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Carte géographique

Une carte géographique est une représentation d'un espace géographique. Elle met en valeur l'étendue de cet espace, sa localisation relative par rapport aux espaces voisins, ainsi que la localisation des éléments qu'il contient. Les cartes servent également à représenter des phénomènes géographiques, c'est-à-dire des phénomènes dont la configuration spatiale produit du sens.

Esquisse explicative de la plus ancienne carte géographique connue (époque sumérienne, env. 2500 av. J.-C.)
Carte mondiale datant de 1154 réalisée par Al Idrissi pour Roger II de Sicile (ici retournée à 180°).
Tabula Rogeriana, dessiné par Muhammad al-Idrisi pour Roger II de Sicile (ici retournée à 180°).

Les applications de ce type de représentation sont aussi variées que la navigation, l'aménagement du territoire, les études démographiques ou la communication. La discipline qui a pour objet la création et l'étude des cartes géographiques est la cartographie.

Histoire

Carte de France de 1843

La plus ancienne carte connue remonte à 2600 av. J.-C. en Mésopotamie[1]. Elle fut découverte sur le site de la Ville de Ga-Sur[2], sous la forme d'une tablette de terre cuite censée représenter une vision du territoire de l'actuel Irak du Nord.

Sous l’influence de la civilisation grecques, les bases scientifiques de la représentation du monde s’ébauchèrent. Pythagore et Aristote déduisirent la forme sphérique de la Terre, puis Ératosthène (276-194 av J-C) le premier calcula le rayon terrestre. La carte du monde qu’on lui attribue, mais dont ne connait que des interprétations décrirait les contours Méditerranéens, l’Europe, la Libye et esquisse le sous-continent indien, en utilisant méridiens et parallèles. Ptolémée au début de notre ère, compilera l’ensemble du savoir cartographie de l’Antiquité dans son ouvrage « La géographie » publié à Alexandrie, qui restera la base du savoir cartographique pour 14 siècles. Il invente également la première projection conique[3].

Les premières cartes sont établies au jour le jour, au fur et à mesure des explorations terrestres ou maritimes, et étaient complétées à la suite des nouvelles découvertes ; on trouve ainsi des cartes anciennes sur lesquelles des portions sont restées blanches.

À la fin du XIIIe siècle, les portulans apparaissent : ils représentent les ports de commerce, les amers (objets fixes et visibles servant de point de repère en mer ou sur la côte), les îles et les abris. Ces cartes, ancêtres des cartes marines, comportaient un réseau de lignes correspondant aux divisions de la rose des vents qui permettaient aux navigateurs d’évaluer les caps à la boussole. Issues et destinées à la navigation[4]. Typiquement, utilisées par les navigateurs, les portulans ne détaillent pas l'intérieur des terres.

À partir des grandes découvertes, dès la fin du XVe siècle, sont développées les représentations par planisphères et mappemondes. La carte de Mercator (1569), était avant tout une carte marine. Il a conçu une projection cylindrique qui porte son nom. Cette projection est parfaitement à la navigation de l’époque parce que les méridiens y sont des lignes droites parallèles et les angles y sont conservés (la projection est dite conforme), ce qui permet de représenter comme une droite la courbe appelée loxodromie, soit la meilleure route maritime possible à l’époque. Toujours utilisée, la projection de Mercator est critiquée parce qu’elle ne conserve ni les distances ni les surface[5].

Jusqu'au XVIIIe siècle, la langue française utilise indifféremment les mots carte et mappe qui a donné le terme mappemonde ainsi que le vocable anglais map (carte). Ainsi l'administration du Royaume de Piémont Sardaigne réalise à la fin du XVIIIe siècle, dans le Duché de Savoie, le premier cadastre européen appelé mappe sarde.

En France, Colbert amorça le premier projet de carte topographique du Royaume. Seulement 9 feuillets parurent en 1678[6]. Mais il fallut attendre la fin du XVIIIe siècle pour trouver la première carte topographique complète du territoire, produite de manière systématique, la Carte de Cassini. Elle est dressée par quatre générations de cartographes tous issus de la famille Cassini, au XVIIIe siècle. Cette carte imposante comporte 181 feuilles au 1/86 400 qui, mises côte à côte forment un carré de 11 mètres de côté. Cette prouesse cartographique est entièrement réalisée par triangulation de 1756 à 1815.

En 1817, sous la Seconde Restauration, Laplace préconisa l’établissement d’une nouvelle carte de France au 1/50 000 qui ne fut achevée qu’en 1870, cette carte dite Carte de l’état-major et s’avéra insuffisante techniquement dès sa sortie. On adopta alors la projection conforme de Lambert, toujours en usage aujourd’hui[4].

Modernité

À partir de la 2e guerre mondiale, l’utilisation de la photo aérienne s’est généralisée dans la production cartographique pour en devenir véritablement la base. Cependant le passage de la photographie à la carte est complexe. L’utilisation de la stéréoscopie puis de la photo-restitution (photogrammétrie) permet de corriger pour « les déformations du faisceau perspectif de la photographie et de le transformer en projection orthogonale »[6]. L’avènement de la photo numérique rendra possible la production d’orthoimage, une photo projetée sur une surface géoréférencée, ce qui la rend directement superposable à une carte. Ce procédé nécessite de lier géométriquement les pixels de l’image à un modèle numérique de surface[7]. L’imagerie satellitaire viendra encore décupler ces possibilités avec l’avènement du programme Landsat en 1972 et l’essor de la géomatique, mot qui désigne l’ensemble des opérations cartographiques réalisées par des ordinateurs[6].

Description

Étendue géographique

Carte céleste du XVIIe siècle, réalisée par le cartographe hollandais Frederik de Wit.

L'étendue géographique d'une carte peut être très restreinte comme très vaste. À un extrême se trouvent les plans d'architectes se limitant à l'emprise d'un bâtiment ou d'un ensemble de bâtiments ; à l'autre extrême se trouvent les cartes mondiales représentant l'ensemble du globe terrestre.

Une carte géographique peut représenter aussi bien la surface terrestre usuelle que les mers et océans, fonds marins, l'atmosphère, le sous-sol, un monde légendaire ou imaginaire.

Une carte géographique peut également représenter un espace géographique dans le passé, le présent ou le futur, ou extra-terrestre : carte du ciel, de la Lune, de planètes comme Mars ou Vénus.

Types de carte

Les cartes géographiques peuvent être classée en trois types :

  • les cartes topographiques, qui recensent et dĂ©crivent de façon prĂ©cise et dĂ©taillĂ©e les Ă©lĂ©ments naturels du terrain, tel le relief, l’hydrographie en utilisant une symbologie conventionnelles : courbes de niveau, relief ombrĂ©, traits bleus pour reprĂ©senter les cours d’eau. Dans ce type de carte, une attention particulière est accordĂ©e au positionnement prĂ©cis des objets reprĂ©sentĂ©s ;
  • les cartes chorographiques, qui ont l’ambition de dĂ©crire l’ensemble des, et tout au moins d’en souligner les points remarquables, Elles reprĂ©sentent Ă  la fois les Ă©lĂ©ments anthropique (les villes, les routes, les frontières, les services publics) et les Ă©lĂ©ments naturels. Elles ont souvent recours Ă  des icĂ´nes (pictogrammes, idĂ©ogrammes) en guise de symboles ponctuels, ou quelquefois Ă  des numĂ©ros qui renvoient Ă  un index. Les cartes politiques et touristiques sont de cet ordre ;
  • les cartes thĂ©matiques, qui reprĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement un phĂ©nomène unique. Contrairement aux prĂ©cĂ©dentes, elles sont analytiques et explicatives[6]. On a recours par exemple des symboles ponctuels ou linĂ©aires graduĂ©s en taille, des polygones hachurĂ©s de diffĂ©rents espacements, ou par exemple Ă  des gradations de couleur pour reprĂ©senter l’intensitĂ© d’un phĂ©nomène quantitatif (carte dite choroplèthe)[8]. On dĂ©coupe habituellement les sĂ©ries quantitatives en classes. Il existe diverses mĂ©thodes de discrĂ©tisation des classes (classes Ă©gales, progression gĂ©omĂ©trique, seuils naturels), ces mĂ©thodes renvoient Ă  la cartographie statistique[4]. L’ensemble de ces procĂ©dĂ©s renvoie Ă  l’idĂ©e de sĂ©miologie graphique.

Du point de vue de la bibliothéconomie, les cartes géographiques se présentent comme des documents d’une seule feuille (des monographies), ou font partie d’une série de cartes. On parle alors de feuillets cartographiques (Arnaud, 2015)[9]. Ces feuillets sont répertoriés au sein de cartes index (anciennement appelés tableau d’assemblage qui représente la position relative des différents feuillets. Par exemple, La carte topographique du Québec au 1/20 000 comprend 2765 feuillets[10].

Phénomènes cartographiés

Tout phénomène pouvant être localisé peut être représenté sur une carte géographique.

Une classification des cartes peut être établie par la nature des phénomènes cartographiés. Voici des exemples de types de cartes :

Localisation

Les phénomènes identifiés sur une carte géographique peuvent être localisés de deux manières différentes :

  • par positionnement direct. La position d'un phĂ©nomène est donnĂ©e par ses coordonnĂ©es. Ces coordonnĂ©es peuvent ĂŞtre calculĂ©es grâce Ă  des outils graphiques tels que la rose des vents, l'Ă©chelle, un carroyage, une grille ou un cadre disposant des amorces d'une grille. Par exemple, les cartes modernes prĂ©sentent couramment des repères permettant de localiser les coordonnĂ©es fournies par un Ă©quipement GPS ;
  • par positionnement indirect. La position d'un phĂ©nomène peut ĂŞtre dĂ©duite de la position d'autres phĂ©nomènes. Par exemple : une ville peut ĂŞtre localisĂ©e par l'intersection d'une route et d'une rivière. Cette mĂ©thode de localisation est facilitĂ©e par la prĂ©sence de points de repère. Ces derniers peuvent ĂŞtre des cours d'eau et des villes sur des cartes Ă  petite Ă©chelle ou bien des points remarquables du paysage pour les cartes Ă  plus grande Ă©chelle.

Représentation

Représentation en anamorphose : cartogramme des listes en tête au premier tour par canton des élections régionales françaises de 2015.

Une carte géographique est une représentation. Elle s'inscrit dans une démarche de communication. Par conséquent, les conventions graphiques utilisées doivent être adaptées au lectorat ciblé et ne sont pas universelles. Elles ont évolué au cours du temps et continuent à évoluer en fonction de la culture des auteurs ou des lecteurs, de même que les unités de mesures (yard, coudée, verges, mètre, etc.). En effet, selon les pays et les domaines d'application les mêmes entités peuvent être représentées de manières différentes. Les conventions graphiques utilisées pour représenter les phénomènes sur une carte sont décrites dans sa légende.

Malgré les différences culturelles évoquées ci-dessus, les éléments graphiques suivants peuvent être trouvés sur une majorité de cartes géographiques :

  • des surfaces reprĂ©sentant des phĂ©nomènes ayant une Ă©tendue : une forĂŞt, une Ă©tendue d'eau, la zone d'impact d'une catastrophe par exemple ;
  • des lignes reprĂ©sentant des phĂ©nomènes ayant une extension spatiale unidirectionnelle : une limite, un tronçon de rĂ©seau, un itinĂ©raire par exemple. Sur certaines cartes, ces lignes peuvent prendre l'apparence de flèches pour symboliser un dĂ©placement ;
  • des symboles peuvent reprĂ©senter des phĂ©nomènes tels que les marĂ©es et courants (flèches vectorielles) ainsi que la profondeur de l'eau, la position des bancs de sable, rĂ©cifs, phares, etc. (cartes marines) ;
  • des symboles reprĂ©sentant des phĂ©nomènes ponctuels tels qu'un arbre isolĂ© sur une carte de randonnĂ©e, l'Ă©picentre d'un sĂ©isme ou une ville sur une carte du Monde ;
  • des textes permettant de prĂ©ciser la nature d'autres Ă©lĂ©ments graphiques tels que ceux Ă©voquĂ©s ci-dessus : le nom d'une forĂŞt, d'un point d'eau, un numĂ©ro de rue, par exemple ;
  • des ornements dont l'iconographie complète l'information topographique tels que des AmĂ©rindiens ou des castors sur les cartes de l'AmĂ©rique du Nord au XVIIe siècle[11].

Les progrès de l'informatique permettent maintenant de visualiser une carte avec une simulation « 3D » de relief, ou un ou plusieurs fond de couches SIG, ou un assemblage d'images satellite en relief exacerbé (avec Google Earth, par exemple, qui est un logiciel permettant de survoler virtuellement tout le globe terrestre). Certains logiciels permettent de plonger dans l'eau ou sous le sol, dès lors que des bases de données ad hoc, décrivant ces zones sont disponibles.

Support des cartes

Traditionnellement les cartes géographiques sont représentées sur un support plan. Quand la représentation concerne tout le globe terrestre, on parle alors d'un planisphère ou d'une mappemonde. Cependant, d'autres supports peuvent être utilisés :

  • un globe terrestre ;
  • carte en relief : un support en relief reprĂ©sentant l'altitude et la hauteur des Ă©lĂ©ments constituant le site reprĂ©sentĂ© ;
  • carte dĂ©matĂ©rialisĂ©e : une carte sur ordinateur ou Ă©quipements Ă©lectroniques embarquĂ©s (systèmes d'aide Ă  la navigation par exemple) ;
  • vue 3-D : une reprĂ©sentation en 3 dimensions, Ă  l'aide d'outils informatiques, prenant en compte l'altitude ou la hauteur des phĂ©nomènes cartographiĂ©s.

Notes et références

  1. Elle se trouve au musée sémitique de l'Université de Harvard.
  2. Située à 320 km au nord de la cité de Babylone.
  3. Cuenin, René, Cartographie générale, Paris, Eyrolles, 323 p., p. 22-36
  4. Béguin, Michèle et Pumain, Denise, La représentation des données géographiques, Paris, Armand Colin, 255 p., p. 125-143
  5. (en) Jacques Delevsky, « L'invention de la projection de Mercator et les enseignements de son histoire », Isis, vol. 34, no 2,‎ , p. 110–117 (ISSN 0021-1753 et 1545-6994, DOI 10.1086/347761, lire en ligne, consulté le )
  6. Joly, Fernand, La cartographie, Paris, Presses universitaires de France, , 127 p., p. 59-64
  7. Caloz, Régis et Callot, Claude, Précis de télédétection, t. 4, Presse de l'Université du Québec à Montréal, p. 89-91
  8. Lambert, Nicolas, cartographe., Manuel de cartographie : principes, méthodes, applications (ISBN 978-2-200-61285-6 et 2-200-61285-0, OCLC 1013902128, lire en ligne)
  9. Jean-Luc Arnaud, « Éléments pour une définition des séries cartographiques », Documentation et bibliothèques, vol. 61, no 4,‎ , p. 148–158 (ISSN 2291-8949 et 0315-2340, DOI 10.7202/1033435ar, lire en ligne, consulté le )
  10. « Cartes topographiques à l'échelle de 1/20 000 - Données Québec », sur donneesquebec.ca (consulté le )
  11. Alban Berson, « À quoi servent les ornements sur les cartes anciennes? », sur Carnet de la Bibliothèque nationale, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Atlas du XIXe siècle, Ă©d. 2002, J. Charlier (sous la dir.), Nathan
  • L'Atlas du Monde diplomatique, 1re Ă©dition janvier 2003, 2e Ă©d. fĂ©vrier 2006 ; cartes gĂ©opolitiques (conflits, rapports de force), de la mondialisation, environnementales, de l'Asie
  • Jacques LĂ©vy, 2004, La Carte, enjeu contemporain, coll. La Documentation photographique, dossier no 8036, La Documentation française
  • L'Atlas des atlas, hors-sĂ©rie du magazine Courrier international, mars 2005 ; historique de la cartographie, utilisation des cartes par les États, utilisations diverses (en art notamment)
  • Jean-Christophe Victor & al., 2005, Le Dessous des Cartes, Atlas gĂ©opolitique, Ă©d. Tallandier-Arte
  • Alexis Bautzmann (dir.), Atlas gĂ©opolitique mondial, Ă©dition millĂ©simĂ©e, Ă©d. du Rocher

Cartes anciennes

Techniques

Liens externes

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