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Biogéographie historique

La biogĂ©ographie historique prend deux sens selon les spĂ©cialistes qui l'invoquent. En fait, il s'agit de deux branches particuliĂšres de la biogĂ©ographie confondues sous le mĂȘme vocable.

Le premier sens est celui employĂ© par les biologistes et Ă©cologues : Ă  la croisĂ©e de l’écologie, la gĂ©ologie, la gĂ©ographie et la systĂ©matique, Ă©tudie la rĂ©partition des taxons dans divers lieux du monde afin de dĂ©couvrir quelles sont les relations mutuelles entre leurs distributions gĂ©ographiques. La biogĂ©ographie historique peut ĂȘtre dĂ©finie comme l’analyse des relations entre la structure et l’histoire des peuplements d’une part, et l’histoire gĂ©ologique de la surface du globe, d’autre part. Ses Ă©chelles temporelles vont du temps profond gĂ©ologique aux observations rĂ©centes liĂ©es au rĂ©chauffement climatique.

Le second sens prend en compte l'Histoire humaine. Longtemps, la tendance des biogĂ©ographes a Ă©tĂ© de vouloir dĂ©crire la rĂ©partition spatiale des ĂȘtres vivants dans une Terre vierge de toute influence anthropique. Ce fut notamment l'approche de Pierre Birot dans Les formations vĂ©gĂ©tales du globe. Il est, pourtant, parfaitement impossible de comprendre la rĂ©partition, par exemple, des paysages de France sans l'Histoire et la gĂ©ographie rurale : openfields, bocages, finages, dĂ©frichements... . Le concept de climax est ainsi devenu contestable. Les forĂȘts actuelles ne sont pas comprĂ©hensibles sans tenir compte ni des hĂ©ritages de la reconquĂȘte glaciaire, elle mĂȘme entremĂ©lĂ©e Ă  la conquĂȘte des espaces par l'Homme moderne, ni de l'exploitation des forĂȘts, des dĂ©frichements, de la dĂ©gradation des sols, des opĂ©rations de restaurations effectuĂ©es, de la sylviculture, des lois des Eaux et ForĂȘts, etc.

DĂ©finition 1

En biogĂ©ographie Ă©cologique, les biogĂ©ographes examinent essentiellement la distribution des taxons afin de dĂ©couvrir les raisons de cette distribution en aires gĂ©ographiques particuliĂšres : conditions Ă©cologiques, mĂ©canismes Ă©volutifs, facteurs physico-chimiques etc. En biogĂ©ographie historique, les biogĂ©ographes Ă©tudient ces mĂȘmes distributions et y combinent les relations phylogĂ©nĂ©tiques Ă©tablies entre ces taxons pour infĂ©rer l’histoire gĂ©ographique des taxons ainsi que des relations historiques entre les aires biogĂ©ographiques (biogĂ©ographie historique au sens strict) ou les biomes dans lesquels sont distribuĂ©s ces taxons.

Le botaniste Augustin De Candolle fut le premier Ă  faire la distinction entre biogĂ©ographie historique et Ă©cologique. D’aprĂšs lui, la biogĂ©ographie Ă©cologique s’appuie sur l’étude des causes Ă©cologiques agissant dans le temps prĂ©sent, tandis que la biogĂ©ographie historique cherche Ă  retracer des Ă©vĂ©nements dont les causes ont disparu. NĂ©anmoins, cette opposition est due, comme souvent, aux anciennes mĂ©thodes qui Ă©taient essentiellement narratives, c'est-Ă -dire qui consistent Ă  faire des rĂ©cits de voyages ou d'expĂ©riences des scientifiques, et on s’aperçoit aujourd’hui que la frontiĂšre entre les deux disciplines n’est pas aussi nette lorsque l’on utilise des mĂ©thodes analytiques.

En ce qui concerne la biogĂ©ographie historique, la discipline s’intĂ©resse d’une part aux phĂ©nomĂšnes Ă  grande Ă©chelle de l’histoire gĂ©ologique de la surface du globe : dĂ©rive des continents, formation des ocĂ©ans, mise en contact de masses continentales, formation de systĂšme insulaires etc. D’autre part, il s’agit d’analyser les relations entre la structure et l’histoire des peuplements c'est-Ă -dire la parentĂ© entre les taxons et leur histoire gĂ©ographique mais aussi la parentĂ© entre les aires gĂ©ographiques elles-mĂȘmes et leur propre histoire.

Ainsi on distingue deux groupes de mĂ©thodes en biogĂ©ographie historique : la panbiogĂ©ographie, la biogĂ©ographie cladistique et l’analyse de parcimonie de l’endĂ©micitĂ© visent Ă  reconstruire les relations de parentĂ© entre les aires alors que la biogĂ©ographie phylogĂ©nĂ©tique, la phylogĂ©ographie ou l’analyse d’aire ancestrale cherchent Ă  mettre en Ă©vidence l’histoire gĂ©ographique des taxons.


DĂ©finition 2


La biogéographie historique est aussi l'approche recherchant l'influence anthropique historique sur la répartition des espÚces et des formations végétales. Elle passe par l'étude de l'Histoire et de la géographie rurales, des systÚmes sylvo-agro-pastotaux, des finages, de l'évolution des sols, des aires urbaines, de l'insertion des espÚces invasives et ornementales, des aménagements anthropiques.

Histoire de la biogéographie historique (sens 1)

La Paradis de Linné

Carl von LinnĂ© (1707-1778) supposait que toutes les espĂšces et organismes avaient Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par Dieu et vivaient avec Adam et Ève dans le Paradis. Celui-ci devait donc offrir des climats permettant Ă  toutes les espĂšces de vivre. Ainsi, LinnĂ© imaginait le Paradis comme une Ăźle primordiale situĂ©e sous l’Équateur, oĂč les espĂšces de climat chaud vivaient dans des plaines et une immense montagne accueillait les espĂšces de climat froid. Les espĂšces prĂ©fĂ©rant des conditions intermĂ©diaires pouvaient vivre Ă  des altitudes intermĂ©diaires.

LinnĂ© considĂ©ra ensuite que les continents s’étaient Ă©tendus Ă  mesure que les ocĂ©ans se retiraient vers le large, permettant aux animaux et plantes de coloniser par divers moyens les terres nouvellement Ă©mergĂ©es.

Ces Ă©noncĂ©s furent Ă  la base de plusieurs idĂ©es fondamentales Ă  propos de la nature du monde vivant : il existe une petite aire oĂč les espĂšces « apparaissent » et d’oĂč elles migrent et se dispersent vers d’autres aires Ă  mesure que ces derniĂšres deviennent accessibles aux espĂšces qui peuvent y survivre. Ce type d’énoncĂ© correspond aux thĂ©ories que l’on appelle plus frĂ©quemment aujourd’hui centre d’origine et dispersion. D’autres idĂ©es sous-jacentes pouvaient ĂȘtre tirĂ©es des Ă©noncĂ©s de LinnĂ© : les espĂšces Ă©taient toutes crĂ©Ă©es au mĂȘme moment et toutes les aires continentales, Ă  l’exception d’une Ăźle (le Paradis), Ă©taient submergĂ©es par les ocĂ©ans.

Bien que les connaissances sur la biodiversitĂ© du globe Ă©taient pauvres Ă  l’époque, on supposait que l’écologie pouvait expliquer la distribution des organismes vivants : diffĂ©rentes aires gĂ©ographiques de la Terre devaient ainsi ĂȘtre peuplĂ©es par les mĂȘmes espĂšces si ces aires prĂ©sentaient la mĂȘme altitude et latitude ainsi que le mĂȘme type de substrat et de climat. Un contemporain de LinnĂ©, George Leclerc, Comte de Buffon (1707-1788) contredit rapidement ceci. Ayant Ă©tudiĂ© les mammifĂšres des environnements tropicaux d’Afrique et d’AmĂ©rique, il fit remarquer qu’il n’avait trouvĂ© aucune espĂšce commune aux deux continents et cela malgrĂ© des conditions Ă©cologiques identiques. PremiĂšrement qualifiĂ© d’anomalie, le constat fut pourtant le mĂȘme pour toutes les Ă©tudes menĂ©es durant les 50 annĂ©es suivantes, notamment les Ă©tudes des plantes d’Afrique et d’AmĂ©rique du Sud par Alexander Von Humboldt (1769-1859), celles des insectes par Pierre-AndrĂ© Latreille (1762-1833) ainsi que l’étude des reptiles par Georges Cuvier (1769-1832).

Toutes ces recherches arrivaient Ă  la mĂȘme conclusion : les deux zones n’avaient aucune espĂšce en commun bien que partageant les mĂȘmes latitudes, types de substrat et climats. Si Buffon ne remit pas en cause la notion de centre d’origine et dispersion, il commença Ă  Ă©mettre des doutes sur le fait que toutes les espĂšces Ă©taient crĂ©Ă©es de façon indĂ©pendante et immuable : les espĂšces, forcĂ©es d’abandonner leur aire d’origine, auraient subi des altĂ©rations qui les rendraient mĂ©connaissables Ă  premiĂšre vue. En fait, le point de vue qu’il adoptait Ă©tait Ă©volutionniste. Ainsi Buffon modifia lĂ©gĂšrement les explications de LinnĂ© en incluant l’idĂ©e que les organismes, aprĂšs avoir Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par Dieu (et donc de façon parfaite dans le contexte fixiste de l’époque), devaient changer, dĂ©gĂ©nĂ©rer ( Ă©voluer en fait) en une espĂšce diffĂ©rente pendant leur dĂ©placement de leur habitat (ou centre d’origine que Buffon dĂ©signe sous le nom d’ « Ancien Monde », le « Paradis » de LinnĂ©) vers d’autres aires. Cette idĂ©e est directement imputable Ă  Buffon bien que souvent attribuĂ©e Ă  Charles Darwin (1809-1882) Ă  la suite de la publication de De l'origine des espĂšces en 1859.

La géographie botanique de De Candolle

Augustin de Candolle (1806-1893), publia un essai en 1820 dans lequel il rĂ©sume les connaissances de l’époque sur la « gĂ©ographie des plantes ». De Candolle fut le premier Ă  faire une distinction entre deux branches de la biogĂ©ographie. En effet, dans son essai, il utilise deux termes peu familiers dans l’usage moderne : « stations » et « habitations ». Aujourd’hui, la biogĂ©ographie Ă©cologique correspond Ă  l’étude de ces « stations », que l’on appelle aujourd’hui habitats et la biogĂ©ographie historique correspond Ă  l’étude des « habitations » (Ă  ne pas confondre avec le terme moderne d’habitat) correspondant plus ou moins au terme d’aire d’endĂ©misme :

« On exprime par le terme de station, la nature spĂ©ciale de la localitĂ© dans laquelle chaque espĂšce a coutume de croĂźtre, et par celui d'habitation, l'indication gĂ©nĂ©rale du pays oĂč elle croĂźt naturellement. Le terme de station est essentiellement relatif au climat, au terrain d'un lieu donnĂ© ; celui d'habitation est plus relatif aux circonstances gĂ©ographiques et mĂȘme gĂ©ologiques. »

De Candolle crĂ©a une liste d’ « habitations » qu’il nomma « rĂ©gions botaniques », c'est-Ă -dire des espaces qui accueillent un certain nombre de plantes aborigĂšnes (ou indigĂšnes). Ici, au lieu de s’attendre Ă  trouver les mĂȘmes espĂšces dans des rĂ©gions soumises aux mĂȘmes conditions Ă©cologiques, on s’attend Ă  rencontrer des espĂšces diffĂ©rentes d’une rĂ©gion botanique Ă  l’autre.

Les parentés biogéographiques de Wallace

Alfred Wallace (1823-1913) fut le premier Ă  suggĂ©rer une possible parentĂ© entre diffĂ©rentes aires gĂ©ographiques. Afin d’émettre des hypothĂšses de parentĂ© entre les aires, il utilisait une approche comparative avec trois sujets : exemple pour les sujets A, B et C : A et B sont plus Ă©troitement apparentĂ©s entre eux que l’un et l’autre ne l’est de C. DĂšs 1863, Wallace explorait les faunes des Ăźles de BornĂ©o, Java, Sumatra et du continent asiatique. Afin de dĂ©finir les parentĂ©s, il s’appuya sur les nombres relatifs de taxons endĂ©miques Ă  ces rĂ©gions. Ainsi, Java possĂ©dait davantage d’espĂšces endĂ©miques d’oiseaux et d’insectes que BornĂ©o et Sumatra, Wallace en dĂ©duit que cette Ăźle avait dĂ» ĂȘtre sĂ©parĂ©e du continent plus tĂŽt que les deux autres.

Bien qu’ambiguĂ«s et peu rigoureuses, ses observations furent les prĂ©mices de ce qu’est aujourd’hui la biogĂ©ographie historique : la recherche des liens de parentĂ© entre les aires et leur histoire gĂ©ologique.

Les branches de la biogéographie historique

L’étude des distributions de taxons met en Ă©vidence des distributions disjointes Ă  travers le globe terrestre, en effet on peut trouver des espĂšces trĂšs proches phylogĂ©nĂ©tiquement vivant dans des aires gĂ©ographiques trĂšs Ă©loignĂ©es. Ces patterns de distributions disjointes sont Ă  la base des Ă©tudes biogĂ©ographiques et trouvent deux explications diffĂ©rentes :

  • soit l’ancĂȘtre commun Ă  ces taxons vivait dans une aire et s’est rĂ©pandu vers les autres aires oĂč ses descendants ont survĂ©cu jusqu’à aujourd’hui,
  • soit l’ancĂȘtre commun Ă©tait originellement rĂ©pandu dans une aire trĂšs Ă©tendue qui s’est fragmentĂ©e en aires plus petites oĂč ses descendants ont survĂ©cu jusqu’à aujourd’hui.

Ces explications font respectivement appels aux processus de dispersion et de vicariance.

La biogéographie de dispersion

Durant des siĂšcles, la dispersion fut la thĂ©orie la plus utilisĂ©e pour expliquer les distributions des espĂšces, y compris les distributions disjointes. Cette thĂ©orie reste, en effet, en accord avec l’idĂ©e du Paradis de LinnĂ©. La « tradition biblique » veut que toutes les espĂšces aient Ă©tĂ© crĂ©Ă©es et placĂ©es dans le paradis avant de coloniser les aires accessibles.

Durant le siĂšcle suivant, la thĂ©orie de centre d’origine et dispersion fut l’explication dominante en biogĂ©ographie historique. Darwin et Wallace considĂ©raient que les espĂšces vivaient en un centre d’origine, Ă  partir duquel quelques individus se dispersaient avant de « changer » et survivre ou non dans le cadre de la sĂ©lection naturelle.

La biogéographie de vicariance

Des curateurs du Muséum américain d'histoire naturelle (AMNH), à New York, Rosen puis Nelson et Platnick, figurent parmi les fondateurs de la biogéographie de la vicariance, méthode d'analyse de la biogéographie historique alliant la systématique cladistique de Hennig à l'aspect statistique de la Panbiogéographie de Croizat[1].

Les distributions disjointes de taxons peuvent aussi ĂȘtre expliquĂ©es par le processus de vicariance, il s’agit de la sĂ©paration d’une population ancestrale en plusieurs populations dĂ©rivĂ©es Ă  la suite de la formation d’une barriĂšre. Il existe des approches diffĂ©rentes en biogĂ©ographie de la vicariance selon la mĂ©thode de reconstruction des histoires des distributions que l’on utilise.

La panbiogéographie de Croizat

La panbiogĂ©ographie est la premiĂšre mĂ©thode d’analyse et de synthĂšse de la biogĂ©ographie de vicariance Ă  avoir Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e. La panbiogĂ©ographie fut crĂ©Ă©e par le botaniste LĂ©on Croizat (1894-1982). Cette mĂ©thode, essentiellement qualitative, couvre les principales dimensions de l’ Ă©volution : le temps, l’espace, la forme. Il y a diffĂ©rentes mĂ©thodologies applicables Ă  la panbiogĂ©ographie mais la plus rĂ©pandue reste celle des tracĂ©s.

Le principe est de :

  • localiser les aires de distributions d’un taxon, incluant les formes fossiles
  • sur une carte gĂ©ographique, relier les distributions connues de ce taxon par une ligne, appelĂ©e tracĂ© ou parfois trace (« tracks »)
  • localiser des nƓuds (« nodes »), c'est-Ă -dire des aires oĂč s’interceptent d’importants tracĂ©s Ă  l’échelle intercontinentale

Parfois, des taxons phylogĂ©nĂ©tiquement Ă©loignĂ©s peuvent partager le mĂȘme tracĂ©, dans ce cas on parle de tracĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ© ou tracĂ© standard. L’existence de ces tracĂ©s gĂ©nĂ©ralisĂ©s indique que les taxons ancestraux avaient de vastes distributions qui ont Ă©tĂ© fragmentĂ©es par certains Ă©vĂ©nements ou mĂ©canismes. Le partage de ces tracĂ©s standards par des taxons ayant des modes de dispersion diffĂ©rents induit que la dispersion ne peut pas ĂȘtre le mĂ©canisme commun gĂ©nĂ©rant ce tracĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©.

Croizat Ă©mit donc l’hypothĂšse que ce mĂ©canisme commun pouvait ĂȘtre la vicariance : la mise en place de barriĂšres aurait sĂ©parĂ© des populations pendant un certain temps, conduisant Ă  des spĂ©ciations. De plus, l’emplacement de certains nƓuds au sein d’ Ă©tendues ocĂ©aniques lui permit de conclure que la gĂ©ographie de la terre avait certainement changĂ© au cours des temps : sa panbiogĂ©ographie Ă©tait effectivement fondĂ©e sur le fait que la Terre et la vie avaient Ă©voluĂ© ensemble. Tout comme RenĂ© Jeannel en 1942, Croizat soutint la thĂ©orie de la dĂ©rive des continents par des arguments biogĂ©ographiques, et ses idĂ©es furent ensuite soutenues par la thĂ©orie de la tectonique des plaques, lorsque celle-ci fut clairement Ă©tablie.

L’approche de Croizat fut nĂ©anmoins jugĂ©e comme pas assez rigoureuse par certains biogĂ©ographes cladistes. Mais le biologiste Roderic Page dĂ©veloppa une approche quantitative Ă  la panbiogĂ©ographie de Croizat, il mit en Ă©vidence l’existence d’une base mathĂ©matique au concept de tracĂ©s gĂ©nĂ©ralisĂ©s, la panbiogĂ©ographie pourrait ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme application des rĂ©sultats de la thĂ©orie des graphes Ă  la biogĂ©ographie.

La biogéographie cladistique

La biogĂ©ographie cladistique est dĂ©crite comme la reconstruction des relations historiques entre les aires, et non entre les taxons comme c’est le cas en biogĂ©ographie phylogĂ©nĂ©tique, phylogĂ©ographie ou en analyse d’aire ancestrale. La biogĂ©ographie cladistique classe des aires biogĂ©ographiques, sur la base de distributions de taxons terminaux et de cladogrammes de leur relation de parentĂ© car elle admet que les relations phylogĂ©nĂ©tiques infĂ©rĂ©es entre les taxons sont informatives pour les relations historiques entre les aires biogĂ©ographiques.

Une mĂ©thode de la biogĂ©ographie cladistique est de crĂ©er des cladogrammes d'aires (ou « area cladograms » ou « arĂ©agrammes »), des cladogrammes rĂ©sumant les relations phylogĂ©nĂ©tiques entre les taxons de diffĂ©rentes aires biogĂ©ographiques. On infĂšre ensuite un pattern gĂ©nĂ©ral de relations phylogĂ©nĂ©tiques entre les aires biogĂ©ographiques elles-mĂȘmes. Une analyse biogĂ©ographique cladistique comprend ainsi deux Ă©tapes : d’abord construire des cladogrammes d'aires Ă  partir des cladogrammes des taxons utilisĂ©s puis la construction de cladogrammes d'aires gĂ©nĂ©raux.

Les cladogrammes d'aires sont construits en remplaçant le nom des taxons terminaux par le nom des aires qu’ils peuplent. La construction peut paraĂźtre triviale si tous les taxons sont endĂ©miques Ă  une aire unique ou chaque aire n’abrite qu’un seul taxon mais elle peut s’avĂ©rer compliquĂ©e si on a des cladogrammes de taxons trĂšs rĂ©pandus (le taxon est prĂ©sent dans plusieurs aires), si des aires sont manquantes (on ne la retrouve pas dans le cladogramme), ou si des distributions sont redondantes (les aires abritent plus d’un taxon du mĂȘme cladogramme de taxons.).

Les mĂ©thodes de construction de cladogrammes en biogĂ©ographie cladistique sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes qu’en phylogĂ©nie classique :

  • analyse de parcimonie de Brooks (Brooks Parcimony Analyses, BPA)
  • analyse Ă  trois Ă©lĂ©ments (3ia, incluant des Three-Area Statements dans le cadre de la biogĂ©ographie)
  • mĂ©thode des arbres rĂ©conciliĂ©s (« Reconciled Trees »)

Notes et références

  1. Philippe Janvier, « Avant-propos », Biosystema, Paris, SociĂ©tĂ© française de systĂ©matique, no 7 « SystĂ©matique & BiogĂ©ographie historique - Textes historiques et mĂ©thodologiques »,‎ , p. I-II (ISBN 2-906892-06-8, ISSN 1142-7833).

Voir aussi

Ouvrages (sens 1)

Ouvrages (sens 2)

ALEXANDRE F., GENIN A., « TemporalitĂ©s dans la biosphĂšre, les trois temps de la vĂ©gĂ©tation. » L’Information GĂ©ographique, volume 69, , Echelles et temporalitĂ©s, pp 45-65.

AMAT J.-P., La forĂȘt entre guerre et paix, Ă©tude de biogĂ©ographie historique sur l’axe meusien, de l’Argonne et de la WoĂ«vre, thĂšse d’Etat de GĂ©ographique, Lille, UniversitĂ© de Lille 1, 1999, 1116 p. , 3 volumes + 1 volume d’annexes de 171 p

BERTRANG G., « L’archĂ©ologie du paysage dans la perspective de l’écologie historique » dans ArchĂ©ologie du paysage, Actes du colloque, Tours, Caesarodunum 13, 1978.

BERTRAND G., « La végétation dans le géosystÚme. Phytogéographie des montagnes Cantabriques centrales », Revue de géographie des Pyrénées et du Sud-ouest, tome 57 n°3 (juillet-), Toulouse, PU du Mirail, 1986.

BERTRAND G., La nature en gĂ©ographie, un paradigme d’interface, Toulouse, UniversitĂ© Le Mirail, 1991, 16 p.

BERTRAND G., « Pour une histoire écologique de la France rurale » dans DUBY G., WALLON A. (Sous la direction de), Histoire de la France rurale (en 4 tomes), Paris, Seuil, 1994

BILLEN C., « Le massif domanial d’Anlier, observation croisĂ©e des forestiers, des botanistes et des historiens », dans Colloques phytosociologiques XX, Bailleul 1991, DUBOIS J.-J. et GĂ©hu J.-M. (dir.), Berlin-Stuttgart, J. Cramer, 1993, J. CRAMER, 1993, pp 191-202

BIROT Pierre, Les formations vĂ©gĂ©tales du globe, Paris, SEDES, 1965. CLEMENT V., « frontiĂšre, reconquĂȘte et mutation des paysages vĂ©gĂ©taux entre Duero et systĂšme central du XIe au milieu du XVe siĂšcle », MĂ©langes de la Casa de VelĂĄzquez tome XXIX-1, Madrid, Casa de VelĂĄzquez, 1993, pp 87-126

DELESIS-DUSSOLIER A., « Histoire du paysage par l’analyse de la vĂ©gĂ©tation : l’exemple des haies », Revue Hommes et terres du Nord n°2-3, Lille, Institut de gĂ©ographie, FacultĂ© des lettres de Lille, 1986, pp 110-115

DELESIS-DUSSOLIER A., « Le paysage vu dans les bocages, relations avec les types phytosociologiques », 17e congrÚs phytosociologique, Versailles, 1998, dans Colloques Phytosociologiques XVII, Stuttgart, J. CRAMER, 1998.

DUBOIS J.-J., Espaces et milieux forestiers dans le Nord de la France – Etude de biogĂ©ographie historique, ThĂšse d’Etat, Paris, UniversitĂ© de Paris I, 1989, 2 volumes, 1024 p.

DUBOIS J.-J., « L’approche de la biogĂ©ographie historique : concepts, mĂ©thodes, limites Ă  l’interface de la phytodynamique et de l’histoire forestiĂšre » dans Colloques phytosociologiques XX, Bailleul 1991, DUBOIS J.-J. et GĂ©hu J.-M. (dir.), Berlin-Stuttgart, J. Cramer, 1993, J. CRAMER, 1993, pp 7-13.

DUBOIS J.-J., « La place de l’histoire dans l’interprĂ©tation des paysages vĂ©gĂ©taux », MĂ©langes de la Casa de VelĂĄzquez XXX-1, Madrid, Casa de VelĂĄzquez, 1994, pp 231-251

GALOCHET M., HOTYAT M., « L’Homme, facteur de diversitĂ© en milieu forestier », Bulletin de l’Association des GĂ©ographes Français, 2001-2, pp 151-163.

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Les bocages : histoire écologique et économique, Rennes, INRA, ENSA, Université de Rennes, 1976.

SIMON L., Les Paysages végétaux, Paris, Armand Colin, 1998, 95 p

Articles connexes

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