Accueil🇫🇷Chercher

Bouvet (cuirassé)

Le Bouvet Ă©tait un cuirassĂ© de gĂ©nĂ©ration prĂ©-Dreadnought de la Marine française, lancĂ© en 1896 et coulĂ© par une mine le durant la bataille des Dardanelles, pendant la Première Guerre mondiale. Avec les cuirassĂ©s Charles Martel, JaurĂ©guiberry, Carnot et MassĂ©na, il fait partie du programme naval de 1890 dit « flotte d'Ă©chantillons Â», une sĂ©rie de navires de guerre conçus pour rivaliser avec les cuirassĂ©s britanniques de la classe Royal Sovereign.

Bouvet
illustration de Bouvet (cuirassé)
Le cuirassé Bouvet en 1912

Type Cuirassé pré-dreadnought
Histoire
A servi dans Marine nationale
Architecte Charles Ernest Huin
Chantier naval Arsenal de Lorient,
Commandé : ordre de mise en chantier
Lancement
Statut coulé le par une mine.
Équipage
Commandant Leygue (1900)
Rageot de la Touche (1915)
Équipage 591 hommes, 10 aspirants, 21 officiers
Caractéristiques techniques
MaĂ®tre-bau 21,40 m
Propulsion 3 groupes de machines Ă  vapeur Ă  triple expansion
Puissance 14 000 ch
Vitesse 18 nœuds (33 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture 400 mm
pont 90 mm
Armement 2 canons de 305 mm
2 canons de 274 mm
8 canons de 138 mm
8 canons de 100 mm
12 canons de 47 mm
15 canons de 37 mm
4 TLT de 450 mm
Aéronefs néant
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Toulon, Drapeau de la France France

Le Bouvet avait une cuirasse de 100 mm au-dessus de la cuirasse de ceinture dont le can supĂ©rieur se situait 50 cm au-dessus de la ligne de flottaison, ce qui en faisait un cuirassĂ© relativement bien protĂ©gĂ© pour sa gĂ©nĂ©ration, au-dessus de la flottaison tout au moins. Son gros point faible, comme pour tous les cuirassĂ©s français de cette Ă©poque, se situait au-dessous de la flottaison. Le compartimentage de la coque Ă©tait insuffisant et surtout mal conçu et mal disposĂ©.

Son nom vient de Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier qui découvrit l'île Bouvet en , de l'amiral François Joseph Bouvet de Précourt, compagnon de Suffren avec son père Joseph René, et surtout de l'amiral Pierre François Henri Étienne Bouvet de la Maisonneuve qui se rendit célèbre lors du « combat du Grand Port » à l'Île-de-France (Maurice), le .

Histoire

Le Bouvet est le cinquième navire de la « flotte d'Ă©chantillons Â», un groupe de cinq cuirassĂ©s de conceptions globalement similaires mais prĂ©sentant nĂ©anmoins des diffĂ©rences suffisantes pour ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme des navires Ă  part.

Le Bouvet faisait partie de l'escadre expédiée par la France dans la bataille des Dardanelles, sous le commandement de l'amiral Guépratte. Le , l'amiral britannique John de Robeck lance une attaque conjuguée contre les bastions de Turquie défendant le détroit des Dardanelles et le Bouvet était un des quatre cuirassés français constituant la seconde ligne.

Les navires anglais, au centre du dispositif, cherchaient à localiser et détruire les batteries côtières turques. Ils étaient flanqués, à gauche, du Gaulois et du Charlemagne et, à droite, du Bouvet et du Suffren.

Le Bouvet coule aux Dardanelles, le .

Le Bouvet reçut 8 impacts de l'artillerie turque qui ne lui causèrent que des dommages lĂ©gers. Sa tourelle de 305 mm situĂ©e Ă  l'avant fut mise hors d'Ă©tat de tirer après 6 coups par suite de l'asphyxie de ses servants, consĂ©quence de la mise hors service accidentelle de l'Ă©couvillonnage pneumatique prĂ©vu pour chasser les gaz dĂ©lĂ©tères dans le tube du canon après le tir. Lorsque l'amiral de Robeck donna l'ordre de la retraite, le Bouvet heurta quelques instants plus tard, dans la baie d'Erin Keui, une mine qui Ă©tait restĂ©e indĂ©celĂ©e jusqu'alors. Il s'agissait probablement d'une mine mouillĂ©e dans la nuit du 7 au 8 mars par le torpilleur turc Nousret.

Ă€ 13 h 58, la mine toucha le cuirassĂ© au centre Ă  tribord, sous la ligne de flottaison, au niveau de la tourelle de 274 mm. Une Ă©norme explosion causa une profonde voie d'eau qui envahit une vaste zone des machines du navire. Le navire se coucha très rapidement, en particulier du fait d'une conception erronĂ©e du compartimentage de la coque, typique des cuirassĂ©s conçus en France Ă  cette Ă©poque. Ces cuirassĂ©s furent qualifiĂ©s de « chavirables » par le grand ingĂ©nieur des constructions navales et du GĂ©nie maritime Émile Bertin qui dĂ©nonça cette erreur mais qui ne fut pas Ă©coutĂ© par le Conseil des travaux. L'eau pĂ©nĂ©tra rapidement dans les cheminĂ©es. En moins d'une minute seulement, le cuirassĂ© coulait, emportant avec lui la plus grande partie de ses quelque 700 hommes d'Ă©quipage. Quelques-uns furent sauvĂ©s par une vedette du Prince George croisant Ă  proximitĂ© immĂ©diate. Le radio du bord, notamment, fut arrachĂ© inconscient Ă  son poste et ne se rĂ©veilla qu'une fois repĂŞchĂ©, ne gardant aucun souvenir des Ă©vĂ©nements. Le personnel de la tourelle avant qui Ă©tait sorti pour Ă©chapper Ă  l'asphyxie, put ĂŞtre entièrement sauvĂ©. Les blessĂ©s furent ensuite soignĂ©s sur le navire hĂ´pital français Canada.

Au total, 75 hommes survĂ©curent, dont 5 officiers. Avec les blessĂ©s morts Ă  l'hĂ´pital, cette tragĂ©die coĂ»ta la vie Ă  648 marins, dont le capitaine de vaisseau Rageot de la Touche qui, sur la passerelle, aurait pu se sauver, mais qui choisit dĂ©libĂ©rĂ©ment de se laisser couler avec son bâtiment, le capitaine de frĂ©gate commandant en second Jean Autric et le capitaine de frĂ©gate Eugène Cosmao Dumanoir, son adjoint chargĂ© de la sĂ©curitĂ©.

Conséquences

Les survivants du naufrage recueillis sur le pont du HMS Agamemnon.

Malgré la perte du Bouvet, l'escadre britannique resta inconsciente du danger présenté par les mines, croyant que cette perte avait été causée par des torpilles. Deux autres cuirassés britanniques, l'HMS Ocean et l'HMS Irresistible, furent coulés eux aussi par des mines dérivantes. Le croiseur de bataille HMS Inflexible fut quant à lui endommagé plus tard par d'autres mines. Lors du combat du 15 mars, le Gaulois, plus récent que le Bouvet mais tout aussi obsolète, fut touché sous la flottaison à l'avant par un obus à trajectoire sous-marine. Il réussit à s'échouer sur l'île « aux lapins » ; il ne fait aucun doute que s'il avait été atteint dans une partie plus centrale, il aurait subi le même sort que le Bouvet. Réparé, il sera équipé de caissons latéraux pour en améliorer sa stabilité latérale. Lorsqu'il fut à son tour torpillé en 1916, les caissons permirent cette fois-ci à l'équipage d'avoir le temps d'évacuer.

Le Suffren qui avait subi de sérieux dommages dans ses superstructures mais s'en était tiré indemne sous la flottaison, devait rencontrer le même destin quand il fut torpillé par le sous-marin U 52 le . Il disparut en quelques instants. Il n'y eut aucun survivant. La perte du Bouvet fit abandonner la stratégie d'attaque navale de front pour prendre Constantinople, et privilégier une stratégie de débarquement terrestre à Gallipoli qui ne se révéla pas moins désastreuse.

HĂ©ritage

Une rue de Brest porte aujourd'hui le nom du cuirassé Bouvet. De nombreuses cartes postales, gravures et tableaux (dont un au musée de l'Armée à Paris) relatent l'événement.

Le musée de Meaux présente la partition d'un chant patriotique en trois couplets, composé en souvenir des disparus du cuirassé Bouvet : "Les marins du Bouvet", paroles de Paul Atnof, et musique de A. Deroy. Ce document est exposé à proximité d'une maquette du navire.

Un boulevard de Lorient porte le nom d'Eugène Cosmao Dumanoir, capitaine de frégate, chargé de la sécurité du Bouvet, qui se sacrifia pour faire évacuer le navire au moment du naufrage.

EstimĂ©e d'après l'article de L'Illustration, la position de l'Ă©pave serait approximativement la suivante : 40° 01′ 15″ N, 26° 16′ 30″ E

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « French battleship Bouvet » (voir la liste des auteurs).
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d’Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0).
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ă©ditions Ouest-France, , 427 p. (ISBN 2-7373-1129-2 et 978-2-737-31129-1, OCLC 32311307).
  • François Cochet (dir.) et RĂ©my Porte (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « InĂ©dit ; Bouquins. », , 1120 p. (ISBN 978-2-221-10722-5, OCLC 265644254).
  • Le CuirassĂ© d'escadre Bouvet, par Luc FĂ©ron, monographie de plus de 200 pages entièrement consacrĂ©e au cuirassĂ©.
  • Voir aussi le site NavimodĂ©lisme RC
  • L'Illustration no 3763 du - pages 392 et 393
  • Gary Sheffield, La première Guerre mondiale en 100 objets : Ces objets qui ont Ă©crit l'histoire de la grande guerre, Paris, Elcy Ă©ditions, , 256 p. (ISBN 978 2 753 20832 2), p. 70-71

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.