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Bataille de la rivière Nam

La bataille de la rivière Nam est un engagement dans le cadre de la bataille du périmètre de Busan entre les forces de l’ONU et celles de la Corée du Nord au début de la guerre de Corée ; elle se déroule du 31 août au 19 septembre 1950, à proximité de la rivière Nam et du fleuve Nakdong en Corée du Sud. La bataille se termine par la victoire des Nations unies après que de nombreuses troupes des États-Unis et de la République de Corée ont repoussé une puissante attaque nord-coréenne au-delà de la rivière.

Bataille du fleuve Nam
Description de cette image, également commentée ci-après
Soldats du 35e régiment d'infanterie avec un étendard capturé à l'ennemi près du fleuve Nam, 1950.
Informations générales
Date 31 août -
Lieu rivière Nam, Corée du Sud
Issue Victoire de l'ONU
Commandants
Drapeau des États-Unis William B. Kean
(Maj. gén. commandant la 25e division.)
Drapeau de la Corée du Nord Pang Ho San
Drapeau de la Corée du Nord Paek Nak Chil
Forces en présence
Drapeau des États-Unis 25e division d'infanterie

Drapeau de la Corée du Sud Police nationale



Total : 15 000 soldats
Drapeau de la Corée du Nord 6e division d'infanterie
  • 13e rĂ©giment d'inf.
  • 14e rĂ©giment d'inf.
  • 15e rĂ©giment d'inf.

Drapeau de la Corée du Nord 7e division d'infanterie

  • 30e rĂ©giment d'inf.
  • 31e rĂ©giment d'inf.
  • 32e rĂ©giment d'inf.


Total : 20 000 soldats.
Pertes
275 tués
625 blessés.
11 000 tuĂ©s, capturĂ©s ou dĂ©serteurs.

Guerre de Corée

Batailles

CoordonnĂ©es 35° 20′ 44″ nord, 128° 24′ 38″ est
Géolocalisation sur la carte : Corée du Sud
(Voir situation sur carte : Corée du Sud)
Bataille du fleuve Nam

Dans une opération pour la défense de Masan au cours de la bataille de Masan, le 35e régiment de la 25e division de l’armée américaine prend position le long de la rivière Nam, l'un des nombreux affluents du Nakdong sur le flanc sud du périmètre de Pusan. La 7e division de l’armée populaire de Corée effectue une traversée de la rivière le 31 août, et bien que le 35e régiment soit en mesure d'endiguer la progression de la Corée du Nord, des milliers de soldats nord-coréens sont en mesure d'exploiter une faille dans la ligne et d'encercler le régiment. Il s'ensuit une intense bataille dans laquelle les unités américaines et nord-coréennes doivent s'engager intensément tout le long et derrière la ligne de la rivière. Finalement, les forces nord-coréennes sont repoussées et vaincues par les troupes américaines.

Pendant la bataille, le 35e régiment d'infanterie contribue à bloquer puis refouler la division nord-coréenne, l'empêchant d'avancer et de capturer Busan. Cela donne un délai suffisant pour permettre aux forces de l'ONU de contre-attaquer Inchon, entrainant la défaite sur le périmètre de Busan de toute l'armée nord-coréenne et son repli. L'action du 35e d'infanterie dans la bataille lui vaut une Presidential Unit Citation.

Contexte

Le périmètre de Busan

Les troupes américaines en cours de débarquement en Corée, le 6 août 1950.

Dès le début de la guerre de Corée et l'invasion de la Corée du Sud par le Nord, l'Armée populaire de Corée bénéficie d'une supériorité en homme et en équipement tant sur l'armée de terre de la République de Corée que sur les premières forces expédiées par l'Organisation des Nations unies afin d'empêcher l'effondrement de la Corée du Sud[1]. La stratégie nord-coréenne est de poursuivre agressivement les forces des Nations unies et les forces sud-coréennes sur toutes les voies d'approche en direction du sud, attaquant de front et amorçant simultanément un mouvement en tenaille. Cela doit permettre aux Nord-Coréens d’encercler et de couper la retraite de l’ennemi, qui est alors forcé de se retirer en désordre, laissant derrière lui une grande partie de son matériel[2]. De l'offensive initiale du 25 juin aux combats en juillet et début août, les Nord-Coréens utilisent cette stratégie pour vaincre efficacement toutes les forces de l'ONU qui doivent battre en retraite vers le Sud[3]. Cependant, à partir de l’établissement du périmètre de Busan sous la responsabilité de la 8e armée des États-Unis en août, les troupes de l'ONU tiennent efficacement une ligne de défense continue que les troupes nord-coréennes ne peuvent percer ou contourner. La logistique nord coréenne plus faible et éloignée de ses bases ne peut suivre le système logistique mis en place par l'ONU à Busan (en) et leur avantage diminue chaque jour devant le nombre d'hommes et de matériel qui débarque sur le périmètre[4].

Quand les Nord-Coréens approchent du périmètre de Busan, le 5 août, ils tentent la même technique d'assaut frontal sur les quatre principales voies d'approche vers le périmètre. Tout au long du mois d'août, la 6e division nord-coréenne, et plus tard la 7e division engagent la 25e division d'infanterie américaine durant la bataille de Masan, repoussant d'abord une contre-offensive de l'ONU avant d'attaquer à Komam-ni[5] et à Battle Mountain[6]. La poussée bloque devant les forces de l'ONU, bien équipées et disposant de grandes réserves qui repoussent à plusieurs reprises les forces nord-coréennes[7]. Au nord de Masan, la 4e division nord-coréenne et la 24e division d'Infanterie américaine s'affrontent dans la zone du Nakdong Bulge[n. 1]. Lors de la première bataille du Nakdong, la division nord-coréenne est incapable de tenir sa tête de pont sur la rivière face au grand nombre de troupes de réserve américaines qui tiennent bon et les repoussent, et le 19 août, la 4e division nord-coréenne est refoulée à travers le fleuve avec 50 pour cent de pertes[8] - [9]. Dans la région de Daegu, cinq divisions nord-coréennes qui tentent de prendre la ville sont repoussées par trois divisions de l'ONU à plusieurs reprises au cours de la bataille de Daegu[10] - [11]. Les combats sont violents en particulier dans la Bowling Alley où la 13e division nord-coréenne est presque anéantie[12]. Sur la côte Est, trois autres divisions nord-coréennes sont repoussées par les Sud-Coréens à P'ohang-dong lors de la bataille de P'ohang-dong[13]. Sur l’ensemble du front, les troupes nord-coréennes sont ébranlées par les défaites. Pour la première fois depuis le début du conflit leur stratégie ne fonctionne plus[14].

La défense de Masan

A topographic map of several large battles
Les mouvements des troupes américaines et nord-coréennes autour de Masan en août 1950.

Le commandant de la 8e armĂ©e le lieutenant gĂ©nĂ©ral Walton Walker ordonne Ă  la 25e division d'infanterie sous les ordres du major gĂ©nĂ©ral William B. Kean, de prendre des positions dĂ©fensives sur le flanc sud du pĂ©rimètre de Busan Ă  l’ouest de Masan. Au 15 aoĂ»t, la 25e division d'infanterie tient ces positions[15]. Le relief Ă  proximitĂ© de Masan limite le choix des positions et le groupe de montagne Ă  l'ouest de Masan est le premier terrain aisĂ©ment dĂ©fendable Ă  l'est de la passe de Chinju. Les crĂŞtes de 610 m des montagnes de Seobuksan (en) dominent la rĂ©gion et protègent la route de Komam-ni Ă  Haman et Ă  Chindong-ni qui est le seul moyen de communication nord-sud Ă  l’ouest de Masan[16].

Au nord, de l'autoroute Masan - Chinju à la rivière Nam, il y a plusieurs positions facilement défendables. La meilleure est sur les hauteurs près de Chungam-ni qui contrôle l’important carrefour routier reliant la route de Masan avec celle qui suit la rivière Nam vers Uiryong. Il est aussi essentiel pour le flanc droit de la 25e division d'infanterie d’être connecté avec le flanc gauche de la 24e division d'infanterie à la confluence de la Nam et du Naktong. Par conséquent, la 25e division d'infanterie manœuvre également pour protéger l'intersection située à Komam-ni où la route Chindong-ni - Haman rencontre l'autoroute Masan - Chinju[16].

Pendant ce temps, la 6e division nord-corĂ©enne est obligĂ©e d’attendre des renforts avant de poursuivre l'attaque[17]. Les 13e, 15e et 14e rĂ©giments de la division s’étirent du nord au sud. Les premiers renforts arrivent Ă  Chinju vers le 12 aoĂ»t. Environ 2 000 Sud-CorĂ©ens non armĂ©s enrĂ´lĂ©s dans la rĂ©gion de SĂ©oul rejoint la division le 15 aoĂ»t. Ă€ Chinju, la 6e division leur remet des grenades et indique aux nouvelles recrues qu’elles vont devoir ramasser les armes des soldats tuĂ©s et blessĂ©s sur le champ de bataille pour s’armer. Un autre groupe de 2 500 Sud-CorĂ©ens rejoint la 6e division le 21 aoĂ»t, ce qui porte la force de division Ă  environ 8 500 hommes. Dans la dernière semaine d'aoĂ»t et la première semaine de septembre, 3 000 recrues supplĂ©mentaires enrĂ´lĂ©es au sud-ouest de la CorĂ©e, rejoignent la division. La 6e division utilise ces dernières recrues d’abord pour des taches non combattantes et ne les utilisera comme soldat qu’en dernier recours. Dans le cadre des opĂ©rations nord-corĂ©ennes dans le sud, la 7e division nord-corĂ©enne arrive Ă©galement près de Masan avec 10 000 hommes[15]. La 7e division est chargĂ©e d’occuper les principaux ports afin de protĂ©ger la 6e division contre d'Ă©ventuels dĂ©barquements amphibies sur ses arrières[17].

A tank drives up a rocky ridge
Un char M26 Pershing américain avance à l'ouest de Masan.

Le 31 aoĂ»t 1950, la 25e division tient un front de près de 48 km, depuis le pont de Namji-ri (en) sur le Naktong au Nord et qui se prolonge Ă  l'ouest le long des collines au sud du fleuve en direction de la confluence de la Nam et du fleuve[18]. LĂ , ligne plie au sud-ouest sur la rive sud de la Nam lĂ  oĂą le massif montagneux Sobuk-San s'effile Ă  son extrĂ©mitĂ© nord vers la rivière.LĂ , la ligne tourne vers le sud le long des reliefs vers Sibidang-san, traverse le col sur sa face sud par lequel passent le chemin de fer et l’autoroute Chinju-Masan, et continue vers le sud jusqu'Ă  Battle Mountain et P'il-bong. Depuis P'il-bong la ligne s’oriente ensuite vers la route cĂ´tière du sud près de Chindong-ni[19].

Le 35e rĂ©giment d'infanterie tient le Nord du front de la division soit 24 km, du pont de Namji-ri Ă  l'autoroute Chinju-Masan. Le rĂ©giment est responsable de l'autoroute. Le point le plus faible et le plus vulnĂ©rable du rĂ©giment se situe dans l’écart de 4,8 km le long de la rivière Naktong entre la plus grande partie de la compagnie F Ă  l'ouest et son 1er peloton Ă  l'est. Ce peloton garde le pont Ă  poutres en porte-Ă -faux en acier de Namji-ri sur l’extrĂŞme droite de la 25e division Ă  la frontière avec la 2e division d'infanterie, qui est positionnĂ©e de l'autre cĂ´tĂ© du fleuve Naktong[19]. Au sud de l'autoroute, le 24e rĂ©giment d'infanterie occupe les terrains Ă©levĂ©s Ă  l’ouest de Haman, y compris Battle Mountain et P'il-bong[20]. Le 5e rĂ©giment du colonel John L. Throckmorton (en) tient l'Ă©peron sud de Sobuk-san de la route cĂ´tière Ă  Chindong-ni. Depuis Chindong-ni, des unitĂ©s du corps des marines ROK protège la ligne sur la cĂ´te sud. Le poste de commandement de la 25e division de Kean est situĂ© Ă  Masan, le poste de commandement du 35e rĂ©giment d'infanterie 35e est sur le cĂ´tĂ© est de la route Chirwon-Chung-ni, le poste de commandement du 24e rĂ©giment d'infanterie est Ă  Haman et le poste de commandement du colonel Throckmorton et du 5e rĂ©giment se situe Ă  Chindong-ni[19]. Le 31 aoĂ»t, la division souffre d'une pĂ©nurie de soldat, et un nombre limitĂ© de KATUSAs (troupes corĂ©ennes anglophones) sont amenĂ©s Ă  reconstituer ses rangs[21].

La grande offensive du Nakdong

La carte de la ligne défensive de Périmètre Busan en septembre 1950. Masan et la rivère Nam se trouvent au sud-ouest du périmètre.

Lors de la planification de la grande offensive, les commandants nord-coréens se rendent compte que toute tentative d'attaque par les flancs des forces de l'ONU est impossible de par l'appui de la marine américaine[22]. Au lieu de cela, comme seul espoir de réussite, ils choisissent de frapper frontalement le périmètre afin de le réduire[23]. Avertis par le renseignement soviétique, les Nord-Coréens sont conscients que les forces de l'ONU se renforcent le long du périmètre de Busan et qu'ils doivent mener une offensive rapidement, ou renoncer à la bataille[24]. L’objectif secondaire est d’encercler Daegu et de détruire les unités américaines et sud-coréennes présentes dans la ville. À cette fin, les unités nord-coréennes prévoient d'abord de couper les lignes d'approvisionnement vers Daegu[25].

Le 20 août, le commandement nord-coréen distribue les ordres opérationnels à leurs unités subordonnées[24]. Ces ordres appellent à une attaque simultanée contre les lignes de l'ONU sur cinq zones différentes afin de submerger les défenseurs de l'ONU et de permettre aux Nord-Coréens de percer les lignes et de repousser les forces de l'ONU sur au moins une des zones. Cinq groupes de combat sont constitués[26]. L'attaque au sud-ouest du périmètre est menée par les 6e et 7e divisions qui doivent percer la 25e division d'infanterie américaine à Masan[27] - [n. 2].

La bataille

Dans la partie sud du secteur dĂ©fendu par la 25e division d’infanterie, le 1er corps nord corĂ©en prĂ©voit une forte attaque en coordination avec une attaque contre la 2e division amĂ©ricaine plus au nord[29]. Les 6e et 7e divisions nord-corĂ©ennes reçoivent leurs ordres d'attaque le 20 aoĂ»t qui prĂ©voient l’assaut contre les lignes amĂ©ricaines le 31 aoĂ»t Ă  22h00[30]. La 6e division, la plus au sud sur le flanc droit, doit attaquer via Haman, Masan et Chinhae puis prendre Kumhae, sur la rive ouest du delta du Naktong Ă  24 km de Busan, avant le 3 septembre[31]. La zone d’attaque de la division passe au sud de la route de Chinju Ă  Komam-ni et Masan[6]. La 7e division, situĂ©e au nord de la 6e division, prĂ©voit d'attaquer au nord de l'autoroute Masan, bifurquer vers le Naktong, et attendre la 6e division sur sa droite et la 9e division nord-corĂ©enne sur sa gauche pour se joindre Ă  ces dernières[31]. Une partie de la 7e division est regroupĂ©e dans la rĂ©gion d’Uiryong Ă  l’ouest de la rivière Nam. Ce plan oppose la 6e division d’infanterie nord-corĂ©enne au 24e rĂ©giment d’infanterie amĂ©ricain et la 7e division nord-corĂ©enne au 35e rĂ©giment amĂ©ricain[30]. La 6e division a dĂ©jĂ  engagĂ© le 24e rĂ©giment d’infanterie Ă  Battle Mountain pendant plusieurs semaines, sans rĂ©sultats significatifs pour aucun des partis[32]. Le commandant de la 25e division, le major gĂ©nĂ©ral William B. Kean, conscient qu'une offensive est en cours de prĂ©paration, est inquiet des capacitĂ©s du 24e d'infanterie et il commence Ă  Ă©tablir un rapport sur la performance du rĂ©giment pour dĂ©terminer comment amĂ©liorer ses capacitĂ©s[33]. La 6e division nord-corĂ©enne frappe le 24e rĂ©giment d’infanterie Ă  Haman, le 31 aoĂ»t, et le pousse au repli après un engagement lourd[34]. La 6e division et le 24e rĂ©giment commencent une lutte acharnĂ©e qui va durer plus jours autour d'Haman[35]. Pendant ce temps, la 7e division lance son attaque contre le 35e rĂ©giment.

La traversée des Nord-Coréens

Carte du secteur de la 25e division lors de la bataille de la rivière Nam.

Pendant ce temps, les troupes nord-coréennes de la 7e division engagent tous leurs efforts contre la ligne du 35e d'infanterie[36]. À 23h30 le 31 août, un canon automoteur SU-76 nord-coréenne traverse la Nam et tir des obus sur les positions de la compagnie G du 35e régiment surplombant la rivière[37]. En quelques minutes, l'artillerie nord-coréenne attaque l’ensemble des compagnies du régiment depuis la rive ouest du pont de Namji-ri[31] - [38]. Sous le couvert de l’artillerie, un régiment de la 7e division traverse la rivière Nam et attaque les compagnies F et G du 35e[39]. D'autres soldats nord-coréens franchissent la Nam sur un pont sous-marin (en) en face des rizières au nord de Komam-ni et à proximité de la frontière entre le 2e bataillon, dirigé par le lieutenant-colonel John L. Wilkins, Jr., tenant le bord de la rivière et le 1er bataillon du lieutenant-colonel Bernard G. Teeter tenant la ligne de colline qui s’étend de la rivière Nam à Sibidang-san et à l'autoroute Chinju-Masan[37]. Le 35e régiment d'infanterie, qui doit faire face à des pénuries de matériel et de renforts, est sous équipé mais néanmoins préparé à une attaque[40].

Au niveau du site de traversĂ©e de la rivière par le ferry situĂ© entre ces deux bataillons, le commandant du rĂ©giment, le colonel Henry Fisher place 300 policiers sud-corĂ©ens, dans l'espoir qu'ils puissent tenir assez longtemps pour servir d'avertissement pour le reste des troupes nord-corĂ©ennes[41]. L’artillerie amĂ©ricaine situĂ©e sur les collines surplombant la zone doit couvrir ces derniers. De retour Ă  Komam-ni, Fisher prĂ©pare le 3e bataillon Ă  une contre-attaque en cas de pĂ©nĂ©tration de l'ennemi[37]. Mais de façon inattendue, les compagnies de police près du ferry se dispersent aux premiers tirs nord-corĂ©ens[38]. Ă€ 00h30, les troupes nord-corĂ©ennes s’engouffrent par ce trou dans la ligne, certaines manĹ“uvrent Ă  gauche pour prendre la compagnie G par son flanc et Ă  revers, tandis que les autres soldats manĹ“uvrent Ă  droite pour attaquer la compagnie C, qui se situe sur un Ă©peron rocheux Ă  l'ouest de la route de Komam-ni[41]. Les Ă©lĂ©ments des compagnies C et D forment une ligne de dĂ©fense le long de la digue Ă  la limite nord de Komam-ni oĂą des chars amĂ©ricains les rejoignent Ă  l'aube. Les Nord-corĂ©ens, cependant, ne passent pas par le carrefour routier de Komam-ni Ă  6,4 km au sud de la rivière comme Fisher le prĂ©voyait ; Ă  la place, ils manĹ“uvrent vers l'est dans les collines derrière le 2e bataillon[37].

Deux chars T-34 mis hors service en septembre 1950 lors de la guerre de Corée.

La position de la compagnie B du 35e d'infanterie est situĂ©e sur les hauteurs de Sibidang-san, au bord de la route de Masan Ă  3,2 km Ă  l'ouest de Komam-ni. Cette dernière donne Ă  la compagnie une vue imprenable sur la campagne environnante. C’est une position clĂ© dans la ligne de la 25e division, et Kean est conscient que les Nord-CorĂ©ens envisagent ce site comme une cible importante pour leur offensive[42]. Le barrage prĂ©paratoire d’artillerie nord-corĂ©en, dure de 11h30 Ă  minuit. Sous cette couverture, deux bataillons du 13e rĂ©giment de la 6e division nord-corĂ©enne manĹ“uvrent vers les hauteurs Ă  moins de 140 m des positions amĂ©ricaines. Dans le mĂŞme temps, des chars T-34, des canons automoteurs SU-76 et des canons antichars nord-corĂ©ens prennent la direction de Komam-ni sur la route au pied de Sibidang-san. Un char amĂ©ricain Sherman M4A3 dĂ©truit un T-34, juste après minuit, et une escouade Ă©quipĂ©e de bazooka de 3,5 pouces dĂ©truit un canon automoteur et plusieurs canons antichars de 45 mm[37].

Sur la crête de Sibidang-san, un champ de mines antipersonnel arrêté le premier assaut d’infanterie nord-coréenne. Et Nord-coréens ont ensuite enchainé une série d'attaques rapprochées qui ont toutes été repoussées par la puissance de feu supérieure des troupes américaines[41]. À 02 h 30 les fusiliers de la compagnie B sont tellement à court de munitions qu'ils commencent le décapage des balles de mitrailleuses afin de les utiliser dans leurs fusils. Le 1er peloton de la compagnie C, situé au pied de la montagne derrière la compagnie B, escalade Sibidang-san en 45 minutes chargé d’un ravitaillement en munitions. Juste avant l'aube, l'attaque nord-coréenne se calme. La lumière du jour révèle une grande quantité d'équipement nord-coréen abandonné et éparpillé sur la pente juste au-dessous de la crête, dont 33 mitrailleuses. Parmi les morts nord-coréens se trouve le commandant du 13e régiment nord-coréen[43].

Au lever du jour, le 1er septembre, une force de secours composĂ©e des soldats de la compagnie C du quartier gĂ©nĂ©ral, menĂ©e par les chars amĂ©ricains, ouvre la route de Sibidang-san et rĂ©approvisionne en munitions le 2e peloton de la compagnie B juste Ă  temps pour lui permettre de repousser une nouvelle attaque nord-corĂ©enne. Cet assaut, qui Ă©choue, entraĂ®ne la mort de 77 soldats et la capture de 21 Nord-CorĂ©ens[43]. Bien que le 35e d’infanterie tient l’ensemble de ses positions d'origine Ă  l’exception de celle du peloton avancĂ© de la compagnie G, 3 000 soldats nord-corĂ©ens ont franchi les lignes[38] - [41]. La pĂ©nĂ©tration la plus profonde atteint les hauteurs juste au sud de Chirwon donnant sur la route nord-sud[43].

Dans l'intervalle, la 6e division nord-coréenne fait des percées dans le secteur du 24e régiment d'infanterie situé au sud, écrasant le régiment et le forçant à se replier. Le 2e bataillon du 24e régiment, sur les crêtes surplombant Haman, est repoussé et ses soldats se retirèrent dans le désordre[21]. Des survivants des 1er et 2e bataillons du 24e régiment réapparaissent plus tard sur les lignes du 35e régiment, et les commandants de ce dernier ne peuvent que constater que l’ensemble du régiment a été mis en miette par l’attaque nord-coréenne. Kean ordonne au 1er bataillon du 27e d'infanterie de manœuvrer afin d’aider à rétablir les positions du 24e[44].

L'infiltration nord-coréenne

Dans une contre-attaque menĂ©e après l'aube, la compagnie K et les chars ont partiellement repris le contrĂ´le des crĂŞtes surplombant Haman, mais pas complètement[45]. Un grand nombre de Nord-CorĂ©ens se trouvent derrière les positions de combat du 35e d’infanterie notamment dans les zones de Chirwon-ni et Chung-ni, Ă  9,7 km Ă  l'est de Komam-ni et du front. Les Nord-CorĂ©ens continuent Ă  traverser la rivière Nam après l’aube le 1er septembre dans la zone sĂ©parant le 1er et le 2e bataillons[41]. Des avions d'observation repèrent environ quatre compagnies traversant lĂ  et dirigent les tirs du 64e bataillon d'artillerie qui dĂ©truisent environ les trois quarts des compagnies. Des avions de chasse mitraillent les survivants par la suite. Plus tard dans la journĂ©e, un autre grand groupe de Nord-CorĂ©ens est repĂ©rĂ© Ă  dĂ©couvert près de la rivière et des avions amĂ©ricains dirigent les tirs d'artillerie sur la colonne, faisant 200 victimes nord-corĂ©ennes[45].

Le plan d’attaque du 1er corps nord-corĂ©en prĂ©voit pour sa 6e division de pousser Ă  l'est le long de la route principale Chinju-Komam-ni-Masan Ă  travers le 1er bataillon du 35e d'infanterie, et en mĂŞme temps pour les principaux Ă©lĂ©ments de sa 7e division de se diriger au sud-est derrière le 2e bataillon, 35e d'infanterie, et couper la route de Chirwon[41]. Cette dernière traverse le fleuve Naktong avec un pont en acier Ă  Namji-ri dans la zone de la 2e division amĂ©ricaine d’infanterie et poursuit vers le sud par Chirwon pour rejoindre la principale autoroute vers Masan Ă  13 km Ă  l'est de Komam-ni près du village de Chung-ni, Ă  6,4 km au nord-ouest de Masan. Ces deux voies d'approche, la route Chinju-Komam-ni-Masan et la route Chirwon convergent Ă  Chung-ni et forment les axes du plan d'attaque nord-corĂ©en[46].

Les troupes du génie militaire mènent une contre-attaque sur la route secondaire vers Chirwon le 1er septembre. Les progrès sont lents et les Nord-Coréens les arrêtent en début d'après-midi[47]. Le 35e d’infanterie est maintenant encerclé par les forces des 6e et 7e divisions nord-coréennes, avec environ trois bataillons à l’intérieur de ses lignes[41]. Revenant plus tard sur la situation, Fisher dit : « Je n'ai jamais eu l'intention de me replier. Il n'y avait aucun endroit où aller. Je comptais aller dans le périmètre du régiment et tenir[n. 3] »[47].

La contre-attaque du 2e bataillon, 27e régiment américain

Dans l’après-midi, Kean estime que la situation est grave et menace l'intĂ©gritĂ© de la ligne de la division. Il ordonne au 2e bataillon du 27e rĂ©giment d'infanterie d’attaquer derrière le 35e rĂ©giment, parce qu'une grande partie de l'artillerie de la division est sous l’attaque directe de l’infanterie nord-corĂ©enne[47]. Durant la matinĂ©e du 1er septembre, lorsque les troupes de la 7e division nord-corĂ©enne ont attaquĂ©, et la première unitĂ© amĂ©ricaine qu’ils rencontrent est la compagnie G du 35e d'infanterie[41]. Alors que certaines unitĂ©s nord-corĂ©ens attaquent la compagnie G, d'autres engagent la compagnie E Ă  3,2 km en aval de cette première, et d'autres encore attaquent des unitĂ©s dispersĂ©es de la compagnie F jusqu’à son 1er peloton, qui garde le pont de Namji-ri. LĂ , sur le flanc extrĂŞme droit de la 25e division amĂ©ricaine, ce peloton rĂ©ussit Ă  chasser une force nord-corĂ©enne après une lutte acharnĂ©e. Le 2 septembre, la compagnie E a dĂ©truit la plupart d'un bataillon nord-corĂ©en dans de lourds combats[47].

De toutes les unitĂ©s du 2e bataillon, c’est la compagnie G qui subit les coups les plus durs. Avant l'aube du 1er septembre, les troupes nord-corĂ©ennes lancent un assaut lourd contre cette dernière. Peu après 03h00, ils envahissent le 3e peloton de mortier lourd de la compagnie qui doit quitter sa position. Ce peloton escalade la colline 179 et rejoint sur sa crĂŞte le 2e peloton de la compagnie G[47]. Pendant ce temps, le 3e peloton de la compagnie G, sur une petite colline le long de la rivière Nam Ă  6,4 km Ă  partir de sa jonction avec le fleuve Naktong, se retrouve aussi dans des combats rapprochĂ©s[41]. Après l’aube, le capitaine LeRoy E. Majeske, commandant la compagnie G, demande des concentrations d'artillerie et des frappes aĂ©riennes, mais elles mettent du temps Ă  se mettre en Ĺ“uvre. Ă€ 11h45, les Nord-CorĂ©ens ont presque atteint le sommet de la colline, et seulement un espace Ă©troit sĂ©pare les deux forces. Quelques minutes plus tard Majeske est tuĂ©, et le sous-lieutenant George Roach, commandant le 3e peloton, signale encore une fois l’urgence de la situation et demande une frappe aĂ©rienne. L'US Air Force finit par frapper la partie de la colline tenue par les Nord-corĂ©ens, ce qui met un frein l'assaut. Ă€ ce moment, de nombreuses troupes nord-corĂ©ennes capturent et occupent des positions retranchĂ©es du peloton et lancent depuis ces dernières des grenades sur les positions encore occupĂ©es par les AmĂ©ricains. Une des grenades tue Roach au dĂ©but de l'après-midi. C’est alors le sergent de première classe Junius Poovey qui prend le commandement. Ă€ 18h00, Poovey ne dispose plus que de 12 soldats en Ă©tat de se battre dans le peloton, 17 des 29 hommes encore vivants sont blessĂ©s[48]. Ne disposant presque plus de munitions, Poovey demande et reçoit l'autorisation de se retirer sur la position principale de la compagnie G[41]. Avec l'obscuritĂ©, les 29 hommes, dont trois sur des civières, se retirent, couverts par l'arrivĂ©e des chars amĂ©ricains. Le groupe atteint la position de la compagnie G sur la colline 179 Ă  23h30[48].

L'impasse

Alors que la compagnie G tient ses positions le 2 septembre sur la colline 179, contre les attaques nord-coréennes, le 2e bataillon du 27e d'infanterie lance à 17h00 depuis la zone de Chung-ni[49], une attaque dans la direction de la compagnie G au nord-ouest. Le bataillon ne fait que des progrès lents contre des forces nord-coréennes très nombreuses. La nuit est très sombre et le terrain le long de la route Kuhe-ri ferry est montagneuse. Après avoir combattu pendant toute la nuit, le bataillon atteint une position au sud des positions défensives originales de la compagnie G du 35e d'infanterie le lendemain à 15h00. Une attaque coordonnée par des blindés, l'artillerie, l’Air Force est lancée dans l’après-midi et avant 18h00 le bataillon a rétabli la ligne de bataille. Cette attaque du 2e bataillon, 27e d'infanterie, tue 275 Nord-Coréens et permet de récupérer une grande partie de l'équipement de la compagnie G perdu plus tôt[48].

Le 2e bataillon, 27e d’infanterie demeure sur les positions regagnĂ©es au cours de la nuit du 3 septembre. Ă€ 08h00 le lendemain matin, la compagnie G, 35e d'infanterie, soulage le 2e bataillon sur ces positions et commence son attaque vers la route d'approvisionnement[49]. Durant ce laps de temps, les Nord-CorĂ©ens ont Ă  nouveau repoussĂ© la compagnie G de ces positions rĂ©tablies. Le 2e bataillon, 27e d’infanterie se retourne, attaque, et rĂ©tabli une fois de plus les positions de la compagnie G. Ă€ 12h00 le 4 septembre, le 2e bataillon manĹ“uvre Ă  nouveau depuis ces positions vers la compagnie G et reprend son attaque vers l'arrière le long de la route dans l'Ă©cart entre les 1er et 2e bataillons du 35e d'infanterie. Il est presque immĂ©diatement en contact avec les forces nord-corĂ©ennes. Les mitrailleuses nord-corĂ©ennes tirent sur les troupes amĂ©ricaines depuis trois directions. Des pluies torrentielles arrivent rĂ©duisant fortement la visibilitĂ© alors que le bataillon commence Ă  manquer de munitions. Le commandant ordonne au bataillon de se retirer sur un terrain plus favorable Ă  460 m pour qu'il puisse se ravitailler[50].

Le ravitaillement s’est avĂ©rĂ© ĂŞtre une tâche difficile. Le bataillon avait dĂ©gagĂ© la route de ravitaillement deux jours auparavant lors de son attaque en soutien aux positions de la compagnie G, mais elle est Ă  nouveau fermĂ©e. Le commandant du bataillon demande un ravitaillement aĂ©rien et le lendemain matin, le 5 septembre, huit avions de transport accomplissent le rĂ©approvisionnement. Le 2e bataillon, 27e d'infanterie, est prĂŞt Ă  reprendre son attaque vers l’arrière de la ligne[50]. Dans la soirĂ©e, il dĂ©gage Ă  nouveau la route d'approvisionnement et les terrains adjacents Ă  la pĂ©nĂ©tration nord-corĂ©enne sur une distance de 7 300 m vers l'arrière des positions de première ligne de la compagnie G[49]. Ă€ ce stade, le bataillon reçoit l'ordre de stopper et de se prĂ©parer Ă  attaquer au nord-est et de faire jonction avec le 1er bataillon, 27e d'infanterie[50].

Le 3e bataillon, 27e régiment américain

Photo d'un groupe de soldats autour d'un bureaude fortune sous un pont.
Le poste de commandement du 27e d'infanterie sous un pont près de Haman.

Après le départ du 2e bataillon du 27e régiment de la région Chung-ni le 2 septembre pour mener son attaque vers la compagnie G, les Nord-Coréens attaquent le poste de commandement du 24e régiment d'infanterie et plusieurs positions d'artillerie. Pour répondre à cette nouvelle situation, le général Kean ordonne au bataillon restant du 27e d'infanterie, le 3e bataillon commandée par le lieutenant-colonel George H. Dechow, de contre-attaquer et de détruire les Nord-Coréens qui opèrent dans cette zone[51] - [52].

Après des combats le matin du 3 septembre contre plusieurs centaines de Nord-corĂ©ens Ă  proximitĂ© des positions d'artillerie, le bataillon de Dechow lance son attaque Ă  15h00 vers les hauteurs accidentĂ©es Ă  l'ouest du « fer Ă  cheval[n. 4] ». Sa mission est de saisir et fixer les hauteurs dominant le « fer Ă  cheval », puis de soulager la pression Ă  l'arrière du 24e d’infanterie. Après l’avancĂ©e du bataillon sur une certaine distance, une force nord-corĂ©enne, estimĂ©e Ă  plus de 1 000 hommes, contre-attaque et inflige de lourdes pertes dont 13 officiers. Initialement une seule pièce d'artillerie participe en soutien Ă  l'attaque, des chars amĂ©ricains supplĂ©mentaires sont alors envoyĂ©s pour aider Ă  sĂ©curiser le flanc droit exposĂ© et l'arrière, et des frappes aĂ©riennes contiennent la force nord-corĂ©enne. Le bataillon rĂ©ussit finalement Ă  prendre les hauteurs[51].

Le lendemain matin, le 4 septembre, au lieu de poursuivre l'attaque vers le poste de commandement du 24e d’infanterie[53], le 3e bataillon, 27e d'infanterie reçoit l’ordre d'attaquer dans la zone Komam-ni où les troupes nord-coréennes attaquent les positions d'artillerie américaines. Cette attaque démarre à 09h00 dans un feu nourri. Dans l'après-midi, des fortes pluies ralentissent l'attaque, mais après toute une journée de combat, les compagnies I et K, avec le soutien de nombreuses frappes aériennes, capturent les hauteurs dominant le carrefour de Komam-ni. Les nombreuses pertes dans le bataillon avaient conduit Kean à rattacher la compagnie C du 65e bataillon de combat du génie au 3e bataillon. Le lendemain, le 5 septembre, le 3e bataillon, 27e d'infanterie conduit son attaque à travers un terrain accidenté en direction de Haman et de la zone du poste de commandement du 24e régiment. Dans son attaque, le 3e bataillon fait plus de 300 morts nord-coréens dans la région traversée[51].

L'attaque contre l'artillerie

La série d'événements qui oblige Kean à changer la direction de l'attaque de Dechow vers Komam-ni débute à 01h00 le 3 septembre. Le 1er bataillon du 35e d'infanterie a poussé plus à l'ouest que toutes autres unités des forces de l'ONU en Corée à ce moment. Derrière ses positions sur Sibidang-san, la principale route d'approvisionnement et les arrières sont aux mains des Nord-coréens. La route n’est alors empruntable qu’à la lumière du jour et sous escorte de véhicules[54]. Sur Sibidang-san le bataillon tient ses positions d'origine après les violents combats du 1er septembre, mais il est complètement encerclé. Des barbelés, des pièges et des fusées éclairantes, et de nombreuses armes d'appui notamment contiennent le bataillon à l'intérieur de ce périmètre serré. Le bataillon a cependant l'avantage de pouvoir appeler des tirs d'artillerie de protection couvrant toutes les voies d’approches[44]. Les unités du 35e disposent aussi de points forts biens construits tout au long de la bataille que les Nord-Coréens ne peuvent pas pénétrer[44]. Une heure après minuit une attaque nord-coréenne frappe le bataillon. La lutte se poursuit jusqu'à l'aube du 3 septembre. À ce moment, le 1er bataillon du 35e d'infanterie compte 143 Nord-coréens morts devant ses positions, et sur cette base, il estime que le total des pertes nord-coréennes doit être d’environ 500 hommes[54].

Dans la nuit, le 64e bataillon d'artillerie de campagne, en soutenant le 1er bataillon, se retrouve directement impliqué dans les combats. Environ 50 Nord-Coréens s’infiltrent avant l'aube vers la position de la batterie A et l’attaquent. Les Nord-Coréens, employant des mitrailleuses, envahissent deux positions du périmètre et atteignent les pièces d'artillerie à 03h00. Là, le capitaine Andrew C. Anderson et ses hommes doivent combattre au corps à corps avec les Nord-Coréens. Certains des canons tombent temporairement aux mains des Nord-coréens, mais les artilleurs repoussent l'attaque, aidés par la concentration de tirs de la batterie C du 90e bataillon d’artillerie de campagne situé à proximité, ce qui coupe les renforts nord-coréens. En défendant ses canons dans cette nuit de combat, la batterie A perd sept hommes tués et 12 blessés[54].

Les 159e et 64e bataillons d’artillerie de campagne, disposent de cinq batteries munies d’obusiers de 105 mm, et le 90e bataillon d’artillerie de campagne dispose d’une batterie qui tire des obus de 155 mm, pour un total de 36 canons qui combattent en soutien au front de la rivière Nam dans la partie nord du secteur de la 25e division[55]. Un canon de 155 mm tire de Komam-ni Ă  la zone nord de Chungam-ni, l'itinĂ©raire d’approvisionnement de la 6e division nord-corĂ©enne. Une autre pièce d'artillerie avancĂ©e garde le pont d’Iryong-ni sur la Nam. La 25e division d'artillerie estime que l’artillerie a tuĂ© environ 1 825 soldats nord-corĂ©ens pendant les trois premiers jours de septembre[54]. Dans ce moment critique de la grande offensive du Nakdong, la 5e US Air Force ajoute sa puissance de feu Ă  celle de l'artillerie de la division en appui Ă  la force terrestre. Walker attribue la victoire des Nations unies dans ce secteur directement au vaste soutien aĂ©rien que la division a reçu dans la bataille[56].

Les Nord-Coréens repoussés

Des combats confus continuent derrière la ligne du 35e d'infanterie la semaine suivante[57]. Les bataillons, compagnies et pelotons, coupĂ©es et isolĂ©es, combattent sans contrĂ´le directs de leurs supĂ©rieurs et globalement sans soutien Ă  l'exception des parachutages qui ravitaillent la plupart de ces unitĂ©s. Les parachutages fournissent Ă©galement des forces de secours en essayant d'atteindre les unitĂ©s de première ligne. Des chars et des vĂ©hicules blindĂ©s conduisent aux unitĂ©s isolĂ©es des fournitures, des vivres et de munitions et embarquent les blessĂ©s critiques en retour. En gĂ©nĂ©ral, le 35e rĂ©giment d'infanterie combat sur ses positions d'origine de la ligne, tandis que dans un premier temps, un bataillon, et plus tard deux bataillons, du 27e rĂ©giment d'infanterie combattent dans sa direction Ă  travers quelque 3 000 Nord-CorĂ©ens sur leurs arrières[56].

Bien que la 25e division soit globalement moins sous la pression des unitĂ©s nord-corĂ©ennes après le 5 septembre, il y a encore des attaques locales sĂ©vères. Le 6 septembre, 1er bataillon, 27e d'infanterie, manĹ“uvre vers le nord de la rĂ©gion de Haman pour rejoindre 2e bataillon afin de nettoyer les troupes nord-corĂ©ennes sur les arrières du 35e rĂ©giment d’infanterie et au-dessous de la rivière Nam. Pris entre les positions du 35e d'infanterie sur les collines le long de la rivière et l’attaque des unitĂ©s d'infanterie du 27e, un grand nombre de Nord-CorĂ©ens sont tuĂ©s. Seize groupes diffĂ©rents sont dispersĂ©s avec de lourdes pertes au cours de la journĂ©e. Au matin du 7 septembre, il y a des informations selon lesquelles les survivants de la 7e division nord-corĂ©enne essaient de fuir Ă  travers la rivière Nam[58]. Cependant, les Nord-CorĂ©ens lancent une nouvelle attaque contre le 35e d'infanterie, mais cette dernière est rapidement repoussĂ©e[59]. La 25e division d'infanterie enterre plus de 2 000 Nord-corĂ©ens, tuĂ©s entre le 1er et le 7 septembre derrière ses lignes. Ce nombre ne comprend pas les soldats tuĂ©s sur la ligne de front initiale en face de ses positions[58].

Les fortes pluies entrainent la hausse de la Nam et du Naktong le 8 et le 9 septembre, ce qui rĂ©duit le risque de nouvelles traversĂ©es des Nord-corĂ©ens. Le 8 septembre, alors que cela fait près d’une semaine que le 35e d'infanterie garde le pont Namji-ri sur le Naktong, un North American F-82 Twin Mustang bombarde ce dernier par erreur avec une bombe de 500 livres qui dĂ©truit les 24 m de la travĂ©e centrale. Seuls les ponts au nord de la jonction de la Nam et du Naktong sont censĂ©s ĂŞtre bombardĂ©s Ă  ce stade. En effet, certains commandants locaux pensent que si les Nord-CorĂ©ens devaient contourner ce pont et traverser le Naktong plus Ă  l'Est, il n’y aurait plus rien entre eux et Busan. Les attaques nord-corĂ©ennes contre le 2e bataillon, 35e d'infanterie ont eu lieu chaque nuit et les approches du pont sur la rive nord ont Ă©tĂ© minĂ©es. Ă€ un moment donnĂ©, il y a jusqu'Ă  une centaine de morts nord-corĂ©ens dans la zone[60]. Du 9 au 16 septembre, il y a des attaques limitĂ©es sur le front du 35e d’infanterie, mais l’essentiel de l'Ă©lan nord-corĂ©en a Ă©tĂ© brisĂ© et ils ne peuvent pas rassembler suffisamment de forces pour mener Ă  nouveau des attaques d’envergure contre le rĂ©giment[61].

Le retrait nord-coréen

Le débarquement d'Incheon, le 15 septembre 1950.

La contre-attaque de l'ONU à Incheon fait s'effondrer la ligne nord-coréenne, coupe toutes leurs principales voies d'approvisionnement et de renforcement et contraint les Nord-Coréens au repli sur tous les fronts. Le 16 septembre, cependant, la 25e division d'infanterie se bat encore contre les forces nord-coréennes derrière ses lignes et des poches de résistance nord-coréennes se maintiennent sur les hauteurs de Battle Mountain, P'il-bong, et Sobuk-san[62]. Kean estime que la division ne peut avancer le long des routes vers Chinju si le centre montagneux de la ligne de la division n’est pas nettoyé. Il estime donc que la clé de l'avance de la 25e division se trouve sur son centre où les Nord-Coréens tiennent les hauteurs et continuent d’attaquer chaque jour le 24e régiment d'infanterie[57]. Le 27e régiment d’infanterie sur la gauche et le 35e sur la droite, à cheval sur les routes entre Chinju et Masan, tiennent leurs positions et ne peuvent pas avancer tant que la situation en face du 24e régiment ne s’améliore pas[63].

Le 19 septembre, les troupes de l'ONU découvrent que les Nord-Coréens ont abandonné Battle Mountain au cours de la nuit. Le 1er bataillon, 24e d'infanterie manœuvre alors pour occuper les anciennes positions nord-coréennes. À droite, le 35e d'infanterie commence à aller de l'avant[64]. Il n'y a qu'une faible résistance jusqu'à ce qu'il atteigne les hauteurs en face de Chungam-ni où se sont cachés des soldats nord-coréens dans des trous d'araignée (en) afin de tirer à revers sur les soldats du 1er bataillon situés à l'arrière. Le lendemain, le 1er bataillon prend Chungam-ni, et le 2e bataillon capture la ligne de crête qui court depuis le nord-ouest jusqu’à la rivière Nam. Pendant ce temps, les Nord-Coréens résistent toujours ardemment à gauche de la division où le 27e d'infanterie doit lourdement combattre en tentant d'avancer[65].

Les Nord-Coréens se retirent de la zone Masan dans la nuit du 18 au 19 septembre. La 7e division nord-coréenne se retire depuis le sud de la rivière Nam tandis que la 6e division laisse des éléments pour couvrir l'ensemble du front. Couverte par la 6e division, la 7e division franchit la rive nord de la rivière Nam le matin du 19 septembre, puis la 6e division se retire de ses positions sur Sobuk-san[65]. Les unités américaines se lancent rapidement à leur poursuite vers le nord en passant sur les positions de Battle Mountain, qui ne sont plus d'importance stratégique[66].

Conséquences

Le 35e régiment d'infanterie compte dans ses rangs 154 tués, 381 blessés et 2 disparus durant la bataille. Le 27e régiment d'infanterie totalise lui 118 tués, 382 blessés et 1 capturés lors de la bataille du périmètre de Busan, mais ce décompte inclut 5 morts et 54 blessés lors de la bataille de la Bowling Alley et 150 victimes lors de la première bataille du Nakdong. En soutien aux opérations sur la rivière Nam, le 64e bataillon d'artillerie de campagne souffre de 16 tués, 27 blessés, 1 prisonnier et 5 disparus, le 159e bataillon d'artillerie de campagne compte 18 tués et 41 blessés et le 90e bataillon d'artillerie de campagne dénombre 15 tués, 54 blessés et 1 disparus[67]. L'engagement du 35e régiment à repousser les Nord-Coréens a conduit Kean à le proposer pour une Presidential Unit Citation[49].

Les troupes nord-corĂ©ennes ont beaucoup souffert dans les combats subissant un grand nombre de victimes. Ă€ la mi-septembre, la 7e division est rĂ©duite Ă  seulement 4 000 hommes ; elle a perdu 6 000 sur le pĂ©rimètre de Busan[68]. Seulement 2 000 hommes de la 6e division sont finalement retournĂ©s en CorĂ©e du Nord, soit une perte de 80 pour cent de sa force. Jusqu'Ă  3 000 soldats ont Ă©tĂ© capturĂ©s alors qu'ils tentent de retourner en CorĂ©e du Nord. La force d'attaque de plus de 20 000 hommes est rĂ©duite Ă  seulement 6 000 Ă  la fin des combats autour de Masan[69].

La lutte autour de Masan est demeurée dans une impasse durant les six semaines de la bataille du périmètre de Busan. Chaque belligérant a tenté plusieurs offensives afin de contraindre l’autre au retrait, mais les Nord-Coréens ont été incapables de percer le périmètre de l'ONU, et les troupes de l'ONU n’ont pas été capables de submerger les Nord-Coréens au point de les forcer au repli[66]. Si la bataille elle-même est une impasse tactique, puisque aucun des combattants ne peut vaincre l’autre de manière décisive, les unités de l'ONU ont atteint leur objectif stratégique d'empêcher les Nord-Coréens d'avancer plus à l'est et de menacer Busan. Ils sont en mesure de tenir la ligne contre les attaques répétées nord-coréennes jusqu'au débarquement d’Inchon, début de la contre-offensive qui va entrainer la défaite de l'armée nord-coréenne dans les engagements ultérieurs[65].

Notes et références

Notes

  1. Le Nakdong Bulge est la zone où le cours du fleuve Nakdong effectue un coude (en passant d'une direction générale Nord-sud à une direction Ouest-est, au sud-ouest du périmètre de Busan.
  2. Le 20 août, le commandement nord-coréen distribue les ordres opérationnels à leurs unités subordonnées[24]. Ces ordres appellent à une attaque simultanée contre les lignes de l'ONU sur cinq zones différentes afin de submerger les défenseurs de l'ONU et de permettre aux Nord-Coréens de percer les lignes et de repousser les forces de l'ONU sur au moins une des zones. Cinq groupes de combat sont constitués comme suit[26] :
    1. Les 6e et 7e divisions doivent percer la 25e division d'infanterie américaine à Masan.
    2. Les 9e, 4e, 2e, et 10e divisions doivent percer la 2e division d'infanterie américaine au Nakdong Bulge à Miryang and Yongsan.
    3. Les 3e, 13e, et 1re divisions doivent percer la 1re division de cavalerie américaine et la 1re division d'infanterie sud-coréenne à Daegu.
    4. Les 8e et 15e divisions doivent percer les 8e et 6e division d'infanterie sud-coréennes à Hayang et Yongch'on[28].
    5. Les 12e et 5e divisions doivent percer la ROK Capital Division et la 3e division d'infanterie sud-coréenne à P'ohang-dong et Kyongju[28].
  3. Citation originale : « I never intended to withdraw. There was no place to go. I planned to go into a regimental perimeter and hold[47]. »
  4. Citation originale : « Horseshoe », surnom donné à la partie courbée de la route de Masan à 6,4 km à l'est de Komam-ni.

Références

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