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Île Bouvet

L'Ăźle Bouvet[1] (en norvĂ©gien BouvetĂžya) est une Ăźle volcanique[2] norvĂ©gienne inhabitĂ©e de l'ocĂ©an Atlantique sud situĂ©e Ă  la limite nord de la plaque antarctique, Ă  1 695 km au nord du continent antarctique, Ă  1 859 km Ă  l'est de l'Ăźle Montagu, dans l'archipel des Ăźles Sandwich du Sud et Ă  2 518 km au sud-sud-ouest du cap de Bonne-EspĂ©rance. NommĂ©e d'aprĂšs son dĂ©couvreur français Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, elle est possession norvĂ©gienne depuis 1927.

Île Bouvet
BouvetĂžya (no)
Carte de l'Ăźle Bouvet.
Carte de l'Ăźle Bouvet.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge
Archipel Aucun
Localisation Océan Atlantique, Plaque antarctique
CoordonnĂ©es 54° 25â€Č 17″ S, 3° 22â€Č 04″ E
Superficie 49 km2
Point culminant Olavtoppen (780 m)
GĂ©ologie
GĂ©ologie Île volcanique
Type Volcan de rift
Activité Endormi
DerniĂšre Ă©ruption vers 50 aprĂšs J.C.
Code GVP 386020
Observatoire Aucun
Administration
Statut DĂ©pendance de la NorvĂšge
DĂ©mographie
Population Aucun habitant
Autres informations
DĂ©couverte 1739
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique
(Voir situation sur carte : océan Atlantique)
Île Bouvet
Île Bouvet
Géolocalisation sur la carte : océan Austral
(Voir situation sur carte : océan Austral)
Île Bouvet
Île Bouvet
Île en Norvùge

GĂ©ographie

L'Ăźle Bouvet - une terre difficile d'approche.

L'Ăźle Bouvet, qui appartient Ă  la NorvĂšge, est une Ăźle inhabitĂ©e dans l'ocĂ©an Atlantique sud dont le point culminant, appelĂ© Olavtoppen[3], atteint 780 m. D'une superficie[3] de 49 km2, elle est couverte Ă  93 % par une Ă©paisse calotte glaciaire qui bloque les cĂŽtes au sud et Ă  l'est[4].

Glacier de la cĂŽte ouest de l'Ăźle Bouvet.

Ses 29,6 kilomĂštres de littoral[5] sont souvent entourĂ©s par des glaces dĂ©rivantes. Chaque Ă©tĂ© austral, des pans de glaciers tombent des hautes falaises d'origine volcanique dans la mer ou sur les plages de sable noir. L'Ăźle ne bĂ©nĂ©ficiant d'aucun port, il est particuliĂšrement difficile pour les navires de s'en approcher ; l'hĂ©licoptĂšre embarquĂ© s'avĂšre ainsi le moyen le plus aisĂ© pour y accĂ©der[3]. Sur la cĂŽte ouest, un rĂ©cif de roche de lave, apparu entre 1955 et 1958, est devenu un site de nidification pour les oiseaux[4].

La tempĂ©rature annuelle moyenne est de −0,7 °C, et l'Ăźle prĂ©sente une faible amplitude thermique ; en Ă©tĂ©, les tempĂ©ratures s'Ă©lĂšvent rarement Ă  plus de + 2,0 °C[6]. En raison du climat rigoureux et de la faible superficie libre de glace, il n'existe qu'une maigre vĂ©gĂ©tation de lichens et de mousses[3]. La faune se compose notamment de phoques, d'Ă©lĂ©phants de mer, d'oiseaux de mer et de plusieurs espĂšces de manchots : manchot AdĂ©lie, manchot Ă  jugulaire, gorfou dorĂ©[3].

L'Île Bouvet fait partie des Ăźles les plus isolĂ©es du monde[7], la terre la plus proche est la terre de la Reine-Maud, elle-mĂȘme inhabitĂ©e, situĂ©e Ă  1 696 km au sud[4].

Climat

L'Ăźle Bouvet a un climat de type ET (Polaire de Toundra) avec comme record de chaleur 10,6 °C les 14 et et le . Comme record de froid : −18,7 °C les 8 et . La tempĂ©rature moyenne annuelle est de −0,7 °C.

Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
TempĂ©rature minimale moyenne (°C) 0 0,2 −0,1 −0,6 −2,2 −4 −5,2 −5,4 −5,2 −3,5 −2,1 −0,8 −2,7
TempĂ©rature moyenne (°C) 2,1 2,5 1,9 1,2 −0,3 −2,3 −3,3 −3,2 −2,9 −1,3 0 1,5 −0,7
TempĂ©rature maximale moyenne (°C) 4,2 4,8 3,8 3 1,6 −0,5 −1,3 −0,8 −0,6 1 2,1 3,8 1,4
Record de froid (°C) −2,6 −2,2 −3,2 −4,7 −9,7 −10,2 −14,8 −15 −18,7 −15,2 −8,4 −4,1 −18,7
Record de chaleur (°C) 10,2 10,2 10,6 7,7 5,6 5,2 3,8 5,9 7,3 8,7 8,3 10,6 10,6
Source : le climat à Ile Bouvet (en °C et mm, moyennes mensuelles 1971/2005 et records depuis 1979)[8].

Histoire

Photo de l'expédition norvégienne qui annexe l'ßle en 1927.

L'Île Bouvet fut dĂ©couverte, le [6], par le français Jean-Baptiste Bouvet de Lozier, commandant de l'expĂ©dition australe menĂ©e, au nom du roi de France Louis XV, par les frĂ©gates L'Aigle et Marie. Ne sachant pas s'il s'agissait d'une Ăźle ou de l'extrĂ©mitĂ© septentrionale d'un hypothĂ©tique continent antarctique, Bouvet baptisa cette terre cap de la Circoncision, du nom de la fĂȘte religieuse du jour de la dĂ©couverte.

En 1772, lors de son deuxiĂšme voyage autour du monde Ă  bord du Resolution, James Cook[9], Ă©quipĂ© du nouveau chronomĂštre de prĂ©cision K1, permettant une mesure fiable de la longitude, chercha l'Ăźle trois semaines durant et ne trouva rien. Il se mit Ă  douter de l’existence de cette terre, pensant que l'Ăźle Ă©tait une Ăźle fantĂŽme et que Bouvet avait dĂ» apercevoir un iceberg gĂ©ant qui, par mauvais temps, pouvait apparaĂźtre comme une terre couverte de glace en raison de sa partie infĂ©rieure sombre.

En 1808, un baleinier anglais, James Lindsay[6], aperçut une ßle dans cette région et la nomma Lindsay Island, mais la longitude était différente de celle enregistrée par Bouvet.

Image satellite de l'Ăźle Bouvet (NASA).

Le premier homme ayant foulĂ© le sol de l'Ăźle Bouvet fut vraisemblablement, en 1822, le capitaine Benjamin Morrell qui, en compagnie de son Ă©quipage, chassait le phoque, mais faute d'avoir communiquĂ© des relevĂ©s prĂ©cis et d'avoir eu la prĂ©tention de baptiser cette nouvelle terre, il rata l'occasion d'ĂȘtre le re-dĂ©couvreur de l'Ăźle[6].

En 1825, un autre Anglais, George Norris, dĂ©crivit une Ăźle par 54° Sud semblable Ă  celle dĂ©crite par Bouvet. Il l’appela Liverpool, y accosta et prĂ©tendit en prendre possession au nom du roi George IV[6]. Mais il signala Ă©galement une autre Ăźle au nord-est sur laquelle il accosta et qu'il nomma Thompson, ce qui portait la confusion Ă  son comble. L’üle Bouvet existait-elle vraiment ? Auquel de ces accostages correspondait-elle ?

Le mystĂšre aurait Ă©tĂ© Ă©clairci, en 1898, par l’expĂ©dition allemande Valdivia qui, aprĂšs des mois de ratissage systĂ©matique de la zone, retrouva l’üle Bouvet[6]. L’exploration des alentours sembla prouver que les Ăźles Lindsay, Liverpool et Thompson n’étaient en fait qu’une seule et mĂȘme Ăźle, l’üle Bouvet, les navigateurs ayant Ă©tĂ© trompĂ©s par les conditions mĂ©tĂ©orologiques, l'absence d'un ciel clair permettant, la nuit, de les renseigner sur leur position, et d'une terre proche leur servant de point de repĂšre. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, une nouvelle Ă©tude rĂ©vĂšle que l'Ăźle Thompson serait en rĂ©alitĂ© une Ăźle fantĂŽme disparue dans une Ă©ruption volcanique dans les annĂ©es 1890[10].

En 1927, Bouvet devint une Ăźle norvĂ©gienne[6]; en effet, personne n'y avait encore sĂ©journĂ©, ce que fit un Ă©quipage norvĂ©gien qui y vĂ©cut pendant un mois. Les baleiniers norvĂ©giens rebaptisĂšrent l’üle : BouvetĂžya. En 1971, la NorvĂšge dĂ©clara l'Ăźle Bouvet et les eaux environnantes rĂ©serve naturelle[3]. Le pays y installa, en 1977, une station mĂ©tĂ©o automatisĂ©e[6].

Le eut lieu l'incident Vela[11] : un satellite enregistra un flash de lumiĂšre pouvant ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une explosion nuclĂ©aire entre l'Ăźle Bouvet et l'archipel du Prince-Édouard.

Les 20 et , le navire d'expĂ©dition Hanse Explorer s'est rendu jusqu'Ă  l'Ăźle Bouvet, dans le cadre de L'ExpĂ©dition pour le futur. PilotĂ©e par six QuĂ©bĂ©cois[12], l'expĂ©dition comptait neuf personnes, de cinq pays diffĂ©rents. Ils ont rĂ©ussi, sur ces deux jours, l'ascension d'un des derniers territoires inexplorĂ©s par les humains[13] - [14]. Ils y ont plantĂ© le drapeau norvĂ©gien (maintenant dans un musĂ©e Ă  Oslo) et ont mesurĂ© prĂ©cisĂ©ment le sommet Ă  774 m pour les archives du Scott Polar Research Institute de l'universitĂ© de Cambridge.

Quatre premiers grimpeurs, Aaron Halstead, Will Allen, Bruno Rodi et Jason Rodi, ont Ă©tĂ© les premiers humains Ă  gravir le plus haut sommet de l'Ăźle de roches volcaniques et de glace (rĂ©pertoriĂ© Ă  780 mĂštres). Ils ont laissĂ© une capsule temporelle contenant au sommet des visions de l'avenir pour 2062. Le lendemain matin, l'expert alpiniste nĂ©o-zĂ©landais Aaron Halstead a menĂ© Ă  nouveau les cinq autres grimpeurs : Sarto Blouin, Seth Sherman, Chakib Bouayed, Cindy Sampson et Ákos Hivekovics jusqu'au sommet[15].

Voir aussi

La cĂŽte occidentale de l'Ăźle.

MĂȘme si l'Ăźle est inhabitĂ©e, elle possĂšde son propre code Internet international : .bv (sur la liste TLD de code de pays)[16].

En 1964, un canot de sauvetage abandonnĂ© fut dĂ©couvert sur les rivages de l'Ăźle, avec des provisions Ă  son bord ; cependant, les passagers de cette embarcation ne furent jamais retrouvĂ©s[17] - [4]. Il est probable que l'embarcation ait Ă©tĂ© abandonnĂ©e sur l'Ăźle par l'expĂ©dition soviĂ©tique Slava en novembre 1958, les occupants ayant dĂ» ĂȘtre Ă©vacuĂ©s de l'Ăźle par hĂ©licoptĂšre en raison du mauvais temps[18].

Notes et références

  1. (fr) Commission nationale de toponymie, conseil national de l'information géographique, Pays, territoires et villes du monde juillet 2021, , 34 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 24
  2. Partie émergée d'un volcan de la dorsale médio-atlantique.
  3. L'ßle Bouvet sur le site Les manchots. Consulté le .
  4. L'ßle Bouvet sur le site de Lonely Planet. Consulté le .
  5. Source : CIA World Factbook. Consulté le .
  6. (en) The south atlantic and subantarctic islands : Bouvetoya Lire en ligne. Consulté le .
  7. Jacques Nougier, « Ăźles-fantĂŽmes et rĂ©cifs de nulle part », Jeune Marine,‎ , p. 38-40 (ISSN 2107-6057)
  8. .
  9. James Cook et l'ßle Bouvet sur t-extreme.ifrance.com. Consulté le .
  10. (en) P.E. Baker, « Historical & Geological Notes on Bouvetoya », British Antarctic Survey Bulletin, vol. 13,‎ , p. 71-84 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
  11. (en) L'incident Vela sur nuclearweaponarchive.org. Consulté le .
  12. (en) « Une expédition québécoise et humaniste partira du Cap Horn le 8 février pour un périple de 33 jours à la découverte de l'ßle Bouvet, le point le plus isolé au monde », sur www.newswire.ca (consulté le )
  13. (en) Paloma Migone, « Kiwi explorer's first on remote summit », sur Stuff, (consulté le )
  14. (en) « Aaron Halstead - the summit of Bouvet Island | A Gallery from Nine To Noon | RNZ National », sur RNZ (consulté le )
  15. « Making History – Summiting of the most remote land on Earth | ExpĂ©dition pour le futur 2012 - Expedition for the Future » (consultĂ© le )
  16. Code Internet de l'ßle Bouvet sur indexmundi.com. Consulté le 12 juin 2008.
  17. Mike Dash, « Le mystÚre du canot de sauvetage abandonné sur l'ßle la plus isolée du monde », sur Ulyces, (consulté le )
  18. (en) Mike Dash, « An abandoned lifeboat at world’s end », sur A Blast From The Past, (consultĂ© le )

Annexes

Source

  • (en) Philip Edwards, James Cook: The Journals, prepared from the original manuscripts by J. C. Beaglehole 1955-67, Penguin Books, Londres, 2000 (ISBN 978-0140436471)

Lien externe

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