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Bataille entre le Sydney et le Kormoran

Le croiseur léger australien Sydney et le croiseur auxiliaire allemand Kormoran se sont affrontés dans l'océan Indien, au large de l'Australie-Occidentale le 19 novembre 1941[1]. Les deux navires se sont gravement endommagés l'un l'autre et le Sydney a disparu avec l'ensemble de ses 645 membres d'équipage. Cela en fait le plus grand navire de l'ensemble des pays alliés perdu avec tout son équipage pendant la Seconde Guerre mondiale[2]. Le Kormoran a été sabordé par son équipage, dont la plupart des membres ont été sauvés et ont été faits prisonniers de guerre.

Bataille entre
le Sydney et le Kormoran
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Sydney en 1940.
Informations générales
Date
Lieu océan Indien près de l'Australie
Issue Les deux navires sont coulés mais victoire allemande en termes de pertes humaines et d'impact psychologique
Belligérants
Drapeau de l'Australie AustralieDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau de l'Australie Joseph Burnett (†) Theodor Detmers
Forces en présence
1 croiseur léger1 croiseur auxiliaire
Pertes
Sydney coulé, perte des 645 membres d'équipageKormoran endommagé puis sabordé, perte de plus de 70 membres d'équipage

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CoordonnĂ©es 26° 09′ 50″ sud, 111° 04′ 25″ est
Géolocalisation sur la carte : océan Indien
(Voir situation sur carte : océan Indien)
Bataille entrele Sydney et le Kormoran

Les causes de la bataille et du naufrage du Sydney restent controversées. La perte du Sydney a causé un choc et beaucoup d'incrédulité en Australie car c'était l'un des plus célèbres navires de la Royal Australian Navy (RAN) et il a été coulé par un cargo converti en croiseur[3]. Les seuls témoins oculaires de la bataille ont été les membres de l'équipage du Kormoran mais comme les deux navires se sont écartés après la bataille, les raisons exactes du naufrage du Sydney restent inconnues.

En mars 2008, les Ă©paves du Kormoran et du Sydney ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es après de longues recherches. Les deux navires se trouvent Ă  environ 200 kilomètres au large de la Pointe EscarpĂ©e, Ă  une profondeur d'environ 2 500 mètres et Ă  environ 12 milles nautiques (22 km) l'un de l'autre[4] - [5]

Les navires

Le Sydney a Ă©tĂ© lancĂ© le 22 septembre 1934, aux chantiers navals Swan Hunter et Wigham Richardson Ltd, Ă  Wallsend, en Angleterre. C'Ă©tait un croiseur lĂ©ger modifiĂ© de la classe Leander de 6 830 tonnes, commandĂ© par la Royal Australian Navy (RAN) en 1935. Son armement comprenait huit canons jumelĂ©s de 152 mm et quatre canons de 102 mm montĂ©s sĂ©parĂ©ment. ExtĂ©rieurement, la modification la plus notable du Sydney par rapport Ă  la conception originale des Leander est le remplacement de la cheminĂ©e unique par deux cheminĂ©es beaucoup plus Ă©troites et plus hautes. Le Sydney Ă©tait facilement diffĂ©renciable des autres navires du mĂŞme type par la prĂ©sence d'un longeron en avant de la passerelle et par son unique ouverture pour les canons de 102 mm situĂ©e au milieu du navire. Il possĂ©dait Ă©galement un hydravion Supermarine Walrus (qui avait remplacĂ© un Supermarine Seagull (en)[6]), pilotĂ© par des membres de l'escadrille no 9 de la Royal Australian Air Force.

En 1940, le Sydney a été crédité d'avoir coulé un croiseur moderne italien au cours de la bataille du cap Spada et deux destroyers italiens dans d'autres engagements. Après son retour de Méditerranée, le commandement du Sydney est passé du célèbre commandant John Collins au relativement inexpérimenté commandant Joseph Burnett.

Le Kormoran Ă©tait un cargo que la Kriegsmarine (marine allemande) avait transformĂ© en navire de guerre dĂ©guisĂ© en navire de commerce. Il Ă©tait sous les ordres du Fregattenkapitän (commandant) Theodor Detmers. Le navire allemand simulait le cargo nĂ©erlandais Malakka Straat. Bien que dĂ©pourvu d'un blindage de protection et sans la vitesse d'une vĂ©ritable navire de guerre, le Kormoran avait des armes dissimulĂ©es, dont six canons de 150 mm SK L/45 et des lance-torpilles. Il Ă©tait en service depuis un peu plus d'un an et avait coulĂ© dix navires marchands dans l'Atlantique Sud, l'ocĂ©an Indien et le Pacifique Sud.

Le 16 octobre, après avoir mené des actions couronnées de succès contre des navires marchands alliés dans le nord de l'océan Indien, le Kormoran rejoignit le navire de ravitaillement de la Kriegsmarine, le Kulmerland pour se réapprovisionner en carburant et en ravitaillement ainsi que pour déposer des prisonniers et cinq membres d'équipage exigeant des soins médicaux en un lieu prédésigné au large du cap Leeuwin, au sud ouest de l'Australie[7]. Les deux navires voyagèrent de concert vers le nord-ouest jusqu'au 25 octobre. Detmers voulait poser des mines au large de Fremantle. Toutefois, alors que le Kormoran se dirigeait vers l'Australie, il reçut un avertissement de la radio de guerre allemande l'avertissant de l'approche d'un convoi, escorté par le croiseur lourd britannique Cornwall (qui avait coulé en mai un autre croiseur auxiliaire allemand, le Pinguin). Detmers prit des mesures d'évitement, changeant de cap vers le nord, avant de s'approcher de nouveau de la côte près de la baie Shark.

Le 5 novembre, à Albany, au sud-ouest de l'Australie, le Sydney commença à escorter le navire de transport de troupes le Zealandia[8] qui se dirigeait vers Singapour. Le Sydney et le Zealandia étaient arrivés à Fremantle le 9 novembre. Ils furent retardés par une grève à bord du Zealandia et ne purent quitter Fremantle avant le 11 novembre. Ils atteignirent le détroit de la Sonde le 17 novembre et le Sydney confia l'escorte du Zealandia au Durban[8] avant de retourner à Fremantle. Le Sydney avait prévu d'y arriver dans l'après-midi ou dans la soirée du 20 novembre.

Selon les récits des membres d'équipage du Kormoran, leur navire se trouvait au large de l'île Dirk Hartog et se dirigeait vers le nord lorsqu'il fut repéré par le Sydney, à environ 16 heures, le 19 novembre. Les deux navires étaient distants d'environ 20 kilomètres (11 milles nautiques). Le pseudo-cargo néerlandais ignora les signaux envoyés par le Sydney et se dirigea vers la haute-mer, suivi par le navire australien. Detmers ordonna l'envoi de signaux radio, signalant que le cargo néerlandais Straat Malakka était suivi par un navire inconnu. Le Kormoran avait des problèmes de moteur et ne pouvait faire plus de 14 nœuds (26 km/h)[9]. Les deux navires entreprirent d'échanger des signaux visuels[10]. Le Kormoran envoya une série de signaux délibérément confus et mal affichés pendant 90 minutes alors que le Sydney se rapprochait du Kormoran.

Detmers maintint la comĂ©die aussi longtemps que possible pour tirer pleinement avantage de l'effet de surprise. Il savait que sa meilleure chance Ă©tait dans une bataille Ă  distance rapprochĂ©e oĂą les avantages du Sydney en matière d'armement, système de contrĂ´le de tir et armure de protection seraient les moindres. Burnett exigea finalement que le Kormoran lui livre un code secret, alors que le Sydney s'Ă©tait approchĂ© Ă  environ 1 000 mètres du Kormoran[11]. Selon Detmers, le Sydney Ă©tait encore en arrière du Kormoran, avec une route parallèle Ă  la sienne et n'Ă©tait pas prĂ©parĂ© au combat. Il pouvait « voir les hommes de cuisine, dans leur blouse blanche alignĂ©s le long du bastingage pour voir de près le navire hollandais »[10].

La bataille

Detmers conclut qu'il n'avait pas d'autre choix que le combat et ordonna que le pavillon nĂ©erlandais soit amenĂ© et que celui de la marine allemande soit hissĂ©. Les armes entrèrent en action vers 17 heures 30[9]. Selon l'Ă©quipage du Kormoran, le navire de guerre australien n'Ă©tait pas pleinement prĂ©parĂ© au combat - ses canons de 150 mm Ă©taient bien pointĂ©s sur lui - mais les canons de 102 mm n'avaient pas leurs servants[10].

La première salve des canons allemands de 150 mm fut trop courte mais simultanĂ©ment les salves de canons de 37 mm et de 20 mm tombèrent directement sur le pont du Sydney, la tour de commande des tirs et d'autres parties des superstructures[9]. Les canons de 150 mm tirèrent avec succès leur deuxième salve. La prĂ©cision des canonniers allemands, dans les premières minutes de la bataille, tua probablement de nombreux marins du Sydney et/ou dĂ©truisit son système de contrĂ´le de tir, ce qui empĂŞcha les canonniers de tirer avec prĂ©cision. L'hydravion Ă  bord du Sydney fut Ă©galement frappĂ© et son carburant provoqua un incendie majeur au milieu du navire.

Certaines tourelles du Sydney rĂ©pliquèrent alors aux tirs. Selon les Allemands, les premiers coups du Sydney semblèrent ĂŞtre une « salve d'essai Â» : une norme technique de ciblage oĂą des obus sont tirĂ©s de chaque cĂ´tĂ© de la cible. Le Sydney subit des tirs qui mirent hors service ses tourelles avant (« A Â» et « B Â»), ne laissant que les tourelles arrière (« X Â» et « Y Â») opĂ©rationnelles. L'Ă©quipage du Kormoran indiqua que la tourelle « X Â» ouvrit un feu rapide et prĂ©cis, frappant le Kormoran au niveau de sa cheminĂ©e et de sa salle des machines, tuant presque tous les mĂ©caniciens et provoquant un incendie majeur. La tourelle « Y Â» aurait tirĂ© deux ou trois salves qui auraient ratĂ© leur cible. Le Sydney fut Ă©galement touchĂ© Ă  l'avant par au moins une torpille Ă  environ 20 mètres de la proue du cĂ´tĂ© bâbord[12].

Le Sydney se dirigea alors directement sur le Kormoran, amenant les Allemands à penser qu'il allait les couler. Toutefois, il effectua un virage à 180 degrés, apparemment dans le but d'utiliser ses torpilles tribord. À 17 h 45, quatre torpilles furent tirées mais elles se contentèrent de passer derrière le Kormoran[13]. À ce moment-là, les moteurs du navire étaient déjà en panne[13].

Malheureusement, le Sydney Ă©tait maintenant exposĂ© aux tirs intenses du Kormoran, cette fois sur son cĂ´tĂ© tribord. Le volume des tirs qu'il avait subis des deux cĂ´tĂ©s de sa superstructure et les incendies qui avaient suivi avaient dĂ©truit certaines embarcations de sauvetage et autres radeaux[14]. Seuls cinq des neuf canots de sauvetage ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s avec son Ă©pave[15]. Le Sydney avait Ă©tĂ© frappĂ© au moins 87 fois par les canons de 150 mm du Kormoran.

Le navire australien tira une dernière torpille à 18 h 00 avant de quitter les lieux vers le sud. Les canonniers allemands continuèrent de tirer sur lui jusqu'à 18 h 25, quand Detmers donna l'ordre d'abandonner le navire. L'ordre fut donné en raison d'incendies qui faisaient rage sur le navire allemand et étaient devenus hors de contrôle après avoir atteint un magasin d'huile[16]. À ce moment-là, le système de commande de tir avait également été détruit sur le Kormoran.

Les deux navires coulent

Les Allemands déclarèrent avoir vu le navire en feu à l'horizon jusqu'à 22 h ce soir-là et vu des flammes encore de temps en temps, deux heures plus tard. Quelque temps après le navire australien disparut de leur vue, les Allemands entendirent plusieurs fortes explosions, et pensèrent - peut-être à tort - que le feu avait atteint les soutes à munitions du Sydney. Toutefois, l'examen de l'épave suggère que la cause de son naufrage a été la torpille qui l'avait frappé au niveau de sa proue et qui avait provoqué une déchirure dans sa coque, dans une mer agitée. Aucune des 645 personnes à bord n'a été retrouvée morte ou vive (à l'exception possible d'un corps non identifié retrouvé plus tard au large de l'île Christmas).

Les tirs reçus lors de la bataille avaient provoquĂ© un incendie incontrĂ´lable dans la salle des machines du Kormoran, qui avait rendu les Ă©quipements de lutte contre les incendies hors d'usage. Il y avait 20 morts et le feu s'approchait de la zone de stockage des mines. Detmers choisit de saborder le navire et des charges explosives furent placĂ©es aux points stratĂ©giques et les survivants prirent place Ă  bord d'embarcations de sauvetage, Detmers Ă©tant le dernier Ă  quitter le navire. Le processus d'abandon du navire a pris plusieurs heures, avec la mise en place des moyens de sabordage et les canots de sauvetage laborieusement treuillĂ©s des cales Ă  la main pour fournir suffisamment de capacitĂ© pour l'ensemble de l'Ă©quipage[16]. 40 autres Allemands, pour la plupart des blessĂ©s, ont perdu la vie quand un canot chavira dans la houle. Peu après minuit, les charges explosèrent, suivies 25 minutes plus tard par les mines. L'ensemble de la poupe et la section centrale du navire Ă©tait en proie Ă  un feu gigantesque avec des flammes qui montaient Ă  300 mètres dans le ciel de la nuit alors que le Kormoran coulait par l'arrière.

Survivants

Detmers, environ 320 marins allemands et trois civils chinois travaillant à la blanchisserie[17] ont été sauvés grâce aux canots de sauvetage par les navires marchands Aquitania, Trocas, Koolinda, Centaur et le navire australien de lutte anti-sous-marine Yandra. Un peu plus tard, deux embarcations de sauvetage touchèrent terre au nord de Carnarvon[18].

Presque tous les Allemands ont passé le reste de la guerre au camp de prisonniers de guerre près de Tatura, au Victoria ; ils n'ont été libérés qu'en janvier 1947[19].

Références

  1. il n'y a pas de nom officiel pour cette bataille mais un auteur, Chris Coulthard-Clark parle de la « Bataille de Carnarvon ».
  2. (en) « Australian judge to examine wartime ship loss » (consulté le )
  3. Joint Committee on Foreign Affairs, Defence and Trade (JCFADT), Report No. 87, Report on the Loss of HMAS Sydney (Chapter 1)
  4. (en) « HSK Kormoran Discovered in the Search for the HMAS Sydney II » (consulté le )
  5. (en) « HSK Kormoran discovered », The Finding Sydney Foundation,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Peter London, British Flying Boats, Sutton, , 298 p. (ISBN 0-7509-2695-3, lire en ligne), p. 275
  7. John Asmussen, 2008, "Hilfskreuzer (Auxiliary Cruiser) Kormoran" (bismarck-class.dk) consulté le: 9 avril 2008.
  8. Plowman 2007, secondary sources, pp130-131
  9. (en) « Kormoran Action Report, pg2 », Sea Power (Royal Australian Navy Archive), (consulté le )
  10. David Stevens, The Royal Australian Navy in World War II, Allen & Unwin, , 316 p. (ISBN 1-74114-184-2, lire en ligne)
  11. Captain Detmers' book revisited The Australian Association of Maritime History.
  12. (en) « HMAS Sydney II and the Kormoran; The action between HMAS Sydney and the auxiliary cruiser Kormoran, 19 November 1941 », Australian War Memorial (consulté le )
  13. (en) « Kormoran Action Report, pg3 », Sea Power (Royal Australian Navy Archive), (consulté le )
  14. JCFADT, Chapter 6
  15. Brendan Nicholson, "Sydney lifeboat mystery solved" The Age, 8 avril 2008. consulté le=23 avril 2008.
  16. Eyewitness accounts (en allemand) (from Der Spiegel)
  17. Le statut juridique de ces civils reste imprécis. La Chine était alors neutre, et les trois hommes naviguaient sur un navire capturé par le Kormoran. Les Allemands assurèrent qu'ils avaient accepté librement d'être employés sur le Kormoran, ce qui aurait permis de les interner en Australie avec les Allemands. Les autorités australiennes considérèrent toutefois qu'ils étaient à bord de ce navire en tant que prisonniers de guerre.
  18. JCFADT, Chapter 2
  19. (en) Richard Summerrell, « The Sinking of HMAS Sydney; A Guide to Commonwealth Government Records », The National Archives of Australia (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Chris Coulthard-Clark, The Encyclopaedia of Australia's Battles, Allen & Unwin, 2001, (ISBN 1-86508-634-7)
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