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Bibans

Les Bibans (en arabe : Ű§Ù„ŰšÙŠŰšŰ§Ù†, al-BÄ«bān ; en berbĂšre : â”‰â”ĄâŽ°â”â”“â”–âŽ»â”, Iwanughen) sont une chaĂźne de montagnes qui culmine Ă  1 862 mĂštres d'altitude dans le Nord de l'AlgĂ©rie, entre la vallĂ©e du fleuve Sahel-Soummam et les hautes plaines de la Medjana dans la « Petite Kabylie » et constituant une partie de l'Atlas tellien.

Bibans
Carte topographique de la Kabylie avec les Bibans au sud-ouest.
Carte topographique de la Kabylie avec les Bibans au sud-ouest.
GĂ©ographie
Altitude 1 862 m, Djebel Mansourah
Massif Atlas tellien
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Wilayas Bouira, Bordj Bou Arreridj, Béjaïa, Sétif, Médéa, M'Sila
GĂ©ologie
Roches Roches sédimentaires

En partie territoire de la tribu kabyle des Aït Abbas (Beni AbbÚs), elle a été marquée, entre les XVIe et XIXe siÚcles, par le rayonnement de la Kalùa des Beni AbbÚs et du royaume éponyme.

Toponymie

Ce massif montagneux est le lieu d'un passage stratĂ©gique nommĂ© en berbĂšre Taggurt (« la porte ») ; l'usage considĂ©rant souvent deux passages (un petit et un grand), le secteur est aussi nommĂ© au pluriel Tiggura (« les portes »). C'est de ces mots berbĂšres qu'est donnĂ© le nom arabe (al-BÄ«bān), puis en français les Portes de Fer, Ă  ce passage ; ensuite, par extension dans ces deux langues, le mot arabe Bibans (« les portes ») est employĂ© pour dĂ©signer le massif entier[1].

Avant la colonisation française, ce massif montagneux avait pour nom en arabe Ouannougha[2], qui dĂ©rivait du nom berbĂšre du massif â”‰â”ĄâŽ°â”â”“â”–âŽ»â” (Iwanughen)[3]. C'est encore le nom d'Ouanougha[4] que porte la seule cĂ©draie de ce massif, situĂ©e sur le versant nord du djebel Choukchot, deuxiĂšme plus haut sommet du massif (environ 1 820 m).

Les Romains appelaient la chaĂźne mons Ferratus (« montagne de fer »)[5].

GĂ©ographie

Vue sur les Bibans de Sour El-Ghozlane.

Situation

Les Bibans sont formĂ©s de roches schisteuses et marneuses de l’AlgĂ©rie centrale[6], faisant partie de l'Atlas tellien et dominant la plaine des Beni Slimane et la dĂ©pression de l'oued Sahel-Soummam[7].

La chaĂźne comporte deux dĂ©filĂ©s trĂšs Ă©troits et tourmentĂ©s (les Biban ou Portes) qui assurent le passage de la vallĂ©e de l’oued Sahel au bassin de l’oued Bou Sellam. Ces dĂ©filĂ©s de franchissement difficile ont Ă©tĂ© creusĂ©s dans des couches de schistes marneux redressĂ©es Ă  la verticale, les gorges sont traversĂ©es par l’oued Chebba (Bab el-kebir) et par l’oued Bou Ktoun (Bab es-Sghir)[6].

Le massif des Bibans s’étend du massif du Titteri Ă  l'ouest aux Babors Ă  l'est, au sud de la chaĂźne du Djurdjura, il fait jonction avec le Hodna au sud. Il s’étend sur les wilayas de : Bouira, Bordj Bou Arreridj, BĂ©jaĂŻa[5], MĂ©dĂ©a, SĂ©tif et M'Sila[8] - [9] - [10].

GĂ©ologie

Les monts des Bibans sont Ă  dominance calcaire, leur composition prend les aspects d’un relief karstique oĂč se succĂšdent gouffres, grottes, crevasses, balcons, belvĂ©dĂšres et riviĂšres intĂ©rieures[5]. Sur leurs flancs, on retrouve des sources thermales ; trois d’entre elles sont trĂšs actives, prĂ©sentent un dĂ©bit important, une tempĂ©rature gĂ©nĂ©ralement supĂ©rieure Ă  60 degrĂ©s[5].

Principaux sommets

Tableau des principaux sommets des Bibans avec leurs altitudes et leurs localisations :

Nom Altitude en mĂštres Notes et localisations
Djebel Mansoura 1 862[11] Au sud de la ville de Mansoura (Bordj Bou Arreridj)[12].
Kteuf 1 860[8] Il sĂ©pare la plaine de la Medjana du Hodna[13].
Choukchot 1 836[13] - [8] Sur les frontiĂšres ouest des wilayas de Bordj Bou Arreridj et de M'Sila.
Djebel Dira 1 812[8] Il domine Sour El Ghozlane (Bouira), remarquable par ces forĂȘts et ces pĂąturage[8].
Guergour 1 800[8] Hammam Guergour (SĂ©tif)[14].
Megris (Megeres) 1 736[8] Au nord d'El Ouricia, sud-ouest d'Amoucha (SĂ©tif)[14] - [12].
Moutene (Tafertast) 1 691[13] Au nord-ouest de Medjana (Bordj Bou Arreridj)[14] - [12].
Anini 1 540[8] Au sud de la ville d'AĂŻn Roua (SĂ©tif)[14].
Morissan 1 497[13] Au nord-est de Medjana (Bordj Bou Arreridj)[14].
Chouf Aissa (Mnaguer) 1 461[8] Il domine la plaine de SĂ©tif[8].
M'zita 1 457[11] Au nord de la ville de Mansoura (Bordj Bou Arreridj)[12].
Afrocen 1 453[8] Le point culminant du Ouennougha[8].
Affroun 1 464[15] Au nord-est de Taguedit (Bouira).
Tagdid (Taguedit) 1 450[15] Au sud de Taguedit (Bouira).
Ketaf 1 434[16] À l'ouest de Taguedit (Bouira).
Zamoura 1 380[8] Bordj Zemoura (Bordj Bou Arreridj)[14].
Anechar 1 415[17] - [12] Djaafra (Bordj Bou Arreridj).
Djebel Bounda 1 364[18] À l'est de la KalĂąa des Beni AbbĂšs (BĂ©jaĂŻa)[15].
Djebel Bouzid 1 308[16] Sur les frontiĂšres des wilayas de Bordj Bou Arreridj et de Bouira.
Azrou n SaĂŻd 1 283[12] Sur les frontiĂšres des wilayas de Bordj Bou Arreridj et de Bouira.
Guela (KalĂąa) 1 200[14] La KalĂąa des Beni AbbĂšs (BĂ©jaĂŻa)[14].

Note : Ce tableau n'inclut pas tous les sommets.

Faune

Parmi les mammifĂšres qui vivent dans la rĂ©gion des Bibans de Bordj Bou Arreridj : le loup africain, le chat sauvage, la genette, la gerboise, le hĂ©risson, l’hyĂšne rayĂ©e, le lapin de garenne, le liĂšvre brun, le porc-Ă©pic, le renard roux et le sanglier, en plus de pas moins de 25 espĂšces d’oiseaux (les plus rĂ©pandues sont : la grive, la perdrix, le merle, le moineau, l’aigle, l’alouette, la bĂ©cassine, le chardonneret
)[19].

Flore

Les espĂšces les plus frĂ©quentes dans la rĂ©gion des Bibans, au nord et au nord-ouest de Bordj Bou Arreridj sont : le chĂȘne vert avec 15 438 ha, le cĂšdre avec 812 ha, l’eucalyptus avec 1 183 ha, l’alfa et autres buissons avec 3 250 ha. La rĂ©gion a une forte prĂ©sence de pins d'Alep, qui s’étend sur une superficie de 61 752 ha[19].

Histoire

ChaĂźne des Bibans.

L'itinĂ©raire de la grande « Porte », n'a Ă©tĂ© empruntĂ© qu’à partir du XVIe siĂšcle, par les Ottomans qui le suivirent parce qu’il correspondait au trajet le plus court entre Alger et le Beylik de l'Est. Les tribus montagnardes qui gardaient cette voie percevaient, Ă  chaque passage des colonnes ottomanes, un droit dont la somme Ă©tait fixĂ©e d’avance[6].

Dans l’AntiquitĂ© et pendant le Moyen Âge les voies de communication les plus suivies entre l’AlgĂ©rie centrale et l’AlgĂ©rie orientale passaient beaucoup plus au sud : la principale contournait par le sud les monts du Hodna et le Zab et atteignait Sour El Ghozlane ; un autre itinĂ©raire, reliait directement SĂ©tif Ă  Sour El Ghozlane longeant le versant sud des Monts du Guergour et de la chaĂźne des Bibans[6].

À l'Ă©poque de la rĂ©gence d'Alger (XVIe – XIXe siĂšcle), c'est dans les Bibans que se trouve le centre du royaume des Beni AbbĂšs, la citadelle de la Kalaa[20]. Les dirigeants de ce royaume quasi indĂ©pendant, les Amokrane, ou Mokrani, dominent notamment la plaine de la Medjana au sud, mais un enjeu fondamental pour eux est le contrĂŽle des Portes de Fer.

Durant la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie par la France, un Ă©pisode crucial s'y dĂ©roule en octobre 1839 : le franchissement des Portes de Fer par une colonne française incluant le duc d'OrlĂ©ans et le gouverneur gĂ©nĂ©ral ValĂ©e, la premiĂšre Ă  rĂ©aliser la jonction terrestre entre Alger et Constantine (conquise en novembre 1837)[21].

Ce passage se dĂ©roule sans problĂšme, car le marĂ©chal ValĂ©e avait, par l’entremise de Ahmed El-Mokrani – reconnu comme bachagha de la Medjana par la France –, versĂ© aux montagnards le droit de passage pour mettre fin Ă  l’ambition de l’Émir Abd el-Kader de contrĂŽler l’AlgĂ©rie centrale dans sa totalitĂ©. DĂ©sormais, les clauses obscures du TraitĂ© de la Tafna Ă©taient dĂ©passĂ©es et la guerre reprenait entre l’Émir et la France[6].

Populations

Les monts sont habitĂ©s par des populations arabisĂ©es Ă  l'ouest et de Kabyles berbĂ©rophones au centre. Ils forment Ă  l’est, la limite mĂ©ridionale des parlers kabyles[22].

Notes et références

  1. Tassadit Yacine-Titouh, PoĂ©sie berbĂšre et identitĂ©: Qasi Udifella, hĂ©raut des At Sidi Braham, Les Éditions de la MSH, 1990, 444 pages, p. 19, [lire en ligne].
  2. Youcef Benoujit, La Kalaa des BĂ©ni AbbĂšs au XVIe siĂšcle, Dahlab, 1997, 350 pages, p. 68
  3. Tassadit Yacine-Titouh, PoĂ©sie berbĂšre et identitĂ©: Qasi Udifella, hĂ©raut des At Sidi Braham, Les Éditions de la MSH, 1990, 444 pages, p. 45, [lire en ligne].
  4. K. Rebbas, R. Bounar, R. Gharzouli et M. Ramdani, « Plantes d’intĂ©rĂȘt mĂ©dicinale et Ă©cologique dans la rĂ©gion d’Ouanougha (M’sila, AlgĂ©rie) », PhytothĂ©rapie, vol. 10, no 2,‎ , p. 131–142 (ISSN 1624-8597 et 1765-2847, DOI 10.1007/s10298-012-0701-6, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Trois sources thermales du massif des Bibans : L’appel de la nature, Le Jour d’AlgĂ©rie du 31 mai 2008.
  6. E.B., P. Trousset et R. Paskoff, « Biban (Les Portes) », in EncyclopĂ©die berbĂšre, 10 | Beni Isguen – Bouzeis En ligne, mis en ligne le 1er mars 2013, consultĂ© le 29 juin 2015.
  7. « Chaßne des Bibans », sur larousse.fr (consulté le ).
  8. Émile Levasseur, La France avec ses colonies, Volume 3, Delagrave, (lire en ligne), p. 26-27
  9. Émile-FĂ©lix Gautier, Entre Berrouaghia et Aumale [article] / Annales de gĂ©ographie, Librairie Armand Colin, (lire en ligne), p. 248
  10. CongrÚs national des sociétés savantes (093 ; 1968 ; Tours). Section de géographie, Actes du 93e CongrÚs national des sociétés savantes, Tours, [5-9 avril] 1968. Section de géographie, Paris, BibliothÚque nationale, (lire en ligne), p. 329
  11. Rime Touil et Pierre Gombert, Communes mixtes d'Algérie. Commune mixte des Bibans (département de Constantine), Archives nationales d'outre-mer, (lire en ligne), p. 3
  12. Institut géographique national (France), [Carte routiÚre de l'Algérie au 1 : 500.000. ] / dressée... par l'Institut géographique national, mise à jour de 1948, Paris, Institut géographique national, (lire en ligne)
  13. Adolphe Joanne, Dictionnaire géographique administratif, postal, statistique, archéologique, etc. de la France de lAlgérie et des colonies, Hachette, , 2551 p. (lire en ligne), p. 2454 et 2489
  14. Gustave Léon Niox, Algérie, d'aprÚs les documents publiés par le ministÚre de la guerre et des travaux inédits, Paris, Hachette, (lire en ligne)
  15. France. DĂ©pĂŽt de la guerre, Carte de la Grande Kabylie et d'une partie de la Medjana, Paris, DĂ©pĂŽt de la Guerre, (lire en ligne)
  16. Carte Taride : Algérie. n°135, Paris, A. Taride, (lire en ligne)
  17. France. Comité des travaux historiques et scientifiques, Actes: de la Section de géographie, BibliothÚque nationale, (lire en ligne)
  18. « ForĂȘt de DjaĂąfra (Bordj Bou ArrĂ©ridj) : OxygĂ©nation assurĂ©e », sur elwatan.com,
  19. « Incendies et braconnage dans les forĂȘts de Bordj Bou ArrĂ©ridj : un plan d’envergure pour la sauvegarde de l’écosystĂšme », sur elwatan.com
  20. « Ighil-Ali », in EncyclopĂ©die berbĂšre, 24 | Ida – Issamadanen ; En ligne, mis en ligne le 01 juin 2011, consultĂ© le 29 juin 2015.
  21. Marc CĂŽte, Guide d'AlgĂ©rie : paysages et patrimoine, AlgĂ©rie, MĂ©dia-Plus, , 319 p. (ISBN 9961-9-2200-X), p. 134Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  22. Yver, G. and Despois, J., “BÄ«bān”, EncyclopĂ©die de l’Islam. PremiĂšre publication en ligne: 2010

Articles connexes

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