AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

CĂ©cile Kyenge

CĂ©cile Kyenge, nĂ©e Kashetu Kyenge ([kaʃetu kjeᔑɥe]) le Ă  Kambove (RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, souvent appelĂ© Congo-Kinshasa), est une femme politique italienne, membre du Parti dĂ©mocrate (PD) et ministre pour l'IntĂ©gration du gouvernement Letta de 2013 Ă  2014.

CĂ©cile Kyenge
Illustration.
CĂ©cile Kyenge, alors conseillĂšre provinciale (2009-2013).
Fonctions
Députée européenne
–
(5 ans)
Élection 24-25 mai 2014
Circonscription Italie nord-orientale
LĂ©gislature 8e
Groupe politique S&D
Députée italienne
–
(11 mois et 3 jours)
Élection 25 fĂ©vrier 2013
LĂ©gislature XVIIe
Ministre italienne pour l'Intégration
–
(9 mois et 25 jours)
Président du Conseil Enrico Letta
Gouvernement Letta
Prédécesseur Andrea Riccardi
Successeur Poste supprimé
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Kambove (République démocratique du Congo)
Parti politique Parti démocrate
DiplĂŽmĂ© de UniversitĂ© catholique du SacrĂ©-CƓur
Profession Ophtalmologue
RĂ©sidence Castelfranco Emilia

Biographie

Une formation d'ophtalmologie

AprĂšs le lycĂ©e, elle dĂ©cide d’entamer des Ă©tudes de mĂ©decine et de chirurgie Ă  l’universitĂ© mais une commission gouvernementale la dirige vers la facultĂ© de pharmacie de l’universitĂ© de Kinshasa[1]. GrĂące Ă  l’intĂ©rĂȘt d’un Ă©vĂȘque elle obtient en 1983 une des trois bourses d’étude mises Ă  disposition des Ă©tudiants congolais pour Ă©tudier la mĂ©decine Ă  l'universitĂ© catholique du SacrĂ©-CƓur oĂč elle arrive avec un visa Ă©tudiant[2]. Elle se spĂ©cialise ensuite en ophtalmologie, Ă  l'universitĂ© de ModĂšne et de Reggio d'Émilie, puis devient ophtalmologiste[3].

Ses débuts en politique

Aux Ă©lections municipales de , elle est Ă©lue Ă  ModĂšne, sous les couleurs des DĂ©mocrates de gauche (DS), alors que la coalition de L'Olivier remporte le scrutin. Elle devient aussitĂŽt aprĂšs la responsable dĂ©partementale du Forum de la CoopĂ©ration Internationale et de l’Immigration.

Cinq ans plus tard, membre du Parti dĂ©mocrate, elle est Ă©lue au conseil provincial de ModĂšne, l'alliance de gauche conservant la majoritĂ©. Elle entre alors Ă  la commission SĂ©curitĂ© sociale et politiques sociales. Elle est Ă©galement la responsable rĂ©gionale d’Émilie-Romagne des politiques d’immigration du Parti dĂ©mocrate.

De la Chambre des députés au gouvernement

À l'occasion des Ă©lections gĂ©nĂ©rales anticipĂ©es des 24 et 25 fĂ©vrier 2013, elle est candidate en Émilie-Romagne pour la Chambre des dĂ©putĂ©s et y remporte un siĂšge. Juste aprĂšs son Ă©lection au Parlement, elle soutient avec d’autres signataires (Pier Luigi Bersani, Khalid Chaouki e Roberto Speranza) une proposition de loi sur la reconnaissance de la citoyennetĂ© aux enfants d’immigrĂ©s nĂ©s sur le sol italien (dit ius soli).

Le , elle est nommĂ©e ministre pour l'IntĂ©gration, sans portefeuille, du gouvernement de grande coalition d'Enrico Letta. Elle prĂȘte serment devant le prĂ©sident de la RĂ©publique, Giorgio Napolitano, et le prĂ©sident du Conseil, Enrico Letta, le lendemain, au palais du Quirinal. Elle devient alors la premiĂšre femme noire (comme elle prĂ©fĂšre elle-mĂȘme se dĂ©finir, plutĂŽt que « de couleur »)[4] - [5] - [6] Ă  ĂȘtre nommĂ©e ministre dans l'histoire de l'Italie[7].

Sa prise de fonction fait l'objet de nombreux commentaires ou actes racistes[8], xĂ©nophobes ou sexistes sur des sites d'extrĂȘme droite, le dĂ©putĂ© europĂ©en de la Ligue du Nord Mario Borghezio insinuant qu'elle devait son entrĂ©e au gouvernement Ă  une promotion canapĂ© et l'accusant de vouloir imposer « des traditions tribales » en Italie et clamĂ© que les africains n’avaient « pas produit de grands gĂšnes ». Le gouvernement a dĂ©cidĂ© d'ouvrir une enquĂȘte aprĂšs la diffusion de ces insultes racistes[9]. À la suite d'un fait divers tragique impliquant un immigrĂ© clandestin ghanĂ©en en mai 2013, Matteo Salvini membre de la Ligue du Nord accuse « la ministre de couleur d’instigation Ă  la violence Ă  partir du moment oĂč elle dit que la clandestinitĂ© n’est pas un dĂ©lit »[10]. Les jours suivant la presse enregistre de nombreuses autres attaques racistes provenant de la Ligue[11] et d’autres groupes politiques[12].

En juillet 2013, le vice-prĂ©sident du SĂ©nat, Roberto Calderoli, durant une manifestation de la Ligue du Nord, la compare Ă  un orang-outan[13]. Ces propos sont sĂ©vĂšrement condamnĂ©s par l'ensemble des personnalitĂ©s politiques italiennes, dont la prĂ©sidente de la Chambre des dĂ©putĂ©s, Laura Boldrini, le prĂ©sident de la RĂ©publique Giorgio Napolitano[14], le prĂ©sident du Conseil Enrico Letta[13], le prĂ©sident du SĂ©nat Pietro Grasso[15], l’ONU[16], et le Vatican. L’incident a eu un grand Ă©cho mĂ©diatique, et ce Ă©galement dans la presse Ă©trangĂšre[17]. Flavio Rizzo, professeur Ă  l’universitĂ© de Tokyo, analyse le cas Kyenge Ă  travers le spectre de la dynamique raciale dans un contexte de difficile rapport Ă  la diversitĂ© en Italie[18] - [19] - [20]. À cause de la pression mĂ©diatique internationale, divers reprĂ©sentants de partis politiques[21] et le prĂ©sident du Conseil Enrico Letta[22] ont demandĂ© la dĂ©mission du vice-prĂ©sident du SĂ©nat Roberto Calderoli.

Calderoli se plaint ensuite d’ĂȘtre victime d’un sort de marabout que, pour venger sa fille, le pĂšre de Cecile Kyenge aurait jetĂ© sur lui. Depuis il ne cesserait d’ĂȘtre accablĂ© de malheurs et il voudrait que l’auteur de cette malĂ©diction la retire[23]. Ce Ă  quoi CĂ©cile Kyenge rĂ©pond qu’elle est bonne catholique et ne croit pas Ă  la sorcellerie. Son pĂšre, ClĂ©ment Kikoko Kyenge explique que le rituel pour libĂ©rer Roberto Calderoli « des mauvaises pensĂ©es et des paroles blessantes » n'appelait pas Ă  la vengeance mais que « si ses excuses ont Ă©tĂ© le fruit du calcul et de l'opportunitĂ©, les ancĂȘtres ont pu devenir nerveux »[24].

Cécile Kyenge est élue députée européenne d'Italie de la 8e législature le 25 mai 2014[25].

Elle est Ă  nouveau candidate aux Ă©lections europĂ©ennes de 2019 avec le Parti dĂ©mocrate dans la circonscription du Nord-Est sans ĂȘtre rĂ©Ă©lue puisqu’elle finit huitiĂšme[26].

Autres activités

En 2002 elle fonde l’association interculturelle DAWA (en langue swahili : mĂ©dicaments, traitement, magie, mĂ©decine, bien-ĂȘtre), avec l’objectif de promouvoir la connaissance rĂ©ciproque des cultures et dĂ©velopper des parcours d’intĂ©gration et de coopĂ©ration entre l’Italie et l’Afrique, en particulier dans la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo oĂč elle concentre majoritairement ses efforts[27]. À partir de septembre 2010 elle devient la porte-parole nationale du rĂ©seau Premier Mars qui s’occupe de promouvoir les droits des migrants.

Elle collabore avec des organismes et des associations pour des campagnes nationales sur le droit Ă  la citoyennetĂ©. Elle collabore aussi avec la revue Combonifem e Courrier Immigration. Elle a promu et coordonnĂ© le projet AFIA pour la formation de mĂ©decins spĂ©cialisĂ©s au Congo en collaboration avec l’UniversitĂ© di Lubumbashi. Elle a en outre collaborĂ© Ă  la formation de personnels sanitaires dans le domaine de la mĂ©decine de l’immigration. À travers le projet « Diaspora Africaine », dont elle a Ă©tĂ© la coordinatrice pour l’Italie du Nord, elle s’est engagĂ©e Ă  la promotion de la pleine citoyennetĂ© des immigrants.

En 2010, elle est choisie comme tĂȘte d’affiche de la campagne de sensibilisation sur l’immigration rĂ©alisĂ©e par l’Office de Rome de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)[28]. Le 27 juin 2013, le conseil communal de Terzigno lui attribut Ă  l’unanimitĂ© la citoyennetĂ© d’honneur de la commune[29]. Le 2 juillet 2013, le conseil communal de Roccella Jonica lui attribue Ă©galement la citoyennetĂ© d’honneur Ă  l’unanimitĂ©[30]. C’est aussi le cas de la commune d’Alcamo, le 1er septembre 2013[31].

Elle dirige les observateurs de l'Union européenne lors de l'élection présidentielle malienne de 2018[32].

Vie privée

NĂ©e d’une famille nombreuse aisĂ©e de l’ethnie bakunda, elle acquiert la citoyennetĂ© italienne en 1994 quand elle se marie avec un ingĂ©nieur italien de ModĂšne, originaire de Calabre[33] - [34]. CĂ©cile Kyenge est la mĂšre de deux filles, Giulia et Maisha, et vit Ă  Castelfranco Emilia[35].

Notes et références

  1. « Kyenge: "Ius soli, ddl in poche settimane.Balotelli testimonial? Buona proposta" », sur La Repubblica, (consulté le ).
  2. « Le bar de l'Europe : Cécile Kyenge », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  3. Maria Malagardis, « Cécile Kyenge : "Veni, vidi, vici" » sur Libération, 18 novembre 2016.
  4. (it) « Cécile Kashetu Kyenge ai giornalisti: "Sono nera, non di colore, e ne vado fiera (FOTO, VIDEO) », sur L'HuffPost, (consulté le ).
  5. « Kyenge: "Io di colore? No, nera e fiera. Troppi 18 mesi nei Cie per immigrati" », sur La Repubblica, (consulté le ).
  6. (it) Redazione Online, « La ministra Kyenge si presenta: «Sono nera, non di colore e lo dico con fierezza» », sur Corriere della Sera, (consulté le ).
  7. « Kyenge,1e femme noire ministre en Italie », sur Le Figaro, (consulté le ).
  8. « La ministre italienne CĂ©cile Kyenge Ă  nouveau visĂ©e par un acte raciste », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. « Italie: des insultes racistes contre la ministre de l'Intégration », sur RTBF Info, (consulté le ).
  10. « Italie: un fait divers tragique, impliquant un Ghanéen, crée une polémique xénophobe », sur RFI.fr, (consulté le ).
  11. (it) « Salvini attacca Kyenge, Ú polemica », sur lastampa.it, (consulté le ).
  12. « "Kyenge zulĂč": insulti razzisti sui siti della galassia nazi », sur La Repubblica, (consultĂ© le ).
  13. (it) « Calderoli: Kyenge sembra un orango. Napolitano indignato. Il Pd: lasci », sur Il Sole 24 ORE (consulté le ).
  14. « Calderoli: "Kyenge? Penso a un orango"Napolitano: "Un episodio che mi indigna" - Politica - Tgcom24 », sur web.archive.org, (consulté le ).
  15. « Pagina non Trovata », sur www.ilmessaggero.it (consulté le ).
  16. « Pagina non Trovata », sur www.ilmessaggero.it (consulté le ).
  17. (it) « Calderoli-Kyenge, l'insulto rimbalza sulla stampa estera », sur Corriere della Sera (consulté le ).
  18. (it) « Cécile Kyenge, il colonialismo buono e l'Europa », sur L'HuffPost, (consulté le ).
  19. (en) « Minister Kyenge Meets the Good Italians », sur Warscapes, (consulté le ).
  20. (it) « Cercando di comprendere la vergogna italiana », sur L'HuffPost, (consulté le ).
  21. « economia - home Corriere della Sera - Ultime Notizie », sur www.corriere.it (consulté le ).
  22. (it) « Calderoli-Kyenge, Letta chiede le dimissioni al vicepresidente del Sen... », sur Oggi - Attualità (consulté le ).
  23. (it) « Calderoli: "Papà Kyenge ritiri la macumba contro di me. Ho passato troppi guai" », sur Il Fatto Quotidiano, (consulté le ).
  24. « Un politique italien accuse le pÚre d'une ministre noire de l'avoir envoûté », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  25. (it) « Elezioni: la lista degli eletti italiani - EurActiv.it », sur www.euractiv.it, (consulté le ).
  26. (it) Maurizio Ribechini, « Europee, ufficiali i 76 candidati del PD: ci sono anche Kyenge, Sassoli e Smeriglio », sur BlastingPop, .
  27. (it) « Associazione Dawa ».
  28. « Organizzazione Internazionale per le Migrazioni », sur italy.iom.int (consulté le ).
  29. « Pagina non Trovata », sur www.ilmattino.it (consulté le ).
  30. « Il ministro Kyenge cittadina di Roccella Jonica Qui partÏ la polemica della Lega sullo Ius soli - IlQuotidianodellaCalabria », sur web.archive.org, (consulté le ).
  31. (it) Marcello Contento, « Ministro Kyenge: “La Sicilia Ăš il primo luogo dove iniziare le buone pratiche per l’immigrazione” – (foto) | Alqamah » (consultĂ© le ).
  32. « PrĂ©sidentielle au Mali : l’UE appelle les candidats « Ă  faire preuve de mesure » d’ici la publication des rĂ©sultats – JeuneAfrique.com », JeuneAfrique.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  33. (it) « Il marito calabrese del ministro per l’Integrazione », sur Corriere della Calabria, (consultĂ© le ).
  34. (it) « Kyenge: «PresterĂČ la voce a chi non ne ha possibilità» », sur Gazzetta di Modena, (consultĂ© le ).
  35. (it) « Kyenge: « Prestero la voce a chi non ne ha possibilita », (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.