 000 juifs en provenance d’autres localitĂ©s du district de Varsovie y ont Ă©tĂ© assassinĂ©s.

Organisation du camp

Maquette du camp.
À gauche, les rails d’arrivée des convois et la fausse gare ; au centre, les chambres à gaz ; au premier plan, les fosses où les corps étaient enterrés pendant la première période de fonctionnement du camp, avant que Himmler ne donne l’ordre de les brûler.

Le camp a la forme d'un trapèze de 400 Ă— 600 m[9]. Il est entourĂ© de barbelĂ©s.

Il est divisĂ© en trois parties. La première d'entre elles accueille les logements des gardes et les locaux administratifs[10]. Cette section est aussi appelĂ©e « camp infĂ©rieur »[9]. La deuxième partie, au sud et Ă  l’ouest, englobe la gare, les baraquements destinĂ©s au dĂ©shabillage et Ă  la coupe des cheveux[11], oĂą hommes et femmes sont sĂ©parĂ©s, les hangars de stockage des dĂ©pouilles, un chemin de 100 m de long sur m de large[12] conduisant aux chambres Ă  gaz et appelĂ© « chemin du ciel » (Himmelstrasse) par les nazis, les baraquements pour loger les prisonniers chargĂ©s d’assurer le fonctionnement de cette partie ainsi qu’une grande place d’appel. Le troisième et dernier secteur est celui comprenant les chambres Ă  gaz, les fosses communes pour les cadavres et les baraquements oĂą loge le second groupe de prisonniers. Il Ă©tait aussi appelĂ© « camp supĂ©rieur »[12]. Le pĂ©rimètre consacrĂ© Ă  l'extermination mesure environ 200 mètres par 250. Il Ă©tait entourĂ© de barbelĂ©s recouverts de branchages[13]. Les chambres Ă  gaz mesurent environ 5 mètres par 5. Elles sont alimentĂ©es par un moteur Diesel qui asphyxie les victimes Ă  l'aide de monoxyde de carbone. Aux alentours de la mi-octobre 1942, dix nouvelles chambres Ă  gaz sont opĂ©rationnelles. La capacitĂ© des chambres augmente alors de 600 %, ce qui permet aux nazis d'assassiner 3 000 juifs par heure[8].

L'entrée principale est située au nord-ouest du camp, près de la voie de chemin de fer. Au début de l'année 1943, une fausse gare y est installée, comportant une billetterie factice, des panneaux indiquant les correspondances et une horloge peinte indiquant toujours la même heure[12]. Non loin de là est construite « l'infirmerie », appelée aussi Lazarett, où un drapeau de la Croix-Rouge est installé devant la porte d'entrée. En fait, il s'agit du lieu où les prisonniers trop faibles pour marcher jusqu'aux chambres à gaz sont exécutés d'une balle dans la nuque.

Les dĂ©portĂ©s sont massĂ©s dans des convois de 50 Ă  60 wagons, ce qui reprĂ©sente entre 6 000 et 7 000 personnes. Mais les chambres Ă  gaz n'Ă©tant pas assez grandes, les convois sont dĂ©tachĂ©s par rames de 20 wagons pour ĂŞtre acheminĂ©s au camp. Les dĂ©portĂ©s des autres rames attendent alors plusieurs heures, dans les wagons Ă  l'arrĂŞt[12]. Une fois descendus du train, ils sont regroupĂ©s sur la place de la gare. Il leur est alors stipulĂ© que les bagages doivent ĂŞtre abandonnĂ©s, qu’ils doivent prendre une douche et que leurs vĂŞtements vont ĂŞtre dĂ©sinfectĂ©s avant d'aller dans des camps de travail. Par la suite, les victimes sont entraĂ®nĂ©es vers une large place du camp. Les hommes y sont sĂ©parĂ©s des femmes et des enfants[12]. Les hommes doivent se dĂ©shabiller dehors, alors que les femmes le font dans un baraquement. Cependant, ils sont tous ensuite poussĂ©s dans les chambres Ă  gaz.

Les Sonderkommandos sont chargĂ©s de trier les vĂŞtements et bagages, nettoyer les wagons et dĂ©truire les cartes d'identitĂ© des victimes[13]. Un total de 700 Ă  1 000 Juifs dĂ©portĂ©s et temporairement Ă©pargnĂ©s ont fait fonctionner le camp sous la fĂ©rule de quelques SS et de gardiens ukrainiens[13].

Hiver 1943

Contrairement aux camps d'Auschwitz, celui de Treblinka ne dispose pas de fours crématoires. Lorsque la fermeture du camp est envisagée, ordre est donné de faire disparaître les corps se trouvant dans les fosses communes. Déterrés, les restes des victimes ont été brûlés dans de vastes bûchers. Selon l'historien, écrivain et correspondant de guerre Vassili Grossman[14], après une visite d'Heinrich Himmler, il est ordonné de « procéder à la crémation des cadavres enterrés et de les brûler jusqu'au dernier, emporter hors du camp la cendre et les scories, les disperser dans les champs et sur les routes. » Le travail commence alors afin d'exhumer des centaines de milliers de cadavres.

Nul n'est censĂ© savoir ce qui se passe dans le camp. Ă€ l'origine, certaines dĂ©portations se faisant depuis Varsovie dans des trains ordinaires, les nazis faisaient croire qu’il s’agissait d’un transfert vers des terres libres Ă  l’Est. Selon Vassili Grossman[15], l’un des premiers sur les lieux en 1944, « les Allemands obligeaient leurs victimes Ă  acheter des billets de chemin de fer jusqu'Ă  la gare d'Ober MaĂŻdan. C'Ă©tait par ce nom de code que les Allemands dĂ©signaient Treblinka. » C'est lĂ  que commence le creusement de fosses Ă  crĂ©mation. Il y en eut trois de construites, chacune pouvait accueillir en une fois 3 500 Ă  4 000 corps.

« Ceux qui ont participé à ce travail racontent que ces fours faisaient penser à de gigantesques volcans : une chaleur effrayante brûlait le visage de ceux qui travaillaient là, la flamme jaillissait à une hauteur de huit à dix mètres, les colonnes d'une épaisse fumée noire montaient jusqu'au ciel et stagnaient en l'air en un lourd rideau immobile. La nuit, les habitants des villages environnants pouvaient voir les flammes à trente ou quarante kilomètres de distance ; elle s'élevait au-dessus des forêts de sapins […]. Cet atelier monstrueux fut en activité pendant huit mois, […] »

— Vassili Grossman, op. cit., 2005, p. 434-435

Le travail de crémation s'est étalé sur une période de quatre mois, d'avril à juillet 1943[16].

Nombre de victimes

Une fosse commune photographiée à Treblinka en 1943.

Le nombre de victimes du camp varie selon les sources.

Au premier procès « Treblinka » Ă  DĂĽsseldorf, le tribunal avance le chiffre de 750 000 victimes, tandis qu'au second procès, celui du commandant de Treblinka, Franz Stangl, il retient 900 000 morts[17]. L'historien Raul Hilberg[18] dresse un bilan de 800 000 morts. Yitzchak Arad[19] estime que 750 000 personnes ont Ă©tĂ© exterminĂ©es Ă  Treblinka. L'historienne Rachel Auerbach arrive Ă  un nombre de 1 200 000 victimes[17], qui correspond Ă  celui avancĂ© par Samuel Rajzman et Franciszek Zabecki, des tĂ©moins survivants du camp. Le dictionnaire de la Shoah[20] propose quant Ă  lui une estimation de 900 000 morts au cours des onze mois et demi d'activitĂ© de Treblinka. L'Institut "Yad Vashem" avance le nombre de 870 000 morts (plus une centaine de survivants)[21].

La plupart des victimes sont des juifs polonais issus de Varsovie ou d'autres ghettos polonais. Durant l'Ă©tĂ© 1942, 315 000 juifs, principalement du ghetto de Varsovie, sont assassinĂ©s. Plus de 337 000 juifs du district de Radom, 35 000 du district de Lublin et 107 000 du district de Bialystok y ont Ă©tĂ© exterminĂ©s dans les mois qui suivirent. Des milliers de Juifs en provenance d’autres pays y ont Ă©galement Ă©tĂ© exterminĂ©s : 7 000 de Slovaquie, 8 000 venant du camp de concentration de Theresienstadt (Tchèques, Allemands, Autrichiens), 4 000 Juifs de Grèce, et 7 000 Juifs de MacĂ©doine ainsi que plus de 2 000 Tziganes[22].

Insurrection et conséquences

Photographie clandestine de l’incendie provoqué par l'insurrection du .

En 1943, un groupe de détenus, pressentant la liquidation du camp, synonyme de l'exécution de tous les prisonniers, décide d'organiser une insurrection. Ces résistants sont dirigés par des juifs de différentes nationalités, comme le Polonais Marcel Galewski ou le Tchèque Zelo Bloch[16]. Cette révolte éclate le . Des déportés parviennent à s’emparer d’armes et participent également à l’insurrection. Cette dernière est comparable à celle qui s'est produite à Sobibor en .

Sur le millier de prisonniers qui se trouvent dans le camp, une centaine s'évadent mais, un an plus tard, à l'arrivée de l'Armée rouge, il ne reste de ces hommes qu'une cinquantaine de survivants[17]. Les autres ont été tués le jour de la révolte ou dans les mois qui ont suivi par les unités spéciales de l'armée allemande.

Mais, pour les organisateurs de l'insurrection, le but a été de pouvoir raconter ce qui s'était passé dans le camp. En brûlant délibérément les restes des victimes, la volonté des nazis était bien de cacher au monde l'extermination méthodique ayant eu lieu pendant plus d'un an.

Après le soulèvement, deux convois arrivent du ghetto de BiaĹ‚ystok, les 18 et , amenant ainsi 8 000 Juifs qui sont assassinĂ©s[16]. Après le dĂ©part de Stangl pour la rĂ©gion de Trieste, son adjoint Kurt Franz reprend la direction du camp, celui-ci ayant pour objectif le dĂ©mantèlement des chambres Ă  gaz, ce qui est fait entre septembre et . Le but est alors d'effacer toute trace d'activitĂ© criminelle[23]. Ă€ la fermeture de Treblinka, tous les juifs qui y ont travaillĂ© sont gazĂ©s au camp de Sobibor, et leurs corps sont brĂ»lĂ©s.

La totalité du camp a été détruite et une ferme y a été implantée, jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge. Outre les rares documents d'archives, ainsi que les dépositions des SS ayant travaillé à Treblinka et traduits en justice après la guerre, les témoignages des survivants qui ont réussi à s’enfuir lors de la révolte du permettent d'en savoir davantage sur le fonctionnement quotidien de ce camp.

Selon le témoignage de Vassili Grossman[24] : « La terre rejette des fragments d'os, des dents, des objets, des papiers, elle refuse de garder le secret. Et les objets s'échappent de la terre, de ses blessures mal refermées. » « Des cheveux épais ou ondulés blond cuivré, les cheveux fins, légers, adorables d'une jeune fille sont là, piétinés, dans la terre, […]. C'est apparemment le contenu d'un sac, d'un unique sac de cheveux resté sur place, oublié. Tout est donc vrai. » Grossman, ayant subi un choc émotionnel violent, en tombe malade.

TĂ©moignages

Samuel Willenberg, l'un des rares survivants, présente l'un de ses dessins lors du 70e anniversaire de la révolte du camp.
Pierre commémorative dédiée aux victimes du ghetto de Mińsk Mazowiecki au musée de Treblinka.

Il existe peu de témoignages sur Treblinka, étant donné le faible nombre de survivants.

Abraham Krzepicki a pu s'évader de Treblinka 18 jours après son arrivée à la fin du mois d'[20]. Il a rejoint le ghetto de Varsovie et rédigea le premier témoignage direct sur le processus d'extermination du camp. Son manuscrit est enterré par les membres de l'Oyneg Shabbos et retrouvé après la guerre. Lui-même a péri dans l'insurrection du ghetto de Varsovie en [20].

Parmi les survivants, Jankiel Wiernik, survivant de la révolte, accueilli par la Résistance polonaise, témoigne en 1944 de ce qu'il a vécu à Treblinka dans le document Un an à Treblinka (écrit en polonais puis traduit en anglais sous le titre A year in Treblinka[25]). Dans les années 1950, il construit pour le musée des Combattants des Ghettos en Galilée une maquette de Treblinka. Il est le seul survivant à avoir été dans les deux parties du camp[26]. En 1961, il témoigne au procès Eichmann[17].

Un autre survivant, Samuel Rajzman (qui a témoigné en 1946 à Nuremberg), confie à Alexandre Donat dans The death camp Treblinka (1979) : « J’ai été témoin d’une fête donnée par les SS pour célébrer l’arrivée du millionième juif à Treblinka, et ceci bien avant la fin des activités du camp ».

Franciszek Zabecki, cheminot et membre de la RĂ©sistance polonaise, contrĂ´leur Ă  la gare ferroviaire de Treblinka pendant toute la pĂ©riode de fonctionnement du camp, a pris des notes dĂ©taillĂ©es sur tous les trains partant pour le camp : « Moi, je sais ; les autres font des conjectures, il n'y a pas eu de documents allemands pour servir de base Ă  ces estimations en dehors de ceux que j'ai sauvĂ©s et cachĂ©s, et on ne peut pas conclure lĂ -dessus. Mais je suis restĂ© dans cette gare et j'ai notĂ© les chiffres inscrits Ă  la craie sur chaque wagon. Je les ai additionnĂ©s encore, encore et encore. Le nombre de tuĂ©s Ă  Treblinka a Ă©tĂ© de 1 200 000. Et lĂ -dessus, il ne peut pas exister de doutes. »[27]

Richard Glazar est témoin aux procès des bourreaux de Treblinka, en 1963 et 1971. Il publie son témoignage sur Treblinka, qu'il a traduit en allemand en 1990 sous le titre Die Falle mit dem grünen Zaun. Il est aussi l'un des témoins du film Shoah de Claude Lanzmann avec Abraham Bomba[28]. Dans ce documentaire, le réalisateur interroge aussi en caméra cachée l'ancien SS Franz Suchomel préposé à la récupération de l'or, de l'argent et des valeurs des Juifs déportés[29].

On compte aussi le témoignage de Chil Rajchman (1914-2004) que l'on peut lire à travers son journal autobiographique Je suis le dernier Juif. Treblinka (1942-1943). Déporté en depuis le ghetto de Varsovie, il devient sonderkommando : il trie les vêtements, coupe les cheveux, arrache les dents en or et transporte les cadavres issus des chambres à gaz. Il participe à l'insurrection d' et parvient à s'échapper du camp. Il se réfugie chez un ami jusqu'à la fin de la guerre, où il rédige le récit de ses dix mois vécus dans le camp d'extermination.Il faut aussi citer le témoignage d'Eddie Weinstein, The Story of an Escape from Treblinka, publié en 2002, où l'auteur retrace sa détention à Treblinka puis son évasion le .

Le témoignage de Samuel Willenberg, Révolte à Treblinka, paraît quant à lui en 2004.

Bourreaux

Jusqu’en , le camp est commandé par l’Obersturmführer SS Irmfried Eberl. L’Obersturmführer SS Franz Stangl le remplace ensuite et commande le camp jusqu’en . Kurt Franz lui succède jusqu'au démantèlement du camp fin 1943.

Le personnel du camp est composé d'Allemands et d'Ukrainiens, dont dix officiers SS et cent gardes (Wachmänner). Une trentaine de SS est affectée à l'administration du camp. Une petite centaine d'autres, ainsi que vingt Ukrainiens, sont dédiés à la garde du camp, au personnel de sécurité ou aux équipes de gazage.

Procès

Au sortir de la guerre, la Commission centrale d'enquête sur les crimes nazis en Pologne recueille treize témoignages. Aux procès de Nuremberg, les activités du camp de Treblinka ne sont presque pas évoquées. Il faut attendre de nouveaux procès pour que le sort de victimes du camp soit mis en lumière[20].

  • Premier procès : celui de Josef Hitreider Ă  Francfort-sur-le-Main en 1951.
  • Deuxième procès, couramment appelĂ© « procès de Treblinka » : tenu Ă  DĂĽsseldorf du au [30].
  • Troisième procès : celui de Franz Stangl en 1970 Ă  DĂĽsseldorf. Celui-ci avait jusqu’alors rĂ©ussi Ă  Ă©chapper Ă  la justice en s’enfuyant Ă  l’étranger[31].

Sort des commandants

Sort des gardes et gradés SS

  • TuĂ©s par les dĂ©tenus : SS-UnterscharfĂĽhrer Max Bialas, SS-UnterscharfĂĽhrer Kurt KĂĽttner.
  • TuĂ© par les gardes ukrainiens : SS-ScharfĂĽhrer Herbert Floss.
  • TuĂ© par les partisans italiens : SS-OberscharfĂĽhrer Karl Pötzinger.
  • ExĂ©cutĂ©s par les SoviĂ©tiques : SS-Wachmann Libodenko, SS-Wachmann Pinnemann, SS-Wachmann Rogozin, SS-Wachmann Tshernievski.
  • Suicide : SS-OberscharfĂĽhrer Kurt Bolender, SS-UnterscharfĂĽhrer Erwin Kainer.
  • Mort avant la sentence (deuxième procès) : SS-ScharfĂĽhrer Albert Rum.
  • Peines de prison :
    • au premier procès : SS-UnterscharfĂĽhrer Josef Hitreider (prison Ă  vie) ;
    • au deuxième procès : SS-OberscharfĂĽhrer Heinrich Matthes, SS-RottenfĂĽhrer August-Wilhelm Miete, SS-OberscharfĂĽhrer Willy Mentz (prison Ă  vie) ; SS-OberscharfĂĽhrer Gustav MĂĽntzberger (12 ans) ; SS-OberscharfĂĽhrer Otto Stadie (7 ans) ; SS-UnterscharfĂĽhrer Erwin Lambert (4 ans) ; SS-UnterscharfĂĽhrer Franz Suchömel (6 ans).
  • AcquittĂ©s : SS-UnterscharfĂĽhrer Karl Ludwig, SS-ScharfĂĽhrer Otto Horn (deuxième procès).
  • Le cas de SS-UnterscharfĂĽhrer Erich Fuchs[32] est particulier. PrĂ©sent Ă  BeĹ‚ĹĽec, Sobibor et Treblinka, il est acquittĂ© au procès de BeĹ‚ĹĽec en 1963-1964 mais condamnĂ© Ă  4 ans de prison au procès de Sobibor en 1966.
  • Destin inconnu : SS-ScharfĂĽhrer Alfred Bölitz, SS-RottenfĂĽhrer Edwin Gense, SS-RottenfĂĽhrer Willy Grossmann, SS-ScharfĂĽhrer August Hingst, SS-HauptscharfĂĽhrer Emil Ludwig, SS-OberscharfĂĽhrer Karl Ludwig, SS-UnterscharfĂĽhrer Willy Post, SS-RottenfĂĽhrer Karl Schiffner, SS-ScharfĂĽhrer Fritz Schmidt, SS-HauptscharfĂĽhrer Karl Seidel, SS-ScharfĂĽhrer Franz Swidersky, SS-OberscharfĂĽhrer Eisold, SS-ScharfĂĽhrer Lindenmuller, SS-HauptscharfĂĽhrer Löffler, SS-OberscharfĂĽhrer Mätzig, SS-RottenfĂĽhrer Mischke, SS-UnterscharfĂĽhrer Schemmerl, SS-ScharfĂĽhrer Sidow, SS-OberscharfĂĽhrer Paul Bredow, SS-UnterscharfĂĽhrer Wengler.
  • Quelques gardes et gradĂ©s SS
  • Fritz Schmidt, l'un des responsables du fonctionnement des chambres Ă  gaz.
    Fritz Schmidt, l'un des responsables du fonctionnement des chambres Ă  gaz.
  • Les SS Paul Bredow, Willy Mentz, Max Möller, et Josef Hirtreider, qui ont exercĂ© diverses responsabilitĂ©s Ă  Treblinka.
    Les SS Paul Bredow, Willy Mentz, Max Möller, et Josef Hirtreider, qui ont exercé diverses responsabilités à Treblinka.
  • L'OberscharfĂĽhrer SS Karl Pötzinger, superviseur des chambres Ă  gaz puis responsable du kommando de crĂ©mation.
    L'Oberscharführer SS Karl Pötzinger, superviseur des chambres à gaz puis responsable du kommando de crémation.

Sort des gardes ukrainiens

  • ExĂ©cutĂ©s par les SoviĂ©tiques : SS-Oberwachmann Fedor Fedorenko, SS-Wachmann Pyotr Goncharov, SS-Wachmann Pavel Lelenko, SS-Wachmann Nikolai Malagon, SS-Wachmann Ivan Shevchenko, SS-Rottenwachmann Sergei Vassilenko, SS-Wachmann Alexander Ivanovich – Yeger.
  • ExĂ©cutĂ© par les SS (non ukrainiens) : SS-Wachmann Wasil Hermaniec.
  • Disparus, destin inconnu : SS-Wachmann Nikolay Dorofeyev, SS-Wachmann Ivan Semenovich, SS-Wachmann Nikolai Shalaiev, SS-Wachmann Andrei Vassilega, SS-Wachmann Nikolai Voronikov.
  • ÉchappĂ©s Ă  l’étranger : SS-Wachmann Bronislav Hajda, SS-Wachmann Luidas Kairys, SS-Wachmann Dimitry Korotkikh.
  • TuĂ© par les dĂ©tenus : SS-Wachmann Ivan Marchenko.

Recherches archéologiques

Durant des années, les chefs religieux de la communauté juive de Pologne et les autorités polonaises n’ont pas autorisé de fouilles archéologiques sur le site du camp de Treblinka, par respect pour les morts qui y sont inhumés. Cependant, une autorisation portant sur des fouilles archéologiques limitées a été délivrée pour la première fois en 2010 à une équipe britannique de l’université du Staffordshire qui utilisait des techniques non invasives ainsi que la télédétection par Lidar. La consistance du sol a été analysée sur site avec un radar de sol[33]. Cette analyse a permis de détecter des éléments qui étaient de nature structurelle. Les chercheurs ayant estimé que deux de ces éléments pouvaient être des restes des chambres à gaz, ils sont autorisés à poursuivre leurs recherches[34].

L’équipe d’archéologues chargée des recherches a découvert trois nouvelles fosses communes. Par respect pour les victimes, les restes humains mis au jour ont été inhumés à nouveau. La seconde excavation a mis au jour la première preuve physique de l’existence des chambres à gaz. Des carreaux estampillés avec une étoile de David, rappelant les bains juifs, ainsi qu'un mur de fondation ont ainsi été découverts. L’étoile est un logo de la fabrique de céramiques fondée par Jan Dziewulski ainsi que par les frères Józef et Władysław Lange (D✡L depuis 1886) et qui a été nationalisée par le régime communiste après la guerre[35] - [36]. Comme l’explique l’archéologue Caroline Sturdy Colls (en), ces nouvelles preuves revêtent une importance essentielle car les secondes chambres à gaz étaient abritées dans la seule construction en briques du camp. La découverte constitue par conséquent la première preuve matérielle de leur existence. En outre, dans ses mémoires décrivant son séjour dans le camp, le survivant Jankiel Wiernil explique que le sol des chambres à gaz, qu’il a contribué à construire, était constitué de carreaux semblables[37]. Ces nouvelles découvertes ont fait l’objet d’un reportage télévisuel en 2014 sur le Smithsonian Channel. D’autres recherches ont été planifiées[38].

Dans la fiction

Notes et références

  1. Mieczyslaw Chodzko, Évadé de Treblinka, Paris, Éditions Le Manuscrit-FMS, 2010.
  2. (en) Xavier Roca, « Comparative Efficacy of the Extermination Methods in Auschwitz and Operation Reinhard », Equip Revista HMiC (Història Moderna i Contemporània), Université de Barcelone, vol. 8,‎ , p. 204 (lire en ligne [PDF])
  3. KopĂłwka et Rytel-Andrianik 2011, p. 114.
  4. (en) Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN 978-2-03-583781-3), p. 548.
  5. Dictionnaire de la Shoah, p. 548.
  6. (pl) Władysław Bartoszewski et Zofia Lewinówna, Ten jest z ojczyzny mojej : Polacy z pomocą Żydom 1939-1945, Cracovie, Wydawnictwo Znak, (ISBN 978-83-240-2790-3), p. 98.
  7. Saul Friedländer 2008 p. 538-539.
  8. Saul Friedländer 2008, p. 551.
  9. Saul Friedländer 2008, p. 548.
  10. United States Holocaust Memorial Museum qui précise : « The authorities at the Treblinka II killing center consisted of a small staff of German SS and police officials (between 25 and 35) and a police auxiliary guard unit of between 90 and 150 men, all of whom were either former Soviet prisoners of war of various nationalities or Ukrainian and Polish civilians selected or recruited for this purpose. »
  11. Abraham Bomba témoigne : « Nous avions des ciseaux, nous saisissions des touffes de cheveux, coupées, on jetait tout par terre juste à côté, et en deux minutes c'était fini, même pas deux minutes car il y avait une file d'attente à côté, on travaillait comme ça, c'était très pénible, très pénible car certains des coiffeurs reconnaissaient leurs proches, épouses, mères, grand-mères et qu'ils ne pouvaient rien dire. Si on avait dit qu'elles allaient être gazées dans les 5 à 6 minutes, c'était la panique générale, et on aurait été tués » sur le site de l'USHMM.
  12. Saul Friedländer 2008, p. 549.
  13. Saul Friedländer 2008, p. 550.
  14. Saul Friedländer 2008 (2005) cf. p. 433-434).
  15. Saul Friedländer 2008 (2005) cf. p. 415, 407-443).
  16. Saul Friedländer 2008, p. 552.
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Annexes

TĂ©moignages

Travaux

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  • Saul Friedländer (trad. de l'anglais par Pierre-Emmaneul Dauzat), L'Allemagne nazie et les Juifs, t. 2 : Les annĂ©es d'extermination, Paris, Éd. du Seuil, coll. « L'univers historique », , 1028 p. (ISBN 978-2-02-020282-4).
  • (pl) Edward KopĂłwka et PaweĹ‚ Rytel-Andrianik, Dam im imiÄ™ na wieki, Biblioteka DrohiczyĹ„ska, (ISBN 978-83-7257-497-8)
  • Gitta Sereny (trad. de l'anglais par Colette Audry), Au fond des tĂ©nèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka, Paris, Tallandier, (1re Ă©d. 2007), 559 p. (ISBN 979-10-210-0064-3).
  • Michal Hausser-Gans, Treblinka 1942-1943 - Une usine Ă  produire des morts juifs dans la forĂŞt polonaise, Paris, Calmann-LĂ©vy, 2019, 380 p. (ISBN 9782702163054).

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