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John Demjanjuk

John Demjanjuk (Ivan) (en ukrainien Іван Миколайович Дем'янюк, Ivan Mikolaïevitch Demïaniouk) né le à Doubovïe Matcharinzjy (oblast de Vinnytsia, Ukraine), et mort le [1] à Bad Feilnbach, près de Rosenheim, en Allemagne, était un ukraino-américain accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis alors qu'il servait comme garde au sein de plusieurs centres d'extermination nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

John Demjanjuk
Biographie
Naissance
Décès
(à 91 ans)
Bad Feilnbach
Nom dans la langue maternelle
Іван Миколайович Дем'янюк
Nationalités
américaine (-)
apatride (à partir de )
soviétique
Allégeances
Activités
Autres informations
Armes
Grade militaire
Conflit
Condamné pour

Biographie

À partir de 1951, Demjanjuk a vécu aux États-Unis. Le , il a obtenu la nationalité américaine. Il a vécu en Indiana avec sa femme dont il avait fait la connaissance dans un camp de personnes déplacées, puis à Seven Hills, dans le comté de Cuyahoga (Ohio), où il a travaillé comme mécanicien automobile.

À la fin des années 1970, il a été accusé d'avoir été gardien au camp d'extermination de Treblinka et surnommé par les prisonniers « Ivan le terrible ». Il lui a été reproché d'avoir dirigé les installations de gazage et d'avoir assassiné plus de 100 000 Juifs. En , Israël a présenté une demande d'extradition aux États-Unis, acceptée en 1986. Demjanjuk est remis aux autorités israéliennes le à son arrivée à l'aéroport de Tel Aviv[2]. Le , Demjanjuk fut condamné à mort à Jérusalem.

Cet arrêt fut cassé le par la Cour supérieure de justice israélienne. Les juges ont estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour pouvoir établir avec certitude que Demjanjuk était bien « Ivan le terrible ». Ils se fondaient sur des dossiers du KGB d'où il ressortait que le nom de famille d'« Ivan le terrible » aurait pu être, non Demjanjuk, mais Marchenko. Bien que 18 témoins eussent identifié Demjanjuk comme « Ivan le terrible », le tribunal estima que le doute qui était apparu du fait des dossiers du KGB suffisait pour qu'un acquittement intervînt, même si les juges ont retenu que Demjanjuk avait indubitablement travaillé comme gardien dans un camp de concentration.

Après sept ans de détention, Demjanjuk est retourné aux États-Unis et a récupéré la nationalité américaine dont il avait été privé au moment de son extradition vers Israël.

Deuxième procès

En 2001, un nouveau procès contre Demjanjuk débute aux États-Unis où Edward Stutman, qui dirigeait l'enquête, présente des pièces d'archives qui convainquent le tribunal que, pendant la Seconde Guerre mondiale, Demjanjuk avait servi comme gardien dans différents camps d'extermination. Demjanjuk n'a jamais pu donner aucune indication vérifiable sur sa résidence pendant la guerre, alors qu'il a servi au moins dans les camps d'extermination de Treblinka, de Sobibor et de Majdanek ainsi que dans le camp de concentration de Flossenbürg et le camp de travaux forcés de Trawniki.

En , un tribunal américain retire à Demjanjuk sa nationalité américaine. En , son expulsion en Ukraine a été décidée, décision confirmée le .

Le , l'Allemagne annonçait qu'elle allait demander l'extradition de Demjanjuk pour sa responsabilité dans le meurtre de plus de 29 000 prisonniers juifs au camp d'extermination de Sobibor en 1943. Le Procureur de la République fédérale d'Allemagne pour les crimes contre l'humanité, Kurt Schrimm, a déclaré qu'il y avait suffisamment de preuves pour inculper Demjanjuk et a demandé au parquet de Munich, dernière résidence en Allemagne de Demjanjuk, de faire une demande d'extradition.

Le , l'extradition de John Demjanjuk a été suspendue in extremis par la justice américaine : ses avocats avaient déposé dans la journée une ultime demande de suspension de son extradition, en raison de son état de santé. Mais, début mai, une cour d'appel américaine l'a déclaré expulsable. Le , John Demjanjuk atterrit en Allemagne à Munich pour être jugé pour son rôle présumé dans le meurtre de 27 900 Juifs à Sobibor en 1943[3].

Le , le prévenu est arrivé au procès en fauteuil roulant. Vingt minutes plus tard, la séance fut interrompue, l'accusé affirmant souffrir de maux de tête. Peu après, il revenait allongé sur une civière[4].

Le , John Demjanjuk a été condamné à 5 ans de prison pour participation au meurtre de 27 900 Juifs en tant que garde du camp de Sobibor en 1943 en Pologne. Le tribunal a toutefois décidé la remise en liberté de l'accusé le jour même, après près de deux ans passés en prison avant et pendant le procès. Le tribunal a estimé que Demjanjuk, en raison de son âge, de son statut d'apatride, qui l'empêche de quitter le territoire allemand, ne présentait aucun danger et ne risquait plus d'essayer de se soustraire à la justice[5].

John Demjanjuk fait appel du jugement devant la Cour fédérale, mais le procès en appel n'a pas eu lieu du fait de son décès le dans une maison de retraite de Bad Feilnbach, dans la région de Rosenheim, en Bavière. D'un strict point de vue juridique, Demjanjuk reste donc formellement présumé innocent[6]. Le procureur général, Kurt Schrimm, pense que ceux qui surveillaient les camps d’extermination sont coupables au même titre que ceux qui actionnaient les chambres à gaz, principe que le tribunal de Munich a suivi. En l'absence de procès en appel, cette évolution de la jurisprudence allemande admettant qu'il ne soit plus nécessaire de prouver une participation active aux faits reprochés ne fut pas confirmée à ce moment[7], mais lors du procès d'Oskar Gröning en 2015.

Soixante-six ans après les faits, le procès de John Demjanjuk figure comme l'un des tout derniers procès visant à condamner les criminels de guerre nazis.

John Demjanjuk dans les œuvres de fiction

  • Le premier procès de John Demjanjuk constitue un élément littéraire important dans le roman Opération Shylock : Une confession de l'écrivain Philip Roth. Le nom de John Demjanjuk apparaît dans les premières lignes du texte[8].
  • En , Netflix publie la série « Procès d’un bourreau (en) » (The Devil Next Door), un documentaire en cinq épisodes des cinéastes israéliens Daniel Sivan et Yossi Bloch, qui se concentre sur le procès de Demjanjuk en Israël et sur les nombreux rebondissements de l'affaire[9] - [10].

Références

  1. « L’ancien garde de camp nazi John Demjanjuk est mort » sur le site du Point, 17 mars 2012.
  2. (en) Henry Kamm, « Treblinka Suspect in Israel to Face Trial », sur nytimes.com (consulté le )
  3. Dépêche de l'AFP citant la police allemande.
  4. Direct Matin et Métro du .
  5. Le Figaro.fr
  6. Ofer Aderet, Convicted Nazi criminal Demjanjuk deemed innocent in Germany over technicality, Haaretz, 23 mars 2012
  7. Anne Vidalie, Criminels nazis: "La traque n'est pas terminée", L'Express, 09/11/2013
  8. Philip Roth, Opération Shylock : Une confession, Folio (ISBN 978-2-07-040190-1)
  9. Constance Vilanova, « Sur Netflix, “Procès d’un bourreau” : un nazi rattrapé par l’Histoire », sur www.telerama.fr, Télérama, (consulté le ).
  10. (en) Allison Kaplan Sommer, « Was John Demjanjuk Really 'Ivan the Terrible'? Even the Makers of 'The Devil Next Door' Can't Agree » [« John Demjanjuk était-il vraiment « Ivan le Terrible » ? Même les créateurs de « The Devil Next Door » ne peuvent pas le dire »], sur www.haaretz.com, Haaretz, (consulté le ).

Sources

Liens externes

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