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Bataille de Haman

La bataille de Haman est un engagement dans le cadre de la bataille du périmètre de Busan entre les forces de l’ONU et celles de la Corée du Nord au début de la guerre de Corée ; elle se déroule du au , à proximité du district de Haman en Corée du Sud. La bataille se termine par la victoire des Nations unies après que de nombreuses troupes des États-Unis et de la République de Corée ont repoussé une puissante attaque nord-coréenne contre la ville de Haman.

Bataille de Haman
Description de cette image, également commentée ci-après
Haman en 1950. Les positions de la 24e d'infanterie se trouvent sur les crĂŞtes Ă  l'ouest (Ă  gauche) de la ville .
Informations générales
Date 31 août au 19 septembre 1950
Lieu District de Haman, Corée du Sud
Issue Victoire de l'ONU.
Commandants
Drapeau des États-Unis William B. KeanDrapeau de la Corée du Nord Pang Ho San
Pertes
150 tués
400 blessés
8 000 tuĂ©s, capturĂ©s ou dĂ©serteurs[n. 1]

Guerre de Corée

Batailles

CoordonnĂ©es 35° 16′ 44″ nord, 128° 24′ 29″ est
Géolocalisation sur la carte : Corée du Sud
(Voir situation sur carte : Corée du Sud)
Bataille de Haman

Dans une opération pour la défense de Masan au cours de la bataille de Masan, le 24e régiment d’infanterie de l’armée américaine s’étire longuement sur une crête à l’ouest de la ville, à Haman. Quand la 6e division de l’armée populaire de Corée attaque la ville, les troupes américaines se battent pour repousser l'avancée des Nord-coréens dans une bataille qui dure une semaine. Le 24e régiment d’infanterie étant tenu en échec, d’autres renforts américains sont amenés pour aider à repousser l’attaque. La bataille est longtemps indécise jusqu’à ce que l’ONU contre-attaque à Incheon, forçant l’armée nord-coréenne à se retirer de Masan.

Contexte

Le périmètre de Busan

Les troupes américaines en cours de débarquement en Corée, le 6 août 1950.

Dès le début de la guerre de Corée et l'invasion de la Corée du Sud par le Nord, l'Armée populaire de Corée bénéficie d'une supériorité en homme et en équipement tant sur l'armée de terre de la République de Corée que sur les premières forces expédiées par l'Organisation des Nations unies afin d'empêcher l'effondrement de la Corée du Sud[2]. La stratégie nord-coréenne est de poursuivre agressivement les forces des Nations unies et les forces sud-coréennes sur toutes les voies d'approche en direction du sud, attaquant de front et amorçant simultanément un mouvement en tenaille. Cela doit permettre aux Nord-Coréens d’encercler et de couper la retraite de l’ennemi, qui est alors forcé de se retirer en désordre, laissant derrière lui une grande partie de son matériel[3]. De l'offensive initiale du aux combats en juillet et début août, les Nord-Coréens utilisent cette stratégie pour vaincre efficacement toutes les forces de l'ONU qui doivent battre en retraite vers le Sud[4]. Cependant, à partir de l’établissement du périmètre de Busan sous la responsabilité de la 8e armée des États-Unis en août, les troupes de l'ONU tiennent efficacement une ligne de défense continue que les troupes nord-coréennes ne peuvent percer ou contourner. La logistique nord coréenne plus faible et éloignée de ses bases ne peut suivre le système logistique mis en place par l'ONU à Busan (en) et leur avantage diminue chaque jour devant le nombre d'hommes et de matériel qui débarque sur le périmètre[5].

Quand les Nord-Coréens approchent du périmètre de Busan, le , ils tentent la même technique d'assaut frontal sur les quatre principales voies d'approche vers le périmètre. Tout au long du mois d'août, la 6e division nord-coréenne, et plus tard la 7e division engagent la 25e division d'infanterie américaine durant la bataille de Masan, repoussant d'abord une contre-offensive de l'ONU avant d'attaquer à Komam-ni[6] et à Battle Mountain[7]. La poussée bloque devant les forces de l'ONU, bien équipées et disposant de grandes réserves qui repoussent à plusieurs reprises les forces nord-coréennes[8]. Au nord de Masan, la 4e division nord-coréenne et la 24e division d'Infanterie américaine s'affrontent dans la zone du Nakdong Bulge[n. 2]. Lors de la première bataille du Nakdong, la division nord-coréenne est incapable de tenir sa tête de pont sur la rivière face au grand nombre de troupes de réserve américaines qui tiennent bon et les repoussent, et le , la 4e division nord-coréenne est refoulée à travers le fleuve avec 50 pour cent de pertes[9] - [10]. Dans la région de Daegu, cinq divisions nord-coréennes qui tentent de prendre la ville sont repoussées par trois divisions de l'ONU à plusieurs reprises au cours de la bataille de Daegu[11] - [12]. Les combats sont violents en particulier dans la Bowling Alley où la 13e division nord-coréenne est presque anéantie[13]. Sur la côte Est, trois autres divisions nord-coréennes sont repoussées par les Sud-Coréens à P'ohang-dong lors de la bataille de P'ohang-dong[14]. Sur l’ensemble du front, les troupes nord-coréennes sont ébranlées par les défaites. Pour la première fois depuis le début du conflit leur stratégie ne fonctionne plus[15].

La défense de Masan

A topographic map of several large battles
Les mouvements des troupes américaines et nord-coréennes autour de Masan en août 1950.

Le commandant de la 8e armĂ©e le lieutenant gĂ©nĂ©ral Walton Walker ordonne Ă  la 25e division d'infanterie sous les ordres du major gĂ©nĂ©ral William B. Kean, de prendre des positions dĂ©fensives sur le flanc sud du pĂ©rimètre de Busan Ă  l’ouest de Masan. Au , la 25e division d'infanterie tient ces positions[16]. Le relief Ă  proximitĂ© de Masan limite le choix des positions et le groupe de montagne Ă  l'ouest de Masan est le premier terrain aisĂ©ment dĂ©fendable Ă  l'est de la passe de Chinju. Les crĂŞtes de 610 m des montagnes de Seobuksan (en) dominent la rĂ©gion et protègent la route de Komam-ni Ă  Haman et Ă  Chindong-ni qui est le seul moyen de communication nord-sud Ă  l’ouest de Masan[17].

Au nord, de l'autoroute Masan - Chinju à la rivière Nam, il y a plusieurs positions facilement défendables. La meilleure est sur les hauteurs près de Chungam-ni qui contrôle l’important carrefour routier reliant la route de Masan avec celle qui suit la rivière Nam vers Uiryong. Il est aussi essentiel pour le flanc droit de la 25e division d'infanterie d’être connecté avec le flanc gauche de la 24e division d'infanterie à la confluence de la Nam et du Naktong. Par conséquent, la 25e division d'infanterie manœuvre également pour protéger l'intersection située à Komam-ni où la route Chindong-ni - Haman rencontre l'autoroute Masan - Chinju[17].

Pendant ce temps, la 6e division nord-corĂ©enne est obligĂ©e d’attendre des renforts avant de poursuivre l'attaque[18]. Les 13e, 15e et 14e rĂ©giments de la division s’étirent du nord au sud. Les premiers renforts arrivent Ă  Chinju vers le . Environ 2 000 Sud-CorĂ©ens non armĂ©s enrĂ´lĂ©s dans la rĂ©gion de SĂ©oul rejoint la division le . Ă€ Chinju, la 6e division leur remet des grenades et indique aux nouvelles recrues qu’elles vont devoir ramasser les armes des soldats tuĂ©s et blessĂ©s sur le champ de bataille pour s’armer. Un autre groupe de 2 500 Sud-CorĂ©ens rejoint la 6e division le , ce qui porte la force de division Ă  environ 8 500 hommes. Dans la dernière semaine d'aoĂ»t et la première semaine de septembre, 3 000 recrues supplĂ©mentaires enrĂ´lĂ©es au sud-ouest de la CorĂ©e, rejoignent la division. La 6e division utilise ces dernières recrues d’abord pour des taches non combattantes et ne les utilisera comme soldat qu’en dernier recours. Dans le cadre des opĂ©rations nord-corĂ©ennes dans le sud, la 7e division nord-corĂ©enne arrive Ă©galement près de Masan avec 10 000 hommes[16]. La 7e division est chargĂ©e d’occuper les principaux ports afin de protĂ©ger la 6e division contre d'Ă©ventuels dĂ©barquements amphibies sur ses arrières[18].

A tank drives up a rocky ridge
Un char M26 Pershing américain avance à l'ouest de Masan.

Le , la 25e division tient un front de près de 48 km, depuis le pont de Namji-ri (en) sur le Naktong au Nord et qui se prolonge Ă  l'ouest le long des collines au sud du fleuve en direction de la confluence de la Nam et du fleuve[19]. LĂ , ligne plie au sud-ouest sur la rive sud de la Nam lĂ  oĂą le massif montagneux Sobuk-San s'effile Ă  son extrĂ©mitĂ© nord vers la rivière.LĂ , la ligne tourne vers le sud le long des reliefs vers Sibidang-san, traverse le col sur sa face sud par lequel passent le chemin de fer et l’autoroute Chinju-Masan, et continue vers le sud jusqu'Ă  Battle Mountain et P'il-bong. Depuis P'il-bong la ligne s’oriente ensuite vers la route cĂ´tière du sud près de Chindong-ni[20].

Le 35e rĂ©giment d'infanterie tient le Nord du front de la division soit 24 km, du pont de Namji-ri Ă  l'autoroute Chinju-Masan. Le rĂ©giment est responsable de l'autoroute. Le point le plus faible et le plus vulnĂ©rable du rĂ©giment se situe dans l’écart de 4,8 km le long de la rivière Naktong entre la plus grande partie de la compagnie F Ă  l'ouest et son 1er peloton Ă  l'est. Ce peloton garde le pont Ă  poutres en porte-Ă -faux en acier de Namji-ri sur l’extrĂŞme droite de la 25e division Ă  la frontière avec la 2e division d'infanterie, qui est positionnĂ©e de l'autre cĂ´tĂ© du fleuve Naktong[20]. Au sud de l'autoroute, le 24e rĂ©giment d'infanterie occupe les terrains Ă©levĂ©s Ă  l’ouest de Haman, y compris Battle Mountain et P'il-bong[21]. Le 5e rĂ©giment du colonel John L. Throckmorton (en) tient l'Ă©peron sud de Sobuk-san de la route cĂ´tière Ă  Chindong-ni. Depuis Chindong-ni, des unitĂ©s du corps des marines ROK protège la ligne sur la cĂ´te sud. Le poste de commandement de la 25e division de Kean est situĂ© Ă  Masan, le poste de commandement du 35e rĂ©giment d'infanterie 35e est sur le cĂ´tĂ© est de la route Chirwon-Chung-ni, le poste de commandement du 24e rĂ©giment d'infanterie est Ă  Haman et le poste de commandement du colonel Throckmorton et du 5e rĂ©giment se situe Ă  Chindong-ni[20]. Le , la division souffre d'une pĂ©nurie de soldat, et un nombre limitĂ© de KATUSAs (troupes corĂ©ennes anglophones) sont amenĂ©s Ă  reconstituer ses rangs[22].

La grande offensive du Nakdong

La carte de la ligne défensive de Périmètre Busan en septembre 1950. Masan se trouve au sud-ouest du périmètre.

Lors de la planification de la grande offensive, les commandants nord-coréens se rendent compte que toute tentative d'attaque par les flancs des forces de l'ONU est impossible de par l'appui de la marine américaine[23]. Au lieu de cela, comme seul espoir de réussite, ils choisissent de frapper frontalement le périmètre afin de le réduire[24]. Avertis par le renseignement soviétique, les Nord-Coréens sont conscients que les forces de l'ONU se renforcent le long du périmètre de Busan et qu'ils doivent mener une offensive rapidement, ou renoncer à la bataille[25]. L’objectif secondaire est d’encercler Daegu et de détruire les unités américaines et sud-coréennes présentes dans la ville. À cette fin, les unités nord-coréennes prévoient d'abord de couper les lignes d'approvisionnement vers Daegu[26].

Le , le commandement nord-coréen distribue les ordres opérationnels à leurs unités subordonnées[25]. Ces ordres appellent à une attaque simultanée contre les lignes de l'ONU sur cinq zones différentes afin de submerger les défenseurs de l'ONU et de permettre aux Nord-Coréens de percer les lignes et de repousser les forces de l'ONU sur au moins une des zones. Cinq groupes de combat sont constitués[27]. L'attaque au sud-ouest du périmètre est menée par les 6e et 7e divisions qui doivent percer la 25e division d'infanterie américaine à Masan[28] - [n. 3].

Bataille

Dans la partie sud du secteur dĂ©fendu par la 25e division d’infanterie, le 1er corps nord corĂ©en prĂ©voit une forte attaque en coordination avec une attaque contre la 2e division amĂ©ricaine plus au nord[30]. Les 6e et 7e divisions nord-corĂ©ennes reçoivent leurs ordres d'attaque le qui prĂ©voient l’assaut contre les lignes amĂ©ricaines le Ă  22h00[31]. La 6e division, la plus au sud sur le flanc droit, doit attaquer via Haman, Masan et Chinhae puis prendre Kumhae, sur la rive ouest du delta du Naktong Ă  24 km de Busan, avant le [32]. La zone d’attaque de la division passe au sud de la route de Chinju Ă  Komam-ni et Masan[7]. La 7e division, situĂ©e au nord de la 6e division, prĂ©voit d'attaquer au nord de l'autoroute Masan, bifurquer vers le Naktong, et attendre la 6e division sur sa droite et la 9e division nord-corĂ©enne sur sa gauche pour se joindre Ă  ces dernières[32]. Une partie de la 7e division est regroupĂ©e dans la rĂ©gion d’Uiryong Ă  l’ouest de la rivière Nam. Ce plan oppose la 6e division d’infanterie nord-corĂ©enne au 24e rĂ©giment d’infanterie amĂ©ricain et la 7e division nord-corĂ©enne au 35e rĂ©giment amĂ©ricain[31]. La 6e division a dĂ©jĂ  engagĂ© le 24e rĂ©giment d’infanterie Ă  Battle Mountain pendant plusieurs semaines, sans rĂ©sultats significatifs pour aucun des partis[33]. Le commandant de la 25e division, le major gĂ©nĂ©ral William B. Kean, conscient qu'une offensive est en cours de prĂ©paration, est inquiet des capacitĂ©s du 24e d'infanterie et il commence Ă  Ă©tablir un rapport sur la performance du rĂ©giment pour dĂ©terminer comment amĂ©liorer ses capacitĂ©s[34].

L'attaque nord-coréenne

Carte du secteur de la 25e division lors de la bataille de Haman.

Au centre-gauche de la ligne de la 25e division, le 2e bataillon du 24e rĂ©giment du lieutenant-colonel Paul F. Roberts tient la crĂŞte de la seconde arĂŞte Ă  l'ouest d'Haman Ă  1,6 km de la ville. Depuis Chungam-ni, sur le territoire nord-corĂ©en, une route secondaire conduit Ă  Haman le long des basses collines et Ă  travers les rizières en passant Ă  l'est et Ă  1,6 km au sud de la route principale Chinju - Masan. Elle passe par les positions du 2e bataillon du colonel Roberts via un col Ă  1,6 km Ă  l'ouest d'Haman[35]. Ă€ la fin de l'après-midi du , les observateurs de la compagnie G du 24e rĂ©giment d’infanterie, remarque une certaine activitĂ© Ă  1,6 km devant de leurs positions. Ils demandent une intervention aĂ©rienne qui frappe la zone au crĂ©puscule. L'artillerie amĂ©ricaine effectue Ă©galement une grande concentration de tir sur la zone, mais son effet demeure Ă  ce stade inconnu. Toutes les unitĂ©s amĂ©ricaines sur la ligne sont alertĂ©es d’une Ă©ventuelle attaque nord-corĂ©enne[36].

Dans la soirĂ©e, les Nord-CorĂ©ens lancent leur offensive coordonnĂ©e contre l'ensemble des forces des Nations unies sur le pĂ©rimètre. La 6e division nord-corĂ©enne marche en premier et frappe la compagnie F sur le cĂ´tĂ© nord du col de la route Chungan-ni - Haman. Les troupes sud-corĂ©ennes prĂ©sentes au nord du col quittent leurs positions et se replient sur la compagnie G au sud du col[36]. Les Nord-CorĂ©ens rĂ©cupèrent une arme sans recul de 75 mm dans le col et s’en servent contre les chars amĂ©ricains, mettant deux d'entre eux hors service. Ils envahissent ensuite une section de mortiers de 82 mm Ă  l'extrĂ©mitĂ© est de la passe[37]. Au sud de la passe, Ă  l'aube, le premier-lieutenant Houston M. McMurray constate que seulement 15 des 69 hommes affectĂ©s Ă  son peloton sont demeurĂ©s avec lui dans un mĂ©lange de troupes amĂ©ricaines et sud-corĂ©ennes. Les Nord-CorĂ©ens attaquent cette position Ă  l'aube. Ils s’infiltrent au travers d’une brèche dans le pĂ©rimètre de barbelĂ©s. Utilisant des grenades et balayant la zone Ă  la mitrailleuse, les Nord-corĂ©ens envahissent rapidement la position[36]. De nombreux officiers et sous-officiers ont tentĂ© de contenir le repli de leurs soldats, mais beaucoup n’ont pas suivi les ordres. Dans un cas, les troupes sud-corĂ©ennes ont tuĂ© leur propre commandant de compagnie quand ce dernier a tentĂ© de les empĂŞcher de fuir[37].

Sur la ligne plus au sud, des chars T-34 nord-coréens frappent la compagnie E à minuit[36]. Le lieutenant Charles Ellis, commandant de la compagnie, tente de rassembler ses hommes, mais ces derniers s'effondrent sous le feu ennemi, se repliant sans ordre. Pendant la nuit, la grande majorité des hommes de la compagnie E ont fui la colline à l'exception d'Ellis et de onze hommes[38]. Plusieurs hommes de la compagnie E ont trouvé la mort en tentant de fuir à travers un champ de mines qu'ils avaient mis en place plutôt. Les hommes d’Ellis sont totalement immobilisés par les tirs nord-coréens après l’aube le 1er septembre. Trois ou quatre membres du groupe tentent tout de même de s’échapper, mais les tirs de mitrailleuses les tuent. Ellis et les hommes restants sont demeurés dans leurs tranchées (en) sur la colline pendant deux jours, repoussant plusieurs attaques. Ellis finit par être en mesure de se replier au sud, jusqu'à la montagne et les positions du 3e bataillon. Lors de son retrait, Ellis découvre un homme qui avait été blessé plus tôt dans l’explosion d'une mine, et il est entré dans le champ de mines pour le sauver[36].

L’effondrement de la 24e division

Peu de temps après le début de l'attaque nord-coréenne, la majeure partie du 2e bataillon du 24e régiment d'Infanterie fuit ses positions[39]. Une compagnie à la fois, le bataillon est frappé par de fortes attaques tout le long de son front. Et à l'exception de quelques dizaines d'hommes dans chaque compagnie, chaque formation est rapidement mise en miettes et la plupart des soldats se replient vers Haman à l’encontre des ordres de leurs officiers[40]. Les Nord-Coréens traversent rapidement les lignes américaines en ruine et envahissent le poste de commandement du 2e bataillon, tuant plusieurs hommes et détruisant une grande partie de l'équipement du bataillon[41]. Avec la destruction de la majeure partie du 2e bataillon, Haman se retrouve ouverte aux attaques nord-coréennes. Alors que les Nord-Coréens commencent à encercler la ville, le lieutenant-colonel Paul F. Roberts, le commandant du 2e bataillon, ordonne à un officier de prendre les restes du bataillon et d'établir un barrage routier à la limite sud de la ville. Bien que l'officier donne l’ordre à un grand nombre d'hommes de l'accompagner, seul huit le font effectivement[42]. Le 2e bataillon n’est plus à ce moment une force de combat efficace[39]. Même si des poches de ses soldats demeurent sur leurs positions et combattent farouchement, la majorité fuit devant l'attaque, et les Nord-Coréens peuvent manœuvrer devant une résistance inégale. Ils encerclent Haman alors que le 2e bataillon s'effondre dans le désarroi[43].

Men in trucks driving down a road
Les soldats du 24e régiment d'infanterie se rendent sur le champ de bataille de Masan.

Le commandant du 24e rĂ©giment, le colonel Arthur S. Champeny (en) dĂ©place son poste de commandement de Haman Ă  3,2 km au nord-est dans un Ă©troit dĂ©filĂ© sur une route surnommĂ©e Engineer Road que les troupes du gĂ©nie ont construit pour amĂ©liorer les communications[44]. Au mĂŞme moment, un groupe nord-corĂ©en attaque la batterie C du 159e bataillon d’artillerie de campagne Ă  1,6 km de Haman[45]. Deux chars du 88e bataillon de chars participent Ă  la dĂ©fense de la batterie jusqu'Ă  ce que les artilleurs puissent emballer les obusiers et se replier vers l’Est et Haman en passant par Engineer Road[39]. On ordonne aux troupes des 27e et 35 rĂ©giments d'infanterie de rĂ©former leurs lignes pour compenser l’effondrement du 2e bataillon du 24e rĂ©giment[42]. Ă€ ce moment, des commandants ont accusĂ© les troupes afro-amĂ©ricaines d'ĂŞtre des soldats de qualitĂ© infĂ©rieure, mais les officiers ont affirmĂ© par la suite que la mauvaise organisation des positions dĂ©fensives, la sur extension du bataillon dĂ©jĂ  affaibli, et le recours aux troupes sud-corĂ©ennes peu fiables pour combler de nombreuses lacunes dans la ligne de dĂ©fense ont Ă©tĂ© les principaux facteurs de la dĂ©faite rapide du 2e bataillon du 24e rĂ©giment[46].

L'assaut ne frappe pas la partie sud de la ligne tenue par le 3e bataillon, 24e rĂ©giment d'infanterie du lieutenant-colonel John Thomas Corley (en) et par le 5e rĂ©giment de Throckmorton. Cette partie de la ligne est cependant, touchĂ©e par des tirs d’artillerie, de mortier ainsi que par quelques attaques lĂ©gères destinĂ©es Ă  faire diversion. Vers 02 h 00 le 1er septembre, des hommes situĂ©s sur un avant-poste sur le flanc droit du bataillon de Corley remarquent environ 600 soldats nord-corĂ©ens Ă  une distance de 100 m se dirigeant vers Haman. ObservĂ©e de nuit depuis les hauteurs du 3e bataillon, Haman semble ĂŞtre en flammes. Ă€ l'aube, les hommes du bataillon voient environ 800 soldats nord-corĂ©ens entrer dans la ville[39]. Quand l'attaque nord-corĂ©enne a franchi les positions du 2e bataillon, Champeny a ordonnĂ© au 1er bataillon situĂ© Ă  environ 4,8 km au sud de Haman sur la route Chindong-ni de contre-attaquer et de rĂ©tablir la ligne[47]. Roberts rĂ©ussi Ă  rassembler 40 hommes rescapĂ©s du 2e bataillon, afin de se joindre Ă  cette contre-attaque qui dĂ©marre Ă  07h30. Mais au contact de l’ennemi, le 1er bataillon s’effondre et se replie vers l'arrière[39]. Peu après l’aube, les hommes dispersĂ©s et dĂ©sorganisĂ©s des 1er et 2e bataillons du 24e rĂ©giment d’infanterie ont fui vers les hauteurs Ă  3,2 km Ă  l’est de Haman[48]. Alors qu'ils tiennent la ville, la plus grande partie de deux rĂ©giments de la 6e division nord-corĂ©enne s’engouffre dans la brèche de Haman[39].

La percée nord-coréenne

Arthur S. Champeny (en), commandement du 24e régiment.

Le commandant de la 25e division William B. Kean voit dans la percĂ©e nord-corĂ©enne Ă  Haman une menace sĂ©rieuse pour la ligne de sa division. Ă€ l'aube, le 1er septembre, Kean demande la permission Ă  Walker d’engager la totalitĂ© du 27e rĂ©giment d'infanterie arrivĂ© Ă  Masan la veille et mis en rĂ©serve de la 8e armĂ©e. Walker rejette cette demande, mais place un bataillon du rĂ©giment sous les ordres de Kean[49]. Kean dĂ©pĂŞche immĂ©diatement le 1er bataillon du 27e d'infanterie du lieutenant-colonel Gilbert J. Check depuis sa zone de rassemblement près de Masan vers Haman, pour ĂŞtre rattachĂ© au 24e rĂ©giment d'infanterie[50]. Le 1er peloton de la compagnie de mortiers lourds du 27e rĂ©giment ; un peloton de la compagnie B du 89e bataillon de chars ; et la batterie A du 8e bataillon d'artillerie de campagne renforcent le bataillon de Check. Check et son bataillon arrivent Ă  10h00 au poste de commandement du 24e rĂ©giment situĂ© Ă  3,2 km Ă  l'est de Haman[49].

Le chaos s’installe parmi les troupes de l’ONU. Un grand nombre de véhicules chargés de soldats fait route vers l'arrière de même que beaucoup de soldats à pied qui encombre la route. Champeny essaie en vain à plusieurs reprises d’arrêter le repli de ces hommes[51]. Les quelques obus de mortier nord-coréens qui tombent parfois dans le voisinage ne font pas de véritable dommage, mais ils accroissent la panique et accélère le repli en désordre des troupes du 24e régiment et des troupes sud-coréennes[52]. La route est tellement bouchée par les troupes en repli que Check doit retarder sa contre-attaque. Il est contraint d’attendre six heures en constatant qu’aucune des troupes des 1er et 2e bataillon se repliant ne peuvent former une véritable unité. La police militaire tente en vain de rassembler les troupes, mais ces dernières refusent, même à la pointe du fusil. À 16h00, le 2e bataillon du 24e d’infanterie ne peut rassembler à l'arrière du 27e d’infanterie que 150 à 200 hommes[51].

Dans l'intervalle, les Nord-Coréens souffrent de graves problèmes logistiques qui les empêchent de ravitailler efficacement leurs troupes avec des munitions, de la nourriture et des soins médicaux[40]. Dans le même temps, des éléments de la division, y compris des milliers de personnes enrôlés de force en Corée du Sud sont de plus en plus difficiles à contrôler. La division a des difficultés à renforcer sa position à Haman[32].

La contre-attaque de l'ONU

Ă€ 14h45 le 1er septembre, Kean ordonne une contre-attaque immĂ©diate pour restaurer les positions du 24e d'infanterie[53]. Pendant 30 minutes les avions e l’US Air Force, y compris des P-51 Mustang et P-80 Shooting Stars, frappent les positions nord-corĂ©ennes autour de Haman avec des bombes, du napalm, des roquettes, et des tirs de mitrailleuses. Ils frappent Ă©galement les crĂŞtes tenues par les nord-corĂ©ens autour de la ville. Ces frappes sont suivies de quinze minutes des tirs d'artillerie concentrĂ©s. Des incendies se propagent dans Haman. Les troupes de Check attaque Ă  l'ouest Ă  16:30, renforcĂ©e par un peloton de chars de la compagnie A du 79e bataillon de chars. Huit chars, accompagnĂ©s d’infanterie, le fer de lance de l'attaque sur Haman, capture de la ville facilement, alors que la plupart des troupes nord-corĂ©ennes ont abandonnĂ© la citĂ©. Les Nord-CorĂ©ens tiennent cependant avec vigueur la crĂŞte sur le cĂ´tĂ© ouest de la ville, et leurs tirs de mitrailleuse balaient toutes les approches. Le feu nord-corĂ©en dĂ©truit un char et les troupes d'infanterie subissent de lourdes pertes. Mais le bataillon de Check presse l'attaque et Ă  18h25 il saisit le premier sommet Ă  500 mètres Ă  l'ouest de Haman. Ă€ 20h00, la moitiĂ© des anciennes positions sur la plus haute crĂŞte Ă  1,6 km Ă  l'ouest de Haman sont sĂ©curisĂ©es. SituĂ© Ă  seulement 180 m du sommet de l’arĂŞte, l'infanterie se retranche pour la nuit. Elle a repris Haman et repousser les anciennes positions de la 24e[51].

L'USS Valley Forge (CV-45), l'USS Philippine Sea (CV-47) et l'USS Rochester (CA-124) à Sasebo (en) en août 1950.

Ă€ l'ouest d'Haman, les Nord-CorĂ©ens et les troupes amĂ©ricaines se font face toute la nuit sans nouveau combat, mais les CorĂ©ens du Nord continuent Ă  lancer des fusĂ©es Ă©clairantes sur les positions amĂ©ricaines. Ă€ l'arrière, les tirs de mortiers nord-corĂ©ens sur le poste de commandement du 24e rĂ©giment contraint Champeny Ă  le dĂ©placer encore plus loin vers l'arrière. Toute la journĂ©e le , les frappes aĂ©riennes harcèlent les Nord-CorĂ©ens et les empĂŞchent de consolider leurs gains et de se rĂ©organiser pour mener une autre attaque coordonnĂ©e. L’aĂ©ronavale participe aux frappes sur le champ de bataille de Masan avec ses avions depuis les porte-avions USS Valley Forge (CV-45) et USS Philippine Sea (CV-47) situĂ© Ă  320 km de distance dans la mer Jaune. Ă€ 10h45, la 8e armĂ©e prĂ©vient Kean que le 27e d’infanterie devait ĂŞtre alertĂ© d’un Ă©ventuel mouvement au nord dans le secteur de la 2e division d'infanterie amĂ©ricaine[51].

Dans la matinée, sous couvert d'un épais brouillard au sol, les Nord-Coréens frappent le bataillon de Check dans une contre-attaque. Un dure combat lourd s’engage et dure toute la matinée. Les frappes aériennes en utilisant du napalm incinèrent de nombreuses troupes nord-coréennes et aident l'infanterie à gagner la crête[54]. À 12h00, le 1er bataillon, 27e d'infanterie, sécurise les anciennes positions du 2e bataillon, 24e d'infanterie, et reprend le même les trous que cette unité avait abandonné deux nuits auparavant[50]. Lors de la journée du , l’US Air Force a effectué 135 sorties dans le secteur de la 25e division d'infanterie ce qui permet la destruction de nombreuses unités nord-coréennes, de plusieurs chars et pièces d'artillerie, et de trois villages contenant des dépôts de munitions[54].

TĂ´t le matin du , les Nord-CorĂ©ens attaquent lourdement les hommes de Check dans un effort pour reconquĂ©rir la crĂŞte. Cette attaque s'est heurtĂ©e Ă  un barrage d'artillerie, de mortier, de tirs de chars, et Ă  une frappe aĂ©rienne dirigĂ©e depuis le poste de commandement du bataillon. Une partie du bataillon amĂ©ricain doit se retourner et se battre pour protĂ©ger ses arrières. L’attaque est finalement repoussĂ©e et des centaines de corĂ©ens morts gisent autour de la position du bataillon. Un prisonnier nord-corĂ©en estime que les 2 et , les quatre bataillons nord-corĂ©ens, qui ont combattu les hommes de Check, ont perdu 1 000 hommes[54]. Le bataillon de Check tient la crĂŞte jusqu'au crĂ©puscule du , quand le 1er bataillon et la compagnie F du 2e bataillon du 24e rĂ©giment qui a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ© Ă  l'arrière, le remplace[55]. Le 1er bataillon du 27e rĂ©giment se replie sur une position dĂ©fensive secondaire Ă  2,4 km Ă  l'est de Haman[50]. Champeny repositionne son poste de commandement Ă  Haman au pied d'une colline Ă  300 mètres Ă  l'ouest du centre de la ville[55].

L'infiltration nord-coréenne

A group of soldiers around a makeshift office under a bridge
Le poste de commandement du 27e régiment d'infanterie américain situé sous un pont à proximité de Haman.

Avant l'aube, le , une force nord-corĂ©enne de deux compagnies manĹ“uvre contre Haman Ă  nouveau[55]. Une partie de cette force approche la colline Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest d'Haman, oĂą la compagnie H est postĂ© pour garantir la sĂ©curitĂ© du poste de commandement du 24e rĂ©giment situĂ© Ă  sa base[52]. La plupart des hommes de la compagnie H dĂ©sertent alors leur poste sans tirer un coup de feu, abandonnant deux mitrailleuses. Les Nord-CorĂ©ens capturent ces armes et ouvrent le feu sur le poste de commandement du rĂ©giment. Un petit groupe de Nord-CorĂ©ens rĂ©ussit Ă  s’infiltrer dans Haman Ă  moins de 100 m du poste de commandement, mais le Peloton I&R les chassent dans un combat Ă  la grenade[55].

Environ 20 soldats nord-coréens réussissent également à s'approcher suffisamment près et sans être repéré du poste de commandement du 1er bataillon, 24e d'infanterie situé à l'ouest d'Haman pour ouvrir le feu et lancer des grenades. Environ 45 soldats du groupe de commandement du bataillon et 20 recrues sud-coréens sont là en position à ce moment. Les Nord-Coréens sont chassés à l'aube, mais le major Eugene J. Carson, commandant en second du bataillon, découvre qu'il ne dispose plus que de 30 hommes dont 7 blessés. En regardant en bas de la colline, Carson aperçoit environ 40 hommes sortir des rizières et rejoindre un tank sur une position de barrage. Ces hommes ont déclaré au régiment qu'ils avaient été chassés de la colline. Trois tanks près du poste de commandement contribuent par la suite à nettoyer la ville des Nord-Coréens[55].

Au moment de cette infiltration, un officier blanc et 35 Ă  40 soldats afro-amĂ©ricains quittent leur position sur Ă  un barrage routier au sud de Haman et fui vers l'arrière jusqu'Ă  ce qu'ils atteignent 2,4 km plus loin le poste de commandement du 1er bataillon du 27e d’infanterie de Check. LĂ , Ă  05h00 cet officier affirme que 2.000 Nord-CorĂ©ens ont envahi sa position et d'autres près de Haman, y compris le poste de commandement du 24e rĂ©giment. Check rapporte cette histoire Ă  Kean, puis envoie un peloton de chars avec un peloton d'infanterie vers Haman pour savoir ce qui est arrivĂ©. En attendant, certains de ses officiers, arrĂŞtent environ 220 soldats se repliant Ă  l'arrière. Check ordonne Ă  ces hommes de suivre la patrouille et de retourner Ă  Haman. Certains d'entre eux n’ont accepte de le faire que sous la menace d’être exĂ©cutĂ©. La colonne de chars de tĂŞte entre dans Haman sans opposition retrouve le poste de commandement du 24e rĂ©giment intact et calme[56]. Le lendemain, le , un sniper blesse grièvement Champney alors que ce dernier inspecte ses postes de première ligne Ă  l'ouest de Haman. Champney est Ă©vacuĂ© immĂ©diatement[52]. Le commandant du 3e bataillon, Corley prend la tĂŞte du 24e rĂ©giment[56].

Corley effectue des changements radicaux à la direction du régiment, dans l'espoir d'améliorer sa performance de combat. Il améliore la discipline en recourant à des sections plus strictes et notamment la menace de la cour martiale, mais cela a aussi un effet négatif sur le moral du régiment[57]. Il initie alors un journal pour l'unité qu’il nomme par la suite Aigle Forward ; ce qui permet aux soldats et les dirigeants de l'unité de s’exprimer et d’améliorer le moral[58]. Voulant construire un sentiment de fierté dans l'unité, il cherche à mettre l'accent sur la dureté des batailles que le régiment a traversées, et fait notamment grand bruit de la victoire à la bataille de Yecheon en minimisant les autres défaites et contre-performances[59].

Après l’échec de l'infiltration nord-coréenne le , l'attaque nord-coréenne sur Haman est au point mort. Les Nord-Coréens, en proie à des problèmes de logistique et de main-d'œuvre, préfère axer davantage leurs attaques contre les positions du 24e d'infanterie sur Battle Mountain, ainsi que contre les positions 35e d'infanterie sur la rivière Nam. Les troupes d'infanterie du 24e à Haman ne subissent plus que quelques attaques sporadiques jusqu'au [60].

Le retrait nord-coréen

Le débarquement d'Incheon, le 15 septembre 1950.

La contre-attaque de l'ONU à Incheon fait s'effondrer la ligne nord-coréenne, coupe toutes leurs principales voies d'approvisionnement et de renforcement et contraint les Nord-Coréens au repli sur tous les fronts. Le , cependant, la 25e division d'infanterie se bat encore contre les forces nord-coréennes derrière ses lignes et des poches de résistance nord-coréennes se maintiennent sur les hauteurs de Battle Mountain, P'il-bong, et Sobuk-san[61]. Kean estime que la division ne peut avancer le long des routes vers Chinju si le centre montagneux de la ligne de la division n’est pas nettoyé. Il estime donc que la clé de l'avance de la 25e division se trouve sur son centre où les Nord-Coréens tiennent les hauteurs et continuent d’attaquer chaque jour le 24e régiment d'infanterie[62]. Le 27e régiment d’infanterie sur la gauche et le 35e sur la droite, à cheval sur les routes entre Chinju et Masan, tiennent leurs positions et ne peuvent pas avancer tant que la situation en face du 24e régiment ne s’améliore pas[63].

Le , les troupes de l'ONU découvrent que les Nord-Coréens ont abandonné Battle Mountain au cours de la nuit. Le 1er bataillon, 24e d'infanterie manœuvre alors pour occuper les anciennes positions nord-coréennes. À droite, le 35e d'infanterie commence à aller de l'avant[64]. Il n'y a qu'une faible résistance jusqu'à ce qu'il atteigne les hauteurs en face de Chungam-ni où se sont cachés des soldats nord-coréens dans des trous d'araignée (en) afin de tirer à revers sur les soldats du 1er bataillon situés à l'arrière. Le lendemain, le 1er bataillon prend Chungam-ni, et le 2e bataillon capture la ligne de crête qui court depuis le nord-ouest jusqu’à la rivière Nam. Pendant ce temps, les Nord-Coréens résistent toujours ardemment à gauche de la division où le 27e d'infanterie doit lourdement combattre en tentant d'avancer[65].

Les Nord-Coréens se retirent de la zone Masan dans la nuit du 18 au . La 7e division nord-coréenne se retire depuis le sud de la rivière Nam tandis que la 6e division laisse des éléments pour couvrir l'ensemble du front. Couverte par la 6e division, la 7e division franchit la rive nord de la rivière Nam le matin du , puis la 6e division se retire de ses positions sur Sobuk-san[65]. Les unités américaines se lancent rapidement à leur poursuite vers le nord en passant sur les positions de Battle Mountain, qui ne sont plus d'importance stratégique[66].

Conséquences

Le 24e régiment d’infanterie dénombre 267 tués, 796 blessés, dont un capturé et deux disparus pendant son temps sur le périmètre de Pusan, dont 450 blessés et 150 tués à Battle Mountain. Le 8e bataillon d'artillerie de campagne, soutenant le 24e d’'infanterie subit 18 tués et 26 blessés, tandis que le79e bataillon de chars, également en soutien, subi deux morts et 20 blessés[67].

Les troupes nord-corĂ©ennes ont beaucoup souffert dans la lutte pour Masan subissant un grand nombre de victimes. Ă€ la mi-septembre, la 7e division est rĂ©duite Ă  seulement 4 000 hommes ; elle a perdu 6 000 sur le pĂ©rimètre de Busan[68]. Seulement 2 000 hommes de la 6e division sont finalement retournĂ©s en CorĂ©e du Nord, soit une perte de 80 pour cent de sa force. Jusqu'Ă  3 000 soldats ont Ă©tĂ© capturĂ©s alors qu'ils tentent de retourner en CorĂ©e du Nord. La force d'attaque de plus de 20 000 hommes est rĂ©duite Ă  seulement 6 000 Ă  la fin des combats autour de Masan. Il est cependant presque impossible de calculer combien d'hommes ont Ă©tĂ© perdus dans chacun des diffĂ©rents engagements dans la zone et notamment Ă  Haman[1].

La désertion est un problème pour le 24e régiment ; la 25e division d'infanterie compte 116 déserteurs issus du 24e régiment au cours du mois d’août, comparativement aux 15 du 27e régiment et aux 12 du 35e[33]. À la fin, août, Kean commence à étudier le comportement de l'unité, y compris sa piètre performance à la bataille de Sangju quelques semaines plus tôt, et il pense que ses performances affectent d'autres unités de la division[34] - [69]. Après les performances du 24e régiment lors des batailles de Battle Mountain et Haman, Kean suggère à Walker de dissoudre le régiment et d’utiliser ses troupes pour remplacer d'autres unités aux combats. Pratiquement tous les hommes et les officiers du régiment sont en faveur de cette idée, mais Walker refuse, avec le sentiment qu'il ne peut pas se permettre de perdre un régiment. Même avec le renforcement des autres unités, il ne pense pas pouvoir étendre ses dernières pour couvrir l'ensemble du front[70].

Notes et références

Notes

  1. On ne peut donner que les pertes humaines nord-Coréennes pour la totalité de la bataille de Masan, dont la bataille de Haman est une partie, car il est presque impossible d'évaluer les pertes humaines pour cette seule bataille[1].
  2. Le Nakdong Bulge est la zone où le cours du fleuve Nakdong effectue un coude (en passant d'une direction générale Nord-sud à une direction Ouest-est, au sud-ouest du périmètre de Busan.
  3. Le 20 août, le commandement nord-coréen distribue les ordres opérationnels à leurs unités subordonnées[25]. Ces ordres appellent à une attaque simultanée contre les lignes de l'ONU sur cinq zones différentes afin de submerger les défenseurs de l'ONU et de permettre aux Nord-Coréens de percer les lignes et de repousser les forces de l'ONU sur au moins une des zones. Cinq groupes de combat sont constitués comme suit[27] :
    1. Les 6e et 7e divisions doivent percer la 25e division d'infanterie américaine à Masan.
    2. Les 9e, 4e, 2e, et 10e divisions doivent percer la 2e division d'infanterie américaine au Nakdong Bulge à Miryang and Yongsan.
    3. Les 3e, 13e, et 1re divisions doivent percer la 1re division de cavalerie américaine et le 1re division d'infanterie sud-coréenne à Daegu.
    4. Les 8e et 15e divisions doivent percer les 8e et 6e division d'infanterie sud-coréennes à Hayang et Yongch'on[29].
    5. Les 12e et 5e divisions doivent percer la ROK Capital Division et la 3e division d'infanterie sud-coréenne à P'ohang-dong et Kyongju[29].

Références

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Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

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