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Bataille d'Ortona

La Bataille d'Ortona (20-) est un combat opposant deux bataillons de parachutistes d'Ă©lite de la 1re division allemande, sous les ordres du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Richard Heidrich, et les troupes canadiennes d’assauts de la 1re division d'infanterie canadienne sous les ordres du major-gĂ©nĂ©ral Christopher Vokes. La première division canadienne Ă©tait essentiellement constituĂ©e de recrues pour qui l'invasion de la Sicile constitue la première expĂ©rience de combat. La bataille d’Ortona est le point culminant des combats sur la cĂ´te italienne de l’Adriatique durant le mois de , connu sous l’appellation « dĂ©cembre sanglant ». La bataille est aussi connue sous le nom de « Stalingrad italienne » en raison de la brutalitĂ© des combats rapprochĂ©s aggravĂ©s par les dĂ©combres chaotiques de la ville et les dispositifs pièges utilisĂ©s des deux cĂ´tĂ©s. La bataille se dĂ©roula dans la petite ville italienne d'Ortona, sur la mer Adriatique, ville comptant 10 000 habitants en temps de paix. S'inscrivant dans le cadre de la campagne d'Italie, la bataille de la libĂ©ration d'Ortona a fait 2 300 victimes canadiennes en un mois, dont 500 morts avant que la ville ne soit libĂ©rĂ©e par les AlliĂ©s[1] - [2].

Bataille d'Ortona
Description de cette image, également commentée ci-après
Les blindés canadiens passent à Ortona, par Charles Comfort. Musée canadien de la guerre (CN 12245).
Informations générales
Date –
(8 jours)
Lieu Ortona, Italie
Issue Victoire des forces canadiennes
Belligérants
Drapeau du Canada CanadaDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Pertes
1 375 hommes et 964 blessĂ©s (compris les batailles de la rivière Moro)867 hommes tuĂ©s blessĂ©s ou capturĂ©s.

Seconde Guerre mondiale

Batailles

CoordonnĂ©es 42° 21′ nord, 14° 24′ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Abruzzes
(Voir situation sur carte : Abruzzes)
Bataille d'Ortona
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Bataille d'Ortona

Contexte

Villes autour de la Rivière Moro. Ortona était une ville d'importance stratégique, car elle était l'un des rares ports en eau profonde d'Italie sur la côte est.

À la fin de l'année 1943, la campagne d'Italie avait comme objectif de détourner les forces allemandes du territoire français ainsi que d'en réduire les effectifs. De fait le débarquement de Normandie est en planification pour le printemps ou l'été suivant. Tel que le précise une source :« En divisant les forces nazies en plusieurs fronts séparés, les Alliés empêcheraient Hitler de porter un coup fatal à l'URSS ou de centraliser une armée invincible le long de la côte de Normandie »[3] - [4].

L'offensive de la 8e armĂ©e britannique sur les lignes dĂ©fensives de la ligne Gustave Ă  l'est des Apennins avait dĂ©butĂ© le 23 novembre avec la traversĂ©e du fleuve Sangro. Ă€ la fin du mois, les principales dĂ©fenses de la ligne Gustave avaient Ă©tĂ© percĂ©es et les troupes alliĂ©es progressent vers la rivière Moro, se trouvant Ă  6,4 km au nord de la ville d'Ortona. Lors de la traversĂ©e de la rivière Moro au dĂ©but du mois de dĂ©cembre 1943, la 78e Division d'infanterie britannique, positionnĂ©e sur le flanc droit alliĂ© de la cĂ´te Adriatique avait Ă©tĂ© secourue/remplacĂ©e par la 1re Division d'infanterie canadienne, sous les ordres du major-gĂ©nĂ©ral Christopher Vokes[5]. Ă€ la mi-dĂ©cembre, après des combats acharnĂ©s dans le froid et la boue, la 1re Brigade d'infanterie canadienne se fraye un chemin Ă  3,2 km d'Ortona et est relayĂ©e par la 2e Brigade d'infanterie pour procĂ©der Ă  la prise de la ville[6].

Ortona est retenue stratégique, étant une des rares villes portuaires italiennes sur la côte est, dont le port, situé en eau profonde peut être utilisé pour l'accostage des navires alliés afin de raccourcir les lignes de ravitaillement de la 8e armée britannique qui à l'époque, s'étendaient jusqu'à Bari et Tarente. Les forces alliées reçurent l'ordre de maintenir l'offensive et la seule option envisageable était celle de passer par les zones urbaines d’Ortona et les environs. Ortona constituait une partie du système de défense de la ligne d'hiver et les Allemands avaient dressé une série de positions défensives à même la ville. Les Allemands avaient reçu l'ordre de « se battre pour chaque maison et arbre restant » [7] - [8].

Toutefois, des historiens comme Rick Atkinson, accordent une importance moindre à Ortona. Celui-ci cite notamment le maréchal Albert Kesselring qui aurait déclaré : « Nous ne voulons pas défendre Ortona de manière prioritaire, mais les Anglais l'ont fait paraître aussi importante que Rome »[2]. Le général Joachim Lemelsen, commandant transitoire, aurait répondu : « Cela coûte tellement cher en sang, que ça ne peut être justifié ». Néanmoins, les Alliés, croyant qu'il ne s'agirait que d'une bataille mineure, ont maintenu le plan établi. Les Allemands se sont alors impliqués pleinement à la tâche, en défendant la ville avec détermination[9].

La bataille

La bataille a vu un combat de maison en maison entre la 1re Division parachutiste allemande et la 1re brigade blindée canadienne.

Les batailles dans la ville d'Ortona avaient été précédées de la conquête de Casa Berardi, une ferme située sur la route entre Orsogna et Ortona, carrefour vital pour les allemands. Le 14 décembre, sous les ordres du capitaine Paul Triquet, la compagnie C du Royal 22e Régiment d'infanterie canadien épaulée par 7 chars M4 Sherman de l’escadron C de l’Ontario Regiment, s'empare des lieux. L’opération coûtera la vie de plusieurs membres de la compagnie. Au total, seuls neuf d’entre eux atteindront le point fortifié. La compagnie C lance son attaque à 7 h 30 du matin. Vers 10 h 30, elle se trouve sur la route entre Orsogna et Ortona, en plein milieu des lignes allemandes. Elle se dirige ensuite vers le nord-ouest dans la direction de Casa Berardi et s’en empare vers 14 h 30. Le capitaine Paul Triquet obtiendra la Croix de Victoria.

Au cours des jours suivants, les Canadiens ont affronté des militaires de la 1re Division parachutiste allemande composée des soldats aguerris. La première attaque canadienne contre la ville est menée le 20 décembre par le Loyal Edmonton Regiment de la 2e Brigade canadienne, sous les ordres du The Seaforth Highlanders of Canada. Pendant ce temps, des membres de la 3e Brigade d'infanterie de la division lancèrent une attaque du nord vers l'ouest de la ville pour tenter de déjouer les manœuvres et couper les communications de la ville. Mais, en raison du terrain difficile et de la défense allemande ils progressèrent lentement. Le , le Loyal Edmonton Regiment et le Seaforth Highlanders s'avancent dans Ortona, aidés par les chars du Three Rivers Regiment de la 1re brigade blindée canadienne[10].

Les trous de souris

Les Allemands avaient dissimulé plusieurs mitrailleuses et armes antichar dans toute la ville, ce qui rend les mouvements des blindés et de l'infanterie difficiles[11]. Les combats de maison en maison étaient insidieux et les Canadiens firent l’usage d'une tactique appelée « trous de souris », consistant à utiliser des armes telles que le PIAT ou des mines antichars Teller afin de produire une grande ouverture dans le mur d'un bâtiment, à travers laquelle les soldats lançaient des grenades et déclenchaient leur assaut à travers « les trous de souris », tout en dégageant les escaliers menant à l'étage supérieur ou inférieur à l'aide de grenades ou de mitrailleuses. Ils suivaient ensuite leurs adversaires afin de les atteindre, et se battaient de manière répétée, dans des combats rapprochés[12] - [11].

Le « trou de souris » était également utilisé pour percer et pénétrer des bâtiments par les murs des pièces adjacentes, prenant parfois les troupes ennemies par surprise[13]. Cette tactique fut utilisée de manière répétée, puisqu'à l'inverse, les assauts dans les rues causaient de trop lourdes pertes pour les troupes canadiennes et allemandes[14].

Les trous de souris permettaient également aux soldats de progresser dans la ville, bâtiment par bâtiment, sans passer par les rues où ils feraient directement face au feu ennemi[15]. Si certaines sources attribuent cette stratégie aux forces canadiennes, un film d'entraînement britannique de 1941 mettait déjà cette tactique en pratique. Les Canadiens furent certainement des utilisateurs précoces, efficaces et courageux de cette technique[16] - [17].

Tout au long de la bataille d'Ortona, les ingénieurs dans les deux camps ont également fait l’usage d’une tactique brutale, celle d'utiliser des charges de démolition, afin de causer l'effondrement de bâtiments entiers sur les troupes ennemies.

Le , après huit jours de combat, les troupes allemandes Ă©puisĂ©es se sont finalement retirĂ©es de la ville. Les batailles de la rivière Moro dont Ortona fait partie ont causĂ© la mort de 1 375 Canadiens. Ce nombre reprĂ©sente près d'un quart de tous les Canadiens tuĂ©s durant l'entièretĂ© la campagne d'Italie[18].

Patrimoine

Ortona, Place du Plebiscito: Monuments aux soldats canadiens
Ortona, Place du Plebiscito : monument aux soldats canadiens, à côté duquel se trouve la plaque commémorative.

La libĂ©ration d'Ortona est une victoire, mais le mois sera considĂ©rĂ© comme le « dĂ©cembre sanglant » par les forces canadiennes, en raison des nombreuses victimes dans la ville et ses environs. De mĂŞme, plus de 5 000 Canadiens sont Ă©vacuĂ©s Ă  la suite d'Ă©puisement au combat et de maladie. En plus des morts canadiennes, la 1re division de parachutistes allemands et la 90e division d'infanterie lĂ©gère (Wehrmacht) ont Ă©galement connu de nombreuses victimes[19].

La contribution des troupes canadiennes fut résumée comme suit par le major-général Christopher Vokes, dans un rapport qu'il a rédigé sur l'offensive d'Ortona : « Nous avons écrasé la 90e Panzer Grenadier Division et nous avons infligé à la 1re Division parachutiste allemande un massacre dont elle se souviendra longtemps. » Néanmoins, après la Seconde Guerre mondiale, l'importance de la bataille d'Ortona fut amoindrie puisqu'elle n’eut pas un impact significatif sur la victoire[20].


Au mois de , le gouvernement du Canada dressa une plaque sur la Piazza Plebiscito à Ortona, reconnaissant la bataille comme événement national historique canadien qui « a symbolisé les efforts de l'armée canadienne dans la campagne d'Italie, durant la Seconde Guerre Mondiale ». La plaque se lit comme suit : « Au début de décembre 1943, la 1re division d'infanterie canadienne et la 1re brigade blindée canadienne ont entamé leur plus sauvage bataille de la campagne d'Italie. Dans la boue et la pluie, les troupes ont attaqué depuis la rivière Moro jusqu'à Ortona. Puis, de maison en maison et de pièce en pièce, une féroce bataille fit rage contre les défenseurs allemands résolus. Avec courage, les Canadiens emportèrent la bataille et juste après Noël, ils réussirent finalement à sécuriser la ville »[21].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Ortona » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) J. L. Granatstein, Canada's Army : Waging War and Keeping the Peace, University of Toronto Press, (ISBN 978-0-8020-4691-8, lire en ligne), p. 240.
  2. (en) Rick Atkinson, The Day of Battle : The War in Sicily and Italy, 1943-1944, University of Toronto Press, Scholarly Publishing Division, , 791 p. (ISBN 978-0-8050-8861-8, lire en ligne), p. 306.
  3. (en) Mark Zuehlke, Ortona : Canada's Epic World War II Battle, Douglas & McIntyre, , 443 p. (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne), p. 4.
  4. (en) « CANADA IN THE SECOND WORLD WAR - The Italian Campaign », sur Juno Beach Centre, (consulté le ).
  5. Zuehlke, p. 14.
  6. Scholars.
  7. Mowat.
  8. Zuehlke, p. 160.
  9. (en) Mark Zuehlke, Ortona : Canada's Epic World War II Battle, Douglas & McIntyre, , 31, 283 (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne).
  10. (en) « Mouse Holing at Ortona », sur Danube Travel, (consulté le ).
  11. Bercuson, p. 175.
  12. (en) Mark Zuehlke, Ortona : Canada's Epic World War II Battle, Douglas & McIntyre, , 286–287 p. (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne).
  13. (en) Thomas Glen Lockhart, Last Man Standing : The Life of Smokey Smith, Vc, 1914-2005, Douglas & McIntyre, , 128 p. (ISBN 978-1-4602-0199-2, lire en ligne), p. 26.
  14. Atkinson, p. 305-306.
  15. Zuehlke, p. 343.
  16. (en) Mark Zuehlke, Ortona : Canada's Epic World War II Battle, Douglas & McIntyre, , 443 p. (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne), p. 286.
  17. (en) Mark Zuehlke, Ortona : Canada's Epic World War II Battle, Douglas & McIntyre, , 443 p. (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne), p. 287.
  18. (en) « Remembering a bloody Christmas in Ortona », sur Veterans Canada, (consulté le ).
  19. (en) Mark Zuehlke, C. Stuart Daniel, Canadian Military Atlas : Four Centuries of Conflict from New France to Kosovo, Douglas & McIntyre, , 228 p. (ISBN 978-1-55365-209-0, lire en ligne), p. 160.
  20. (en) « The Canadians in Italy 1943-1945 Volume II », Publications Canada,‎ , p. 339 (lire en ligne).
  21. (en) « Battle for Ortona National Historic Event of Canada », sur Parks Canada, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Rick Atkinson, The Day of Battle : The War in Sicily and Italy, 1943-1944, Abacus, (1re Ă©d. 2007), 791 p. (ISBN 978-0-349-11635-8).
  • David Bercuson, Maple Leaf Against the Axis : Canada's Second World War, Red Deer Press, (1re Ă©d. 1996), 316 p. (ISBN 0-88995-305-8, OCLC 55973783, lire en ligne Inscription nĂ©cessaire).
  • Farley Mowat, And No Birds Sang, McClelland & Stewart, , 250 p. (ISBN 978-0-7710-6618-4, lire en ligne), p. 219 pages.
  • Mark Zuehlke, Ortona : Canada's epic World War II battle, Vancouver, Douglas & McIntyre, , 443 p. (ISBN 1-55054-557-4, lire en ligne).

Liens externes

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