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Loup doré

Le Loup dorĂ© (Canis anthus[3] ou Canis lupaster[4]), aussi appelĂ© Loup dorĂ© africain ou Loup africain, est une espĂšce de canidĂ©s du genre Canis prĂ©sente en Afrique du Nord et du Nord-Est. Successivement considĂ©rĂ© comme une sous-espĂšce du Chacal dorĂ© (Canis aureus), puis du Loup gris (Canis lupus), des Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques poussĂ©es publiĂ©es en 2015 et en 2018 ont finalement dĂ©montrĂ© qu'il devait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une espĂšce Ă  part entiĂšre. Cette espĂšce descendrait d'un canidĂ© ancestral prĂ©sentant un profil gĂ©nĂ©tique mĂ©langeant 72 % de Loup gris (Canis lupus) et 28 % de Loup d'Abyssinie (Canis simensis)[5]. Sa prĂ©sence semble aujourd'hui attestĂ©e en Afrique du Nord (Maroc, AlgĂ©rie, Tunisie, Libye, Égypte), dans la bande sahĂ©lienne (Mauritanie, SĂ©nĂ©gal, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Soudan du Sud, Éthiopie), dans la corne de l'Afrique (Somalie, ÉrythrĂ©e, Djibouti), ainsi que dans une partie de l'Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie). Il s'agit d'un canidĂ© adaptĂ© aux zones dĂ©sertiques qui peut ĂȘtre relativement commun dans les plaines et les steppes herbeuses, mĂȘme celles caractĂ©risĂ©es par une absence d'eau. Dans les monts de l'Atlas (Maghreb), le Loup dorĂ© africain a Ă©tĂ© observĂ© Ă  une altitude de 1 800 m[6].

Le Loup dorĂ© est une espĂšce de mĂ©so-carnivore prĂ©dateur relativement gĂ©nĂ©raliste, ciblant invertĂ©brĂ©s et mammifĂšres jusqu’à la taille d’un faon de gazelle, bien que des proies plus grandes et/ou plus lourdes puissent Ă  priori occasionnellement ĂȘtre capturĂ©es (ovins, caprins, petites antilopes, sangliers ou phacochĂšres). D’autres sources de nourritures incluent des charognes, des dĂ©chets d’origine anthropique et des fruits. L'espĂšce est rĂ©putĂ©e monogame et territoriale. Comme chez de nombreux autres canidĂ©s, une fois sevrĂ©s, les jeunes de l'annĂ©e peuvent a priori rester une ou plusieurs saisons dans leur famille d'origine et participer Ă  l'Ă©levage de la portĂ©e suivante[7].

L’espĂšce a d’abord Ă©tĂ© classĂ©e comme une variante africaine du Chacal dorĂ© (Canis anthus). Par la suite, en se basant sur des observations comportementales et morphologiques, certains auteurs ont proposĂ© que plusieurs populations africaines de cette possible sous-espĂšce soient considĂ©rĂ©es comme une potentielle sous-espĂšce cryptique du Loup gris (Canis lupus lupaster). En 2015, une sĂ©rie d’analyses de l’ADN mitochondrial et du gĂ©nome nuclĂ©aire de l’espĂšce ont dĂ©montrĂ© qu’il Ă©tait en fait distinct Ă  la fois du Chacal dorĂ© et du Loup gris, bien qu'assez Ă©troitement apparentĂ© au Loup gris (Canis lupus) et au Coyote (Canis latrans)[8] - [9]. NĂ©anmoins, la relative proximitĂ© gĂ©nĂ©tique et gĂ©ographique de certaines populations au Proche-Orient permettrait de facto un certain degrĂ© d'hybridation naturelle entre cette espĂšce et son proche parent et voisin le Chacal dorĂ©, comme semblent le dĂ©montrer de rĂ©cents tests gĂ©nĂ©tiques effectuĂ©s sur des chacals en IsraĂ«l[8], ainsi qu'une expĂ©rience documentĂ©e de croisement en captivitĂ© rĂ©alisĂ©e au cours du XIXe siĂšcle[10]. En 2020, l’espĂšce prĂ©sente le statut de conservation « PrĂ©occupation mineure » sur la liste rouge de l’IUCN[11].

Le loup dorĂ© semble jouer un rĂŽle prĂ©Ă©minent dans certaines cultures africaines traditionnelles. Dans le folklore d’Afrique du Nord, il semble parfois considĂ©rĂ© comme un animal "rusĂ© et peu fiable" dont certaines parties du corps peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour des pratiques mĂ©dicinales et/ou rituelles[12] - [13] - [14]. De mĂȘme, il semble tenu en haute estime au SĂ©nĂ©gal dans la culture SĂ©rĂšre, pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme la premiĂšre crĂ©ature confectionnĂ©e par le dieu Roog[15].

Description

Le Loup dorĂ© africain prĂ©sente une taille intermĂ©diaire entre les Chacals africains (C. mesomelas et C. adustus) et les plus petites sous-espĂšces de Loup gris[16]. Les deux sexes pĂšsent de 7 Ă  15 kg pour 40 cm de hauteur[7]. On observe toutefois une grande variabilitĂ© individuelle, en fonction notamment de la zone gĂ©ographique d’origine, les individus de l’Ouest et du Nord de l’Afrique Ă©tant gĂ©nĂ©ralement plus grands que leurs cousins d’Afrique de l’Est[16]. Le museau et les oreilles sont relativement longs, alors que la queue est comparativement courte, mesurant 20 cm de long. La coloration du pelage dĂ©pend de la variabilitĂ© individuelle, de la saison et de l’aire gĂ©ographique d’origine, bien que la coloration typique soit plutĂŽt jaunĂątre Ă  gris argentĂ©, avec des membres lĂ©gĂšrement rougeĂątres et des marques noires sur la queue et les Ă©paules. La gorge, l’abdomen et les marques faciales sont gĂ©nĂ©ralement blancs ; les yeux sont de coloration ambrĂ©e. Les femelles prĂ©sentent deux Ă  quatre paires de tĂ©tines[7].

Bien que superficiellement similaire au Chacal dorĂ© (particuliĂšrement en Afrique de l’Est), le Loup dorĂ© africain prĂ©sente un museau plus pointu et plus fin, ainsi que des dents plus robustes[8]. Les oreilles sont plus longues chez le Loup dorĂ© africain et le crĂąne prĂ©sente un front plus Ă©levĂ©[17].

Taxonomie

DĂ©couvertes du XXIe siĂšcle

Les premiers doutes concernant l’appartenance de cet animal au Chacal dorĂ© (Canis aureus) surviennent en dĂ©cembre 2002, avec l’observation en ÉrythrĂ©e, dans le dĂ©sert du Danakil, d’un canidĂ© ne semblant pas correspondre au Chacal dorĂ©, ni aux six autres espĂšces connues dans la zone. Le ou les individu-s observĂ©-s ressemblaient en revanche fortement Ă  un Loup gris (Canis lupus). La rĂ©gion avait jusqu’alors Ă©tĂ© largement inexplorĂ©e Ă  cause de son climat aride trĂšs hostile, mais aussi du fait des consĂ©quences de la guerre d’indĂ©pendance d’ÉrythrĂ©e et la guerre ÉrythrĂ©e-Éthiopie qui a suivi. Cependant, les tribus Afars locales semblaient dĂ©jĂ  connaĂźtre l’animal, localement nommĂ© wucharia (loup)[18] - [19].

Les caractĂ©ristiques « lupines » de l’animal furent confirmĂ©es en 2011, quand plusieurs populations de prĂ©sumĂ©s « Chacals dorĂ©s » issues d’Égypte et de la corne de l’Afrique, prĂ©cĂ©demment classĂ©es comme la sous-espĂšce africaine Canis aureus lupaster[16], se sont avĂ©rĂ©es prĂ©senter des sĂ©quences d’ADN mitochondrial plus proches de celles trouvĂ©es chez le Loup gris que chez le Chacal dorĂ©[20]. Ces sĂ©quences d’ADN mitochondrial rappelant celles des loups furent retrouvĂ©es tout au long d’une aire de 6 000 km de long, incluant l’AlgĂ©rie, le Mali et le SĂ©nĂ©gal. NĂ©anmoins, les Ă©chantillons gĂ©nĂ©tiques des spĂ©cimens africains prĂ©sentaient bien plus de nuclĂ©otides et de diversitĂ© haplotypique que ceux prĂ©sents chez les Loups indiens et de l’Himalaya, ce qui laissait supposer Ă  la fois une plus large population ancestrale, ainsi qu’une population actuelle existante d’environ 80 000 femelles. Ces deux Ă©tudes proposĂšrent donc de re-classifier Canis aureus lupaster comme une nouvelle sous-espĂšce du Loup gris : Canis lupus lupaster[21]

En 2015, une Ă©tude comparative plus poussĂ©e des gĂ©nomes mitochondriaux et nuclĂ©aires sur un Ă©chantillon plus large de canidĂ©s africains de type « loup », issus du Nord, de l’Est et de l’Ouest de l’Afrique, a montrĂ© qu’ils Ă©taient en fait tous distincts du Chacal dorĂ©, avec une divergence gĂ©nĂ©tique d’environ 6,7 %[8] - [22] - [23]. Pour se faire une idĂ©e, cette divergence est plus importante que celles intervenant entre les Loups gris et les Coyotes (4 %) ou que celles entre les Loups gris et les chiens domestiques (0,2 %)[24]. L'Ă©tude a en outre montrĂ© que ces canidĂ©s africains de type « loup » (renommĂ©s depuis Canis anthus, ou Loups dorĂ©s africains) Ă©taient davantage apparentĂ©s au Loups gris et aux Coyotes (Canis latrans) qu’aux Chacals dorĂ©s[8] - [25] et que la sous-espĂšce C. l. lupaster reprĂ©sentait donc davantage un phĂ©notype particulier du Loup dorĂ© africain que d’un Loup gris actuel. On estime que le Loup dorĂ© africain aurait divergĂ© du clade Loup-Coyote il y a 1.0-1.7 million d’annĂ©es, durant le PlĂ©istocĂšne. Aussi, sa similitude superficielle avec le Chacal dorĂ© (particuliĂšrement en Afrique de l’Est, oĂč les Loups dorĂ©s africains sont similaires en taille au Chacal dorĂ©) semble ĂȘtre un cas de convergence Ă©volutive. En considĂ©rant la position phylogĂ©nĂ©tique de l’espĂšce, ainsi que l’étude du registre disponible de canidĂ©s fossiles, il semblerait que le Loup dorĂ© africain ait Ă©voluĂ© depuis des ancĂȘtres plus grands en taille, dont les descendants, en peuplant l’Afrique, auraient donnĂ© des formes plus proches en apparence des Chacals dorĂ©s, probablement en raison d’une compĂ©tition inter-spĂ©cifique avec Ă  la fois des carnivores indigĂšnes plus grands et d’autres plus petits. En outre, des traces d’ADN du Loup dorĂ© africain ont Ă©tĂ© identifiĂ©es sur des Chacals dorĂ©s en IsraĂ«l (soit une rĂ©gion frontaliĂšre de l’Égypte), ce qui laisse imaginer la prĂ©sence d’une zone d’hybridation naturelle probable entre les deux espĂšces[8].

Les conclusions de cette Ă©tude ont Ă©tĂ© corroborĂ©es la mĂȘme annĂ©e par des scientifiques espagnols, mexicains et marocains analysant l’ADN mitochondrial de loups issus du Maroc. Ces chercheurs ont montrĂ© que les spĂ©cimens Ă©tudiĂ©s Ă©taient Ă  la fois distincts du Chacal dorĂ© et du Loup gris, tout en prĂ©sentant une Ă©troite relation de parentĂ© gĂ©nĂ©tique avec le second[9].

Des Ă©tudes sur des sĂ©quences RAD ont de plus mis en Ă©vidence des traces d’hybridation du Loup dorĂ© africain avec Ă  la fois des chiens domestiques fĂ©raux et des Loups d’Abyssinie (Canis simensis)[26].

En 2017, des scientifiques des universitĂ©s d’Oslo et d’Helsinki ont proposĂ© que le nom binomial C. anthus Ă©tait un nomen dubium, en se basant sur le fait que la description en 1820 par Cuvier de l’holotype de l’espĂšce, une femelle collectĂ©e au SĂ©nĂ©gal, semblait en fait davantage dĂ©crire le Chacal Ă  flanc rayĂ© (Canis adustus) que l’actuel Loup dorĂ© africain, et ne collait en outre pas avec l’apparence du spĂ©cimen mĂąle dĂ©crit ensuite plus tard par Cuvier. Cette ambiguĂŻtĂ©, couplĂ©e avec les dissemblances entre les restes de l’holotype avec d’autres spĂ©cimens observĂ©s, ont poussĂ© les scientifiques Ă  donner la prioritĂ© au nom de Hemprich et Ehrenberg Canis lupaster, en se basant cette fois sur la description plus dĂ©taillĂ©e et plus solide d’un autre spĂ©cimen, dont les restes Ă©taient encore visibles au Museum fĂŒr Naturkunde, Ă  Berlin (Allemagne)[16]. L’annĂ©e suivante, une Ă©tude gĂ©nĂ©tique majeure sur les espĂšces de canidĂ©s s’est Ă©galement rĂ©fĂ©rĂ©e au Loup dorĂ© africain comme Canis lupaster[5].

En 2019, un colloque réuni par le Groupe des spécialistes des canidés de l'IUCN a recommandé que l'espÚce soit nommée C. lupaster Hemprich et Erhenberg, 1832, puisque C. anthus se référait alors encore au canidé incertain décrit par Cuvier en 1820. Et ce, jusqu'à ce que Canis anthus soit validé[4].

Classement parmi les autres espĂšces du genre Canis

En 2018, le sĂ©quençage de l’ensemble du gĂ©nome du Loup dorĂ© africain a permis de le comparer aux autres membres du genre Canis. L’étude confirme une nouvelle fois que le Loup dorĂ© africain est distinct du Chacal dorĂ©, et rĂ©vĂšle en outre que le Loup d’Abyssinie est basal aux deux espĂšces. De plus, elle dĂ©montre qu’il existe actuellement deux populations de Loup dorĂ© africain distinctes gĂ©nĂ©tiquement, l’une au Nord-Ouest de l’Afrique et l’autre Ă  l’Est. Cela suggĂ©rerait que le Loup d’Abyssinie - ou un proche parent aujourd’hui Ă©teint - a eu par le passĂ© une plus grande aire de rĂ©partition Ă  travers l’Afrique, ce qui lui aurait notamment permis de se mĂ©langer avec d’autres canidĂ©s. Il y a de plus des Ă©vidences de transferts de gĂšnes entre la population de Loup dorĂ© africain de l’Est de l’Afrique et le Loup d’Abyssinie, ce qui aurait conduit cette population orientale Ă  se distinguer gĂ©nĂ©tiquement de la population du Nord-Ouest. L’ancĂȘtre commun des deux populations de Loup dorĂ© africain Ă©tait Ă  priori un canidĂ© gĂ©nĂ©tiquement mĂ©langĂ© prĂ©sentant un taux de 72 % de Loup gris et 28 % d’un ancĂȘtre du Loup d’Abyssinie. On a Ă©galement retrouvĂ© des Ă©vidences de transferts de gĂšnes entre le Loup dorĂ© africain, le Chacal dorĂ© et le Loup gris. D’ailleurs, un Loup dorĂ© africain issu de la pĂ©ninsule du SinaĂŻ en Égypte a montrĂ© un fort taux de mĂ©tissage gĂ©nĂ©tique avec le Loup gris (population du Moyen-Orient) et avec le chien domestique, soulignant le rĂŽle de ce pont terrestre naturel entre l’Afrique et le continent eurasiatique dans l’histoire Ă©volutive des canidĂ©s. En se basant sur l’ADN mitochondrial, on peut donc dire que le Loup dorĂ© africain forme un clade trĂšs proche du Loup gris actuellement prĂ©sent au Moyen-Orient. En revanche, en se basant cette fois sur l’ADN nuclĂ©aire, il reprĂ©sente un clade Ă  la fois trĂšs proche du Coyote et du Loup gris en gĂ©nĂ©ral[5].

ParentĂ© avec le Loup de l’Himalaya

Entre 2011 et 2015, deux Ă©tudes de l’ADN mitochondrial ont montrĂ© que le Loup de l’Himalaya (Canis himalayensis) et le Loup indien (Canis indica) Ă©taient plus proches du Loup dorĂ© africain qu’ils n’étaient du Loup gris holarctique[20] - [8].

En 2017, une Ă©tude de l’ADN mitochondrial, des marqueurs du chromosome X (lignage maternel) et du chromosome Y (lignage paternel) ont montrĂ© que le Loup de l’Himalaya est gĂ©nĂ©tiquement basal du Loup gris holarctique. Le Loup de l’Himalaya prĂ©sente en outre un lignage maternel avec le Loup dorĂ© africain et possĂšde un lignage paternel unique qui le situe entre le Loup gris et le Loup dorĂ© africain[27].

Sous-espĂšces

Bien que par le passĂ© de nombreuses tentatives aient Ă©tĂ© Ă©mises afin de rendre synonyme plusieurs des noms de sous-espĂšces de Loup dorĂ© africain jusqu’alors proposĂ©s, la position taxonomique du Loup dorĂ© africain est encore trop confuse pour Ă©tablir la moindre conclusion prĂ©cise, notamment du fait que les Ă©tudes sur les matĂ©riels collectĂ©s sont peu nombreuses. De plus, il faut par exemple noter qu’avant 1840, six des dix sous-espĂšces supposĂ©es d’Afrique de l’Ouest furent nommĂ©es ou classĂ©es presque entiĂšrement en se basant sur la couleur de leur pelage[28].

Or, la trĂšs grande variabilitĂ© individuelle de l’espĂšce, couplĂ©e Ă  l’extrĂȘme raretĂ© des Ă©chantillons et le manque de barriĂšres physiques sur le continent africain pouvant empĂȘcher le transfert naturel de gĂšnes entre les diffĂ©rentes populations amĂšne Ă  se poser la question de la validitĂ© en tant que sous-espĂšces de certaines des formes identifiĂ©es, notamment en Afrique de l’Ouest[28].

Écologie

Distribution et habitat

Des fossiles datant du PlĂ©istocĂšne indiquent que l’aire de prĂ©sence de l’espĂšce n’a pas toujours Ă©tĂ© restreinte au continent africain, avec notamment des restes retrouvĂ©s au Levant et en Arabie Saoudite[16].

En Tanzanie, le Loup dorĂ© africain est limitĂ© Ă  une petite zone au Nord entre les pentes Ouest du mont Kilimandjaro et le centre du Serengeti. Dans cette derniĂšre rĂ©gion, on le retrouve surtout dans les plaines herbeuses, dans le fond du cratĂšre du Ngorongoro et dans les plaines entre les cratĂšres d’Olmoti et d’Empakai. Il est devenu relativement rare dans le parc National du Serengeti, Ă  Loliondo et dans la rĂ©serve de chasse de Maswa. L’espĂšce habite Ă©galement la rĂ©gion du lac Natron et l’Ouest du Kilimandjaro. On le retrouve parfois dans la partie Nord du parc national Arusha et au Sud jusqu’à Manyara. Dans les zones oĂč il est encore commun, comme les plaines herbeuses du parc national du Serengeti et le cratĂšre du Ngorongoro, les densitĂ©s de population peuvent ĂȘtre entre 0.5-1.5 individu par km2. Un dĂ©clin de 60 % a Ă©tĂ© enregistrĂ© dans les plaines Sud du parc national du Serengeti depuis le dĂ©but des annĂ©es 1970, bien que les raisons soient Ă  ce jour inconnues[29].

Le Loup dorĂ© africain frĂ©quente de nombreux types d’habitats. En AlgĂ©rie, on le retrouve dans les zones mĂ©diterranĂ©enne, cĂŽtiĂšres et collinĂ©ennes (incluant milieux agricoles bocagers, maquis, pinĂšdes et chĂȘnaies), alors que les populations du SĂ©nĂ©gal habitent quant Ă  elles des zones tropicales semi-arides, incluant les savanes sahĂ©liennes, les Ăźles sĂšches au milieu des mangroves et certaines campagnes cultivĂ©es, voire les abords de grands centres urbains. Des populations ont Ă©galement Ă©tĂ© documentĂ©es au Mali, dans des massifs montagneux arides[21]. En Égypte, le Loup dorĂ© africain frĂ©quente des zones agricoles, des dĂ©charges, les marges de dĂ©serts, des zones rocheuses et des zones de falaises. Au lac Nasser, on le retrouve proche des rives[30]. En 2012, des Loups dorĂ©s africains ont Ă©tĂ© photographiĂ©s au Maroc dans la province d’Azilal, Ă  1 800 m d’altitude. L’espĂšce semble apparemment Ă  l’aise dans des zones Ă  fortes densitĂ©s humaines et basses densitĂ©s de proies naturelles, comme c’est le cas dans le district d’Enderta, dans le Nord de l’Éthiopie[31]. L’espĂšce a Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©e dans la trĂšs aride dĂ©pression du dĂ©sert du Danakil, sur la cĂŽte de l’ÉrythrĂ©e, en Afrique de l’Est[18].

RĂ©gime alimentaire

Une étude menée en 2017 sur la composition du régime alimentaire de Canis anthus dans la réserve de chasse de Tlemcen au nord de l'Algérie[32] a identifié 34 types d'aliments consommés par ce dernier, incluant animaux sauvages et domestiques, fruits, feuilles, de la terre et des déchets organiques. Les restes animaux représentaient 84,8% de la biomasse consommée par le loup doré africain, tandis que les restes végétaux en constituaient 15,2%. La richesse en espÚces de proies était la plus élevée en été avec 23 différents types d'aliments et la plus faible en automne avec 17 produits. Le sanglier était la proie la plus importante dans le spectre alimentaire de l'espÚce dans la réserve. Les résultats montrent l'utilisation opportuniste des ressources par le loup doré, avec des variations saisonniÚres et une propension pour les proies de grande taille, incluant des quantités considérables de carcasses de bétail (24% de la biomasse totale)[32].

En Afrique de l’Ouest, le Loup dorĂ© africain semble surtout se borner Ă  la consommation de petites proies comme les liĂšvres, les petits rongeurs ou les Ă©cureuils terrestres. D’autres proies incluent des lĂ©zards, des serpents et des oiseaux nichant Ă  terre, comme les francolins et les outardes. Il consomme Ă©galement un large panel d’insectes, incluant scarabĂ©es, larves, termites et criquets. Il peut aussi capturer de jeunes gazelles, de petites antilopes (cĂ©phalophes) et des PhacochĂšres (Phacochoerus africanus)[28]. Au SĂ©nĂ©gal, oĂč selon certains auteurs les deux sous-espĂšces C. a. anthus et C. a. lupaster pourraient cohabiter, une certaine sĂ©grĂ©gation semblent rapportĂ©e dans la prĂ©dation du bĂ©tail, bien que difficilement vĂ©rifiable ; la premiĂšre est rĂ©putĂ©e se nourrir surtout d’agneaux, alors que la seconde pourrait attaquer de plus grandes proies, comme des moutons, des chĂšvres et d’autres animaux d’élevage[21].

En Afrique de l’Est, il consomme des invertĂ©brĂ©s et des fruits, bien que 60 % de son rĂ©gime alimentaire consiste en rongeurs, lĂ©zards, serpents, oiseaux, liĂšvres et Gazelles de Thomson (Eudorcas thomsonii)[33]. Pendant la pĂ©riode de vĂȘlage des Gnous bleus (Connochaetes taurinus), les Loups dorĂ©s africains de cette rĂ©gion peuvent se nourrir presque exclusivement des dĂ©livrances disponibles aprĂšs les naissances [rĂ©f][34]. Dans le Serengeti et le cratĂšre du Ngorongoro, moins de 20 % de son alimentation provient du charognage[7].

Liste des sous-espĂšces

Selon BioLib (24 décembre 2017)[2] :

  • sous-espĂšce Canis anthus algirensis Wagner, 1841
  • sous-espĂšce Canis anthus anthus F. Cuvier, 1820
  • sous-espĂšce Canis anthus bea Heller, 1914
  • sous-espĂšce Canis anthus lupaster Hemprich & Ehrenberg, 1833
  • sous-espĂšce Canis anthus riparius Hemprich & Ehrenberg, 1832
  • sous-espĂšce Canis anthus soudanicus Thomas, 1903

Notes et références

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 24 décembre 2017
  2. BioLib, consulté le 24 décembre 2017
  3. T. Orrell, « Canis anthus F. Cuvier, 1820 (accepted name) », sur Catalogue of Life: 2017 Annual Checklist, Catalogue of Life, (consulté le )
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